COLLOQUE - LES SOCIETES CIVILES DU NORD ET DU SUD MOBILISEES CONTRE LES DEREGLEMENTS CLIMATIQUES ? Les Conseils Economiques et Sociaux d’Afrique et d’Europe s'expriment d’une seule voix CONTRIBUTION DE MADAME AMINATA TALL PRESIDENTE EN EXERCICE DE L’UCESA Paris-Le Bourget, le 1er décembre 2015 TABLE RONDE 3 Solidarité et vigilance pour la mise en œuvre de l’accord de Paris 1er décembre de 9h45 à 12h45, Salle 5 de la Zone Génération climat, Paris-Le Bourget Mesdames et Messieurs les panélistes, Nous sommes aujourd’hui les acteurs d’un processus historique, mais somme toute assez complexe, comme en atteste le point d’interrogation qui figure dans l’intitulé de ce colloque. En effet, après avoir tenté de contribuer à l’harmonisation des positions de nos pays respectifs, il s’agit maintenant pour ces deux grandes entités quelque peu abstraites que sont le Nord et le Sud, de trouver un terrain d’entente. Si la France, notre pays hôte n’a ménagé aucun effort afin de faire de cet événement une réussite, malgré le contexte sécuritaire actuel ; si rien n’a été laissé au hasard grâce à un dispositif et à une logistique impressionnante incluant des conférences préparatoires et de nombreux supports de vulgarisation et de communication ; si nous demeurons relativement optimistes quant à l’issue de cette 21ème Conférence sur le climat, il importe plus que jamais pour l’ensemble de nos pays de faire montre de solidarité et de rester vigilants, car de nombreux obstacles jalonnent la mise en œuvre de l’accord de Paris. Mesdames, Messieurs, Comme nous le savons tous désormais, l’interdépendance des composantes de l’Ecosystème terrestre est tel que l’humanité est aujourd’hui condamnée à la solidarité si elle veut survivre aux changements climatiques. Une solidarité qui exige des pays les moins industrialisés, bien que responsables dans une moindre mesure de la crise actuelle, un effort significatif dans la lutte contre le réchauffement climatique ; mais une solidarité qui exige aussi des pays développés quel que soit leur niveau d’émission de gaz à effet de serre, un soutien technique et financier suffisant aux premiers cités, afin de leur permettre d’obtenir des résultats probants. En effet, au retard technologique de la plupart des pays du Sud, s’ajoutent entre autres des difficultés d’accès aux financements verts, un manque de coordination et une absence de mesure de ces fonds, ainsi qu’un défaut de suivi et d’évaluation des mécanismes en place. La solidarité implique que les plus grands pollueurs s’attèlent toute comme les pays les moins industrialisés à manifester un engagement fort dans la transition vers des économies vertes. Ainsi, devront-ils éviter de tomber dans le cercle vicieux de la taxe carbone et des droits d’émission et tenter de relever leur niveau de CONTRIBUTION DE LA PRESIDENTE EN EXERCICE DE L’UCESA | 2 TABLE RONDE 3 Solidarité et vigilance pour la mise en œuvre de l’accord de Paris 1er décembre de 9h45 à 12h45, Salle 5 de la Zone Génération climat, Paris-Le Bourget Contributions Nationales Volontaires. En effet, si les INDC en tenant compte des contingences des différents pays sont une promesse de pérennité, elles reposent essentiellement sur une volonté politique qui, laissée à l’appréciation des différents gouvernements, peut s’avérer insuffisante pour maintenir le réchauffement climatique en deçà de 2° Celsius. En définitive, la solidarité implique que toutes les parties s’accordent pour adopter les mesures qui s’imposent. Ce qui signifiera dans certains cas de renoncer progressivement à certaines facilités afin d’opter pour une croissance écologique. Toutefois, est-il raisonnable de continuer à poser des gestes hautement néfastes pour l’environnement alors que le temps nous est compté ? Est-il juste de brider l’élan des pays qui n’ont pas encore émergé en leur faisant porter l’essentiel du poids de la transition et des sacrifices à consentir pour sauver la planète ? Quelles que soient les mesures d’accompagnement et soutien financier offerts en compensation, celles-ci seront-elles suffisantes ? C’est pour cette raison que nous devons rester vigilants, car de la démarche adoptée dépendront de la durabilité de résultats obtenus. Mesdames, Messieurs Afin d’assurer la mise en œuvre des décisions, nous devrons retenir les enseignements de l’histoire et prendre garde à ce que les erreurs du passé ne se reproduisent ; qu’il s’agisse du manque perpétuel de consensus entre les pays du Nord et du Sud en raison des divergences d’intérêts, de l’impasse des accords non contraignants, de l’adoption de protocoles qui malgré leur succès n’arrivent pas à générer les résultats escomptés, ou alors du manque de prise en compte de la dimension sociale lors des négociations. Pour que le Nord et le Sud arrivent à trouver un terrain d’entente, il est indispensable que chacun fasse des concessions afin que les décisions soient équitables et que les contraintes et les aides soient réparties de façon convenable. Aussi faudra t-il d’une part veiller à ce que ces décisions, aussi contraignantes qu’elles puissent être, soient réalistes et à la portée de toutes les parties, afin de recueillir un maximum d’adhésions et de limiter le taux d’attrition. D’autre part, et il s’agit d’une revendication récurrente des pays du Sud, il faudra s’assurer que les financements soient accessibles. Et tant pour les contraintes que pour les CONTRIBUTION DE LA PRESIDENTE EN EXERCICE DE L’UCESA | 3 TABLE RONDE 3 Solidarité et vigilance pour la mise en œuvre de l’accord de Paris 1er décembre de 9h45 à 12h45, Salle 5 de la Zone Génération climat, Paris-Le Bourget financements, il faudra que tout se fasse dans la transparente et qu’un mécanisme efficace de suivi-évaluation soit mis en place. Enfin, l’adoption d’une démarche inclusive et participative tout au long du processus qui se poursuivra après Paris, sera garante de la réussite de l’Accord attendu, car nul n’est mieux indiqué que les organisations de la société civile, que les assemblées consultatives, pour accompagner les Etats. En conclusion, je voudrais insister sur la fonction d’alerte et de veille en proposant : - la contractualisation avec les ministères chargés de l’environnement pour une pré-évaluation biannuelle des plans d’actions ; - la poursuite des ateliers de sensibilisations dans les pays membres. A ce niveau le partenariat entre l’UCESA et l’UCESIF sur le climat devrait survivre à la COP21 ; - la poursuite des actions de sensibilisation sur la mobilisation des ressources et inviter les CES africains à veiller leur bonne utilisation ; - l’inscription de rapports biannuels climat des CES dans le partenariat interréseaux. Je vous remercie de votre attention. 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