Module de formation des formateurs sur le suivi des Odonates

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 INTEGRATION DE LA BIODIVERSITE D'EAU DOUCE DANS LE PROCESSUS DE
DEVELOPPEMENT EN AFRIQUE :
MOBILISATION DE L'INFORMATION ET SITES DE DEMONSTRATION
Projet de démonstration Bassin du fleuve Gambie
Module de formation des formateurs sur le suivi des Odonates Dr Abdoulaye Baïlo Ndiaye Septembre 2010 Module Odonates Page 1 INTEGRATION DE LA BIODIVERSITE D'EAU DOUCE DANS LE PROCESSUS DE
DEVELOPPEMENT EN AFRIQUE :
MOBILISATION DE L'INFORMATION ET SITES DE DEMONSTRATION
Projet de démonstration Bassin du fleuve Gambie
Module de formation des formateurs sur Le suivi des Odonates Wetlands International Afrique
Rue 111, Zone B, Villa No 39B
BP 25581 DAKAR-FANN
TEL. : (+221) 33 869 16 81
FAX : (221) 33 825 12 92
EMAIL : [email protected]
Septembre 2010 Module Odonates Page 2 Sommaire Introduction .......................................................................................................................................................... 5 But et Objectifs du module .......................................................................................................................... 6 Contenu du Module ........................................................................................................................................ 6 Déroulement du cours .................................................................................................................................. 7 Résultats attendus .......................................................................................................................................... 8 Besoins pour la formation ........................................................................................................................... 8 I. GENERALITES ................................................................................................................................................... 9 1. Classification du monde vivant ............................................................................................................ 9 2. Embranchement des Arthropodes .................................................................................................. 12 3. Classe des Insectes ................................................................................................................................ 14 II. Ordres des Odonates ................................................................................................................................. 16 1. Morphologie .............................................................................................................................................. 16 2. Bio écologie ................................................................................................................................................ 20 3. Systématique ............................................................................................................................................ 26 4. Importance des Odonates .................................................................................................................... 29 III. Méthodologie .............................................................................................................................................. 32 1. Sites d’études ............................................................................................................................................ 32 2. Matériel ....................................................................................................................................................... 32 3. Récoltes ....................................................................................................................................................... 35 4. Traitements des récoltes ..................................................................................................................... 37 5. Résultats .................................................................................................................................................... 38 IV. Sortie sur le terrain .................................................................................................................................. 39 V. Présentation des rapports de terrain, discussion et évaluation ............................................. 39 Bibliographie ..................................................................................................................................................... 40 Annexe .................................................................................................................................................................. 41 Synopsys et modalités pratiques de mise en œuvre du cours ................................................. 41 Module Odonates Page 3 Module Odonates Page 4 INTRODUCTION Les zones humides recèlent une diversité biologique importante. Cette diversité
biologique est à la base de la production de ressources et des services écologiques
essentiels faisant des zones humides un patrimoine naturel exceptionnel.
Le bassin de la Gambie partagé par les Etats de la Guinée, de la Guinée Bissau, de
la Gambie et du Sénégal est une zone humide assurant des fonctions socioculturelle,
économique et biologique importantes. Pour tirer davantage de profit du bassin les
Etats ont crée l’Organisation pour la Mise en Valeur du Fleuve Gambie (OMVG).
L’OMVG a, entre autres missions, la construction d’un barrage sur le fleuve Gambie
en vue de résoudre certaines questions de développement, notamment celles liées à
l’agriculture et à l’énergie.
Il est cependant reconnu que ce type d’ouvrages, malgré leur importance pour le
développement économique et social, a des impacts négatifs sur la biodiversité donc
sur la fonctionnalité des écosystèmes humides et sur leur capacité de production de
ressources et de services écologiques. Il est donc bon de prendre en compte cet
aspect en vue d’atténuer les effets négatifs.
Un certain nombre de taxa est ciblé pour un suivi au niveau du bassin. Parmi ces
taxa, on note les Odonates qui ont une importance patrimoniale mais également
pratique pour le rôle qu’ils jouent à la fois comme éléments essentiels dans la
structure et le fonctionnement des écosystèmes et comme bio indicateurs de la
qualité des habitats humides. L’importance de leur rôle de bioindicateurs leur a valu
le nom de thermomètre de l’environnement (Carle, 1979) et de gardiens de la ligne
critique (Clausnitzer & Jödicke en 2004).
L’objectif général du suivi est de prévenir les potentielles menaces pesant sur les
espèces patrimoniales et sur les écosystèmes consécutivement à la mise en place
du barrage et des aménagements hydroélectriques et agricoles.
Module Odonates Page 5 Pour les Odonates, il s’agira d’étudier l’évolution de la diversité des espèces
autochtones (spectre odonatologique), de la productivité odonatologique larvaire
(taux de reproduction) et de l’abondance des populations dans les sites retenues en
vue
de
déceler
d’éventuelles
perturbations
. BUT ET OBJECTIFS DU CONTENU DU MODULE
MODULE POUR MENER A BIEN CE
SUIVI DANS UNE AIRE
AUSSI VASTE QUE LE
BASSIN DE LA GAMBIE, IL
FAUT BEAUCOUP DE
PERSONNES AYANT UN
MINIMUM DE
CONNAISSANCES SUR
LES ODONATES ET SUR
Pour une meilleure compréhension
de la terminologie systématique, le
cours commence par un bref
résumé de la classification
scientifique du monde vivant et de
quelques généralités sur les
Insectes. Par la suite, il sera
procédé un rappel de la
bioécologie et de la systématique
des Odonates. Pour terminer, on
traitera la méthodologie d’étude. LES TECHNIQUES DE
Module Odonates Page 6 DEROULEMENT DU COURS Le module est articulé autour des 5 points : les généralités, la présentation de
l’Ordre des Odonates, la méthodologie d’étude, la sortie sur le terrain et la
discussion générale et évaluation.
2. Ordre des Odonates (3 h)
1. Généralités (3 h)
 Systématique
 Introduction du cours
 Morphologie
 Généralités
 Bioécologie

Classification du monde vivant

Embranchement
des
Arthropodes

 Importance des odonates

Intérêt patrimonial

Réseau trophique

Bio indicateur Classe des Insectes
3. méthodologie (4h)
 Sites d’études
 Matériel
4. Sortie sur le terrain (8 h)
 Préparation du matériel de
terrain
 Méthode de récoltes
 Rédaction de protocoles
 traitement des spécimens récoltés
 Répartition en groupe
 Résultats
 Terrain proprement dit
5. Présentation des rapports de terrain, discussion générale et évaluation (4 h)
 Présentation des rapports de terrain des sous-groupes suivi de discussion
 Discussion générale sur la formation
 Evaluation du cours par les participants
Module Odonates Page 7 BESOINS POUR LA FORMATION Pour le formateur, il faut : 1) Un vidéo projecteur et un ordinateur 2) Programme de formation 3) Matériel entomologique (voir liste des besoins pour les participants) Avant le démarrage de la formation il faudrait remettre aux participants : 1)
Un support de cours 2)
Questionnaire d’évaluation (pour la fin de la formation) Pour le terrain ils auront besoin de: 1) Moyen de déplacement (voiture tout terrain) 2) Outils de capture, de manipulation et conditionnement des échantillons 3) Appareils photo numérique performant (au moins un par sous groupe) RESULTATS ATTENDUS A la fin du cours, les participants devraient être capables de : -
comprendre le système de classification et de nomenclature des êtres vivants pour une meilleure compréhension de la hiérarchie des taxons utilisés en taxonomie. -
Connaitre la position systématique des Odonates au sein du phylum des Arthropodes et de la Classe des Insectes. -
Pouvoir distinguer les odonates (larves et adultes) des autres Insectes. -
Connaitre les grands traits de la systématique, de la biologie et de l’écologie des Odonates et de leur importance. -
Connaitre les paramètres de suivi des Odonates et la méthodologie (matériel et méthodes) à mettre en œuvre pour le suivi. Module Odonates Page 8 I. GENERALITES 1. CLASSIFICATION DU MONDE VIVANT L’Homme a toujours nommé les végétaux et les animaux de son environnement. Exemples :  vache,  chiens,  pigeon. Les espèces présentant le plus d’intérêt (alimentaire, économique, sécuritaire…) sont désignées par différents noms selon l’âge et le sexe. Exemple :  cheval, jument, poulain, étalon, hongre ;  mouton, brebis, bélier, agneau ;  lion, lionne, lionceau. D’autres espèces ne sont désignées que par un seul nom :  phacochère,  hyène Dans d’autres cas, un nom est utilisé pour désigner plusieurs espèces étroitement apparentées ou non : Module Odonates Page 9  rat,  libellule,  singe. Pour s’y retrouver, se comprendre, il fallait une nomenclature et un système de classification avec des règles universelles : point de départ la nomenclature et classification scientifiques des êtres vivants avec la 10ème édition de Systema naturae de Linné. La grande majorité des espèces restait sans nom. 1.1. DEFINITIONS La Systématique : c’est la science de la classification des êtres vivants.
La taxonomie, ou taxinomie, est la science de la nomenclature.
Un taxon (pluriel taxons ou taxa) est un nom scientifiquement utilisable pour
désigner un groupe d’êtres vivants.
Les règles de la taxonomie sont codifiées dans le code international de nomenclature
zoologique (dernière édition : 4ème éd. 2000).
1.2. HIERARCHIE DES TERMES Les êtres vivants se répartissent en deux Règnes :
 le Règne Animal,
 le Règne Végétal.
Module Odonates Page 10 Un règne comprend des Embranchements ou Phyla (Phylum au singulier).
Exemple :
 Embranchements des Arthropodes,
 Embranchements des Chordés.
Au sein d’un Embranchement on a des Classes. Au sein de l’Embranchement des
Arthropodes on a :
 Classe des Arachnides,
 Classe des Crustacées,
 Classe des Myriapodes,
 Classe des Insectes.
Les Classes comprennent des Ordres. Dans la Classe des Insectes par exemple on
a les Ordres des :
 Lépidoptères,
 Diptères
 Odonates.
Au sein de l’Ordre on a des Familles. Chez les Odonates par exemple on peut citer :
 Lestidae,
 Libellulidae,
 Aesnidae,
Les Familles renferment des Genres et à l’intérieur des Genres on a les espèces.
Exemples :
 Hominidae
Module Odonates Page 11 
Genre : Homo ; espèce : sapiens ;
 Muscidae

Genre : Musca ; espèce : domestica ;
 Lestidae

Genre : Lestes espèce : dissimulans.
L’Embranchement est défini d’après le type d’organisation et l’espèce par l’interfécondité. 2. EMBRANCHEMENT DES ARTHROPODES Les Arthropodes (fig.1 : a, b, c, d) sont des animaux :
 à pattes articulées (littéralement arthropodes)
 au corps métamérisé ou segmenté (succession de segments articulés entre
eux)
 dépourvus de squelette interne, le corps est recouvert d’une cuticule semi
rigide, secrétée par l’épiderme, qui impose une croissance par « bonds » par
le processus des mues.
Embranchement le plus important du règne animal, les Arthropodes représentent 80
% de la faune connue (environ 1 500 000 espèces). Ils se retrouvent dans tous les
milieux (aquatique, terrestre, aérien, biologique). Ils fréquentent les biotopes les plus
variés ; ils vivent sous tous les climats et à toutes les altitudes.
L’Embranchement des Arthropodes comprend les Classes
Module Odonates Page 12  des Arachnides (Araignées, Scorpions, Acariens…) ;
 des Crustacées (Ecrevisses, Crevettes, Langouste, crabes, Cloportes) ;
 des Myriapodes ou milles pattes (Iules, Scolopendres…) ;
 des Insectes (Blattes, Criquets, Termites, Papillons, Libellules...).
b a c d Figure 1. ­ Exemples d’Arthropodes: a. Arachnide (Araignée), b. Myriapode (Iule), C. Crustacé (Ecrevisse), D. Insecte (Criquet) Module Odonates Page 13 3. CLASSE DES INSECTES Les Insectes se caractérisent par la possession d’une paire d’antennes et de 3 paires
de pattes. Les Insectes primitifs (Collemboles, Protoures, Diploures et Thysanoures)
sont non ailés. Les Insectes évolués sont normalement ailés. Ils possèdent 2 paires
d’ailes sauf chez les Diptères (Mouches et Moustiques) qui ont une paire d’ailes, la
deuxième paire ayant régressée.
3.1. LES DIFFERENTS ORDRES D’INSECTES 3.1.1. INSECTES APTERYGOTES Ordre des Collemboles
Ordre Protoures
Ordre des Diploures
Ordre des Thysanoures
3.1.2. INSECTES PTERYGOTES (AILES) Ordre des Ephéméroptères (Ephémères)
Ordre des Odonates (Libellules s. l.)
Ordre des Dictyoptères (Blattes et Mantes)
Ordre des Isoptères (=Termites)
Ordre des Plécoptères (Perles)
Ordre des Chéleutoptères ou Phasmoptères (Phasmes)
Ordre des Orthoptères (Grillons, Sauterelles, Criquets)
Ordre des Dermaptères (Forficules)
Module Odonates Page 14 Ordre des Psocoptères (Psoques ou poux des livres)
Ordre de Mallophages (Poux des oiseaux)
Ordre des Anoploures (Poux)
Ordre des Thysanoptères (Thrips)
Ordre des Hétéroptères (Punaises)
Ordre des Homoptères (Cigales, Pucerons, Cochenilles)
Ordre
des
Coléoptères
(Ténébrions,
Scarabées,
Carabiques,
Chrysomèles,
Curculionides…)
Ordre des Névroptères ou Planipennes (Fourmilions, Chrysope,)
Attention : à ne pas confondre avec les odonates !
Ordre des Lépidoptères (Papillons)
Ordre des Diptères (Mouches, Moustiques)
Ordre des Siphonaptères (Puces)
Ordre des Hyménoptères (Abeilles, Fourmis, Guêpes)
Module Odonates Page 15 II. ORDRES DES ODONATES 1. MORPHOLOGIE Comme chez les autres Insectes, le corps des Odonates comprend 3 parties :

la tête qui porte les antennes, les yeux, ocelles,

le thorax qui porte les pattes (3 paires) et les ailes (2 paires)

et l’abdomen.
1.1. ADULTES Les Zygoptères (fig. 2) sont souvent de petite taille et de forme gracile d’où leur nom
de Demoiselles. Les yeux sont nettement séparés et rejetés aux extrémités latérales
de la tête. L’abdomen est toujours mince et parfois long. Au repos, les ailes sont
accolées en verticalement au dessus du corps. Ils ont un vol lent et de faible
puissance.
Figure 2.­ Un Zygoptère (Agriocnemis) Module Odonates Page 16 Les Anisoptères ou Libellules (Fig. 3) regroupent des Odonates de taille moyenne à
grande. La tête sphéroïde porte des yeux globuleux et massifs. L’abdomen allongé
est souvent élargi. Ils ont un vol puissant et rapide dans la majorité des cas. Au
repos, les ailes restent étalées à l’horizontale.
Fig. 3. – Un Anisoptère (Crocothemis) Tête Chez les Odonates, Zygptères et Anisoptères, la tête est toujours plus large que le
thorax. Les yeux sont distants chez les Zygoptères (Fig. 4) et chez les Anisoptères
de la famille des Gomphidae. Chez tous les autres Anisoptères africains, les yeux
sont rapprochés (Fig. 5). En plus des yeux composés, les Odonates possèdent trois
ocelles disposés en triangle sur le front.
Fig. 4. – Tête de Zygoptère Module Odonates Fig. 5. – Tête d’Anisoptères Page 17 Thorax A la place habituelle des 3 parties (prothorax, mésothorax et métathorax), le thorax
des Odonates se subdivise en deux parties inégales : prothorax (1er segment situé à
l’avant) suivi d’un volumineux synthorax résultant de la fusion du mésothorax et du
métathorax.
Le thorax porte 3 paires de pattes et deux paires d’ailes. Les pattes, dirigées toutes
vers l’avant, sont courtes et garnies d’épines. Les deux paires d’ailes sont de
longueur égale mais peuvent être de formes différentes.
La nervation alaire est un critère discriminant important dans l’identification des
espèces.
Abdomen L’abdomen des Odonates comprend 11 segments mais le dernier est rudimentaire. Il
est de section grossièrement cylindrique chez les Zygoptères et chez de nombreux
Anisoptères. Les derniers segments peuvent être de plus grand diamètre
(Corduliidae) ou présenter un développement d’expansions foliacées latérales
(certains Gomphidae). Il est plus nettement triquétral (trois angles) chez les
Libellulidae. Il est d’une grande flexibilité qui permet l’accouplement. La
différenciation des sexes se fait plus nettement au niveau de l’abdomen.
2.2. LARVES Le plan d’organisation est le même chez les larves et chez les adultes. Cependant,
les larves ont une silhouette ramassée et possèdent un « masque » (fig. 6b)
caractéristique formé par le labium (lèvre inférieure) et une coloration cryptique
(mimétique) qui est une adaptation à leur milieu et leur régime alimentaire.
Module Odonates Page 18 Fig. 6. – a. Larves d’Odonates, b. masque d’une larve d’Odonate Attention : A ne pas confondre avec les larves d’Ephémères (Fig. 7a) et de Perles
(Fig. 7b)
a
Fig. 7a. ­ Larve d’Ephémère (Ephéméroptères) b Fig. 7b. ­ Larve de Perle (Plécoptères) Les pattes sont dans l’ensemble plus courtes et plus robustes que celles de l’adulte.
La longueur relative et la forme des pattes varient selon l’éthologie (mœurs) des
larves.
Les pattes des fouisseurs (Gomphidae) sont plus courtes et massives. Les
marcheurs portent des pattes plus longues. Chez marcheurs, les Corduliidae ont les
pattes les plus longues ; leur taille et leur finesse confèrent aux larves de cette famille
une allure aranoïde (forme d’araignée). Les larves rupicoles des zones de rapides,
appartenant au genre Zygonyx (Libellulidae), présentent un aplatissement de
l’ensemble des pattes.
Module Odonates Page 19 2. BIO ECOLOGIE Il est actuellement difficile de tracer les grands traits spécifiques de la biologie des
Odonates africains. L’essentiel des travaux sur eux porte surtout sur la systématique
et la faunistique.
Les larves sont aquatiques dans leur immense majorité et les adultes terrestres. Les
Odonates sont prédateurs à tous les stades de leur cycle.
2.1. CYCLE DE DEVELOPPEMENT Les Odonates ont un développement qui se fait avec une métamorphose incomplète
(3 stades : œuf, larve et adulte).
Les œufs sont de taille relativement petite par rapport à la taille de l’adulte. Les
espèces de petite taille pondent environ quelques centaines d’œufs. Chez les
espèces de grande taille, le nombre d’œufs par ponte peut se chiffrer en milliers. Les
femelles des Zygoptères et des Aeshnidae (Anisoptères) possèdent un ovipositeur
leur permettant de pondre dans les tissus des plantes aquatiques. Chez les autres
Anisoptères qui ne possèdent pas d’ovipositeur, les œufs sont déposés directement
dans l’eau.
Quelques jours à quelques semaines après la ponte l’œuf éclos et libère une larve
enveloppée appelée pro-larve (stade 1). Après quelques minutes, la pro-larve sort de
son enveloppe et devient une larve libre (stade 2). Après 9 à 16 mues de croissance,
en moyenne 12, le dernier stade larvaire est atteint. Il est souvent qualifie de stade
nymphal et la larve dernier stade de nymphe. Selon les espèces, les larves sont :
 grimpeurs et vivent dans la végétation aquatique (Zygoptères, Aesnidae),
 rampantes se tiennent au fond de l’eau partiellement enfouies (Corduliidae),
 fouisseuses et vivent dans les sédiments de leur habitat (Gomphidae).
Module Odonates Page 20 La durée du développement larvaire (Pro-larve à la larve de dernier stade) varie de
quelques mois à environ 5 ans.
La larve de dernier stade cesse de s’alimenter et sort de l’eau. Elle s’agrippe à une
tige ou au sol pour sa métamorphose en insectes adulte appelé imago. L’imago
s’extrait alors de l’exuvie (enveloppe de la larve) qui se déchire suivant une fente
longitudinale (Fig. 8). L’exuvie reste solidement accrochée à la tige ou au sol.
L’imago est tout d’abord mou et vulnérable. Une fois le corps durci et les ailes
étendues, il peut prendre son envol. Le passage de la vie aquatique à la vie aérienne
peut se faire en une vingtaine de mn ou prendre quelques jours.
Fig. 8. – Emergence de l’imago L’Imago qui vient d’émerger est sexuellement immature. Il entreprend par la suite
une période de maturation sexuelle variable selon les espèces. La maturité sexuelle
est atteinte dans le cas général en 10-15 jours mais peut durer beaucoup plus
longtemps pour certaines espèces. Durant leur maturation, les petites espèces
restent près des milieux aquatiques. Chez les grandes espèces, cette maturation se
fait souvent loin de l’eau. Ils peuvent se retrouver dans des espaces dégagés, dans
les clairières, au bord des forêts, en train de chasser ou se de reposer au soleil.
La maturation est marquée au plan morphologique par l’acquisition de la coloration
définitive, généralement plus vive. Au plan éthologique, elle est marquée par un
Module Odonates Page 21 retour à habitat de naissance pour la reproduction. Chez beaucoup d’espèces, les
mâles sont territoriaux. Ils survolent leur territoire à la recherche de partenaire, de
proies ou pour chasser des intrus.
L’accouplement chez les Odonates est une particularité dans le monde des Insectes.
Le mâle saisit la femelle derrière la tête grâce aux crochets situés à l’extrémité de
son abdomen. Les deux partenaires volent en tandem. Le sperme est transféré de
l’orifice séminal, localisé au niveau du 8ème segment abdominal, vers un petit
réservoir contigu aux organes copulateurs situés sous le 2ème segment abdominal. La
femelle rapproche ensuite l’extrémité de son abdomen sous le 2ème segment
abdominal du mâle pour recevoir le sperme. Les deux partenaires forment ainsi ce
qu’on appelle un « cœur copulatoire » (Fig. 9) . Chez la plupart des espèces, lors de
l’accouplement, le mâle et la femelle sont posés. L’accouplement rapide au vol, qui
dure quelques mn, est observés chez certaines Libellulidae.
Fig. 9. – Accouplement (« Cœur copulatoire ») Les femelles, en tadem avec le mâle souvent, pondent directement dans l’eau
(Libelluloidea, Gomphidae) ou dans les tiges des plantes flottantes, immergées,
émergées ou surplombant l’eau. Ce type de ponte, appelée endophyte, est pratiqué
par des odonates possédant un ovipositeur perforant (Zygoptères et Aesnidae).
Module Odonates Page 22 2.2. HABITATS Dans l’état actuel des connaissances, et compte tenu des différences éthologiques
entre larves (aquatiques) et adultes (terrestres), il est difficile de classer les Odonates
d’Afrique tropicale en fonction de leurs habitats. Certains Odonates, les Anisoptères
notamment, après émergence, les adultes s’éloignent de l’eau pendant la phase de
maturation sexuelle. Ils ne reviennent dans ce milieu que pour la reproduction. Il faut
noter aussi le cas des espèces migratrices qui peuvent se retrouver très loin de leur
lieu de naissance.
Les Larves peuvent se rencontrer dans divers habitats aquatiques. Les larves
s’écartent très peu des eaux douces. Seules deux espèces africaines, Ischnura
senegalensis et Hemianax ephippiger, connues pour une certaine tolérance à la
salinité, peuvent se développer en eau saumâtre.
Les larves se développent en eaux stagnantes ou courante de taille et de formes
variables :
EAUX DORMANTES OU STAGNANTES 
Les mares peu profondes colonisées par les plantes ;

Les étangs ou marais ouverts ;

Les étangs forestiers souvent en milieux fermés (ombré) ;

Les lacs de montagne.
EAUX COURANTES 
Les ruisseaux et rivières à courant lent ;

Les parties calmes des grandes rivières ;
Module Odonates Page 23 
Les ruisseaux et rivières à eaux vives et à régime irrégulier et coulant sur un lit
de pierres, graviers ou de sable dépourvu de végétation qui se concentre
essentiellement près des rives dans les parties calmes.
On note une certaine stratification dans la distribution des larves dans leur biotope.
Les larves dites « grimpeurs » des Zygoptères, des Aeshnidae et de quelques
Libellulidae occupent la strate supérieure, dans les herbes ou le long des rives. Ces
larves sont issues des pontes endophytes (œufs pondus dans les tiges des plantes).
Les « marcheurs » se déplacent sur le fond ou parmi des débris grossiers
sédimentés (Libellulidae et Corduliidae). Les larves « fouisseurs » superficiels (des
Libellulidae et Gomphidae) sont plus spécialement limités aux sédiments fins
(argileux limoneux, organiques ou mixtes). Les « fouisseurs profonds » ou
« fouisseurs vrais » (quelques Gomphidae) occupent les fonds de sables grossiers
des berges des cours d’eau.
Les Odonates adultes sont terrestres et héliophiles (actifs le jour pendant les heures
ensoleillées) dans leur majorité. Après émergence, ils se regroupent dans les
prairies, les lisières de bois et les clairières des forêts situées dans les alentours de
l’eau. Les imagos de certaines espèces, espèces de grande taille et bons voiliers,
s’observent en milieu parfois éloigné des eaux.
Sur la figure 10 sont donnés des exemples de biotopes dans le bassin de la Gambie.
a Module Odonates b Page 24 c
d
Fig. 10. – Quelques biotopes abritant des Odonates sur la Gambie (a, b, c: site de Sambangalou; d : Simenti dans le Parc national du Niokolo Koba). Sites d’inventaire des Libellules Module Odonates Page 25 3. SYSTEMATIQUE Les Odonates sont un Ordre très ancien d’Insectes. Des Libellules fossiles datant du
Carbonifère (-300 millions d’années) sont connues.
L’Ordre comprend environ 6 000 espèces décrites à travers le monde. Ces espèces
se répartissent entre trois sous-ordres : les Zygoptères, les Anisozygoptères et les
Anisoptères. Seuls les Zygoptères et les Anisoptères ont des représentants
africains avec environ 700 espèces connues.
Dans le bassin de la Gambie 114 espèces sont recensées. Les Zygoptères sont
représentés par 6 familles et les Anisoptères par 4 familles.
LES DIFFERENTES FAMILLES D’ODONATES DU BASSIN DE LA GAMBIE ZYGOPTERES Calopterygidae
Ce sont des Zygoptères de grande taille à reflet métallique. Les ailes ne sont pas
pétiolées à leur base et possèdent toujours plus de 18 nervures anténodales. La
ponte est endophyte.
La larve est grêle. Le premier segment antennaire est plus long que les autres
segments réunis. C’est la seule famille dont la partie antérieure du masque s’ouvre
sur une lumière (« trou »).
Chlorocyphidae
Ils sont de taille moyenne à petite et ont l’abdomen court et élargi. Les ailes étroites
et pétiolées sont souvent colorées (couleurs « métalliques »).
Lestidae
De taille moyenne, les ailes sont pétiolées, étroites et transparentes avec toujours 2
nervures anténodales comme les Plactycnemidae et les Coenagrionidae.
Module Odonates Page 26 Le premier article antennaire des larves est peu différencié des autres articles
antennaires. Le masque très allongé et pétiolé des Lestidae possède des palpes
labiaux profondément échancrés, ce qui les distingue des Platycnemidae et des
Coenagrionidae.
Protoneuridae
Cette famille renferme des espèces tropicales. Les ailes sont pétiolées et hyalines et
ne présentent pas de nervure anale.
Platycnemidae
Ils sont de taille moyenne et ont une coloration claire. La tête est élargie et on note
une forte dilatation des tibias des pattes médiane et postérieures, surtout chez les
mâles.
Les ailes sont pétiolées, étroites, transparentes et munies de 2 nervures
anténodales. Ptérostigma contigu à une seule nervure.
Les larves sont de taille petite à moyenne. Elles possèdent des lamelles caudales
terminées par un filament.
Coenagrionidae
C’est la plus grande famille de Zygoptères. Ils sont de taille petite à moyenne. Les
mâles sont de couleur bleu, vert ou rouge selon les espèces. Les femelles sont plutôt
ternes et sombre.
Les Larves sont de taille petite à moyenne. Les lamelles caudales ont leurs
extrémités arrondies ou plus ou moins pointue mais jamais terminées par un
filament. Le masque assez compact possède des palpes labiaux plus faiblement
échancrés que celui des Lestidae.
ANISOPTERES Aeshnidae
Module Odonates Page 27 Ils sont de taille grande à très grande et possèdent des yeux énormes, les plus
développés de toutes les Libellules. En période de maturation ils peuvent s’éloigner
considérablement des milieux aquatiques (généralement des eaux stagnantes). Les
mâles sont territoriaux. La ponte est endophytique.
Les larves de forme générale allongée ont un masque plat. Les antennes possèdent
6 ou 7 articles.
Gomphidae
Anisoptères de taille moyenne, les Gomphidae ont les yeux largement largement
séparés. Ils fréquent les eaux courantes. Les œufs sont pondus dans les sédiments.
Les larves, aux pattes courtes et aplaties dorso-ventralement, sont un peu moins
allongées que celles des Aeshnidae. Elles ont 4 articles antennaires dissemblables
alors que les autres Anisoptères en possèdent 6 ou 7 de forme semblable.
Corduliidae
Taille moyenne à grande, les Corduliidae ont une livrée vert sombre, parfois noire
avec pour certains des taches jaunes peu étendues. Les femelles ne possèdent pas
d’ovipositeur. Les yeux largement contigus ont une indentation sur leur bordure
latérale.
La larve de taille moyenne ont un abdomen muni d’épines médiodorsales et, sur les
segments 8 et 9, d’épines latérales. Les pattes sont très grandes. Le masque a la
forme d’une cuillère. Le bord antérieur des palpes labiaux est crénelé d’indentations
régulières bien marquées.
Libellulidae
C’est une vaste famille. Les espèces sont de taille petite à moyenne. L’arrière des
yeux est subrectiligne ou légèrement ondulé mais jamais avec une indentation
significative. Les mâles sont de couleur brune, bleue ou rouge selon les espèces.
Les femelles sont généralement ternes ; elles ne possèdent pas d’ovipositeur, les
œufs sont lâchés au dessus e l’eau ou à son contact.
Module Odonates Page 28 Les larves sont de taille petite à moyenne avec un abdomen muni d’épines
médiodorsales et latérales sur les segments 8 et 9 comme chez les Corduliidae. Les
pattes sont moins longues que chez les Cordulidae.
4. IMPORTANCE DES ODONATES 4.1 INTERET PATRIMONIAL Apparus il y a 300 millions d’années, les Odonates sont aujourd’hui menacés dans
beaucoup de zones humides à travers le monde. Indépendamment des rôles non
négligeables qu’ils jouent dans le fonctionnement des zones humides, ils méritent
d’être protéger en tant que patrimoine, local, régional, national où mondial. Sans
protection, beaucoup d’espèces disparaitront rapidement dans beaucoup zones du
fait de l’impact anthropique.
A l’échelle du bassin de la Gambie, le manque d’information ne permet pas de
préciser le statut de la plupart des espèces. On note cependant quelques espèces
qui méritent une protection du fait de leur faible distribution et/ou de la faiblesse de
leurs effectifs. Il s’agit : Elattoneura pluotae, Mesocnemis dupuyi, Pseudagrion
epiphonematicum.
4.2. RESEAU TROPHIQUE Les Odonates occupent une place importante dans le réseau trophique des milieux
humides en tant que proies mais aussi et surtout en tant que prédateurs. L’impact
des larves est cependant plus significatif que celui des adultes dans le
fonctionnement des écosystèmes humides.
Odonates proies Les larves d’Odonates sont la proie de Batracien, de Poisons de jeunes Crocodiles…
Module Odonates Page 29 Les adultes sont chassés par des Araignées, des Fourmis, des Oiseaux (guêpiers)…
Les espèces de grande taille peuvent s’attaquer aux espèces de petite taille.
Odonates prédateurs Les Odonates consomment entre 10 et 15% de leur poids chaque jour. Ce qui
pourrait correspondre à environ 300 moustiques et autres petits insectes proies.
Les larves sont carnassières et accessoirement cannibales. Elles chassent à l’affût et
capturent les proies en se servant de leur « masque » (labium ou lèvre inférieure)
munie de dents. Les plus jeunes mangent des animaux unicellulaires, puis, plus tard,
elles attrapent de petits crustacés, des vers et des insectes aquatiques de toutes
sortes. Les larves plus âgées se nourrissent d’isopodes, d’amphipodes, de têtards et
de jeunes alevins. Largement opportunistes, elles adaptent leurs captures à la
richesse du milieu. On note une stratification de la prédation en fonction de la taille,
des moyens de captures (forme du masque) et de l’accessibilité des proies
(habitats).
Les adultes se nourrissent au vol de petits insectes (Diptères surtout). Les
anisoptères de grande taille (Aeshnidae et Libellulidae) peuvent consommer des
Zygoptères. Les adultes des espèces crépusculaires s’attaquent aux essaims de
Culicidae (moustiques).
4.3. BIO INDICATEURS Les différentes espèces à la base de la production de ressources et de services
écologique d’un écosystème sont sous le contrôle de facteurs physiques, chimiques,
hydrologiques et biologiques. Toute modification de ces facteurs se répercute sur les
espèces. Certaines espèces à sensibilité élevée servent à détecter les perturbations
(pollutions, modification des habitats, changements climatiques…). Ce sont des
espèces dites bioindicateurs qui renseignent sur l’état de santé des habitats. Les
stades larvaires des Odonates, très sensibles aux conditions de leur milieu de vie,
subissent directement les modifications des paramètres biotiques et abiotiques des
Module Odonates Page 30 habitats humides. Ce qui fait des Odonates de robustes biondicateurs de l’évolution
des zones humides.
Module Odonates Page 31 III. METHODOLOGIE Pour le suivi, des sites qui s’échelonnent le long de la Gambie ont été proposés.
Dans chaque site, les différents habitats sont répertoriés. Au niveau de chaque
habitat la faune odonatologique (larves et adultes) est échantillonnée avec le
matériel adéquat. Pour la prise en compte de l’effet saison, les échantillonnages se
font en saison sèche et en saison des pluies selon une périodicité d’une fois les 3
ans.
1. SITES D’ETUDES Pour que le suivi couvre une aire et des habitats représentatifs du bassin, les sites cidessous ont été proposés :
 Haute Gambie (environs de la source) ;
 Sambangalou (lieu d’édification du barrage sur la Gambie) ;
 Moyenne Gambie (dans le Parc national du Niokolo Koba) ;
 Basse Gambie (aux environs de Basse Satu-Fatoto). 2. MATERIEL  Filet à papillons
Le filet à papillons (Fig. 11) se compose d’un manche, télescopique de 1 à 2 m
environ à l’extrémité duquel se fixe un cercle métallique de 30 à 50 cm de diamètre
pourvu d’une poche en nylon, en polyester ou en gaze plus ou moins longue et de
couleur variée (blanche, verte, noire…).
Module Odonates Page 32 Fig. 11. – Filet à Papillons  Filet troubleau
Le filet troubleau (Fig. 12) est utilisé dans la récolte de larves d’Odonates. Il se
compose d’un manche robuste en une seule partie, d’un cercle solide en fer ou en
aluminium d’environ 30 cm de diamètre, pourvu d’une poche nylon présentant un
vide de maille de 800 à 300 microns.
Fig. 12. – Filet troubleau  Boîtes pour la récolte des exuvies
 Papillotes pour la récolte des Imagos
Les papillotes son confectionnés avec du papier pelure ou avec la cellophane.
 Pinces entomologiques souples (Fig. 13)
Module Odonates Page 33 Fig. 13. – Pince entomologique souple  Bocal à cyanure (Fig. 14)
Fig. 14. – bocaux à cyanure de différente taille
 Bacs
Les bacs sont utilisés pour les prélèvements de sol et de sédiments de la bordure
des berges pour la récolte des larves des fouisseurs et pour le tri des larves.
 Appareil photos numérique Un appareil photo numérique, adapté à la
prise de vue rapprochée, est fortement recommandé.
 Carnet de terrain
Module Odonates Page 34 Le carnet de terrain est nécessaire pour noter toutes les informations relatives à
l’échantillonnage. Il faut toujours s’assurer que les informations consignées sont
correctement reliées aux spécimens collectés correspondants. Veiller à noter le nom
exact de la localité où se trouve l’habitat prospecté, prendre les coordonnées
géographiques de la station (UTM ou latitude et longitude). Noter toute information
pertinente concernant l’habitat (masse d’eau, plantes dominantes), comportement
reproducteur. Les dénombrements sont rigoureusement reportés dans le cahier de
terrain ainsi que toutes les observations relatives aux espèces et aux biotopes.
 Consommables
Ethanol, acétone, papier pelure, cellophane, sacs plastiques, tubes et flacons de
récolte.
3. RECOLTES Les larves et les adultes ayant des modes de vie différents, le matériel et la méthode
utilisés pour leur capture sont différents.
Pour une station donnée, le protocole utilisé au départ doit être repris dans les
évaluations suivantes pour permettre une comparaison valables des données
recueillies.
 Larves
Les larves grimpeuses, se trouvant au niveau des plantes aquatiques, sont récoltées
avec le filet troubleau. Pour la capture des larves fouisseuses, on peut effectuer des
prélèvements superficiels du sol de la bordure des berges de part et d’autre du front
de l’eau sur des placettes de 50 X 50 Cm2. Pour une station donnée, on peut
effecteur des prélèvements sur 4 à 5 placettes le long d’une ligne de 8 à 80 m
bordant la berge. Le contenu du filet ou le sol du fonds prélevé est déposé dans un
bac puis trier. Le tri des animaux se fait manuellement à l’aide d’une pince souple.
Module Odonates Page 35 Les larves sont fixées dans un flacon contenant de l’éthanol 70% avec une étiquette
portant la date, le lieu de récolte, l’habitat et éventuellement le numéro de la station
et le numéro de la placette.
L’identification des larves jusqu’à l’espèce étant de loin d’être évident, on peut
envisager de les élever jusqu’à l’émergence pour une identification plus sure de
l’espèce.
L’étude des larves et des exuvies offre une preuve sûre de l’autochtonie de l’espèce
et donne un bon indice de la taille des populations.
 Exuvies
Les exuvies sont recherchées sur une bande d'environ 50 cm de part et d'autre de la
berge sur une longueur qui dépendra de taille de l’habitat (environ 8 à 80 m). Les
exuvies trouvées sont récoltées à la main à l’aide d’une pince entomologique souple
et mises dans des tubes. Comme les larves, les exuvies permettent de connaitre
avec certitude l’autochtonie des espèces.
La collectes des exuvies présente un intérêt particulier par rapport au stade vivants
(larves et adultes) : i) leur prélèvement n’affecte pas la taille des populations, ii) leur
présence indique un développement complet de l’espèce dans le milieu (autochtonie
dans l’habitat), iii) leur dénombrement donne un indice sur la taille des populations.
La difficulté majeur que présente l’étude des exuvies est l’identification jusqu’à
l’espèce qui est impossible pour la plupart des espèces.
 Imagos (adultes)
La capture des imagos se fait au filet à papillons. Les individus capturés après
fauchage sont sortis délicatement de la poche du filet en évitant de les attraper par
les ailes afin de ne pas les abimer. Les Odonates adultes ont souvent une coloration
vive. Cette coloration a deux origines, métallique et pigmentaire. Les Odonates à
coloration métallique tués avec le bocal à cyanure. Ils ne demandent pas de
traitement particulier autre que le séchage pour garder leur coloration. Ils sont placés
dans des papillotes avec toutes les références utiles (dates, noms du récolteur, lieu
Module Odonates Page 36 de récolte, numéro de référence, etc.). Lorsque les Insectes ne sont pas traités
aussitôt après la récolte, il est essentiel de les sécher, au soleil par exemple. Du
paradichlorobenzène peut être mis dans les papillotes pour une meilleure
conservation. Les espèces à coloration pigmentaire, une fois mort perdent leur
couleurs suite à la libération de graisse et à la décomposition des viscères. Pour ces
derniers, après capture, ils doivent être plongés dans de l’acétone pendant environ
24h. Ensuite, ils sont retirés puis déposés sur du papier buvard pour les égoutter.
Une fois sec, ils sont mis dans des enveloppes de papier, de cellophane ou sac
plastique et placés dans des boites avec les références adéquates.
Les Odonates adultes sont recherchés au niveau des points d’eau et des prairies,
des lisières de bois et des clairières de forêts environnants.
Des photographies des habitats et des individus (de tous les stades) peuvent
judicieusement compléter les informations sur les espèces et leurs milieux.
Quelques espèces crépusculaires sont toutefois susceptibles d’être attirées par des
pièges lumineux.
4. TRAITEMENTS DES RECOLTES Une fois à la base ou au laboratoire, les échantillons sont séchés puis mis dans des
enveloppes en papier pelure ou en cellophane, voir dans des sachets plastiques.
Chaque spécimen doit être accompagné des informations utiles concernant i) le lieu
(date, nom, coordonnées géographique), ii) l’habitat (type de masse d’eau, milieu
terrestre ouvert, fermé…), et iii) le spécimen (endroit récolté). Les spécimens sont
ensuite placé dans des boites protecteur rigide avec un produit conservateur
(paradichlobenzène) et envoyé à un spécialiste ou à un établissement scientifique
compétent (Musée, université) pour identification.
Module Odonates Page 37 5. RESULTATS LE SPECTRE ODONATOLOGIQUE DES HABITATS Le spectre odonatologique d’un habitat est la liste des espèces autochtones, c’est à
dire des espèces qui se reproduisent dans cet habitat. Il permet de suivre l’apparition
ou la disparition d’espèces au sein de cet habitat suite à des modifications de ses
paramètres physico chimiques et biologiques en relation avec le barrage. La liste des
espèces autochtones est dressée à partir de l’identification des larves, des exuvies et
des individus en accouplement et en ponte. Il faut noter que l’identification des larves
et des exuvies jusqu’à l’espèce n’est possible que dans le cas des espèces dont les
différents stades du cycle de développement sont connus.
PRODUCTIVITE LARVAIRE ODONATOLOGIQUE La productivité odonatologique larvaire définit le taux de reproduction des Odontates
dans un habitat donnée. Du fait de la sensibilité des larves aux paramètres
physicochimiques et biologiques du milieu, la productivité odontatologique larvaire
est un paramètre important dans le suivi de la qualité des habitats.
ABONDANCE DES POPULATIONS Le nombre moyen d’individus (larves, adultes, exuvie) par unité standardisée de
surface et/ou de temps permet d’évaluer l’abondance des populations. L’abondance
des Odonates dans un milieu est liée à la qualité des eaux mais également à la
végétation aquatique et terrestre environnante des masses d’eaux. Les modifications
des masses d’eaux et de la végétation associée se répercutent sur la diversité et sur
l’abondance des Odonates.
ANALYSE DES DONNEES Une analyse de la variance (ANOVA) est faite pour évaluer le degré de signification
des différences observées.
Module Odonates Page 38 IV. SORTIE SUR LE TERRAIN Cette sortie permet de mettre en pratique la théorie dispensée aux participants. Ainsi
elle doit prendre en compte :
 Préparation du matériel de terrain
 Rédaction de protocoles
 Répartition en groupe
 Terrain proprement dit
V. PRESENTATION DES RAPPORTS DE TERRAIN, DISCUSSION ET EVALUATION Il est important de donner aux participants les techniques et les outils nécessaires à
la rédaction d’un bon rapport. Ainsi, il sera procédé à :
 Préparation des rapports de groupe de travail
 Présentation des rapports de terrain des sous-groupes suivi de discussion
 Discussion générale sur la formation
 Evaluation du cours par les participants
Module Odonates Page 39 BIBLIOGRAPHIE Cannings R. (2000). ‐ Collecting Odonata (Dragonflies, including Damselflies). Polycope, 3p. Chopard L. (1949). – Ordre des Odonates. In Traité de Zoologie, Tome IX,. P.‐P. Grassé éd. , Masson et Cie, Paris : 311‐354. Clausnitzer V. (2003). ‐ Dragonfly communities in coastal habitats of Kenya: indication of biotope quality and the need of conservation measures. Biodiversity and Conservation 12: 333–356. Grand D. (2004). – Les Libellules du Rhône. Muséum, Lyon. 256p. Perron J.‐M. (2005). – Une méthode facile de collectionner les Odonates. Documents technique, n° 30, 9p. Testard P. (1981). ‐ Odonates. In : Flore et faune aquatiques de l'Afrique Sahélo­
soudanienne. Initiations­Documentations Techniques, ORSTOM, Paris, 45, 445‐481. http://fr.academic.ru/pictures (consulté en août 2010). http://www.africa‐dragonfly.net/ (consulté en août 2010). www.inforef.be/expeda/eureau/brochure/partie2/document.htm (consulté en août 2010). Module Odonates Page 40 ANNEXE SYNOPSYS ET MODALITES PRATIQUES DE MISE EN ŒUVRE DU COURS Dans le cadre de la mitigation des impacts négatifs du barrage de Sambangalou sur les écosystèmes humides du basin de la Gambie, Wetlands Afrique et ses partenaires (OMVG et UICN) prévoient le suivi d’un certains nombre de taxons qui présentent un intérêt patrimonial, économique, socioculturelles et biologique. Pour la formation des personnes devant assurer le suivi sur le terrain, Wetlands a confié à des experts le développement de module. Le présent module concerne les Odonates qui, malgré leur importance, sont encore mal connus en Afrique. Groupes cibles Les personnes cibles pour suivre cette formation peuvent être des : -
Exploitants des ressources des zones humides -
agents des services des eaux et forêts -
agents des parcs nationaux -
agents des services d’agricultures -
membres d’associations de protection de la nature -
guides touristiques -
professeurs des Sciences de la Vie et de la Terre -
volontaires de l’environnement Module Odonates Page 41 -
entomologistes amateurs -
étudiants en année de master d’entomologie, d’écologie, d’environnement… 0bjectifs d’apprentissage Objectif général Donner aux formateurs le savoir et le savoir faire pour former les personnes qui vont assurer le suivi des Odonates. Objectifs spécifiques A la fin du cours, les participants devraient être capables de : -
comprendre le système de classification et de nomenclature des êtres vivants pour une meilleure compréhension de la hiérarchie des taxons utilisés en taxonomie. -
Connaitre la position systématique des Odonates au sein du phylum des Arthropodes et de la Classe des Insectes. -
Pouvoir distinguer les odonates (larves et adultes) des autres Insectes. -
Connaitre les grands traits de la systématique, de la biologie et de l’écologie des Odonates et de leur importance. Connaitre les paramètres de suivi des Odonates et la méthodologie (matériel et méthodes) à mettre en œuvre pour le suivi. Différentes parties du module Le module est articulé autour des 5 points suivants: -
Généralités ; -
Ordre des Odonates ; -
méthodologie d’étude ; -
Sortie sur le terrain ; Module Odonates Page 42 -
Discussion générale et évaluation 1. Généralités Dans cette partie il est traité la classification des êtres vivants et la position systématique des Odonates. -
Les êtres vivants sont classés et nommés scientifiquement selon un système universel permettant qui permet l’usage des mêmes taxons pour désigner les groupes d’animaux et de végétaux quelque soit le lieu et la langue. Après définitions de certains termes, la hiérarchie des taxons est donnée. -
Le Phylum des Arthropodes est défini ainsi que les Classes qui la composent. Les différents Ordres composant la Classe des Insectes sont présentés. 2. Ordre des Odonates Cette deuxième partie traite de la systématique, de la morphologie, de la bioécologie et de l’importance des Odonates. 3. Méthodes d’étude Dans cette partie, les sites de suivi sont présentés. Il est également donné le matériel et les techniques d’études depuis le terrain jusqu’au conditionnement des Insectes. Le traitement des donnés et les résultats attendus sont également abordés dans cette partie. 4. Sortie de terrain Après le cours théorique sur les Odonates, une démonstration est faite sur le terrain. La sortie de terrain permettra d’observer les Odonates dans leur milieu et de mettre en pratique les concepts appris. Les participants prospecteront dans l’eau et le milieu terrestres environnant à la recherche d’Odonates en suivant le protocole appris. Ils prendront des notes et des photos. A la fin, chaque groupe présentera un rapport. Module Odonates Page 43 En fonction du nombre de personnes et du matériel disponible, des groupes sont formés. Les groupes doivent être sur le terrain (une zone humide) entre 10h et 16 par un jour bien ensoleillé et sans vent fort. 5. Discussion générale et évaluation Ce sera ici l’occasion d’un échange entre le formateur et les participants, mais aussi entre participants, sur les différentes parties du cours. A la fin, les participants évalueront le cours en remplissant un questionnaire. METHODOLOGIE Au début de chaque session, le formateur fera une présentation. Les participants suivront la présentation avec un support de cours qui leur a été remis avant. Il y aura une interaction entre le formateur et les participants. Les participants peuvent interpeler le formateur à tout moment pour poser des questions ou donner une contribution. Le formateur peut aussi interpeler les participants. A la fin de la présentation, si nécessaire, une discussion est ouverte sur un ou plusieurs points posés par les participants ou le formateur. La sortie de terrain prévue est planifiée avec les participants : logistique, matériel, protocole... Au retour, les participants, organisés en sous groupes, feront un bref rapport de la sortie. Pour l’évaluation, un questionnaire est utilisé. Les questions tourneront autour : -
De la clarté du message délivré -
De l’intérêt accordé par les participants au regard des objectifs -
Limites du cours -
Propositions d’amélioration du module. CONTENU DES SESSIONS Module Odonates Page 44 1. Généralités (3 h)  Introduction du cours  Généralités 
Classification du monde vivant 
Embranchement des Arthropodes 
Classe des Insectes 2. Ordre des Odonates (3 h)  Systématique  Morphologie  Bioécologie  Importance des odonates 
Intérêt patrimonial 
Réseau trophique 
Bio indicateur 3. méthodologie (4h)  Sites d’études  Matériel  Méthode de récoltes  traitement des spécimens récoltés  Résultats 4. Sortie sur le terrain (8 h) Module Odonates Page 45  Préparation du matériel de terrain  Rédaction de protocoles  Répartition en groupe  Terrain proprement dit 5. Présentation des rapports de terrain, discussion générale et évaluation (4 h)  Présentation des rapports de terrain des sous‐groupes suivi de discussion  Discussion générale sur la formation  Evaluation du cours par les participants CREDITS HORAIRES  Généralités: 3 h  Ordre des Odonate: 3 h  Méthodologie: 4 h  Sortie pédagogique : 8 h  Présentation rapports de terrain, discussion et évaluations: 4h BESOINS Pour le formateur, il faut : 1) Un vidéo projecteur 2) Un ordinateur 3) Un pointeur 4) La liste des participants 5) Programme de formation 6) Matériel entomologique (voir liste des besoins pour les participants) Avant le démarrage de la formation il faudrait remettre aux participants : 1)
Un support de cours Module Odonates Page 46 2)
Le programme de la formation 3)
Un cahier et des écritoires pour la prise de note 4)
Un cahier de terrain et un crayon noir 5)
Questionnaire d’évaluation (pour la fin de la formation) Pour le terrain ils auront besoin de: 1) Moyen de déplacement (voiture tout terrain) 2) Filets à papillons (au moins autant de filets que de sous groupes) 3) Filets troubleau (au moins autant de filets que de sous groupes) 4) Pinces souples de chasse (une pince par participants) 5) Bocaux à cyanure (au moins un par sous groupe) 6) Bacs pour le prélèvement de sol et pour le tri (au moins un par sous groupe) 7) Ethanol 70° (4 l) 8) Acétone (4 l) 9) Papier, cellophane ou des sachets plastiques transparents à fermeture 10) Appareils photo numérique performant (au moins un par sous groupe) Module Odonates Page 47 
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