Chapitre 2.10.4.

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CHAPITRE 2.10.4.
GALE
RÉSUMÉ
La gale est une dermatite déterminée par des ectoparasites. Elle est caractérisée par la formation
de croûtes, de l'alopécie et du prurit ; elle est déterminée et entretenue par plusieurs espèces
d'acariens. Les acariens et les tiques constituent une sous-classe des Arachnida, divisée en
2 super-ordres : les Parasitiformes (Mesostigmata) et les Acariformes. Les Acariformes groupent
3 ordres : Astigmata (Acarida dépourvus de stigmates), Prostigmata (Actinedida, possédant des
stigmates situés en arrière du gnathosoma) et Oribatida (Cryptostigmata). Les principales espèces
d'acariens agents de gale se situent parmi les Astigmata et les Prostigmata. Le diagnostic de gale,
chez les animaux domestiques, est basé sur des données symptomatologiques et sur la mise en
évidence des parasites ou de leurs stades évolutifs dans le produit de raclage de la peau.
Identification de l'agent pathogène : La gale peut être le résultat de l'infestation par des acariens
astigmates ; ex : Chorioptes, Knemidocoptes, Notoedres, Otodectes, Psoroptes ou Sarcoptes ou
des acariens prostigmates ; ex : Cheyletiella, Demodex ou Psorobia. Tous les acariens générateurs
de gale sont classés d'après leur structure. Leur identification repose sur des clés spécialement
établies et illustrées.
Spécifications applicables aux vaccins et aux produits biologiques à usage diagnostique :
Aucun vaccin commercial n'est actuellement disponible.
A. INTRODUCTION
La gale est une dermatite déterminée par des ectoparasites. Elle est caractérisée par la formation de croûtes, de
l'alopécie et du prurit, et déterminée et entretenue par plusieurs espèces d'acariens. Les acariens et les tiques
constituent une sous-classe des Arachnida, divisée en 2 super-ordres : les Parasitiformes (Mesostigmata) et les
Acariformes. Les Acariformes groupent 3 ordres : Astigmata (Acarida : dépourvus de stigmates), Prostigmata
(Actinedida, possédant des stigmates situés en arrière du gnathosoma) et Oribatida (Cryptostigmata) (3). Les
principales espèces d'acariens agents de gale se situent parmi les Astigmata et les Prostigmata. Les Astigmata
constituent un groupe bien défini d'acariens peu chitinisés et peu mobiles, renfermant les familles des Sarcoptidae
et des Psoroptidae, de grande importance médicale et vétérinaire. Les Prostigmata sont les plus hétérogènes des
ordres d'acariens, avec des formes adultes mesurant de 100 µm à 16 mm de longueur (21). Parmi, les
Prostigmata se situent les Trombiculidae (acariens des récoltes), parasites à l'état larvaire, tandis que les formes
adultes et les nymphes sont libres et prédatrices – et les familles, véritables agents de gale : Psorergatidae
(Psorobia [Psorergates] sp.), Demodecidae (Demodex sp.) et Cheyletidae (Cheyletiella sp.) (3).
B. TECHNIQUES DE DIAGNOSTIC
Le diagnostic de gale, chez les animaux domestiques, est basé sur des données symptomatologiques et sur la
mise en évidence des parasites ou de leurs stades évolutifs dans le produit de raclage de la peau. Leur
identification repose sur des clés spécialement établies et illustrées.
1.
Identification des parasites
La gale peut être le résultat de l'infestation par des acariens astigmates ; ex : Chorioptes, Knemidocoptes,
Notoedres, Otodectes, Psorooptes et Sarcoptes ou des acariens prostigmates ; ex : Cheyletiella, Demodex et
Psorobia.
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a)
Astigmata
Les Astigmata sont des petits acariens à cuticule mince, généralement dépourvus d'écussons. La base des coxa
est enfouie dans le corps et on la désigne sous l'appellation d'épimère lorsqu'elle est superficielle et d'apodème
lorsqu'elle est enfouie à l'intérieur du corps. L'empodium a la forme d'une griffe et le pédipalpe est sessile ou
pédiculé. Les griffes véritables font défaut. Les oeufs fécondés sont évacués par un ovipore (ouverture génitale),
fente antéro-ventrale. La plupart des espèces d'intérêt médical ou vétérinaire sont situées dans la division des
Psoroptidia, qui comporte les Psoroptoidea (Sarcoptidae et Psoroptidae), les Analgoidea (Knemidocoptidae,
Cytoditidae et Laminosioptidae) et Pyroglyphoidea (Pyroglyphiidae). La division Acaridae renferme des acariens
libres, vivant dans les produits entreposés, qui peuvent occasionner une gale transitoire et être sources
importantes d'antigènes.
ƒ
Sarcoptidae
Les acariens sarcoptides (sarcoptiformes) sont des parasites obligés, créant des sillons dans la peau des
mammifères. Ce sont des acariens globuleux, à face ventrale aplatie et à cuticule finement striée. Leurs
chélicères sont adaptées à la section des tissus.
i)
Sarcoptes scabiei
L'acarien Sarcoptes scabiei est l'agent de la gale sarcoptique, chez l'homme et chez un grand nombre de
mammifères, domestiques et sauvages (carnivores et herbivores), dans le monde entier et affectant les
parties du corps peu poilues. Le nombre d'espèces groupées dans le genre est discuté. L'étude des
populations de sarcoptes provenant d'une grande variété d'hôtes, donne à penser qu'il n'existe qu'une
espèce (Sarcoptes scabiei), avec de nombreuses variétés, capables d'infester une gamme étendue de
mammifères (14). Des recherches récentes, basées sur l'analyse moléculaire des gènes ITS-2 de l'ARN
ribosomal permettent d'admettre le caractère monospécifique du parasite (37). L'homme est très facilement
infesté, particulièrement dans les biotopes surpeuplés et mal tenus (35).
Le genre Sarcoptes est identifiable par ses dimensions, sa forme générale et ses caractères
morphologiques particuliers. Son contour est circulaire et les formes adultes mesurent environ 250 µm, mais
les femelles pubères atteignent de 300 à 500 µm. La cuticule est striée; la face dorsale porte une plaque
centrale de denticules coniques et d'épines dont le nombre est décroissant sur les côtés et sur le bord
postérieur. Les pattes sont courtes et le prétarse des pattes I et II portent des griffes empodiales, mais les
ventouses ambulacraires sont situées à l'extrémité de longs pédicules. Les épimères (apodèmes) de la
première paire de pattes sont fusionnées pour former un « Y ». Les pattes III et IV des femelles, identifiées
par la fente oviporale transversale du milieu de la face ventrale, sont courtes et terminées par une longue
soie et n'ont pas de pédicule ; ces pattes sont situées sur la face ventrale du corps et ne sont pas visibles en
vue dorsale. Les mâles sont plus petits que les femelles et caractérisés par un pédicule porté par les pattes
IV, entre lesquelles se trouve un appareil génital très chitinisé. Les nymphes sont semblables aux femelles,
mais de plus petite taille et dépourvues d'ovipore; les larves n'ont que 3 paires de pattes. Un acarien
semblable, Trixacarus caviae, parasite le cobaye, mais il est plus petit et son anus est situé sur la face
dorsale. Des réactions immunologiques secondaires peuvent être causes d'éruptions papuleuses en dehors
des surfaces parasitées.
ii)
Notoedres spp.
Les Notoedres sont, aussi, fouisseurs de l'épiderme et ressemblent au Sarcoptes, mais ils s'en distinguent
par l'absence d'épines sur la face dorsale et par la localisation dorsale de l'anus. On a décrit plus de
20 espèces de Notoedres, parmi lesquelles l'agent de la gale du chat, Notoedres cati, a de l'importance en
médecine vétérinaire, déterminant une gale très prurigineuse chez le chat (et parfois chez le chien et le
lapin). L'infestation débute par la tête, d'où elle peut s'étendre. Notoedres muris sévit chez le rat et
N. musculi chez la souris. Notoedres cati est semblable à S. scabie, ayant des ventouses ambulacraires
portées par des pédicules longs et inarticulés sur les pattes I et II de tous les stades évolutifs et sur les
pattes IV des mâles. Notoedres cati est nettement plus petit, la femelle mesurant 225 µm et le mâle 150 µm.
L'anus est situé sur la face dorsale, qui ne porte pas de denticules, remplacés par des écailles provenant de
la segmentation des stries linéaires dorsales.
ƒ
Analgoidea
Les Analgoidea comptabilisent 12 espèces d'acariens agents de gale, Knemidocoptes (Knemidocoptidae),
les acariens des sacs aériens des volailles (Cytodites nudus : Cytoditidae) et les Laminosioptidae,
représentés par Laminosoptes cysticola, parasite du tissu conjonctif du dindon et de la poule.
i)
Knemidokoptes sp.
Trois espèces de Knemidocoptes intéressent la médecine vétérinaire : K. mutans, parasite de l'épiderme
des pattes des volailles (déterminant les « pattes écailleuses »), K. gallnae (Neoknemidocoptes galinae, et
Mesoknemidocoptes laevis gallinae), localisé à la base des plumes et agent de la gale déplumante et
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K. pilae, cause de la « face écailleuse » des oiseaux de volière. Les femelles de Knemidocoptes mesurent
400 µm et possèdent parfois des écailles dorsales petites et irrégulières. Knemidocoptes gallinae
(Mesoknemidocoptes), n'a pas d'écailles (3). Deux bandes chitineuses longitudinales sont présentes sur la
partie médiodorsale antérieure du corps, unies en arrière par une bande transversale. Les épimères
(apodèmes) de la première paire de pattes sont unies pour former un « Y » chez la femelle et un « U » chez
le mâle. Toutes les pattes des mâles et des larves sont terminées par des ventouses pédiculées, qui font
défaut chez les femelles et les nymphes. L'anus est terminal. Les femelles sont vivipares et le
développement comporte une stase larvaire et 2 stases nymphales.
ƒ
Psoroptidae
Les espèces de la famille des Psoroptidae ont une forme ovoïde ; elles ne sont pas fouisseuses et
parasitent la peau des mammifères. Leur cuticule est striée, les pattes III et IV sont visibles en vue dorsale,
les épières (apodèmes) ne sont pas fusionnés et le propodosoma ne porte pas de soies verticales. Les
mâles possèdent 2 ventouses adanales proéminentes, qui s'unissent aux tubercules copulateurs de la
femelle tritonymphe (femelle pubère). L'ovipore, saillant, a la forme d'un « U » renversé, situé ventralement,
en arrière des pattes II de la femelle ovigère. Trois genres sont importants en médecine vétérinaire.
i)
Psoroptes spp.
Les psoroptes ont des pattes très développées, terminées, pour tous les stades évolutifs, par des ventouses
infundibuliformes portées par un pédicule triarticulé. Les femelles ovigères ont une coloration blanche mate
et mesurent 750 µm de longueur. Les mâles possèdent 2 lobes opisthosomaux et une paire de ventouses
copulatrices. Les psoroptes sont les agents de dermatites dépilantes, prurigineuses, intéressant les poils ou
la laine. On connait 5 espèces de Psoroptes (33). Psoroptes ovis, agent d'une gale du corps des ovins, des
bovins et des équidés ; P. equi, agent d'une gale des équidés ; P. natalensis, parasite du corps des bovins
et des équidés ; P. cuniculi, l'acarien de la gale des oreilles du lapin, de la chèvre, du cheval et du mouton ;
et P. cervinus, parasite des oreilles du mouton « bighorn », de l'élan et du wapiti. Une sixième espèce, non
validée, est P. auchinae, de la gale des oreilles des camélidés du Nouveau Monde. Psoroptes natalensis et
P. equi se distinguent par la longueur de la quatrième soie opisthosomale externe (L4OOS) du mâle (33).
Chez P. natalensis, cette soie est, aussi, spatulée, comme l'est la soie opisthosomale L4OOS du mâle de
P. cervinus (22). Il est difficile de différencier P. ovis et P. cuniculi par des caractères morphologiques.
Comme pour le genre Sarcoptes, le nombre d'espèces de psoroptes est discuté (25) et P. ovis et P. cuniculi
ne sont peut-être que des variants d'une même espèce (4).
ii)
Chorioptes
Les pattes des Chorioptes sont terminées par une large ventouse ambulacraire, en forme de coupe, portée
par un pédicule subsessile, à l'exception des pattes III des femelles terminées par 2 longues soies. Les
femelles ovigères de C. bovis sont plus petites que celles des Psoroptes : 400 µm de longueur. Les mâles
de C. bovis ont des pédicules sur toutes leurs pattes, une paire de lobes opisthosomaux rectangulaires et,
antérieurement, une paire de ventouses copulatrices. Les lobes opisthosomaux portent 2 soies spatulées et
3 soies filiformes de longueur variable. Les pièces buccales sont larges et arrondies, adaptées à la
mastication. C. bovis est un parasite des bovins, de la chèvre, des équidés, des ovins, des camélidés et du
lapin. C. texanus est observé chez la chèvre, le renne et les bovins (28, 32). C. panda est signalé chez le
panda géant (15). Les lobes opisthosomaux de C. texanus ont un contour subtriangulaire et les soies
opisthosomales sont spatulées et plus longues que chez C. bovis. Chez la chèvre, le cheval et les
camélidés, C. texanus est localisé dans les parties inférieures des membres, comme C. bovis chez le
mouton, mais avec possibilité, chez cet animal, d'une atteinte du scrotum, pouvant être cause d'infertilité.
Chez les bovins, la gale chorioptique intéresse habituellement la base de la queue, le périnée et la face
postérieure des mamelles. Les acariens se nourrissent à la surface de la peau, provoquant une inflammation
exsudative et la formation de croûtes. Les fortes infestations peuvent entraîner une baisse de l'état général,
de l'amaigrissement et des lésions du cuir (35).
iii)
Otodectes
Les individus mâles du genre Otodectes ressemblent à ceux du genre Chorioptes, mais les lobes
opisthosomaux sont moins individualisés ; les ventouses copulatrices sont présentes et les soies sont moins
spatulées. Les épimères des pattes I et II sont fusionnés. Les mâles ont, sur toutes les pattes, des
ventouses ambulacraires cupuliformes, bien développées et portées par un très court pédicule, mais ces
ventouses n'existent que sur les pattes I et II des femelles ; les pattes III des femelles se terminent par une
longue soie et les pattes IV sont très courtes (3). Otodectes cynotis parasite le chien, le chat, le renard, le
furet et divers carnivores sauvages (34) ; il est localisé au conduit auditif externe et il est l'agent
d'otacariose ; mais la localisation peut s'étendre au tronc et déterminer une dermatite exsudative. Le tympan
peut être perforé et il s'ensuit une otite moyenne, génératrice d'un syndrome nerveux (convulsions).
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ƒ
Acariens astigmates libres
Ces acariens sont fréquemment observés dans un grand nombre de produits alimentaires entreposés :
grains, etc. Leur ingestion peut entraîner des troubles intestinaux et ils peuvent aussi être causes de gale
(dermatite, prurit) chez les mammifères, par contact avec les antigènes présents dans les produits infestés
ou par irritation d'ordre mécanique – de rhinite et de crises d'asthme par inhalation d'antigènes présents
dans l'environnement. La caractéristique essentielle des acariens astigmates libres (Acaridae) est la
présence de nombreux poils, plus longs que ceux des formes parasites, simples, ramifiés ou spatulés ; dans
quelques genres (ex : Glyciphagus), les poils de la région postérieure sont souvent mêlés de débris. Acarus
siro, l'espèce la plus fréquente, a des poils plus courts.
b)
Prostigmata
Les prostigmates sont faiblement chitinisés et lorsque leurs stigmates sont visibles, ils s'ouvrent sur le
gnathosoma ou sur la partie antérieure du propodosoma. Les palpes sont libres et bien développés et ils agissent
à la façon de pinces ou d'organes sensoriels. Les chélicères sont adaptées au percement de la peau (3, 35).
Parmi les Prostigmata, se situent : – les Trombiculidae (acariens des moissons), parasites à l'état larvaire et libres
et prédateurs à l'état nymphal et à l'état adulte ; – et des familles de véritables agents de gales : Psorergatidae
(Psorobia [Psorergates] sp.), Demodecidae (Demodex sp.) et Cheyletidae (Cheyletiella sp.) (3).
ƒ
Psorobia (Psorergates) spp.
Deux espèces de Psorobia sont connues chez les animaux domestiques : P. bos, du bétail, peu pathogène
et P.ovis, du mouton mérinos. Une autre espèce, P. simplex (Psorergates muricola), parasite les animaux de
laboratoire (3). Les larves de Psorobia n'ont, à l'éclosion, que des pattes très courtes, qui s'allongent au
cours des mues nymphales et sont complètement développées chez les formes adultes, mobiles. Les
parasites adultes des 2 sexes sont très petits (200 µm) et sont reconnaissables par la disposition rayonnée
des pattes autour du corps, de forme circulaire ; toutes les pattes possèdent, sur l'article fémoral, une forte
épine incurvée ventralement. La plupart des espèces de Psorobia vivent sous la couche cornée de
l'épiderme, dans la région thoracique et abdominale et sur les cuisses, se nourrissant d'exsudats. Les
surfaces corporelles parasitées sont sèches et ébouriffées ; la laine est cassante et s'arrache en touffes. Le
prurit résultant de ce parasitisme pousse les animaux à se gratter et à mordre leur toison, rendant la tonte
difficile.
ƒ
Cheyletiella spp.
Les Cheyletiella (acariens des fourrures) sont des acariens de grande taille (385 µm), dont les palpes sont
terminés par de fortes griffes incurvées et dont le péritrème (stomate), situé à la base des chélicères, à la
forme d'un « M ». Ce sont des parasites obligés, vivant dans la couche cornée de l'épiderme. Ils sont très
mobiles, ce qui les fait qualifier de « pellicules baladeuses : walking dandruff ». On connaît 3 espèces
d'importance vétérinaire, agents de dermatites légèrement prurigineuses, non pyogènes, affectant les
mammifères et transmissibles à l'homme : C. yasguri, parasite des chiots et véhiculé par les chiens adultes ;
C. blakei chez le chat ; et C. parasitivorax, chez le chat et le lapin (région scapulaire). C. parastivorax a, sur
le genou de la première paire de pattes, un solenidion (organe sensoriel) de forme ovalaire; le solenidion est
cordiforme chez C. yasguri (3).
ƒ
Demodex spp.
Les Demodex sont facilement identifiables par leur forme allongée, vermiforme, mais leur petite taille (100 à
400 µm) peut parfois les dissimuler. Ils sont localisés aux follicules pilo-sébacés et aux glandes de
Meibomius de nombreux animaux domestiques et sauvages et de l'homme; les mâles vivent à la surface de
la peau et les femelles dans les follicules. Il en existe plusieurs espèces et un même hôte peut en héberger
plus d'une ; ex : D. folliculorum et D. brevis, chez l'homme (12). La gale démodécique a une grande
importance chez le chien (particulièrement chez les animaux de races à poils courts), la chèvre et le porc ;
son incidence est moins grave chez les bovins, les équidés, les ovins et le chat. Elle ne détermine
habituellement pas d'irritation ni de pathologie particulière, mais chez quelques individus, le grand nombre et
la dispersion des parasites sont causes d'une forme clinique de démodécie. Chez les bovins, il s'agit de
nodules cutanés, avec dilatation des follicules sébacés, qui renferment de nombreux parasites ; chez le
chien, l'infestation peut se généraliser et une forme squameuse est associée à une pachydermite et de
l'alopécie ; une forme pustuleuse est possible, compliquée d'infection bactérienne. Le diagnostic de la
démodécie est basé sur la mise en évidence des parasites dans le produit de raclage des lésions.
L'identification générique de Demodex est facile, mais l'identification des espèces exige la consultation de
clés de diagnose (23).
2.
Diagnostic de la gale
Un diagnostic certain repose sur la mise en évidence des parasites. Les espèces de grande taille, comme les
Psoroptes, sont visibles l'oeil nu, mais dans la plupart des cas, il est nécessaire d'examiner des produits de
raclage prélevés à la périphérie des lésions. Les parasites sont identifiés au moyen de clés de diagnose (3).
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Une indication de la présence des Psoroptes est la réaction de l'hôte au grattage des lésions, qui se traduit par
une agitation réflexe de la lèvre inférieure. Un effort imposé entraîne une élévation de la température de l'hôte et
la résorption des antigènes et toxines des parasites, induisant la manifestation des symptômes. Il faut savoir, lors
de prélèvements effectués pour le diagnostic de la gale sarcoptique, que la distribution des lésions ne coïncide
pas avec celle des parasites. La laine ou les poils prélevés doivent être noués et conservés en vue d'un
diagnostic différentiel avec d'autres ectoparasitoses et d'éventuelles mycoses. Il faut choisir, pour les
prélèvements, la partie humide de la périphérie des lésions. En cas de suspicion de gale sarcoptique, il faut
prélever sur des surfaces dépilées ou sur celles où le prurit est maximal et où des « boutons de gale » sont
visibles. En matière de gale psoroptique du mouton, les surfaces d'élection sont le bord des lésions en extension,
mais dans le cas des bovins et du lapin les prélèvements peuvent être faits sur toute l'étendue de la partie lésée.
En général, pour les acariens vivant à la surface de la peau (ex : Chorioptes, Psoroptes), il faut opérer avec un
scalpel incliné à angle aigu, en rasant plutôt qu'en grattant l'épiderme superficiel. Pour les Demodex, Psorobia ou
Sarcoptes, qui sont fouisseurs, il faut tenir la lame du scalpel perpendiculairement à la peau et gratter jusqu'à
l'apparition d'une rosée sanguine. Une goutte de glycérine ou d'huile de paraffine, déposée sur la peau ou sur la
lame du scalpel, facilite le prélèvement (29). Lors de gale démodécique, les acariens sont généralement
abondants et sont observés dans le contenu caséeux obtenu par compression des pustules ; dans les formes
squameuses, un grattage profond est nécessaire. Dans le cas des otacarioses, chez le chat, le chien ou le lapin,
une pince à bords mousse est utilisée pour la collecte du matériel à examiner. L'usage d'un aspirateur s'est révélé
plus efficace que le grattage pour les prélèvements (21). Ces auteurs ont trouvé des Cheyletiella, Sarcoptes,
Otodectes, Demodex et acariens des fourrages. En traitant par une solution de potasse à 10 %, le matériel
prélevé par aspiration, Il est possible, aussi, de déceler des acariens dans les fèces, chez les animaux atteints de
prurit.
Si on suspecte une otacariose (Otodectes ou Psoroptes) chez le chat, le chien, le lapin, le mouton et la chèvre,
les acariens vivants peuvent être vus par auroscopie du canal auriculaire externe (CAE), mais cette technique
peut être d'application difficile chez les grands animaux et si on a un grand nombre d'individus à examiner. Dans
ces conditions, il peut être nécessaire de procéder à un prélèvement dans le CAE : introduction d'un tampon
jusqu'à sensation de résistance, légère torsion et retrait. Il faut s'assurer de ce que le tampon est introduit dans le
CAE et non dans une des culs-de-sac du tragus. Des précautions sont nécessaires lorsqu'on opère chez des
sujets jeunes.
Les prélèvements effectués doivent être immédiatement transférés dans des petits tubes, soigneusement
bouchés ou des flacons munis d'un couvercle. L'utilisation d'une enveloppe n'est pas recommandée car les
parasites peuvent être perdus ou se dessécher. Les acariens vivants sont facilement mis en évidence par
examen direct sous loupe à dissection (x 40) avec éclairage supérieur. Ils conservent leur activité pendant 30 min
à la température de 37°C et on peut, avec une aiguille, les déposer sur une lame porte-objet.
Les acariens peuvent être montés directement dans la gomme au chloral (liquide de Berlèse), le liquide de
Vizhumis, le milieu de Hoyer ou de Heinze (13). Déposer une goutte du milieu au centre d'une lame, y déposer
l’échantillon, effacer les bulles avec une aiguille, couvrir d'une lamelle mise en place doucement ; si le volume du
liquide de montage est insuffisant, en faire diffuser une goutte sous la lamelle ; laisser sécher les lames pendant 5
à 7 jours à la température ambiante ou pendant 2 jours à 40°C- 45°C, puis luter avec du vernis à ongles ou un
autre matériel de lutage.
La détection des espèces de petite taille (ex : Demodex) exige le traitement des prélèvements par la potasse, à
chaud : jusqu'à 5 g du produit de prélèvement dans la potasse à 10 % : ébullition pendant 5 à 10 min (un temps
d'ébullition supérieur risque d'entraîner la lyse des acariens) ou chauffage à 37°C pendant un temps plus long.
Après refroidissement, le matériel est centrifugé à 600 g (2 000 t.m.) pendant 10 min, mais une centrifugation plus
rapide peut être nécessaire pour la concentration des espèces de petites dimensions. Après décantation, le culot
est examiné au microscope. Il est possible d'augmenter les chances d'isolement des parasites par une méthode
de flottation réalisée sur le culot de centrifugation. On peut encore procéder à l'examen par l'observation
microscopique d'une petite quantité de matériel déposé dans la concavité d'une lame et chauffée à la flamme d'un
bec Bünsen. Il faut éviter un chauffage trop élevé (se manifestant par l'apparition d'une fumée à la surface du
liquide), qui provoquerait la formation de gaz dans le corps des acariens et les ferait « sauter » hors de la
préparation. Toutes ces techniques ont pour but d'éclaircir les parasites, afin de les rendre bien identifiables par
l'examen microscopique. Il est recommandé de travailler sous la protection d'un aspirateur de fumée, afin
d'évacuer les vapeurs toxiques formées. La coloration par le noir de chlorazol peut aider à la mise en évidence
des structures essentielles et à l'identification des parasites situés dans la profondeur des tissus (3).
La manipulation des animaux parasités ou du matériel prélevé sur des animaux parasités par des Cheyleytiella,
Sarcoptes, Notoedres ou Trixacarus, peut avoir des incidences zoonosiques. Les fèces des parasites ou les
débris de leur cuticule peuvent être nocifs pour les personnes allergiques aux acariens des poussières
(Dermatophagoides pteronyssinus).
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3.
Épreuves sérologiques
Une méthode de type immuno-enzymatique (ELISA) est utilisée, en Suède, pour le diagnostic de la gale du chien
et du porc (1, 2, 8, 9) et pour l'éradication de la gale porcine en Suède (18) et en Suisse (20). On dispose
désormais dans le commerce d'une trousse de diagnostic (Sarcoptes-ELISA 2001® PIG, DOG). La technique
ELISA a aussi été étudiée pour le diagnostic des gales psoroptiques chez le mouton, les bovins et divers animaux
sauvages (10, 11, 16, 17, 22, 24, 36), mais aucun équipement n'est disponible dans le commerce.
Cependant, des technique ELISA sont communément utilisées par les chercheurs pour la détection d'anticorps
spécifiques de Sarcoptes scabiei chez les camélidés (1, 2).
C. SPÉCIFICATIONS APPLICABLES AUX VACCINS ET AUX PRODUITS
BIOLOGIQUES À USAGE DIAGNOSTIQUE
Il n'existe pas de vaccins capables de protéger les animaux contre les gales. Des vaccins pourraient : (a) diminuer
le recours aux acaricides ; (b) réduire la pollution de l'environnement ; (c) abaisser la teneur en résidus de la
viande, du lait et de la laine ; et (d) prévenir la chimiorésistance. La possibilité d'une prophylaxie immunologique
de la gale psoroptique a été envisagée chez le mouton (5, 7, 26, 30, 31) et chez les bovins (27). Un extrait soluble
de P. ovis diminue considérablement l'incidence pathologique de l'infection et inhibe le développement de la
population des parasites.
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