Suivi de la reproduction du Busard des roseaux

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RESERVE NATIONALE DE CHASSE ET DE FAUNE
SAUVAGE
DU LAC DU DER ET DES ETANGS D’OUTINES ET
D’ARRIGNY
Suivi de la reproduction du busard des roseaux sur les
étangs d'Outines et d'Arrigny
Busard des roseaux juvénile – photo : Denis FOURCAUD
Suivi et rédaction : LPO Champagne-Ardenne
La gestion de la RNCFS bénéficie d’un partenariat entre
l’ONCFS et la LPO Champagne-Ardenne
et du soutien financier de :
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1. INTRODUCTION
Le Busard des roseaux est un rapace inféodé aux zones humides. Les étangs de la réserve,
lui offrent un habitat favorable et suffisamment vaste pour accueillir plusieurs couples.
Le Busard des roseaux installe son nid essentiellement dans les roselières situées en
bordure d’étangs. Etant donné le caractère patrimonial de ce rapace en Champagne humide,
un suivi des couples nicheurs a été entrepris depuis 2014.
2. MATERIEL ET METHODE
Les prospections se sont déroulées de mars à juillet, autour des étangs d’Outines et
d’Arrigny. Le comportement des Busards des roseaux a été suivi afin de découvrir les nids
(parades nuptiales, transports de matériaux de construction des nids) puis de recueillir un
maximum d'éléments sur le déroulement et l'issue de la nidification de chaque couple
(ravitaillement des adultes puis envol des jeunes). Chaque nid a été localisé puis
cartographié (carte 1).
3. RESULTATS
Cette année 2015 fut assez exceptionnelle en terme du nombre de couples fréquentant la
zone d’étude. En effet, 7 couples nicheurs certains (en fait six et demi, voir paragraphe
« étang du Grand Coulon ») ont été répertoriés (carte 1) alors qu’en 2014, seulement un
couple avait niché, menant 2 jeunes à l’envol.
Malgré le nombre élevé de couples nicheurs, la taille des nichées à l’envol reste faible
(moyenne de 1,28 jeune par couple) bien en dessous de la moyenne européenne évaluée,
selon les fluctuations, de 1,88 à 3,24 jeunes par couple (YEATMAN-BERTHELOT ; JARRY,
1999). Le taux de prédation semble assez élevé ici, puisque 3 nids sur 7 ont probablement
été victime de prédateurs, comme le sanglier qui fréquente assidûment les roselières de la
RNCFS.
D'après les résultats de nidification observés sur les autres rapaces en 2015, on peut
affirmer que les rongeurs furent très abondants ; on ne peut donc pas imputer le faible
effectif de jeune à l’envol à un manque de ressources alimentaires. De plus les poussins de
foulques et de canards, qui figurent aussi au menu des busards, furent eux aussi abondants.
Il est également peu probable que la canicule de cet été ait eu un impact négatif sur cette
espèce.
Sachant qu’une femelle busard peut pondre jusqu’à 8 œufs (4 en moyenne) on peut
également s’étonner du faible nombre de jeunes. Il n'est pas facile d'effectuer des visites sur
les nids sans risquer de compromettre la nidification, soit par le fait du dérangement, soit par
celui d'attirer les prédateurs. L'évaluation de la taille des pontes n'est donc pas concevable. Il
est donc possible que des pontes de 4 œufs et plus soient effectuées et qu’une partie de
celles-ci soient composées d’œufs stériles (certains pesticides rendent les œufs stériles ou
fragilisent les coquilles).
Ci-dessous est présenté le détail pour chaque étang et chaque nid.
Etang du Grand Coulon :
Trois couples, ou plutôt deux et demi, car un mâle polygame ravitaillait deux nids, ont niché
avec certitude sur le Grand Coulon, tous dans la partie orientale.
Un nid est situé au sud-est (nid A), un deuxième au centre-est (nid B) et le troisième au nordest (nid C). Le mâle polygame s’occupait des nids B et C. Ce comportement polygame, sans
être commun n'est pas exceptionnel et a déjà été constaté (YEATMAN-BERTHELOT ;
JARRY, 1999).
Le premier couple (C) cantonné est observé en parade le 30 mars et la première observation
de construction du nid eu lieu dés le 03 avril (A). Il est difficile de détailler la chronologie de la
nidification pour chaque couple car certains d’entres eux avaient débuté la nidification avant
leur découverte.
Le couple A à mené 3 jeunes à l’envol. Le 22 juillet, toute la famille est observée aux
alentours du nid, les adultes apportant des proies que les jeunes saisissent en vol. Maîtrisant
le vol, leur chance de survie face aux prédateurs est augmentée.
Malheureusement, la reproduction des couples B et C (mâle polygame) à échoué,
tardivement, puisque le couple B était encore actif au nid le 6 juillet et le couple C l’était
encore le 9 juillet. A ces dates, les nids devaient contenir des jeunes assez grands. C’est
dans la deuxième décade de juillet que plus aucune activité, de la part des femelles, ne sera
notée, elles ne seront plus revues. Le mâle sera observé chassant ici et là, mais sans jamais
retourner à ses deux nids. Il est fort probable que ces derniers aient été victimes de
prédateurs.
Etang des Landres :
Un seul couple a niché avec certitude sur cet étang. La roselière y est moins étendue que
sur les deux autres étangs, ce qui peut expliquer, l’absence d’autres couples.
Ce couple est observé pour la première fois le 7 avril, il parade et construit un nid dans la
partie nord-est de l’étang, là ou la roselière est la plus dense. Il produira un seul jeune, qu’il
mènera jusqu’à l’envol. Le 16 juillet, toute la famille est observée. Le jeune saisi en vol les
proies que ses parents lui apportent.
Etang de la Forêt :
Comme pour l’étang du grand Coulon, trois couples ont niché avec certitude sur cet étang.
Les nids sont situés dans la partie nord et nord-est de l'étang. Des adultes sont observés à la
fin du mois de mars, puis, les premières constructions sont notées le 9 avril (couple D).
Un couple bâtit son nid au centre est de la roselière (D) le second le construit au nord-est (E)
enfin, le troisième l’installe au nord (F).
Le couple D mènera 3 jeunes à l’envol. Le 24 juillet, la famille est observée à proximité du
nid avec 3 jeunes qui saisissent en vol les proies apportées par les adultes.
La nichée du couple E n’est pas parvenue à terme. En effet, le 20 juillet, au moins 1 jeune
voletant était visible au nid. Pourtant, le 24 juillet, le mâle pousse des cris d'alarme trois
heures durant près du nid et fait plusieurs piqués en sa direction. Plus aucun jeune ne sera
observé, ni la femelle. Vu le comportement du mâle, il est très probable qu’un prédateur ait
détruit la nichée ce même jour.
Le couple F a mené 2 jeunes à l’envol. Le 31 juillet, les jeunes des nichées D et F étaient
regroupés sur le même arbre.
Busard des roseaux juvénile – photo : Denis FOURCAUD
Carte 1 : Localisation des nids de Busards des roseaux sur l’ensemble des trois étangs.
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Busard des roseaux mâle (gauche) et femelle (droite) – photo : Denis FOURCAUD
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4. CONCLUSION
Grâce aux prospections, plus exhaustives menées cette année, on peut affirmer que les
étangs d’Outines et d’Arrigny ont accueilli 7 couples nicheurs certains (6,5 avec le mâle
polygame), contre 1 en 2014, ce qui confirme son attractivité et son importance pour le
Busard des roseaux.
Excepté dans sa partie nord-est, l’étang des Landres semble moins favorable à la nidification
du busard. Sa rive ouest est peu fournie en roseaux et la roselière de la rive est manque
probablement de largeur. Cependant, Il est possible qu'il puisse accueillir d’autres couples
ne serait-ce que dans la grande roselière de la partie nord-est. Il garde néanmoins un rôle
important dans l'alimentation car les busards y chassent tout aussi fréquemment que sur les
deux autres étangs.
Les étangs de la Forêt et du Grand Coulon sont nettement plus accueillants pour le Busard
des roseaux, en effet la majorité de leurs ceintures végétales se compose de roselière, plus
ou moins large, mais offrant plus de secteurs favorables pour l’installation d’un nid.
En 2009, 3 couples avaient niché sur l’étang du Grand Coulon, 1 couple à l’étang de la Forêt
et 1 couple sur l’étang des Landres, c’était à notre connaissance le plus fort effectif nicheur
noté sur la RNCFS depuis les années 2000.
Le maintien en bonne santé des roselières est indispensable à la conservation du Busard
des roseaux. La bonne gestion des niveaux d’eau, les diagnostics sur l’état des roselières et
le contrôle des saulaies sont essentiels à la pérennité de cette espèce nicheuse sur la
réserve.
De plus, il arrive parfois que certains couples construisent leurs nids dans les cultures de
céréales, ce qui n’est pas sans conséquences car bien souvent, la moisson intervient avant
l’envol des jeunes. D’ou l’importance du maintien des roselières qui attireront ainsi les
busards dans un secteur à l’abri des moissons.
Bibliographie :
1999. Nouvel atlas des oiseaux nicheurs de France 1985-1989, Dosithée YeatmanBerthelot-Guy Jarry
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