KRAEMER Joëlle DEUX SIMPLES D’ALSACE : LE HOUBLON ET LA MELISSE -1- TABLE DES MATIERES Introduction…………………………………………………………………………………….2 1. HOUBLON………………………………………….…………………………..3 1.1. Présentation botanique…………………….………………………….4 1.2. Constituants chimiques……………………….……………………....7 1.3. Applications pharmaceutiques…………………….………………….9 1.4. Utilisations alimentaires et autres usages……..…………………….14 2. MELISSE…………………………………………………..…………………17 2.1. Présentation botanique……………...………………………………18 2.2. Constituants chimiques………...…………………………………...21 2.3. Applications pharmaceutiques……………...………………………23 2.4. Utilisations alimentaires et autres usages…..………………………27 Conclusion………………………..………………………………….……………………..2.9 Bibliographie………………………………………………………………………………….30 -2- INTRODUCTION La phytothérapie, traitement des maladies par les plantes, connaît depuis quelques années, en France, un regain de faveur. Depuis une trentaine d’années, de nouvelles techniques d’identification et d’analyse ont rendu possible une connaissance approfondie de la chimie des plantes. Une multitude d’essais, réalisés chez l’animal comme chez l’homme, ont permis d’évaluer l’activité de nombreuses plantes médicinales. Les propriétés attribuées par la tradition sont aujourd’hui mises à l’épreuve. Nombreuses d’entre elles ont ainsi pu être vérifiées, ce qui constitue une confirmation scientifique de pratiques populaires très anciennes. De plus, le mode d’action de certaines plantes est désormais élucidé. Dans d’autres cas, des essais systématiques ont même permis de découvrir des activités non traditionnelles très intéressantes, comme l’activité antivirale de la Mélisse. Dans ce travail, nous proposons d’établir un parallèle entre l’usage traditionnel et les données pharmacologiques récentes de deux simples (plantes à usage médicinal) utilisés couramment en Alsace. Pour ce faire, nous avons choisi de développer la description botanique, les constituants chimiques et les propriétés pharmacologiques de ces plantes de notre région. Ce sont des herbacées à côté desquelles nous passons, sans leur prêter attention, lors de randonnées pédestres, mais qui sont riches en histoire et en activités thérapeutiques. En Alsace, comme dans toutes les régions de France, la flore locale est riche en plantes sauvages comestibles ou médicinales. Ces plantes étaient autrefois, soit cultivées dans des jardins de simples (jardins monastiques par exemple), soit cueillies dans les prés et les bois pour leur utilisation culinaire ou médicinale. Les espèces retenues pour ce travail, le houblon et la mélisse, se sont imposées d’elles-mêmes, car, qui, en Alsace, n’a pas de mélisse dans son jardin, ou n’a jamais goûté de bière si chère à notre région… -3- 1. HOUBLON Cannabaceae ou Cannabinaceae Humulus lupulus L. Pharmacopée Européenne 4° édition (cônes séchés) On dit que les anciens Grecs et les Romains appréciaient les principes amers du Houblon pour traiter les problèmes digestifs et les troubles intestinaux. Le médecin arabe Mesuë (VIIIème siècle) préconisait le sirop de Houblon contre les cholécystites et pour « nettoyer » le sang. Les Chinois, qui utilisaient également le Houblon en cas de troubles digestifs, employaient en outre les cônes de Houblon pour soigner la tuberculose et la lèpre, et ils lui reconnaissaient des vertus pour traiter l'insomnie, les troubles digestifs, les crampes intestinales et le manque d'appétit. Les Indiens Cherokee employaient le Houblon pour soulager les rhumatismes et la douleur ainsi que pour traiter les problèmes liés aux reins. En Inde, la médecine ayurvédique utilisait le Houblon pour soulager l'agitation causée par la tension nerveuse, les maux de tête et l'indigestion. Le Houblon était déjà cultivé en France et en Allemagne au VIIIème siècle. Dans le livre Anglais « Herbarium of Apuleius », datant de 1050, il est dit que le Houblon a de si grandes qualités qu’il doit être utilisé dans les boissons quotidiennes. A la fin du Moyen-Âge, les livres sur les plantes le recommandent comme diurétique, dépuratif et provoquant les menstruations. On utilisait également la plante en cuisine pour la fabrication du pain et de la bière. Le nom de Humulus serait un diminutif de « humus », qui en latin veut dire « sol ». Produit de la décomposition partielle des matières animales et végétales, l'humus est d'une grande richesse. On pense donc que le nom latin du Houblon fait référence au fait qu'il aime les sols riches et humides. On ne sait pas au juste à quoi réfère lupulus, qui signifie littéralement « petit loup ». Est-ce dû au fait que la plante ait servi à soigner les ulcères cutanés, lesquels ulcères portaient, dès le Xème siècle, le nom latin de lupus? -4- On ne sait pas non plus si « Houblon » vient du néerlandais hoppe (duquel dérive le terme anglais hop) ou du francique hummol. Le Houblon est encore appelé Vigne du Nord (du fait de la forme de ses feuilles qui ressemblent à des feuilles de vigne), Houblon Lupulin (dû à la présence de lupulin qu’on peut isoler des inflorescences femelles), Salsepareille nationale ou Couleuvrée septentrionale. Dionne J-Y – Réseau Proteus 2003 ; Madaus G. Band II 1976 ; Vanier P. - Réseau Proteus 2002 ; Delaveau P. et al. 1989] 1.1. Présentation botanique 1.1.1. Description botanique Le Houblon est une plante grimpante, vivace, dioïque, de plusieurs mètres de longueur, se développant sur la végétation avoisinante Couplan F. & Styner E. 1994. Le Houblon a des exigences particulières en termes d’intensité et de division des longueurs d’ondes de la lumière du soleil, la culture du Houblon étant dès lors limitée à la zone située entre les 35ème et 55ème degrés de latitude nord Rombi M. 1991. Dans les zones favorables à son développement, le Houblon est spontané dans les haies, en lisière des bois et au voisinage des aulnes, et il est largement cultivé dans les houblonnières pour la production des inflorescences femelles non fécondées, utilisées dans la fabrication de la bière. Les pieds mâles sont généralement éliminés des cultures. On peut le trouver jusqu’à 1500 mètres d’altitude Delaveau P. et al. 1989. La tige est herbacée, volubile (elle s’enroule dans le sens des aiguilles d’une montre), quadrangulaire, couverte de poils rudes, et dépourvue de vrilles Couplan F. & Styner E. 1994. Lorsque les conditions le permettent, les tiges de Houblon peuvent pousser de 35 centimètres par jour. En moyenne, la plante de Houblon présente une croissance de 10 centimètres par jour et le Houblon bénéficie ainsi de l’une des croissances les plus rapides dans le monde végétal. Keukeleire D. – Bière & santé 2003 -5- Les feuilles, vert pâle, sont opposées, pétiolées, à trois à cinq lobes ovales et pointus, à bords dentés, et rudes au toucher. Elles rappellent celles de la vigne Couplan F. & Styner E. 1994. Les fleurs des pieds mâles, verdâtres, forment de longues grappes rameuses naissant à l’aisselle des feuilles. Chaque fleur est formée d’un calice à cinq sépales dressés et de cinq étamines opposées aux sépales Garnier G. et al. Tome 1 1961. Les fleurs femelles, vert pâle, sont disposées par paires à l’aisselle de bractées membraneuses foliacées réunies en courts cônes (ou strobiles) formant des grappes allongées à l’extrémité de jeunes rameaux Garnier G. et al. Tome 1 1961. Le calice est formé d’un seul sépale entourant étroitement l’ovaire uniloculaire, uniovulé, surmonté de deux branches stigmatifères papilleuses, fines et allongées. La floraison a lieu de fin juillet à août. Le fruit est un akène Garnier G. et al. Tome 1 1961. Selon la 4° édition de la pharmacopée Européenne : « les cônes séchés ont une odeur caractéristique, aromatique. L’inflorescence est généralement isolée et d’une longueur de 2 à 5 centimètres, pétiolée, ovoïde, constituée par de nombreuses bractées ovales, jaune-vert, sessiles, membraneuses, imbriquées. Les bractées externes sont aplaties et symétriques. Les bractées internes, plus longues, sont asymétriques à la base par un repli entourant généralement un fruit (akène) induvié. L’ovaire, plus rarement le fruit, la base des bractées et le repli induvial surtout, sont couverts de petites glandes jaune orangé. Réduit en poudre, le cône du Houblon est jaune-vert. Examiné au microscope, la poudre présente des fragments de bractées et de bractéoles recouvertes de cellules épidermiques, irrégulières, polygonales, à parois sinueuses ; des poils tecteurs unicellulaires, coniques, droits ou recourbés, à parois minces et lisses ; des fragments de mésophylle contenant de petites macles d’oxalate de calcium ; de nombreux poils glanduleux, caractéristiques, jaune orangé, à pied court, bicellulaires et bisériés, surmontés d’une partie élargie en forme de coupe formée d’une assise hémisphérique de cellules sécrétrices, à cuticule décollée et distendue par la sécrétion oléorésineuse accumulée (lupulin qui représente un huitième à un sixième du poids des cônes) ; des fragments de cellules sclérenchymateuses du tégument, allongées et à parois épaisses, présentant des stries et de nombreux points. » -6- 1.1.2. Parties de la plante utilisées Les parties du Houblon généralement utilisées sont les inflorescences femelles : les cônes de Houblon Delaveau P. et al. 1989. Ces cônes sont récoltés à maturité en septembre. On récupère le lupulin par battage sous forme de poudre brun-rouge Bezanger-Beauquesne L. et al. 1986. Les cônes de Houblon séchés se conservent en récipients hermétiques clos Delaveau P. et al. 1989. Il faut renouveler la réserve de produit séché chaque année, car, avec le temps, il se développe une odeur d’acide valérianique désagréable Evans W.C. 1989. 1.1.3. Espèces végétales voisines Dans cette famille, on trouve notamment le chanvre (Cannabis sativa L.) dont plusieurs variétés existent Paris R.R. & Moyse H. 1967. Le chanvre textile (variété vulgaris) est cultivé en climat tempéré pour ses fibres et pour son fruit oléagineux. Le chanvre indien, est constitué par les sommités florifères et fructifères desséchées de la plante femelle de la variété indica, cultivée dans les pays chauds, desquelles la résine n’a pas été extraite. Celle-ci a des propriétés narcotiques qui existent à moindre degré chez le chanvre textile. Le chanvre indien était utilisé dans la médecine de l’antiquité comme analgésique et antiseptique en usage externe ; toujours employé dans la médecine orientale, surtout en Inde, il est par ailleurs ingéré ou fumé par des millions d’individus qui recherchent ses propriétés narcotiques. Il fait toujours l’objet de nombreuses recherches, dont notamment des recherches sur l’anandamide et les récepteurs endogènes aux cannabinoïdes Musty R.E. 1995. On développe également des analogues structuraux du tétrahydrocannabinol, anti-émétiques ou antiglaucomateux Bruneton J. 1996. -7- 1.2. Constituants chimiques La drogue officinale (cônes de Houblon) est riche en matières minérales (surtout des sels de potassium). Les éléments les mieux connus sont une huile essentielle et des substances amères Rombi M. 1991. La teneur en huile essentielle varie de 0,3 à 1 % dans les cônes, et de 1 à 3 % dans les glandes ; elle est riche en carbures monoterpéniques acycliques (30 % de -myrcène), monocycliques (limonène, phellandrènes) et bicycliques (pinènes), ainsi qu’en carbures sesquiterpéniques : -humulène (8 à 33 %), -caryophyllène (4 à 22 %), -sélinène… Les composés oxygénés sont représentés par des alcools monoterpéniques (linalol, nérol, géraniol…) ou aliphatiques (comme le 2-méthyl-but-3-én-2-ol, dont la teneur augmente au cours du temps pour atteindre 0,15 % après deux ans de stockage), par des aldéhydes, des cétones, des esters Hänsel R. et al. 1982 ; Sharpe F.R. & Laws D.R.J. 1981. HO humulène caryophyllène 2-méthyl-but-3-én-2-ol Les substances amères sont contenues dans une résine et représentent 15 à 30 % du poids des cônes, et 50 à 80 % du poids des glandes. Les constituants majoritaires sont des dérivés prénylés du phloroglucinol : l’humulone, la lupulone et leurs dérivés Delaveau P. 1984. Ces composés (qui sont constitués d’un enchaînement céto-énolique) se comportent comme des acides et sont très oxydables Rombi M. 1991. Ce sont ces composés qui sont responsables de l’amertume caractéristique du Houblon qui est retrouvée dans la bière Bruneton J. 1999. -8- OH O O O OH O OH OH HO humulone lupulone Les cônes de Houblon renferment aussi des tanins (du type oligomères proanthocyanidiques qui représentent 2 à 4 % du poids des cônes mais sont peu présents dans les glandes), des amines, des pectines, des traces d’histamine, et des flavonoïdes (mono- et dihétérosides du kaempférol et du quercétol, avec notamment une chalcone et une flavonone isoprénylées, le xanthohumol Stevens J.F. et al. 2000 très présent dans la plante et l’isoxanthohumol plus présent dans la bière, et des phyto-oestrogènes comme la 8prénylnaringénine Milligan S.R. et al. 1999) . OH OH HO O HO OH OMe O OMe O Isoxanthohumol Xanthohumol OH O HO OH O 8-prénylnaringénine -9- L’odeur caractéristique du Houblon est due à la présence dans les cônes de linalol et de myrcène principalement ainsi que d’autres composés mineurs. Steinhaus M. 2000. 1.3. Applications pharmaceutiques 1.3.1. Propriétés pharmacologiques Les cônes de Houblon sont « traditionnellement » utilisés en France pour stimuler l’appétit et dans le traitement symptomatique des états neurotoniques des adultes et des enfants, notamment en cas de troubles mineurs du sommeil. En effet, les cônes de Houblon stimulent l’appétit grâce à la présence de substances amères. En réalité, ce n’est pas l’afflux des sucs digestifs qui provoque l’appétit, mais, c’est l’appétit qui amorce la sécrétion de ces sucs par suite d’un mécanisme comportant un élément psychique et un élément réflexe. C’est cet acte réflexe qu’engendre le contact de l’amer et de la muqueuse buccale, acte qui se répercute à l’estomac par l’intermédiaire du nerf pneumogastrique. Il s’agit donc d’un phénomène indirect puisqu’il n’est pas indispensable, pour qu’il se produise, que la substance amère soit déglutie ; cependant, comme sa présence dans l’estomac peut également entraîner un afflux de suc, un phénomène direct intervient aussi Leclerc H. 1976. Si beaucoup d’auteurs admettent l’activité sédative des préparations de Houblon, la nature des substances actives reste mystérieuse ; on sait seulement que le 2-méthyl-but-3-én2-ol induit chez l’animal narcose (souris) et diminution de la motilité (rat) Newall C.A. et al. 1996 ; Wohlfart R. et al. 1983 ; Wohlfart R. 1983 ; Hänsel R. et al. 1982. Chez l’homme, de faibles doses d’extrait de Houblon (100-250 mg/kg) entraînent des effets sédatifs et hypnotiques et pour de fortes doses (500 mg/ kg) s’ajoutent des effets anticonvulsifs et hypothermisants [Delaveau P. 2002]. En fait, l’effet sédatif du Houblon a été découvert quand on a remarqué que les cueilleurs de Houblon étaient facilement fatigués, on pensait que cet effet était dû au transfert de la main à la bouche de la résine des strobiles Tyler V.E. 1987 ou à l’inhalation de substances libérées par le Houblon lors de la récolte Schulz V. et al. 2001. - 10 - Cette activité sédative des extraits de Houblon, a été confirmée par une étude clinique OrthWagner S. et al. 1995. Quant aux propriétés oestrogéniques que la tradition attribue aux cônes, elles restent très controversées, mais ont suscité de nombreuses recherches. Ainsi, des chercheurs anglais et belges Milligan S.R. et al. 2000 et 1999 ont mis en évidence la présence de plusieurs phyto-œstrogènes dans les cônes de Houblon dont le plus puissant est le 8-prénylnaringénine. Ce phyto-œstrogène confèrerait une forte activité oestrogénique au Houblon. Ceci expliquerait le déclenchement des menstruations chez les femmes qui cueillaient le Houblon autrefois (ce qui se fait mécaniquement aujourd’hui) Verzele M. 1986, ainsi que l’utilisation traditionnelle des extraits de Houblon pour réduire les bouffées de chaleur chez les femmes ménopausées Goetz P. 1990. Cette activité oestrogénique a été mise en évidence en observant l’affinité relative du 8-prénylnaringénine pour les récepteurs œstrogéniques et de l’utérus du rat Liu J. et al. 2001 ; en effet on observe une compétition pour cette liaison entre le 8-prénylnaringénine et le 17--estradiol (œstrogène naturel sécrété chez la femme), et on peut donc supposer que le 8-prénylnaringénine a une forte affinité pour tous les récepteurs oestrogéniques chez la femme. On pourrait donc utiliser les cônes de Houblon lors de la ménopause pour réduire le nombre et l’intensité des bouffées de chaleur ainsi que pour maintenir les tissus osseux et diminuer le risque de maladies cardiovasculaires. Mais, dans la bière, le 8-prénylnaringénine est présent en faible concentration et malgré la haute activité oestrogénique de celui-ci, l’activité oestrogénique totale de la bière fabriquée avec les cônes entiers est faible (équivalent à seulement quelques microgrammes d’estradiol par litre ou moins) et aucun effet sur la santé n’a été observé chez les consommateurs de bière. On confère pour les mêmes raisons aux cônes de Houblon une activité anaphrodisiaque chez l’homme Bezanger-Beauquesne L. et al. 1990. Selon certains Anguelakova M. et al. 1972 et 1971 ; Strenkovskaya A.G. 1971, la présence de dérivés hormonaux indique l’emploi du Houblon en cosmétologie : les crèmes qui en contiennent possèderaient une action bénéfique sur la peau Bezanger-Beauquesne L. et al. 1990. Mais, les nombreuses recherches réalisées sur le Houblon ont permis de mettre en évidence de nouvelles propriétés inconnues de la tradition. Ces propriétés ont été étudiées - 11 - plus en détail que certaines propriétés traditionnelles, connues et reconnues de tous, grâce aux nouvelles méthodes de recherche, et on connaît donc mieux les molécules responsables de l’activité de la plante ainsi que les mécanismes mis en cause. Ainsi, le Houblon possède une activité bactéricide qui est liée aux céto-énols phlorogluciniques Bruneton J. 1999 ; Newall C.A. et al. 1996. Ceux-ci inhibent le développement des bactéries Gram (+) comme Bacillus subtilis et Staphylococcus aureus Langezaal C.R. et al. 1992. Les cônes de Houblon ont également des propriétés antifongiques Langezaal C.R. et al. 1992, liées à la présence de dérivés des mêmes céto-énols phlorogluciniques, dont la 3- isopentényl-phlorisovalérophénone, qui a une activité équivalente à celle de la griséofulvine (Grisefuline), c’est à dire, fongistatique sur les dermatophytes Mizobuchi S. & Sato Y. 1987. D’autres antifongiques sont présents, tels la 6-isopenténylnaringénine, le xanthohumol et l’isoxanthohumol. L’extrait alcoolique (alcool à 70 %) de Houblon aurait un fort pouvoir antispasmodique sur la fibre lisse intestinale du Cobaye (antagonisé par l’atropine) [Delaveau P. 2002]. Certains flavonoïdes, par leur activité antioxydante, inhibent la prolifération des cellules cancéreuses et ralentissent donc l’augmentation de taille de certaines tumeurs Seo E.K. et al. 1997 ; Anto R. et al. 1995. De nombreux flavonoïdes sont présents dans le Houblon, comme prénylchalcone des chalcones : (TP), déhydrocycloxanthohumol xanthohumol (XN), 2’,4’,6’,4-tetrahydroxy-3’- 2’,4’,6’,4-tetrahydroxy-3’-géranylchalcone (DX) et déhydrocycloxanthohumolhydrate (DH), (TG), et des flavonones tels que l’isoxanthohumol (IX), la 6-prénylnaringénine et la 8-prénylnaringénine Stevens J.F. et al. 1997. Ces flavonoïdes ont été étudiés pour leur activité antiproliférative Miranda C.L. et al. 1999 sur le cancer du sein, du colon et de l’ovaire de l’Homme. Ces auteurs ont montré que le XN, le DX et l’IX seraient responsables d’un ralentissement dosedépendant de la croissance des cellules cancéreuses en inhibant la synthèse d’ADN entre autre. Le cancer du colon est moins sensible que le cancer du sein à l’activité de ces flavonoïdes. Pour le cancer ovarien, c’est le XN qui a une activité hautement antiproliférative - 12 - par rapport à celle des autres flavonoïdes. Pour conclure, le XN et l’IX peuvent avoir un potentiel protecteur vis-à-vis des cancers du sein et de l’ovaire notamment. Les cônes de Houblon contiennent par ailleurs des tanins solubles dans l’eau (oligomères de proanthocyanidines), qui se retrouvent dans la bière. Il a été prouvé que les proanthocyanidines d’origine naturelle sont anti-oxydants et protègent des maladies cardiovasculaires, des désordres immunologiques et des maladies neurodégénératives Bagchi D. et al. 2000 ; Packer L. et al. 1999. Récemment, une équipe de chercheurs Stevens J.F. et al. 2002 a mis en évidence, in vitro, l’activité des proanthocyanidines de Houblon. Ceux ci inhiberaient la NO synthase des neurones et par leur effet anti-oxydant neutraliseraient les peroxynitrites. D’autre part, les maladies de Parkinson, d’Alzheimer, l’athérosclérose et l’accident vasculaire cérébral seraient en rapport avec un excès de production de monoxyde d’azote (neurotransmetteur des neurones du système nerveux central). Ce NO en excès réagirait avec l’anion super oxyde (produit à partir de radicaux libres) pour donner des peroxynitrites qui sont des espèces très réactives et qui engendreraient ces maladies dégénératives Gu H.M. et al. 1999 ; Torreilles F. et al. 1999. L’activité des proanthocyanidines de Houblon suggère donc son utilisation potentielle dans la prévention de maladies liées à une modification de libération de NO telles la maladie d’Alzheimer, la maladie de Parkinson, l’athérosclérose et l’accident vasculaire cérébral. Mais pour le moment, aucune étude sur l’absorption, le passage systémique et le passage de la barrière hématoencéphalique n’a été effectuée. Stevens J.F. et al. 2002 La bière, aurait donc des effets positifs cardiovasculaires, à condition d’en boire très modérément (entre dix et quarante grammes par jour). Selon une étude menée par une équipe de l’hôpital Broussais (Paris) sur près de cent patients à risque cardiovasculaire, la bière diminuerait les taux sanguins de l’homocystéine, un acide aminé soufré dont la toxicité sur les cellules endothéliales des vaisseaux a été prouvée in vitro. Pour obtenir des valeurs basses d’homocystéine, mieux vaut donc boire de la bière que du vin « Jonas » 2003. - 13 - 1.3.2. Formes d’utilisation phytothérapiques biam2 2001 ; Schneider A. 1999 ; Valnet J. 1983 Le Houblon est présent dans quelques spécialités vendues en officine, seul ou en association avec d’autres plantes. Arkogélules Houblon, est utilisé pour stimuler l'appétit, et dans le traitement symptomatique des états neurotoniques des adultes et des enfants, notamment en cas de troubles mineurs du sommeil. Diatisan tisane est utilisée pour stimuler l’appétit uniquement. Et Santane N°9 est utilisée dans le traitement symptomatique des états neurotoniques des adultes et des enfants, notamment en cas de troubles mineurs du sommeil On utilise les cônes de Houblon seuls en infusion comme stimulant de l’appétit : 30 grammes à laisser infuser 10 minutes dans 1 litre d’eau bouillante, dont on prend une tasse avant les repas. Pour les mêmes propriétés, on peut également réaliser une macération à froid de 12 à 24 heures, ou utiliser un extrait aqueux à la posologie de 250 à 750 milligrammes par jour. Comme sédatif, on utilise l’infusion à la posologie de un verre au coucher. On peut y associer une cuillérée à café de fleur d’oranger. Pour cette même propriété, on peut utiliser des cachets de 250 milligrammes de lupulin une à quatre fois par jour, ou l’extrait à la posologie de 100 à 500 milligrammes par jour, ou encore la teinture à la posologie de 2 à 4 grammes par jour. On a conseillé d’utiliser le Houblon dans les oreillers des personnes atteintes d’insomnie. En effet, l’huile essentielle contenue dans les cônes de Houblon est volatile et agit donc par voie respiratoire. En usage externe, on réalise des cataplasmes de cônes et de feuilles, bouillis dans l’eau, qui sont utilisés contre la goutte, les rhumatismes et les ulcères cancéreux. 1.3.3. Toxicité Les données expérimentales sur la toxicité aiguë sont fragmentaires. Les céto-énols semblent les composés les plus toxiques : 100 milligrammes de lupulone par kilogramme par voie orale provoquent la mort de deux tiers des rats soumis à l’expérimentation Hänsel R. et al. 1967. - 14 - Le Houblon est, par ailleurs, connu pour provoquer des troubles nerveux que l’on observe parfois chez les ouvriers des brasseries, comme des maux de tête ou des vertiges Couplan F. & Styner E. 1994. Il existe des dermites au Houblon causées par les feuilles qui se manifestent par une éruption prurigineuse, papuleuse et oedémateuse sur le visage et le revers des mains. Ces dermites sont rares chez les employés manipulant le Houblon séché. Leurs aspects cliniques seraient plus de nature irritante qu’allergique. Les tests sont positifs avec l’humulone et la lupulone. [Sell Y. 2000] 1.4. Utilisations alimentaires et autres usages Crues, les jeunes pousses sont légèrement amères et aromatiques. Elles font de très bonnes additions aux salades. Il est courant, dans certaines régions, de les faire cuire à l’eau et de les servir comme les asperges Couplan F. & Styner E. 1994. Les cônes de Houblon peuvent servir à aromatiser des boissons par macération ou infusion, dont la plus connue est la bière brasseries kronenbourg 2003. Déjà dans l'ancienne Egypte, la « bière » était connue et était considérée comme une boisson d'origine divine. Selon la légende, le dieu Osiris aurait oublié au soleil une décoction d'orge mélangée à de l'eau sacrée du Nil, créant ainsi « le vin d'orge ». C'est ainsi qu'Osiris devint le Dieu des brasseurs. La « bière » est consommée par les Pharaons mais aussi par le peuple et les esclaves. C'est une boisson d'accueil et une monnaie d'échange. Pour la petite anecdote, il semblerait que l'expression « payer cash » vienne de cette période, puisque bière se disait kash. Chez les Grecs, la « bière » est reconnue pour ses vertus médicinales. Hippocrate lui attribue des vertus diurétiques et fébrifuges. Mais les Grecs et les Romains, grands amateurs de vin, ne s'intéressent guère à la bière. Ils s'étonneront même de découvrir un vin étrange en Gaule fait de céréales et non de raisins. Pour les Gaulois, la « bière » est une potion magique, ils l'appellent Brace (terme à l'origine du mot brasseur) ou Cervisia (qui deviendra plus tard cervoise). Ils sont d’ailleurs aussi les inventeurs du tonneau. Chez les Gaulois ce sont les femmes qui fabriquent la bière. La recette ressemble étrangement à celle que l'on connaît aujourd'hui : de l'orge humidifiée, - 15 - chauffée, germée puis séchée et moulue grossièrement est mélangée ensuite à de l'eau et le tout est chauffé puis aromatisé. Au VIIème siècle, le roi Dagobert crée le premier monastère pour élaborer la cervoise. C'est à cette époque que Saint-Arnoult fait son apparition. Evêque de Metz, il éradique une épidémie de choléra en offrant de la cervoise brassée et bénie par lui. Il devient le Saint Patron des Brasseurs. Charlemagne, par souci de qualité, confère le monopole de la fabrication de la cervoise aux moines. Du IXème au XIVème siècle, la bière était ainsi principalement fabriquée par les moines. Les laïcs s'adonnant à cette pratique devaient s'acquitter d'une taxe : le droit Gruyt qu'ils reversent aux moines. Les moines de Saint-Denis et Saint-Rémy cultivent pour la première fois du Houblon, dont on suppose qu'il était déjà utilisé dans la fabrication de la bière. Au XIIIème siècle, les brasseries sortent des monastères. En France, sous Saint-Louis, Etienne Boileau, prévôt de Paris, définit en 1268 le statut des cervoisiers et la manière d'élaborer la cervoise. Les cafés naissent, ainsi celui du légendaire Gambrinus, qui n'était autre qu'un très gros consommateur de bière, capable d'ingurgiter plus de cent dix pintes par jour. Au XIVème et au XVème siècle, en Flandres et en Bourgogne, le Houblon est officialisé par Jean Sans Peur. L'ordre du Houblon d'or est créé, le droit Gruyt est aboli et en 1435 la cervoise est appelée bière. En France, Charles VIII définit les statuts des brasseurs de Paris en 1489 et utilise officiellement le terme de bière. Les premières directives sur la fabrication de la bière sont alors créées. La bière doit être fabriquée uniquement par des maîtres brasseurs et à partir des ingrédients suivants : du grain, de l'eau et du Houblon. En effet, la bière traditionnelle est, de nos jours, fabriquée à partir de Houblon, d’orge, de levures et d’eau. Le Houblon est l'épice indispensable qui confère à la bière son amertume, mais aussi son arôme, et permet également une meilleure conservation de la bière. C'est l'orge transformé en malt qui apporte couleur et saveur à la bière. Quant à la levure de bière, elle est cultivée et conservée au cœur des brasseries, loin des regards indiscrets. C'est elle qui fait la personnalité unique de chaque bière. Il faut 2 grammes de Houblon, 140 grammes de malt, 10 grammes de levure et 6 litres d’eau pour fabriquer 1 litre de bière. - 16 - Conclusion : Il est communément admis que le Houblon, du fait de son utilisation empirique, est pourvu de propriétés stimulante de l’appétit Leclerc H. 1976 et sédative Orth-Wagner S. et al. 1995, ce qui a été démontré depuis. Comme le Houblon est largement utilisé de nos jours pour la fabrication de la bière, de nombreuses études ont été réalisées, ce qui a permis de lui trouver de nouvelles utilisations. Ainsi, les céto-énols phlorogluciniques lui confèrent des propriétés antifongique Langezaal C.R. et al. 1992 et bactéricide Bruneton J. 1999 ; Newall C.A. et al. 1996. Les propriétés oestrogéniques dont il était déjà vaguement question au Moyen-âge ont été largement étudiées mais restent toujours controversées Liu J. et al. 2001 ; Milligan S.R. et al. 2000 et 1999. Et d’autres propriétés telles que l’activité antiproliférative Miranda C.L. et al. 1999 et antioxydante Stevens J.F. et al. 2002 ont vu le jour récemment. Propriétés mises en évidences Propriétés traditionnelles scientifiquement Orexigène Sédative Sédative Oestrogénique Oestrogénique Antifongique Bactéricide Antispasmodique Anticancéreuse Antioxydante - 17 - 2. MELISSE Lamiaceae Melissa officinalis L. Pharmacopée Européenne 4° édition et Pharmacopée Française X° édition (feuilles séchées) Les auteurs de l’Antiquité grecque mentionnent la Mélisse, mais ne semblent pas apprécier ses vertus Delaveau P. et al. 1989. Les Arabes du Xème siècle, les premiers, vantaient son pouvoir de cordial et de remède à la mélancolie Delaveau P. et al. 1989. Mais, c’est au XVIIème siècle, que les moines et les congrégations religieuses, connus pour leur utilisation des plantes médicinales, commencèrent à produire des décoctions à base de Mélisse. La célèbre Eau de Mélisse, mise en marché par les Carmes de la rue Vaugirard à Paris, était des plus estimée, contre la léthargie et l’épilepsie, les vapeurs et les coliques. L'alcoolat obtenu par distillation des feuilles fraîches était souverain contre les vertiges de ces dames de cour trop habillées et devant demeurer des heures debout dans des pièces surchauffées Serre M. – Saveur du monde 1999. Un siècle plus tard, le flacon d'Eau de Mélisse continue à ressusciter le cœur des jeunes filles trop émotives et plus d'un médecin botaniste vante ses mérites, aussi vaut-elle contre le surmenage intellectuel et la mélancolie aussi bien que contre les étourdissements et les vapeurs des dames Serre M. – Saveur du monde 1999. Le nom de Mélisse veut dire en grec « abeille », elle est d’ailleurs une des meilleures plantes mellifères, et c’est pour cela qu’on l’appelle également Piment des abeilles Delaveau P. et al. 1989. Autrefois, on frottait des feuilles de Mélisse sur les ruches pour attirer de nouvelles abeilles et les « fidéliser ». La plante exhale dans sa jeunesse un agréable parfum rappelant celui du citron, c’est pour cela qu’on l’appelle également Citronnelle ou Citronnade, d’ailleurs, on l’appelait anciennement Cédronnelle. Mais la véritable citronnelle est une graminée tropicale, le Cymbopogon citratus Stapf. Couplan F. & Styner E. 1994. On l’appelle aussi Thé de France, ou Herbe des Jeunes Filles Boullard B. 2001. - 18 - 2.1. Présentation botanique 2.1.1. Description botanique La Mélisse est une herbacée vivace de 30 à 80 centimètres de haut, poussant en touffes, à feuillage vert vif, d’odeur citronnée quand elle est jeune, qui prend ensuite, une odeur de punaise qui disparaît à la dessiccation Couplan F. & Styner E. 1994. La Mélisse est originaire d’Europe méridionale, mais est assez fréquemment subspontané en France Couplan F. & Styner E. 1994. Son habitat favori sont les haies, les pieds de murs ainsi que les décombres, on la trouve souvent aux abords des maisons, on la trouve jusqu’à 1000 mètres d’altitude Delaveau P. et al. 1989. Les tiges sont quadrangulaires, très rameuses, velues vers le sommet et dressées Couplan F. & Styner E. 1994. Les feuilles sont opposées, grandes, ovales, pétiolées, largement crénelées, un peu gaufrées. Les feuilles des rameaux axillaires sont plus petites Couplan F. & Styner E. 1994. Les fleurs, à corolle d’abord jaunâtres, puis blanches ou maculées de rose, sont regroupées par 6 à 12 en verticilles axillaires espacés le long de la tige Boullard B. 2001. Le calice est poilu et est composé de deux lèvres dont la supérieure, plus grande, est plate et a trois dents Couplan F. & Styner E. 1994. La corolle est bilabiée et est deux fois plus longue que le calice. Il y a quatre étamines. La formule florale est la suivante : 5 S + 5 P + 4 E + 2 C Guignard J-L 1996. La floraison a lieu de juin à septembre Couplan F. & Styner E. 1994. Le fruit est un tétrakène Delaveau P. et al. 1989. La partie souterraine est une tige souterraine rameuse Couplan F. & Styner E. 1994. Les feuilles séchées de la Mélisse, selon la 4° édition de la Pharmacopée Européenne et la X° édition de la Pharmacopée Française : « ont une odeur rappelant celle du citron. Elles ont un pétiole de longueur variable, sont ovales et atteignent 8 centimètres de long et 5 centimètres de large environ. Le limbe est mince, d’aspect gaufré, et la surface inférieure a une nervation proéminente, réticulée et très développée ; les bords sont grossièrement dentés ou crénelés. La face supérieure est vert vif et la face inférieur plus claire. La poudre de feuilles de Mélisse séchées est verdâtre, et, examinée au microscope, elle présente des poils - 19 - tecteurs unicellulaires coniques, courts et droits ; des poils tecteurs pluricellulaires, unisériés, à extrémité pointue, à cuticule épaisse et verruqueuse ; des poils sécréteurs octocellulaires ; des poils sécréteurs à pied unicellulaire à tricellulaire et à tête unicellulaire ou bicellulaire, plus rares ; des stomates de type diacytique sur la surface inférieure seulement. » 2.1.2. Parties de la plante utilisées Hazebroucq G. 1995 ; Delaveau P. et al. 1989 ; Thomson W. 1981 On utilise généralement les feuilles de la Mélisse fraîches ou sèches, mais aussi les tiges fleuries. La Mélisse est cultivée en Anjou et en Provence. La récolte se fait à partir de la seconde année. Les feuilles se cueillent sur les jeunes pousses ne dépassant pas 30 centimètres, et on peut réaliser 2 à 3 récoltes par an si l’on prend soin de les cueillir régulièrement, de juin à septembre. La partie aérienne de la plante se récolte de juin à août. Le séchage se fait à l’ombre en dessous de 35 °C. On conserve le tout dans un récipient fermé à l’abri de la lumière, de la poussière et de l’humidité, mais elle ne conservera pas son arôme au-delà d’une année. 2.1.3. Espèces végétales voisines Spichiger R-E et al. 2000 ; Bruneton J. 1996 Les Lamiaceae sont rencontrées sous tous les climats, à toutes les latitudes. Certaines des 3000 espèces que compte la famille sont quasiment cosmopolites (Salvia sp., Stachys sp.), d’autres ont une distribution plus restreinte. Rares dans le milieu forestier tropical, les Lamiaceae se concentrent dans la région méditerranéenne. Herbes et sous-arbrisseaux, elles y peuplent maquis et garrigue : thyms (Thymus vulgaris), romarin (Rosmarinus officinalis), lavandes (Lavandula sp.), etc. Une tige carrée, des feuilles opposées décussées, des fleurs généralement bilabiées, un style gynobasique et la présence très fréquente de poils sécréteurs émettant une forte odeur aromatique rendent leur identification aisée. C’est d’ailleurs ce caractère aromatique qui est à l’origine de leur importance économique, que ce soit dans l’industrie des parfums (patchouli, Pogostemon ; lavandes ; etc.) - 20 - ou pour l’aromatisation : c’est le cas des menthes (Mentha sp.) pour l’industrie des boissons non alcoolisées, la confiserie ou les produits d’hygiène. Beaucoup sont appréciées en cuisine (basilic : Ocimum basilicum ; origan : Origanum sp. ; sarriette : Satureja hortensis ; thym : Thymus vulgaris ; etc.) et pour la préparation de boissons – des infusions – « hygiéniques et de confort » (menthes, mélisse). Un petit nombre ont des racines comestibles : crosne du Japon (Stachys affinis Bunge) ou, encore moins connue en Europe, pomme de terre Hausa (Solenostemon rotundifolius J.K. Morton) et autres Plectranthus sp. Bien que de nombreuses espèces jouissent d’une solide réputation médicinale (sauge : Salvia officinalis, mélisse, romarin, hysope : Hyssopus officinalis, etc.), leur utilisation ne dépasse guère le cadre de la phytothérapie ou de l’aromathérapie. Aucune molécule d’intérêt thérapeutique majeur n’est produite à partir des Lamiaceae même si certaines, comme la forskoline – un diterpène élaboré par un Coleus indien – stimulatrice de l’adényl-cyclase et du myocarde (effet inotrope positif), ont de réelles potentialités. Au jardin, on apprécie le caractère aromatique et mellifère ainsi que la zygomorphie et la vive coloration des fleurs (Phlomis sp., Perovskia, sauges, monardes, etc.). En intérieur, les Coleus blumei (Solenostemon scutellarioides (L.) Codd.), sont recherchés pour leurs feuillages panachés aux couleurs éclatantes. La germandrée petit chêne (Teucrium chamaedrys L.), qui était utilisée comme adjuvant des traitements amaigrissants et depuis 1992 interdit en France, est pratiquement la seule plante de cette famille qui peut provoquer des intoxications se manifestant par des hépatites cytolytiques. D’autres espèces sont responsables d’intoxication du bétail : c’est le cas de Perilla frutescens (L.) Britton qui induit une pneumonie interstitielle atypique Kerr L.A. et al. 1986. On notera également que les huiles essentielles des Lamiaceae peuvent se révéler dangereuses lorsqu’elles sont ingérées à forte dose. En effet, les plus nocives sont celles qui, comme l’huile essentielle de sauge officinale ou d’hysope, renferment des cétones monoterpéniques comme le pinocamphone et les thuyones. Des cas d’intoxication ont été décrits en France, avant la mise en place de mesures restrictives concernant leur délivrance au public. Les intoxications décrites sont consécutives à un usage inconsidéré (5 millilitres d’huile essentielle). La symptomatologie de ce type d’intoxication est marquée par des - 21 - épisodes de convulsions de type épileptique parfois accompagnés de cyanose et entrecoupés de phases hypotoniques et hyporéflexiques Millet Y. et al. 1981. 2.2. Constituants chimiques Si, malgré sa faible teneur (moins de 0,5 ml/kg), c’est surtout l’huile essentielle qui a retenu l’attention, d’autres constituants ont néanmoins été isolés de la Mélisse Bruneton J. 1999: triterpènes ; acides-phénols Carnat A.P. et al. 1998 dérivés de l’acide caféique, dimère comme l’acide rosmarinique Gracza L. & Ruff P. 1984 et trimères comme les acides malitriques A et B ; dérivé du benzaldéhyde à structure benzodioxole ; flavonoïdes Carnat A.P. et al. 1998 ; Mulkens A. & Kapetanidis I. 1987 (quercitroside, rhamnocitrine, 7glucosides de l’apigénol et du lutéolol, et, 3’-glucuronide de lutéoline Heitz A. et al. 2000) ; hétérosides de monoterpènes et d’alcools aromatiques, etc. Mulkens A. et al. 1985. OH HO HO H O OH COOH O Acide rosmarinique L’huile essentielle est caractérisée par la présence d’aldéhydes monoterpéniques : citral (géranial + néral) en quantité très variable, mais généralement dans un rapport constant (4/3), (R)-(+)-citronellal Carnat A.P. et al. 1998, ces trois composants constituant généralement 50 à 75 % de l’huile essentielle Schultze W. et al. 1995, accompagnés de méthylhepténone (produit de dégradation du citral), d’acétate de géranyle, de caryophyllène, d’oxyde de -caryophyllène, de germacrène D (qui attirerait les abeilles [Bruneton J. 1999]) et de plusieurs dizaines de composés majoritairement terpéniques. - 22 - CHO CHO géranial néral B-caryophyllène CHO citronellal germacrène D La 4° édition de la Pharmacopée Européenne ainsi que la X° édition de la Pharmacopée Française, exigent pour l’identification des feuilles de Mélisse séchées une analyse chromatographique ainsi qu’un dosage : la chromatographie sur couche mince se fait en comparaison d’une solution témoin de citronellal et de citral pour la 4° édition de la Pharmacopée Européenne, ou de solutions témoin d’acide rosmarinique, d’acide caféique et d’acide chlorogénique pour la X° édition de la Pharmacopée Française ; les bandes du chromatogramme des solutions témoins devant être identiques à celles de la solution de Mélisse à analyser. Le dosage se fait en mesurant l’absorbance d’une solution de feuilles de Mélisse pulvérisées à 505 nm ; à partir de là, on calcule la teneur en dérivés hydroxycinnamiques totaux, exprimés en acide rosmarinique, cette teneur doit être au minimum de 4 % de poids sec pour la 4° édition de la Pharmacopée Européenne, et de 5 % pour la X° édition de la Pharmacopée Française. - 23 - 2.3. Applications pharmaceutiques 2.3.1. Propriétés pharmacologiques La Mélisse est, en France, « traditionnellement » utilisée dans le traitement symptomatique de troubles digestifs tels que : ballonnement épigastrique, lenteur à la digestion, éructations, flatulences ; ainsi que comme traitement adjuvant de la composante douloureuse des troubles fonctionnels digestifs. Elle est également « traditionnellement » utilisée dans le traitement symptomatique des états neurotoniques des adultes et des enfants, notamment en cas de troubles mineurs du sommeil. Il est communément admis que l’huile essentielle de Mélisse est spasmolytique Bruneton J. 1999 ; Bezanger-Beauquesne L. et al. 1990, ceci a été confirmé par une étude récente [Sadraei H. et al. 2003] portant sur l’inhibition de la contraction de l’iléum chez le rat. Cette activité spasmolytique serait due entre autre au citral présent dans l’huile essentielle qui agirait probablement en inhibant les canaux calciques des cellules musculaires lisses de l’iléum. L’utilisation traditionnelle de la Mélisse dans les troubles du sommeil est expliquée par le fait que son extrait alcoolique est sédatif du Système Nerveux Central chez la souris. Ce même extrait potentialise le sommeil induit par le pentobarbital Soulimani R. et al. 1991. Au cours d'une étude clinique portant sur 20 sujets, des chercheurs allemands ont comparé l’efficacité d'un extrait contenant de la Mélisse et de la valériane à celle du somnifère triazolam (Halcion®) et ont conclu que cette combinaison était aussi efficace que le médicament de synthèse Dressing H. et al. 1992. Une autre étude clinique à double insu portant sur 98 sujets sans problème d'insomnie a conclu qu'un extrait composé de Mélisse et de valériane était plus efficace qu'un placebo pour améliorer la qualité du sommeil Cerny A. & Schmid K. 1999. De plus, la Mélisse, ainsi qu’une autre Lamiaceae, la sauge (Salvia officinalis L.), sont réputées depuis plusieurs siècles pour améliorer ou restaurer les fonctions intellectuelles dont la mémoire. A partir de ces données, des études Wake G. et al. 2000 ont été menées pour - 24 - rechercher une éventuelle action des extraits alcooliques de ces plantes dans le traitement de la maladie d’Alzheimer (cette maladie étant due à une diminution de la transmission des neurones cholinergiques dans la région du cerveau concernée par la mémoire Perry N. et al. 1996). Les résultats de cette étude mettent en évidence, in vitro, un déplacement significatif de la nicotine et de la scopolamine de leurs récepteurs nicotiniques et muscariniques respectivement ; on peut donc déduire que la Mélisse a des propriétés cholinergiques. Ces propriétés confèreraient à l’extrait alcoolique de Mélisse une potentielle utilisation dans le traitement des troubles cholinergiques de la maladie d’Alzheimer. D’autres études Mantle D. et al. 2000 ; Hohmann J. et al. 1999 démontrent in vitro, que les extraits alcooliques de Mélisse possèdent une activité anti-oxydante, ce qui suggère que la Mélisse peut être utilisée comme protecteur des dommages créés par les radicaux libres dans la démence. Au vu de toutes ces études, d’autres chercheurs Kennedy D.O. et al. 2002 ont étudié les effets cognitifs de l’administration d’extrait alcoolique de Mélisse à des Hommes jeunes et sains. Les résultats de l’étude suggèrent que l’ingestion de Mélisse peut moduler l’humeur et les performances cognitives. En effet, on observe une amélioration de la concentration, mais la mémoire est perturbée, ainsi qu’une diminution de la nervosité et de la vigilance. Ces premiers résultats de l’activité de la Mélisse in vivo contrediraient les croyances populaires concernant l’effet sur la mémoire ainsi que les études in vitro concernant son utilisation dans le traitement de la maladie d’Alzheimer, mais confirment l’effet sédatif de la plante. De plus, en utilisant l’huile essentielle de Mélisse chez des sujets atteints de démence sévère, on a mis en évidence une diminution de l’agitation et une meilleure sociabilité. Ballard C. et al. Parmi les propriétés de la Mélisse découvertes plus récemment, on peut trouver que l’huile essentielle de Mélisse a un fort pouvoir antibactérien Koch-Heitzmann I. & Schultze W. 1988 et 1984 contre Staphylococcus Aureus, Escherichia Coli, Streptococcus Faecalis et Enterobacterium Aerogenis [Wyuts D. 1993] et antifongique Araujo C. et al. 2003 ; Dikshit A. & Husain A. 1984 contre Aspergillus Flavus, Candida Albicans et Pénicillinum Citrinum [Wyuts D. 1993] grâce à la présence de terpènes, notamment du citral. - 25 - L’extrait alcoolique de Mélisse, comme celui de Carvi Khayyal M.T. et al. 2001, aurait également une activité anti-ulcéreuse grâce à la présence de flavonoïdes dans ses feuilles ainsi qu’à ses propriétés anti radicaux libres. Plusieurs propriétés ont été mises récemment en évidence pour l’extrait aqueux : action antithyroïdienne Auf’Mkolk et al. 1985 par inhibition de la désiodation des hormones thyroïdiennes [Wyuts D. 1993] liée aux produits d’oxydation des acides phénols et, surtout, activité antivirale. Cette activité, objectivée sur divers virus (herpès, vaccine), pourrait être liée aux acides phénols et/ou à leurs dérivés qui interagiraient avec les protéines virales Sticher O. 1971. Chez l’homme, quelques résultats intéressants ont été observés dans le traitement de l’herpès : des essais in vitro Dimitrova Z. et al. 1993 indiquent que la Mélisse inhibe le virus herpès simplex et quelques études cliniques à double insu indiquent que l’application topique d’un onguent ou d’une crème à base de Mélisse peut diminuer les symptômes de l’herpes labial, comme la démangeaison, la sensation de brûlure, l’enflure et la rougeur, diminuer la contagiosité et diminuer de moitié la durée de ces symptômes Koytchev R. et al. 1999 ; Wobling R.H. & Leonhardt K. 1994. Le suivi des participants semble montrer que le traitement peut également diminuer la récurrence des crises Koytchev R. et al. 1999. De plus, le développement de souches virales résistantes au traitement est une menace réelle en ce qui concerne les antiviraux de synthèse, cependant, étant donné ses nombreux mécanismes d'action différents et synergiques, il semble peu probable que des virus développent une résistance à la Mélisse. L’extrait aqueux de Mélisse serait, de plus, actif, in vitro, sur le virus du SIDA [Yamasaki K. et al. 1998]. En effet, il inhiberait efficacement la réplication du HIV-1 ; cet effet serait dû à l’inhibition de la liaison et/ou de la fusion entre le virus et les cellules cibles de ce virus qui sont les cellules de l’immunité. On pourrait donc utiliser l’extrait aqueux de Mélisse dans le traitement de patients atteints par le HIV-1, ainsi que dans la prévention du développement de la maladie chez les porteurs asymptomatiques du virus ; mais on ne connaît pas encore le principe actif mis en cause et ne sait donc pas encore si on pourra l’administrer in vivo. Ceci serait intéressant, car les traitements utilisés actuellement sont chers et causent de nombreux effets indésirables. - 26 - 2.3.2. Formes d’utilisation phytothérapiques La Mélisse est présente dans de nombreuses spécialités vendues en officine, seule ou en association avec d’autres plantes biam2 2001. Certaines spécialités sont utilisées en cas de trouble digestifs (Arkogélules Mélisse®, Boribel N°6 digestive®, Boldoflorine douleur digestive®, Santane D 5® et Colomenthe® gélules), d’autres, en cas de constipation passagère (Tisane Saint Luc®, Tisane de Touraine® et Boribel N°13 purgative®). La Mélisse entre également dans la composition de spécialités à visée sédative comme : Tisane Médiflore N°14 trouble du sommeil®, Santane N°9®, Vagostabyl® comprimés enrobés, Biocarde® solution buvable, Boribel N°8® solution buvable à diluer (ampoules). Mélisse vitaflor® et Mélissine® solution buvable sont à la fois utilisés en cas de troubles digestifs et en cas de troubles du sommeil. Une autre préparation contenant de la Mélisse, Tisane Médiflore N°12 jambes lourdes®, est utilisée en cas de manifestations fonctionnelles de l’insuffisance veineuse telles que les jambes lourdes et dans la symptomatologie hémorroïdaire. Et enfin, Tisane Médiflore N°8 Pectorale d’Alsace® contient de la Mélisse et est utilisée pour le traitement symptomatique de la toux. On utilise également l’hydrolat de Mélisse pour les troubles digestifs à la posologie de 10 à 20 grammes par jour Valnet J. 1990 et 1983. L’alcoolat simple du Codex Hazebroucq G. 1995 est réalisé avec la plante fraîche et s’utilise de 2 à 5 grammes par jour dans une infusion ou sur un sucre Valnet J. 1990 et 1983. La teinture mère de Mélisse, utilisée pour les troubles digestifs, se prend à la posologie de 40 à 50 gouttes dans une infusion de fleurs d’oranger, après le repas Valnet J. 1990 et 1983. L’eau de Mélisse des Carmes est un remède populaire recherché actuellement pour ses propriétés antispasmodiques. Pour la préparer, on laisse macérer 9 jours, en agitant tous les jours, dans une cruche en grès : 3 litres de vin à 33°, 500 grammes de feuilles et fleurs de Mélisse, 16 grammes de racine sèches d’angélique et 125 grammes de zeste de citron. Puis, après les 9 jours, on filtre le tout et on le remet dans la cruche en ajoutant 200 grammes de coriandre, 40 grammes de noix de muscade concassée, 4 grammes de cannelle fine concassée et 2 grammes de clous de girofle. On laisse macérer le tout 8 jours, en agitant tous les jours et on filtre. On ajoute 350 grammes d’eau distillée au mélange et on laisse reposer 24 heures. On - 27 - utilise ce mélange par petits verres, en usage interne comme stomachique et antispasmodique, ainsi qu’en usage externe sur des coupures et des plaies Valnet J. 1990 et 1983. En usage externe, on utilise l’huile de Mélisse en friction contre les migraines et les rhumatismes Bezanger-Beauquesne L. et al.1990 ; Valnet J. 1990 et 1983. On utilise également les feuilles de Mélisse en décoction dans un grand bain pour une action calmante contre les troubles nerveux, les spasmes et les règles douloureuses Valnet J. 1990 et 1983. Les feuilles de Mélisse s’utilisent en compresses lors d’engorgement mammaire et d’ecchymoses Valnet J. 1990 et 1983. 2.3.3. Toxicité Depuis que la Mélisse est utilisée, aucun effet nocif n’a été observé sur la santé Wong A.H.C. et al. 1998. 2.4. Utilisations alimentaires et autres usages Son goût citronné très délicat situe immédiatement les fréquentations culinaires de la Mélisse : elle parfume agréablement les poissons, les salades, les mayonnaises, les oeufs, les viandes blanches, les volailles, les crèmes. Elle aime côtoyer le gingembre, la ciboulette, le persil et les agrumes Labrie A. – Saveur du monde 1999. La Mélisse est également très utilisée en liquoristerie pour la fabrication de la Bénédictine et de la Chartreuse : préparations alcooliques créées vers la fin du Moyen Âge et à la Renaissance dans des monastères français. On les appelait alors élixirs, élixirs de longue vie ou liqueurs de santé Lefrançois P. et al. – Reseau Proteus 2003. Dans les pays nordiques, la Mélisse sert dans les marinades de harengs ou d’anguilles, les Hollandais l’appellent d’ailleurs herbe à anguilles Bonneval P. 1990. Les feuilles de Mélisse permettent d’éloigner les moustiques Valnet J. 1990 et 1983. Elle est d’ailleurs très prisée dans les jardins de fines herbes car elle éloigne les petits moucherons mangeurs de feuilles Serre M. - Saveur du monde 1999. - 28 - On peut utiliser les feuilles de Mélisse fraîches et froissées sur les piqûres d’insecte, notamment d’abeille et de guêpe. En Alsace, il était d'usage pour les jeunes mariés de laisser tremper toute une nuit dans une bouteille de vin d’Alsace une tige de Mélisse. Au matin, chacun la tirait par un bout et celui qui en conservait la plus grande part était sûr de porter la culotte dans le ménage. Conclusion : La Mélisse, herbacée existant à l’état sauvage dans notre région, est actuellement largement utilisée dans de nombreuses spécialités pour ses propriétés digestive et sédative. En effet, c’est son huile essentielle qui lui confère ses propriétés spasmolytique [Sadraei H. et al. 2003 ; Bruneton J. 1999 ainsi que bactéricide Araujo C. et al. 2003 ; Koch-Heitzmann I. & Schultze W. 1988 et antifongique Wyuts D. 1993 ; Dikshit A. & Husain A. 1984. Son activité sédative a été largement étudiée et confirmée Kennedy D.O. et al. 2002. D’autre part, des propriétés inconnues de nos ancêtres ont été mises en évidence telles que les activités anti-ulcéreuse Khayyal M.T. et al. 2001 par la présence de flavonoïdes, antithyroïdienne [Wyuts D. 1993 ; Auf’Mkolk et al. 1985, et surtout antivirale Koytchev R. et al. 1999. Propriétés mises en évidences Propriétés traditionnelles scientifiquement Digestive Carminative Sédative Sédative Spasmolytique Spasmolytique Antibactérienne Antifongique Anti-oxydante Anti-ulcéreuse Antithyroïdienne Antivirale - 29 - CONCLUSION Au cours de ce travail, nous avons pu constater d’une part, que certaines activités thérapeutiques traditionnelles de ces deux simples d’Alsace présentés ici ont été confirmées par des études scientifiques, alors que d’autres n’ont pas fait l’objet de recherches récentes et leurs preuves n’ont pas encore été apportées. D’autre part, des recherches récentes ont mis en évidence des propriétés inconnues de la tradition, mais qui toutefois peuvent être intéressantes pour le développement éventuel de nouvelles thérapies. Les activités sédative du houblon et de la mélisse, spasmolytique de la mélisse, oestrogénique du houblon, ont ainsi été confirmées. Les activités antimicrobienne du houblon et de la mélisse, antiulcéreuse et antivirale de la mélisse, anticancéreuse et antispasmodique du houblon, ont récemment été démontrées. Certaines de ces activités sont intéressantes et prometteuses pour des thérapeutiques futures. Ainsi, l’activité antimicrobienne du houblon et de la mélisse, pourrait permettre de réduire l’utilisation des antibiotiques et donc de diminuer le nombre de germes résistant aux thérapies classiques. L’activité antivirale de la mélisse est intéressante, car dans le cas du HIV, elle pourrait être une thérapie alternative, aux effets indésirables réduits, dans la prévention du développement de la maladie chez les porteurs asymptomatiques… L’usage traditionnel prévaut pour les propriétés carminative et digestive de la mélisse, et orexigène du houblon. Ces activités, quoique traditionnelles, sont toujours d’actualité. La flore d’Alsace est riche en plantes présentant un grand intérêt thérapeutique et culinaire, d’autant plus que celles dont nous avons parlé dans ce travail ne représentent qu’un faible échantillon de ce qui existe dans nos prés et nos bois. En effet, nous aurions pu également présenter le raifort (Armoracia rusticana Gaertn.), présent sur les tables alsaciennes au même titre que n’importe quel autre condiment et qui possède des propriétés expectorante, anti-anémique et antiscorbutique, ou bien la grande consoude (Symphitum officinalis L.), connue déjà vingt siècles avant Jésus-Christ pour consolider et ressouder les os brisés et les lèvres des plaies, ou encore la myrtille (Vaccinium myrtillus L.), présente dans nos forêts, dont le fruit régale nos papilles en été, utilisée comme antidiarrhéique, veinotonique, et hypoglycémiant… La recherche actuelle aboutira peut-être au développement de nouvelles applications thérapeutiques, mais l’usage traditionnel de ces plantes continuera, comme par le passé, à apporter ses bénéfices dans le traitement de nombreuses pathologies. - 30 - BIBLIOGRAPHIE Articles : ANGUELAKOVA M., ROVESTI P., COLOMBO E. 1971. Riv. Ital. Ess. Prof., 53, 275-278 ; et 1972 Parf. Cosm. Sav., 555-557. 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