MONDE De notre envoyé spécial en Grèce, Henri Guirchoun '992, Salonique: les parachutistes défilent avec l'ancien drapeau grec 6d as Léonidas Mélina Mercouri, égérie du nouveau nationalisme grec . réveille-td Laprockunation d'indépendance de Pcmcienne République yougoslcwe de Macédoine aprovoqué le déferlemen4 àtravers toute la Grèce, d'une vague de nationalisme ls étaient les symboles de la Grèce démocra- l'histoire grecque. Qu'un autre pays prenne le tique, de la Grèce libre de la Grèce tolé- même nom et c'en est fait de l'identité nationale. rante. A l'époque du film« Z » et des colonels ' Et parfois 11ilélina dérape : »La Grèce dé Nord est d'Athènes, ils ont fait vibrer toute la gauche peuplée par une population purement grecque... européenne. Aujourd'hui, Mélina Mercouri Salonique, ville peuplée à 100 % de Grecs... », et Mikis Théodorakis sont engagés dans un écrit-elle dans une de ces lettres. Comme si elle combat plus douteux. L'actrice, ancien ministre avait oublié que le délire de la purification ethnisocialiste de la Culture, et le compositeur long- que fait des ravages chez ses voisins, qu'il existe à temps emprisonné par la dictature, celui-qui a Salonique et en Thrace, où est né Atatürk, un composé l'hymne du PS français, figurent parmi certain nombre de Turcs, et qu'il reste, à' Saloniles artisans les plus actifs de la flambée nationa- que également, quelques juifs, malgré le passage liste qui secoue la Grèce. . du SS Alois Brunner ? Avec Mikis Théodorakis, Pour plaider la cause de sa Macédoine grecque, elle court les meetings et les manifestations pour pour dénoncer l'autre Macédoine, cette ancienne défendre son peuple et son pays, à ses yeux république yougoslave devenue «République de menacés par les hommes de Skopje. Comme si Skopje » mais qui revendique le nom de Macé- l'exemple yougoslave tout proche ne servait à doine, Mélina Mercouri inonde de courrier tous rien. Florina (Grèce du Nord), le 18 septembre. A les responsables politiques d'Europe. A commencer par son « très cher Jack Lang » et son «ami chaque coup au but, les popes, assis en rangs François Mitterrand ». Son argument : la Macé- serrés comme à l'office, applaudissent à tout doine, c'est une partie intégrante de la terre et de rompre. Les chasseurs F16 viennent de piquer I ' ' sur une colline pelée qu'une salve d'artillerie avait déjà durement labourée. Dans la plaine, les chars avancent à vive allure : la contre-offensive est irrésistible. Venue des villages voisins, une foule de paysans endimanchés hurle des hourras. Les enfants des écoles de Florina brandissent leurs drapeaux : l'ennemi est anéanti. Un petit garçon en tenue léopard et armé d'un fusil en plastique pose sous le regard ravi de ses grands-parents. Savas a 6 ans. Il vit en Australie et passe comme chaque été ses vacances au pays. A la tribune officielle, les attachésl militaires des pays de l'OTAN n'ont pas l'air de se passionner pour le spectacle. Mais à la place d'honneur, entre le ministre de la Défense et le chef d'état-major, l'évêque Kadiontis sourit d'aise. Il n'hésite pas à déclarer qu'a ses yeux ces manœuvres sont de la plus haute importance nationale. A un jet de pierre seulement des crêtes qui bordent la frontière de l'ex-République yougoslave de Macédoine, l'armée grecque, une des plus 1"-7 OCTOBRE 1992/65