Cet ouvrage regroupe les articles sélectionnés dans le cadre du

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C
et ouvrage regroupe les articles sélectionnés dans le
cadre du concours «Regards croisés», organisé par
le Bureau régional de l’Organisation internationale
de la Francophonie (OIF) pour l’Afrique centrale et l’océan
Indien (BRAC). Le thème du concours, «Enjeux économiques
et environnementaux face à la gouvernance mondiale»,
fait écho à celui du XIVè Sommet de la Francophonie, qui
s’est déroulé à Kinshasa du 12 au 14 octobre 2012, et
rappelle les enjeux des Objectifs du millénaire pour le
développement, à atteindre d’ici 2015.
Jeunes et professionnels du développement des pays
d’Afrique centrale et de l’océan Indien se sont notamment
mobilisés, dans une démarche intergénérationnelle, afin
de réfléchir ensemble aux politiques de développement
et aux changements climatiques. Ces problématiques
représentent un véritable défi pour les gouvernements,
qui peinent à apporter des réponses concrètes aux
enjeux planétaires. Chacun propose son point de vue et
ses solutions pour une meilleure gouvernance et pour la
préservation de notre planète.
© OIF / BRAC
ISBN : 2-84936-075-9
N° éd. 01/ PC/lespuy/0213
Publié avec le
concours de
Les Presses Universitaires de Yaoundé
Enjeux environnementaux et économiques
face à la gouvernance mondiale
BRAC
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
Publication
: Bureau régional de l’Organisation internationale de la
Francophonie pour l’Afrique centrale et l’océan Indien
(BRAC)
Hauts de Gué-Gué
BP 8075 Libreville (Gabon)
Tél : +241 01 73 96 08
Fax : +241 01 73 95 61
Courriel : [email protected]
Site Web
: www.francophonie.org
Coordination : Emilienne Lionelle Ngo-Samnick
Éditeur technique : Les Presses Universitaires de Yaoundé (LesPuy)
ISBN / EAN : 2-84936-075-9 / 9782849360729
Illustrations couv. : Japhet Marie Bidjek
Organisation internationale de la Francophonie
Bureau régional pour l’Afrique centrale et l’océan Indien
(BRAC)
Enjeux environnementaux et économiques
face à la gouvernance mondiale
« Regards croisés »
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
L’ouvrage Regards croisés : enjeux économiques et
environnementaux face à la gouvernance mondiale est
une publication du Bureau régional de l’Organisation
internationale de la Francophonie pour l’Afrique
centrale et l’océan Indien (BRAC).
BP 8075 Libreville (Gabon)
www.francophonie.org
Cette publication regroupe les articles sélectionnés dans
le cadre du concours « Regards croisés » dont le thème
était « Enjeux économiques et environnementaux face à
la gouvernance mondiale ». Elle reflète la diversité des
opinions de leurs auteurs.
Les présents écrits engagent exclusivement leurs auteurs
et leur propre responsabilité…
Toute traduction, adaptation, reproduction intégrale ou partielle sans l’autorisation de l’éditeur est
illicite et interdite. Toute représentation ou reproduction par quelque procédé que ce soit constituerait
une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal.
© Organisation internationale de la Francophonie
N° éd. 01/ PC/lespuy/0213
Dépôt légal : 1er trim 2013
Sommaire
Sommaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
Avant-propos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
Auteurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
Résumés des contributions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
Chapitre I : Gouvernance mondiale
La gouvernance mondiale : une solution pour l’humanité ?
Cheko Yafeti . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
Dynamisation de l’agriculture urbaine : entre pollution
et enjeu pour le développement
Tahina Lalaina Randrianantoandro . . . . . . . . . . . . . . . 43
Défis pour un réel développement : cas de l’Afrique
Ezéchiel Ndayizeye . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
Le destin commun peut-il favoriser l’application
des politiques de développement durable ?
Dieudonné Patrick Atouda Beyala . . . . . . . . . . . . . . . . 69
Changements pour des mécanismes de gouvernance éclairée :
cas de Madagascar
Jean Bertrand Ravelomiango . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
La participation de la jeunesse à la gouvernance
mondiale de l’environnement
Etienne Tshishimbi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
Chapitre II : Environnement
Le développement durable face à la diversité culturelle :
Regard sur la part du pluriculturalisme dans les échecs
des actions de développement durable au Nord-Cameroun
Habmo Birwe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
Énergies renouvelables, source sûre du développement
durable !
Diane Tatyana Nininahazwe . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107
La vulnérabilité des villes côtières des pays du
Golfe de Guinée : le cas de l’Île Mandji
Ferdinand Ditengou Mboumi . . . . . . . . . . . . . . . . . 113
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
La protection de l’environnement : opportunité pour
le développement de l’Afrique
Brigis-Gérald Gozegba-Ya-Bouma . . . . . . . . . . . . . . . 125
Perspectives pour une climatopolitique anthropocentrée
Chrislain Eric Kenfack . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137
Les effets dévastateurs du changement climatique
en Afrique et les solutions en présence
Jean Jacques Ntyam Ela . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147
Exploitation minière et gestion responsable
de l’environnement
Georges Nshagali Biringanine . . . . . . . . . . . . . . . . . 157
Déchets ménagers : vers une gestion responsable ?
Cédric Isaac Mbavu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167
Chapitre III : économie
Développement humain et politiques macroéconomiques
dans les pays en développement : quelle dialectique
Eugène Calliope Shema . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173
Interactions croissance-commerce : cas de l’Afrique
subsaharienne
Oscar Valery Kuikeu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183
La production des richesses et de l’emploi au cœur
des enjeux du développement durable en Afrique
Alain Yindjou Tchouappi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 191
Intelligence économique et développement durable
Cédric Noumbissie Nguenang . . . . . . . . . . . . . . . . . 201
Repenser le territoire et agir pour une éducation globale
de ses concepts
Voahariniaina Linjo Ramamonjy . . . . . . . . . . . . . . . . 211
Économie verte : principe de base pour une croissance saine
Taira Sebega . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 223
Table des matières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 231
Avant-propos
Le xive Sommet de la Francophonie, qui s’est déroulé à Kinshasa
du 12 au 14 octobre 2012, avait pour thème « Francophonie,
enjeux économiques et environnementaux face à la gouvernance
mondiale ». Les problématiques environnementales, démographiques,
sociales et économiques, qui constituent un véritable défi pour la
gouvernance mondiale, ont ainsi fait l’objet d’un échange entre les
Chefs d’Etat et de gouvernement des pays membres de l’Organisation
internationale de la Francophonie. Le thème de la première édition
du concours « Regards croisés » rejoint donc celui du Sommet de
la Francophonie et rappelle les enjeux des Objectifs du millénaire
pour le développement.
L’avenir de la planète et celui de ses habitants tend à s’assombrir
au fil des ans du fait, notamment, d’une mauvaise gestion et d’une
utilisation hasardeuse de ses ressources. Les incidences de l’action
humaine ayant un impact considérable sur le climat, l’homme doit
prendre conscience de sa responsabilité et des conséquences de ses
actes pour les générations futures.
La multiplication des catastrophes naturelles et industrielles
semble inéluctable et leurs effets sur la vie des populations et leur
environnement sont de plus en plus préoccupants. Notre planète
agonise et l’homme ne doit plus se contenter d’envisager des
solutions ; il doit les mettre en pratique afin de préserver son avenir
sur cette planète.
La mondialisation impose l’idée d’une gouvernance mondiale, donc
d’une gestion supranationale et d’objectifs communs. Il s’impose
d’apporter, à l’échelle du monde, des réponses concrètes aux
attentes des populations, aussi bien dans le domaine de l’innovation
technologique, économique, environnementale et sociale, qu’en
ce qui concerne la mise en place et le renforcement de politiques
volontaristes et audacieuses, susceptibles de préserver le capital
humain et écologique.
Il convient cependant, à cet égard, de tenir compte des particularismes
régionaux. Proposer des solutions sans en évaluer le champ des
possibles à l’échelle mondiale est inefficace. Les différentes politiques
mises en œuvre témoignent de ces difficultés. L’homme doit être au
centre des préoccupations des décideurs politiques. Les projets mis
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
en place doivent être compatibles avec l’environnement dans lequel
celui-ci évolue ; ils doivent notamment tenir compte des conditions
de vie et de l’environnement économique et social des différents pays
afin d’envisager les solutions appropriées.
Ces enjeux représentent les grands défis d’une gouvernance mondiale
organisée et donc globale.
Le cas de l’Afrique témoigne plus particulièrement des difficultés
de répondre aux enjeux planétaires d’une gouvernance mondiale.
La plupart des pays d’Afrique centrale et de l’océan Indien sont
tournés vers l’économie de rente. Ces pays, aux sous-sols très riches
en ressources minières, sont tentés de les exploiter de façon intensive,
exerçant ainsi une pression considérable sur l’environnement. Les
sols, les rivières, les fleuves et les plages sont pollués par des produits
toxiques, mettant en danger la vie des populations environnantes et
détruisant la faune et la flore.
C’est donc principalement l’action de l’homme qui ruine les efforts
de conservation de la biodiversité.
L’ouvrage, qui mêle le point de vue de jeunes et de professionnels,
témoigne des préoccupations régionales et internationales du
développement. Les changements climatiques et les politiques
mises en œuvre occupent une place centrale dans les articles, qui
s’interrogent tous sur l’avenir de la planète et sur sa préservation.
Jeunes et professionnels du développement proposent donc une
analyse sans complaisance des politiques qui sont à l’origine des
dysfonctionnements et de la déstructuration du tissu social en
Afrique centrale et dans l’océan Indien. En confrontant leurs regards
sur un même sujet, ils suggèrent une vraie gouvernance mondiale
qui envisage les problèmes qui se posent dans leur globalité.
Leurs articles sont autant de cris, poussés par des citoyens inquiets
pour l’avenir de l’homme sur cette terre et qui espèrent être
entendus.
Eric POPPE
Directeur du Bureau régional de l’OIF
pour l’Afrique centrale et l’océan Indien (BRAC)
Auteurs
Yafeti Cheko
Né à Bukavu, le 4 février 1990, Yafeti Cheko est étudiant en
deuxième année de licence en Droit International. Il est lauréat
du meilleur prix du concours interuniversitaire d’éloquence
de la République du Burundi (2012) et du concours de Génie
Juridique de la Faculté de Droit de l’université catholique de
Bukavu (2010).
En 2010, il est élu délégué facultaire des étudiants de la Faculté
de Droit de l’université catholique de Bukavu (UCB). Yafeti
Cheko est passionné particulièrement par la lecture, internet
et les mouvements de la jeunesse. Curieux de nature, il aime
voyager et est toujours prêt pour une nouvelle aventure… il se
définit d’ailleurs comme « enfant du Congo, jeune des grands
lacs et citoyen du monde ».
Tahina Lalaina Randrianantoandro
Né le 27 septembre 1974 à Antananarivo (Madagascar),
Tahina Lalaina Randrianantoandro est enseignant-chercheur
à la Faculté des Sciences de l’université d’Antananarivo, et
président de l’association Life & Environment siégeant à Itaosy
Antananarivo. Il occupe un poste de consultant en tant qu’expert
en potabilisation d’eau de la Société Le Chalet Catering Service à
Tsimiroro, région de Menabe, dans la province de Tuléar.
Ezéchiel Ndayizeye
C’est un des jeunes poètes et slameurs africains qui rêve de
vivre dans une Afrique rayonnante. Ezéchiel Ndayizeye est
fondateur de l’a.s.b.l CEWIJE et visionnaire de la Génération
slam Burundi, partenaire du club RFI, centre CELAB. Il travaille
comme entrepreneur/opérateur culturel et artistique. Il est
membre de l’association des écrivains du Burundi et du café
littéraire Samandari. Il est coach du club Nonoka Sport et de l’Art
Afrika Création.
Dieudonné Patrick Atouda Beyala
Jeune camerounais de vingt-neuf ans, il réside au Cameroun.
Dieudonné Patrick Atouda Beyala est titulaire d’un DUT en Génie
industriel et d’une maîtrise professionnelle en Développement
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
durable obtenue à l’Institut panafricain de développement,
Afrique centrale. Il poursuit actuellement un cursus en
Énergétique avec l’Institut international de l’ingénierie de l’eau
et de l’environnement. Écrivain confirmé, il est notamment
publié chez L’Harmattan à Paris. Ses thèmes de prédilection,
pour lesquels il est sollicité pour des interventions médiatiques,
sont le développement et la jeunesse africaine. Il a récemment
publié un essai intitulé Cinquante ans après les indépendances, quel
héritage pour la jeunesse africaine ?
Jean Bertrand Ravelomiango
Issu d’une famille de marin, Jean Bertrand Ravelomiango est né à
Majunga sur la côte ouest de Madagascar. Après son baccalauréat
série A1 en 2003, il rejoint la Faculté des Lettres et Sciences
Humaines de l’université d’Antananarivo pour y effectuer ses
études de Géographie. Il obtient sa licence en 2006, puis s’inscrit
en C2 de maîtrise tout en commençant une série de stages dans
divers ministères tels que le ministère de l’Environnement et
des Forêts, celui de l’Aménagement des territoires, etc. Ces
expériences lui ont permis d’effectuer des travaux de consultance
« junior » au sein d’entreprise de construction (2008-2009) ou au
sein des cabinets d’étude tel que le Junior IKTUS Engineering,
tout en poursuivant ses recherches de mémoire de maîtrise.
Il termine actuellement la rédaction de son mémoire intitulé :
Évolution et développement du métier photographique dans le centreville d’Antananarivo. Interprétations selon la territorialité.
Étienne Tshishimbi
Informaticien, il a suivi des cours de master 2 en Informatique.
Étienne Tshishimbi est membre de plusieurs organisations,
dont le directoire de Next Generation au sien d’Internet Society
Sénégal et le Centre africain de complémentarité scolaire
universitaire et de promotion (CACSUP). Il participe aux
activités de la plate-forme communautaire de l’United nations
educational, scientific and cultural organization (Unesco) pour les
questions du Sommet mondial pour la société de l’information
(SMSI, www.wsis-community.org). De même, il œuvre sur celle
du Centre international de ressources et d’innovation pour
10
Auteurs
le développement durable (CIRIDD, www.agora21.org) de
Saint-Étienne en France. Son texte Participation à la gouvernance
du développement durable en Afrique a été retenu par l’Institut
de l’énergie et de l’environnement de la Francophonie (IEPF)
comme contribution au Forum francophone préparatoire du
Sommet de Rio+20 de Lyon en France du 8 au 9 février 2012, avec
l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).
Birwe Habmo
Jeune camerounais âgé de 22 ans, Birwe Habmo est étudiant en
Sociologie (master 2) option : populations et développement
au Département de Sociologie/Anthropologie de l’université
de N’Gaoundéré (Cameroun). Après une licence de Sociologie
générale obtenue en juin 2011, il s’est spécialisé en Sociologie
de développement. Son projet de recherche de master 2
porte sur les questions de développement durable dans les
zones multiculturelles du Nord-Cameroun. Passionné par la
coexistence pacifique des cultures, il est auteur de deux articles
sur le management de la diversité culturelle : « Les réfugiés
au Cameroun. Regard sociologique sur une crise d’intégration
sociale », Asylon(s)-Terra, vol. 6, mars 2011. « Quand les peuples
nomades se sédentarisent. Multiculturalisme et cohabitation
interethnique au Sahel », Émulations, no 10, novembre 2012 (à
paraître).
Diane Tatyana Nininahazwe
Ingénieure industrielle en Génie civil depuis 2009, Diane Tatyana
Nininahazwe, exerce comme conceptrice, exécutrice privée en
construction. Activiste environnementaliste, elle est chargée
des opérations au sein d’une organisation engagée sur le front
climatique : 350 Burundi Network on Climate Change. Elle est
particulièrement passionnée par la diversité, la révolution et
l’excellence.
Ferdinand Ditengou Mboumi
Né à Moabi au sud du Gabon, Ferdinand Ditengou Mboumi est
diplômé de la Faculté de Communication de l’université d’État
de Biélorussie (ex-URSS), spécialité journalisme international. Au
11
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
terme de ses études, il a exercé à la Radio panafricaine « Africa
no 1 » et occupé les fonctions de conseiller en communication au
sein de différents départements ministériels. Actuellement, il est
journaliste principal et producteur à Radio Gabon.
Entre 1991 et 1992, il a été correspondant à Minsk pour le compte
du Bureau de l’Agence France Presse (AFP) à Moscou. Il a suivi
les cours sur les sociétés slaves du xxe siècle et leur discours
à l’université Jean Moulin, Lyon III en France. Titulaire d’un
diplôme de 3e cycle en Histoire des relations culturelles, ses
recherches portent essentiellement sur les politiques culturelles
entre les pays de l’ex-URSS et l’Afrique. À ce titre, il est l’auteur de
nombreuses publications en ligne : Regards sur l’Est et Centpapiers,
mais également dans la presse internationale et nationale. Il est
aussi auteur de quelques publications en ligne sur la protection
de l’environnement des espaces littoraux gabonais.
Brigis-Gérald Gozegba Ya-Bouma
De nationalité centrafricaine, Brigis-Gérald Gozegba Ya-Bouma
a fait ses études à l’université de Bangui où il a obtenu sa licence
en Anthropologie, option Développement et changement social.
Il est actuellement étudiant en master 1 recherche au sein du
département d’anthropologie. Après avoir été formé sur la
Méthode active de recherches participatives (MARP) en Sciences
Sociales, il a présenté plusieurs séminaires dans des lycées, écoles
professionnelles, etc. Au plan national, il a également été conseillé
et pair éducateur en matière de lutte contre le VIH-SIDA, et il est
à ce jour enquêteur-assistant au sein du projet TCP/CAF/0133
de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et de
l’agriculture (FAO).
Chrislain-Eric Kenfack
De nationalité camerounaise, Chrislain-Eric Kenfack est né
dans la région de l’Ouest-Cameroun en 1978. Après ses études
primaires et secondaires couronnées par un baccalauréat A4,
il engage ses études supérieures tour à tour à l’université de
12
Centpapiers.com/author/ferdinand-ditengou-mboumi.
Le Miroir, no 12, du 2 février 2006, p. 3.
Auteurs
Yaoundé I où il obtient une licence en Philosophie en 2004, à
l’université catholique d’Afrique centrale où il obtient une licence
en Théologie en 2008, et à l’Institut des relations internationales
du Cameroun (IRIC) où il obtient un master en Relations
Internationales, option Communication et Action publique
internationales en 2011.
Il travaille comme consultant dans plusieurs projets portant
sur le changement climatique, l’adaptation et l’atténuation
dans les pays du bassin du Congo pour plusieurs organisations
internationales.
Membre du Conseil pour le développement de la recherche
en sciences sociales en Afrique (CODESRIA), du World Youth
Alliance (WYA) et des Jeunes Volontaires pour l’Environnement
(JVE), il se passionne pour les questions humanitaires, les droits
de l’homme et surtout les questions environnementales.
Jean-Jacques Ntyam Ela
De nationalité camerounaise, Jean-Jacques Ntyam Ela est né
le 13 janvier 1983 à Sangmélima au Cameroun. Après avoir
créé le magazine bimensuel Bounce People et travaillé au
trihebdomadaire Dikalo comme journaliste, il est actuellement
en fin de formation d’ingénieur en technique administrative à
l’École normale supérieure d’enseignement technique de Douala
comme élève professeur.
Georges Nshagali Biringanine
Né à Ciburhi dans la Province du Sud-Kivu, à 20 km de la ville
de Bukavu, Georges Nshagali Biringanine a fait ses études
secondaires dans la ville de Bukavu en section Biologie-Chimie.
Il a ensuite rejoint l’université de Yaoundé 1 au Cameroun
où il a obtenu un diplôme d’études approfondies (DEA) en
Physique, option Géophysique Interne. Il a obtenu un master
spécialisé en Gestion Durable des Mines à l’Institut international
de l’ingénierie de l’eau et de l’environnement (Fondation 2IE)
au Burkina Faso. Il a participé à plusieurs formations et stages
professionnels au cours de son cursus scolaire et de ses activités
professionnelles. Il est passionné par la gestion durable de
13
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
l’environnement à tous les niveaux, et notamment minier.
Passionné par l’enseignement, il est actuellement assistant
d’enseignement et chercheur à l’université officielle de Bukavu,
à l’Est de la République démocratique du Congo (RDC).
Cédric Isaac Mbavu
Né le 15 novembre 1991 à Bujumbura, Cédric Isaac Mbavu est de
nationalité Congolaise (RDC) et étudie actuellement à l’Institut
national des Sciences de Gestion de Libreville au Gabon où il se
prépare à présenter un mémoire de licence en vue d’un passage
éventuel en master 1. Il est le fondateur d’un groupe Facebook
dénommé LANM (Lycée d’application Nelson Mandela) du
nom du lycée dans lequel il a suivi ses études secondaires. À ce
jour, le groupe compte plus de 1 900 membres et constitue une
plate-forme pour les élèves ayant fréquenté cet établissement,
afin qu’ils puissent échanger sur les activités qui s’y déroulent
et donner leurs points de vue.
Eugène Calliope Shema
Rwandais âgé de 23 ans, Eugène Calliope Shema est étudiant
en master recherche Sciences de l’Information et de la Communication à l’École supérieure des sciences et techniques de
l’information et de la communication (ESSTIC, établissement de
l’université de Yaoundé II, Cameroun). Il rédige périodiquement
des enquêtes sur des sujets sociaux, publiés sur www.africavox.
com, site d’informations en ligne hébergé en France. Il a déjà
abordé les questions de développement en rédigeant des notes
de synthèse sur la situation économique d’une quinzaine de pays
africains dans le magazine panafricain Le Médiateur d’Afrique
Mag. Sur le plan communautaire, il est président de l’Association
des jeunes rwandais au Cameroun, organe logé au sein de la
Communauté rwandaise du Cameroun, elle-même sous la tutelle
du Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR).
Oscar Kuikeu
Titulaire d’un doctorat Sciences économiques mention très
honorable (université de Pau et des Pays de l’Adour, France)
depuis 2008, Oscar Kuikeu occupe un poste d’enseignant/
14
Auteurs
chercheur au grade d’assistant à l’École supérieure des sciences
économiques et commerciales (ESSEC) de l’université de Douala
(Cameroun). Sa thèse de doctorat a porté sur l’étude de la parité
fixe de la zone franc. Il a ainsi démontré, tout en étant convaincu,
qu’il faudrait renoncer au franc CFA.
Alain Yindjou Tchouappi
Né le 4 mai 1989 à Yaoundé, Alain Yindjou Tchouappi est étudiant
en 2e année de licence Sciences économiques à la Faculté des
Sciences Économiques et de Gestion Appliquées (FSEGA),
université de Douala, Cameroun.
Cédric Noumbissie Nguenang
Né le 26 janvier 1988 à Yaoundé (Cameroun), Cédric Noumbissie
Nguenang est originaire de la région de l’Ouest Cameroun.
Après des études primaires à l’École publique du lycée bloc 2
de Mbouda couronnées par un certificat d’études primaires en
1998, il entre au lycée bilingue de Mbouda. Il obtient son brevet
d’études du premier cycle en 2002, le probatoire A4 Allemand en
2004 et le baccalauréat A4 Allemand en 2005. Il rejoint l’université
de Yaoundé I en septembre 2005 dans la filière Lettres bilingues.
Il obtient la Licence en Lettres bilingues en septembre 2008.
Après avoir fait une année en master Linguistique générale
et théorique, il réussit le concours d’entrée à l’Institut des
relations internationales du Cameroun (IRIC) dans la filière
Communication et action publiques internationales (CAPI)
en 2010. Il est actuellement en fin de formation au sein de cet
institut où il prépare un mémoire sur le thème de l’intelligence
économique.
Linjo Voahariniaina Ramamonjy
Issue d’une famille d’enseignants, Linjo Voahariniaina
Ramamonjy est née à Antananarivo en 1983 où elle a effectué ses
études primaires et secondaires, sanctionnées par un baccalauréat
Série A2 mention AB en 2003. Elle est reçue sur concours à la
Faculté des Lettres et Sciences Humaines dans le département de
Géographie la même année. Elle travaille pour des associations
(Jeunesse étude et travail, notamment), et obtient sa licence en
15
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
2006. Elle obtient sa maîtrise (C2) en 2007 et s’implique dans les
mouvements des jeunes pour le développement. Elle participe
également à de nombreuses enquêtes socio-économiques et des
travaux de consultance « Junior » notamment pour le Junior
IKTUS Engineering. Ses expériences lui ont permis d’étoffer ses
recherches de maîtrise en géographie économique. Elle entre
maintenant dans la phase finale de rédaction de son mémoire
qui s’intitule : Espaces ruraux, tics et développement durable. Cas du
Village TIC de Sambaina dans le cadre de la théorie de la territorialité
de Martin-Brelot.
Sébéga Taira
Né le 29 juillet 1985 à Maga au Cameroun, Sébéga Taira
suit les enseignements de l’école catholique de NLa qualité
des formationdjamena au Tchad. Après l’obtention de son
baccalauréat, ses études à l’université de N’Gaoundéré sont
sanctionnées par un DEUG et une licence en Économie et
Gestion et une maîtrise en Économie Monétaire et Bancaire.
Il poursuit en master 2 professionnel Finance/Comptabilité
à Douala. Habitué des concours, il a été deux fois lauréat des
Jeux concours Mathématiques et logiques à Paris en France. Il
est particulièrement intéressé par les questions économiques et
environnementales.
16
Résumés des contributions
Gouvernance mondiale : une solution pour l’humanité ?
Cheko Yafeti
Dans ce monde en plein bouleversement, lorsque les
gouvernements nationaux ne parviennent pas à répondre aux
défis majeurs qui touchent le bien-être de leurs peuples, entre
autres les����������������
droits humains au plus mal et violés même par des
pays autrefois érigés en exemple, la récession économique et
la situation calamiteuse qui est caractéristique du chômage et
présage des troubles sociaux, la vulnérabilité écologique de la
planète ses origines dans l’activité humaine et ses conséquences
sur notre avenir de plus en plus incertain, les problèmes de
santé qui se durcissent avec des maladies incurables malgré
les récentes avancées de la médecine et cela face aux moyens
limités des États.
Faut-il attendre un miracle ou agir pour des solutions
durables ? Telle est la question à laquelle cet article essaie de
répondre en confrontant������������������������������������
les thèses les plus connues sur la
gouvernance mondiale : complot ou nécessité ; controverse
entre partisans de la théocratie et ceux de la démocratie. Les
altermondialistes s’insurgent et exigent des garanties pour une
meilleure gouvernance à l’échelle planétaire et le pragmatisme
s’impose : refonder les Nations unies, un nouvel espoir de
paix et de coopération pour toutes les nations. Voilà qui est
envisageable !
Mots clés : droits humains, récession économique, écologie,
santé, vulnérabilité
Dynamisation de l’agriculture urbaine : entre pollution et enjeu pour
le développement
Tahina Lalaina Randrianantoandro
Madagascar compte environ 2 millions de petits producteurs
de riz, dont 60 % ne disposent même pas de 60 ares de rizière.
Un tiers de ces exploitants sont en situation de subsistance, ils
ne produisent que quelque 800 kg sur une surface de moins de
1 ha. Face au développement industriel, la pollution des eaux
d’irrigation constitue un facteur limitant le rendement, de 1,1 à
17
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
2,58 t de paddy à l’hectare, avec une moyenne de 2,5 t/ha. La
pollution par les effluents industriels entraîne un déséquilibre
nutritionnel dans les plantes par une forte alimentation en
potassium (6,4 kg/jour) et de calcium (1,2 kg/jour), qui se
conjugue avec certaines carences dues au sol et au manque de
fertilisation. Par contre, les effluents peuvent avoir un rôle positif
sur la nutrition du riz, en apportant certains éléments essentiels.
Quant à la mobilisation de ces éléments dans les plantes de
riz, la majeure partie du phosphore et de l’azote (plus de 50 %)
absorbé se trouve au niveau du grain. Le calcium (95 %) et le
potassium (90 %) s’accumulent généralement dans les pailles.
Bien que la riziculture soit menacée par la pollution, son rôle
sur la population demeure primordial. En effet, la riziculture
urbaine et périurbaine contribue de 12 à 18 % de l’autosuffisance
alimentaire dans la ville d’Antananarivo.
L’étude présente l’influence du développement industriel sur
la pratique rizicole dans la plaine d’Antananarivo et identifie
l’adaptabilité des riverains face au changement dû aux pollutions
de l’environnement. Les rôles de cette agriculture et de l’industrie
sur le contexte socio-économique de la population locale seront
analysés.
Mots clés : riziculture, développement industriel, pollution,
environnement, accès à l’eau
Défis pour un réel développement : cas de l’Afrique
Ezéchiel Ndayizeye
L’Afrique a besoin de se développer, de se prendre en charge pour
mieux aborder toutes les questions en rapport avec la biodiversité,
le changement climatique, la vulnérabilité écologique, afin de
pouvoir s’intégrer au sein de la gouvernance internationale
de l’environnement. L’Afrique doit être prête à faire face à ses
défis. La création des richesses et des emplois, la croissance
économique, les stratégies économiques à adopter, la lutte
contre la corruption et la gouvernance mondiale de l’économie
sont des sujets qu’elle doit traiter avec habileté et sérénité. Il lui
18
Résumés des contributions
faut des acteurs politiques, sociaux et économiques compétents,
capables de donner naissance à une solidarité socio-économique
dynamique et d’assurer une réelle gouvernance équitable. Dans
sa politique de gouvernance, la diversité culturelle et les droits
humains doivent être pris en considération ainsi que les défis
véritables qu’elle est appelée à relever. Elle doit être en possession
des outils indispensables pour y arriver.
Mots clés : développement économique et environnemental
du continent noir, éducation et enseignement, lutte contre la
corruption, croissance économique.
Le destin commun peut-il favoriser l’application des politiques de
développement durable ?
Dieudonné Patrick Atouda Beyala
Vingt-cinq ans après la consécration mondiale du concept
de développement durable, les crises sociales, économiques,
politiques et environnementales que traverse la planète nous
interpellent sur les avancées et les échecs de l’implémentation
d’une politique effective du développement durable. Après
de nombreux sommets à l’échelle mondiale, toutes les parties
reconnaissent que la dégradation de la planète est un fait avec
des impacts sur le triptyque économie-social-environnement,
socle du développement durable. Malgré la ratification de
plusieurs accords, les États – dont la puissance s’accroît – peinent
à appliquer les mesures prises ou à exécuter des engagements
communs pour des intérêts économiques et protectionnistes. Se
pose donc un problème de gouvernance à l’échelle planétaire du
développement durable avec des mesures contraignantes. Mots clés : développement durable, gouvernance mondiale,
croissance économique, défis énergétiques, commerce
équitable
19
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
Changements pour des mécanismes de gouvernance éclairée : cas de
Madagascar
Jean Bertrand Ravelomiango
Cet article propose à partir du cas de Madagascar des changements
institutionnels pour que les principes du développement durable
soient en tête des priorités des programmes et des budgets,
dans un cadre novateur d’économie circulaire, institutionnel,
éducationnel et de coopération internationale. Il débute sur un
état des lieux des transformations économiques dont l’esprit
du capital a été l’agent le plus puissant et le plus reconnu mais
dont les impacts écologiques ont été les plus dévastateurs,
conduisant au stade mondial actuel de crises environnementales,
sociales et économiques. Des alternatives stratégiques comme
l’économie circulaire renfermant des technologies comme la
bioraffinerie sont présentées comme des solutions viables de
transition vers l’économie verte ou la bioéconomie qui mènent
vers le développement durable et dans lesquelles les pays
pauvres peuvent prendre le leadership. Elle forme un cadrage
général pour l’accompagnement des dossiers socio-économiques
des candidats à la présidence. Ces changements peuvent être
disséminés dans les hiérarchies des territoires ou pris comme
modèle par les autres pays.
Mots clés : alternatives économiques, territorialité, changement
institutionnel, Constitution, code électoral
La participation de la jeunesse à la gouvernance mondiale de
l’environnement
étienne Tshishimbi
La jeunesse africaine préconise une gouvernance environnementale
fondée sur des valeurs et objectifs essentiels que sont les droits
de l’Homme, la démocratie pluraliste et participative, l’État de
droit, le développement de l’identité culturelle et de la diversité
africaine, la recherche de solutions communes aux défis que la
société africaine est appelée à relever et la consolidation de la
stabilité démocratique en Afrique.
20
Résumés des contributions
Les enjeux et les réponses correspondantes sont identifiés,
ils doivent permettre aux acteurs gouvernementaux, non
gouvernementaux et surtout à la jeunesse d’unir leurs forces
pour faire de la gouvernance environnementale un espace ouvert
et centré sur les citoyens. L’Internet permet à un nombre sans
précédent de jeunes de s’exprimer, de partager des informations
et des idées et de se réunir ; de se former afin de pouvoir faire
une utilisation responsable des services qu’il propose pour le
bien de notre environnement.
La stratégie énonce une vision cohérente pour une approche
durable et à long terme de l’espace de vie commun. Sa réussite
dépendra dans une large mesure du dialogue entre les multiples
parties prenantes et de leur soutien. La réflexion engagée
conduit à revisiter les socles de la gouvernance mondiale de
l’environnement par la participation de la jeunesse africaine
afin d’accéder au progrès dans les processus internationaux du
développement durable comme la Convention cadre des Nations
unies sur les changements climatiques (CCNUCC), le Protocole
de Kyoto et Rio +20.
En 1960, la jeunesse utilisa sa force pour les luttes d’indépendance.
Aujourd’hui, leur utilisation des TIC devra servir pour instaurer
une gouvernance environnementale durable.
Mots clés : Gouvernance mondiale, développement durable,
citoyenneté, Internet, TIC
Le développement durable face à la diversité culturelle
Habmo Birwe
L’article analyse les incidences de la diversité culturelle sur la
mise en œuvre des actions de développement durable dans
les milieux pluriculturels. À partir des exemples concrets
répertoriés dans les localités façonnées par la diversité culturelle
au Nord-Cameroun, cette réflexion montre en premier lieu que
la pluralité sociolinguistique d’une région peut sérieusement y
compromettre la réussite des projets de développement durable.
Elle présente également des méthodes et des stratégies capables
21
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
de faire de la diversité culturelle un atout pouvant aider à relever
les défis économiques et environnementaux dans les zones
multiculturelles.
Mots clés : développement durable, pluriculturalisme,
défis économiques et environnementaux, traditions, NordCameroun
Énergies renouvelables, source sûre du développement durable !
Diane Tatyana Nininahazwe
Les changements climatiques constituent un handicap majeur
au développement durable par leurs effets néfastes qui affectent
tous les aspects de la vie humaine. Causés par l’augmentation
grandissante des émissions de gaz à effet de serre (GES) dans
l’atmosphère, les changements climatiques représentent l’un des
plus grands défis que le monde n’ait jamais connu. Et l’une des
solutions à la crise planétaire serait l’exploitation et l’utilisation
à grande échelle des énergies nouvelles et renouvelables, dites
vertes.
Fournies par le soleil, le vent, la chaleur de la terre, les chutes
d’eau, les marées ou encore la croissance des végétaux, les
énergies renouvelables n’engendrent pas ou peu de déchets ou
d’émissions polluantes. Le photovoltaïque, solaire thermique),
l’hydroélectricité, l’éolien, la biomasse, la géothermie sont des
énergies flux inépuisables par rapport aux énergies stock tirées
des gisements de combustibles fossiles en voie de raréfaction. En
développement dans le monde entier, les énergies renouvelables
permettent de gérer de façon intelligente les ressources naturelles
locales et de créer des emplois. Alors que le recours aux énergies
fossiles et au nucléaire devient de plus en plus coûteux,
dangereux et presque sans avenir, le développement des énergies
renouvelables assure à l’homme un futur meilleur et respectueux
de l’environnement. Ce sont les énergies de l’avenir.
Mots clés : changement climatique, développement durable,
énergies renouvelables, gaz à effet de serre, économie
22
Résumés des contributions
La vulnérabilité des villes côtières des pays du Golfe de Guinée : le cas
de l’Île Mandji
Ferdinand Ditengou Mboumi
Les conséquences attendues du changement climatique global
pourraient être particulièrement dévastatrices pour certains pays
côtiers de notre planète, y compris le Gabon. Cet article pose donc
la problématique des villes côtières en Afrique, principalement
dans la sous-région du Golfe de Guinée. Le présent article, fait
l’état des lieux du littoral gabonais et expose les facteurs de la
vulnérabilité de la zone côtière de l’Île Mandji (Port-Gentil).
L’auteur jette un regard sur les efforts du gouvernement pour une
meilleure adaptation de son espace côtier face aux changements
climatiques. L’article analyse également les impacts potentiels
dans tous les domaines d’une hausse prévisible du niveau
de la mer pour cet écosystème. Afin d’éviter un scénario plus
pessimiste notamment pour l’Île de Mandji, située dans une zone
extrêmement marécageuse, il convient de prendre des mesures
efficaces et rapides.
Mots clés : Gabon, changement climatique, gestion de
l’environnement, vulnérabilité, érosion côtière
La protection de l’environnement : opportunité pour le développement
de l’Afrique
Brigis-Gérald Gozegba-Ya-Bouma
Le présent article donne quelques réflexions sur la protection
de l’environnement en vue du développement de l’Afrique. Il
démontre également que la dégradation de l’environnement a
eu un effet dévastateur sur le développement socio-économique
suite à la non-prise en considération de la gestion équitable
des ressources environnementales. Ainsi, il propose des
solutions appropriées, et offre les orientations nécessaires, non
seulement pour sortir du problème, mais aussi pour garantir
le développement durable du continent africain. L’objectif est
donc d’identifier les différents moyens à mettre en œuvre pour la
23
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
protection environnementale afin de favoriser le développement
de l’Afrique et son entrée effective dans le xxie siècle.
Mots-clefs : Protection de l’environnement, garantie, développement de l’Afrique, enjeux, perspective anthropologique,
Centrafrique.
Perspectives pour une climatopolitique anthropocentrée
Chrislain Eric Kenfack
La crise climatique reste l’un des plus grands défis de notre
temps, et c’est pour cela que la communauté internationale ne
lésine sur aucun moyen pour lutter contre ce nouveau diable
planétaire et mettre l’univers à l’abri d’une catastrophe générale.
Seulement, dans les efforts de lutte l’on insiste davantage sur les
questions environnementales et économiques tout en laissant
une place secondaire à l’homme ; ce qui conduit davantage aux
querelles de positionnement stratégique et d’affirmation de la
suprématie des acteurs en fonction de leur maîtrise de l’enjeu
climatique. C’est cette approche que l’héritage de Jean-Michel
Valentin nomme climatopolitique.
Cet article, pour apporter une bouffée d’oxygène aux débats
et postuler des mécanismes de lutte plus efficaces et effectifs,
opte pour une approche qui met l’homme au centre de toutes
les préoccupations climatiques tant globales, nationales
que subnationales ; ce qui est ici nommé climatopolitique
anthropocentrée. Il s’agit là d’une approche qui accorde une place
centrale aux droits de l’homme, valorise les acteurs non étatiques
et insiste sur la formation et le transfert des technologies, sans
oublier la mise sur pied d’un meilleur système de gouvernance
environnementale et le respect du principe de responsabilité
commune mais différenciée. Grâce à cette place de premier choix
accordée à l’homme et à sa dignité, la communauté internationale
pourra lutter contre le changement climatique de façon plus
efficace et plus effective.
Mots-clés : changement climatique, climatopolique, climatopolitique anthropocentrée, gouvernance environnementale,
régime climatique
24
Résumés des contributions
Les effets dévastateurs du changement climatique en Afrique et les
solutions en présence
Jean Jacques Ntyam Ela
Le continent africain est celui qui contribue le moins à la
production du CO2. Malgré ce constat il figure cependant au
premier rang des zones qui subissent fortement les effets du
réchauffement climatique, en raison notamment de la faiblesse
de ses institutions, de la nature des structures économiques
peu diversifiées, de sa forte dépendance au secteur rural et
particulièrement l’agriculture. La thématique abordée permet
de réaliser une typologie des changements climatiques afin
d’envisager des nouvelles perspectives sur la biodiversité et
l’écologie .
Mots clés : changement climatique, écologie, biodiversité,
gouvernance internationale, gaz à effet de serre
Exploitation minière et gestion responsable de l’environnement
Georges Nshagali Biringanine
L’existence de sites d’exploitation minière abandonnés en
orphelin et qui se trouvent éparpillés dans le monde est une
réalité connue de tous : Canada, Europe, Afrique, etc. L’impact
environnemental de l’activité minière dans les pays en voie
de développement est important sur les sites d’exploitation
et dans leur périphérie. Pour limiter ces impacts et atteindre
un développement durable, des efforts doivent être conjugués
pour la prise en compte de l’environnement biophysique et
humain (social). Ces efforts devraient se traduire entre autres
par l’adoption d’une politique et d’une stratégie de gestion,
notamment la mise en place de textes réglementaires, le suivi
et le contrôle pour la considération de l’environnement et des
besoins des communautés riveraines. La meilleure gestion serait
de chercher à tout prix à laisser les sites d’exploitation en bon
état et une organisation sociale des communautés plus ou moins
stable après la fermeture de la mine.
Mots clés : développement durable, pays miniers, exploitation
minière, exportation, érosion
25
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
Déchets ménagers : vers une gestion responsable ?
Cédric Isaac Mbavu
L’article porte sur la gestion des déchets ménagers au Gabon
et en particulier à Libreville. Il dresse un bilan de la situation
et propose quelques éléments de réponse pour améliorer ladite
gestion. Tout d’abord, il s’agit de déterminer les principaux
responsables de la situation actuelle, avant d’envisager des
solutions potentielles.
Mots clés : mondialisation, environnement, gestion des déchets
ménagers, pollution, ressources naturelles.
Développement humain et politiques macroéconomiques dans les pays
en développement: quelle dialectique
Eugène Calliope Shema
Le Rapport mondial sur le développement humain en 2011 publié
par le Programme des Nations unies pour le développement
(PNUD) sous le titre Durabilité et équité : un meilleur avenir pour
tous vient renforcer le thème du tout premier rapport de ce type
publié en 1990 : La Vraie Richesse des nations : le développement
humain. À l’heure où les enjeux environnementaux s’imposent
dans les programmes de développement, l’article présente les
obstacles que les pays en développement doivent éviter dans
leur désir de rattraper les économies émergentes. À la lumière
de l’actualité et de la crise en Europe, il propose également
des mesures structurelles capables de favoriser de meilleurs
investissements et des politiques axées sur les besoins réels des
populations sans se laisser entraîner dans le cercle vicieux de la
mondialisation qui amène à une surconsommation, au moment
où les ressources de la planète s’épuisent.
Mots clés : pays en développement, développement humain
durable, dé-mondialisation, institutions, Afrique subsaharienne,
marchés financiers
26
Résumés des contributions
Interactions croissance-commerce : cas de l’Afrique subsaharienne
Oscar Valery kuikeu
Le modèle néoclassique de croissance stipule que « les écarts de
richesse ou de niveau de vie se réduiront entre économies et que,
par conséquent, les économies pauvres rattraperont le niveau
de richesse des plus riches, si seulement les économies, pauvres
et riches, ont accès à la même technologie, c’est-à-dire, la même
technique de production » (Barro, 1991, p. 407). Cette idée, dite
de « convergence absolue des niveaux de vie » (Barro, 1991,
p. 407) a reçu une attention considérable. À l’heure où l’Afrique
subsaharienne (ASS) est le plus souvent victime de conflits armés
alors que l’Investissement direct étranger (IDE), principal vecteur
de transfert de savoir-faire (c’est-à-dire, de technologie) ne
s’implante que dans les pays où il existe un minimum de stabilité
politique, n’est-il pas raisonnable de se demander quelles sont
les voies les meilleures afin que les économies pauvres d’ASS
réussissent à rattraper leur retard de croissance pour devenir
riches comme les économies industrialisées ?
Mots clés : franc CFA, économie, croissance, commerce, Afrique
subsaharienne
La production des richesses et de l’emploi au cœur des enjeux du
développement durable en Afrique
Alain Yindjou Tchouappi
Vingt ans après le Sommet de la Terre de Rio en 1992 qui l’avait
consacré, le développement durable demeure un défi collectif,
en dépit des efforts entrepris. Le développement durable
peut s’interpréter comme une tentative de gérer la complexité
croissante du monde. Gérer la complexité est synonyme de
négociations et d’arbitrages permanents entre intérêt local et
global et entre court, moyen et long terme. Mais depuis deux
ans, la notion « d’économie verte » vient rompre ses amarres
avec l’univers des spécialistes en économie de l’environnement et
rejoint le flux général du discours politique. Les déclarations des
chefs d’État et des ministres des Finances, les communiqués du
27
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
G20 et les acteurs du développement durable et de l’éradication
de la pauvreté y font de plus en plus allusion. L’intérêt récent
pour ce concept a sans nul doute été encouragé par les multiples
crises simultanées qui ont surgi ou se sont accélérées au cours
de la décennie écoulée : climat, biodiversité, énergie, denrées
alimentaires, eau et tout récemment la crise du système
financier et l’économie mondiale tout entière. L’augmentation
galopante des émissions polluantes donne lieu à des craintes
croissantes d’emballement du changement climatique avec des
conséquences potentiellement désastreuses pour l’humanité.
Le choc des prix des combustibles de 2008 et la flambée des
prix des denrées alimentaires et des matières premières qui
en a découlé constituent des signes manifestes de faiblesses
structurelles et de risques toujours présents. La hausse de la
demande prévue par l’Agence internationale de l’énergie (AIE)
et d’autres observateurs pour remettre l’économie mondiale sur
la voie de la reprise et de la croissance augure une persistance
de la dépendance au pétrole et à d’autres combustibles fossiles
ainsi qu’une forte hausse des prix de l’énergie.
Mots clés : développement durable, énergie, économie verte,
emploi, pauvreté
Intelligence économique et développement durable
Cédric Noumbissie Nguenang
Dans un contexte de mondialisation caractérisé par l’accroissement
des échanges entre différents acteurs de la scène internationale,
de nouvelles contraintes environnementales font leur apparition.
L’environnement et sa gouvernance mondiale, devient un
domaine privilégié pour analyser l’interaction de ces différents
acteurs. Ainsi, les entreprises ont vu leur rôle dans la protection
de l’environnement s’accroître, tout en restant dans la course
à la compétitivité. Ceci se manifeste par le respect des normes
environnementales, qui doivent au préalable être établies de
manière conventionnelle par tous les acteurs internationaux,
pour pouvoir s’exporter et se vendre au plan international. La
course vers les énergies propres notamment dans le domaine
28
Résumés des contributions
de l’automobile hybride, est également apparue comme l’une
des manifestations de cette prise de conscience de la part des
entreprises.
Mots clés : environnement, politique de développement durable,
mondialisation, économie, technologies propres
Repenser le territoire et agir pour une éducation globale de ses
concepts
Voahariniaina Linjo Ramamonjy
Le territoire est un des principaux objectifs de l’Agenda 21
pour le développement durable. Cet article montre que la
non-appropriation de ces concepts par les acteurs dans le
contexte actuel de globalisation constitue un des obstacles
majeurs au progrès des projets de développement durable des
territoires et à l’accomplissement des consensus pour des défis
globaux. Différentes approches du territoire en relation avec le
développement durable et le concept de la territorialité de MartinBrelot sont passées en revue. À l’aide d’exemples concrets, les
interprétations de l’interdépendance des territoires et de l’équité
intergénérationnelle et l’impact des TICs seront analysés. Enfin,
un réseau pour penser et agir pour l’appropriation par tous les
acteurs et citoyens du concept de territoire sera alors proposé.
Mots clés : Développement durable, territoire, territorialité,
éducation globale, réseau
Économie verte : principe de base pour une croissance saine
Taira Sebega
L’urgence des défis auxquels font face toutes les économies,
qui vont du changement climatique aux pertes écologiques,
devient chaque année plus évidente, tout comme la nécessité de
relancer la croissance, vaincre la pauvreté et créer des emplois
décents. Pour faire évoluer les choses, il faut des connaissances.
Par conséquent, toute discussion concernant le changement
climatique ne devrait pas aborder le problème de la réduction
29
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
des émissions de gaz à effet de serre uniquement sous l’angle du
« combien » mais également sous celui du « comment ». Chaque
sous-région doit établir sa propre stratégie pour parvenir à une
croissance verte et comme il n’existe pas de voie tracée, il incombe
à tous, en tant que citoyens du monde, de freiner et de réparer
les dommages causés à l’environnement, tout en favorisant
l’économie et les emplois verts. Des politiques environnementales
qui intégreraient la dimension sous-régionale permettraient de
résoudre les problèmes globaux liés à la protection des espèces
fauniques. Les chasseurs venus du Tchad et du Soudan n’ont-ils
pas franchi leurs frontières pour mener une action de braconnage
dans les parcs nationaux du Cameroun en tuant les éléphants
afin d’y prélever les trompes ? Des progrès importants peuvent
être faits immédiatement, au moyen des connaissances et des
technologies existantes, ce qui préserverait une croissance
économique mondiale tout en gagnant du temps avant que
les problèmes reposant sur les énergies renouvelables soient
résolus de manière efficiente. Il semble dès lors nécessaire de
développer une « économie verte » exploitant la productivité
de la nature pour augmenter la biocapacité de la Terre et
assurer ainsi à l’humanité un bien-être conséquent et mieux
réparti. Il est donc indispensable d’ouvrir la voie à une nouvelle
génération d’entrepreneurs qui utilisent ce qui est disponible
de façon durable pour satisfaire aux besoins de la terre et de ses
habitants.
Mots clés : économie verte, changement climatique,
développement durable, biocapacité, énergie renouvelable
30
Chapitre I
GOUVERNANCE MONDIALE
La gouvernance mondiale : une solution pour l’humanité ?
Yafeti CHEKO
Introduction « Au prochain siècle, les nations comme nous les connaissons
seront désuètes. Tous les États reconnaîtront une seule autorité
centrale : la souveraineté nationale n’était pas une si bonne idée
après tout », Strobe Talbot.
Au regard de la situation actuelle : sociale, économique,
environnementale, culturelle, sécuritaire, politique et sanitaire ;
y a-t-il des raisons d’espérer et d’aspirer à la naissance d’un
gouvernement planétaire unique qui s’occuperait des problèmes
actuels de l’humanité ? Dans quelles conditions une telle
gouvernance – en l’occurrence, dans le cadre des Nations unies –
pourrait-elle apporter des solutions aux multiples et complexes
problèmes humains et planétaires ?
La réflexion se propose d’examiner la situation écologique,
économique, des droits humains, de la sécurité et de la santé dans
le monde ; la gouvernance mondiale sera ensuite examinée, dans
ses perspectives, parmi les pistes de solution envisageables face
aux défis majeurs auxquels l’homme est confronté.
1.
Vulnérabilité écologique, récessions économiques, droits
humains menacés, insécurité, problèmes de santé…
1.1-
Vulnérabilité écologique
La planète est confrontée à des événements extrêmes de plus en
plus dévastateurs. Selon le « Rapport de l’Académie des sciences de
France sur la science et la technologie » no 29 de juin 2010, à l’échelle
mondiale, les 25 catastrophes les plus coûteuses entre 1970 et 2009
sont toutes survenues après 1987, et plus de la moitié d’entre
elles depuis 2001. Sur ces 25 catastrophes, 23 étaient liées aux
conditions climatiques. « Dans le contexte actuel de changement
31
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
climatique, nous savons que nous devons nous préparer à des
événements extrêmes plus dangereux, quelquefois inédits. Ces
événements voient leurs effets amplifiés par le développement
urbain, le surpeuplement des zones littorales et l’anthropisation
des milieux naturels ».
Les scientifiques de l’université Fairbanks ont la preuve que
les fonds marins de l’Arctique commencent à libérer dans
l’atmosphère des millions de tonnes de méthane, un gaz à effet
de serre 20 fois plus puissant que le dioxyde de carbone : en
cause, la fonte des glaces suite au réchauffement climatique. Les
efforts nécessaires ne se font pas encore sentir pour faire évoluer
positivement la situation notamment en ce qui concerne la
pollution industrielle, responsable numéro un du réchauffement
de la planète. « La libération dans l’atmosphère de seulement 1 %
du méthane que l’on suppose stocké dans les dépôts d’hydrate
de faible profondeur pourrait multiplier l’effet actuel du méthane
atmosphérique par trois ou quatre ; les conséquences climatiques
d’un tel événement sont difficiles à prévoir ». (Données
disponibles sur le site : terre sacrée.org)
La dévastation des faunes et flores par l’exploitation ��������
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usage
industriel (cas de la forêt tropicale de l’Indonésie qui rapidement
cède la place aux plantations des palmiers à huile), perturbe
profondément l’écosystème : l’économie devient de plus en plus
polluante !
1.2-
La récession économique, la justice sociale et la famine
Cité dans Réveillez-vous, juillet 2012, un rapport de l’Institut
Worldwatch montre que le nombre de travailleurs susceptibles de
soutenir la croissance économique augmente mais que les offres
d’emplois risquent de ne pas suivre. L’Organisation internationale
du travail (OIT) estime que du fait de la récession, en 2010, le
monde comptait 205 millions de chômeurs. L’économie mondiale
est au bord d’une crise de l’emploi extrêmement grave qui risque
de déclencher des troubles sociaux particulièrement en Europe
et dans les pays arabes. Aux États-Unis, la même revue citant le
livre Épidémie de narcissisme publié en 2009, indique un triplement
des dettes contractées par carte de crédit depuis 1990.
32
La gouvernance mondiale : une solution pour l’humanité ?
En dépit de la croissance macroéconomique généralement
observée dans les pays sous-développés, la production agricole et
l’industrie de transformation qui constituent des éléments d’une
économie durable sont généralement moins pratiquées au profit
d’une économie ancrée dans l’extraction et l’exportation des
minerais, des hydrocarbures et du bois. Par contre, l’importation
des produits manufacturés occupe une grande partie de la
population qui se transforme en vendeuse et distributrice et à cela
s’ajoute le développement de l’économie informelle qui constitue
une source importante de manque à gagner pour les États. La
paupérisation de la population est surtout due à une grande
propagande en faveur de la consommation au lieu d’encourager
l’épargne qui constitue la source de construction des richesses par
excellence. Des millions d’Africains vivent de l’aide alimentaire
internationale et pourtant la revue The Witness rapporte que 47 %
des terres arables d’Afrique ne sont pas cultivées. La constitution
de l’OIT rappelle qu’« une paix universelle et durable ne peut
être fondée que sur la base de la justice sociale » (titre 8 du traité
de Versailles).
1.3-
Droits humains menacés et insécurité
Le non-respect des droits humains et des libertés fondamentales
des citoyens est de plus en plus manifeste. Il est orchestré non
seulement par des groupes d’individus hors la loi mais aussi par
des gouvernements qui souvent se cachent derrière la sécurité
intérieure au mépris des lois de leurs pays et des conventions et
traités qu’ils ratifient pourtant et font promesse de respecter. La
torture et d’autres traitements cruels inhumains et dégradants
que des prisonniers ont subi dans les mains des services de
renseignement amEricains à Guantánamo et cela sous le regard
muet de la communauté internationale illustre cela.
Même dans des États qui se disent démocratiques, les droits
des minorités sont bafoués, tel est le cas des Arabes d’Israël,
des Kurdes en Turquie, des Roms en Europe occidentale
particulièrement en France où récemment le gouvernement a
ordonné le déguerpissement de leurs bidonvilles.
33
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
La discrimination à l’égard des femmes et des handicapés dans
les emplois publics, les lieux de culte et même dans la famille
est toujours manifeste. Les crimes de guerre, les assassinats des
journalistes dans des pays comme la Somalie où depuis le début
de 2012 on a dénombré seize nouveaux cas, les violences faites
aux femmes particulièrement dans des pays sous conflits comme
en République démocratique du Congo (RDC) où on estime
une moyenne de 42 femmes violées chaque heure ; des attaques
terroristes, la prolifération signalée des armes de destruction
massive et autres événements inquiétants font actuellement
partie de l’actualité et témoignent du délabrement avancé de la
situation sécuritaire dans le monde. La discrimination raciale
et ethnique, le manque de tolérance et de respect envers les
opinions d’autrui et leurs conséquences dévastatrices dont les
génocides comme celui du Rwanda en 1994, des attaques sur
des cibles civiles innocentes, des attentats contre des lieux de
culte comme ceux qui ont récemment fait l’objet de l’actualité
au nord du Nigeria, au Bangladesh, et au Pakistan : l’homme
est pris dans une spirale de violence !
1.4-
Problème de santé
À� la
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fin du siècle dernier, les progrès de la médecine rendaient
possible des résultats inimaginables quelques dizaines d’années
plus tôt ; des maladies infectieuses telles la lèpre, la tuberculose, la
syphilis… qui, par le passé ont fait des millions de victimes étaient
presque neutralisées. Mais actuellement, la médecine connaît un
revirement macabre ; certains médicaments pourraient avoir
perdu leur pouvoir, l’apparition des maladies inguérissables
telles que le SIDA, le cancer, les hépatites, des microbes et germes
pathologiques résistant aux traitements, le vieillissement de la
population dans des pays développés et la faible espérance de
vie dans les pays pauvres sont une manifestation évidente des
difficultés, parfois contradictoires auxquelles notre monde fait
face. �������������������������������������������������������
« Chaque jour, 6 000 enfants meurent de maladies liées
au manque d’hygiène, à une eau souillée et à des systèmes
d’assainissement insuffisants. La diarrhée tue à elle seule un
enfant toutes les 20 secondes ». Indique un rapport de la Banque
mondiale en 2008.
34
La gouvernance mondiale : une solution pour l’humanité ?
Ban Ki-moon, le Secrétaire général des Nations unies constate avec
regret : « notre monde est parcouru de terribles contradictions. De
la nourriture en abondance, mais un milliard de personnes ont
faim, un train de vie luxueux pour un petit nombre, la pauvreté
pour beaucoup d’autres. D’énormes progrès en médecine, mais
des mères qui chaque jour meurent en couche… ».
1.4.1-
Où va le monde ?
« Notre monde est menacé par une crise dont l’ampleur semble
échapper à ceux qui ont le pouvoir de prendre de grandes
décisions pour le bien ou pour le mal », explique Albert Einstein.
« La puissance déchaînée de l’homme a tout changé, sauf nos
modes de pensées, et nous glissons vers une catastrophe sans
précédent. Une nouvelle façon de penser est essentielle si
l’humanité veut vivre. Détourner cette menace est le problème
le plus urgent de notre temps ».
En 2010, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a observé
que les gouvernements du monde entier ont du mal à financer
les systèmes de santé. Le même constat est fait aujourd’hui
pour des questions de sécurité, d’économie particulièrement
sur la situation sociale des peuples et même par rapport aux
défis environnementaux. Interrogé sur les difficultés actuelles
des nations, ����������������������������������������������
Ghulam Umar, politologue pakistanais répond :
« L’interdépendance grandissante des nations du monde a suscité
une série de difficultés mondiales qu’elles ne peuvent vaincre
indépendamment des autres. L’humanité n’échappera aux périls
toujours plus nombreux et aux situations épineuses qu’elle doit
affronter que grâce à une coopération planétaire ».
Jacques Chirac, l’ex-Président français insiste : « Si l’entente
internationale fait défaut, si les égoïsmes et l’irresponsabilité
prennent le dessus, le monde ne parviendra pas à enrayer la
machine infernale du réchauffement climatique ». Le culte de
la croissance économique est au cœur des débats électoraux sur
toute la planète, condition, selon les responsables politiques et
les économistes, de la création d’emplois et de la satisfaction
Message lu à l’occasion du 3è Forum mondial du développement durable.
35
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
de besoins en expansion. À l’échelle mondiale, ils défendent,
du moins en principe, les Objectifs du millénaire des Nations
unies, visant à réduire fortement la pauvreté. Or ces objectifs ne
seront pas atteints si les questions environnementales n’y sont
pas intégrées en première ligne, et si la religion de la croissance
n’est pas remise en cause.
Albert Einstein est allé encore plus loin en réclamant un
« gouvernement mondial ». Condition selon lui de satisfaire
les aspirations à la paix et la sécurité des peuples. Chirac, Bush,
Sarkozy, Kissinger, De Gaule, Hitler, Napoléon, Luther King,
Kofi Annan, Nelson Mandela, François Hollande, Barack Obama,
Victor Hugo, Einstein, Rockefeller, Gorbatchev, Churchill…
pourquoi tant de personnalités éminentes plaident-elles en faveur
d’une gouvernance mondiale ?
2.
Controverses et réalités sur la gouvernance mondiale
2.1-
La théorie du complot
La théorie du complot est surtout défendue par des mouvements
religieux et les altermondialistes, les premiers considérant que
la présence ou même le plaidoyer en faveur d’un gouvernement
mondial est une marque de la réalisation des prophéties bibliques
sur la fin du monde. Ils mettent en garde les gens de la terre
contre une grande conspiration à l’échelle planétaire. Elle
trouverait une origine maléfique et serait fomentée par le Diable
lui-même ou des extraterrestres qui se serviraient des quelques
familles puissantes, des leaders politiques, des personnalités
scientifiques, des organismes religieux, des services secrets des
grandes puissances, des supers stars, des médias, des banques,
etc. dans le but de détourner l’humanité de Dieu et de son droit
de diriger le monde, de soustraire la liberté des hommes et de
s’assurer indéfiniment le contrôle de la terre. Selon eux, des
sociétés secrètes telles que la franc-maçonnerie, la rose-croix, le
prieuré de Sion, les assassins, etc. constitueraient la manifestation
de l’existence de ce complot car elles seraient dirigées par une
grande société secrète appelée Illuminati, qui rassemblerait dans
le plus grand secret, le conspirateur du gouvernement mondial
36
La gouvernance mondiale : une solution pour l’humanité ?
qu’ils annoncent sous la forme du « nouvel ordre mondial » tel
que prêché par le président Bush père, le 11 septembre 1990.
Les altermondialistes dénoncent le complot qui se cacherait
derrière la mondialisation comme le « néocolonialisme » des
banquiers et des fortes institutions supranationales qui auraient
pour visée une nouvelle colonisation, surtout économique,
des nations et des peuples qui sont sous le poids des dettes
contractées au fil des années pour des besoins en financement des
pays. Ils relayent les réflexions comme celles de John Perkin sur
les inégalités programmées dans son livre Confession d’un assassin
financier s’exprimant sur les projets d’aide au développement
dans des pays pauvres : « La croissance économique ne profite
qu’à une petite partie de la population et a même pour résultat
une aggravation de la situation de la majorité ». Il ajoute, « Je
devrais produire des études établissant des projections de
croissance économique pour les vingt ou vingt-cinq prochaines
années et évaluant les conséquences de divers projets… L’aspect
clandestin de chacun de ces projets, c’est qu’ils avaient pour but
de générer d’énormes profits pour les entreprises et de rendre
heureuses une poignée de familles riches et influentes du pays
récipiendaire, tout en assurant la dépendance financière à long
terme et donc la loyauté politique de plusieurs gouvernements
du globe. Le montant du prêt devait être le plus gros possible.
On ne tenait nul compte du fait que le fardeau de dettes du
pays récipiendaire priverait ses plus pauvres citoyens de soins
de santé, d’éducation et d’autres services sociaux pendant des
décennies ».
2.2-
La théorie de la nécessité
Qui explique les besoins actuels de la planète et qui pose comme
fondement les échecs des gouvernements nationaux face à
l’ampleur des problèmes auxquels l’humanité doit s’attaquer ?
Nombre d’experts en sont arrivés à la conclusion que la paix, la
sécurité et le bien-être mondial ne deviendront réalité que si les
nations se rangent toutes sous la bannière d’un gouvernement
unique.
37
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
Ils mettent en avant les échecs de plusieurs initiatives comme :
- dans le Protocole de Kyoto sur la réduction de la pollution
suite au refus catégorique des grandes nations pollueuses de
réduire considérablement leurs émissions des gaz à effet de
serre ;
- dans les tentatives de stabilisation du Moyen-Orient à cause de
la divergence d’intérêts politiques et stratégiques des nations
concernées ;
- dans la lutte contre le narcotrafic notamment à cause de
l’implication des hauts fonctionnaires dans les réseaux de
trafic ;
- dans l’éradication des conflits frontaliers suite au nationalisme
grandissant qui caractérise citoyens et dirigeants des pays
belligérants ;
- dans l’élimination des conflits armés face à la prolifération des
armes et à l’opposition de certaines puissances à la mise en
place d’un traité international sur le contrôle de la circulation
des armes ;
- dans la lutte contre le terrorisme international à cause
de l’implication de certains États dans le financement et
l’organisation des groupes terroristes ;
- dans la protection des droits fondamentaux de l’Homme suite
au manque de volonté caractéristique des pays signataires des
traités pour la protection des droits humains dans la mise en
pratique de leurs engagements ;
- dans la lutte pour l’éradication des maladies suite aux limites
de la médecine et aux difficultés de financement par les États,
des vastes programmes de santé ;
- dans la lutte pour la croissance économique suite à une
tendance générale à orienter l’économie dans la consommation
sans relâche, pour ne citer que ces cas.
Les experts soutiennent qu’en dehors des quelques avancées
singulières, les communautés nationales se plantent complètement
38
La gouvernance mondiale : une solution pour l’humanité ?
face aux grandes préoccupations des citoyens et cela depuis la
naissance de l’État sous sa forme actuelle ; ils préconisent la
naissance d’un État mondial supranational qui exercera sa
domination sur toute la planète comme un premier pas dans la
résolution de tous les problèmes humains.
2.3-
Le nœud de la question
Les organisations religieuses comme les témoins de Jéhovah
soutiennent l’idée d’une gouvernance mondiale comme piste
de solution aux multiples et innombrables périls qui guettent
l’humanité. Ils rejettent cependant toute idée d’une telle
gouvernance sous la domination humaine et avancent les
multiples problèmes actuels de l’humanité comme preuve de
l’échec des gouvernements humains en se fondant sur la Bible
qui affirme que l’homme domine l’homme à son détriment.
D’autre part, les altermondialistes présentent des conditions pour
qu’un gouvernement mondial ne prenne les peuples en otage,
ils affirment ne pas être opposés à l’idée d’une gouvernance
mondiale car ils voient en celle-ci une solution inévitable aux
maux de l’humanité.
Les plus pragmatiques, entre autres les partisans de la
nécessité, eux voient dans les Nations unies, ses organes et son
fonctionnement, un bon début d’une gouvernance efficace à
l’échelle planétaire car il suffit de corriger ses imperfections et
d’orienter son action de telle manière qu’elle soit plus bénéfique
à tous les peuples.
3.
Ce qui est envisageable
Il conviendra de noter qu’entre les courants de la controverse sur
la gouvernance mondiale, aucun n’est opposé à l’émergence d’un
gouvernement universel qui étendra son pouvoir sur toute la
planète dans le but de résoudre les problèmes de l’humanité.
Compte tenu de la situation actuelle de l’humanité, les Nations
unies seraient le moyen le plus facile de parvenir à la réalisation
d’une gouvernance mondiale afin de sortir l’humanité de la
léthargie dans laquelle elle est plongée depuis bien longtemps
39
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
suite aux limites démontrées des gouvernements nationaux. Le
Comité Nobel norvégien a affirmé que « la seule voie susceptible
de conduire à la paix et à la coopération mondiales passe par les
Nations unies ». Mais pour y parvenir, il faudra que ce moyen
soit efficace et pour cela, une réforme profonde de sa structure est
nécessaire, pour éliminer ses infirmités congénitales mais aussi
pour améliorer le fonctionnement de ses organes.
Concrètement, il va falloir :
• la réforme des organes des Nations unies en accordant plus de
pouvoir à l’Assemblée Générale notamment celui de prendre
des résolutions contraignantes au détriment des pouvoirs
exorbitants du Conseil de Sécurité ;
• la réforme du Conseil de Sécurité en supprimant la règle
de permanence ainsi que le « droit de veto » au profit de la
participation tournante temporaire et égalitaire de tous les
États ;
• la suppression avec transfert immédiat aux Nations unies
de la souveraineté nationale des États du monde entier, avec
tout ce que cela implique, comme le prédisait Strobe Talbot
en 1994 dans la citation de l’introduction de cette réflexion.
Car le premier ennemi des Nations unies est le nationalisme
des États membres qui entrave bon nombre de ses efforts ;
• la suppression des armées nationales au profit d’une
police unique de défense et de sécurité sur toute la
planète pour permettre comme le disait Kofi Annan qu’un
gouvernement mondial puisse intervenir militairement dans
les affaires internes de toute nation lorsqu’il désapprouve ses
activités ;
• que les décisions des organes compétents des Nations unies
soient exécutoires pour toutes les questions d’intérêt des
peuples tels les droits humains, l’économie, l’environnement,
la santé, le travail…
• la suppression des douanes et la libre circulation des personnes
et de leurs biens ;
40
La gouvernance mondiale : une solution pour l’humanité ?
• la suppression de tous les obstacles à la paix, à l’unité et à la
cohabitation des peuples entre autres les religions et les partis
politiques ;
• la création d’une monnaie unique pour l’humanité…
• la fin de la course aux armements…
Conclusion
À la limite de l’imagination, au-delà des possibilités qui semblent
illimitées, dans la recherche des solutions aux problèmes si
nombreux dont les plus complexes touchent la vulnérabilité
écologique de la terre, les crises sociales et économiques,
l’insécurité grandissante, les droits humains bafoués, les
difficultés de la médecine face à l’aggravation des problèmes de
santé : la gouvernance mondiale, pourvu qu’elle se déroule dans
les meilleures conditions possibles au sein des Nations unies,
reste le dernier rempart humain.
Références bibliographiques
D ecamps H., « Événements climatiques extrêmes : réduire les
vulnérabilités des systèmes écologiques et sociaux », Rapport de
l’Académie des sciences sur la science et la technologie, juin 2010, no 29,
Académie des sciences, France.
Hutin S., 1972, Gouvernements invisibles et sociétés secrètes, France,
L’Aventure mystérieuse.
Les dernières nouvelles du réchauffement climatique, disponible en ligne
sur : http://www.terresacrée.org/, watch tower bible and tract society,
Réveillez-vous : le monde peut-il changer ? Juillet 2012, Kinshasa-RDC,
32 p.
Perkin J., 2004, Confessions d’un assassin financier : révélations sur la
manipulation des économies du monde par les États-Unis, Canada, IkrrettKoehler.
41
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
Service de liaison des Nations-Unies avec les Organisations non
gouvernementales, août 2008, Droit de l’homme et système des Nations
unies : des clés pour agir, CH-1211 Genève 10 Suisse, Palais des Nations,
37 p.
42
Dynamisation de l’agriculture urbaine : entre pollution et enjeu pour le développement
Tahina Lalaina Randrianantoandro
Introduction
La dynamisation de l’agriculture urbaine et périurbaine (RaschidSally et al, 2005) constitue la première source d’approvisionnement
de la capitale d’Antananarivo en matière de culture de petite taille.
Selon l’Organisation mondiale pour l’alimentation et l’agriculture
(FAO), l’agriculture urbaine et périurbaine fournissait en 2005 de
la nourriture à près de 700 millions de citadins, soit le quart de la
population urbaine mondiale (Cirad, 2006). Les agriculteurs sont
confrontés à l’évolution démographique et au développement
industriel des entreprises textiles notamment qui déversent des
effluents peu ou pas traités dans les canalisations publiques, à
un risque pour leur activité, qui augmente le remblaiement de
leurs terres ancestrales. Certains agriculteurs en tirent profit à
cause de l’insuffisance de source d’eau d’irrigation, tandis que
d’autres s’inquiètent des effets néfastes pour leur activité. Dans
la ville d’Antananarivo, l’activité agricole est très diversifiée et
sa durabilité dépend essentiellement de l’accès à l’eau, tant en
quantité qu’en qualité. Ces menaces sont fortement complexes
pour les riverains face aux impératifs de l’urbanisation et du
développement. Pourtant, l’agriculture urbaine joue un rôle
important comme un bassin tampon pendant la période de crue
et une zone de lagunage des eaux usées urbaines car les rizières
peuvent stocker une énorme quantité d’eau. Une vallée, par
exemple, peut emmagasiner jusqu’à 850 000 m3 d’eau. La ville
présente une pluriactivité agricole. Le type d’agriculture étudié
dans cet article est la riziculture dans la vaste plaine de Laniera,
située dans le nord de la ville. Ces activités occupent la plupart
des populations en tant qu’activités héritées de leurs parents ou
en tant que para-activités.
Dans la plaine de Laniera, la riziculture se heurte à des
problèmes de maîtrise d’eau liés au dysfonctionnement de
systèmes hydro-agricoles, d’où un manque d’eau d’irrigation.
Ceci conduit à l’intention des agriculteurs de se servir des eaux
usées industrielles à proximité de leur champ, pour irriguer
leurs plantations. Pour cela, les répercussions des pollutions
43
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
industrielles sur la riziculture ainsi que l’enjeu de ce type
d’activité sur l’environnement socio-économique des riverains
seront analysés. Des rizières différentes ont été choisies (RI, RII,
RIII) qui se trouvent à la graduation des sources des pollutions
pour l’évaluation de la qualité des eaux d’irrigation (Ayers et al.,
1994), les suivis du développement du plant de riz ainsi que des
analyses physico-chimiques des biomasses aériennes des plantes.
Des enquêtes ont été menées auprès des riverains.
1.
Présentation de la zone d’étude
La zone d’intervention s’étend jusqu’à 300 ha de surface
cultivable qui se divisent en plusieurs secteurs de localisation
dont la plaine de Betsimitatatra, pour les rizières dans la zone
urbaine, la plaine de Laniera dans le Nord, en zone périurbaine.
Ces zones sont appelées communément Périmètres irrigués
en rive droite (PIRD) de l’Ikopa. Les activités rizicoles sont
limitées par l’accès à l’eau dont l’insuffisance de la gestion ou
l’endommagement des réseaux hydrologiques entraîne une
mutation des pratiques agricoles.
L’accès à l’eau dans la plaine rizicole d’Antananarivo est
réglementé par l’Autorité pour la protection contre les
inondations de la plaine d’Antananarivo (APIPA) depuis 1997.
Les eaux d’irrigation sont captées de la rivière Ikopa et de
Mamba. Le rendement en riz se situe entre 1 et 4 t à l’hectare
avec un rendement moyen de 2,5 t/ha (Aubri et al., 2005), dans la
totalité de la plaine. Ces rizicultures sont en général influencées
par les pollutions urbaines dont les effluents sont acheminés vers
les canaux d’irrigation.
À Laniera, la plaine rizicole est dominée par l’agglomération
des entreprises textiles franches, spécialisées dans la confection,
le lavage de pull-overs et d’habillements, qui déversent leurs
effluents dans les réseaux hydro-agricoles ou directement dans
les rizières avoisinantes.
. 44
Ikopa est la rivière traversant la ville d’Antananarivo qui sert de point de
captage d’eau d’irrigation.
Dynamisation de l’agriculture urbaine :...
La plaine est localisée entre la latitude 18°48’40.23’’S et la
longitude 47°29’16.97’’E. Elle est caractérisée par une structure
géologique typique des hautes terres centrales de Madagascar
et se trouve à une altitude de 1 250 m. Le climat est de type
tropical d’altitude : la pluviométrie moyenne est de 1 350 mm
sur environ 126 jours de pluie. 90 % des précipitations annuelles
se concentrent durant la saison chaude (octobre à avril).
2.
Typologie du système de production
La riziculture dans la plaine d’Antananarivo est dominée par
la pratique du Vary Aloha « ou riz précoce » (Dabat et al., 2004).
Elle est pratiquée sur des petites surfaces variant de 2,5 à 6 ares,
qui sont cultivées pour la plupart par des propriétaires ; d’autres
sont concernées par le métayage. Certains agriculteurs utilisent
encore un mode de production traditionnelle (le repiquage en
foule), tandis que les autres utilisent un système de production
amélioré. En général, ils n’utilisent pas d’engrais chimiques mais
se servent de pailles enfouillées dans les rizières ou de pailles
compostées ainsi que des fumiers de ferme. Il n’y a pratiquement
pas de mécanisation intensive, mais les travaux s’effectuent
généralement à la main, du labour jusqu’au repiquage. La variété
cultivée est très diversifiée : des riz d’origine malgache appelés
Vary Gasy ou riz Malgache avec des grains rouges, des semences
améliorées ou des semences importées. Dans notre zone
d’intervention, la variété cultivée par la majorité des agriculteurs
est le Vary Chine ou riz importé de chine, reconnue à cycle court.
La méthode utilisée par les agriculteurs est généralement le
repiquage de plants âgés de plus d’un mois, avec une densité
à l’hectare assez élevée. Le riz pousse sous une lame d’eau, de
plus d’une dizaine de centimètres de hauteur, pendant tout son
cycle de développement.
Le cycle moyen de riz dans la plaine varie de 120 à 145 jours,
selon les conditions pendant les phases productives des plants : la
maîtrise d’eau, la pollution urbaine ainsi que les variétés cultivées.
La récolte s’effectue en pleine période de crue (tableau 1).
45
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
Tableau 1 : Calendrier cultural dans la plaine d’Antananarivo
J
J
A
S
O
N
D
J
F
M
A
M
Saison de pluie
Semis
Repiquage
Récolte
3.
Pédologie du secteur
D’après la classification des sols de la Commission de pédologie
et de la cartographie des sols de Madagascar (CPCS), les sols des
rizières du secteur sont des sols hydromorphes moyennement
organiques :
- la teneur en matière organique varie entre 6 et 30 % ;
- le rapport carbone/azote étant inférieur à 20, la matière
organique est bien évoluée ;
- les matières organiques évoluées sont de type anmoor ;
- le pH du sol est acide.
Les caractères hydromorphes sont dus à une évolution dominée
par l’effet d’un excès d’eau en raison d’un engorgement
permanent ou temporaire d’une partie ou de la totalité du profil.
Cet excès d’eau peut être dû, soit à la présence ou à la remontée
de la nappe phréatique, soit au manque d’infiltration des eaux
pluviales provoquant une nappe perchée ou un engorgement
de surface.
L’hydromorphie se traduit en condition anaérobiose par une
accumulation de matière organique de type tourbeux.
46
Dynamisation de l’agriculture urbaine :...
Le déversement des rejets chargés en matières en suspension et
des matières organiques dans les sols de rizières influent peu sur
la structure du sol. Les rizières plus polluées ont un caractère de
sol de type hydromorphe organique tourbeux, saturées d’eau,
rizières à tourbe profonde, constituées par des masses boueuses.
Elles sont homogènes à la surface (entre 0 à 20 cm), mais très
hétérogènes à partir de 20 cm de profondeur avec une alternance
des horizons constitués par des tourbes semi-fibreuses et des
tourbes évoluées. Le soubassement est une couche argileuse.
Le taux de matières organiques dépasse 30 %. La granulométrie
des minéraux est dominée par la présence de sable et de limon :
c’est le type de sol des rizières rencontré sur les hautes terres de
Madagascar (Hervieu, 1961).
4.
Régime hydrique dans la plaine
Une lame d’eau d’épaisseur de 5 à 15 cm est permanente dans
les rizières pendant la saison culturale car le canal de drainage
ne fonctionne pas correctement tandis que les rejets se déversent
d’une façon continue dans les zones agricoles. Les rizières
deviennent une zone d’accumulation des eaux usées domestiques
et industrielles et sont engorgées d’eau. Les effluents industriels
déversés dans les rizières ont des caractères troubles et riches en
matières en suspension qui risquent de causer des dépôts de boue
à la surface des rizières. Pour le riz de première saison, l’irrigation
se fait entre les mois d’août et septembre. La récolte s’effectue
pendant la période de crue. Un mauvais régime hydrique des
rizières peut entraîner une diminution des rendements qui est
un point vital de la riziculture aquatique. L’excès d’eau dans les
rizières modifie l’aptitude des sols à l’agriculture. Par contre, la
mise en jachère du sol de rizière peut améliorer les rendements
agricoles. L’état défaillant des réseaux d’irrigation, une mauvaise
maîtrise d’eau et l’insuffisance de fertilisation peuvent être
des facteurs qui réduisent la production en riz dans la plaine
d’Antananarivo.
. La jachère est une pratique courante pour restaurer la fertilité du sol en
zone tropicale grâce à l’amélioration des propriétés physico-chimiques du
sol et à l’accroissement des stocks de matière organique, indispensables au
développement de la microfaune et de la microflore tellurique.
47
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
5.
Répercussion de la pollution industrielle sur la
riziculture
La réutilisation de ces eaux très salines en irrigation peut avoir
des effets néfastes pour l’agriculture (Rodier, 1984 ; Ayers et al.,
1994). Pourtant le niveau de salinité de l’eau d’irrigation polluée
(CE = 513 µs/cm en moyenne) n’affecte pas directement la
riziculture dans la zone étudiée. Le seuil de tolérance moyen pour
le riz est de 3 000 µs/cm. L’effet de la salinité de l’eau d’irrigation
ne dépend pas uniquement de la teneur en sels totaux dissous,
il dépend aussi de la nature du sel (Ayers et al., 1994). Dans les
rejets et l’eau d’irrigation, une quantité notable d’ions sodium
et chlorure peuvent causer des risques importants pour les
plantes. Un taux excessif en éléments minéraux peut entraîner
un déséquilibre nutritionnel dans les plantes (figure 1). Les sels
minéraux de sodium (comme le chlorure) sont moins toxiques
qu’un sel organique (salicylate) pour la germination de la plante
(Guerrier, 1981).
L’ion sodium n’est pas mobile dans sa forme solide. Sous forme
liquide, l’hydroxyde de sodium pénètre rapidement dans le sol.
Par comparaison, un milieu contenant NaCl est plus sélectif à la
germination qu’un milieu contenant CaCl2 ou KCl (ce dernier
étant le moins nocif). Dans tous les cas, les sels agissent plus
du point de vue toxicité que du point de vue stimulation de
croissance : l’action toxique de l’anion d’accompagnement (pour
les sels organiques ou minéraux de sodium) ou des cations (pour
les sels de chlorure) est due à l’effet de la pression osmotique
(Guerrier, 1981). Les Rapports d’adsorption du sodium (SAR)
mesurés dans l’eau polluée sont faibles ; les seuils de tolérances
en SAR pour le riz se trouvent entre 18 à 46 (Anzecc, 2000). Par
contre, la salinité croissante des eaux de rizières et celle des sols
de rizières peuvent causer des déséquilibres nutritifs (Bohra et
al., 1995).
Les propriétés physico-chimiques et biologiques des sols
varient en fonction des variations d’humidité, de température,
d’activités biologiques, variations qui influencent fortement la
fertilité physique et chimique des sols. Pendant l’écoulement
48
Dynamisation de l’agriculture urbaine :...
des eaux polluées dans les canaux et dans les rizières, il y a
transfert de polluants dans les sols. Lorsque les rejets arrivent
dans les rizières, les matières en suspension sont retenues à la
surface des sols. La capacité de filtration à la surface peut poser
des problèmes de colmatage du sol lorsque la teneur en matières
en suspension est élevée. La forte concentration en matière
organique entraîne une prolifération microbienne importante.
Dans ces deux cas, la capacité de filtration du sol diminue par
bouchage des pores (Moletta, 2002). Les sols sont appauvris en
oxygène. Le taux excessif de polluants organiques dans les rejets
a des effets sur les processus naturels du milieu. Les décantables
se déposent finalement sur les sols et réduisent l’échange air-sol.
Une quantité élevée en sodium dans l’eau d’irrigation affecte
la perméabilité des sols et pose des problèmes d’infiltration.
L’augmentation de sodium échangeable dans les sols bloque la
pénétration des racines en profondeur et détériore les propriétés
mécaniques et physiques des sols (Sigala et al., 1989). On peut
voir un déséquilibre cationique en remplaçant les ions calcium et
magnésium sur le complexe absorbant du sol par l’ion sodium.
Un mauvais drainage entraîne la stagnation des eaux polluées
dans les rizières et la transformation en marais. On observe une
prolifération importante des végétaux aquatiques indésirables
telle que l’Eichhorniacrassipes (jacinthe d’eau) et des mauvaises
herbes. Ces plantes envahissantes entrent en concurrence avec
le plant de riz pendant le cycle. Ces végétaux aquatiques sont
de gros consommateurs d’oxygène. Ils asphyxient les milieux
et ralentissent les activités biologiques. Le manque d’oxygène
dans le sol peut entraîner la formation d’une tourbe. Les sols de
rizière autour des usines deviennent une tourbe fibreuse avec
présence de matières organiques en voie de développement.
D’après Dommergues (1970), la submersion prolongée ainsi que
l’acidité du sol (pH = 4,5 à 5) ralentissent les activités biologiques
et favorisent la formation d’une tourbe.
Les suivis des différentes phases productives des plants de riz
(tableau 3) montrent un allongement du cycle repiquage-tallage
et floraison-maturation pour le riz dans les zones plus proches de
la source de pollution. Le nombre de touffes au mètre carré est
49
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
moins élevé alors que le nombre de panicules est plus élevé par
rapport aux autres rizières. On observe une favorable formation
de panicules, mais le taux de remplissage de grains est faible
(62,4 %). On a beaucoup d’épis vides. La production de grains
est insuffisante d’où un rendement moins élevé (tableau 4).
Les analyses des mobilisations des éléments minéraux dans les
parties aériennes du riz montrent qu’on a des accumulations
différentes des éléments au niveau des plantes (Abbas et al.,
2007). Les résultats (figure 1) révèlent que la majeure partie du
phosphore et de l’azote absorbée par le riz se trouve au niveau
du grain. Plus de 50 % s’y accumulent et le reste se trouve
dans les pailles. Par contre, la majeure partie de potassium et
de calcium absorbée se trouve dans la paille (plus de 90 % de
potassium absorbé et plus de 95 % de calcium absorbé). Une
quantité importante de magnésium et de sodium participe à la
formation des grains.
Tableau 2 : Flux des minéraux générés par les effluents industriels
Paramètre
50
Flux
Potassium
6,4
kg/jour
Sodium
2,1
kg/jour
calcium
1,2
kg/jour
Sulfates
560
g/jour
Nitrates
102
g/jour
Chlorures
340
g/jour
Magnésium
136
g/jour
Phosphore total
92
g/jour
Fer total
48
g/jour
Dynamisation de l’agriculture urbaine :...
Tableau 3 : Durée des différents stades
végétatifs des plants de riz
Tableau 4 : Production en riz
dans la zone d’étude
RI RII
Localisation Rendement3
en paddy
(t/ha)
RIII
Repiquage-tallage 86 81 80
Tallage-floraison
25
28
Zone plus proche
(RI) 1,1
28
Floraison-maturation 29 25 25
Zone inter-médiaire
(RII) 1,9
Total 147 134 133
Zone éloignée
(RIII) 2,58
Rizière I
Rizière III
100
100
80
80
60
%
n
e
40
20
60
40
20
0
0
N
P
K
Grain de riz
Ca
Mg
Na
N
Paille de riz
P
K
Grain de riz
Ca
Mg
Na
Paille de riz
Rizière II
100
80
% 60
n
e 40
20
0
N
P
K
Grain de riz
Ca
Mg
Na
Paille de riz
Figure 1 : Mobilisation des éléments minéraux dans les plantes de riz
.
Méthode de Moreau (1987).
51
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
6.
L’industrie : une source de développement de la population locale
Malgré les impacts négatifs des industries, de nombreuses
personnes tirent profit de l’implantation des entreprises franches
au sein de la zone industrielle. D’après les enquêtes menées
auprès d’un échantillon d’habitants de la commune, 35 %
déclarent obtenir des avantages, de façon directe ou indirecte,
de par les emplois dispensés dans lesdites entreprises. En effet,
au moins une personne par ménage travaille dans les zones
franches. Avec une rémunération mensuelle variant de 65 000
à 118 500 Ar (soit de 23,21 à 42,32 euros), les salariés pourront
désormais contribuer aux dépenses financières de leurs familles
respectives. Ainsi, le revenu des employés permet d’alléger, en
partie, les soucis financiers, souvent redoutés par la plupart de
la population. En outre, une réduction significative du taux de
chômage est remarquable, notamment auprès des jeunes dont
l’âge moyen est de 22 ans.
Quant à la commune, elle peut collecter des fonds grâce au
paiement de taxe annuelle sur l’environnement par chaque
entreprise. L’argent recueilli servira à améliorer les infrastructures
communales : bitumage des rues, entretien des centres de santé de
base. La présence de la zone industrielle permet à la population
riveraine l’accès à l’énergie électrique et à l’eau potable.
7.
La riziculture en situation de subsistance
La réglementation de la commune prévoit les risques causés par
l’implantation de la zone industrielle à proximité d’une zone
agricole. Elle impose une taxe environnementale de 35 euros par
an par usine. Cette taxe permet à la commune d’entretenir des
infrastructures publiques. L’autorité locale exige la construction
d’un bassin de traitement pour chacune des usines. Pourtant,
les populations riveraines redoutent les nuisances causées
par celles-ci. Les rejets sortant de l’égout commun sont encore
pollués. Les effluents sont colorés et ont une forte odeur. Le
manque d’entretien des canaux entraîne un déversement des
eaux polluées dans les rizières. Par ailleurs, il arrive parfois que
52
Dynamisation de l’agriculture urbaine :...
même si les industriels disposent d’un bassin de décantation ou
de dispositifs de traitement pour les rejets, par souci d’économie
ou par recherche d’un profit maximum, ils se débarrassent des
effluents dans les rizières la nuit et les jours fériés. Lorsque les
rizières ne sont plus rentables pour les agriculteurs, ils s’adonnent
à la briqueterie et lorsque les sols ne sont plus exploitables, les
industriels achètent les terrains à bas prix, et procèdent à une
extension de leurs entreprises. Le remblaiement de la plaine est
autorisé à un coût très bas à raison de 0,20 euro par mètre cube
de terre. Depuis l’installation des usines, les surfaces agricoles
dans la commune diminuent progressivement au profit d’une
nouvelle exploitation industrielle. Depuis une dizaine d’années,
5,6 % des rizières ont disparu et se sont transformées en zone
marécageuse ou en bâtiments.
Conclusion
Cet article propose une réflexion collective sur la durabilité
des agricultures urbaines et périurbaines liée à la pollution des
sols due à l’épandage des eaux usées industrielles. Les rizières
autour des usines ont rencontré des problèmes de pollution.
Depuis l’installation des usines, les agriculteurs abandonnent
progressivement les rizières et s’orientent vers la briqueterie.
Les terres agricoles ne sont pas propices à l’agriculture. Les
surfaces agricoles diminuent et cèdent la place aux installations
industrielles. Au vu de cette étude, nous alertons les autorités
sur la sécurisation relative des espaces rendues vulnérables par
la pollution industrielle : la protection des surfaces agricoles et
l’usage de l’eau en irrigation. Ces types d’agriculture contribuent
à l’autosuffisance alimentaire pour la population locale car ils
représentent 12 à 18 % de la consommation dans l’agglomération
d’Antananarivo. Il faut valoriser l’agriculture, face aux menaces
de pollution et de croissance démographique, parce que la
riziculture occupe près de 80 % des paysans malgaches et
représente 40 % du PIB agricole. L’agriculture urbaine, une
conjoncture généralisée dans les pays en développement, est
un contexte sans beaucoup de visibilité sur le long terme.
Elle est également soumise à deux situations contradictoires :
la mauvaise gestion spatiale et l’objectif de développement,
53
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
notamment le développement industriel et l’urbanisation. Les
observateurs locaux mettent en cause la question de la durabilité
de cette agriculture. C’est pourquoi l’approche scientifique
de l’étude des incidences du développement industriel sur la
riziculture, une activité potentielle à Madagascar, est mise en
valeur. Il s’agit d’une question préoccupante du gouvernement
dont l’objectif est l’autosuffisance en riz dans le but de minimiser
l’importation des pays de l’Est, Asie et Pakistan. Des regards
mixtes et conjugués, organisationnels et scientifiques, sont posés
sur la protection de ce type d’agriculture qui présente des atouts
en matière d’alimentation et d’approvisionnement des milieux
urbains. Cela nécessite une gouvernance globale car l’objectif
n’est pas seulement de les protéger mais aussi de les maintenir
de manière durable.
En outre, pour assurer une meilleure production dans la plaine
d’Antananarivo, la vulgarisation actuelle du Système de
riziculture intensive (SRI), c’est-à-dire la pratique de repiquage
de plants de 8 jours associé à une bonne maîtrise d’eau, pourrait
améliorer le rendement en riz allant de 6 à 10 t/ha.
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Dynamisation de l’agriculture urbaine :...
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55
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
56
Défis pour un réel développement : cas de l’Afrique
Ezéchiel NDAYIZEYE
Introduction
S’il y a une vérité que la nouvelle génération africaine doit
prendre au sérieux, c’est qu’il n’y a pas de développement sans
individus doués d’une intelligence capable de créer. Partout
où on a vu la naissance de nouvelles infrastructures, la montée
des usines, l’apparition de nouveaux moyens technologiques
avancés, l’introduction d’un nouveau produit sur le marché ou la
création des plates-formes pour la protection et la sauvegarde de
l’environnement, c’était toujours le résultat escompté de la longue
réflexion d’une personne ou d’un groupe de personnes.
L’échec économique, environnemental ou culturel est toujours
lié à une carence des capacités intellectuelles ou tout simplement
à l’absence d’hommes éveillés. Une société sans philosophes
éclairés ne peut connaître son rayonnement. Il faut toujours
l’intelligence de l’homme pour toute innovation.
La vérité est que tous les hommes qui ont été à la base d’une
création ou d’une invention avaient en commun un secret : le
pouvoir de l’imagination. Ils rêvaient d’accomplir et faire avancer
les choses, d’améliorer la condition de vie de leurs compatriotes,
etc. Un rêve ou un ardent désir a toujours été à la base de tout.
Nul n’ignore que tous ces rêveurs (inventeurs) détenaient des
connaissances dans des domaines précis et bien ciblés.
1.
Loi du ventre
En Afrique, depuis que le principe de l’égocentrisme a conquis
les esprits suite à un long processus d’endoctrinement, même
les jeunes ne rêvent plus. Ils sont imbus de l’esprit de facilité
et prennent l’Occident pour un Eldorado. Ils veulent quitter à
tout prix le sol africain avec l’espoir de se réinventer dans un
monde où la vie semble vivable. Ceux qui n’ont pas les moyens
pour s’enfuir, courent toujours vers le marché pour s’approprier
tout ce qui porte l’étiquette de nouveauté. Le pire est qu’ils
n’arrivent pas à réaliser que les choses qu’ils recherchent ont
été créées ou inventées par les hommes. Pourquoi donc ne pas
rêver d’« inventer » ces choses sur le sol africain ou être initiateur
57
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
d’une vie heureuse et ensoleillée par de nouvelles inventions
africaines ? Pourquoi une telle absence de sensibilité envers
les questions en rapport avec la croissance économique et la
sauvegarde de la biodiversité ? Pourquoi n’ont-ils pas en eux
cette ardeur de concevoir des choses, cette noble fierté d’être
auteur, inventeur ou pionnier, etc. ?
Les raisons sont multiples : il y a la fuite incessante des cerveaux et
une école qui n’est pas adaptée aux besoins urgents du continent
noir. C’est ce qui entraîne l’absence de cadres compétents et
permanents sur le sol africain. Les gens sont préparés à être des
employés de bureaux et non des créateurs d’emplois. C’est ce que
j’appelle le « génocide intellectuel ». Les initiatives dynamiques
visant la relance économique, la protection de l’environnement
sont rares sur le continent le plus riche du monde. Même ceux
qui osent faire quelque chose sont toujours enclins à s’incliner
devant l’influence occidentale. L’Afrique se réveillera-t-elle un
jour ?
Pour ce faire, révolutionner les systèmes éducatifs et développer
la culture de l’excellence dans la mentalité des jeunes gens
s’avère inévitable. L’Afrique pourrait évoluer sérieusement
si les programmes scolaires étaient adaptés d’une part, à un
environnement favorable à l’épanouissement intellectuel et
culturel de l’enfant et d’autre part, à un esprit critique qui lui
permettrait de s’ouvrir rationnellement aux autres espaces
culturels. Dans le but d’assurer une meilleure sensibilisation, une
génération d’artistes doit se lever bénévolement pour éclairer à
travers leurs œuvres ceux qui pensent que l’Afrique est pauvre.
La vérité est que l’Afrique n’a jamais été pauvre. Le fait que les
Occidentaux et les Asiatiques viennent se ressourcer en Afrique,
et non l’inverse, pour faire fonctionner leurs usines constitue une
preuve incontournable de sa richesse. Les difficultés majeures
auxquelles se heurte actuellement le continent africain sont
indéniablement liées à une question d’endoctrinement car le vrai
génocide consiste à étouffer l’imagination d’un être humain.
58
Défis pour un réel développement : cas de l’Afrique
2.
Endoctrinement
C’est une question d’endoctrinement dans le sens où beaucoup
d’Africains sont amenés inconsciemment à nier que les sables
mouvants de l’incapacité dans lesquels pataugent actuellement
certains pays africains ne soient pas le résultat escompté d’un
plan des colonisateurs : un système colonial intelligemment
conçu pour assujettir le peuple dit « non civilisé ». Pourtant,
personne n’ignore qu’en 1884 à Berlin, une cohorte de pays
ambitieux s’est permise de prendre en main le destin de tout
un continent. Le fameux « Partage de l’Afrique » que l’histoire
africaine révèle devrait amener tout individu intéressé par le
rayonnement de l’Afrique à réfléchir. Celui qui n’a pas encore eu
l’occasion d’analyser l’un des discours que le roi belge Léopold II
a prononcé en s’adressant aux missionnaires qui allaient envahir
l’Afrique spécialement le Congo, ne pourra jamais comprendre
ce qui est à la cause de l’instabilité incessante en Afrique. En
réalité, il faut être ignorant pour continuer à croire que la
colonisation avait une mission civilisatrice en Afrique. Le but
de la colonisation n’a jamais été celui de « civiliser » mais de
maintenir « en captivité » l’identité du colonisé, de lui confisquer
sa personnalité pour l’exploiter.
« Civiliser » et « coloniser » sont deux concepts antithétiques
qui ne peuvent cohabiter ensemble. Le sens de l’un condamne
celui de l’autre. Pire ! Cette colonisation porte déjà un nouveau
costume. C’est vrai, les anciennes puissances coloniales ne parlent
plus ouvertement de l’esclavage, elles parlent actuellement de
« l’immigration choisie ». L’école coloniale avait pour ambition
de réduire le savoir-faire africain à la simple tâche d’un suiveur.
C’est le mythe du diplôme. On ne met plus l’accent sur les
connaissances, mais sur le papier-diplôme. En Afrique, ce qui
compte, c’est le diplôme, car un « diplôme » = « salaire » donc une
vie sécurisée. Voici le secret le mieux gardé du néocolonialisme :
former des demandeurs d’emplois ou des fonctionnaires.
Autre réalité. La mort ou pour bien dire – l’élimination
systématique – des pères des indépendances ou pionniers de
l’unité africaine, reste une voix criarde et un incontestable signe
59
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
révélateur de l’intention du colonisateur. Jusqu’à aujourd’hui,
tous ceux qui osent parler avec conviction de la liberté en
Afrique (surtout politique et économique) sont combattus
comme la peste. L’Afrique souveraine, libre et unie dérangerait
certainement l’Occident. C’est normal car c’est elle « la vraie
mère » qui donne toujours le lait de qualité.
3.
Le Burundi, pays de l’Afrique de l’Est
Un exemple typique est celui du Burundi. Le prince Louis
Rwagasore, le héros national de l’indépendance, avait un
programme riche en initiatives : création des coopératives pour
initier le peuple « murundi » à l’épargne, favoriser la culture
des plantes vivrières pour la lutte contre la faim à la place
des plantes industrielles qui étaient destinées à l’exportation,
construction des écoles pour la préparation de futurs cadres,
susciter la fierté nationale en interpellant tous les « barundi » à
s’unir et à enterrer le passé d’un peuple colonisé. Il était prêt à
s’engager dans la coopération internationale. Son parti politique
avait des conflits avec l’opposition qui était encouragée par les
puissances coloniales. La Belgique ne voulait pas voir le Parti
Uprona au pouvoir. Le Prince Louis Rwagasore prônait une
indépendance immédiate. Malgré ses opposants farouches,
il a fini par remporter les élections. Mais à une année de la
proclamation de l’indépendance du Burundi (le 1er juillet 1962),
il a été assassiné avec son entourage, compagnons de lutte (les
vrais grands cerveaux de l’époque). Depuis cette élimination bien
programmée, l’instabilité s’est installée dans tout le pays. Tueries
sur tueries, massacres, coups d’État, etc. Pour le colonisateur, la
mission était gagnée d’avance. Les massacres historiques de 1972
et 1994 ont emporté des intellectuels de gros calibres. Toujours
des tueries bien planifiées. C’est maintenant que le Burundi
commence à se relever tant bien que mal. Quel retard ?
Voyez-vous, l’Africain a été conduit à ignorer les causes de son
état d’esclave, de sous-homme et à s’en prendre aveuglément
aux prétendus bienfaits de la colonisation. La seule chose dont
l’humain a besoin pour son bien-être véritable, c’est l’éducation
60
Défis pour un réel développement : cas de l’Afrique
qui vise à faire de lui un vrai créateur et non un simple
consommateur.
Il est donc impérieux que la conscience africaine soit secouée,
réveillée, et pour qu’elle en vienne à être éclairée par la lumière de
la véritable raison de l’existence humaine sur terre. Je crois que le
maître, ce n’est pas celui qui conduit l’automobile, c’est celui qui
la construit. Le maître, ce n’est pas celui qui raconte l’histoire des
grands hommes, c’est celui qui devient grand homme et qui laisse
aux autres raconter ses exploits. Aucun peuple n’a le monopole
de la créativité ! Beaucoup d’Africains pensent toujours aux
diplômes. Certains même sont prêts à tuer mais ignorent qu’aux
âmes bien nourries, le succès ne demande pas un diplôme.
Ousmane Sembene, Thomas Edison, Bill Gates, Abraham Lincoln
et tant d’autres autodidactes en diraient beaucoup.
C’est donc évident que ce qui se passe en Afrique n’est pas
du tout le fruit du hasard. Sans décourager donc cet homicide
culturel et intellectuel, ce lavage de cerveau perpétuel à travers les
écoles, l’Afrique ne pourra pas s’en sortir. La réalité est que pour
qu’un pays africain se développe, il faut toujours l’intervention
de l’Occident ou du reste du monde. Quand on parle d’un
intellectuel africain, c’est toujours le silence qui s’impose parce
que justement on n’est pas sûr qu’il en soit vraiment un. « Les vrais
intellectuels » n’ont même pas la force nécessaire pour pouvoir
s’imposer. Ceux qui osent lever la tête pour protester finissent par
creuser leur propre tombe. Qu’est-ce qu’il faut pour empêcher
cela ? Il faut l’existence d’un si grand nombre d’intellectuels de
qualité et de vrais patriotes. L’Afrique doit accepter de payer
cher pour permettre d’abord que les grands cerveaux africains de
la diaspora rentrent en toute sécurité. Ensuite, elle doit investir
beaucoup dans l’éducation en valorisant les valeurs africaines.
S’il faut importer des professeurs de qualité, il faut le faire. Ce
qui manque à l’Afrique, ce n’est pas l’argent. Non ! Ce sont
les cerveaux remplis de vraies connaissances et des personnes
de bonne volonté. Quand une personne est bien préparée, la
bonne volonté s’invite. L’Afrique doit cesser de copier bêtement
tout ce qui lui vient de l’étranger, et chercher plutôt à ériger
une nouvelle civilisation africaine fondée sur des principes et
61
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
valeurs de l’intégrité, de l’excellence, de l’entrepreneuriat et de
l’honnêteté. Elle doit apprendre à s’approprier sagement ce qui
lui vient de l’extérieur sans toutefois porter atteinte à ce qu’elle
a comme valeur.
4.
Développement économique du continent noir
Combattre la pauvreté (système de pensée) en Afrique en
mobilisant tous les moyens possibles pour que tous les pays
africains atteignent un niveau financièrement stable pour
échapper à la marginalisation dans le contexte établi par les
enjeux mondiaux, est un défi majeur que chaque État africain
doit relever. Oser dire « non » aux aides qui ont étouffé
l’imagination africaine depuis des siècles est pour l’Afrique, non
seulement une façon de se mettre sur la voie d’une croissance
réelle et dynamique, mais aussi une opportunité de libérer son
potentiel pour un développement durable. Et son ouverture
à la coopération participative sera une arme redoutable pour
freiner toute influence monétaire qui asservirait l’africain en le
transformant en consommateur ou en assisté. La théorie selon
laquelle l’africain serait trop pauvre pour épargner est encore
d’actualité.
En Afrique, l’épargne et la création d’entreprise sont des notions
qui n’ont pas encore trouvé leur juste place dans la mentalité
africaine. Pour réussir son intégration dans la mondialisation,
l’Afrique doit avancer avec une conscience explicite des enjeux
mondiaux sans toutefois piétiner les réalités africaines. L’épargne
en fait partie.
L’épargne doit être le résultat d’une réelle activité économique et
non de ces aides occidentales qui viennent toujours engloutir tout
effort lié à la productivité. L’Africain dans sa mentalité consomme
tout son revenu et s’attend toujours à ce que l’occident lui
accorde des aides pour survivre. Et dans cette folie des dépenses
déraisonnables, il cherchera à tout prix à emboîter le style de
vie luxueux de l’homme occidental. C’est ce qui pousse certains
pays à s’endetter pour finalement donner l’image fausse d’une
expansion économique rapide qui n’est pas du tout le fruit des
profits réalisés au cours d’une sérieuse activité économique.
62
Défis pour un réel développement : cas de l’Afrique
Les États africains doivent encourager toute initiative visant
la création des entreprises agroalimentaires, industrielles et
commerciales, l’implantation des microfinances, etc. Ils doivent
aussi manifester leur soutien envers le secteur privé et établir une
politique économique qui répond aux normes internationales. La
hausse des salaires et des prix agricoles doit suivre un processus
qui a un rapport considérable avec la qualité du travail ou des
services rendus.
5.
Développement environnemental
Nul n’ignore que le développement environnemental fait
toujours appel à la protection de la biodiversité. L’Afrique
est un réservoir riche en réserves naturelles. La ressource
fossile y est en abondance et tant à s’épuiser petit à petit.
C’est pour cette raison que les Africains doivent s’engager
dans la consommation rationnelle de l’énergie. Décourager la
dégradation de l’environnement par l’homme est une bataille
que les gouvernements doivent mener à bien. Le déboisement
illégal et l’exploitation excessive de l’énergie d’origine fossile
présentent toujours des conséquences néfastes à la planète terre.
Le changement climatique est l’une des conséquences visibles.
Pour pallier à cette problématique, il faudra chercher à donner
naissance à une nouvelle source d’énergie. La plus prometteuse
à long terme est l’énergie solaire. Du soleil, l’Afrique en dispose.
Il est notoire que les radiations solaires, une fois recueillies,
pourront fournir d’énormes quantités d’électricité, ce qui rendrait
faible l’utilisation du charbon ou du pétrole qui représentent
une source dangereuse de bouleversement climatique. La
canalisation des eaux usées, le recyclage des produits en plastique
et le reboisement périodique des forets exploités doivent figurer
aussi dans l’agenda des priorités au sein des gouvernements
africains.
6.
Lutte contre la corruption
Qu’il s’agisse de blanchiment d’argent, de détournement des
fonds ou matériels publics, de favoritisme dans l’attribution
des marchés ou de pots-de-vin versés à des représentants
63
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
d’institutions publiques pour obtenir des faveurs imméritées,
on entend toujours la même chose : corruption. Et s’il y a des
choses qui freinent le rayonnement de l’Afrique dans tous les
secteurs (économique, social, politique, environnemental), la
corruption vient en première position. Elle ne constitue pas
seulement une entrave à la stabilité économique des pays en
développement, mais aussi elle participe à la dégradation des
valeurs démocratiques et éthiques de la bonne gouvernance
en ruinant le développement durable et l’État de droit. Les
institutions étatiques ou privées ayant dans leurs attributions des
programmes spéciaux de lutte contre la pauvreté, la protection
de l’environnement ou la relance de l’investissement subissent
des répercussions générationnelles négatives de la corruption.
Pour se développer, les pays africains doivent s’unir pour
combattre sérieusement la corruption. Depuis des décennies,
ils sont toujours dans la catégorie des pays « en voie de
développement ». Toujours en voie de développement tout
simplement parce que la corruption handicape l’efficacité
sur le plan économique, culturel et politique, et entraîne un
dysfonctionnement dans la mise en application des projets de
développement d’où le ralentissement de la course économique
africaine.
La corruption est un obstacle majeur à tout développement. Elle
altère les dépenses publiques et décourage l’investissement dans
les domaines clés. Elle contribue également à la malveillante
utilisation des ressources naturelles. Dans plusieurs pays
africains, c’est elle qui est à la base du trafic de drogue, d’armes
et des êtres humains. Le gaspillage des aides internationales
au développement injectées en Afrique est une conséquence
indéniable de l’existence de la corruption.
Pour éradiquer la corruption, il doit y avoir la création de
fortes institutions indépendantes et impartiales chargées de
sanctionner toute personne corrompue. Elles doivent aussi être
capables d’informer le peuple sur les conséquences négatives
de la corruption en montrant comment marginaliser à tout prix
cette pratique malhonnête.
64
Défis pour un réel développement : cas de l’Afrique
Un exemple typique à imiter : « Abacha a été le dictateur
militaire du Nigeria de novembre 1993 jusqu’à son décès en
juin 1998. Selon des sources gouvernementales postérieures à
Abacha, environ 4 milliards de dollars en avoirs étrangers ont
été retracés jusqu’à Abacha, sa famille et ses collaborateurs. À
l’automne 1999, la Suisse est devenue le premier pays à bloquer
les avoirs d’Abacha. En plus de la Suisse, d’autres pays ont reçu
les demandes d’entraide judiciaire du Nigeria, entre autres le
Royaume-Uni, le Luxemburg, le Liechtenstein, et les îles anglonormandes. Dans ces pays également, des montants d’argent
importants ont été bloqués. En 2005, un montant de 458 millions
de $US sur les 505 millions de $US des avoirs d’Abacha qui
avaient été gelés en Suisse a été finalement remis au Nigeria.
Un montant de 40 millions de $US est jusqu’alors resté gelé en
Suisse car, selon la Cour suprême fédérale, l’origine criminelle
de cet argent n’a pas pu être prouvée ; 7 millions de $US seront
transférés sur un compte fiduciaire bloqué au Nigeria. Le Nigeria
prévoit d’utiliser les avoirs restitués pour financer divers projets
de développement ».
C’est un exemple qui montre comment un pays peut mener des
enquêtes pour retrouver des sommes importantes disparues dans
le temps et qui auraient pu servir au développement. Que tous les
pays africains le comprennent : il n’y a pas de réel développement
durable dans un pays qui est rongé par la corruption.
Conclusion
L’Afrique doit mettre un point d’honneur sur le développement
de chaque citoyen à travers l’éducation et l’enseignement.
Aujourd’hui, le monde se globalise, et partout la mondialisation
est d’actualité. L’Afrique ne pourra pas y échapper. Compte tenu
de cette réalité cruciale, l’Afrique doit se préparer à entrer dans
cette course mondiale avec un peuple qui sera en mesure de
s’intégrer facilement au sein de la communauté internationale.
Il n’est plus question de faire semblant de travailler, il faut une
vraie révolution au sein des systèmes éducatifs africains.
L’éducation jouera le rôle de rendre possible l’intégration de
l’homme Africain au sein de la communauté internationale et
65
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
l’adaptation individuelle qui impliquera l’idée de la communauté
au sein du milieu social dans lequel il vit en tant que citoyen. Elle
s’inspirera des valeurs sociales, de l’histoire des anciens grands
hommes, des aspirations de l’homme en tant qu’être pensant et
de l’environnement social dans sa globalité. Le travail le plus
indispensable sera de rendre social l’individu, cela signifie tout
simplement que l’éducation visera l’initiation de l’homme en tant
qu’être social à toutes les formes de pensée, aux différents styles
de vie, à la tradition existentielle de la société dans laquelle il
vit. C’est après cette intégration liée à son histoire que l’homme
pourra définir et affermir son identité d’être humain qui est
appelé à cohabiter avec le reste du monde.
Le but de l’enseignement, quant à lui, consistera à assurer une
sérieuse préparation intellectuelle de l’homme à sa future carrière
professionnelle en mettant à sa disposition des connaissances
indispensables pour pouvoir affronter son avenir avec une
mentalité de producteur. L’enseignement veillera à ce que les
valeurs culturelles et intellectuelles qui donnent accès à une vie
active et suscitent l’esprit de créativité soient disponibles pour
les nécessiteux ou futurs cadres.
Développer l’intelligence de l’homme en mettant en valeur le
pouvoir de l’imagination, remplir la mémoire de jeunes gens de
connaissances véritables qui répondent aux besoins auxquels ils
sont confrontés et inculquer en eux le goût de l’effort intellectuel
et le réflexe de vrais amoureux du travail, resteront « les trois
priorités inévitables ». La négligence de ces trois priorités a
toujours été la cause de l’instabilité du continent noir. Élever
le niveau culturel et intellectuel d’un peuple, mettre un accent
sur la consolidation des relations sociales et économiques d’un
pays est le remède le plus adéquat pour la préparation des futurs
cadres compétents, capables de donner naissance au véritable
développement économique et au rayonnement social d’un
pays.
Somme toute, l’école dont l’Afrique a besoin est celle qui
dispense, sans favoritisme, une éducation non erronée et
qui se concentre sur un enseignement de qualité et non
illusoire dont la seule ambition est de rendre l’apprenti apte à
66
Défis pour un réel développement : cas de l’Afrique
s’épanouir intellectuellement pour une carrière professionnelle
florissante (nationale ou internationale), sécuriser sa survie sur
terre en préservant l’environnement à travers les différentes
initiatives de protection s’apprêtant à diminuer les risques
liés au changement climatique et participer volontairement au
développement économique et social dans son pays. Quant aux
États africains, agir ensemble en communautés dynamiques ou
se regrouper au sein des plates-formes de dimension régionale
est un remède efficace pour le réel développement économique
et environnemental du continent. La consolidation de l’Union
africaine devrait être une préoccupation authentique des États
membres pour permettre aux différents opérateurs économiques
ou investisseurs de participer pleinement à l’expansion de la
jeune économie africaine.
Références bibliographiques
Dell G., 2006, Les Conventions contre la corruption en Afrique, Transparency
International.
Fokam P. K., 2003, Et si l’Afrique se réveillait ?, Maisonneuve et Larose.
Gueye A., 2009, L’Afrique qui ose, Groupe Afrique Challenge.
67
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
68
Le destin commun peut-il favoriser l’application des
politiques de développement durable ?
Dieudonné Patrick ATOUDA BEYALA
Introduction
L’action de l’homme est à l’origine des crises politiques,
sociales, environnementales, et économiques qui entravent
l’épanouissement des peuples et hypothèquent l’avenir de
la planète entière. Plusieurs indicateurs sont au rouge et
illustrent la gravité de la responsabilité et l’impact de l’homme
sur la dégradation de son environnement. Une démographie
galopante et exponentielle mais inadéquate à la disponibilité des
ressources ; des crises économiques et financières ; des conflits
armés ; des inégalités encore plus profondes ; une planète qui
se réchauffe davantage avec les conséquences sur le climat et la
vie, la diminution des ressources énergétiques, la rareté de l’eau,
etc. Une panoplie de défis qui interpellent l’humanité malgré
de beaux discours, des résolutions et des sommets à l’échelle
planétaire.
Vingt-cinq ans après la consécration officielle du concept de
développement durable dans le rapport de la commission
Brundtland à la Commission mondiale sur l’environnement
et le développement, on peut établir un bilan optimiste mitigé
et se dire comme Karl Falkenberg : « Nous avons trop parlé, et
insuffisamment agi ». Basé sur l’équilibre du triptyque économiesocial-environnement, le principe du développement durable
est resté apathique pour des intérêts individuels, davantage
économiques, de prestige et de leadership au détriment des effets
sur les autres par l’interconnectivité de la planète qui nous lie vers
un destin commun. Le développement durable a le mérite d’avoir
pu rallier à sa cause une fédération de concepts après plusieurs
années de conflits inutiles (écologistes, altermondialistes,
libéraux, etc.). Pour une implémentation effective et globale du
concept, les Nations unies, à travers la Conférence des Nations
unies pour l’environnement et le développement, ont réussi à
faire adopter à près de 182 pays un programme global d’actions
à mettre en place par les gouvernements et les institutions
de développement. Ce programme baptisé Agenda 21 est la
véritable feuille de route des gouvernants pour le développement
69
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
durable. De grands sommets comme le plus récent Rio+20 se sont
jusqu’ici régulièrement tenus pour des réflexions sur le sujet. Des
résolutions intelligentes et pertinentes y ont été prononcées et des
solutions durables et crédibles définies. Cependant l’absence de
mesures contraignantes, l’absence d’une gouvernance universelle
à vitesse égale par tous les acteurs, à une passivité des résolutions
non contraignantes demeurent les écueils pour une véritable
atteinte des objectifs du développement durable.
Vingt ans après les rencontres du Sommet de Rio, les promesses
sont toujours attendues. La sensibilisation et l’information sur
les enjeux et les défis communs d’une nouvelle manière de
penser le développement et de le pratiquer sont un fait unanime
qui a bousculé les doctrines conservatrices des sceptiques.
Cependant, pour satisfaire des égos de leadership économique
ou pour protéger la croissance économique et le bien-être de
leurs populations, certains pays – parmi les plus puissants – à
travers leurs gouvernants ne se plient pas aux exigences du
développement durable ou aux résolutions des accords. On serait
tenté de s’interroger sur l’effectivité de la dégradation réelle de
la planète. Pourtant des travaux du prix Nobel de la Paix, le
Président Al Gore où les éléments collectés par WWF (World
Wide Fund) et publiés dans le Rapport Planète Vivante 2010,
insistent sur l’avancement de la dégradation de la planète. Il est
donc légitime de faire un état des lieux et d’analyser les enjeux
et les défis que pose la gouvernance mondiale sous l’angle du
triptyque économique, social et environnemental.
1.
Enjeux et défis économiques
Vingt ans après l’engagement pris à Rio par les États, la crise
économique qui secoue le monde est comparable à celle qui
précéda la seconde guerre mondiale entre 1929 et 1939. Les
dysfonctionnements de ce modèle économique qui subit un
clash remettent en question cette forme même d’économie
basée sur le marché et la spéculation. L’évolution de l’économie
d’un pays a connu une mutation : basée sur la production à
outrance et la croissance (PIB, PNB) elle passe à une économie
de marché basée sur les échanges. Il faut rappeler le volet
70
Le destin commun peut-il favoriser l’application des politiques...
social introduit à la mesure de l’économie par le Programme
des Nations unies pour le développement (PNUD) en 1990
avec l’indice de développement humain (IDH). Les économies
occidentales, hormis quelques exceptions comme l’Allemagne
sont soit agonisantes, soit en réanimation (Espagne, Portugal,
Italie, Grèce, etc.). Le marché de la finance qui est, quant à lui,
le reflet d’une économie monétaire est au bord du gouffre ; le
modèle libéral à outrance affiche ses limites et certains pays ont
dû se déroger des principes de l’initiative privée en pratiquant
un protectionnisme étatique en finançant avec les fonds publics
les entreprises essoufflées (cas de certaines multinationales). La
spéculation est à dénoncer et les scandales de grosses banques et
de traders (l’affaire Kerviel et Société Générale en France, l’affaire
Maddoff aux États-Unis) l’illustrent. La classe moyenne s’est
rétrécie créant un gap important entre les deux extrémités de
classes sociales. Le chômage endémique synonyme de la précarité
et de la paupérisation prend des proportions considérables tandis
que les plus riches ou les patrons s’enrichissent davantage. La
donne économique mondiale a changé laissant cours à un nouvel
ordre mondial. Plusieurs pays du Sud (dans la géographie
économique le Nord représente les pays riches et le Sud les pays
pauvres) souffrent d’une dévaluation économique très sévère
qui leur a fait perdre de leur souveraineté. À cause de cette
récession économique, ils (certains pays du Sud) ont proclamé
une politique d’austérité drastique croulant les populations
sous le poids de la dette du Fonds monétaire international (FMI)
ou de la Banque mondiale ; des institutions de Bretton Woods
symboles de la gouvernance supra étatique de l’économie et
de la finance. Les manquements de ces institutions à travers
les politiques d’ajustements structurels inadéquats au contexte
remettent en question la gouvernance mondiale d’une économie
durable. Cependant, des pays dits émergents ont connu un essor
économique fulgurant et un développement économique soutenu
en sortant du carcan conventionnel d’un modèle universel. C’est
le cas des Dragons de l’Asie (Singapour, Malaisie, Thaïlande)
ou du BRIC (Afrique du Sud, Brésil, Inde) ; c’est aussi celui de
la Chine, qui dans un modèle inhérent et propre, est devenue
en 2011 la deuxième puissance économique mondiale. La
71
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
maîtrise de la démographie est une préoccupation névralgique
de la planète car elle remet en question le malthusianisme qui
encourage une croissance démographique proportionnelle aux
ressources. La démographie galopante de la planète (7 milliards
d’habitants en 2011) est paradoxale aux gaspillages des ressources
par une minorité, l’autre majorité vivant dans le besoin (en
dessous du seuil de pauvreté). Ainsi, « la génération ou la
reproduction spontanée » doit interpeller les gouvernants sur
des politiques natalistes planifiées et contrôlées. La production
et sa commercialisation se font sous forme d’échanges à travers
le commerce international. L’Afrique, avec les plus grandes
ressources naturelles, un des potentiels hydrographiques les plus
importants, un des poumons du monde les plus précieux (forêts
du bassin du Congo, important puits de carbone) et un énorme
potentiel agricole (terres cultivables), représente moins de 2 % du
commerce international ! Il convient également de mentionner le
commerce inéquitable qui frise avec une séquelle post-coloniale
en ce qui concerne le cacao, le coton, le café, la banane. Une
dépréciation des termes de l’échange car l’Afrique produit ce
qu’elle ne consomme pas et consomme ce qu’elle ne produit pas ;
les prix étant fixés sur le marché international. L’Organisation
mondiale du commerce (OMC) est invitée à repenser la politique
commerciale mondiale pour prendre en compte les plus faibles,
pour plus d’équité. Ces dernières années, les entreprises
multinationales et autres grands groupes économiques ont
connu une croissance économique astronomique représentant
des empires financiers transformés en véritables et puissants
lobbyings. Ces multinationales interfèrent sur la gouvernance
mondiale du commerce.
2.
Enjeux et défis énergétiques
Une des équations difficile à résoudre par les dirigeants est celle
de l’énergie. Avec une population plus nombreuse, les besoins
en consommation ont évolué, donc la demande en production
aussi. De manière paradoxale et inéquitable, les pays riches qui
ne représentent pas plus de 25 % de la population mondiale
consomment plus de 70 % de l’énergie mondiale disponible.
Cependant pour produire il faut de l’énergie or celle-ci provient
72
Le destin commun peut-il favoriser l’application des politiques...
actuellement et en majorité de ressources épuisables qui
diminuent tous les jours. La consommation de ses ressources
énergétiques fossiles génère l’émission de gaz à effet de serre
(GES) qui détruisent la couche d’ozone et par conséquent
occasionnent le réchauffement de la terre et les changements
climatiques avec leurs conséquences. La course vers des solutions
énergétiques durables est un défi de l’heure et les solutions
alternatives (énergies renouvelables) offrent des opportunités
malgré leurs limites en terme de rendement et de coûts. Des
investissements à l’échelle d’une gouvernance mondiale doivent
être mis à disposition pour la recherche et le développement
(R&D) en matière d’énergies renouvelables et la rationalisation
de la consommation.
3.
Protéger l’environnement
Au-delà des théories et démonstrations savantes des experts
et chercheurs sur la dégradation de l’environnement, la nature
annonce par des signes précurseurs une « apocalypse » – si
des mesures efficaces ne sont pas prises – à travers les crises
environnementales : changement climatique, pollution,
désertification, disparition des espèces et de la biodiversité,
pluies acides et catastrophes naturelles. Notre devoir est de
léguer aux générations à venir une planète saine. Face à cette
interpellation, les responsabilités sont partagées et comme le
dit un proverbe africain : « Le poisson commence à pourrir par
la tête » ; une gouvernance rigoureuse pour tous de la planète
est un impératif.
Le changement climatique est devenu le sujet clef et celui de
désaccord dans les sommets sur le développement durable. Il
a divisé à Copenhague en 2007, à COP 17 à Johannesburg car
la responsabilité des grandes puissances est engagée et la loi
du plus fort prend encore le dessus. Les experts démontrent
que la terre connaît une augmentation globale de température
depuis la révolution industrielle ; une maîtrise de celle-ci à 2
ou 3 degrés Celsius permettrait de préserver certaines îles de
la disparition du fait de la montée du niveau des eaux de la
mer causée par la fonte des glaciers au niveau des pôles. Les
73
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
pays concernés doivent réduire leurs émissions en GES ; ce qui
sous-entend, par ailleurs, réduire leur empreinte écologique
par une production écologiquement responsable. Les accords
de Kyoto ou de Montréal convergent vers la protection de la
planète contre le réchauffement et le changement climatiques. Les
conséquences des changements climatiques sont connues et des
exemples vivants parlent par eux-mêmes : les crises alimentaires
à cause d’une faible production, la diminution des réserves
d’eau potable, la disparition des cours d’eau et lacs (cas du lac
Tchad) ; des épidémies… La pollution de l’environnement par les
déchets domestiques et industriels est à l’origine de nombreux
désagréments : inondations, inconfort, insalubrité, maladies et
épidémies (choléra, paludisme, fièvre jaune). La planification
– urbaniste, démographique – surtout dans les pays du Sud
est un élément à implémenter ainsi que la décentralisation ou
le transfert des pouvoirs aux collectivités pour gérer ces tâches
de salubrité. Une population croissante génère davantage de
déchets en marge des déchets industriels qui eux sont contrôlés
par une législation contraignante sur l’environnement à l’endroit
des entreprises (Études d’impacts environnementaux et sociaux
comme le préconise l’Agenda 21, les audits environnementaux
et la mise en place des Plans de gestion de l’environnement).
Les organismes de financement de développement tels que la
Banque mondiale sont stricts en la matière et c’est une condition
sine qua none au financement de projets. Le taux d’urbanisation
étant très poussé, les plans d’urbanisation et de réhabilitation
des centres urbains doivent être effectifs et mis à jour afin de
développer des structures pour le stockage, le traitement et le
recyclage des déchets. L’autre alternative est la sensibilisation
et l’éducation. Le développement durable doit faire partie des
programmes scolaires pour implémenter dès le bas âge la culture
de protection de l’environnement parallèlement au travail
titanesque de sensibilisation effectué par les ONG (Organisations
non gouvernementales). La déforestation qui est une source de
changement climatique est une activité génératrice de revenus
pour les pays sous-développés (commercialisation des essences,
bois de chauffage…). Cependant, une atténuation du phénomène
consiste à mettre sur pied des processus de régénération des
74
Le destin commun peut-il favoriser l’application des politiques...
essences détruites. Une économie alternative non dépendante
des essences forestières appelée économie verte est une passerelle
pour la lutte contre la misère et la pauvreté. L’écotourisme par
exemple est une activité à encourager pour protéger durablement
l’environnement. L’action de l’homme sur la nature est la cause
des déséquilibres écologiques et de la chaîne alimentaire par la
disparition des espèces ou de la biodiversité. La pêche illégale et
le braconnage sont des pratiques responsables de la disparition
de plusieurs espèces.
Conclusion
En lisant L’Aventure ambiguë de Cheikh Amidou Kane on peut
dire comme la Grande Royale, quand de grands changements
arrivent et bousculent nos habitudes : « Acceptons de mourir
en nos enfants… ». C’est le caractère intergénérationnel du
développement durable. Les actions égocentriques de l’homme
d’aujourd’hui ne doivent pas affecter les générations futures. Les
conséquences et les mécanismes de la dégradation de notre planète
sont connus et expliqués mais le problème qui se pose et reste
récurrent malgré de nombreux séminaires, ateliers, colloques,
conférences aux échelles microscopiques et macroscopiques, est
la non-adhésion de la gouvernance surtout celle des plus forts.
Les pays du Sud, fortement dépendants de la bourse des pays
du Nord ainsi que des organismes financiers internationaux
(FMI, Banque mondiale) subissent les contraintes des exigences
du développement durable de peur de plausibles représailles.
La géographie des pays pauvres les rend plus vulnérables aux
conséquences liées au non-respect des engagements pris dans
l’Agenda 21 et autres accords du développement durable.
L’exigence de solidarité humaniste et humanitaire devrait
pousser la gouvernance mondiale à agir fermement car notre
interconnexion existe malgré les apparences et nous sommes
appelés à vivre ensemble, sur la même planète et affronter
notre destin ensemble. De nouveaux acteurs doivent intégrer le
. La Grande Royale des Diallobé, sœur du chef, est un personnage du roman
de Cheikh Amidou Kane L’Aventure ambigüe, qui incarne la facilitation de la
rupture avec l’école traditionnelle et ancestrale pour l’école occidentale.
75
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
processus de décision, mieux de gouvernance, à savoir la société
civile ; une implication ardue et pertinente des collectivités
locales. Le choix contestable des leaders des organisations
mondiales chargées de financer le développement – accords non
écrits à la Banque mondiale et au FMI – impose une relecture des
textes organiques et du mode de fonctionnement des organismes
internationaux de développement.
Références bibliographiques
Ouvrages
Baddache F., 2006, Le Développement durable, Eyrolles, Paris.
Borris J.-P., 2005, Commerce inéquitable : le roman noir des matières
premières, Hachette Littérature, Paris.
Hulse J., 2008, Développement durable, un avenir incertain : avons-nous
oublié les leçons du passé ?, Presses de l’université de Laval
– L’Harmattan, Paris.
Malki A., 1996, Les Nouvelles Logiques du développement, L’Harmattan.
Rapports
Rapport du ministère de l’Écologie et du développement durable
(République française) sur le Sommet mondial sur le développement
durable 2002, Historique du développement durable.
Les ateliers de la terre, rapport de la conférence des Nation unies pour
le développement durable Rio+20 : contribution des ateliers de la terre
tirée du livre blanc de la Global conférence. www.planetworkshops.
org
Rapport de l’Organisation internationale du travail (OIT) sur : Les défis
du développement durable. Stratégies en faveur des emplois verts. Conférence
des ministres du travail et de l’emploi tenue à Nigata au Japon du 11
au 13 mai 2008. http://www.ilo.org/public/english/region/asro/
bangkok/events/greenjobs/index.htm
76
Le destin commun peut-il favoriser l’application des politiques...
Sites Internet
Site de l’Organisation internationale de la Francophonie :
www.francophonie.org
Site de l’organisation internationale du travail :
www.ilo.org
Site du programme de Nations unies pour le développement :
www.undp.org
Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie :
www.ademe.fr
United Nations Framework Convention on Climate change :
www.unfcc.int
77
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
78
Économies alternatives vers le développement durable et cadrage pour les élections présidentielles, cas
de Madagascar
Jean Bertrand RAVELOMIANGO
Introduction
À l’aube des indépendances de la majorité des pays africains,
l’ouvrage de l’agronome français René Dumont : L’Afrique est
mal partie, est tout à fait significatif dans le contexte de crise.
En effet, à l’indépendance, ces pays ont hérité d’une culture de
développement d’économie linéaire, directement issue de la
puissance colonisatrice dont ils ont fait les frais en étant les lieux
de surexploitation des ressources naturelles et d’accumulation
des déchets. L’esprit capitaliste qui a été le moteur du
développement scientifique et de la révolution industrielle et
qui a mené le monde dans son état de haut développement
actuel a été l’une des admirables cultures universelles dont s’est
dotée l’humanité (Mathews, 2011). Mais ce même esprit a tourné
les liens et relations en objets monnayables et a transformé le
monde naturel en terrain d’exploitation d’une part, et d’autre
part en dépôt pour déchets. Il l’a conduit à son niveau actuel
d’incertitudes avec les problèmes globaux de pollution, de
changement climatique, de crise d’énergie et d’alimentation,
marginalisant encore plus les pays pauvres tourmentés par les
crises de non-durabilité et des crises politiques sinon de guerre
civile. Le rapport du Groupe d’experts de haut niveau de l’ONU
d’après Rio+20 indique qu’il est clair que sous sa forme actuelle,
le modèle de développement n’est pas viable, et qu’il est temps
d’agir véritablement à l’échelon mondial afin de donner aux
peuples, aux marchés et aux pouvoirs publics les moyens de
faire des choix viables. La nécessité d’intégrer les dimensions
économiques, sociales et environnementales du développement
afin de parvenir à la viabilité a été clairement énoncée il y a de
cela 25 ans ; mais 25 ans plus tard, le développement durable
reste une notion généralement admise, mais qui n’est pas mise en
pratique au quotidien. Qu’en est-il donc de la situation des pays
en voie de développement immergés en pleine mondialisation
face à ces crises multiformes ? Il est reconnu que les mutations
à venir proviennent de la science et de la gouvernance selon
79
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
l’ONU qui prône une meilleure intégration de la science dans
la politique. Dans le cadre de l’incertitude et du long terme,
une gouvernance éclairée basée sur le partage de savoir et de
pouvoir qui forme l’éthique du développement durable est
plus que jamais nécessaire aux pays en voie de développement
tel que Madagascar. Cet article propose les mécanismes d’une
gouvernance éclairée basée sur le cas de ce pays alors en pleine
crise dite politique. L’état des lieux, l’économie circulaire et
des solutions économiques alternatives seront présentés. Le
cas de Madagascar pris comme exemple avec les propositions
d’amendements institutionnels et enfin la faisabilité de la
proposition, ses accompagnements et les perspectives seront
ensuite évoqués.
1.Économie linéaire et iniquité du développement
L’ampleur des impacts causée par les cinquante années
d’économie linéaire menée par les pays riches est telle que
les inégalités entre les riches et les pauvres ne cessent de se
creuser et plus d’un milliard de personnes vivent encore dans le
dénuement. Cette iniquité dite « intragénérationnelle » ne cesse
de croître, dans un état de déstructuration écologique globale,
conduisant aux menaces déjà visibles du changement climatique.
Elle atteint les couches des sociétés des pays occidentaux pris
dans les tourments des crises financières. La population mondiale
passera de 7 à 9 milliards d’ici à 2040, les besoins en ressources
augmenteront de façon exponentielle alors que les prix des
matières premières fossiles flambent déjà et que leur disponibilité
pose de plus en plus problème. D’ici à 2030, les besoins
alimentaires augmenteront de près de 50 %, ceux en énergie de
45 % et ceux en eau de 30 %, en une période où les contraintes du
milieu naturel réduisent de plus en plus l’offre. Ces perspectives
difficiles risquent de marginaliser encore plus les pays africains
déjà minés par les crises de savoir et de pouvoir.
1.1-
Crise de savoir et crise de pouvoir en Afrique
Cinquante ans après l’indépendance, bon nombre de pays
africains se trouvent dans une situation de crise caractérisée
80
Économies alternatives vers le développement durable...
par une situation politique hautement instable, voire de guerre,
comme c’était encore le cas récemment en Côte d’Ivoire. Un
adage chinois indique que crise et opportunité sont désignées
par la même anagramme. Une crise fonctionne comme une
sonnette d’alarme, et qui, correctement interprétée, fournit une
opportunité pour une adéquation technologique et/ou une
adaptation organisationnelle. Dans un monde de plus en plus
globalisé, la mondialisation signifie course aux ressources rares,
et l’on assiste à des évolutions technologiques de plus en plus
rapides. En Afrique, de tels besoins d’adéquation sont ignorés
par abus de pouvoir ou mal interprétés à cause d’une faiblesse
de savoir et deviennent ainsi des sources de troubles politiques
et sociaux qui forment le sommet émergé de l’iceberg. Selon le
NEPAD (New Partnership for Africa’s development), le niveau
de conscience des dirigeants et de la classe politique africaine
concernant la priorisation de l’éducation et la recherche est
plutôt faible. Ncube a fait remarquer que si le continent investit
dans l’éducation et la formation en vue de libérer le potentiel
de sa jeunesse, il pourrait devenir l’une des économies les plus
dynamiques et les plus productives. Pour arriver à ces fins, des
alternatives économiques sont alors nécessaires.
2.
Alternatives économiques : vers le développement
durable
Le Groupe de haut niveau du Secrétariat général de l’ONU a
rappelé que « Le développement durable se résume aux choix
que les peuples peuvent faire pour façonner leur avenir, faire
valoir leurs droits et faire entendre leur voix ». Les peuples ne
peuvent tout simplement pas continuer à tolérer les activités qui
dégradent l’environnement ni la persistance des inégalités qui
mettent à mal les principes de justice sociale universellement
acceptés. De façon plus générale, il faut que les mécanismes de
gouvernance aux échelons internationaux, nationaux et locaux
fassent de leurs principes un avenir fondé sur le développement
durable, au même titre que la société civile et le secteur privé.
La croissance elle-même, ne trouve pas les voies et moyens de
81
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
la rendre inclusive. Ce phénomène est constaté partout dans le
monde.
2.1-
Cadres de perspectives vers�������������������������
�����������������������������
le développement durable
À la différence du capitalisme et du socialisme, les grandes
« idéologies » du développement mondial, le développement
durable est le seul à inscrire explicitement parmi ses objectifs la
dimension temporelle. Rendre durable le capitalisme qui a été
un des puissants agents de transformation mondiale revient ainsi
à inscrire cette dimension de l’équité intergénérationnelle qui
s’inscrit au niveau territorial par une équité intragénérationnelle.
Dans son article, Mathews, tout en reconnaissant les valeurs de
l’esprit du capitalisme et ses succès sur le changement culturel
et industriel du monde entier, a stigmatisé ses impacts globaux
sur l’environnement de la planète avec ses cortèges d’injustices
sociales et d’iniquité. Selon lui, « naturaliser le capitalisme »
sera la prochaine grande transformation qui verra l’abandon de
l’économie linéaire au profit de l’économie circulaire qui est la
traduction politique de l’écologie industrielle.
2.1.1-
L’écologie industrielle et la bioraffinerie
L’écologie industrielle, à l’opposé de l’économie linéaire qui
épuise les ressources naturelles d’une extrémité, accumule les
déchets d’une autre et tend à imiter le fonctionnement cyclique
des écosystèmes naturels. L’exemple historique de Kalundborg en
Suède, montre le succès mondial de ce concept par l’application
de la symbiose industrielle entre une vingtaine d’entreprises.
L’écologie industrielle qui se base sur le métabolisme industriel
recherche les synergies entre les entreprises pour effectuer cette
symbiose (Adoué, 2007). Reprise dans divers pays à l’exemple
de la Chine qui en a fait une loi dite loi sur l’économie circulaire,
l’écologie industrielle appelée encore éco-développement est
basée sur une communauté d’entreprises qui coopèrent les
unes avec les autres pour partager efficacement les ressources
(informations, matières, énergie, infrastructures, habitat naturel,
etc.) permettant des gains économiques et environnementaux
ainsi qu’un accroissement équitable de ressources humaines pour
82
Économies alternatives vers le développement durable...
les entreprises et les communautés locales. Patterson a mis en
lumière la potentialité des pays pauvres à mener un leadership
mondial dans ce domaine qui est un outil de planification
de développement puissant sous réserve d’une politique
intégrée d’envoi d’étudiants à l’étranger pour l’acquisition des
compétences et d’expériences comme l’ont fait les pays asiatiques
pour passer à la société de l’information (Patterson, 2008). La
bioraffinerie qui peut être considérée comme un cas particulier
de l’écologie industrielle se destine au remplacement des
ressources fossiles pour la production d’énergie et des carburants,
des biomatériaux et des matières premières chimiques par les
ressources naturelles renouvelables de la biomasse. Une fois
encore, comme en écologie industrielle, moyennant les mêmes
conditions, les pays pauvres, essentiellement agricoles peuvent
prendre le leadership en bioraffinerie pour la production des
bioénergies renouvelables et des matières premières biosourcées
(Matthews, 2008).
2.1.2-
L’économie verte et la bioéconomie
L’économie verte initiée par le PNUE se définit comme une
économie à faible émission de CO2, avec une gestion durable des
ressources renouvelables, et qui est socialement inclusive. Ainsi,
une économie verte doit entraîner une croissance du revenu et
de l’emploi grâce à des investissements publics et privés qui
ciblent une réduction des émissions de carbone et de la pollution,
une amélioration de l’efficacité énergétique et le renforcement
du capital naturel de la planète. D’autre part, la bioéconomie
fait appel à la biotechnologie et ses applications à la production
primaire, à la santé et à l’industrie sont susceptibles de donner
naissance à une bioéconomie, c’est-à-dire à un système dans
lequel les biotechnologies assureront une part substantielle de
la production économique. L’OCDE qui a initié le programme
montre que les pays en voie de développement ont tout à gagner
de la bioéconomie (UNEP, 2011). Il est évident que la cherté de
la plupart des technologies nécessite une franche coopération
entre les pays du Nord et ceux du Sud.
83
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
Équilibre compétition et coopération
L’écologie industrielle est une stratégie territoriale, dépassant
nécessairement la collaboration des acteurs de territoire pour
atteindre un but commun de prévention collective des déchets, de
réduction des ressources et des coûts pour des objectifs individuels
de compétitivité. Ce qui est vrai à l’échelon du territoire local doit
être aussi au niveau national, régional et global. Cet équilibre
entre compétition et coopération caractérisant le développement
durable fait que l’écologie industrielle qui passe par un usage
responsable à la fois des ressources renouvelables et des
ressources fossiles acte comme une transition organisationnelle
vers la naturalisation du capitalisme basée sur l’économie verte
ou la bioéconomie. Une loi sur l’économie circulaire comme
cadrage des activités industrielles et des activités rurales, comme
moule des relations avec les pays extérieurs et les grandes
multinationales marquera une volonté politique qui manque aux
dirigeants africains pour que « le développement durable soit la
solution qui s’impose comme une évidence » (Groupe de haut
niveau du Secrétariat général des Nations unies, 2012).
Le cas Madagascar
Madagascar, constitue un petit continent à part, bien connu par
sa riche biodiversité parmi les plus hautes densités au monde.
Par contre, il est l’un des pays les moins avancés au monde,
se classant 151e sur 187 Nations avec un indice de pauvreté
multidimensionnelle (intégrant la privation environnementale,
celle d’accès à la santé et à l’éducation) de 0,357 et avec 68,7 %
de sa population qui vit sous le seuil de la pauvreté. Selon le
rapport du Programme des Nations unies pour le développement
(PNUD), Madagascar n’atteindra pas la majorité des cibles des
Objectifs du millénaire (OMD) en 2015 en dépit des efforts déjà
accomplis pour y parvenir. La Banque mondiale a montré que
l’indice d’économie du savoir est de 2,21 pour Madagascar,
inférieur à la moyenne de l’Afrique (2,71) et très faible par
rapport à celui du Groupe des 7 (8,72). L’indice de savoir qui est
la moyenne de l’indice de l’éducation, de l’indice d’innovation
84
Économies alternatives vers le développement durable...
et de l’indice des TICs est de 1,47 pour Madagascar contre la
moyenne africaine de 2,72 et de celle du Groupe des 7 (8,81).
2.2-
Ressources, opportunités et menaces
Au fil des années, la diversité minière de ce pays plus ou
moins isolé avec ses vingt millions d’habitants se révèle petit
à petit au public, le plaçant dans le point de mire des sociétés
internationales. Le gisement d’ilménite dans le Sud exploité
par la multinationale Rio Tinto, et celui de nickel et de cobalt
à l’Est exploité par le SHERRITT occupent des zones d’area
protégées. Si ces activités ouvrent des opportunités économiques,
parallèlement les effets environnementaux et la marginalisation
des communautés riveraines sont déjà observés. Tandis que la
recherche d’uranium se poursuit dans les autres zones de l’Ouest
où se trouvent les gisements de charbon et de fer déjà en cours
de contrat, l’existence des gisements de métaux rares dont la
Chine possède jusqu’à maintenant le monopole d’exportation
se fait connaître. De même, la recherche pétrolière tant onshore
qu’offshore dans les zones Ouest et l’étude de l’exploitation du
gisement du sable bitumineux de Bemolanga se poursuivent sans
relâche tandis que l’exploitation des pierres précieuses dont le
saphir a créé des engouements un peu partout dans les coins de
l’île. Il ne se passe pas un jour sans que des trafics illicites d’or
soient révélés dans la presse locale. En matière de trafic, celui
des bois de rose qui se fait à grande échelle risque d’épuiser cette
espèce considérée comme l’une des plus précieuses. La politique
d’agribusiness initiée par la Banque mondiale finit par se
cantonner dans l’agrocarburant orienté surtout vers le Jatropha,
accaparant de considérables areas de terre arable (Cotula, 2011).
Ces pratiques, d’exportation des huiles, conduites à des abus
fonciers comme c’est le cas en Afrique, aggravent les conflits
sociaux et les changements climatiques. Pendant tout ce temps,
l’économie locale reste à la traîne avec des impacts sociaux et
environnementaux aggravés.
85
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
2.3-
Propositions pour le changement vers le développement
durable
Pour rompre le cercle vicieux de l’exclusion économique et de
l’exclusion politique, il faudra l’adéquation de la gouvernance
avec les principes du développement durable : partage de savoir
et partage de pouvoir et identifier un cadrage socio-économique
pour les candidats pour la plus haute magistrature avec les
mesures d’accompagnement qu’il nécessite. Des propositions
de changement sont alors émises dans cet article au niveau du
Code électoral et de la Constitution.
2.3.1
Dossier socio-économique et environnemental
(DSEE)
Le Code électoral malagasy renferme une mesure contraignante
de caution financière s’élevant à 50 millions d’ariary ou
25 000 euros laquelle sera remboursée au candidat sous condition
qu’il atteigne ou dépasse le seuil de 10 % en cas de non-élection.
Le candidat peut alors accompagner cette caution financière
par un dossier socio-économique et environnemental (DSEE)
contextualisé pour le pays et qui applique les principes et
pratiques menant vers le développement durable.
2.3.2
Comité socio-économique et culturel (CSEC)
L’article 105 de la Constitution malagasy parle et décrit
l’attribution du CSEC dont la composition sera définie par une
loi organique. Cet article doit être révisé en incluant un rôle
majeur du CSEC celui d’évaluer le dossier socio-économique et
environnemental de chaque candidat par rapport au cadrage,
à sa pertinence et sa faisabilité. Son évaluation sera transmise
à la haute cour constitutionnelle qui est chargée de valider et
proclamer la liste des candidats.
En cas d’élection, le candidat élu sera jugé sur la réalisation de
son DSEE. Le Parlement avec le CSEC se chargera de faire une
évaluation à mi-parcours de la réalisation du candidat. Ces
actions nécessitent des révisions des articles correspondants
dans la Constitution.
86
Économies alternatives vers le développement durable...
2.4-
Accompagnements
Quelques mesures à court, moyen et à long terme sont nécessaires
pour accompagner ces changements du point de vue éducationnel,
légal et du point de vue de relations internationales.
2.4.1-
Le cadrage
L’écologie industrielle ou économie circulaire apparaît comme
une viable stratégie de transition vers l’économie verte ou
la bioéconomie. Une loi sur l’économie circulaire est une
priorité pour offrir un large cadrage pour une orientation
socio-économique. En outre, dans son rapport, le Groupe
de haut niveau du Secrétariat de l’ONU a proposé une série
de recommandations pratiques pour promouvoir l’« idéal
d’une planète viable, d’une société juste et d’une économie en
expansion ». Il faut noter que la Charte des ressources naturelles
peut être une source d’inspiration pour la gouvernance des
ressources naturelles non renouvelables.
2.4.2-
Accompagnement éducationnel et Coopération
internationale
Toutefois, les universités ont aussi leur rôle à jouer ; outre leur
activité de créateur de savoir, elles doivent apprendre à s’unir
dans la transdisciplinarité pour accompagner les politiciens, les
législateurs et les entreprises dans leurs décisions et actions.
D’autre part, la coopération internationale en matière de
transfert de sciences et des technologies durables est une des
recommandations de l’Agenda 21.
Conclusion
En 1966, René Dumont a tiré une sonnette d’alarme : L’Afrique est
mal partie. En outre, les pays africains qui ont hérité d’une culture
de développement d’économie linéaire, de leurs colonisateurs
sont en train d’en subir les conséquences. Les cinquante dernières
années passées ont été les plus dévastatrices en termes d’iniquité
environnementale, sociale et économique. Basées sur le cas de
Madagascar, des propositions de changement portant sur le
Code électoral et la Constitution sont émises dans cet article
87
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
pour que les principes du développement durable soient en
tête des priorités des programmes et des budgets dans un cadre
novateur d’économie circulaire, institutionnel, éducationnel et
de coopération internationale. Ces changements peuvent être
disséminés dans la hiérarchie des territoires locaux aussi bien
qu’ils peuvent être pris comme modèle à l’extérieur. Un des
catalyseurs pour mener cette action de dissémination est la
formation d’un réseau pour réécrire l’histoire des transformations
économiques qui ont façonné les civilisations.
Références bibliographiques
Dumont R., 1966, L’Afrique est mal partie, Le Seuil, 254 p.
Mathews J. A., 2008, Biofuels, climate change and industrial development:
can the tropical South build 2000 biorefineries in the next decade?, Biofuels,
bioprod. Bioref, 2, p. 103-125.,
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Transformation », Futures.
Groupe de haut niveau du Secrétaire-général de l’ONU sur la viabilité
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88
Économies alternatives vers le développement durable...
OCDE, 2009, La Bioéconomie à l’horizon 2030. Quel programme d’action ?,
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UNEP, 2011, Towards a Green Economy: Pathways to Sustainable
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disponible en ligne sur : http://www.unep.org/greeneconomy.
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naturalresourcecharter.org, page consultée le 10 septembre 2012.
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Cotula L., 2011, Acquisitions foncières en Afrique : que disent les contrats ?,
IIED, Londres, Royaume-Uni.
89
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
90
La participation de la jeunesse à la gouvernance mondiale de l’environnement
Etienne TSHISHIMBI
Introduction
La gouvernance mondiale se distingue comme un ensemble
de règles d’organisation qui régissent les sociétés humaines
à l’échelle planétaire. Cela instruit sur l’incapacité des États à
faire face aux nouvelles données de la mondialisation, et leur
insuffisance à assurer les tâches de régulation économique,
sociale et environnementale.
Les modèles de gouvernance et les défis environnementaux
imposent de repenser les formes de régulation et d’associer
de nouvelles parties prenantes. À l’opposé du système de
gouvernement classique où seules les autorités politiques
nationales ont la gestion des biens et du patrimoine public.
Le préambule de la Charte européenne révisée définit la
participation des jeunes à la vie locale et régionale : « Participer
et être un citoyen actif, c’est avoir le droit, les moyens, la place,
la possibilité et, si nécessaire, le soutien voulu pour participer
aux décisions, influer sur elles et s’engager dans des actions et
activités de manière à contribuer à la construction d’une société
meilleure ».
La participation des jeunes est ainsi élargie, elle n’est pas
uniquement circonscrite à la contribution politique, mais ouvre
leur collaboration à d’autres processus décisionnels comme celui
de l’environnement.
La jeunesse des pays en développement, celle de l’Afrique
centrale et de l’océan Indien, est souvent absente des grands
débats autour du développement durable. Elle sera la première
à subir les soubresauts de l’omission de ses spécificités dans ce
secteur.
La population totale de l’Afrique est formée d’environ 65 % de
jeunes qui ont en dessous de 35 ans. La plupart d’entre eux vivent
dans l’extrême pauvreté alors qu’ils sont assis sur des minerais et
un écosystème qui peuvent et doivent servir à leur émancipation
et leur développement.
91
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
Pour une meilleure appréhension de l’articulation entre
les facteurs économiques, sociaux, environnementaux et
technologiques dans une perspective de développement durable,
il est important d’y associer les populations juvéniles à la prise de
décision environnementale afin que les réussites d’aujourd’hui
ne soient pas à l’origine des problèmes de demain.
La gouvernance mondiale se pose dans un contexte de
« globalisation » avec un accroissement des interdépendances
entre les sociétés humaines et la biosphère. Il convient de
gérer l’hétérogénéité des préférences collectives, la montée
des problèmes globaux (changement climatique, pollution
marine, réduction et extinction des ressources naturelles et de
la biodiversité).
Dans un monde où le capitalisme libéral produit de plus en plus
de richesses pour une certaine élite, et où il a travaillé à orienter
les fondamentaux de la gouvernance mondiale, il est plus que
nécessaire aujourd’hui qu’une conscience civique émerge de la
jeunesse.
L’objectif est que cette jeunesse, au travers de la société civile,
s’engage dans les processus décisionnels de gouvernance
mondiale de l’environnement.
Cette communication vise donc à montrer l’importance de la
participation de la jeunesse dans la sphère décisionnelle mondiale
de l’environnement, à travers l’élaboration d’un circuit. Ce
périple passe par son action pour la vie environnementale de sa
communauté, à travers sa participation citoyenne, l’anticipation
par la réappropriation de son histoire et la pérennisation. Ce
parcours permettra à la jeunesse de pleinement participer
à la redéfinition des socles de la gouvernance mondiale de
l’environnement et d’être une force de propositions.
1.
La participation citoyenne de la jeunesse
Dans la perspective d’un changement d’approche, il est
important que les jeunes travaillent à établir le panorama de
l’environnement dans cette partie du continent.
92
La participation de la jeunesse à la gouvernance mondiale de l’environnement
L’un des champs d’actions sera la lutte contre les faits et les
comportements nuisibles à l’environnement par l’éducation des
différentes franges de la population. Les jeunes seront invités à
œuvrer à des actions de sensibilisation pour une exploitation
forestière responsable, une non-urbanisation des poumons verts
des différentes villes, la pollution sonore.
L’autre action sera de mettre en place un programme qui fait
l’inventaire des ressources minières, biologiques et énergétiques
et qui permet aux jeunes d’en prendre pleinement conscience
afin que cela soit un levier pour le développement.
L’action des exploitants forestiers clandestins qui ne se conforment
jamais aux règles et normes établies et le manque d’adaptation
au monde urbain, car une translation des comportements ruraux
a été faite dans le cadre citadin, représentent des obstacles à cet
engagement. Enfin, l’état du réseau routier dans la plupart des
pays de l’Afrique centrale peut être mis en cause.
Cet engagement aura pour effet de renforcer les capacités
organisationnelles des jeunes, et leur permettra de travailler
aux côtés de l’État et de la société civile, à développer et à
mettre en œuvre des politiques et des plans détaillés, intégrés
et intersectoriels de développement de la jeunesse avec un fort
axe environnemental. Les perspectives de la jeunesse seront
incorporées de manière efficace dans la conception, la mise en
œuvre et le suivi des objectifs et des priorités de développement
durable de toute la communauté. La vision la plus forte sera
d’introduire le débat environnemental sur la scène politique et
dans les différents médias.
Une plus grande confiance en eux, pour une meilleure
participation à la préservation de l’environnement, l’Objectif
du millénaire pour le développement (OMD n° 7).
2.
L’anticipation
Allez dans le passé pour puiser les éléments qui permettront
d’offrir à la gouvernance mondiale de l’environnement
aujourd’hui une nouvelle perspective.
93
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
L’exemple du royaume de Kongo est pertinent. À sa découverte
par les Européens, il paraissait une œuvre digne d’admiration.
Géographiquement le royaume englobait l’Angola, une partie
de la RD Congo, du Congo Brazzaville, du Gabon et des traces
actuelles remontent jusqu’en Guinée Équatoriale. Le royaume
était une diversité culturelle, fondée sur ses trois foyers Kongodia-Mpangala, Kongo-dia-Malaza et Kongo-dia-Mpanza.
L’équilibre était constitué par la complémentarité entre ses trois
entités.
Les différentes entités contribuaient à la prospérité et au bien-être
de tous les habitants du royaume. Le Kongo-dia-Mpangala était
une immense plaine avec plusieurs mines et minerais de fer. Le
Kongo-dia-Malaza avait un relief varié de plaines, de montages et
de vallées, une hydrographie abondante. Le Kongo-dia-Mpanza
assurait la tranquillité du royaume et défendait ses frontières,
c’était le territoire d’installation de ses armées.
Pour cela il faut vaincre la non-acceptation de l’identité africaine
car aujourd’hui elle se définit par rapport au Nord, en omettant
ses origines, ses valeurs culturelles et morales. Elle tire sa force
de son passé qui a toujours été présenté comme sombre et limité
aux quatre siècles et demi de traite négrière, avec son lot de
souffrances indescriptibles, de discriminations, de persécutions
innommables. En remontant plus loin dans l’histoire, on
découvre la civilisation égyptienne avec ses Pharaons noirs et
ses pyramides.
Il faut combattre le processus insidieux d’aliénation scientifique
qui vise à garder la communauté noire dans l’ignorance face
aux contributions des peuples africains et de la diaspora aux
progrès, aux bonds scientifiques et technologiques effectués par
l’humanité.
Une bonne connaissance de l’histoire conduira à revaloriser la
pharmacopée afin qu’elle aussi participe à traiter et soigner les
maladies émergentes au travers des écorces de la biosphère que
l’homme aura su préserver.
94
La participation de la jeunesse à la gouvernance mondiale de l’environnement
Les grands empires anciens (Babyloniens, Perses, Grecs et
Romains) se sont servis de l’organisation de leur prédécesseur
pour se constituer un socle. Le rétablissement du lien avec
l’histoire fera du jeune un des acteurs du progrès environnement
en vue de la croissance économique, au moyen de la situation de
sa créativité. La stimulation et la valorisation des objets anciens
par les jeunes en vue de les vendre augmenteront la part de
l’Afrique dans le commerce mondial équitable.
La prise en compte de la culture en tant que quatrième dimension
transversale du développement durable à côté des trois autres
dimensions économique, sociale et environnementale.
3.
La pérennisation
Dans l’objectif de s’inscrire dans la durée, les jeunes doivent être des
acteurs dans le processus décisionnel de la gouvernance mondiale
de l’environnement pour influencer le développement.
Cette action peut-être le partage du pouvoir avec les jeunes
concernant la gestion des ressources naturelles à tous les
niveaux des États. Les jeunes doivent jouer un rôle actif dans
le processus d’élaboration des politiques publiques en général.
Et spécifiquement dans les politiques environnementales pour
faire évoluer les démocraties, vers des démocraties qui assurent
un engagement public à deux échelles entre le gouvernement
et les citoyens et entre les citoyens eux-mêmes. Une autre
action sera un partenariat sur l’écoconception et l’intégration
de l’environnement dans les produits et services pour et par
les PME.
Un des obstacles à cette participation peut être la présence dans
les pays de régimes gouvernementaux très forts qui favorisent
la néocolonisation de nos ressources. Ainsi, les richesses qui
pouvaient être allouées à l’engagement des jeunes dans ses
mécanismes sont absentes. Les ressources naturelles permettent
de financer une rébellion, et de la rendre même séduisante pour
les jeunes avec son lot d’enfants et ses jeunes soldats.
95
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
Au titre des résultats, peuvent être consignés : une bonne
redistribution des terres afin d’éviter des conflits territoriaux
comme dans la région des grands lacs ; un meilleur compte
rendu dans la gestion des ressources publiques et privées pour
l’environnement ; la mise en œuvre concrète de la responsabilité
sociétale d’entreprise et enfin le développement de l’économie
verte.
Les jeunes dans cette sphère participeront avec hardiesse à la
mise en place du partenariat mondial pour le développement
(OMD, n° 8).
Conclusion
La jeunesse africaine doit contribuer à la construction d’une
nouvelle gouvernance mondiale de l’environnement au moyen de
sa participation citoyenne, de l’anticipation en allant puiser dans
son passé les ressources pour son prochain succès et en assurant
la pérennisation de son action par son concours au processus
décisionnel de ce secteur.
La participation de la jeunesse avec des valeurs comme l’intégrité,
la frugalité, la vérité, l’équité permettront d’élaborer un nouveau
modèle dans la gouvernance mondiale de l’environnement qui
prendra en charge la conscience humaine.
Les jeunes, ne peuvent-ils pas être au fait des réalités des autres
parties de la communauté et manifester l’équilibre solidaire
comme dans le royaume Kongo ? L’élite dirigeante ne peutelle pas, par la présence des jeunes, être conduite à faire vivre
la planète selon ses besoins et non selon ses envies ? Dans un
monde où l’idéologie capitaliste fait place à plus de profit,
l’approche participative des jeunes va non seulement conduire
à un engagement environnemental de ses pairs mais aussi
d’autres femmes et hommes à travers de nouveaux instruments
philosophiques pour sous-tendre leurs actions.
La communauté doit faire respecter les règles qui assurent au
monde la symbiose au travers des règles équitables et justes en
garantissant l’écoute pour tous.
96
La participation de la jeunesse à la gouvernance mondiale de l’environnement
L’ère environnementale ne peut se faire sans la jeunesse africaine.
L’Afrique a subi les résolutions de la Conférence de Berlin de
1885 et il n’en saurait être de même aujourd’hui.
La participation de la jeunesse à la gouvernance mondiale de
l’environnement va conduire à la mise en œuvre du thème
« Francophonie, enjeux environnementaux et économiques face
à la gouvernance mondiale » du xive Sommet de la Francophonie
de Kinshasa.
La jeunesse devra utiliser au maximum toutes les potentialités
offertes par les Technologies de l’information et de la
communication (TIC) pour mettre en place et développer une
« Académie virtuelle pour l’environnement (AVIE) en Afrique »,
afin d’assurer une culture civique environnementale dans toute
la communauté.
La production d’un contenu Web sur les questions
environnementales sera un projet mené par les jeunes. Un
réseau virtuel et physique de plaidoirie des jeunes sur les
problématiques environnementales. Il faudra veiller à ce que le
processus de libéralisation des services essentiels (eau, énergie,
télécommunications, santé, transport, etc.) tienne compte des
impératifs du développement durable et des besoins des plus
démunis.
En utilisant la symbiose de la participation citoyenne, de
l’anticipation et de la pérennisation dans l’environnement, les
jeunes vont conduire le continent vers le véritable développement
durable pour une indépendance totale.
97
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
Références bibliographiques
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de gouvernance politique et économique en Afrique », conférences
structurantes du 3e Festival mondial des arts nègres, Dakar, 10 au 31
décembre 2010.
Fondation Konrad Adenauer, CESTI, « Le défi de l’environnement »,
Les Cahiers de l’Alternance, no 12, 2009.
http://aydac2012.org/app/Call_for_Regional_Coordinators.pdf,
(page consultée le 8 octobre 2012).
http://www.unep.org/greeneconomy/Portals/88/documents/ger/
GER_synthesis_fr.pdf, (page consultée le 10 octobre 2012).
http://rio20.net/wp-content/uploads/2011/04/modele_doc1_fr.pdf,
(page consultée le 8 octobre 2012).
http://www.iepf.org/docs_prog12/Appel_de_Lyon_vf.pdf, (page
consultée le 11 octobre 2012).
98
Chapitre II
ENVIRONNEMENT
Le développement durable face à la diversité culturelle.
Regard sur la part du pluriculturalisme dans les échecs des actions de développement durable au Nord-Cameroun
Habmo BIRWE
Introduction
Le développement durable est aujourd’hui le modèle de
développement économique et social le plus vulgarisé dans le
monde. Il est à l’œuvre dans plusieurs milieux pluriculturels où
vivent des entités ethniques aux traditions et cultures différentes.
La réflexion sur les actions de développement durable dans
les localités multiculturelles est une actualité brûlante. Elle
permet d’interroger l’impact du pluriculturalisme sur les défis
économiques et environnementaux de plus en plus nombreux
aujourd’hui. Cet article soulève plusieurs problématiques : en
quoi la diversité culturelle peut-elle être un obstacle ou un facteur
de réussite pour un projet de développement durable ? Comment
les actions de développement peuvent-elles être durables dans
les localités façonnées par le pluralisme socioculturel à l’instar
des régions du Nord-Cameroun caractérisées par une diversité
de peuples, de langues et de religions ? Partant d’une autopsie
des échecs des projets de développement durable mis en œuvre
au Nord-Cameroun, cette analyse entend apporter des éclairages
à ces interrogations fondamentales. Il convient donc d’insister
sur la diversité culturelle qui peut causer les échecs des actions
de développement durable dans les localités où cohabitent des
entités ethniques aux coutumes et représentations différentes,
puis de présenter un ensemble de recommandations, de
stratégies efficaces, d’idées neuves et créatrices pouvant aider les
professionnels du développement à faire du pluriculturalisme le
garant de la réussite et de la durabilité de tout développement
effectué au sein d’un univers multiculturel.
99
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
1.
Nord-Cameroun : les actions de développement durable
à l’épreuve du pluriculturalisme
La diversité des cultures et des traditions d’une région
donnée peut énormément y compromettre le succès de toute
action de développement. En milieu pluriculturel, préserver
l’environnement ou réduire la pauvreté de manière générale
constitue un pari difficile à gagner car plus la diversité culturelle
d’une région est élevée, plus elle devient un handicap pour la
réussite des actions de développement. Cette confrontation entre
pluriculturalisme et développement durable, souvent ignorée,
peut ralentir, voire faire échouer tout effort de développement.
Au Nord-Cameroun, les échecs des actions de développement
durable sont dus à la non-considération de sa diversité culturelle.
En effet, le Nord-Cameroun a bénéficié de nombreux projets
d’« aide au développement ». Parmi eux, le projet « Sahel
vert », le projet baptisé « Nord-Est Bénoué » et le projet intitulé
« Conservation de la biodiversité dans les parcs nationaux
du Faro et de Bouba Njidda et leurs zones rattachées » (zones
cynégétiques).
1.1-
Le projet « Sahel vert » : une réalisation compromise par la
diversité culturelle
Lancée au Nord-Cameroun en 1977 (puis relancée en 2008),
l’opération « Sahel vert » a connu d’énormes difficultés liées à la
non-prise en compte de la diversité culturelle des localités où elle
est exécutée. En effet, dans le cadre de cette action, il est question de
limiter l’avancée du désert par un reboisement systématique dans
les trois régions du Grand-Nord Cameroun. Mais aujourd’hui, le
bilan n’est pas à la hauteur des efforts et des moyens financiers
consentis. Les paysans sont enrôlés dans le projet sans souci
de représentativité ethnique et sans une réelle mobilisation
communautaire. Pire la majorité des planteurs engagés dans cette
opération de reboisement venaient des régions bien éloignées des
zones écologiques concernées et notamment du Sud-Cameroun.
Quelque temps après, certaines ethnies autochtones (Tupuri,
. 100
Le Grand-Nord du Cameroun désigne ici les trois régions septentrionales du
Cameroun à savoir : l’Adamaoua, le Nord et l’Extrême-Nord.
Le développement durable face à la diversité culturelle.
Massa, Guidar, Mundeng, Mafa), mécontentes d’avoir été mises
à l’écart, déracinaient ces jeunes plantes pour en faire leur bois
de chauffe. Actuellement, les quelques plantes qui ont survécu
subissent une coupe systématique. C’est le cas de la réserve
forestière de N’Gaoundéré.
On comprend dès lors qu’il s’agit là d’une cuisante défaite. Il y
a eu « vice de procédure » notamment la non-prise en compte
de la structuration ethnique de la région par le staff du projet
(le gouvernement camerounais et les bailleurs de fonds).
L’insuccès du projet « Nord-Est Bénoué », montre aussi la
difficulté de rendre compatible le développement durable avec
le pluriculturalisme.
1.2-
Le projet « Nord-Est Bénoué » : un projet qui subit les effets
du pluriculturalisme
Le projet « Nord-Est Bénoué » (NEB) est le plus important des
projets de développement durable dont a « bénéficié » la région
du Nord, au Cameroun. C’est en 1973 que le projet voit le jour,
avec pour principal objectif d’orienter les migrations vers la
zone dite « NEB », périmètre d’une superficie de 6 680 km2, peu
peuplé, à bon potentiel agricole assurant d’énormes possibilités
pour la culture du coton. Cette zone doit permettre l’installation
de nombreux migrants, l’amélioration de leurs conditions de vie
par le biais entre autres de la culture du coton. Dans la réalisation
de ce projet de développement durable, le problème rencontré,
ou mieux ignoré a été et reste la méconnaissance de la diversité
ethnique du milieu dans lequel le staff du projet a travaillé.
En effet, le projet dont les objectifs étaient l’amélioration des
conditions de vie des migrants par la défense de l’environnement
et la protection de l’équilibre écologique a généré de multiples
confrontations interethniques compromettant par là même sa
réussite. Ainsi, « en faisant coexister sans médiation préalable de
multiples ethnies aux religions et mœurs diverses sur un territoire
soumis au contrôle des autorités traditionnelles musulmanes (les
lamidos), le projet a en réalité créé une zone caractérisée par de
. L’auteur fait allusion à la seule région du Nord dont le chef-lieu est la ville de
Garoua.
101
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
nombreuses tensions sociales » qui font aujourd’hui échouer
toutes les actions dudit projet. Par ailleurs, l’augmentation
incontrôlée du nombre des migrants, leur concentration
dans certaines zones du projet, la mise en œuvre répétée des
pratiques culturales non conservatrices des sols, le défrichement
irrationnel de la forêt et la coupure incontrôlée du bois ont des
conséquences irréversibles sur l’environnement du périmètre
NEB dont certaines zones sont déjà totalement dégradées. Ainsi,
comme nous pouvons le constater, faute d’un travail préalable
de médiation interculturelle, le projet NEB s’illustre aujourd’hui
par un échec affiché. Toujours dans le même sillage, un autre
projet de développement durable réalisé dans le Nord-Cameroun
présente un bilan tout aussi mitigé.
1.3-
L’impact du pluriculturalisme sur le projet « Conservation
de la biodiversité dans les parcs nationaux du Faro et Bouba
Njidda et leurs zones rattachées » (zones cynégétiques)
Démarré en 2005, le projet a pour finalité d’« accompagner et de
soutenir les dynamiques sociales et les formes de valorisation
économiques susceptibles de contribuer à la gestion viable
et à la conservation des ressources fauniques et touristiques
des parcs nationaux du Faro et de Bouba Njidda et leurs
zones rattachées » (zones d’intérêt cynégétiques). Cependant,
après quelques années d’activités, le projet affiche un bilan
sérieusement mitigé. En effet, ce projet, sans le remettre en cause,
a malheureusement négligé un élément pourtant fondamental :
la diversité culturelle qui façonne les périphériques des aires
protégées (parcs nationaux du Faro et Bouba Njidda). Ainsi, les
multiples ethnies n’étaient pas toutes impliquées dans sa mise
en œuvre. Résultat, les financements accordés au projet n’ont
pas perceptiblement contribué à l’amélioration du sort des
populations concernées et « n’ont pas modifié leur approche
destructive des aires protégées, à commencer par l’insidieuse et
. Meneault M. N., 2010, Lagdo « L’Impact socio-environnemental d’une
réalisation mal maîtrisée », N’Gaoundéré-Anthropos, p. 9.
. Rapport de présentation du projet, Conservation de la biodiversité dans les
parcs nationaux du Faro et Bouba Njidda et leurs zones rattachées, Garoua,
juin 2003, p. 2.
102
Le développement durable face à la diversité culturelle.
permanente déforestation qui ne fait que s’amplifier». L’intérêt
de faire participer toutes les entités ethniques sans distinction de
religions, de cultures et traditions à la lutte contre l’extinction des
espèces végétales et animales, ou même contre la désertification,
a échappé totalement à l’administration du projet qui semble
ignorer le poids des différences ethniques qui prévaut dans cette
localité. Il fallait ainsi commencer par la mobilisation de toutes
les tribus qui peuplent la zone accueillant le projet car ce sont
ces entités qui constituent « les fondations d’une conservation
durable de la biodiversité ».
Fort du constat qui se dégage de cet article, il est indispensable
aujourd’hui de proposer un ensemble de méthodes et des
stratégies pouvant faire de la diversité culturelle la clef du succès
de toutes les actions de développement durable dans les régions
pluriculturelles.
2.
Pour une diversité culturelle au service du développement durable : les conditionnalités
La diversité culturelle peut énormément apporter aux actions de
développement durable dans une région donnée. Cependant,
pour arriver à faire de la diversité culturelle une garante de
la durabilité et de la réussite d’une action de développement,
plusieurs méthodes et stratégies sont indispensables.
2.1-
L’analyse du pluriculturalisme d’une région précède la mise
en œuvre de toute action de développement durable
Pour que la diversité culturelle d’une localité cesse d’être un
handicap, les professionnels du développement doivent effectuer
une étude froide (scientifique) de celle-ci avant la mise en action
de tout projet de développement durable. Une analyse de la
diversité culturelle permettra au préalable de comprendre la
. « Étude pour la détermination des capacités de charge humanitaire et pastorale
de la zone périphérique du lac de Lagdo », MEADEN/FED-Informatiques,
juin 2010.
. Lire à propos Weber J., 2002, Johannesburg. Sommet mondial du
développement durable : Quels enjeux ? Quelles contributions des
scientifiques ?, CIRAD et Institut français de la biodiversité, p. 6.
103
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
structuration ethnique de la région pour une représentativité
équitable dans les activités du projet. Ce n’est qu’en effectuant
cette étude qu’on peut « forger un développement durable qui
veuille donner à toutes les ethnies d’une localité une vie sécurisée
dans un climat de fraternité et de convivialité » (Motazé, 2009,
p. 76).
2.2-
. 104
La valorisation de la diversité culturelle : une source de réussite
pour les actions de développement durable dans une région
donnée
Un des facteurs de réussite d’un projet de développement en
milieu pluriculturel est la valorisation et la reconnaissance de
la diversité culturelle de ce milieu. La Déclaration de Rio sur
l’environnement et le développement le souligne en ces termes : « Les
populations et communautés autochtones et les autres collectivités
locales ont un rôle vital à jouer dans la gestion de l’environnement
et le développement du fait de leurs connaissances du milieu et
de leurs pratiques traditionnelles. Les États devraient reconnaître
leurs identités, leurs cultures et leurs intérêts, leur accorder tout
l’appui nécessaire et leur permettre de participer efficacement à
la réalisation d’un développement durable ». Cet effort de mise
en valeur des réalités culturelles doit s’effectuer avant, pendant
et après le projet pour que la diversité sociolinguistique favorise
une cohabitation interculturelle conviviale autour du projet. La
promotion de la diversité culturelle doit donc s’opérer à travers
l’organisation des manifestations et événements culturels où
toutes les ethnies, toutes les cultures se sentiront impliquer et
doter de valeurs. La conception, l’organisation et l’animation
de ces rencontres culturelles et artistiques sont importantes car
comment comprendre, conserver ou développer durablement un
milieu sans appréhender les cultures humaines qui la façonnent ?
C’est en valorisant ainsi la diversité culturelle d’un milieu donné
que cette dernière devient véritablement garante de la durabilité
de tout développement.
Principe 22 de la Charte de la Terre, Rio de Janeiro, juin 1992.
Le développement durable face à la diversité culturelle.
2.3-
La médiation interculturelle : facteur de réussite pour tout
projet de développement durable en milieu pluriculturel
La diversité culturelle en investissant le champ du développement
peut avoir des incidences positives sur ce dernier si une
médiation interethnique est effectuée pour mobiliser toutes les
entités sociales autour des valeurs (altruisme, solidarité, vivre
ensemble…) gages d’un développement durable. La mise en
œuvre d’un projet de développement durable peut générer
des bouleversements culturels profonds sources d’échec pour
toute action de développement durable. Cependant, pour ne
pas en arriver là, un effort de médiation doit être effectué afin
de garantir une coexistence pacifique autour de tout projet de
développement. En l’absence d’une médiation préalable, tout
projet de développement aussi important soit-il peut facilement
échouer dans une région caractérisée par les différences ethniques
et religieuses. L’échec du projet NEB est évocateur à ce sujet.
Une action de médiation permettra ainsi de lutter efficacement
et durablement contre toutes formes de discriminations pour
que diversité et pluralité soient des facteurs catalytiques d’un
développement durable.
Conclusion
La diversité culturelle peut compromettre la réussite d’un projet
de développement comme c’est le cas avec plusieurs actions de
développement durable effectuées au Nord-Cameroun. En guise
de recommandations, des stratégies ont été dégagées, pour aider
les professionnels du développement à faire du pluriculturalisme
une richesse devant impulser la réussite de toute action de
développement durable car « la diversité culturelle représente
la clef fondamentale de la pensée et de la mise en action du
développement durable ». Les enjeux environnementaux
et économiques peuvent être sérieusement complexifiés par
la diversité culturelle si un effort de conscientisation et de
valorisation n’est pas effectué au niveau de la gouvernance
. « Diversité culturelle et biodiversité pour un développement durable »,
p. 21, Table ronde de haut niveau organisée conjointement par l’Unesco
et le PNUE.
105
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
mondiale. Cependant, la gouvernance mondiale peut-elle
relever les défis économiques et environnementaux partant de
la promotion de la diversité culturelle si des énergies ne sont pas
mobilisées à la base ?
Références bibliographiques
Charte de la Terre (Déclaration de Rio sur l’environnement et le développement),
Rio de Janeiro, juin 1992.
H erssens M. et B audouin M., 1993, Évaluation du Programme de
développement rural dans le bassin de la Bénoué, université des Sciences
Agronomiques de Gembloux, Belgique, 18 p.
MEADEN/FED-Informatiques, 2010, Étude pour la détermination des
capacités de charge humanitaire et pastorale de la zone périphérique du Lac
de Lagdo, 55 p.
Meneault M. N., Lagdo « L’Impact socio-environnemental d’une
réalisation mal maîtrisée », N’Gaoundéré-Anthropos, 2010, 26 p.
M otazé A., 2009, Le Social et le développement en Afrique, Paris,
L’Harmattan.
Rapport de présentation du projet, 2003, Conservation de la biodiversité
dans les parcs nationaux du Faro et Bouba Njidda et leurs zones rattachées,
Garoua, juin, 37 p.
Unesco/PNUE, 2003, Diversité culturelle et biodiversité pour un
développement durable, table ronde de haut niveau organisée conjointement
par l’Unesco et le PNUE le 3 septembre 2002 à Johannesburg (Afrique
du Sud) à l’occasion du Sommet mondial pour le développement
durable, 60 p.
Weber J., 2002, Johannesburg. Sommet mondial du développement durable :
Quels enjeux ? Quelles contributions des scientifiques ?, CIRAD et Institut
français de la biodiversité.
106
Énergies renouvelables, source sûre du développement durable !
Diane Tatyana NININAHAZWE
Introduction
L’énergie a toujours été le moteur du développement et ; jusqu’ici,
celle largement utilisée sur la planète est en principe basée sur les
combustibles fossiles qui contribuent de manière incessante à un
réchauffement climatique aux conséquences dramatiques. Une
transition urgente et profonde utilisant les énergies renouvelables
s’impose afin de lutter contre l’effet de serre, les rejets de CO2
dans l’atmosphère et faciliter la gestion raisonnée des ressources
locales.
Aujourd’hui, le monde entier est confronté au réchauffement
climatique. Ce phénomène dû à la présence de GES, première cause
de l’augmentation progressive de la température, est observable
depuis la révolution industrielle. Les GES se condensent et
forment une couche qui bloque les rayons solaires réfléchis vers
l’espace, qui n’ont plus de choix que de se transformer en chaleur
entraînant des changements climatiques.
Toutefois, l’on ne peut évoquer ces changements sans en imputer
les causes à l’homme, principal acteur des émissions de GES,
résultant de la combustion des combustibles fossiles (pétrole,
charbon et gaz naturel), matière première de l’industrie chimique
et source d’énergie la plus utilisée dans le monde. Ces différents
combustibles sont riches en carbone et dégagent donc du CO2
(dioxyde de carbone) qui pollue l’atmosphère. Ces sources
d’énergie ne sont pas renouvelables. Elles demandent des
millions d’années pour se reformer et sont utilisées beaucoup
plus rapidement que le temps nécessaire pour la reconstitution
des réserves.
Les changements climatiques, protéiformes, se manifestent entre
autres par les conditions météorologiques extrêmes, perceptibles
par tous. La sécheresse qui sévit dans la Corne de l’Afrique, les
fortes précipitations et inondations que connaît l’Afrique de
l’Ouest depuis 2008, la pénurie de la ressource en eau, l’extrême
prévalence des maladies vectorielles et infectieuses surtout en
Afrique, la réduction de la production agricole au Burundi et
107
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
ailleurs, la perte de la biodiversité et l’appauvrissement des
écosystèmes en sont des illustrations concrètes.
Comme le dit l’adage : « La nécessité est la mère de l’invention ».
Dans le cas présent, la nécessité est la présence de l’air frais et
pur dans l’atmosphère. D’après les climatologues, le niveau
actuel du CO2 est de 392 ppm (parties par million) alors que
la limite maximale saine que l’atmosphère peut contenir n’est
que de 350 ppm. Il est évident que l’homme doit inventer des
systèmes permettant de réduire ses émissions de CO2, de 42 ppm
sinon, plus.
Les changements climatiques constituent un problème d’une
ampleur cruciale pour le monde. Si les grands émetteurs de gaz à
effet de serre sont les pays du Nord et pour les décennies à venir
les pays émergents, leurs conséquences sont plus ressenties dans
les pays en développement.
Les pays en voie de développement, principalement africains,
subissent les lourdes conséquences des effets des changements
climatiques qu’ils n’ont pas provoqués et qui plus est,
sont privés de moyens d’adaptation, ce qui aggrave leur
vulnérabilité. Malheureusement, ils empruntent la même voie
de développement et commettent les mêmes erreurs que les
pays développés en utilisant les sources d’énergies fossiles
qui connaissent un épuisement progressif et surtout aux
conséquences climatiques sévères.
Avec les énergies renouvelables, il est désormais fort possible
de concilier satisfaction des besoins énergétiques et protection
de l’environnement. Pour ce faire, il convient de recourir aux
différentes sources d’énergie renouvelables, mais aussi trouver
le moyen de mieux consommer les combustibles ou l’électricité
disponible qui fait l’objet de l’efficacité énergétique. Cette
démarche permet de préserver les ressources en énergie et
représente l’un des moyens majeurs de réduction des émissions
de gaz à effet de serre.
Après avoir rappelé les enjeux et défis que pose la question
du changement climatique et les potentialités d’accéder à
la résolution, l’article présente le rapport qui lie énergies
108
Énergies renouvelables, source sûre du développement durable !
renouvelables et développement durable, les défis et les enjeux
des pays en développement face aux nouvelles technologies
énergétiques et enfin suggère les pistes de solutions.
1.
Pourquoi recommander l’énergie renouvelable ?
L’objectif du développement durable est de définir des schémas
viables qui concilient les trois aspects économique, social et
écologique des activités humaines. Les énergies renouvelables
présentent des atouts majeurs qui peuvent facilement y
répondre grâce à leur nature, car elles sont issues directement
de phénomènes naturels, réguliers ou constants liés à l’énergie
du soleil, du vent, de la terre ou de la gravitation.
1.1-Écologiquement indispensable
Notre planète ne peut plus absorber nos émissions de GES. Les
changements climatiques en cours le prouvent. Nous devons
recourir à des énergies qui n’émettent pas (ou très peu) de GES.
C’est le cas des énergies renouvelables :
• l’éolien, le solaire et l’hydraulique n’émettent pas de GES ;
• le recours au bois en émet un peu (30 à 40 g de CO2 par
kWh). Mais pendant sa croissance, l’arbre en a consommé
tout autant. Le bilan final est donc neutre ;
• les centrales géothermiques émettent en moyenne 55 g de CO2
par kWh, mais c’est toujours moins que le charbon ou le pétrole
(autour de 200 g) et ces émissions peuvent être réduites.
Les énergies renouvelables sont des énergies très faiblement
émettrices de GES. Comme le nucléaire, diront certains. Mais à la
différence du nucléaire, elles sont inépuisables, ne produisent que
très peu de déchets et le risque de catastrophe est incomparable.
Elles ne mettent pas en danger l’environnement et la santé
humaine. Les énergies renouvelables permettent en plus de
produire de façon décentralisée, parfois au niveau de l’habitation.
Cela évite les pertes dues aux transports d’énergie. Cela permet
d’adapter la production aux besoins. À l’inverse, notre système
actuel est énergivore. Il est fondé sur de grandes centrales
thermiques et un réseau centralisé. Il manque de souplesse et
entraîne de considérables pertes d’énergie et d’argent.
109
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
1.2-
Technologiquement possible
Les énergies renouvelables sont pratiquement inépuisables et
accessibles partout. À l’heure actuelle, le Burundi commence
à avoir recours à l’énergie solaire, l’hôpital Roi Khaled, un des
grands hôpitaux de Bujumbura qui est actuellement alimenté
énergétiquement par des panneaux solaires en est un exemple
tangible.
1.3-Économiquement rentable
Le développement des énergies renouvelables représente un
coût certain, mais amorti :
2.
• ces énergies étant inépuisables, elles ne feront jamais défaut
(ce qui n’est pas le cas avec les énergies fossiles) ;
• elles n’imposent aucun achat à la source, peu de traitement
de déchets après usage et donc entraînent moins de frais ;
• elles sont performantes en termes de rendement (60 à 90 %
pour la petite hydraulique contre 30 à 35 % seulement pour
le nucléaire) : il n’y a que peu de pertes ;
• ces énergies sont réparties sur tout le territoire et fortement
créatrices d’emplois ;
• elles font appel à une main-d’œuvre de proximité et relancent
des activités parfois en perte de vitesse (comme dans la filière
bois).
Les défis
En Afrique, le potentiel des ressources en énergies renouvelables
(particulièrement pour les applications électriques) est loin
d’être pleinement exploité, essentiellement en raison des faibles
moyens des États ; et les multinationales ayant secondé les
pouvoirs publics grâce à la privatisation des sociétés d’énergie
investissent très peu. Le matériel devenu obsolète ne répond
plus à la demande sans cesse grandissante d’où les délestages
constatés ici et là. Pourtant, ces technologies renouvelables et
d’autres pourraient apporter une contribution significative et
jouer un rôle d’importance croissante dans l’amélioration de
110
Énergies renouvelables, source sûre du développement durable !
la sécurité énergétique et de l’accès à des services énergétiques
modernes, tout en renforçant le développement du secteur de
l’énergie.
Même si les estimations théoriques du potentiel technique des
énergies renouvelables en Afrique sont très élevées, les décideurs
devraient adopter une approche pragmatique et privilégier
les potentiels qui peuvent être exploités en recourant aux
technologies parfaitement éprouvées et commercialement viables
qui sont compétitives par rapport aux options conventionnelles.
Dans une perspective de protection du climat, la promotion des
énergies renouvelables sur le continent devrait trouver écho
auprès des décideurs.
Conclusion
L’article propose une série de technologies à mettre en œuvre pour
pouvoir atténuer et s’adapter aux effets néfastes des changements
climatiques. Cependant, la plupart d’entre elles nécessitent
de gros investissements que plusieurs pays prétendent n’être
pas en mesure de financer à eux seuls, étant donné les moyens
techniques et financiers dont ils disposent. Le renforcement de la
coopération internationale pour générer plus d’investissements
dans le secteur énergétique vert s’avère indispensable.
Le fondement des mesures d’adaptation tire son profit sur le
rapport coût/bénéfice ou coût/efficacité. En effet, les dépenses
qui seront affectées dans les stratégies aux fins de l’adaptation
aux effets néfastes des changements climatiques couvriront les
coûts qui seront évités en ce qui concerne les soins médicaux en
cas de maladies et les pertes de productivité dans les différents
secteurs de la vie économique du pays.
Il ne faut pas attendre mais agir impérativement maintenant,
changer de modes de vie, de façon de produire et consommer.
Repousser les décisions à plus tard, c’est se condamner à subir des
changements dramatiques : la planète ne pourrait plus répondre
aux besoins des hommes et les équilibres politiques, économiques
et sociaux seraient dangereusement bouleversés.
111
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
112
La vulnérabilité des villes côtières des pays du Golfe
de Guinée : le cas de l’Île Mandji
Ferdinand DITENGOU MBOUMI
Introduction
Les changements climatiques créent souvent des situations
de catastrophes telles que l’inondation, l’érosion côtière,
la désertification. Ces phénomènes sont aggravés par une
démographie galopante, à l’urbanisation incontrôlée et à la
dégradation de l’environnement.
En effet, la poussée démographique s’explique dans la plupart
du temps par un déplacement de la population rurale vers les
grandes villes. Cette couche de la population, en quête d’une
meilleure situation économique et sociale, s’installe dans des
zones souvent exposées à toute sorte de problèmes. Chaque
jour apporte la preuve que non seulement certains pays sont
touchés de manière démesurée par ces phénomènes et leurs
effets, mais aussi que l’absence de développement accroît encore
la vulnérabilité des personnes aux risques.
Le changement climatique menace tous les pays, mais ses
effets sont particulièrement dévastateurs dans les pays en
développement. Selon les estimations de la Banque mondiale,
ceux-ci devraient assumer entre 75 % et 80 % du coût des
dommages causés. Ce phénomène risque notamment de modifier
la morphologie des pays côtiers, notamment la côte gabonaise
et d’entraîner la disparition de certaines villes situées le long de
son littoral. Pour lutter contre ces dégâts prévisibles, le Gabon
comme tous les autres pays riverains de l’Atlantique a élaboré
une stratégie nationale d’adaptation de son littoral face aux
changements climatiques.
1.
Stratégies régionales
Les climatologues sont unanimes, ils affirment qu’avec la montée
du niveau de la mer de nombreuses îles et autres localités
situées le long de la côte vont partiellement, voire complètement
disparaître d’ici quelques années. À ce propos, les chercheurs
s’accordent désormais sur cette réalité qu’il va falloir affronter
et l’importance de ce phénomène estimant que, depuis la fin
113
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
du xixe siècle, le niveau moyen des océans s’est élevé d’environ
12 cm.
La zone littorale constitue le support de l’avenir démographique
et économique des États côtiers du fait de la forte concentration
humaine et de ressources, ainsi que de potentialités qu’elle
offre. En effet, c’est à proximité du littoral que près des 3/4 de
la population mondiale a choisi de résider. À l’initiative de l’Union
économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest (UEMOA) et
réalisée par l’Union internationale pour la conservation de la
nature (UICN), une étude de « Suivi du trait de côte et élaboration
d’un schéma directeur du littoral Ouest africain », a démontré
effectivement que cette frange littorale concentrerait aujourd’hui
environ 56 % du produit intérieur brut (PIB) total des pays côtiers,
soit 21 % du PIB rural et 76 % du PIB urbain total.
Ces estimations soulignent l’importance stratégique de l’espace
littoral, où se concentre l’essentiel de l’activité moderne. Ces
données moyennes doivent toutefois être relativisées s’il s’agit
de caractériser cet ensemble côtier, qui reste d’abord marqué par
ses forts contrastes. Seulement, cette étude qui concerne 11 pays
côtiers de l’Afrique de l’Ouest à savoir la Mauritanie, le Sénégal,
la Gambie, la Guinée Bissau, la Guinée, la Sierra Leone, le
Liberia, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Togo et le Bénin révèle que,
l’Afrique de l’Ouest figure parmi les régions les plus vulnérables
au monde à cause de la morphologie des côtes et du manque de
stratégie efficace de lutte contre l’érosion côtière. Ce qui fait que
d’ici à l’an 2100, toutes les villes côtières de l’Afrique de l’Ouest
risquent d’être englouties par l’océan du fait de l’érosion côtière,
l’avancée de la mer et le changement climatique si rien n’est fait.
Soit environ 9 780 km de côte de la Mauritanie au Bénin. Selon
les différents modèles envisagés, les océans pourraient s’élever de
15 à 80 cm d’ici 2100. L’évolution de ces phénomènes climatiques
pourrait avoir de sérieuses conséquences. Il s’agit notamment des
pertes en vies humaines, les inondations, les vagues de chaleur,
l’accélération de l’érosion des côtes et aggravation des dommages
aux ouvrages et bâtiments côtiers, l’augmentation des pertes de
biens et d’infrastructures, etc.
. 114
Sud Quotidien, du 25 mai 2011.
La vulnérabilité des villes côtières des pays du Golfe de Guinée :...
Depuis ces dernières années, la côte africaine est particulièrement
exposée à l’érosion. Dans certains pays, par exemple, au Bénin, de
nombreux quartiers de la capitale (Cotonou) ont dû être évacués.
L’intrusion d’eau marine salée dans les nappes phréatiques des
zones littorales provoque une salinité accrue des sols et donc une
perte de fertilité. Avec la recrudescence des cyclones et autres
ouragans, ces phénomènes inhabituels et dévastateurs qui jouent
un rôle primordial dans l’équilibre énergétique de la planète,
entraînent d’énormes dégâts et sont responsables de la mort des
dizaines de milliers de personnes chaque année.
D’après les études réalisées par de nombreux experts à travers le
monde sur les risques littoraux, plus de 50 % des rivages du globe
terrestre reculent, et les États-Unis seraient particulièrement
menacés dans la mesure où ils perdraient chaque année entre 300
à 400 millions de dollars en raison du repli de leurs côtes.
Devant cette situation, de nombreux pays côtiers de la façade
atlantique, sont en train d’élaborer des stratégies d’adaptation
de leur littoral face aux changements climatiques. Le Gabon qui
dispose du plus grand linéaire côtier dans le Golfe de Guinée,
avec 950 km devant le Nigeria : 880 km et le Ghana : 570 km ;
vient de valider sa stratégie nationale.
Elle préconise une adaptation de la société aux conséquences des
changements climatiques, la prise en compte de ces phénomènes,
de la pression anthropique et de l’anticipation de ces effets sur
l’environnement et sur l’homme, afin d’apporter des solutions
d’atténuation et d’adaptation.
2.
La problématique de l’érosion côtière au Gabon
Depuis peu, la situation est beaucoup plus préoccupante car de
nombreuses zones côtières sont déjà confrontées à l’accélération
de ce phénomène. En effet, la zone littorale du pays qui
correspond à environ 10 % du territoire national connaît une forte
concentration humaine, elle réunit près de 70 % de la population
et ce taux pourrait atteindre les 85 % en 2015, selon le ministère
de l’Économie. Elle est également, la partie la plus fragilisée par
les activités anthropiques.
115
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
La côte gabonaise, tout comme les autres côtes des pays du
Golfe de Guinée, mérite une surveillance accrue qui devra se
traduire par la mise en œuvre de programmes de suivi régulier
du trait de côte en vue de compléter les données et de faciliter le
développement d’une étude de vulnérabilité et d’adaptation.
L’évolution du climat aura des conséquences sur tous les territoires
des pays côtiers y compris le Gabon, plus particulièrement le
littoral de l’Île Mandji, dans l’Ogooué-Maritime. La ville de
Port-Gentil, capitale économique du Gabon, est à ce titre la plus
exposée. Devant cette situation, les spécialistes ont tiré depuis
fort longtemps la sonnette d’alarme face à la dégradation de
cet écosystème dont les solutions alternatives tardent toujours.
Les spécialistes de la question proposent désormais de régler
le problème de manière plus radicale avec, par exemple, la
construction d’un barrage titanesque.
Et il y a de quoi s’inquiéter, car selon un spécialiste de la question,
dans les années 1960, le phare du Cap Lopez, par exemple,
était à peu près à 230 mètres du trait de côte. Aujourd’hui,
cet établissement de signalisation maritime est complètement
dans l’eau. Cela représente environ 4,60 mètres de largeur de
terres perdues chaque année en moyenne. À cela s’ajoutent les
intempéries, à chaque averse de pluie, 70 % de la superficie de
la ville est recouverte de nappe. Ce chiffre pourrait atteindre les
90 % en termes d’espaces de terres, soit 400 km² sous l’emprise
des eaux à l’horizon 2100.
Toujours dans la région du Cap Lopez, en l’espace de quelques
mois, la mer a perdu un peu plus de 1,70 mètre de hauteur de
quantité de sable. « S’il faut associer ce phénomène à celui des
changements climatiques, il est certain que les faits ne vont qu’en
s’amplifiant », affirme Magloir-Désiré Mounganga. Devant cette
situation, la perte des terres serait beaucoup plus importante.
Une perte, qui est à la défaveur de tous les enjeux économiques
et stratégiques du pays.
Selon la stratégie nationale d’adaptation du littoral gabonais face
aux changements climatiques validée tout récemment, les secteurs
fortement exposés à l’érosion côtière et à la vulnérabilité face à
116
La vulnérabilité des villes côtières des pays du Golfe de Guinée :...
ces phénomènes sont ceux où les infrastructures stratégiques
sont présentes. Il s’agit notamment, de la région du Cap Lopez.
À titre d’exemple, la pointe Iguezè pourrait se transformer en île
à l’horizon 2100, et serait donc coupée du reste de l’Île Mandji.
En outre, les baies du Prince, de Port-Gentil et d’Endougou
connaîtront une perte sensible des terres. D’autres parties de
l’Île Mandji, pourraient elles aussi se transformer en îlots, c’est
le cas des pointes Djolowé et Chapuis. Les autres secteurs à forts
enjeux socio-économiques, tels que Libreville et Mayumba sont
aussi menacés par l’érosion côtière.
Bien qu’il n’existe pas au Gabon suffisamment d’informations
sur l’évolution du trait de côte, les observations et les études
effectuées par les chercheurs du Centre national des données
et de l’information océanographiques (CNDIO) de l’université
Omar Bongo de Libreville, et d’autres institutions estiment
qu’une hausse du niveau de la mer devrait avoir de lourdes
conséquences pour les villes côtières du pays : Libreville, PortGentil, Mayumba et Gamba principalement. Il s’agit notamment
de l’érosion qui causerait le recul du trait de côte et l’intrusion
de sel dans les nappes phréatiques rendant ainsi plus difficile
l’approvisionnement en eau potable tout en menaçant la santé
des populations.
3.
Moyens de lutte
Pour éviter justement à l’Île Mandji de connaître le même sort
que certains territoires du pacifique engloutis par les eaux en
2005, les chercheurs gabonais sont à pied d’œuvre pour proposer
des solutions aux décideurs, notamment au gouvernement. La
première étape serait de réaliser une modélisation de l’évolution
du trait de côte, d’observer les mouvements de l’environnement
côtier de Port-Gentil. La réalisation de cette étude nécessite
au préalable la mise en place d’instruments de mesure
(marégraphes) le long du littoral gabonais, notamment celui de
l’Île Mandji, permettant de recueillir l’information indispensable
sur l’évolution du trait de côte, sur le sens des courants marins ;
la période avec laquelle ces courants ont une vigueur importante
pour arracher les sédiments sur les plages ; sur les variations de
117
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
ces courants ; la nature des sédiments ; l’évolution annuelle de
différents sédiments etc. À titre d’exemple, de 1982 à 2008, le trait
de côte de l’Île Mandji a reculé au rythme de 4 mètres chaque
année. D’ici à 2150, si ce rythme se maintient la mer avancera sur
une distance d’environ 500 mètres, et s’il s’accélère de 10 mètres
par an, les plages se déplaceront jusqu’à 1 500 mètres à l’intérieur
de l’île.
Cette opération est d’autant plus nécessaire qu’elle permettra de
proposer la nature ou le type d’ouvrage qui serait le plus adapté
pour tenter de réduire au maximum les dommages causés par
l’érosion côtière et l’avancée du niveau de la mer. L’enjeu est de
pouvoir protéger au mieux tous les aménagements que le Gabon
dispose sur son littoral.
Aussi, face à l’évolution du climat, les scientifiques encouragentils vivement les populations à ne pas s’installer sur les zones où la
mer s’est retirée, car elle a tendance à reconquérir le terrain qu’elle
occupait il y a quelques milliers d’années, ce qui représente un
grand risque pour les populations qui continueraient à occuper
ces espaces.
À ce propos, la seconde communication nationale du Gabon
sur les changements climatiques, souligne que « la pression
démographique s’exercera davantage à Port-Gentil, où une
grande partie de la population s’installera dans des zones
inondables ».
Par ailleurs, cette étude précise que « la hausse prévisible du
niveau de la mer sur le littoral gabonais risque d’engendrer au
mieux une inadaptation, au pire la suppression de certaines
infrastructures côtières et maritimes existantes provoquant par
la même occasion d’énormes répercussions socio-économiques.
Il s’agit entre autres, de l’érosion des plages ; la perte des
territoires ; la destruction des routes et ports, la pollution,
ou encore le renoncement à la réalisation de nouveaux
. . 118
La Vulnérabilité des littoraux gabonais face aux menaces naturelles et
anthropiques, CNDIO-GABON.
Seconde communication nationale du Gabon sur les changements climatiques,
novembre 2011, p. 100.
La vulnérabilité des villes côtières des pays du Golfe de Guinée :...
projets de développement et aménagement industriel (zone
franche) Mathews J. A., ».
Comme les autres pays côtiers du continent, le Gabon n’a pas
encore élaboré une loi consacrée à la protection intégrée de
son littoral, il s’est néanmoins contenté à ce jour de mettre en
place une réglementation qui couvre un certain nombre de
domaines relatifs à l’occupation des espaces et à l’exploitation
des ressources. C’est dans cet objectif que, la loi 16/93 relative
à la protection et à l’amélioration de l’environnement accorde
une place à la protection des espaces côtiers tout en laissant la
compétence aux administrations concernées par les questions
maritimes d’élaborer les textes réglementaires. L’objectif visé par
l’application de cet arsenal est sans aucun doute la protection de
ces milieux contre toutes formes d’agression et de dégradation
résultant de l’activité anthropique, mais également de sensibiliser
et d’inciter les populations à adopter des comportements
respectueux de l’environnement marin et côtier.
C’est également dans ce cadre, qu’un décret datant du 30 octobre
1990, a été pris par le gouvernement, portant interdiction
d’exploitation de carrières de sable le long du littoral nord
de Libreville. C’est aussi le cas d’un autre décret, datant du
15 mai 2002, portant réglementation des études d’impacts sur
l’environnement. Ce décret fait obligation à tout promoteur
d’un projet d’aménagement susceptible de porter atteinte
à l’environnement et d’en altérer les qualités et l’esthétique
naturelles de réaliser préalablement une étude d’impact
et d’envisager les mesures d’accompagnement en vue de
réhabiliter les sites dégradés. L’application des dispositions
réglementaires de ces deux textes s’avère incontournable dans
la zone littorale.
En dehors de ces dispositions de portée nationale, le Gabon a
aussi ratifié certaines conventions dans ce domaine. C’est le cas,
par exemple de la convention internationale d’Abidjan sur la
coopération en matière de protection et de mise en valeur des
zones côtières. Malgré cet arsenal juridique, à ce jour, les seules
. Ibid., p. 111.
119
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
mesures prises en faveur de la protection des villes côtières
gabonaises, sont essentiellement la construction au coup par
coup de brises lames et autres barrières en bloc de béton,
de pierres et boudins de sable dans les secteurs où certaines
infrastructures sont menacées. Toutefois, ces initiatives semblent
malheureusement veines.
Aujourd’hui plus que jamais, le littoral gabonais est touché par
un phénomène important d’urbanisation illégale. Objet de toutes
les convoitises de la part des richissimes nationaux et étrangers,
cet espace est assailli de toutes parts par des constructions plus
imposantes les unes que les autres. Il est à remarquer que ces
bâtisses mal protégées contre les vents marins subissent les contre
coups de la décrépitude. Les murs se fissurent et l’humidité
gagne ces forteresses mal entretenues. Certains propriétaires sont
obligés d’abandonner ces maisons du fait de la pression maritime
car les travaux de réfection coûtent excessivement cher. Cette
privatisation outrancière du domaine public maritime entrave
aussi le libre accès des populations à la plage.
Le Domaine public maritime est en fait composé de la mer
territoriale, du plateau continental, de la mer intérieure, des
rivages de la mer couverts par les plus hautes marées ainsi qu’une
zone de 50 à 100 mètres de large à partir de la limite atteinte par
les plus hautes marées.
La réglementation en vigueur, stipule qu’au-delà de cette
délimitation, on ne peut délivrer de permis de construire, encore
moins donner un titre foncier. En définitive, personne n’a le
droit de construire ou encore moins d’occuper cet espace. Il faut
donc sauvegarder le domaine public maritime face à l’assaut
des affairistes et autres citoyens véreux qui y construisent des
établissements divers avec toutes les conséquences sur les eaux
de baignade, et surtout les habitations « pieds dans l’eau » pour
les revendre ensuite à coût de millions de francs CFA.
À Libreville, par exemple, au moment où, le gouvernement et la
Mairie sont en train de mener une campagne de destruction
des habitations et autres commerces de fortunes érigés sur le
domaine public, il serait judicieux, étant entendu que le domaine
120
La vulnérabilité des villes côtières des pays du Golfe de Guinée :...
public maritime est inaliénable et imprescriptible, de procéder
avant qu’il ne soit trop tard à la destruction pure et simple
des constructions érigées illégalement sur le domaine public
maritime.
4.
Enjeux démographiques et submersion
Comme on le voit, toutes les capitales administratives et/ou
économiques des pays côtiers de l’Afrique, implantées près de la
mer subissent une forte pression de toute part. À ce titre, le niveau
d’urbanisation dans ces villes est plus élevé que dans l’hinterland.
Au Togo et au Bénin, par exemple, la densité moyenne actuelle
est de 260 habitants par km², avec des maxima de 1 000 habitants
par km² et des zones à moins de 10 habitants par km², au Liberia
où en Guinée Bissau.
Au Gabon, le recensement général de la population et de
l’Habitat de 1993 a révélé que l’Île Mandji était le deuxième foyer
démographique du pays avec 84 000 habitants, soit 10 % de la
population. Les projections de ce recensement, montrent que
la population de la ville estimée à plus de 100 000 habitants en
2008, devrait atteindre les 300 000 habitants dans 50 ans pour se
situer à plus de 1 000 000 d’ici 100 ans. Sous le niveau de la mer
d’ici 20 à 50 ans, l’Île Mandji est un véritable cauchemar pour les
urbanistes. Située dans la zone équatoriale de transition du littoral
centre atlantique et dans une zone extrêmement marécageuse,
elle subit chaque année des menaces naturelles. Suite aux grandes
pluies, la nappe phréatique affleure et provoque régulièrement
des inondations dans la zone basse de la ville. Pour répondre à
cet épineux problème d’assainissement, la municipalité de PortGentil a fait réaliser un vaste réseau de canaux dans les années
1980. Malheureusement, ces infrastructures sont aujourd’hui
limitées, laissées pour compte et très mal entretenues. L’Île
Mandji couvre une superficie de 442 km² et les zones actuellement
inondables représentent 282 km², soit 64 % de la superficie
totale de l’Île. La vulnérabilité par rapport au phénomène
d’inondations constitue de ce fait un facteur sensible, qui
causera inéluctablement des dommages importants, notamment
. Ibid., p. 111.
121
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
sur la santé des populations. Suite à la montée des eaux, qui
s’accompagneraient d’un recul des terres et d’une plus grande
virulence des inondations l’on pourrait assister à une destruction
de l’habitat, des industries et autres infrastructures économiques,
connaître des problèmes d’assainissement ou encore de pénuries
en denrées alimentaires etc.
Bien que la ville se trouve toujours à quelques mètres au-dessus
du niveau de la mer, elle s’enfonce inexorablement. Avec la
vulnérabilité de la ville par rapport au phénomène d’inondation,
l’Île Mandji pourrait dans ces conditions se retrouver totalement
en dessous du niveau de la mer d’ici quelques années. Devant
ce scénario plutôt pessimiste, eu égard à l’évolution du climat,
la seule solution pour le gouvernement serait de faire appliquer
avant qu’il ne soit trop tard, l’une des recommandations des
experts du Projet d’ajustement et de planification des secteurs
urbains et transports (PAPSUT) de délocaliser partiellement la
ville de Port-Gentil à partir de 2020 vers le Sud-Ouest de la plaine
de WongaWongué en face de l’Île Mandji.
Conclusion
Aujourd’hui, des interrogations sur l’ampleur exacte de
l’élévation du niveau de la mer, les dégâts occasionnés et sur
le rythme qu’elle pourrait avoir dans les prochaines décennies
demeurent. Ce travail sur la vulnérabilité des villes côtières des
pays du Golfe de Guinée et principalement de la zone côtière
du Gabon, nous a permis de comprendre le niveau d’exposition
des enjeux liés à l’élévation probable du niveau de la mer dans
la capitale économique du pays – Port-Gentil.
L’érosion côtière, l’urbanisation incontrôlée, la pression
démographique de plus en plus croissante, l’exploitation illégale
de carrières de sable le long du littoral directement sur les
plages, l’occupation anarchique du domaine public maritime
par des opérateurs économiques véreux et autres aménagements
de grande envergure sont autant d’éléments qui contribuent
à la fragilisation et à la vulnérabilité des espaces littoraux
gabonais.
122
La vulnérabilité des villes côtières des pays du Golfe de Guinée :...
Il appartient donc à l’État de prendre toute sa responsabilité pour
faire appliquer, par exemple, la réglementation en vigueur et
de repenser sa politique de gestion durable, d’aménagement et
d’occupation des zones côtières. Le Gabon devrait aussi combler
une lacune difficilement admissible pour un pays côtier dont
l’espace maritime est plus grand que la composante terrestre
de son territoire. Il s’agit, de schémas de mise en valeur de la
mer, l’adoption d’une loi et la mise en place d’un observatoire
de son littoral. Aussi, face au changement climatique global et
compte tenu des coûts d’adaptation et d’atténuation, des mesures
régionales s’imposent-elles à travers des projets communs et par
le biais de la coopération internationale.
Références bibliographiques
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maritime, publication en ligne.
Ditengou Mboumi F., 2012, Le Littoral nord de Libreville en danger,
publication en ligne.
Kabinda Makaga E. M. et Mounganga M.-D., « Les changements
climatiques et la problématique de l’érosion côtière au Gabon », Sur la
route du littoral, E. 65 Radio Gabon, Libreville.
Mounganga M.-D., « Les impacts du changement climatique sur le
milieu marin et côtier », Sur la route du littoral, E. 51 Radio Gabon,
Libreville.
Mounganga M.-D. et Mavoungou B. D., « La stratégie nationale
d’adaptation du littoral gabonais face aux changements climatiques »,
Sur la route du littoral, E. 103 Radio Gabon, Libreville.
Mounganga M.-D. et Ndjambe A. J., « La vulnérabilité de l’Île Mandji
face aux changements climatiques », Sur la route du littoral, Libreville,
Gabon.
Rabenkogo N., « L’état des lieux du littoral gabonais », Sur la route du
littoral, E. 62 Radio Gabon, Libreville.
123
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
R abenkogo N., Seconde communication nationale du Gabon sur les
changements climatiques. Libreville, ministère de l’Habitat, de l’urbanisme,
de l’écologie et du développement durable, novembre 2011, 181 p.
Séverin Emane Mba, Mounganga M.-D. et Yeyet A. J., « L’exploitation
du sable le long du littoral », Sur la route du littoral, E. 24 Radio Gabon,
Libreville.
Spore hors-série, août 2008.
Yeyet A. J. R. et Mounganga M.-D., « L’exploitation illicite du sable des
plages dans le département du Cap Estérias », Sur la route du littoral,
E. 61 Radio Gabon, Libreville.
124
La protection de l’environnement : opportunité pour
le développement de l’Afrique
Brigis-Gérald GOZEGBA-YA-BOUMA
Introduction
Lorsque le terme « environnement » est utilisé, il n’est pas facile que
chacun y attache la même signification. Tout d’abord, Le Petit Robert
le définit comme « l’ensemble des conditions naturelles (physiques,
chimiques, biologiques) et culturelles (sociologiques) susceptibles
d’agir sur les organismes vivants et sur les activités humaines ».
Le géographe Pierre George quant à lui, définit ce terme comme
« l’existence de relations réciproques entre un groupe de référence
et son milieu ». Dans cet article, l’accent est mis sur la première
définition. En quoi la protection de l’environnement, peut-elle favoriser
le développement de l’Afrique ? Dans quelle mesure cette question de
protection environnementale peut-elle améliorer les conditions de vie ?
Telles sont des questions qui servent de boussole pour permettre de
naviguer dans tous les axes de cette réflexion. Ainsi, et dans un souci
d’apporter les bonnes réponses, trois points essentiels méritent une
attention particulière. Le premier point s’attardera sur la disparition du
capital forestier, en étudiant bien entendu, la spécificité du contexte
centrafricain comme un échantillon représentatif de tous les pays
de la région de l’Afrique centrale et de l’océan Indien touchés
par le problème de l’environnement. Le deuxième point mettra en
lumière les différents enjeux de cette disparition susceptible de mettre
en péril les efforts de développement. Le troisième enfin, ouvrira une
perspective d’avenir, et proposera en même temps des solutions en
vue d’un développement durable.
1. Disparition du capital forestier : cas de la République
Centrafricaine
La Centrafrique, en sango (Ködörösêse tî Bêafrîka) est un pays qui
dépend étroitement de l’exploitation des ressources génétiques
forestières pour son développement. En effet les produits
primaires (agricoles, pastoraux, miniers) offrent non seulement
. . George P., 1971, Que sais-je ? L’environnement, PUF.
« Ködörösêse » signifie « pays » tandis que « tî Bêafrîka » désigne « Centre
de l’Afrique ». C’est la composition de ces deux termes qui indiquent le terme
« Centrafrique ».
125
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
de l’emploi mais procurent des revenus en terme de devise.
Cette dépendance excessive vis-à-vis des ressources naturelles
n’est pas sans conséquence sur l’environnement. L’exploitation
industrielle des forêts qui a débuté en 1947 d’une façon artisanale
est maintenant devenue une des sources importantes des recettes
de l’État (plus de 20 % des recettes d’exploitation et 6 % du
produit intérieur brut [PIB]), ce qui explique le fait que dans les
sociétés lignagères, la forêt est appréhendée comme « la mère
nourricière » puisqu’elle assure à la population centrafricaine
l’essentiel de sa subsistance. En raison de la variété et de la
richesse de ces ressources forestières et surtout des retombées
positives qu’elles induisent auprès des populations locales,
une déforestation serait synonyme de catastrophe écologique
et d’insécurité alimentaire. Le temps est capital pour la mise en
place et le développement d’une forêt dense, l’homme ne détruit
pas au même rythme que la forêt se régénère, d’où la nécessité
d’y insinuer une gestion rationnelle.
1.1-
Déforestation et gaspillage : quelques données indicatives
En ce qui concerne le capital forestier, les choses ne vont pas
mieux : le désert a augmenté de 150 % en un siècle. Et à présent,
50 % des terres sont arides. La désertification a atteint plus
de 30 millions de km2 dont l’essentiel se répartit dans la zone
intertropicale. L’Amazonie, le plus grand réservoir génétique
mondial, est réellement sous menace. Ce patrimoine universel
qui joue un rôle déterminant dans l’équilibre de l’environnement
mondial est le siège d’une surexploitation. Il y aurait 2 millions
d’hectares détruits chaque année. La FAO, dans son rapport de
1988, avançait le chiffre de 3,3 millions, tandis que le Plan d’action
forestier tropical parle de 4,4 millions. À l’heure actuelle, la
situation n’est pas la même ; elle va de mal en pis.
En Centrafrique, tout comme dans le reste des pays de la région
de l’Afrique centrale et de l’océan Indien les problèmes de
. . . 126
Stott J., 1987, Le Chrétien et les Défis de la vie moderne, trad. Jacques Buchhold,
Méry-sur-Oise, Sator, coll. « Alliance », p. 4-5.
Bonnefous É., 1992, Réconcilier l’homme et la nature, Paris, PUF, p. 139.
Ibid., p. 142.
La protection de l’environnement : opportunité pour le développement de l’Afrique
l’environnement sont pluriels et diversifiés. Ils concernent tous
les aspects liés à l’environnement et à l’exploitation des ressources
naturelles : l’air des hautes agglomérations urbaines est fortement
pollué. Cette pollution atmosphérique provient essentiellement
des émissions des unités industrielles et des transports.
De grands espaces forestiers sont détruits chaque année, la
désertification rampante engloutit des centaines d’hectares
annuellement. Les efforts de reboisement réalisés ces dernières
années n’arrivent qu’à compenser quelque 30 % des dégâts
causés aux forêts. Les pressions qui pèsent sur l’écosystème
forestier sont multiples : la forte demande de produits ligneux,
l’exploitation abusive du bois, le surpâturage, le défrichement
direct pour la mise en culture. L’eau devient de plus en plus
rare et de mauvaise qualité. Cette raréfaction s’explique par
une gestion non rationnelle du potentiel hydrique en raison par
exemple de la dégradation des réseaux d’adduction de l’eau
potable dans les villes qui conduit à une perte des eaux livrées,
de l’évasement des retenues des barrages. À ceci, il faut ajouter
la qualité de l’eau qui se dégrade en raison des diverses formes
de pollution : déversement des rejets industriels et domestiques
sans aucun traitement, l’emploi à grande échelle des produits
phytosanitaires et des engrais, la minéralisation des eaux en
raison de l’intrusion des eaux marines.
La forte progression des déchets pose aussi de multiples
difficultés liées à leur collecte, à leur évacuation, à leur recyclage.
Cet important problème est aggravé par la grande insuffisance
des moyens financiers et techniques, le peu de qualification des
ressources humaines et l’absence d’une approche globale et
cohérente de la gestion de ces déchets.
La biodiversité connaît également de graves dangers dans cette
vaste région. Cette biodiversité fait l’objet de multiples pressions :
surexploitation des ressources, notamment de la pêche ; la perte
d’habitat et de zones humides en raison de la déforestation et de
l’urbanisation accélérée ; la pollution des milieux de vie de cette
flore et de cette faune. Ainsi, plusieurs espèces sont menacées
et/ou en voie de disparition.
127
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
Les ressources en sols qui représentent l’une des ressources
stratégiques de cette région du fait de la place du secteur de
l’agriculture dans l’économie nationale sont aussi de plus en
plus menacées. En effet, les sols subissent plusieurs contraintes :
érosion éolienne et hydrique, la pratique de cultures non
appropriées, l’urbanisation des terres agricoles, l’utilisation de
techniques archaïques dans le domaine de l’exploitation des
ressources minières et des carrières. Ces contraintes et bien
d’autres entraînent d’énormes problèmes environnementaux
comme la perte en fertilité et en couche arable, à cause de l’érosion
hydrique et éolienne, la menace potentielle de salinisation à
cause de l’évasement des retenues des barrages, la désertification
des sols, sont envahis, détruits. La très forte pression sur les
ressources naturelles en raison de l’explosion démographique,
de l’urbanisation accélérée a ainsi contribué à cette dégradation
et continue de peser sur l’environnement, ce qui a nécessité la
mise en œuvre d’un plan d’action anthropologique.
1.2-
Les origines de la déforestation
Dans l’approche des causes de la déforestation, l’évolution
des mentalités qui conduisit l’humanité vers la révolution
industrielle est un point important. La technique est un moyen
puissant qui permet à l’homme de s’exprimer sur l’autre, réduit
intégralement en objet. Vers la fin du Moyen Âge déjà, dans le
bouillonnement des idées, se laissait percevoir ce que Newbigin
appelle « l’apostasie intellectuelle du xviiie siècle ». L’homme
manifeste un désir farouche de s’affranchir de toute tutelle :
il veut être adulte, afin de prendre son destin en main. C’est
ainsi que pendant la Renaissance, l’humanisme augustinien fut
corrompu et devint une doctrine centrée sur la grandeur et la
liberté de l’homme. Alors, liberté et dignité propre de l’humain
passent avant tout. Le xviie siècle vient renforcer cette tendance
avec des découvertes scientifiques sans précédent à côté des
figures comme Galilée, Descartes, Newton, Leibniz, Kepler et
. . 128
Ellul J., 1954, La Technique ou l’enjeu du siècle, Paris, Armand Colin, p. 30-32.
Jerphagnon L. (dir.), 1980, Histoire des grandes philosophies, Toulouse, Privat,
p. 122-123.
La protection de l’environnement : opportunité pour le développement de l’Afrique
Spinoza. L’humanité d’alors fonda de grands espoirs. Puis vint
le xviiie siècle, le siècle des « lumières où la raison est saluée sans
réserve ni hésitation comme la suprême faculté de l’homme ».
L’homme se tourne sur lui-même (homme, politique) et sur la
nature qu’il cherche à mieux connaître pour mieux l’asservir. La
philosophie naturelle (les sciences de la nature) s’écarta de l’idéal
cartésien que Diderot considérait comme « une métaphysique
générale » loin du réel. Le lien entre l’homme et la nature ne
fut plus régi que par la volonté de puissance et une ambition
prométhéenne, sous-tendues par une anthropodicée qui s’en
prend à la théodicée. Le lien Dieu-homme-milieu connaît alors
une double rupture. C’est dans ce bouillon d’idées de révoltes
contre Dieu et le surnaturel que se développèrent sciences et
technologies. L’industrialisation poussée a créé dès le xixe siècle
une société de consommation sans précédent, avec une
volonté toujours croissante de produire. Le rapport vite établi
entre l’avoir et le temps, exige un besoin énorme de matières
premières et d’actions dont la principale victime est la nature.
Le développement de la société fut donc perçu uniquement dans
sa capacité de produire. Les économistes parlent d’accroître le
produit national brut (PNB). Ainsi, la loi du profit, au sein de la
société technicienne, prime sur celle de la justice dans l’action.
L’action devient une philosophie normative. L’homme agit pour
s’affirmer, la technique lui permet de guerroyer la nature et de
la vaincre. Avec elle, les antres de la terre sont fouillés, des forêts
balayées, des espèces de toutes sortes disparaissent, l’eau et l’air
se polluent. Avec la technique, la rapidité de la destruction des
forêts ne permet plus à la nature de se refaire elle-même.
Dans les pays du tiers-monde, la culture itinérante est une des
principales causes de la déforestation. Elle entraîne la disparition
de 6 millions d’hectares par an. Par ailleurs, une régression de
la pratique de culture traditionnelle avec l’usage des engrais
organiques qui permettaient une meilleure conservation des sols
et limitaient les espaces détruits se manifeste. La pratique de la
culture par irrigation et la mécanisation des techniques agricoles
���. ���. Ibid., p. 203.
Ibid., p. 204.
129
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
sont également un paramètre de déséquilibre écologique
important. Sur l’ensemble du continent africain, 80 % de la forêt
a été rasée en trente ans10. Le marché du bois et son industrie en
sont les principales causes.
2.
Les différents enjeux mettant en péril les efforts du
développement
Au nombre des graves conséquences de la non-protection de
l’environnement susceptibles de bloquer les initiatives tendant
au développement de l’Afrique, il y a lieu de déceler, les enjeux
suivants :
2.1-
Aggravation de la pénurie d’eau et des conflits liés à l’eau
Les ressources en eau de la République Centrafricaine ont
baissé au fil du temps essentiellement en raison de la sécheresse
persistante, de l’assèchement du fleuve Oubangui et des rivières,
ainsi que des modes d’utilisation des terres. Les changements
climatiques aggraveront la situation. On estime toujours que 80 %
de personnes en Centrafrique pourraient être exposées à une
pénurie de plus en plus grave d’eau d’ici 2015 et que les villages
connaissant une pénurie d’eau énorme s’étendront de 90 % d’ici
2030, alors que le fleuve Oubangui qui fournit de l’eau à la Société
de distribution d’eau en République Centrafricaine (SODECA)
séchera de plus en plus, avec des conséquences désastreuses. La
baisse du niveau de l’eau devrait avoir une incidence sur la qualité
de celle-ci, aggraver les maladies d’origine hydrique et entraîner
une baisse de la production d’hydroélectricité. Si l’on y ajoute
une demande accrue d’eau pour différents usages : agriculture,
industrie, énergie, etc., cela aura des répercussions négatives sur
les moyens d’existence et aggravera les problèmes liés à l’eau
tels que les conflits résultant de demandes concurrentes et de la
gestion de ressources en eau communes.
���. Bonnefous É., op. cit., p. 142.
130
La protection de l’environnement : opportunité pour le développement de l’Afrique
2.2-
Baisse de la production agricole et aggravation de l’insécurité
alimentaire
La FAO a toujours prévu que les changements climatiques
remettront sérieusement en cause la production agricole en
République Centrafricaine, et ceux-ci aggraveront la pauvreté
et l’insécurité alimentaire dans bon nombre de sous-régions du
pays. L’on s’attend à ce que les zones adaptées à l’agriculture, la
durée des périodes de végétation et le potentiel de rendement,
en particulier dans les zones marginales semi-arides et arides, se
réduisent de manière notable. Des sécheresses plus fréquentes et
plus graves, des inondations et des phénomènes météorologiques
extrêmes pourraient mettre à mal les systèmes de production
végétale et animale. L’approvisionnement en produits
alimentaires locaux pourrait également souffrir de la baisse des
ressources piscicoles, en raison de l’élévation de la température
des eaux. Les effets combinés de ces facteurs compromettraient
l’existence d’une importante proportion de la population et les
chances du pays de parvenir à un développement rayonnant,
de réduire la question de la pauvreté, de garantir la sécurité
alimentaire et de protéger l’environnement.
2.3-
Les difficultés dans le domaine énergétique
La baisse du débit des barrages hydroélectriques aggrave la
situation énergétique déjà désastreuse en Centrafrique eu
égard à la disponibilité et à l’accessibilité à l’eau ; et freine le
développement industriel du pays.
2.4-
Perte de la biodiversité, des forêts et d’autres maisons
décentes
On a estimé que d’ici 2050, entre 40 et 50 % des bâtiments
en Centrafrique pourraient être détruits, pendant que 70 à
plus de 80 % des maisons décentes adaptées à des espèces se
réduiront ou verront leur nature se transformer en raison des
changements climatiques. Cela serait problématique pour des
milliers de personnes dont l’existence est liée aux ressources
de la biodiversité, notamment les deux tiers de la population
Centrafricaine tout comme les populations des pays de la région
131
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
d’Afrique centrale et de l’océan Indien, à l’exception des pays
de l’Afrique du Nord, qui tirent leurs moyens d’existence des
forêts.
2.5-
Accroissement des maladies à transmission vectorielle
Des environnements plus chauds ainsi que la modification des
températures et des régimes pluviométriques résultant des
changements climatiques devraient accentuer la survenance
de maladies à transmission vectorielle en Centrafrique. De
graves épidémies de maladies à transmission vectorielle telles
que le paludisme, le choléra, la fièvre jaune, la trypanosomiase
et la fièvre de la vallée du Rift éclateront plus fréquemment
dans de nombreuses sous-régions du pays, avec les profondes
conséquences économiques qui s’ensuivront. Conjugués au
défi de la pandémie de VIH/Sida, les changements climatiques
accroîtront la prévalence des maladies transmissibles, les pauvres
étant les plus vulnérables en raison de leur piètre cadre de vie et
de leur manque d’accès aux soins de santé.
2.6-
Multiplication des risques de conflits liés aux migrations de
populations
Les phénomènes climatiques extrêmes tels que les inondations,
la sécheresse, la désertification et l’assèchement du fleuve
Oubangui vont vraisemblablement obliger un nombre croissant
de personnes à migrer des zones rurales et de plus en plus
arides. Les migrations massives qui vont s’ensuivre pourraient
déclencher de violents conflits pour l’accès aux principales
sources de subsistance telles que la terre et l’eau ; et le contrôle de
ces sources. Par exemple, on a estimé que le nombre de personnes
touchées par la sécheresse en Centrafrique depuis les années 2007
et 2011 est passé de 0 à 25 000, et le conflit qui sévit actuellement
au Nord de la République Centrafricaine, précisément dans la
région de Birao est en partie lié à des migrations qui ont été
entraînées par ces rigueurs du climat. Tous ces phénomènes
auront un impact négatif sur sa sécurité et sur sa place au cours
du xxie siècle.
132
La protection de l’environnement : opportunité pour le développement de l’Afrique
3. Perspectives, solutions pour un développement durable
La Centrafrique, par son environnement, est considérée par
l’opinion internationale comme l’un des pays les plus riches du
monde. Cependant, son patrimoine écologique est de plus en plus
en péril. C’est en même temps, sur le plan économique, l’un des
plus pauvres. On peut s’étonner que cette richesse intéresse plus
les étrangers que les nationaux. Le sort de la forêt Centrafricaine,
de la faune et de la flore endémiques qu’elle abrite, y est souvent
perçu comme un enjeu important pour une humanité qui a trop
souvent oublié de penser à son avenir sur le long terme. L’analyse
spontanée du phénomène de la déforestation met l’accent sur
l’irresponsabilité d’une population poussée au débroussaillement
sauvage par son extrême pauvreté. Une telle position se trouve
encouragée par des calculs économiques. Le coût annuel dû
à la dégradation de l’environnement se situerait à un degré
de pourcentage élevé en Centrafrique. Selon une estimation
approximative (1999), environ 65 % du coût proviendrait de
la déforestation, 15 % de la diminution de la productivité des
terres agricoles et pastorales due à l’érosion, et environ 10 % de
l’augmentation des coûts opérationnels et de la diminution de
la durée de vie des infrastructures.
Dans son évolution actuelle, l’action doit concilier trois niveaux
pour un développement réel et durable. À l’échelle locale, il
s’agit de prendre en compte les droits d’usage des populations.
L’échelle nationale cherche à valoriser une richesse pour
développer le pays. À l’échelle internationale, la volonté est de
réguler globalement les activités pour contrôler le changement
climatique.
L’articulation de ces trois niveaux est complexe et trouve
des solutions seulement avec des ajustements permanents.
Comme dans d’autres pays du Nord et du Sud de l’Afrique,
l’environnement est désormais un enjeu politique et social,
traité dans le cadre du développement durable. Dans le
cas centrafricain, les jeux entre le global et le local sont
particulièrement complexes. Imposée de l’extérieur, la question
environnementale est récupérée et intégrée par les politiques
133
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
publiques puis par la suite gérée ; par différents acteurs opérant
sur le territoire national : ONG, services techniques déconcentrés
de l’État, communes. Dans une telle incertitude, la protection de
l’environnement pour un développement durable est une forme
de politique publique qu’il reste à mettre en pratique. La nécessité
se précise également sur l’urgence d’une relecture des approches
anthropologiques face à la situation globale de l’être humain. Les
autorités politiques resteront peut-être en marge aussi longtemps
qu’elles n’auront pas conscience de leur responsabilité vis-à-vis
des défis modernes. Il incombe à l’anthropologie de susciter cette
conscience et de l’entretenir jusqu’au bout. Cela représente une
lourde responsabilité qui renvoie à des attitudes d’ouverture
aux autres et d’enrichissement mutuel à travers la rencontre et
l’unité des différences de la société. Dans le cadre de l’article,
l’anthropologie doit prouver son utilité et intervenir dans les
domaines qui la concernent, ramener les agents destructeurs de
l’environnement à la raison, proposer un code responsable, cela
pour une société digne et heureuse.
Conclusion
Le présent article vient d’aborder la question de la protection
de l’environnement comme un des défis en matière de
développement auquel, l’Afrique en général, et la Centrafrique en
particulier, doivent faire face au début de ce xxie siècle. Toutefois,
la réussite de cette entreprise dépendra de l’engagement d’un
État compétent, celui-ci ayant la responsabilité de mobiliser les
capitaux nécessaires ainsi que de créer des mécanismes de la
protection, et de contrôle réglementaire pour un développement
durable. Elle reposera également sur les efforts anthropologiques.
En fait, cette étude a pu identifier des pesanteurs considérées
jusque-là comme obstacle au développement de l’Afrique en
général, et de la République Centrafricaine en particulier et
au bien-être de sa population. Mais faut-il s’y fier entièrement
pour protéger l’environnement ? L’approche intégrée de la
protection de l’environnement serait-elle l’unique remède pour
un développement durable ?
134
La protection de l’environnement : opportunité pour le développement de l’Afrique
Références bibliographiques
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135
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
Rapport Afrique de Crisis Group, 2007, République Centrafricaine :
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Stott J., 1987, Le Chrétien et les Défis de la vie moderne, trad. Buchhold J.,
Méry-sur-Oise, Sator, coll. « Alliance ».
136
Perspectives pour une climatopolitique anthropocentrée
Chrislain Eric KENFACK
Introduction
Né sous la plume de Jean Michel Valentin, le concept de
climatopolitique est un néologisme issu de la combinaison
de deux autres concepts à savoir : climatique et politique. La
climatopolitique est donc une manière bien précise de qualifier
les politiques climatiques mises sur pied actuellement par
l’ensemble de la communauté internationale, dans le cadre des
accords signés en la matière et dont le but final est de lutter
contre les effets néfastes du changement climatique. Si le concept
climatopolitique est privilégié à l’expression politique climatique,
c’est qu’il renferme une nuance importante. En effet, la question
climatique semble devenue, au sein de la communauté
internationale, un enjeu de puissance dont les États et les autres
acteurs internationaux se servent pour s’imposer, imposer leurs
positions et rayonner dans la scène internationale. Le climat
est devenu stratégique, et l’on est progressivement en train de
passer de l’ère de la géopolitique fondée sur le positionnement
stratégique des États sous la base géographique, à celle de la
climatopolitique, marquée par le positionnement stratégique
des États sous la base de la maîtrise des enjeux climatiques
(Valentin, 2008). Face à cette situation et aux échecs à répétition
de la communauté internationale à trouver un consensus
d’action international, il est de la plus grande importance de
postuler un nouveau paradigme fondé sur la centralité de
l’homme. Cette perspective, tout en facilitant la gouvernance
du régime climatique international actuel, permettra de mettre
sur pied un mécanisme adéquat de lutte contre les changements
environnementaux globaux. Dans cette perspective, la centralité
des droits de l’homme, la valorisation des acteurs non étatiques,
la formation et le renforcement des capacités, un meilleur système
de gouvernance, sans oublier une meilleure prise en compte
du principe de responsabilité commune mais différenciée de
la Convention cadre des Nations unies sur les changements
climatiques (CCNUCC) seront analysés.
137
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
1. De la centralité politico-stratégique à la centralité des
droits de l’homme
Le point de départ des alertes scientifiques sur les changements
climatiques a longtemps marqué et continue de marquer
largement les négociations et les débats internationaux sur
la question. En effet, née dans les milieux des climatologues
et des environnementalistes, et par la suite récupérée par
les économistes qui se sont très tôt intéressés à la question
des coûts environnementaux, la question climatique reste
largement marquée par les considérations environnementales et
économiques. Et, avec la rencontre des préoccupations politiques
des États, elle est devenue une question purement stratégique à
l’échelle internationale. C’est peut-être cet aspect de la réalité qui
est au fondement de la difficulté que rencontre la communauté
internationale dans sa quête d’un consensus post-2012 ; car qui
parle d’économie, parle de divergences d’intérêts et de priorités.
Or si la question était celle des droits humains fondamentaux,
la réaction aurait certainement été différente, puisqu’il s’agit
de répondre à l’urgence d’une humanité commune qui croupit
sous le poids des violations. À ce titre, la porte de sortie se
trouve certainement du côté de l’anthropocentrisme des débats
climatiques ; si l’homme, son bien-être et ses droits étaient mis
au centre des débats, les efforts de résolution, comme nous le
montre souvent l’actualité lorsqu’il est question des droits de
l’homme, seraient plus accrus. C’est pour cela que le propos
s’accorde avec celui de Philippe Cullet qui estime que :
L’on doit répondre au changement climatique avec la
plus grande urgence. Ceci requiert des mesures qui
vont au-delà du protocole de Kyoto existant. Il est très
important de s’assurer que le changement climatique est
considéré de façon large, allant au-delà des dimensions
environnementale et économique, qui ont jusqu’ici été
centrales dans le régime actuel. Donner une place centrale
à la vulnérabilité humaine et incorporer le langage des
droits de l’homme dans le cadre légal du changement
138
Perspectives pour une climatopolitique anthropocentrée
climatique est crucial. Ceci doit être atteint avec une large
reconsidération de la place du traitement différencié dans
le régime du changement climatique, afin de mieux refléter
la vulnérabilité présente et future des pays et des peuples.
(Cullet, 2010)
Dans une pareille logique il est de la plus grande importance
de mettre un accent particulier sur la place centrale que doit
occuper l’homme dans les débats et les politiques climatiques
globales, car il est question de sauver la planète, non pas comme
une fin en soi, mais de la sauver en vue de la sauvegarde et de la
protection de la dignité et des droits humains fondamentaux.
2. Valorisation des acteurs non étatiques
La réussite de tout projet dépend du degré d’implication des
bénéficiaires, et celui-ci dépend du degré de réponse que le
projet apporte à leurs besoins et aspirations. C’est pourquoi, il est
important pour tout projet qui aspire à la réussite de tenir compte
des besoins et des attentes des bénéficiaires. Ceci concerne tout
aussi les changements climatiques qui, faut-il le rappeler, sont
un problème universel qui requiert la participation de tous
pour être résolus. Or, jusqu’à présent la logique est marquée par
l’approche descendante de résolution, et tout se passe comme si
les décisions prises par la communauté internationale peuvent
facilement être imposées aux États et aux populations à la base.
La prise en compte des besoins individuels des États et des
populations à la base est un impératif incontournable quant à
la réussite des politiques tant d’atténuation que d’adaptation
aux changements climatiques. L’importance de l’utilisation
des méthodes Recherche action participative (RAP) dans le
choix des priorités de lutte, de recherche des solutions, ainsi
que dans la mise en œuvre des projets, peut être mentionnée.
. Ces méthodes RAP s’appuient sur une sensibilisation préalable et un dialogue
avec toutes les parties prenantes et surtout les populations locales pour
déterminer les besoins et les priorités de ces dernières, déterminer avec elles les
actions prioritaires à mener et élaborer, toujours en synergie, les mécanismes de
mise en application.
139
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
Cette prise en compte de toutes les parties prenantes permet de
« créer les conditions de passage d’une situation caractérisée
par une divergence d’intérêts vers une situation de convergence
d’intérêts » (Nguinguiri, 1999). Ainsi dans le cadre du projet
de gestion forestière au Gabon par exemple, « le processus de
planification est particulièrement basé sur la connaissance des
réalités de terrain et sur la participation de tous aux réflexions
[il s’agit] de faire entendre la voix de tous dans les débats actuels
concernant les forêts gabonaises » (Nguinguiri, 1999). À ce titre,
les représentants des couches sociales suivantes sont consultés :
« gouverneurs, préfets, chefs de Canton et de regroupements de
villages, agriculteurs, chasseurs, tradipraticiens, chefs de services
des administrations locales, exploitants forestiers, prêtres,
éleveurs, pêcheurs enseignants et élèves, licenciés économiques
ayant rejoint leur province d’origine, chômeurs » (Nguinguiri,
1999). Il est donc de la plus grande nécessité d’implémenter ces
résultats tant dans le cadre des processus décisionnels que de
la mise en application des politiques climatiques aux niveaux
national et international.
3. La formation et le renforcement des capacités
L’un des grands défis que nous dévoile la lutte pour la justice
climatique est celui de la formation et du renforcement des
capacités ; car la réalité nous fait remarquer que les plus exposés
aux effets néfastes des changements climatiques sont ceux qui
ont la moindre capacité de réponse. Ainsi, si l’on veut éviter
les tensions de toute sorte que pourront générer les injustices
climatiques, il serait important de procéder le plus tôt possible
à la formation et au renforcement des capacités des leaders et
des populations, surtout ceux qui sont dans les pays les moins
développés. Ceci permettra non seulement de leur donner des
moyens de lutte, mais également d’engager leur développement
en optant pour les énergies à faible teneur en carbone, et d’éviter
ainsi de compliquer la situation climatique actuelle. « L’aide au
développement liée aux forêts et changement climatique doit
être orientée vers le développement des capacités des détenteurs
des devoirs afin de les aider à mieux remplir leurs devoirs, et
des détenteurs des droits pour qu’ils exigent le respect de ces
140
Perspectives pour une climatopolitique anthropocentrée
droits » (Seymour, 2010). La formation, le renforcement des
capacités et même le transfert des technologies vers les pays les
moins développés et vers les populations les plus vulnérables,
loin d’être des faveurs, sont davantage une question d’équité
sociale qu’il importe de corriger si la communauté internationale
veut atteindre des résultats espérés en matière de lutte globale
contre les changements climatiques. C’est grâce à cette formation
que l’on pourra amener les populations à changer de mode de
consommation et de vie pour adopter des manières de vie plus
économiques en énergie et par conséquent moins émettrices des
énergies fossiles. Le renforcement des capacités permettra aux
États de mieux s’armer en moyens leur permettant de s’engager
dans un développement durable et par conséquent moins
polluant. Il est donc urgent de sortir de la logique des discours
et des longues négociations d’une part, et de la logique du
volontariat qui caractérise souvent les aides internationales, pour
entrer dans une logique de devoir que doivent remplir les États à
l’égard des autres États à l’échelle internationale, et vis-à-vis de
leurs populations à l’échelle intranationale. C’est un devoir qu’ils
doivent remplir vis-à-vis de leurs populations en général, et des
plus vulnérables en particulier. Car « le changement climatique
affectera tout le monde sur notre planète, alors il est vital que tous
soient conscients des risques qu’ils encourent et du rôle qu’ils
peuvent jouer dans la lutte contre les changements climatiques,
en limitant ces risques » (Unitar, 2010), et pour cela, tous doivent
être formés et pourvus des capacités et des moyens techniques
pour le faire.
. Une étude récemment menée auprès des populations dans le Sud-Est Cameroun
montre à quel point les populations ignorent les enjeux du changement
climatique et sont prêtes à apprendre. Sur une cinquantaine de ménages
rencontrés, seulement trois étaient en mesure de parler confusément du
changement climatique, et aucun n’avait encore entrepris des actions pour
s’adapter au contexte changeant. Dans le même ordre d’idée tous se plaignaient
et demandaient l’aide des chercheurs et des autorités pour comprendre
clairement les enjeux et défis que le changement climatique pose.
141
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
4. Une meilleure gouvernance et une information
équilibrée
L’urgence de la gouvernance est un élément incontournable
dans la gestion des sociétés modernes et plus encore dans les
tentatives globales de résolution de la crise environnementale
actuelle. En effet, la visibilité et la traçabilité des actions menées
demeurent de tout temps des atouts majeurs d’encouragement
et de motivation pour ceux à qui l’on demande des efforts.
Ainsi, pour obtenir des résultats des populations et des États, il
importe que des efforts particuliers soient entrepris par rapport
à la gouvernance environnementale, tant à l’échelle globale qu’à
l’échelle nationale et même locale.
Par ailleurs, il importe de mettre un accent particulier sur les
aspects de communication et d’information environnementale.
En fait, le régime informationnel dans lequel se déploient les
questions climatiques actuelles est un régime alarmiste qui, très
souvent, pousse à considérer la réalité plus d’un point de vue
émotionnel que scientifique. Dans cette logique, il serait de la
plus grande urgence d’opter pour une communication verte
qui s’appuierait sur des informations scientifiques fiables et
équilibrées, sans sombrer ni dans les tendances minimalistes, ni
dans les tendances alarmistes. Informer en temps réel, donner
la vraie information à la bonne cible avec des moyens adaptés,
voilà le défi que doivent surmonter les différents acteurs pour
lutter effectivement contre les changements climatiques. Car,
en réalité, « L’information, la consultation et la participation du
public en matière environnementale constituent une démarche
essentielle pour la prise de décision publique dès son élaboration,
sa conception, sa mise en œuvre puis son évaluation. Il s’agit
également d’un élément important pour responsabiliser les
agents économiques et les citoyens aux impacts de leurs
comportements et pour les informer des risques ou nuisances
auxquels ils peuvent potentiellement être exposés ». Seules une
meilleure information et une meilleure gouvernance peuvent
faciliter la compréhension et la prise en compte authentique de
. 142
http://www.ecologie.gouv.fr.
Perspectives pour une climatopolitique anthropocentrée
la question climatique à sa juste valeur dans les préoccupations
et la vie quotidienne des populations. « L’information ou
la communication sur l’environnement favorise la lisibilité
des actions publiques qui sont destinées à garantir la qualité
de l’événement. De plus, l’information sur les différentes
dispositions réglementaires, et surtout les enjeux peut devenir
un facilitateur en matière d’acceptabilité des contraintes qui sont
induites par les politiques environnementales » (Koubo, 2003).
Contraintes qui doivent entraîner les changements de mentalités :
« une lutte authentique, demande des changements des attitudes,
des comportements, et surtout des activités économiques » (Hunt
et Kholsko, 2010). Toutes choses qui peuvent valablement être
atteintes à l’aide de la formation et d’une communication vraie
et authentique.
5- L’impératif du respect du principe de « responsabilité
commune mais différenciée »
Cet important principe dans le cadre de la Convention Cadre des
Nations Unies sur le Changement Climatique (CCNUCC) et du
protocole de Kyoto semble très souvent oublié lorsqu’on est en
face de la construction des politiques climatiques internationales
et des négociations globales pour trouver un accord post2012 en la matière. Les tractations climatiques accordent plus
d’importance au principe de responsabilité historique des pays
. . Adoptée le 9 mai 1992 à New York aux États-Unis, cette convention est le tout
premier et reste le seul grand instrument international dans le cadre de la lutte
contre le changement climatique. Il est formé de 26 articles et de 2 annexes
(I et II). Tout en encourageant les pays à agir dans l’urgence, il est jusqu’à
présent le cadre fondamental qui soutient et oriente les négociations climatiques
à l’échelle internationale.
Adopté le 11 décembre 1997 à Kyoto au Japon, ce protocole additionnel à la
CCNUCC est un texte de 28 articles et 2 annexes (A et B). Il est l’instrument
juridique le plus important en matière de lutte globale contre le changement
climatique. Initialement prévu pour expirer en 2012, sa durée de vie a été
allongée par une période transitoire allant jusqu’en 2015 en attendant que les
États du monde parviennent à un consensus. Il est de nature contraignant et
contient des objectifs chiffrés de réduction des gaz à effet de serre pour les pays
développés.
143
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
développés qu’à celui de la responsabilité commune, bien que
celle-ci soit à des degrés différents. Si l’on accorde une plus
grande place à ce principe, il sera plus facile d’aller au-delà
des débats interminables sur les compensations financières
que doivent verser les pays riches et tous les débats que cela
entraîne pour davantage chercher à trouver une solution globale
et concertée à un problème qui affecte l’humanité entière, et
chacun y participera selon ses capacités et ses moyens. En matière
de responsabilité climatique, tous sont coupables et doivent
par conséquent agir ensemble pour résoudre la situation. Or
le problème qui se pose est celui de la mauvaise interprétation
du principe de responsabilité commune mais différenciée que
chacun comprend et oriente à sa manière, selon ses intérêts. Le
constat de Chukwumerije Okereke à ce sujet est assez significatif
et digne de considération, « En tant que concept d’équité, la
responsabilité commune mais différenciée a deux dimensions :
la première est la culpabilité. Dans cette dimension, la pression
historique exercée par les pays développés sur l’environnement
global et le devoir subséquent qu’ils ont de prendre leur
responsabilité pour résoudre le problème engendré est mis en
exergue. La deuxième dimension est la capacité qui met l’accent
sur la supériorité technologique et financière, ainsi que sur les
ressources qu’exigent les pays développés pour s’engager dans
la protection de l’environnement. Les pays en développement
favorisent la première, alors que les pays développés ont une
inclination pour la seconde ». Il est urgent de considérer au même
titre les deux aspects de culpabilité et de responsabilité dans le
cadre de l’application du principe de responsabilité commune
mais différenciée si l’on veut obtenir des résultats probants des
négociations globales et trouver un accord post-2012 en matière
de lutte contre les changements climatiques. Il est important que
chacun évolue en se sachant responsable de la situation, quel
que soit le degré de responsabilité, et qu’il soit prêt à apporter sa
contribution, aussi petite soit-elle, à la résolution du problème.
144
Perspectives pour une climatopolitique anthropocentrée
Conclusion
En somme, avec le poids croissant des changements climatiques
sur les systèmes et les droits de l’homme, la communauté
internationale n’est pas restée inactive. Ainsi, dans ses tentatives
de lutte les choses évoluent progressivement. Peu à peu, la place
de l’humanité dans les débats actuels, est prise en compte ; en
témoignent la naissance et l’importance croissante du mécanisme
REDD+ (Réduction des émissions dues à la déforestation et à la
dégradation des forêts dans les pays en développement, et le
rôle de la conservation, de la gestion durable des forêts et du
renforcement des stocks de carbone forestiers). Dans une telle
perspective, et surtout pour renfoncer la place des droits humains
fondamentaux dans la lutte contre la crise environnementale, un
certain nombre de solutions ont été envisagées. Il convient entre
autres de mentionner :
• le passage de la centralité politico-stratégique à la centralité
des droits de l’homme ;
• la meilleure valorisation des acteurs non étatiques ;
• la prise en compte d’une bonne formation et du transfert des
technologies ;
• la mise sur pied d’un meilleur système de gouvernance et
d’information vraie et équilibrée ;
• la bonne mise en application du principe de responsabilité
commune mais différenciée.
Grâce à tout cela l’on pourra enfin aboutir au changement
de mentalité des populations, et aboutir à une meilleure
gouvernance dans le régime climatique actuel par tous les États
du monde.
. La REDD+ est un mécanisme international qui vise à soutenir financièrement et
techniquement les pays en développement afin qu’ils conservent et gèrent mieux
leurs forêt pour le bien de l’humanité entière. Cette perspective prend de plus
en plus de l’ampleur à cause du rôle dual des arbres. En effet, la déforestation
à elle seule contribue presqu’au quart des émissions de gaz à effet de serre sur
la surface de la terre d’une part, alors que d’autre part les arbres vivants ont
une grande capacité à séquestrer les gaz à effet de serre et principalement le
carbone. 145
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
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Hunt P. et Khoksko R., « Rights to the highest attainable standard of
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Cambridge University Press, 348 p.
146
Les effets dévastateurs du changement climatique en
Afrique et les solutions en présence
Jean Jacques NTYAM ELA
Introduction
La diversité biologique ou biodiversité, représente l’ensemble des
espèces vivantes, présentes sur la terre (plantes, animaux, microorganismes, etc.), les communautés formées par ces espèces et les
habitats dans lesquels ils vivent. De façon formelle la biodiversité
selon la Convention cadre des Nations unies sur les changements
climatiques, est la « variabilité des organismes vivants de toute
origine, y compris, entre autres, les écosystèmes terrestres,
marins, aquatiques et les complexes écologiques dont ils font
partie ; cela comprend la diversité au sein des espèces, et entre
les espèces et ainsi que celle des écosystèmes ». Le changement
climatique est déjà un processus en évolution perpétuelle et se
présente, selon la Convention cadre des Nations unies sur les
changements climatiques comme « les changements de climat
qui sont attribués directement ou indirectement à une activité
humaine altérant la composition de l’atmosphère mondiale et qui
viennent s’ajouter à la variabilité naturelle du climat observée au
cours des périodes comparables ». Le message des scientifiques
longtemps considéré comme fiction apocalyptique, se réalise
chaque jour un peu plus, saison après saison. Des changements
profonds sont désormais inéluctables, quels que soient les
efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES)
qui pourront être déployés, le chemin de non-retour affecte
ainsi de nombreux secteurs : agriculture, forêt, tourisme, pêche,
aménagement du territoire, bâtiments et infrastructures. De ce
qui précède, il y a lieu de se demander, quels sont les enjeux de la
biodiversité liés aux changements climatiques par la gouvernance
internationale de l’environnement ? En ce sens, le changement
climatique a cessé d’être une question strictement scientifique
concernant un avenir lointain pour devenir finalement un enjeu
actuel et prégnant de politique mondiale. Dégager les impacts
du changement climatique permettra de mesurer l’ampleur de
la situation, pour réaliser que l’adaptation à ces changements
climatiques constitue la solution pour la gouvernance
internationale de l’environnement.
147
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
1.
Impacts des changements climatiques en Afrique
1.1-
Impacts hydriques des changements climatiques
Le climat se caractérise en Afrique par une forte variabilité et par
des événements météorologiques extrêmes. Selon le quatrième
rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental
sur l’évolution du climat (GIEC), les principales incidences du
changement climatique sur le secteur de l’eau devraient être les
suivantes :
1. d’ici à 2020, entre 75 et 250 millions de personnes devraient
être exposées à un stress hydrique plus prononcé d’ici à 2020,
dans certains pays, les rendements de l’agriculture sous pluie
pourraient diminuer de pas moins de 50 % ;
2. d’ici à 2080, les superficies arides et semi-arides pourraient
s’accroître de 5 à 8 % en Afrique ;
3. Vers la fin du xxie siècle, l’élévation du niveau de la mer aura
des répercussions sur les plaines côtières très peuplées.
La prédiction de l’évolution à venir du climat reste sujette à
de nombreuses incertitudes, mais les phénomènes observés
indiquent bien que le changement climatique ne se limitera
pas à une modification graduelle des températures moyennes
annuelles et comportera aussi une intensification du cycle
hydrologique.
En conséquence, les extrêmes météorologiques devraient
fortement augmenter. Ainsi, en Afrique subsaharienne
notamment, le manque d’eau et la variabilité hydrologique
croissante militent en faveur des risques accrus de mauvaises
récoltes ce qui entraînerait :
148
1. une plus forte morbidité et mortalité des animaux d’élevage
et/ou la vente forcée d’animaux à bas prix, la précarité
accrue des moyens de subsistance, conduisant à la cession du
patrimoine, à l’endettement, à l’émigration et à la dépendance
à l’égard de l’aide alimentaire ;
Les effets dévastateurs du changement climatique en Afrique...
2. la baisse des indicateurs de développement humain, en
particulier de la santé et de l’éducation.
Schéma du réchauffement climatique
Source Terrafrica
À cela s’ajoute l’absence presque totale d’une politique de
sensibilisation basée sur une communication dans le domaine.
Cette situation fait de l’Afrique le continent le plus vulnérable à la
variabilité et à l’évolution climatique. Certains modèles indiquent
qu’une augmentation de la température d’environ 1,5 °C d’ici
à 2040 pourrait entraîner une diminution annuelle du Produit
intérieur brut (PIB) africain de 1,7 %. De plus, les changements
climatiques augmenteraient de 54 % le risque de guerre civile en
Afrique au cours des vingt prochaines années.
1.2-
Impacts du changement climatique sur la biodiversité
Le changement climatique se répercute de différentes façons sur
la biodiversité. Étant donné que la faune et la flore dépendent
de conditions environnementales bien précises, des variations
dans les régimes de température et d’humidité affectent la
performance et la compétitivité des espèces.
La forêt africaine est mise à rude épreuve par les modifications
relatives à l’utilisation du sol ainsi que par le changement
149
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
climatique, ces deux facteurs étant interactifs. Les transformations
de l’utilisation du sol débutent par la construction de petites
routes pour l’exploitation forestière, puis attirent de petits
agriculteurs faisant des cultures vivrières, et ensuite de plus en
plus, des producteurs de soja, plus lucratif, cela fragmente la
forêt et réduit sa capacité à assurer ses services écosystémiques
en matière de stockage du carbone et de régulation du climat et
du cycle de l’eau, tout en accentuant le risque de prolifération des
maladies. Le changement climatique, qui se manifeste par une
augmentation de la température et des sécheresses récurrentes,
pourrait convertir la totalité de la forêt tropicale humide en
savane arborée avec toutes les conséquences négatives pour les
processus écosystémiques et la diversité des espèces.
Tout commence par des travaux de construction de pistes pour
l’exploitation forestière et se termine par la destruction de vastes pans
de forêt tropicale humide.
Source : Institut de Recherche de Potsdam.
1.3-
Impacts écologiques des changements climatiques
Le réchauffement climatique n’est-il pas un danger que le
monde redoute ? Il a des conséquences économiques, sociales
et politiques incalculables. Il est plus judicieux d’attaquer le
mal par les racines pour ne plus être surpris par les dégâts qu’il
occasionnerait. Le non-recyclage des déchets des plastiques,
des appareils électroménagers et informatiques entraîne des
150
Les effets dévastateurs du changement climatique en Afrique...
dégâts incommensurables ; les inondations dans nos villes suite
à l’obstruction du passage des eaux par ces déchets, l’insalubrité
et des maladies.
La grande déforestation souvent observée dans les pays
subsahariens suite à l’exploitation du bois occasionne l’érosion,
la dénudation du sol, l’infertilité du sol et l’augmentation de
la température, toute chose qui à grande échelle, enchaîne une
cascade d’événements compromettants pour l’homme.
Présentation des conséquences du réchauffement climatique à travers la fonte des
glaces et l’avancée de l’eau.
Source : Encyclopédie Encarta, 2010.
Ce tableau assez sombre montre, s’il en était encore besoin,
la nécessité de promouvoir les politiques d’adaptation
climatique.
1.4-
Impacts du changement climatique sur le plan économique
En Afrique, les économies étant étroitement dépendantes de
l’agriculture, sont nettement plus exposées aux mutations
climatiques. Sur le terrain, les changements climatiques sont
déjà responsables de la réduction de la durée de la période de
végétation dans certaines régions du continent avec comme
conséquence la baisse de la production agricole. Dans la région
de l’Extrême-Nord du Cameroun, plusieurs rapports alarmants
de l’Office céréalier du Cameroun démontrent clairement qu’en
raison de mutations climatiques qui ont entraîné la diminution
151
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
du lit du Logone qui irriguait la région, la production du maïs
et du mil ont baissé de 12 % durant les années 2008 à 2009 par
rapport aux années précédentes. Cette situation a concouru à
réduire le revenu des populations et par conséquent le panier de
la ménagère. Loin de dresser un tableau prometteur, les experts
s’accordent sur le fait que les pires scénarios sont à prévoir pour
le continent africain en général et l’Afrique subsaharienne en
particulier tant au niveau des réserves alimentaires que sur la
production agricole notamment des céréales. D’ici à 2020, selon
M. Ehrhart, « les changements climatiques auront contribué au
stress hydrique, à la détérioration des terres, à la diminution
du rendement des cultures et à l’accroissement du risque
d’incendies de forêt, ce qui provoquera une diminution de 50 %
de la productivité agricole dans les régions semi-arides ». Une
situation engendrée par les graves pénuries d’eau qui générera
de manière inévitable un fort taux de migration des populations,
une grande sollicitation des gouvernements pour compenser le
déficit alimentaire et le ralentissement de la croissance tant micro
que macroéconomique.
À cet effet, les réductions projetées du rendement dans quelques
pays pourraient être plus de 50 % d’ici 2020 et les revenus nets
de récolte pourraient tomber à près de 90 % à l’horizon 2100,
les petits exploitants étant les plus affectés. D’après le docteur
Daouda Zan Diarra, chef de la division agro météorologie de la
Division nationale de météorologie du Mali, ceci compromettra
la sécurité alimentaire dans le continent. Dans son rapport sur
Les impacts des changements climatiques dans l’Afrique de l’Ouest,
il projette que des approvisionnements alimentaires locaux,
sont négativement affectés par les ressources halieutiques
décroissantes dans de grands lacs de la sous-région dus
à l’augmentation des températures de l’eau, qui peuvent
être aggravées par des pêches excessives continues. Le coût
d’adaptation pourrait s’élever au moins à 10 % du PIB. La basse
capacité d’adaptation aux changements climatiques contribue
malheureusement à vulnérabiliser le continent africain sur le
plan économique et à accroître sa dépendance à l’extérieur.
152
Les effets dévastateurs du changement climatique en Afrique...
2-
Adaptation aux changements climatiques et gouvernance
internationale sur l’environnement
2.1-
L’adaptation aux changements climatiques : priorités et
barrières clés
L’homme et la nature ont sans doute la capacité de s’adapter
spontanément dans une certaine mesure aux bouleversements
engendrés par le changement climatique mais il est certain que,
si l’homme ne se prépare pas à ce changement, il induira des
coûts et des dommages bien supérieurs à l’effort d’anticipation. Il
faut donc dès aujourd’hui réduire la vulnérabilité aux variations
climatiques, afin d’éviter de forts dommages environnementaux,
matériels, financiers mais aussi humains. Il convient de rappeler
que le coût de l’inaction, évalué par l’économiste Nicholas Stern,
se situe entre 5 % et 20 % du PIB mondial et celui de l’action de
1 à 2 %. Les besoins de moyens d’adaptation pour faire face au
défi du changement climatique et des variations du climat ont
gagné en importance auprès des décisionnaires, les spécialistes
du développement et des acteurs touchés. Selon le GIEC, la
combinaison des diverses pressions climatiques et d’autres
facteurs en Afrique signifie que, pour beaucoup d’Africains,
l’adaptation n’est pas un choix, mais une nécessité. Cependant,
la réduction durable de la pauvreté reste un défi crucial pour
le développement. La réduction des facteurs de vulnérabilité
pourrait contribuer à augmenter la capacité d’adaptation des
populations. Des recherches ont montré que les stratégies
d’adaptation peuvent créer des synergies avec les efforts mis
en place pour atteindre les Objectifs du millénaire pour le
développement (OMD). Ceci est très important pour développer
des stratégies intégrées de « développement adaptatif ». Les
stratégies d’adaptation déjà observées comprennent entre
autres la diversification des activités de subsistance, le schéma
institutionnel, des changements dans le travail agricole, le
développement de projets à but lucratif et la vente de maind’œuvre. Cependant, le GIEC souligne que les agriculteurs
africains ont développé diverses stratégies d’adaptation pour
surmonter les caprices du climat mais que celles-ci pourraient
153
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
bien être insuffisantes pour faire face aux futurs changements
du climat.
Ceci mène à deux conclusions. D’une part, il est nécessaire de
limiter le plus possible le réchauffement climatique en réduisant
les émissions de GES au niveau global pour éviter des variations
dangereuses du climat qui pourraient créer l’apparition
d’événements irréversibles à grande échelle. D’autre part, des
efforts accrus et une adaptation planifiée à différents niveaux
seront nécessaires pour réduire la vulnérabilité des populations.
Heureusement, un nombre croissant de recherches et d’activités
est en train d’être mis en place sur diverses parties du continent
africain pour mieux comprendre l’enjeu de l’adaptation, définir
des priorités et tester des approches.
En matière de développement et de financement, le changement
climatique représente une charge additionnelle pour l’Afrique
alors que celle-ci n’a que modestement contribué à ce phénomène.
Pourtant, dans la majorité des cas, pour que l’adaptation soit
efficace et réussie, celle-ci réclame des investissements pour
augmenter/renforcer les capacités ou pour construire des
infrastructures conçues pour résister au changement climatique.
Bien qu’aucune projection ne soit disponible, il n’y a aucun doute
que l’adaptation sera une entreprise très coûteuse à toute échelle
et mettra certainement les capacités des pays à rude épreuve. Des
moyens financiers doivent ainsi être considérés comme l’une des
mises en œuvre pour une adaptation réussie à plus large échelle.
Les domaines d’action prioritaires comprennent des améliorations
de l’observation systématique de la variabilité du climat et du
changement climatique à travers l’évaluation des impacts et de
la vulnérabilité à différentes échelles. Lors du développement de
projets pilotes, la priorité devrait être donnée aux communautés
particulièrement exposées au risque. Il est important de noter
que la prise en compte du savoir local dans l’élaboration de
politiques de lutte contre le changement climatique peut mener à
la création de stratégies d’adaptation effectives avec la meilleure
efficacité-coût et qui sont participatives et soutenables.
La hausse des cours des produits de base et la sécheresse ont
eu une incidence négative dans certains pays. Le fait que les
154
Les effets dévastateurs du changement climatique en Afrique...
coûts actuels des produits de base soient élevés et continuent
d’augmenter est une bonne chose pour les pays africains qui
en sont exportateurs, mais pas pour les autres, qui ont pâti en
particulier de la hausse des prix des produits alimentaires et des
combustibles, et dont la balance des paiements s’en est fortement
ressentie.
2.2-
La gouvernance internationale sur l’environnement
L’envol des prix des produits alimentaires et des combustibles
a durement frappé les ménages à faible revenu (en particulier
dans les villes), ce qui a aggravé les tensions sociales et provoqué
des émeutes alimentaires dans certains pays. La sécheresse qui
a frappé certaines régions du continent le Tchad, le Niger et les
pays de la Corne de l’Afrique (notamment la Somalie) a entraîné
une réduction de la production agricole et exposé de ce fait les
ménages ruraux pauvres à la famine. Face à cette situation,
l’action publique est confrontée aux contraintes budgétaires qui
imposent une rationalisation des dépenses dans les États.
Pour que le développement soit durable dans les futures
conditions imposées par le changement climatique, la
conservation de la biodiversité doit être intégrée aux législations
nationales et internationales et être prise en compte par les
gouvernements et les administrations. Il est aussi essentiel que
des zones protégées soient davantage reconnues comme moyens
de préservation du patrimoine vivant pour la mise en valeur
future de plantes cultivables et de substances pharmacologiques
et comme espaces de tranquillité pour la flore et la faune, ces
fonctions environnementales devant être compensées par des
financements internationaux.
En matière de gouvernance internationale sur l’environnement,
le constat qui se dégage est triste et fait souvent oublier toutes
les actions que celle-ci pose pour protéger l’environnement.
L’heure n’est plus aux grandes conférences et discours, l’heure
est à l’action et cela passe par une législation applicable de
l’environnement.
155
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
Conclusion
Le changement climatique et ses effets néfastes sur les grands
équilibres naturels constituent des réalités incontestables.
Les réponses apportées à ce phénomène écologique se sont
principalement focalisées sur des instruments de marché et sur
les nouvelles techniques environnementales, suivant en cela les
recommandations du Protocole de Kyoto. Les avantages procurés
par les solutions axées sur la réduction des GES et les opportunités
offertes par les filières de l’économie verte sont réels. Des
possibilités d’insertion existent sur les marchés de l’économie verte
pour les pays d’Afrique centrale. Ces marchés porteurs, en pleine
expansion aujourd’hui, offrent des perspectives intéressantes en
termes d’emploi pour les femmes et pour les jeunes. Pour bénéficier
et être un acteur actif de cette nouvelle économie naissante, les
pays d’Afrique centrale doivent préserver leur capital naturel par
une gestion rationnelle de leurs écosystèmes, s’engager dans la
voie de la production et du transport des énergies durables. De
nos jours, l’Afrique exploite de plus en plus son pétrole, la gestion
de cette manne tombée du ciel invite à s’interroger sur la politique
environnementale suite à son exploitation.
Références bibliographiques
Vohland K. et Lotze-Campen H., 2009, Les Conséquences du changement
climatique, Allemagne, Institut de Recherche de Potsdam, 13 p.
Woodfine A., 2009, L’Adaptation au changement climatique et l’atténuation
de ses effets en Afrique subsaharienne au moyen des pratiques de gestion
durable de terres, Copenhague, Terrafrica, 90 p.
156
Exploitation minière et gestion responsable de l’environnement
Georges NSHAGALI BIRINGANINE
Introduction
Des éléments importants pouvant conduire à la compréhension
du fonctionnement d’une mine et ses impacts directs et indirects
sur l’environnement ont été observés lors d’une visite d’étude à
la Société d’exploitation d’or de Sadiola (SEMOS) au Mali dans la
province de Kayes. Le grand complexe minier était bien structuré,
éclairé et les routes à l’intérieur de la mine bien entretenues. Les
villages voisins de la mine pourraient bénéficier de cette semimodernité visible à la mine.
Lors de la visite du parc à résidus (lieu d’entreposage des résidus
provenant de l’usine de traitement), deux versions concernant la
préparation de cette structure importante pour la mine se sont
contredites. L’une venait du guide de la visite qui affirmait que
la géomembrane était au préalable posée au fond de ce parc à
résidus ; l’autre venait d’un agent contrôleur et permanent à ce
site qui affirmait que la géomembrane n’était jamais posée.
Les interrogations concernant l’avenir des huit fosses de mines,
de plus de deux cents mètres de profondeur, à la fermeture de la
mine ont révélé un désengagement environnemental. L’objectif
premier d’une entreprise minière étant le business, ces trous
ne seront jamais remblayés. Cet exemple n’est pas un cas isolé,
il représente la négligence effective dans le secteur minier,
notamment en RDC, où la législation et la réglementation, le suivi
et le contrôle dans le domaine des mines semblent absents.
Le secteur minier joue un rôle très important dans le soutien
et le développement de l’économie des pays miniers parmi
lesquels la RDC, où il constitue actuellement la première
ressource d’exportation du pays. Mais la question est de savoir
s’il faut exploiter les ressources de manière irresponsable donc
au détriment de l’environnement et sans penser aux générations
futures ? Dans la plupart des pays miniers, africains spécialement,
deux types d’exploitation minière sont généralement observés :
celle plus ou moins moderne (industrielle) et celle artisanale.
157
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
Toutes ces exploitations, de quelque nature qu’elles soient, ne
sont pas sans conséquence sur l’environnement. Certaines plus
ou moins modernes, utilisent les produits chimiques qui peuvent
être nuisibles à l’environnement physique et par conséquent
à l’environnement humain si aucun contrôle efficace n’est au
préalable prévu.
D’autres, du type artisanal, peuvent être à l’origine de la
dégradation de l’environnement physique et peuvent affecter
l’environnement humain, tout en sachant que l’érosion favorise
le lessivage des métaux lourds qui peuvent contaminer l’eau
de surface et/ou l’eau souterraine voire même les sols arables
(Aubertin et al., 2002a).
Ce type d’exploitations a des impacts plus négatifs que positifs
vis-à-vis de l’environnement social, sociétal et physique. Les
impacts négatifs, peuvent-ils être évités ? Les différents rejets
susceptibles de provenir de l’exploitation minière et leurs
conséquences sur l’environnement physique (cas de l’or) seront
examinés ; ainsi que les impacts potentiels de l’exploitation
minière sur le milieu humain. La portée et limites des moyens
mis en œuvre par les États et les exploitants seront présentés ;
puis, quelques propositions d’amélioration technique et
organisationnelle seront envisagées. Une exploitation minière
contribue certes au soutien des économies des États en voie de
développement, mais elle reste dans tous les cas destructrice de
l’environnement physique et social.
1.
Les différents rejets miniers provenant à chaque phase
de cette exploitation
Pour prétendre appliquer une gestion plus efficace des résidus
miniers, le mieux est de comprendre leur lieu de provenance,
car les sources des résidus miniers influencent énormément leur
mode de gestion. Le schéma suivant résume les différents rejets
miniers retrouvés dans la halde à stérile et le parc à résidus et
leur provenance.
158
Exploitation minière et gestion responsable de l’environnement
Figure 2 : source de rejets miniers de la halde et du parc à résidu
Source : Commission européenne, 2009, Les Meilleures Techniques disponibles
sur la gestion des résidus et stériles des activités minières.
Pour atteindre le minerai, une certaine quantité de stérile (débris
de roche) est excavée et déposée en un lieu appelé halde à
stérile.
La plupart des sociétés aurifères produisent de l’or grâce aux
procédés hydrométallurgiques (mélange de l’eau dans le minerai
à broyer). Toute opération de production conduit à la libération
du métal désiré (or) et des résidus non désirés. Ces derniers sont
stockés dans un lieu appelé parc à résidus.
Il existe une autre qualité des rejets dans toute société minière
ayant des installations connexes telles que les bureaux, les camps
de travailleurs, différents dépôts des produits chimiques et
d’autres appareils, garages, etc. Ces rejets sont assimilés à des
déchets banals et ménagers et sont stockés en un lieu appelé
déchetterie. Cet endroit doit subir aussi un traitement spécial
de manière à prévenir le lixiviat contaminé qui peut provenir
de la déchetterie. Beaucoup d’autres rejets peuvent être signalés
comme : les rejets gazeux (difficiles à gérer), huiles usées,
carburants, lubrifiants, etc.
159
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
2.
Les conséquences de l’exploitation minière sur les
différents environnements
2.1-
Sur l’environnement physique
Les plus grands méfaits des sociétés extractives sont les
destructions en masse de l’environnement, en commençant déjà
à la phase d’exploration jusqu’à la fermeture de la mine. Ces
destructions peuvent consister en la coupe de bois, au déblayage,
au creusement des fosses qui ne seront jamais bouchées,
productions des tas de terrils non stabilisés, création des lacs
de résidus, à l’utilisation de produits chimiques non contrôlés,
tels que le cyanure, le peroxyde et autres produits chimiques
nocifs à l’homme, à la production des métaux lourds secondaires
(non inclus dans la production), etc. Leurs conséquences sont
multiples : développement de l’érosion, lessivage des métaux,
production du drainage minier acide (DMA), contamination
des eaux de surface et souterraines ainsi que du sol (Lefebvre
et al., 2001a). La grande question est de savoir comment faire
du business en éliminant carrément ces contaminations ou
en les minimisant pour un développement durable ? Donc
quelles stratégies utiliser pour concilier exploitation minière et
développement durable ? Sans oublier que les conséquences
les plus désastreuses (contamination des eaux de surface et
souterraine, voire même du sol) dans l’exploitation minière
peuvent se produire plusieurs années après la fermeture de la
mine.
2.2-
Sur l’environnement humain.
Les conséquences de l’exploitation minière peuvent se répercuter
sur le milieu humain à deux niveaux : milieu social et milieu
sociétal. Les activités extractives se déroulent généralement sur
des sites occupés par la population et tous leurs patrimoines
culturels. Selon le droit congolais (RDC, Code Minier, 2002), le
sol et le sous-sol appartiennent à l’État. Est-ce que les entreprises
minières ayant des droits miniers (permis d’exploitation et/ou
d’exploration) doivent s’installer sans négociation avec cette
population ? Comment exploiter tout en préservant les droits de
160
Exploitation minière et gestion responsable de l’environnement
cette dernière ? Tout ceci doit se développer en se servant de la
législation et de la réglementation dans les domaines des mines.
Le constat est que dans la plupart des pays africains et surtout en
RDC, la réglementation pour ce qui est du social est quasiment
inexistante et quand bien même les textes existent, il n’y a pas
de contrôle ni suivi pour s’assurer de leur application.
Cette question est cruciale comme l’illustre l’exemple de la
Société Banro au Sud-Kivu (RDC) qui se heurte à l’opposition de
la population qui ne comprend pas en majorité en quoi consistent
ses activités, il y a un problème évident de communication. La
prostitution sur les sites d’extraction minière est une autre réalité
importante, elle devient une activité non évitable. Par moments,
elle est moins visible : les travailleurs se livrent à l’impudicité
et à la débauche dans les localités au voisinage de la mine et
ceci crée très souvent deux types de problèmes sociaux : la
prolifération des maladies sexuellement transmissibles et/ou les
conflits sérieux entre travailleurs de la mine et riverains. Cette
prostitution peut aussi être visible, tel est le cas de la mine de
Sadiola au Mali, où un camp bien reconnu avec des maisons qui
ont été construites par la société minière accueille des jeunes filles
qui se livrent à la prostitution. La question est de savoir quelles
stratégies adopter pour l’encadrement de ces jeunes femmes qui
se livrent à la prostitution sur les sites miniers ?
Comme toute société, les sociétés extractives emploient trois sortes
de main-d’œuvre à savoir : hautement qualifiée, moyennement
qualifiée et non qualifiée. Dans la plupart de cas, celle hautement
qualifiée vient de partout dans le monde et celle moyennement
qualifiée généralement nationale (locale et nationale). La moins
qualifiée ou sans qualification est locale. Toutes ces personnes
se rencontrent dans une même entreprise et les droits de tout
un chacun doivent être respectés. Les industries extractives ne
sont pas durables, c’est-à-dire que la société peut arriver à sa fin.
Plusieurs paramètres peuvent être à l’origine de la fermeture
d’une mine notamment :
161
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
- la baisse du coût des matières premières ou des métaux sur le marché.
Lorsque le coût d’exploitation d’une once d’or, par exemple, dépasse
déjà le prix de l’once sur le marché, l’entreprise n’a plus besoin de
poursuivre l’exploitation ;
- l’épuisement du gisement : la quantité du minerai à exploiter est
terminée ;
- les conditions sécuritaires devenant de plus en plus compliquées,
comme cela peut arriver en RDC, etc.
La question est donc de savoir, où va la main-d’œuvre non
qualifiée qui était employée par la société à la fermeture de la
mine, surtout si la fermeture est conditionnée par l’épuisement
du gisement.
3.
Portée et limites des moyens mis en œuvre par les États
et les exploitants
La plupart des gouvernements des pays en développement ne
disposent le plus souvent pas de réglementations adaptées,
ni de capacités de contrôle nécessaires à garantir le bien-être
social et environnemental. La législation et la réglementation
sont deux éléments moteurs pour une exploitation minière
responsable, mais le suivi de l’application des textes est le plus
souvent compliqué pour les États. Non seulement il faut avoir
des structures déterminées et adaptées, mais aussi les personnes
ressources formées dans le domaine pour un suivi et un contrôle
efficace. Pour le cas de la RDC, par exemple, les textes légaux dans
le domaine de l’exploration minière ne sont pas très clairs, il y a
trop de manquements surtout en ce qui concerne l’indemnisation
de la population et aussi pour ce qui est du renforcement de la
gestion durable de l’environnement.
Du côté des exploitants, leur objectif premier est le profit, tout
à fait normal pour une société non caritative. Ils oublient tout
simplement leur responsabilité sociale et sociétale vis-à-vis de
la population locale. Ils sont animés d’un caractère maximaliste
du profit et minimaliste de gestion sociale et environnementale
durable.
162
Exploitation minière et gestion responsable de l’environnement
4.
Propositions d’amélioration technique et organisationnelle
L’amélioration des conditions d’exploitation et la gestion durable
des mines peuvent être abordées sous deux angles (technique
et organisationnel).
4.1-
Amélioration de la technique de gestion des rejets miniers
Il conviendrait dans un premier temps, de procéder aux
installations des structures de gestion de rejets convenables,
respectant les normes internationales et nationales. Ceci
implique pour la communauté internationale, de renforcer les
capacités des gouvernements et des communautés locales dans
les mécanismes de mobilisation et de demande des comptes par
les populations des sites miniers sur les normes responsables de
gestion des déchets miniers par les entreprises. Il faudrait ensuite
contrôler ces structures par un calendrier fixe, mais qui peut
varier en fonction de l’urgence de l’action à mener et faire des
analyses régulières des eaux de surface et souterraines dans les
laboratoires appropriés ; publier régulièrement ces résultats et
expliquer au public au cas où il y aurait des actions à prendre en
rapport avec ces résultats. Enfin, il faudrait réviser régulièrement
le plan de fermeture et faire rapport aux structures étatiques voire
même aux représentants des communautés locales.
4.2-
Gestion des problèmes sociaux et amélioration des conditions
de vie.
Si interdire la prostitution est difficile, il faudrait absolument
encadrer toutes les femmes et surtout les jeunes femmes
prostituées environnant les sites de l’entreprise minière par
une sensibilisation intense sur les maladies sexuellement
transmissibles, d’une part, et, d’autre part, les aider dans
l’encadrement pour la création des activités génératrices des
revenus. Ceci permettrait à ces filles et femmes prostituées d’avoir
d’autres visions par rapport aux activités non durables de la mine
et d’apprendre à se prendre en charge. Aussi conviendrait-il de
mettre à leur disposition un cadre médical digne de ce nom.
La communication est un moyen efficace de résoudre certains
163
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
problèmes sociaux qui se posent dans les industries extractives
en Afrique. La mise en œuvre d’un système de communication
efficace serait un facteur déterminant dans la compréhension du
fonctionnement d’une mine par la population locale et éviterait
les problèmes perpétuels que les entreprises minières auront
souvent à gérer.
Pour les travailleurs de la mine, après la fermeture de cette
dernière, c’est souvent un chômage généralisé, surtout pour la
main-d’œuvre moins qualifiée. Il y aurait lieu de sensibiliser
cette catégorie de travailleurs, afin qu’elle comprenne que la
ressource minérale en exploitation s’épuisera d’un moment à
l’autre à cause de l’une des raisons évoquées plus haut. Leur
encadrement professionnel (formations perpétuelles dans leurs
différents domaines d’action) est nécessaire. Aussi est-il important
qu’elle sache gérer durablement ses revenus ; il faudrait l’aider
à s’organiser en groupe pour les actions de développement
des activités génératrices de revenus dans leurs localités. Une
politique non discriminatoire doit être mise en place cette fois
par les responsables des entreprises et les différents pouvoirs
publics pour éviter les différentes réclamations qui se soldent
très souvent par des violences.
Conclusion
L’industrie minière a toujours été une opportunité économique
pour les pays qui ont des richesses minières, mais elle est
souvent à l’origine de dégâts sociaux et environnementaux
considérables. Les gouvernements et les entreprises doivent
prendre conscience de cet état de fait, et agir avant que les dégâts
ne soient irréparables pour l’environnement. Ils doivent s’assurer
que les projets miniers disposent des autorisations nécessaires
pour agir (y compris du consentement libre, préalable et informé
des communautés locales), et que les meilleures pratiques
environnementales sont utilisées.
Les études d’impacts doivent être réalisées en bonne et due forme,
incluant toutes les formes de protection de l’environnement et des
réductions de la pollution. Le plan de fermeture tenant compte
des réalités socio-économiques et environnementales doit être
164
Exploitation minière et gestion responsable de l’environnement
élaboré. Ce dernier tiendra compte des propositions de l’État
et de la population locale héritière du site après la fermeture et
doit être validé par les structures étatiques appropriées. Ainsi
l’entreprise minière sera responsable et les générations futures
n’auront pas à gérer des situations désastreuses héritées des
générations irresponsables.
Références bibliographiques
Articles
Aubertin M., Bussière B. et Bernier L., 2002a, Environnement et gestion des
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Aubertin M. et al., 2002b, Stabilité géotechnique des ouvrages de retenue
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Lefebvre R. et al., 2001a, Multiphase transfer processes in waste rock
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Rapports
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Addis-Abeba, Éthiopie.
Commission européenne, 2009, Document de référence sur les meilleures
techniques disponibles sur la Gestion des résidus et stériles des activités
minières.
165
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
166
Déchets ménagers : vers une gestion responsable ?
Cédric Isaac MBAVU
Introduction
À l’ère de la mondialisation, des multitudes de questions
apparaissent suite à la destruction des ressources naturelles sans
la mise en place d’un processus efficace de renouvellement. Ce
faisant, les êtres humains continuent de polluer la planète de
diverses manières, et à plusieurs échelles. Ainsi, les déchets
ménagers produits au quotidien participent de cette tragédie
contemporaine. Ils nécessitent donc une gestion efficiente.
Le Petit Larousse définit la gestion comme « l’action ou la
manière de gérer, d’administrer, de diriger, d’organiser quelque
chose ». Les déchets désignent les « débris, restes sans valeur de
quelque chose ». Quant à l’adjectif « ménager », il vient du nom
« ménage » qui se rapporte à « la vie domestique, à l’organisation
matérielle du foyer ».
Une notion de dualité est remarquable entre environnement et
développement. En effet, les questions de salubrité concernent
grandement l’environnement car ce dernier est la première
victime des agissements de l’homme avec pour conséquences
la pollution de l’eau, de l’air, voire de la terre. En outre, tout
pays qui aspire au développement doit assurer des conditions
d’hygiène décentes à ses populations. Or, avec la gestion non
efficiente des déchets, les rues de plusieurs villes africaines
présentent actuellement un caractère insalubre qui pourrait nuire
à la santé. Connaissant ce problème, quels peuvent en être les
principaux responsables ? Comment mobiliser tous les acteurs
afin d’améliorer la gestion des déchets ménagers ?
La situation à Libreville illustre ce phénomène. De fait, la notion
de responsabilité citoyenne, une entreprise en charge des déchets,
la régulation proposée par les autorités étatiques, puis des pistes
conduisant à enclencher une mobilisation collective afin de gérer
au mieux le problème seront présentés.
1.
Responsabilité citoyenne
La gestion des déchets ménagers est un sujet qui concerne toutes
les couches de la société, et les classes supérieures, moyennes,
167
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
ainsi que les couches les plus vulnérables, les masses populaires.
Par conséquent, chaque citoyen a une responsabilité face au
défi de salubrité de l’environnement qui l’entoure. Toutefois,
l’engagement citoyen est à son niveau le plus faible. De fait,
les ordures envahissent les rues de Libreville et peuvent être à
l’origine de conséquences néfastes comme la présence dans l’air
d’odeurs nauséabondes, susceptibles de causer des difficultés
sanitaires comme en Côte d’Ivoire : « Dans les 48 heures qui
suivent le déchargement des déchets toxiques, la population
locale exposée à ces vapeurs nauséabondes, commence à
se plaindre de problèmes de santé et à demander des soins
médicaux. L’intoxication provoque une irritation des yeux, du
nez et de la gorge, des difficultés respiratoires, des maux de
tête, des nausées ou des vomissements » (Bohand et al., 2007).
L’abandon dans la nature d’objets dont la décomposition naturelle
nécessite plusieurs dizaines d’années (bouteilles en plastique par
exemple), constitue également un risque pour la préservation
de l’environnement. Aussi, un cas de figure peut être présenté
à titre illustratif du manque d’implication des citoyens dans la
démarche d’assainissement de la ville : un individu qui préfère
déverser ses ordures par terre plutôt que de les déposer dans les
bacs prévus pour cela. Voici donc un des problèmes centraux (le
premier) qui nécessite une résorption avant de pouvoir envisager
des phénomènes plus complexes (tel que la pollution par les
entreprises industrielles), afin de promouvoir un développement
qui ne se fasse pas au détriment de l’environnement.
2.
Entreprise du secteur
En vue de gérer les déchets produits par les ménages, il existe
une société ayant tissé un partenariat avec la mairie de la ville
de Libreville, la Société de valorisation des ordures ménagères
du Gabon (SOVOG). Celle-ci est en charge du ramassage des
ordures selon un programme horaire bien défini et elle nettoie,
en conformité avec ses obligations contractuelles, cinq mètres
autour des bacs à ordures, dans le but d’assurer une propreté
irréprochable à la ville. Elle collecte également des déchets
industriels produits par les PME ne disposant pas de moyens
financiers et matériels pour les évacuer elles-mêmes. Il s’agit
168
Déchets ménagers : vers une gestion responsable ?
par exemple de bonbonnes de gaz, de moteurs de voitures
directement déposés dans les bacs à ordures par les petits
garages, de résidus de l’exploitation du bois par des ébénistes,
etc. À ce jour, il n’existe pas d’entreprise de recyclage des ordures
ménagères au Gabon. De ce fait, une fois les déchets collectés,
ils sont déversés à la décharge en plein air de Mindoubé (un
quartier de Libreville). Partant de ce constat, les dirigeants
de la SOVOG espèrent pouvoir mettre en place leur projet de
création d’un centre de retraitement de ces ordures dans les
années à venir. Celui-ci permettra de créer du compost qui
servira d’engrais aux agriculteurs, et pourrait, toujours d’après
les dirigeants, permettre une production d’électricité capable
d’alimenter l’équivalent de la commune voisine de Libreville à
savoir, Owendo. Cette initiative économique du « déchet » serait
non seulement intéressante voire rentable pour la société, mais
elle aurait dans ce cas un intérêt pour les habitants de la ville de
Libreville ainsi que pour la préservation de l’environnement ;
le recyclage étant à raison présenté comme un moyen efficace
de lutte contre le réchauffement climatique. Toutefois, ces
projets risquent fortement d’être compromis par la décision
du gouvernement de créer une nouvelle société qui aura pour
mission de nettoyer la ville de Libreville ainsi que toutes les
capitales provinciales du Gabon.
3.
Régulation étatique
La mise en place d’un système de gestion des ordures ménagères
passe nécessairement par l’intervention de l’État. Il permet une
organisation qui soit plus équitable pour tous, c’est-à-dire pour
l’homme, pour l’environnement et pour l’entreprise. Certes,
l’État doit pouvoir interdire aux entreprises industrielles
l’émission d’une certaine quantité d’éléments nocifs pour la
nature et les écosystèmes. Ainsi, il peut mettre en application
des lois et règlements, tel que le principe pollueur-payeur qui
institue que : « le pollueur supporte la totalité des coûts de
prévention et de lutte contre la pollution à l’origine de laquelle
il se trouve ». Ce principe a été adopté par l’Organisation de
Coopération et de Développement Économique (OCDE) en
1972. Il engage la responsabilité de chaque acteur économique,
169
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
c’est-à-dire qu’il le contraint à assumer les aspects négatifs
de sa production au même titre qu’il bénéficie des retombées
positives de cette production par l’encaissement des recettes. Au
Gabon, les autorités étatiques font l’effort de mettre en place un
programme de développement durable qui se matérialise par
l’interdiction de l’usage des sachets plastiques dont l’absorption
par la nature est lente (plus d’une vingtaine d’années). D’où la
commercialisation, depuis 2010, des sachets « biodégradables à
100 % » dont l’impact sur l’environnement est moindre. De plus,
des spots publicitaires sont régulièrement diffusés sur plusieurs
chaînes de télévision, afin de sensibiliser le plus grand nombre
sur l’importance de la sauvegarde de l’environnement par un
changement de mentalité qui devrait les pousser à verser les
ordures à l’intérieur des récipients et non à l’extérieur, mais aussi
à respecter les horaires de dépôt. Car, l’État, en collaboration avec
ses entreprises partenaires, a élaboré un plan d’action visant à
définir les heures idéales de dépôt des ordures par les citoyens.
Cet effort accompli par les autorités est quand même louable,
mais reste encore insuffisant. Par contre, elles pourraient aller plus
loin en légiférant sur les sanctions financières dont pourrait être
passible toute personne prise en flagrant délit de non-respect des
recommandations légales. Néanmoins, l’État devrait donner les
moyens nécessaires à ses entreprises partenaires afin que celles-ci
puissent régulièrement collecter les ordures dans les délais les
plus brefs. Toute chose qui éviterait des entassements massifs et
qui favoriserait le respect de la loi par les populations.
4.
Mobilisation collective
En plus de présenter la situation actuelle au Gabon, en matière
de gestion des déchets ménagers, il faut être capable de proposer
des solutions pour améliorer la situation. Il est indispensable de
faire ressortir le niveau d’implication de chaque acteur en vue
de créer une synergie. Ainsi, il convient d’essayer dans un but
commun, d’apporter un changement de mentalité aux citoyens,
d’améliorer la gestion des déchets par les entreprises du secteur,
et de pousser les autorités étatiques à se mobiliser sur ce sujet
car il s’agit, en plus d’être une question environnementale,
d’une question de développement. Quels sont les écueils ? Ils
170
Déchets ménagers : vers une gestion responsable ?
se situent respectivement au niveau de la rigidité des mentalités
des populations qui agissent sans crainte de voir leurs actes
sanctionnés, au niveau des entreprises qui aimeraient disposer
de plus de moyens matériels, et au niveau de l’État qui met des
moyens, mais pas suffisamment pour que la ville de Libreville
et le reste du Gabon soient totalement assainis. Comment le
faire ? L’action consisterait à sensibiliser les populations par la
création d’une page Facebook sur le sujet (mobilisation des jeunes
entre 15 et 35 ans notamment) et par la distribution de divers
prospectus (mobilisation des personnes plus âgées) pendant des
campagnes de sensibilisation populaire. La fréquentation de cette
page ainsi que la popularité des actions menées pourraient avoir
un effet « boule de neige » qui susciterait l’intérêt des autorités
publiques. Du coup, les citoyens pourraient les encourager à
œuvrer continuellement pour une augmentation des capacités
de leurs entreprises partenaires afin que Libreville – et le Gabon
dans sa globalité – devienne une référence en matière de salubrité
des villes africaines. Pourquoi Internet jouerait-il un rôle central
dans cette action ? Il a été constaté que les récentes révolutions
arabes (ou printemps arabe) ont été catalysées par les échanges
interactifs à l’aide de l’outil Internet. Cela sert donc de référence
et de base solide pour la mise en œuvre d’un tel projet.
Conclusion
La problématique de la gestion des déchets ménagers implique
plusieurs niveaux de responsabilité. Elle touche les populations
(premier niveau), les entreprises du secteur (deuxième niveau),
puis l’État (troisième niveau). Ainsi, la mise en œuvre d’un
programme efficace visant à améliorer cette gestion nécessite
indispensablement que chaque acteur joue un rôle actif dans le
processus. Cela passe par la prise de conscience des citoyens des
devoirs basiques comme celui de la propreté. De même, l’État
doit être le garant de cette mission en continuant de sensibiliser
les habitants des différents quartiers de Libreville d’une part,
et en augmentant les capacités de ses entreprises partenaires
d’autre part. Aussi, l’accent doit être mis sur la sensibilisation
des populations par l’outil Internet (notamment pour les jeunes),
et par la distribution de divers tracts durant des campagnes
171
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
en vue de générer une mobilisation collective. Par ailleurs, il
apparaît utile d’impliquer la gestion des déchets industriels qui
est également une des problématiques centrales dans le vaste
sujet de l’environnement.
Références bibliographiques
Jeuge-Maynart I. et al., Le Petit Larousse, 2009.
Bohand X. et al., « Déchets toxiques déversés à Abidjan (Côte d’Ivoire)
et conséquences sanitaires », Médecine tropicale, 2007.
OCDE, Le Principe pollueur-payeur. Analyses et recommandations de
l’OCDE, Paris, 1992.
Jeune Afrique et AFP, 2010, « Le vent du biodégradable emporte les
sacs plastiques », disponible en ligne sur : www.jeuneafrique.com, page
consultée le 2 octobre 2012.
172
Chapitre III
économie
Développement humain et politiques macroéconomiques dans les pays en développement : quelle dialectique
Eugène Calliope SHEMA
Introduction
Au regard de l’essor économique d’un certain nombre de pays
d’Asie et d’Amérique latine, les pays à faible revenu envisagent
d’atteindre le statut de ces pays dits « émergents ». Dans cette
perspective, l’article présente les obstacles à prendre en compte
pour ces pays en développement au regard des problèmes actuels
de gouvernance mondiale.
Les programmes économiques de développement des États
africains, en particulier ceux d’Afrique centrale, s’accordent
presque tous sur la volonté d’émergence. Le Cameroun avec la
« vision 2035 », le Gabon avec la « vision 2025 », la République
Centrafricaine avec la « vision 2025 » ou encore le Rwanda avec
sa « vision 2020 », témoignent de l’importance de cette notion.
Dans les documents officiels, l’ambition est d’« atteindre un
taux de croissance annuel moyen du produit intérieur brut (PIB)
de 7 % par an ». Ainsi, la vision à l’orée 2020 vise à ce que le
Rwanda devienne : « un pays à revenus moyens (avec un revenu
par habitant d’environ 900 dollars par an, comparé à 220 dollars
en 2000)… Une société basée sur la connaissance, avec des
niveaux élevés d’épargne et d’investissements privés, réduisant
ainsi la forte dépendance du pays sur l’aide extérieure ». Cette
boussole du gouvernement rwandais a le mérite de souligner
la nécessité de conjuguer la croissance économique à la hausse
du niveau de vie de la population : « Elle doit être en faveur des
pauvres, offrant ainsi à tout Rwandais la chance de tirer profit
des nouvelles opportunités économiques ». Cependant, si le
développement est humain, il doit aussi inclure la durabilité,
parce que le développement a un coût sur les ressources
���. ���. Rwanda, Vision 2020, 2008, p.4.
Ibid.
173
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
naturelles qui ne sont pas inépuisables. Le développement
humain et durable doit donc être « un développement qui
répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des
générations futures de répondre aux leurs ». La compatibilité des
politiques macroéconomiques avec le développement humain
durable dans les pays en développement résonne comme une
problématique majeure. De même, il convient de s’interroger
sur les pistes de réflexion à privilégier dans cette course au
tout développement face aux pays d’Europe et les États-Unis ?
Car, le continent affiche des projections positives d’un taux de
croissance économique en moyenne annuelle de l’ordre de 5 %,
ce qui laisse envisager d’énormes chantiers. Tandis qu’en Europe
par exemple, la croissance semble être en hibernation avec des
projections de croissance autour des 1 %. Ainsi, les éléments
qui entravent le potentiel de croissance des pays d’Afrique et
les dangers qu’ils entraînent seront mis en évidence. Il convient
pour cela de revenir sur les enjeux environnementaux dans le
monde en relevant les critiques émanant de pays développés sur
les dangers d’un développement sans bornes. Quelques faiblesses
des économies africaines, celles d’Afrique subsaharienne
notamment, seront ensuite mises en avant afin de suggérer des
pistes susceptibles de favoriser un bien-être plus harmonieux à
la lumière des grands problèmes économiques que connaît le
monde aujourd’hui.
1.
Pays émergents, enjeux environnementaux
La Banque mondiale rassemble les pays en deux groupes : les
pays en développement et les pays développés, cela permet de
saisir la notion de pays émergent.
1.1-
Une affaire de revenu par tête
La Banque mondiale situe trois sous catégories dans les pays
en développement : les pays à revenu inférieur, ceux à revenu
moyen et ceux à revenu supérieur. Les pays émergents se
retrouvent dans la catégorie « revenu supérieur » avec un revenu
�����������������������
. Rapport Brundtland, Notre avenir à tous, Commission mondiale sur
l’environnement et le développement, 1987.
174
Développement humain et politiques macroéconomiques dans les pays...
par tête compris entre 4 036 et 12 475 dollars. Ce sont également
des États dont le poids dans le PIB mondial dépasse les 1 %. Les
pays développés dans ce cadre, sont ceux dont le revenu en 2011
était supérieur à 12 476 dollars. En outre, le rythme de croissance
des pays émergents, leur industrialisation, l’intégration de leurs
économies au système financier international, tend à réduire
l’écart qui les sépare des pays développés.
Encadré 1 : Différences entre pays à partir de critères de la Banque
mondiale prenant en compte le PIB par habitant (2011).
Pays développés : > 12 476 dollars
Pays en développement : < 12 476 dollars
-
à revenu supérieur 4 036 – 12 475 dollars ;
-
à revenu moyen 1 026 – 4 035 dollars ;
-
à revenu inférieur < 1 025 dollars ;
Commentaire : d’autres classifications peuvent être établies au risque
de perdre le néophyte dans d’interminables terminaisons : pays du
Sud, pays du Nord, pays pauvres très endettés, pays du tiers-monde,
nouveaux pays industrialisés, etc. Il ne nous est pas apparu important
de refaire l’histoire de ces concepts. Nous avons privilégié ce distinguo
plus souple parce qu’il se base sur des indicateurs mesurables.
Le Rwanda, dans sa vision à l’orée 2020, affiche fièrement son
ambition de rattraper les « tigres » asiatiques. La recherche de
meilleurs scores ne doit cependant pas conduire à des situations
extrêmes. Il est intéressant de préciser que le Qatar présente le
plus grand nombre d’émissions nocives par personnes ou qu’en
Grande Bretagne, un citoyen émet en deux mois autant de gaz
à effet de serre qu’un habitant d’un pays à faible revenu en un
an. Il ne faut pas non plus s’orienter vers un développement à
l’image des États-Unis, qui ont la dette extérieure la plus élevée
au monde : 15 000 milliards de dollars en 2011 (FMI, 2011).
Si l’ambition à long terme est d’arriver à des performances
comme celles des États-Unis qui constituent 24 % du PIB mondial,
��������������������������������������������������
. Banque mondiale, 2011. Disponible en ligne sur http://www.worldbank.org
page consultée le 12 octobre 2012 à 14 h 20.
175
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
le premier en la matière, comment concilier un tel espoir avec la
dilapidation des ressources qui s’épuisent ?
1.2- Les enjeux environnementaux
Depuis le Sommet de Rio en 1992, la problématique sur le
réchauffement climatique est une préoccupation mondiale. Le
Protocole de Kyoto de 1997, entré en vigueur en 2005 et ratifié
par 156 pays à l’exception notable des États-Unis, de l’Australie
et de la Turquie, démontre à suffisance la difficulté de rallier les
États. Même si le groupe des huit pays les plus industrialisés du
monde (G8) a décidé en 2007 de réduire leurs émissions de 50 %
en 2050, un grand chemin reste à faire.
Dans cette voie cependant, le monde doit faire face à une
« contradiction insurmontable » (Loriaux, 2007). Les pays en
développement ont besoin de produire pour faire face aux
nombreux besoins des populations (écoles, routes, centres de
santé, réseaux d’adduction d’eau potable et d’électricité, etc.)
alors qu’universitaires et associations appellent à freiner la
croissance sur une planète Terre déjà épuisée. Équation difficile
à résoudre pour des pays qui doivent produire pour rembourser
leurs dettes et faire sortir du sous-emploi l’essentiel des actifs.
Le cas du Rwanda est encore édifiant à ce titre, sur les enjeux
environnementaux. Le bois y est la principale source d’énergie
pour 99 % de la population, ce qui aboutit au déboisement non
contrôlé et à la dégradation du sol. Ce pays présente en plus,
la densité de population la plus élevée d’Afrique avec un taux
de croissance démographique proche de 3 % par an. En 2012,
sa population avoisine les 11 millions d’habitants répartis sur
les 26 338 km2 de territoire. Le défi est grand ici pour améliorer
le quotidien des populations en leur recommandant de ne pas
�������������������������������������������������������������������������������
. Dans la vision 2020 du Rwanda, il y est indiqué que l’agriculture occupe 90 % ��
de « la force de travail ». Dans d’autres pays, ces constats sont plus explicites.
Au Cameroun par exemple, le sous-emploi affectait 71,9 % d’actifs en 2010.
2010, Jeunes et marchés de l’emploi au Cameroun en 2010, Institut national de
la statistique.
���. http://www.doingbusiness.org/data/exploreeconomies/rwanda, page consultée
le 1er novembre 2012 à 15 h 15.
176
Développement humain et politiques macroéconomiques dans les pays...
puiser sur les ressources qui leur ont pourtant permis de subsister
jusqu’à ce jour.
Encadré 2 : Halte à la surconsommation ?
Mis en place par l’organisation Redefining Progress, l’empreinte
écologique est définie comme la surface nécessaire pour accueillir toutes
les activités humaines. Selon les mesures de cette empreinte écologique,
il faudrait quatre à cinq planètes si toute la population mondiale
consommait comme un habitant des États-Unis.
Extrait de : ATTAC, 2006, Le Développement a-t-il un avenir ? Pour
une société économe et solidaire, Fayard, Paris. Cité par Loriaux
M., 26-30 mars 2007, Population, pauvreté et développement :
quelles relations et quels enseignements pour l’action ?, table
ronde organisée par l’EAT Dakar, Sénégal.
2.
Quelle politique économique pour les pays en
développement ?
2.1- Une critique de la mondialisation : la dé-mondialisation
C’est le sociologue philippin Walden Bello qui ouvre le débat
et utilise ce terme pour la première fois en 2002 dans son livre :
Deglobalization, Ideas for a New World Economy. En somme, il
propose de relocaliser les activités économiques et plaide pour
un meilleur contrôle du système économique. La mondialisation
a, selon lui, causé beaucoup de tort aux pays du Sud qui
n’arrivent pas à tirer un quelconque bénéfice de l’ouverture de
leurs frontières. Le terme sera repris dans les cercles intellectuels
occidentaux notamment français. Edgar Morin et Jacques Sapir
plaideront pour un retour de l’État et un protectionnisme souple
en France et en Europe pour faire face à la concurrence des pays
émergents tels que la Chine. Si Walden Bello se voulait défenseur
des pays du Sud, Morin et Sapir vont utiliser le concept pour
défendre les intérêts du Nord. Un courant moins radical, dit
altermondialiste, critique l’évolution néolibérale de l’économie
mondiale et ses travers. Ces courants ne trouvent pas beaucoup
������������
. Morin E., La Voie, Fayard, 2011.
�������������
. Sapir J., La Démondialisation, Le Seuil, 2011.
177
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
d’adeptes, les États préférant rentrer pleinement dans cette
mondialisation.
L’économiste zambienne Dambisa Moyo renforce cette posture
lorsqu’elle explique que les pays en développement doivent
s’affranchir de l’aide au développement en allant prêter
directement sur les marchés financiers. Ce qu’il faut faire avec
prudence, conseille Laura Tyson, qui a présidé le Council of
Economic Advisers sous l’ex-président amEricain Bill Clinton :
« La crise économique mondiale a détruit la croyance des
économistes dans l’infaillibilité du marché ».
Selon le FMI, 17 pays émergents en Afrique ayant eu une croissance
supérieure à 2 % au cours de la période 1996-2008, envisageaient en
2011 de se financer sur le marché international des capitaux : Afrique
du Sud, Botswana, Burkina Faso, Cap Vert, Éthiopie, Ghana, Lesotho,
Mali, Maurice, Mozambique, Namibie, Ouganda, Rwanda, Sao Tomé
et Principe, Seychelles, Tanzanie, Zambie.
Source : « L’Afrique en 2011, hausse des investissements en perspective
dans les pays émergents d’Afrique », Bulletin du FMI, janvier
2011.
2.2- Viabiliser les institutions
« La principale différence entre pays riches et pays pauvres
réside dans les institutions politiques et économiques créées par
l’homme » soutiennent Daron Acemoghu et James Robinson,
auteurs de « Why Nations fail », cités dans le Bulletin trimestriel
du FMI de juin 2012. Des institutions qui favorisent l’état de
droit, allègent les réglementations et préviennent la corruption,
sont un excellent catalyseur qui peut permettre aux 70 % de
travailleurs dans les pays en développement de sortir de
l’économie souterraine.
Seules de solides institutions politiques et économiques
peuvent permettre à une région du monde comme l’Afrique
subsaharienne d’améliorer les chiffres du Rapport mondial sur le
développement humain en 2011 où la République démocratique
178
Développement humain et politiques macroéconomiques dans les pays...
du Congo occupe la fin du classement : 187e. Le Rwanda y occupe
la 166e position.
En prenant exemple sur l’actualité avec la crise que vit l’Europe, des
institutions solides et une politique macroéconomique éclairée peuvent
permettre aux pays en développement d’éviter de renouer avec les
politiques d’ajustement structurel et l’austérité y afférent. « Il est
maintenant plus difficile que par le passé de reporter un ajustement
budgétaire à des temps meilleurs […] Pour les pays qui ne sont pas
mis sous pression par les marchés, il est opportun de procéder à un
rythme constant […] en suivant une ligne d’action claire et en dosant
des mesures d’austérité qui prennent en considération les objectifs
d’efficience à long terme ».
Source : Carlo Cottareli, « L’ère de l’austérité », Finances et
développement, juin 2012.
Conclusion
L’analyse des rapports entre le développement humain et les
politiques macroéconomiques dans les pays en développement
a permis de présenter les grandes orientations économiques :
atteindre le statut pour les pays à faible revenu, de pays émergent.
Ce qui n’est pas sans conséquence au vu des ressources qu’il
faudra mobiliser. Si l’Afrique est considérée comme une « réserve
de développement » (Pascal Boniface, 2012), elle doit pouvoir
se forger un modèle répondant aux aspirations de ses citoyens.
Idéologiquement, cela suppose que le Rwanda et les autres
pays qui ont servi de support à cette analyse mettent de côté
les idées de rattrapage des autres pays. L’identité culturelle,
les particularités du territoire doivent être jumelées à un cadre
institutionnel approprié. Les politiques macroéconomiques,
auxquelles nous faisons allusion, peuvent favoriser un
développement humain et durable si elles sont conduites au
sein d’institutions solides et respectées de tous. Une option serait
de développer prioritairement les campagnes car la moitié de
la population en Afrique vit dans cette zone. Ces populations
qui, à travers l’agriculture qu’elles pratiquent, nous éloignent
des débats liés à l’agriculture pratiquée avec les Organismes
179
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
génétiquement modifiés (OGM) en Occident et des conséquences
qu’elle entraînerait. Il faudrait également accélérer l’intégration
africaine, les marchés communs, tout en gardant à l’esprit que
ces cadres ne sont pas la seule solution. Le tout étant dans une
régulation du système financier international, système dans
lequel toutes les économies convergent.
Références bibliographiques
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trajectoires aux concepts, colloque, université Montesquieu-Bordeaux IV,
27-28 novembre 2008.
181
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
182
Interactions croissance-commerce : cas de l’Afrique
subsaharienne
Oscar Valery KUIKEU
Introduction
Comme être riche signifierait avoir un niveau de vie ou un
train de vie élevé (c’est-à-dire, une consommation et/ou des
investissements élevés), pour lutter contre la pauvreté, il faudrait
accroître le niveau de production, soit avoir une croissance
forte.
En sciences économiques, deux programmes de lutte contre
la pauvreté s’opposent : « l’économie de la demande » et
« l’économie de l’offre ».
D’après le programme dit de « l’économie de la demande », afin
d’avoir une croissance forte, il faudrait que, l’État accroisse sa
consommation, c’est-à-dire que la dépense publique s’accroisse.
D’autre part, il faudrait que la Banque centrale cherche à accroître
le pouvoir d’achat des agents, soit, à partir d’une baisse du
taux directeur, ceci, afin d’encourager les agents à emprunter,
soit, à partir d’une augmentation de la quantité de monnaie à
l’aide d’une politique d’open market, ceci, afin d’encourager ou
d’amener les agents à consommer.
D’après le programme dit de « l’économie de l’offre », afin d’avoir
une croissance forte, il faudrait soutenir la production, c’est-à-dire
aider directement les entreprises à produire, et donc accroître la
rentabilité de l’offre.
Sur la base de cette connaissance, les meilleures voies pour une
croissance plus forte des économies africaines seront abordées,
avec dans un premier temps, l’étude des causes, du point de
vue du commerce international, de la faible croissance des
économies africaines. Le slogan « Traide, not aid » (le commerce,
pas l’assistanat), lancé en 1964, lors de la première Conférence des
Nations unies sur le commerce et le développement (à Genève),
par des producteurs, insiste sur l’importance du développement
par le commerce.
Quoi qu’il en soit, pour une croissance forte des économies
africaines au sud du Sahara, l’ampleur de la tâche à réaliser
183
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
s’apprécie aisément. En effet, comme l’illustre le tableau 1, ciaprès, l’ASS est la région du monde où la marge de manœuvre
pour l’amélioration de l’accessibilité aux infrastructures de base
(eau, électricité, téléphone), de la population démunie, reste
encore élevée :
Tableau 1 : Pourcentage de la population ayant accès au
service
Eau courante
Chasse d’eau
Électricité
1990
1995
1996
2000
2000
2005
1990
1995
1996
2000
2000
2005
1990
1995
1996
2000
2000
2005
Asie de l’Est
et du Pacifique
18
20
22
62
58
58
62
78
Moyen-Orient
et Afrique du
Nord
42
80
80
42
98
98
62
Amérique
latine et
Caraïbe
48
60
60
40
40
45
Afrique du
Sud
18
20
5
20
20
Europe et Asie
centrale
60
60
40
45
ASS
18
18
10
5
Téléphone fixe
1990
1995
1996
2000
2000
2005
82
15
18
100
98
20
40
62
65
80
20
22
10
18
20
20
8
5
42
38
100
100
100
45
65
5
5
18
38
Source : Banerjee et al., 2008, p. 17
1.
Conséquences de la spécialisation à l’exportation des
produits primaires des économies africaines au sud du
Sahara
Conformément à la théorie des dotations factorielles d’HeckscherOhlin, une économie se spécialise dans la production et
l’exportation du bien qui utilise le plus le facteur le plus abondant
. 184
Lorsque
�������������������������������������������������������������������������
les données sont manquantes pour la ligne ASS, bien vouloir lire
la ligne Afrique du Sud, dans la mesure où, l’Afrique du sud est l’une des
économies membres de la région ASS.
Interactions croissance-commerce : cas de l’Afrique subsaharienne
en autarcie, puisque dans ce cas, il est aussi le facteur le moins
cher. Cette théorie, vieille de deux siècles, permet aisément
de comprendre pourquoi, dans le commerce Nord-Sud, les
économies pauvres du Sud exportent les matières premières ou
produits primaires et dépendent de l’exportation des produits
manufacturés des économies riches du Nord, comme l’illustrent
même les faits présentés au sein de la figure 1 ci-après :
Ainsi, ce sont surtout les économies pauvres (l’ASS) qui
exportent le plus les produits primaires et le moins les produits
manufacturés, contrairement aux économies riches, comme, par
exemple, l’Amérique du Nord.
Cette spécialisation à l’exportation des produits primaires des
économies d’ASS est à l’origine d’un certain nombre de maux
majeurs. En effet, l’ASS est la région du monde qui a été le
plus souvent victime de conflits armés, alors que les firmes
multinationales (FM) demeurent extrêmement sélectives dans
leurs décisions d’implantation dans les pays en développement.
Leurs stratégies d’investissement se greffent généralement sur
les dynamiques internes préexistantes, autrement dit, elles
privilégient les pays où il existe un potentiel de croissance
important dont un minimum de stabilité politique. Bien qu’il
185
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
existe une diversité de causes susceptibles de déclencher une
guerre civile, il existe un lien fort entre la spécialisation du pays
à l’exportation de produits primaires et le risque de guerre
civile. Comme nul n’est propriétaire des ressources naturelles
d’un pays, la rente issue des produits primaires engendre des
problèmes dans le partage de la valeur ajoutée, en outre, très
aisément, les ressources naturelles peuvent être pillées, et, de
ce fait, elles peuvent servir au financement des organisations
rebelles. La spécialisation de l’ASS à l’exportation des produits
primaires crée un cercle vicieux, et notamment l’instabilité
politique en Afrique. Les FM ne s’y installent pas, alors que l’IDE
des FM contribue fortement à l’industrialisation d’une région.
De ce fait, la technologie n’est pas seulement incorporée aux
systèmes de machines installés dans le pays récepteur, elle est
aussi l’occasion d’un transfert de savoir-faire, d’un apprentissage,
voire d’une appropriation des technologies étrangères. Pour
preuve, lorsqu’à partir des années 1930, l’Amérique latine
entreprit de développer son secteur industriel, par substitution
des importations, la technologie nécessaire sera apportée par les
FM sous la forme d’IDE (Adda, 2001, p. 18).
2.
Meilleures voies vers une croissance forte des économies
africaines au Sud du Sahara
Lorsque les économies africaines sont entrées en crise, pour la
plupart, dès 1985, à la suite de la chute du cours des matières
premières dont elles dépendent, elles ont eu recours, sous
pression des institutions de Bretton Woods, à partir de 1990, aux
Politiques d’ajustement structurel (PAS). Ainsi, comme la Grèce
à l’heure actuelle ou encore l’Italie et les pays d’Europe du Sud,
elles adoptent des mesures d’austérité (à la fois, monétaires et
budgétaires). Face à la crise, ces PAS n’ont, cependant, eu aucun
effet, par exemple, en zone franc, entre 1985 (au commencement
de la crise) et 1993 (trois ans environ après l’adoption des PAS),
la croissance économique ralentit d’environ 1,47 % l’an.
Depuis l’irruption de la stagflation, à la fin des années 1970-1980,
on sait que, les mesures d’austérité sont nécessaires lorsqu’il y
a, à la fois, une demande excédentaire (une forte inflation) et
186
Interactions croissance-commerce : cas de l’Afrique subsaharienne
une récession, c’est-à-dire un ralentissement de la croissance
économique. Or, en zone franc par exemple, avant l’adoption
des mesures d’ajustement internes, l’inflation était basse, par
exemple, en zone Cemac (Communauté économique et monétaire
d’Afrique centrale), ensemble constitué des six économies d’ASS
situées en Afrique centrale et membres de la zone franc, l’inflation
passe environ de 4 % en 1985 à 3 % en 1990.
Contrairement aux recommandations du FMI (Fonds monétaire
international), les économies africaines avaient besoin de
stimulation et pas de mesures d’austérité des PAS.
Ne convient-il pas de féliciter l’initiative, de la commission de
l’Union africaine, d’un Fonds monétaire africain !
Conclusion
La « convergence absolue » intervient lorsque des économies
pauvres réussissent à rattraper le niveau de richesse des plus
riches. Les économies pauvres d’ASS réussiront-elles à pallier leur
retard de croissance et rattraper les économies industrialisées ?
Cela semble compromis puisque ces économies d’ASS sont
spécialisées dans l’exportation des produits primaires qui les
expose à un risque élevé de guerre civile.
Quoi qu’il en soit, l’avènement futur d’un Fonds monétaire
africain qui aurait pour dessein de définir des objectifs
économiques plus réalistes des États africains constitue une
lueur d’espoir. Malgré tout, il convient de souligner qu’à
l’échelle internationale, l’ASS souffre également de la faiblesse
du commerce intra-africain, généralement illustrée par l’échec
des processus d’intégration régionale en Afrique. La zone Cemac
a notamment engagé depuis 1969 d’importantes mesures afin de
libéraliser les échanges commerciaux entre ses États membres
qui partagent une même monnaie. Entre 1995 et 2005, d’après
les données de la Banque des États d’Afrique centrale (BEAC),
le commerce intracommunautaire en zone Cemac représente par
rapport au total de ses échanges commerciaux (par rapport à ses
échanges commerciaux avec le reste de l’Afrique) seulement 3 %
. La Banque centrale des États membres de la zone Cemac.
187
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
en moyenne (respectivement, seulement 5 % en moyenne). Il
convient alors de noter que l’essentiel des échanges commerciaux
de la zone Cemac s’effectue avec les pays développés, en effet,
en guise de comparaison, alors que 23 % de ses échanges
commerciaux s’effectuent avec les États-Unis, 49 % s’effectuent
avec l’Union européenne.
Ne convient-il pas aussi de féliciter l’initiative de Nkosazana
Dlamini-Zuma, la nouvelle présidente de la commission de
l’Union africaine qui s’est exprimée sur le sujet le 29 juillet 2012
à Pretoria, en Afrique du Sud : « Le développement de l’Afrique
passe surtout par le renforcement des infrastructures et par le
fait de mieux connecter les États africains ».
Concernant le développement technologique de l’Afrique, gage
pour une croissance forte, comme l’enseigne l’idée de « convergence
absolue », il faudrait féliciter aussi l’importance accordée par la
nouvelle initiative africaine pour le développement en Afrique
NOPADA (Nouveau partenariat pour le développement en
Afrique), plus connu sous son vocable anglo-saxon NEPAD
(New Parternership for Africa’s Developement) , au volet
des infrastructures, ainsi que, des nouvelles technologies de
l’information et de la communication .
. ��.
. . 188
Les pays pauvres rattraperont le niveau de richesse des plus riches, à la seule
condition que les économies, pauvres et riches, ont accès à la même technologie�
(Barro, 1991, p. 407)�.
Le NEPAD est le résultat de la fusion de deux plans de sortie de crise économique
pour l’Afrique proposés par deux groupes de Chef d’Etat Africain, à savoir,
d’une part, le MAP (Millenium African Plan) des présidents Thabo Mbeki,
d’Afrique du sud, Olesegun Obasanjo, du Nigeria, et Abdelaziz Bouteflika,
d’Algérie, d’autre part, le plan Oméga d’Abdoulaye Wade, président du Sénégal.
Il (NEPAD) a été adopté au sommet des chefs d’État de Lusaka en juillet�������
������
2001.
Pour en savoir plus, consulter le site web du NEPAD, http://www.nepad.com.
« Routes, chemins de fer, ports et aéroports, transports sont des éléments de coûts
de production pesant sur la compétitivité des produits africains appelés à être
vendus à l’étranger. Au surplus les infrastructures sont amplificatrices et créatrices
d’activités économiques », extrait du programme d’�����������������
action du NEPAD.�
« �������������������������������������������������������������������������������
L������������������������������������������������������������������������������
’accès doit être assuré aux populations africaines dès la plus petite enfance
et doit être étendu à toutes les activités, de l’agriculture à l’industrie et aux
transports, à l’éducation, aux services et aux échanges »�����������������������
, ���������������������
extrait du programme
d’����������������
action du NEPAD.
Interactions croissance-commerce : cas de l’Afrique subsaharienne
Références bibliographiques
Adda J., 2001, La Mondialisation de l’économie – 2, Problèmes, 4e éd., Paris,
La Découverte, Coll. « Repères ».
Banerjee S. et al., 2008, « Access, Affordability, and Alternatives:
Modern Infrastructure Services in Africa », Africa Infrastructure
Country Diagnostic Background Paper, no 2, disponible en ligne sur : URL
http://www.eu-africa-infrastructure-tf.net/attachments/library/aicdbackground-paper-2-hhs-summary-en.pdf.
« Economic Growth in a Cross Section of Countries����
»,
Barro R. J., 1991, �����������������������������������������������������
Quarterly Journal of Economics, vol. 106, no 2, p. �����������������������
407-443, disponible en
ligne sur : URL http://www.hec.unil.ch/ocadot/ecodevdocs/barrorobert.pdf.
189
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
190
La production des richesses et de l’emploi au cœur
des enjeux du développement durable en Afrique
Alain YINDJOU TCHOUAPPI
Introduction
La notion de développement durable englobe des engagements
très variés en matière de protection de l’environnement,
d’inclusion sociale et de création soutenable de richesses et
d’emplois. Pour certains, c’est aussi l’émergence d’un nouveau
modèle de développement. L’activité de production qui génère,
directement ou indirectement, une grande partie des atteintes
à l’environnement et à la qualité de vie des individus, doit
être maîtrisée pour éviter les dégradations irréversibles à
l’environnement, c’est la raison pour laquelle il devient nécessaire
d’intégrer au mieux les dimensions économiques, sociales et
environnementales à ce développement qui se veut durable.
Ces trois aspects étant nécessairement interconnectés, et leur
intégration pouvant prendre diverses formes plus ou moins
durables, il s’agit de limiter leurs éventuelles contradictions
et de faire en sorte qu’ils soient compatibles et qu’ils s’autoentretiennent. Il est ainsi question de faire évoluer les sociétés
vers des zones de compromis viables entre les trois dimensions
en question. Mais le développement durable ne se limite pas aux
défis globaux mis en avant par les conventions signées à Rio en
1992 (lutte contre le changement climatique et préservation de
la biodiversité). Il touche également à la lutte contre la pauvreté
et plus généralement à la création soutenable de richesses et
d’emplois. Le concept de création de richesses signifie produire
des biens et des services, mais aussi des liens sociaux. En ce
sens, les activités économiques s’intègrent dans un ensemble
de relations sociales.
L’approche économique met aussi le processus de création de
richesses au cœur de la vie d’une société à travers le travail et
l’emploi. Au niveau individuel, le travail structure largement la vie
des actifs et des familles. Au niveau collectif, l’emploi, par son niveau
et sa qualité, renvoie à la capacité d’une économie à être compétitive
et à mobiliser sa main-d’œuvre et ses compétences pour produire les
biens et services demandés. Il traduit aussi sa capacité à construire de
la cohésion sociale en intégrant les individus au projet économique
collectif tout en leur permettant de bénéficier de revenus en retour de
191
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
leur travail. Dans une économie verte, la croissance des revenus
et des emplois est déterminée par les investissements privés
et publics permettant de réduire les émissions de carbone et la
pollution, de renforcer l’efficacité énergétique des ressources et de
prévenir la perte de la biodiversité et des services écosystémiques.
Face aux enjeux économiques d’un développement qui se veut
durable, des interrogations perdurent : comment les vastes
ressources naturelles de l’Afrique peuvent-elles créer plus de
richesses pour les populations africaines d’une manière plus
efficace ? Quels sont les moyens pour parvenir à une croissance
économique qui puisse créer plus d’emplois, produire des
résultats plus élevés avec moins d’intrants aux fins de minimiser
les risques des maladies agricoles dues au contact de ces produits
chimiques (Les maladies cancéreuses) et accroître la compétitivité
des économies africaines ? Quelles sont les expériences qui
présentent, en Afrique et à l’extérieur du continent, des leçons
sur lesquelles s’appuyer ?
L’analyse sera orientée sur la création des richesses soutenables
et d’emplois et sa contribution à l’éradication de la pauvreté
dans les pays les plus pauvres tout en insistant sur les difficultés
auxquelles ces pays sont confrontés face à cet enjeu planétaire.
1.
Création de richesses et économie verte ; les leviers de
l’action collective pour lutter contre la pauvreté
La persistance de la pauvreté constitue la forme la plus visible
d’inégalité sociale puisqu’elle s’accompagne de l’inégalité
d’accès à l’éducation, à la santé, au crédit, aux revenus et à la
sécurité des droits de propriété. Une caractéristique essentielle
de l’économie verte est sa volonté de proposer diverses options
de développement économique et de lutte contre la pauvreté
sans liquider ni éroder les ressources naturelles des pays. Il s’agit
là d’une nécessité dans les pays à faible revenu où les biens et
services environnementaux constituent une composante majeure
des moyens d’existence des communautés rurales pauvres
et où l’environnement et ses services les protègent en cas de
catastrophes naturelles et de chocs économiques.
192
La production des richesses et de l’emploi au cœur des enjeux...
Dans les pays en développement, le verdissement du secteur
de l’agriculture à petite échelle par le biais de la promotion
et de la diffusion de pratiques durables pourrait constituer
l’approche la plus efficace afin de produire plus de nourriture
pour les populations pauvres et affamées, réduire la pauvreté,
piéger davantage de carbone et assurer l’accès aux marchés
internationaux des produits écologiques, qui prennent
une ampleur croissante, mais ces pays sont confrontés à
beaucoup d’obstacles dans la mise en œuvre de ces projets de
développement.
Le cas de l’économie du Mozambique est révélateur, elle
repose majoritairement sur ses ressources naturelles : agricoles,
forestières, halieutiques, hydroélectriques, gaz naturel,
minerai, etc. Selon une étude menée par l’Agence française de
développement (AFD), avec l’appui de la Banque mondiale,
le coût des dégradations environnementales dues au mode de
développement du pays équivaut à la croissance annuelle du PIB
(7 %). En outre, la destruction de ressources naturelles (forêts)
et l’exploitation de ressources épuisables (gaz, minerai) érodent
la richesse au rythme de 15 % tous les six ans. L’étude a permis
d’ouvrir un large débat sur la nécessaire révision du projet de
société du Mozambique.
2.
Capital naturel et création de richesses en Afrique
subsaharienne
Le capital naturel est crucial pour la création d’emplois, et
compte pour 25 % de la création de richesses dans les pays les
plus pauvres et seulement de 2 % dans les pays les plus riches
du monde.
Pour tous les pays africains, le capital naturel est l’une des
composantes importantes de la richesse, et son exploitation
optimale est une source importante de revenus. Il convient donc
de lui accorder la plus grande attention, d’autant plus qu’il
est largement complémentaire du capital humain et social des
pauvres. Faute d’un taux d’épargne intérieur élevé et surtout
d’apports privés (investissements directs et de portefeuille) et
publics (APD) de capitaux externes nettement plus importants
193
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
qu’ils ne sont aujourd’hui, les investissements dans le capital
physique seront durablement moins élevés en Afrique que dans
les pays émergents. Les possibilités de substitution du capital
naturel par le capital physique sont ainsi plus limitées. Des
investissements dans l’amélioration (ou la non-dégradation) du
capital naturel peuvent alors présenter des taux de rentabilité
sociale parmi les meilleurs de tous les investissements possibles,
particulièrement si l’on approche des seuils où la dégradation
de la nature entraîne des externalités négatives fortes (des
destructions) des autres éléments de la richesse.
Source : adapté d’après la Banque mondiale, 2006.
L’accroître dans l’agriculture nécessite de nouvelles méthodes
de pro­duction qui réduisent les facteurs externes tels que la
pollution de l’eau et l’érosion des sols ; d’optimiser l’utilisation
des intrants organiques et d’assurer une productivité élevée et
de meilleurs revenus aux agriculteurs.
194
La production des richesses et de l’emploi au cœur des enjeux...
Encadré 1 : Expériences réussies en Afrique – agriculture à faibles
intrants au Mali.
Litre de pesticide par ha par ha
Kg d’amendements organiques
Des programmes appuyés par la FAO sur la gestion intégrée de la
production et la gestion des pesticides dans le Sahel ouest-africain
montrent que les agriculteurs ont réussi à diminuer l’utilisation
de pesticides toxiques, à augmenter les récoltes et les revenus et
à diversifier les systèmes de cultures. Des données du Sénégal et
du Mali révèlent chez les agriculteurs, un à deux ans après leur
formation, une réduction de 90 % dans l’utilisation de pesticides
chimiques. La valeur nette des récoltes de 80 agriculteurs de légumes
au Sénégal a augmenté de 61 % en deux ans, alors qu’une réduction
de 92 % par l’utilisation de pesticides conventionnels a abouti à de
fortes économies de coûts ainsi qu’à l’augmentation des revenus.
Au Mali, une enquête menée dans 65 vil­lages de cultivateurs de
coton a montré une hausse de 400 % avec l’utilisation de matières
organiques comme le compost et le fumier, des substances qui
peuvent inverser le déclin de la fertilité des sols.
Source : FAO, 2009.
Utilisation moindre des pesticides et utilisation accrue d’engrais
organiques dans la production de coton au Mali.
195
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
Note : une enquête de terrain après la formation (FFS) auprès des
producteurs de coton dans 65 villages où la formation des agriculteurs
a eu lieu en 2007 et 2008. La différence de pesticides en utilisation est
en moyenne de 4,5 l / ha contre 0,25 l / ha ou à 94 % de moins pour
les agriculteurs formés (FFS). La différence dans l’utilisation des
amendements du sol se situe entre 1,2 t / ha contre 4,3 t / ha soit près
de quatre fois plus que l’utilisation du compost par les agriculteurs
FFS.
De nombreux pays en développement s’intéressent de plus en
plus à la mise en place de taxes sur l’extraction des ressources
naturelles, notamment de droits sur les ressources forestières,
de droits de licence sur la pêche ou de taxes sur l’extraction de
ressources minières et pétrolières afin de bénéficier pleinement
de leur avantage comparatif dans le commerce des biens et
services respectueux de l’environnement. La fiscalité liée à
l’environnement a été utilisée avec succès par divers pays à
travers le monde depuis les années 1970-1980, notamment par la
Chine, la Malaisie, la Thaïlande, les Philippines et la Tanzanie.
3.
La création d’emplois demeure un défi majeur pour le
développement durable en Afrique
Malgré les taux élevés de croissance économique, la création
d’emplois est restée limitée particulièrement parmi les jeunes et
les femmes. Cela dénote une faible corrélation entre croissance
économique et création d’emplois en Afrique. Les études ont
souligné le fait que la croissance éco­nomique en Afrique des
dernières décennies est tirée par les secteurs enclavés à forte
capitaux étrangers, avec une croissance de la production à
faible élasticité d’emploi (CEA et CUA, 2010). La transformation
économique de l’Afrique doit relever les défis fondamentaux de
l’emploi.
Un examen plus minutieux de la question de l’emploi en Afrique
indique que les secteurs basés sur les ressources naturelles
telles que l’agriculture, les secteurs minier, forestier, halieutique
demeurent les plus importants générateurs d’emplois.
Ensemble, ils fournissent 80 % d’emplois. Le tourisme, qui
s’appuie essentiellement sur la richesse naturelle et culturelle
196
La production des richesses et de l’emploi au cœur des enjeux...
du continent, fournit des emplois à 6,3 millions de personnes
(World Travel & Tourism Council, 2006). Une économie verte
devrait maintenir et renforcer le capital naturel qui va constituer
une source importante d’emplois, de revenus et de subsistance
pour la grande majorité des populations africaines. Au cours de
la décennie à venir, les emplois agricoles pourraient augmenter
de 4 % dans le monde. Investir dans la protection des forêts et le
reboisement pourrait accroître de 20 % les emplois formels dans
ce secteur d’ici 2050.
Encadré 2 : Expériences réussies en Afrique – pleins feux sur les
petits et micro-entrepreneurs en Afrique
La cérémonie de remise des Prix SEED récompense de jeunes
entreprises prometteuses, innovantes, intervenant dans le
domaine social et environnemental et entreprenant des actions
favorisant l’économie verte au niveau local. Près des deux tiers
de toutes les candidatures et des lauréats du Prix SEED viennent
d’Afrique.
Cas 1 : MicroPowerEconomy (Lauréat Prix SEED 2010, Sénégal) ;
systèmes d’énergie hybride pour réseaux autonomes pour
l’électrification rurale, les services de micro-financement et la
formation aux affaires.
Impacts sociaux
Impacts
environnementaux
Impacts
économiques
Fourniture
d’électricité fiable
dans les régions
rurales
Réduction des émissions
de gaz à effet de serre
Création
d’emplois
Meilleure sécurité
énergétique
Moindre dépendance à
l’égard de combustibles
fossiles importés
Diversification
des revenus
Réfrigération des
médicaments et
vaccins
Réduction de la
migration urbaine
Meilleur accès à
l’éducation et à
l’information
197
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
Cas 2 : centres de collecte des céréales des villages (Lauréat
Prix SEED 2010, Kenya). Appui aux agriculteurs pour des
technologies post-récolte et l’entreposage près de la ferme afin de
renforcer la sécurité alimentaire et la capacité de commercialiser
de façon compétitive.
Impacts sociaux
Impacts
environnementaux
Impacts
économiques
Nouvelle coopérative
communautaire
Utilisation durable des
terres et de l’eau
Réduction de
plus de 25 %
des pertes après
récolte
Meilleure sécurité
alimentaire
Pratiques de protection de
l’environnement
Diversification
des revenus
Meilleure protection
sociale
Utilisation réduite de
pesticides nocifs
Rendement
accru de
l’investissement
En 2011, la croissance n’a pas été accompagnée d’une hausse
suffisante de l’emploi productif dans le secteur formel,
notamment pour les 7 à 10 millions de jeunes africains qui
entrent sur le marché du travail chaque année. À la lumière
des récents mouvements sociaux en Afrique du Nord, il ne fait
aucun doute qu’en l’absence de solutions, le sous-emploi des
jeunes peut accroître le risque de troubles en milieu urbain et,
potentiellement, de violence. Même la redistribution des fruits
de la croissance et l’emploi productif pourraient ne pas suffire
pour faire face aux graves problèmes de pauvreté chronique,
d’insécurité alimentaire et de sous-alimentation.
Conclusion
Dans les pays les plus pauvres, les conditions de vie des
populations sont fortement dépendantes de ressources naturelles.
Le développement durable mobilise la gamme des instruments
financiers de l’aide, en fonction de la nature des activités financées
et du niveau de développement des pays. Les subventions sont
par exemple utilisées pour protéger et valoriser la biodiversité,
198
La production des richesses et de l’emploi au cœur des enjeux...
accompagner les évolutions des politiques publiques, financer le
développement humain ou soutenir des projets innovants portés
par des organisations non gouvernementales (ONG), notamment
dans les pays les plus pauvres.
Par conséquent, il ressort de nos consultations et de nos études
analytiques qu’en Afrique, l’environnement est un facteur
important pour la croissance économique et le développement.
De ce fait, l’économie verte offre des opportunités aux pays
africains pour attirer des investissements dans les ressources
environnementales et l’énergie renouvelable, qui seront, à terme,
bénéfiques pour le développement et permettront de réduire
la pauvreté et de créer des emplois. Dans cette perspective, les
entreprises privées et les épargnants privés seront les fournisseurs
les plus importants de l’énergie et des ressources nécessaires à
la croissance économique et à la création d’emplois, en jouant le
rôle que l’État a joué dans le passé.
Dans un contexte de création de richesses et d’emplois, la
tâche principale du secteur privé est de produire biens et
services, et le rôle essentiel du gouvernement est de créer un
environnement favorable des affaires et un climat qui encourage
les investissements et la croissance économique. La création
de nouvelles petites et moyennes entreprises (PME), microentreprises (ME) ou entreprises artisanales – ainsi que l’expansion
des entreprises existantes – est vitale pour le développement
social et économique des pays en développement, en raison de
leur capacité de créer de l’emploi, d’augmenter les exportations
et de générer des revenus.
Références bibliographiques
Commission économique pour l’Afrique, 2012, L’Économie verte dans le
contexte du développement durable et de l’élimination de la pauvreté : quelles
sont les implications pour l’Afrique ?, Addis-Abeba, Éthiopie.
PNUE, 2011, Vers une économie verte : pour un développement durable
et une éradication de la pauvreté. Synthèse à l’intention des décideurs,
disponible en ligne sur : www.unep.org/greeneconomy, page consultée
le 17 septembre 2012.
199
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
Banque mondiale, mars 2011, L’Avenir de l’Afrique et le soutien de la Banque
mondiale, Washington, disponible en ligne sur : www.banquemondiale.
org/strategieafrique, page consultée le 17 septembre 2012.
CEA-Bureau pour l’Afrique du Nord, 2007a, Le Développement durable
en Afrique du Nord : état des lieux et perspectives, CEA-AN, Rabat.
CEA-Bureau pour l’Afrique du Nord, 2008a, Les Petites et Moyennes
Entreprises acteurs du développement durable en Afrique du Nord, note
présentée par le Bureau CEA-AN, réunion d’experts, Rabat.
200
Intelligence économique et développement durable
Cédric NOUMBISSIE NGUENANG
Introduction
La révolution industrielle du xixe siècle et les Trente Glorieuses
sont caractérisées par une croissance non effrénée. Cette
croissance répond aux critères essentiellement économiques au
début, avant de prendre en considération les critères sociaux.
Ce n’est qu’avec les chocs pétroliers de 1973 et 1979 que les
pays développés vont prendre conscience du fait que le modèle
de croissance qui était jusque-là prôné n’était pas approprié et
aura des conséquences néfastes sur les ressources naturelles
avec le temps. Le critère environnement fut donc greffé aux
deux précédents critères du développement, à savoir l’économie
et le social. C’est dans le rapport de la Commission mondiale
sur l’environnement et le développement de 1987 qu’est utilisé
pour la première fois le terme développement durable. Il peut
s’entendre comme la manière pour les sociétés d’exploiter les
ressources naturelles pour leur bien-être tout en tenant compte
des principes de renouvellement de celles-ci. Le développement
durable renvoie au fait d’utiliser de manière parcimonieuse les
ressources naturelles, certes à des fins de croissance économique
sans toutefois perdre de vue les objectifs sociaux. Depuis lors, ce
concept est au cœur des politiques nationales et internationales et
vient ainsi se frotter à celui de mondialisation. La mondialisation,
caractérisée par la forte concurrence entre États à travers leurs
entreprises, a fait naître la notion d’intelligence économique.
L’intelligence économique se définit comme « un ensemble
de concepts, méthodes et outils qui unifient toutes les actions
coordonnées de recherche, acquisition, traitement, stockage
et diffusion d’informations pertinentes pour des entreprises
considérées individuellement ou en réseaux dans le cadre
d’une stratégie partagée ». C’est donc l’ensemble des moyens
qui permet à une entreprise ou un groupe d’entreprises
d’obtenir et de gérer l’information qui permettra de dominer
les concurrents.
. IDeTra (coordinateur), Intelligence économique. Un guide pour débutants et
praticiens, Commission européenne, 2002, p. 22.
201
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
Les échanges commerciaux dans le cadre de la mondialisation
apportent de nouvelles contraintes environnementales.
Dans un tel contexte, la gouvernance mondiale se trouve
bouleversée puisque les rôles joués par chaque acteur, qu’il
s’agisse des gouvernements, des entreprises ou des citoyens ;
tendent à se confondre car chacun de ces acteurs a pris
conscience de la nécessaire protection de l’environnement. Si les
gouvernements gardent le contrôle sur les législations en matière
d’environnement, les entreprises redoublent d’inventivité pour
jouer un rôle important dans la protection de l’environnement
tout en restant compétitives. Il convient donc de s’interroger sur
l’engagement des entreprises dans le développement durable,
leur attitude face aux normes environnementales et l’avantage
que représentent les énergies propres. La problématique de
la concurrence entre également en vigueur : comment une
entreprise peut-elle prendre l’avantage sur les autres tout en
s’engageant dans le développement durable ?
1.
Le développement durable à l’épreuve trans-frontalière
1.1-
Mondialisation : disparition des frontières
La mondialisation est un phénomène récent qui traduit
l’accroissement et l’intensification des échanges commerciaux,
financiers, culturels entre les différentes régions du monde
débouchant sur leur interconnexion et leur interdépendance. Le
monde devient ainsi un village planétaire. La mondialisation se
manifeste sous plusieurs formes notamment l’accroissement des
échanges entre États et la forte libéralisation de l’économie. Dans
cette économie libéralisée, les marges de manœuvre pour mettre
en place les barrières douanières sont faibles, voire nulles. Dans
un tel contexte la protection des entreprises et des savoir-faire
devient quasi impossible. L’internationalisation des échanges
peut ainsi déboucher sur une pratique environnementale visant
à décourager la concurrence « dumping environnemental » via
la délocalisation des industries les plus polluantes vers les pays
les moins développés écologiquement, c’est-à-dire les pays
. 202
Pour plus de détails voir http://www.Actu-Environnement.com
Intelligence économique et développement durable
où les normes environnementales sont plus souples ou quasi
inexistantes.
1.2-
L’instauration des nouvelles barrières
Face à cet anarchisme, de nouveaux critères de sélection des
entreprises voulant s’exporter doivent être mis sur pied,
notamment ce qu’on peut appeler les critères de développement
durable. Ainsi les produits qui comportent un risque pour
l’environnement et dont la fabrication a constitué une pollution
de quelque sorte que ce soit pour la nature ou qui ne peuvent être
recyclés doivent être interdits de commercialisation et surtout
d’exportation.
Un certain nombre de normes environnementales existe déjà pour
différencier les produits pouvant être commercialisés et exportés
de ceux qui ne jouissent pas de ce droit. L’Écolabel européen,
par exemple, le label environnemental de la communauté
européenne, qui s’applique à plusieurs centaines de produits,
prend en compte différents critères écologiques notamment
la teneur en substances nuisibles, et intègre les contraintes en
matière d’emploi des produits par les consommateurs. Le Conseil
pour le Soutien de la Forêt (Forest Stewardship Council, FSC),
quant à lui, garantit que le bois sur lequel il est apposé a été
récolté dans le respect des critères environnementaux et sociaux
rigoureux. Malheureusement ces normes sont très peu respectées
et cela n’empêche pas l’exportation des produits frauduleux.
Le strict respect de ces normes doit être observé et représenter
ainsi la condition sine qua non pour la commercialisation, voire
l’exportation des produits d’une entreprise. Pour que le respect
des normes soit effectif en évitant de nuire à la compétitivité
de certaines entreprises, elles doivent être communes. Si elles
ne le sont pas, on risque d’assister à ce que Lepeltier désigne
comme une « paralysie réglementaire » qui s’entend comme
le refus des pouvoirs publics d’édicter des normes plus
contraignantes menaçant la compétitivité nationale. Cette
« paralysie réglementaire » a déjà pu être observée en 1995
lorsque l’industrie britannique des peintures a obtenu l’abandon
d’une loi qui l’aurait forcée à réduire ses émissions de composés
203
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
organiques volatils, cause majeure de brouillard nocif composé
de déchets de suie en zone urbaine et de problèmes respiratoires.
L’argument était que cette loi pénaliserait l’industrie par rapport
à la concurrence internationale.
Ce fut également le cas en 2003 lorsque la commission
européenne a déposé un projet visant l’industrie chimique en
obligeant les industriels à démontrer que leurs produits sont sans
danger pour la santé humaine et pour l’environnement. Mais
le projet a dû être remanié tout d’abord suite aux critiques des
industriels allemands, français et britanniques, qui ont avancé
le surcoût excessif de leurs activités et le risque de nombreuses
suppressions d’emplois, également suite au lobbying des ÉtatsUnis qui craignaient de voir leurs produits refoulés à l’entrée de
l’Union européenne.
Le respect des normes établies de manière commune par
les acteurs de la communauté internationale et de la société
internationale aurait pu être la première condition à remplir pour
une entreprise qui veut commercialiser ses produits vers d’autres
débouchés. Dans un tel contexte, l’entreprise la plus compétitive
sera celle qui adoptera la politique environnementale la plus
respectueuse des normes environnementales internationales.
L’un des exemples les plus patents d’une entreprise qui a accru
son gain de productivité grâce à son investissement dans la
gestion environnementale est la multinationale Dupont. En
investissant massivement dans la protection de l’environnement
elle a non seulement enregistré des gains significatifs en
diminuant ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 60 %
depuis 1990, mais jouit également d’une influence sur le secteur
privé (ensemble des activités commerciales des autres secteurs
industriels et entreprises présents sur le marché international)
et sur le secteur public (l’administration amEricaine pour la
ratification du protocole de Kyoto).
. 204
Morin S., 2007, Analyse des impacts de la mondialisation sur l’environnement
au Québec Rapport 4 le secteur privé et la prise en charge des problèmes globaux
en environnement : un réel passage à l’acte ?, ENAP-MRI-LEPPM,p. 4.
Intelligence économique et développement durable
Le développement durable apparaît alors comme la solution
à l’affaiblissement des barrières douanières du fait de la
mondialisation.
Parlant des enjeux pour l’environnement, on constate ainsi
que la mondialisation peut avoir des effets positifs sur
l’environnement. Ces effets sont de trois ordres. Nous avons tout
d’abord les effets structurels positifs puisque la libéralisation de
l’investissement et des échanges fait en sorte que les capitaux
sont attirés par les juridictions où les conditions sont propices à
l’investissement et la majorité de ces juridictions imposent des
normes environnementales élevées. Les effets technologiques
quant à eux proviennent du fait que la mondialisation peut créer
des économies d’échelle et faciliter la diffusion des technologies
propres et des produits non polluants. Enfin la mondialisation
peut donner lieu à une généralisation des pratiques exemplaires
et de normes de performances environnementales plus strictes,
on parle là des effets réglementaires.
2.
Quand les technologies propres prennent le dessus
2.1-
Automobile : la course à l’hybride
Une automobile hybride est une automobile faisant appel à
deux stockages d’énergie distincts pour se mouvoir, un moteur
thermique et une machine électrique réversible. Si les premières
voitures hybrides, qui virent le jour dès 1900 notamment la
Lohner-Porsche créée par Ferdinand Porsche avaient pour
objectif de satisfaire les désirs fougueux des personnes riches
telles que Ludwig Lohner, la série des automobiles de ce type qui
sortit à partir de la fin de l’année 1997 était à but compétitif.
Depuis lors le marché de l’automobile est en pleine expansion.
Selon Rémi Comubert et Marc Boilard, experts au cabinet Olivier
Wyman, « le marché des véhicules hybrides va exploser d’ici 2020
pour occuper au moins 10 à 15 % du marché ». Le fait pour les
constructeurs automobiles de se lancer dans les voitures hybrides
relève d’une stratégie économique. En effet, le renforcement
. OCDE, 2007, Environnement et mondialisation : document d’information pour
les ministres, p. 10.
205
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
des normes environnementales pousse les constructeurs à
arrimer leurs stratégies de développement aux politiques
environnementales nationales ou internationales pour rester dans
le coup et rester compétitifs par rapport aux concurrents.
L’Union européenne vise par exemple un seuil d’émissions
moyennes de 95 g de CO 2 par kilomètre d’ici 2020 par
véhicule.
Aux États-Unis, autorités et constructeurs se sont entendus
sur de nouvelles normes pour rendre les voitures grandes
consommatrices de carburant telles que le célèbre Hummer, la
Cadillac Pontiac, les Pick-Up des constructeurs Dodge, Ford
ou GMC, plus propres à partir de 2025. Ceci permettra selon
l’administration amEricaine de réduire de moitié les émissions
de GES issues de l’automobile.
Plusieurs modèles de voitures hybrides ont donc vu le jour,
notamment la Mercedes E300 Blutec hybride, la BMW Active
Hybrid5, l’Audi A8 hybride ou encore la Peugeot 508 RXH.
Au salon de l’automobile qui se tient à Paris, des nouveautés
ont été présentées telles que la petite Auris de Toyota, la
familiale Mondeo de Ford, le concept-car Onyx de Peugeot. Les
constructeurs s’inspirent ainsi du succès du constructeur Toyota
qui a fait un carton avec ses véhicules hybrides notamment la
Toyota Prius ou la Camry Hybride, vendant près de 4 millions
de ces véhicules ce qui a contribué à le hisser à la première place
des constructeurs de 2008 à 2010.
Tout ceci fait dire à Henri Levidon, consultant en économie de
transport, que l’hybride est la voiture d’avenir, tout d’abord
parce que la pollution engendrée par celle-ci est plus faible que
pour un véhicule thermique normal, aussi parce que le nombre
de clients de ce type de véhicules ne cesse de croître.
Le fait pour les constructeurs d’investir dans les technologies
propres telles que l’automobile hybride est donc une garantie
. 206
Pour une liste plus exhaustive consulter Le Huffington Post du 27 septembre
2012.
Intelligence économique et développement durable
pour eux de respecter les normes environnementales tout en
conquérant d’autres clients.
Investir dans les automobiles hybrides représente d’autant plus
un atout de compétitivité que les gouvernements accordent des
bonus écologiques à ce type de véhicules et attribuent des malus
pour les véhicules polluants. En France notamment, le nouveau
gouvernement, par la voix d’Arnaud Montebourg, ministre du
Redressement productif, a annoncé une revalorisation du bonus
écologique des véhicules hybrides de 2 000 à 4 000 euros.
L’automobile est parmi les machines les plus polluantes
puisqu’elle relâche une forte quantité de contaminants dans
l’atmosphère notamment le monoxyde de carbone (Co), les
oxydes d’azote (NOx), les composants organiques volatiles
(Cov). L’automobile hybride, du fait de sa technologie alliant
moteur thermique et moteur électrique, a considérablement
réduit l’impact néfaste des véhicules sur l’atmosphère. La voiture
hybride représente donc l’une des plus grandes inventions de
l’heure en faveur de la protection de l’environnement.
2.2-
La gestion des déchets en entreprise
Une technologie propre peut s’entendre comme un procédé
industriel innovant et performant qui utilise de la manière la plus
rationnelle possible les matières premières et/ou l’énergie tout
en réduisant la quantité et/ou la toxicité des effluents polluants.
Au regard de cette définition on peut ainsi classer la gestion des
déchets parmi les technologies propres.
La gestion des déchets comprend le stockage, le tri, le transport et
le recyclage de ceux-ci. Si elle a certes des impacts économiques
pour l’entreprise qui la pratique, la gestion des déchets présente
de nombreux avantages pour l’environnement.
Étant donné que les déchets représentent 5 % du total mondial
d’émission des gaz à effet de serre, la gestion des déchets
permet de réduire ce taux en récupérant les gaz s’échappant
des décharges mais également en mettant sur pied une gestion
aménagée des eaux usées.
207
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
La gestion des déchets permet également de réduire l’extraction
des matières premières. Le recyclage de l’acier, notamment,
permet d’économiser du minerai de fer, le recyclage d’une tonne
de plastique permet d’économiser 700 kg de pétrole brut, ou
encore le recyclage d’1 kg d’aluminium permet d’économiser 8 kg
de bauxite, 4 kg de produits chimiques et 14 Wh d’électricité.
En matière de gestion de déchets, l’entreprise Suez Environnement
est un exemple à suivre puisqu’elle a mis sur pied une
politique responsable de gestion de déchets. Celle-ci consiste
en la réduction des gaz à effet de serre (recyclage des matières
premières et valorisation énergétique des déchets), la protection
de la biodiversité (adoption des plans d’action détaillés pour
chaque unité de traitement de déchets), la préservation de
la qualité de l’air (diminution de la quantité des polluants
atmosphériques), la diminution des bruits (modernisation de
son parc de véhicules de collecte).
Conclusion
Contrairement à ce qu’on pouvait penser, s’engager en faveur
du développement durable n’est pas forcément préjudiciable
pour une entreprise. Tout d’abord, le strict respect des normes
environnementales établies de manière conventionnelle par les
acteurs de la scène internationale constitue un atout majeur pour
une entreprise qui veut conquérir d’autres débouchés. C’est la
solution aux barrières douanières de demain que représente le
développement durable. Ensuite, investir dans les énergies non
polluantes représente la possibilité de s’assurer une place au
soleil dans un marché en pleine expansion, celui des hybrides,
tout en étant en adéquation avec les politiques gouvernementales
en matière d’environnement.
Le respect des normes environnementales internationales ainsi
que l’investissement dans les énergies propres constituent
donc deux éléments majeurs dans la prise de conscience des
problèmes environnementaux par les entreprises tout en étant
compétitifs.
. 208
Pour plus d’infos consultez le site Ecoloterie.com.
Intelligence économique et développement durable
Mettre en place les outils et les mesures nécessaires pour
surmonter les défis de la protection de l’environnement permet
d’affronter les enjeux liés à la sauvegarde des ressources
naturelles et des écosystèmes et renforce, par la même occasion,
la gouvernance mondiale de l’environnement.
Références bibliographiques
AFP, « Les constructeurs automobiles veulent investir le segment des
voitures propres », RTLinfo.be, publié le 27 septembre 2012, consulté le
5 octobre 2012.
Bondu J., « Quand le développement durable rejoint le patriotisme
économique », Les Échos.fr, publié le 9 novembre 2007, consulté le
25 septembre 2011.
IDeTra (coordinateur), 2002, Intelligence économique. Un guide pour
débutants et praticiens, Commission européenne.
La Commission mondiale sur l’environnement et le développement,
1987, Notre avenir à tous.
Le HuffPost/AFP, « Les neuf plus grands constructeurs automobiles
au monde », Huffpost Social News, publié le 29 février 2012, consulté le
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L epeltier S., « Mondialisation et environnement », Sénat, Paris,
mars 2004, 195 p.
Levidon H., « La voiture hybride est la solution d’avenir », Le Monde.
fr, publié le 26 juillet 2012, consulté le 25 septembre 2012.
Morin S., 2007, Analyse des impacts de la mondialisation sur l’environnement
au Québec. Rapport 4 le secteur privé et la prise en charge des problèmes globaux
en environnement : un réel passage à l’acte ?, ENAP-MRI-LEPPM.
OCDE, 2007, Environnement et mondialisation : document d’information
pour les ministres.
Sinaï A., « La mondialisation est-elle bonne pour l’environnement »,
Actu-Environnement, publié le 11 décembre 2009, consulté le 1er octobre
2012.
209
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
210
Repenser le territoire et agir pour une éducation globale de ses concepts
Voahariniaina Linjo RAMAMONJY
Introduction
La nécessité d’intégrer les dimensions économiques, sociales
et environnementales du développement afin de parvenir à
la viabilité a été clairement énoncée dans le rapport Brutland
en 1987. Il y a déjà vingt ans l’accord de Rio portant sur
l’environnement sous l’égide des Nations unies a été signé. À
la sortie de la conférence de Johannesburg, Rio+20, force est
de constater que l’on n’est pas plus avancé en ce qui concerne
l’application de l’Agenda 21. La majorité des Nations africaines
et leurs populations sont sujettes à double facteur de risques tels
que les risques environnementaux et de non-durabilité associés
aux systèmes de production existants et les risques associés à
la pauvreté ; et ceci à trois ans de l’échéance des Objectifs du
millénaire pour le développement (OMD). Le territoire est parmi
les cibles prioritaires de l’Agenda 21 car c’est bien à cette échelle
que l’homme peut interroger les modèles de développement et les
systèmes mentaux et conceptuels qui les fondent. Généralement,
le territoire est perçu par la majorité des citoyens, dans les
écoles et les lycées ainsi que par les professionnels des ONG
comme un espace géographique coïncidant plus ou moins
avec un découpage administratif. À l’université, territoire et
territorialité sont conçus différemment selon les domaines
de discipline enseignée en écologie, en géographie ou en
sociologie ou tout simplement ignorés. Peut-on alors adopter
des concepts communs du territoire et de la territorialité associés
au développement durable et qui pourront servir d’éducation
citoyenne pour tous les acteurs ?
1.
Développement durable et territoire
La définition originelle de Brundtland sur le développement
durable fait appel à l’équité intergénérationnelle qui va de pair
avec la prise en compte d’une équité intragénérationnelle. Cette
équité intragénérationnelle ne peut que s’inscrire dans la variété
des situations que l’on perçoit au niveau des territoires.
211
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
1.1-
Approches de définitions de territoire
Alors, si à l’origine, les concepts de développement durable
ont évolué dans un cadre de mondialisation, éloignés des
préoccupations des territoires ; il est largement reconnu que ce
sont ces derniers qui vont jouer un rôle déterminant dans toute
stratégie de mise en œuvre des décisions de développement
durable prises au niveau global. En effet, le territoire est aussi
le lieu des trajectoires des projets caractérisés par l’ancrage
territorial et c’est également là que les solutions équitables vont
émerger pour les acteurs par le partage de savoir et le partage
de pouvoir. Mais la définition même du territoire est complexe
et a fait l’objet de multiples versions dépendantes de l’angle de
vue et des domaines disciplinaires. En le considérant encore
comme l’espace où se déploie l’essentiel de la vie quotidienne,
professionnelle, familiale et sociale, économistes et géographes
définissent le territoire comme « bassin d’habitat » ou « bassin
d’emploi ». Généralement, en géographie, on part de l’espace
pour définir le territoire, l’espace étant compris comme le
support de l’activité humaine dans son sens large. Dans ce
sens, l’espace est une sorte de matière première qui précède le
territoire, ce dernier étant le produit ou le résultat d’un processus
d’appropriation d’un groupe sur une portion d’espace.
1.2-
Dimensions classiques du territoire
Une définition plurielle du territoire fait appel aux trois dimensions
différentes (matérielle, identitaire et organisationnelle) mais
complémentaires. « La dimension matérielle délimite le territoire
comme un espace doté de propriétés naturelles définissant
des potentialités ou des contraintes de développement, ou de
propriétés matérielles résultant de l’aménagement de l’espace
par les sociétés (armature urbaine, réseau de desserte…) qui
sont caractérisées par leurs structures et leurs dynamiques
temporelles et spatiales ». La dimension identitaire considère
le territoire comme « une entité spatiale dotée d’une identité
propre, caractérisée par son nom, ses limites, son histoire et son
patrimoine, ainsi que par la manière dont les groupes sociaux
qui l’habitent, se le représentent, se l’approprient et le font exister
212
Repenser le territoire et agir pour une éducation globale de ses concepts
au regard des autres ». Du point de vue organisationnel, « le
territoire se définit comme une entité dotée d’une organisation
des acteurs sociaux et institutionnels, elle-même caractérisée
par des rapports de hiérarchie, de domination, de solidarité, de
complémentarité dans les sociétés humaines ». Ces dernières
s’organisent dans l’espace à différentes échelles qui dépendent
à la fois du système politique et social ; on assiste ainsi à une
articulation continue et emboîtée ou à une hiérarchisation du
territoire à l’image du quartier, de la commune, de la région et
du pays ; ainsi de suite (Laganier, 2002). Mais cette articulation
se fait aussi d’une façon discontinue et juxtaposée comme dans
le cas des diasporas.
2.
Développement durable et triangle de territorialité de
Martin-Brelot
Le concept de la territorialité a été observé et décrit pour la
première fois chez les animaux comme un comportement
consistant à délimiter et à défendre un espace vital appelé territoire
pour ses ressources. Sack qui a donné le premier une théorie de
la territorialité humaine a défini cette dernière comme stratégie
effectuée par un groupe d’individus pour influencer, affecter
ou contrôler des objets, d’autres individus ou des relations en
délimitant et proclamant son contrôle sur un territoire. Cette
stratégie peut s’exercer sur différentes échelles de territoire comme
une chambre, une région ou à l’échelle internationale avec des
différents degrés selon que l’espace est plus ou moins fermé. La
territorialité humaine représente « l’ensemble des relations qu’une
société entretient non seulement avec elle-même, mais encore avec
l’extériorité et l’altérité, à l’aide de médiateurs, pour satisfaire ses
besoins dans la perspective d’acquérir la plus grande autonomie
possible, compte tenu des ressources du système » (Raffestin,
1985). Récemment, Martin-Brelot a défini un nouveau concept
de la territorialité en relation avec le concept du territoire local,
le développement durable et dans le cadre de la mondialisation.
La territorialité est alors définie comme l’interaction entre trois
systèmes : (i) le système des acteurs ; (ii) le système du territoire
et (iii) le système des TICs (Martin-Brelot, 2006). Une interaction,
213
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
voulue et pensée par tous les acteurs oriente vers le processus de
développement durable.
2.1-
Le système des acteurs
Le système des acteurs comprend ce que l’Agenda 21 nomme
les grands groupes. La dimension organisationnelle qui fait
appel aux groupes du territoire se fait, se défait, se renouvelle
et se structure selon les ressources et les moyens du territoire.
Au niveau local par exemple il y a l’administration locale et les
collectivités décentralisées ; elles jouent, au niveau administratif
le plus proche de la population, un rôle essentiel dans l’éducation,
la mobilisation et la prise en compte des vues du public en
faveur d’un développement durable. Pour le territoire, l’Union
européenne a placé l’université comme étant au centre du
triangle de connaissance défini par la recherche, l’éducation et
l’innovation. La communauté scientifique est par ailleurs mise
en exergue dans l’Agenda 21 pour son rôle dans la construction
et la dissémination du savoir pour le développement durable
des territoires. L’appel de 2008 à Nairobi lors de la conférence
de MESA de l’ancien Secrétaire général de l’ONU fait aux
universités africaines est alors significatif en les exhortant à sortir
des tours d’ivoire et s’inscrire dans la pluridisciplinarité pour
mener le développement des territoires. D’autre part, l’entreprise
constitue une des trois objectifs majeurs de l’Agenda 21 car elle
représente l’activité humaine la plus consommatrice de ressource
naturelle, d’énergie et de l’eau ; tout en étant génératrice de
déchets et de pollutions modifiant plus ou moins profondément
les écosystèmes (cours d’eau, les sols et l’atmosphère) pouvant
affecter les êtres vivants et la société humaine et vice versa dans
leurs impacts. Elle peut être qualifiée comme au centre du triangle
de la durabilité (Wackernagel et Rees, 1996). Dans le cadre des
impacts des entreprises, en s’inspirant de l’empreinte écologique,
McEnroy a élaboré le concept de l’empreinte sociale. Un des défis
majeurs du développement durable est l’équité entre genre. Selon
le rapport du Groupe de haut niveau du Secrétaire général après
la conférence du Rio+20 sur la viabilité mondiale « la prochaine
poussée de la croissance mondiale pourrait bien être le fruit
de la pleine émancipation économique des femmes qui est la
214
Repenser le territoire et agir pour une éducation globale de ses concepts
moitié de l’intelligence et de la capacité de l’humanité » (Ayres,
1989). Ensuite, il faut inciter les populations locales à participer
activement à l’élaboration, à la planification et à l’exécution de
politiques axées sur la viabilité. Il est également indispensable
d’associer les jeunes à la vie politique et économique.
2.2-
Le système du territoire et ses dimensions
Aux trois dimensions mentionnées auparavant, l’on peut ajouter
une dimension immatérielle et une nouvelle, la dimension
métabolique (Wackernagel et Rees, 1996). La dimension
matérielle décrite ci-dessus constitue en premier lieu l’attractivité
du territoire vis-à-vis des acteurs extérieurs. La dimension
immatérielle comprend l’histoire du territoire, ses us et coutumes,
ses lois et réglementations, les institutions, les patrimoines
immatériels ainsi que les savoirs (endogènes, académiques,
entrepreneuriales, etc.) et les flux psychologiques (Adoué,
2007). Ces derniers comprennent entre autres les motivations,
l’esthétique et l’éthique ainsi que les flux d’information qui
influencent fortement les acteurs et pèsent lourds dans leurs
décisions. Cette dimension immatérielle (à travers le savoir,
le pouvoir et le vouloir) qui constitue une composante de
l’attractivité territoriale, est étroitement liée aux ressources
naturelles renouvelables ou épuisables de la dimension matérielle
et leurs transformations par l’activité humaine. L’ensemble de ces
activités avec leur transformation des flux entrants de matières
et d’énergie et de flux sortants de déchets et de chaleur est le
métabolisme industriel (Adoué, 2007), qui, associé avec le mode
de vie et la société est défini comme un métabolisme sociétal ;
l’ensemble des flux associés est alors le flux métabolique. Suivant
l’échelle des territoires on peut ainsi déterminer la dimension
métabolique d’une commune, région, une nation ainsi de suite.
La connaissance de la dimension métabolique est de la plus haute
importance car elle introduit une quantification environnementale
en complément des flux financiers qui ont été toujours les seuls
pour caractériser les projets de développement et la croissance.
Cette approche innovante mise à la disposition des acteurs
permet également de planifier le développement durable du
territoire en visualisant les possibilités de synergie industrielle
215
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
selon les concepts de l’écologie industrielle. L’empreinte
écologique a été élaborée par Wackernagel et Rees afin de donner
une appréciation des flux métaboliques des territoires reliés
à leur biocapacité exprimés en hectare global de terre arable.
La biocapacité d’un territoire donne la mesure de l’offre de la
nature aux besoins des populations qui forment la demande.
La différence entre biocapacité et empreinte écologique, si elle
est positive, est appelée le crédit écologique. C’est le cas pour
la plupart des pays pauvres, essentiellement agricoles et mal
industrialisés qui sont alors des créditeurs écologiques. Si elle
est négative, c’est la dette écologique comme c’est le cas pour
les pays industrialisés dits alors débiteurs. Cette notion de dette
et de crédit écologique ouvre une nouvelle perspective sur la
dimension territoriale de la démocratie et de la gouvernance au
niveau mondial.
2.3-
Le système des TICs
Le système des TICs qui se classe parmi les moyens d’action dans
l’Agenda 21 comprend les systèmes des télécommunications, de
l’informatique et de l’audiovisuel. L’évolution de l’informatique,
dont la combinaison avec les télécommunications, donne lieu aux
convergences numériques et a façonné d’une façon considérable
le système socio-économique et culturel des pays. Les enjeux
des TICs sont clairement énoncés dans diverses déclarations
internationales telles que l’OMD ou le New Partnership for Africa’s
Development (NEPAD) et dans divers programmes nationaux de
développement des différents pays. Le développement durable
et les TICs peuvent être appréhendés comme des phénomènes
contemporains ayant des effets touchant au niveau global,
mais qui ne peuvent trouver d’applications concrètes qu’au
niveau local par la mise en œuvre d’outils d’aménagement et
de développement des territoires et par l’implantation physique
de réseaux de télécommunications. Martin-Brelot a identifié les
correspondances entre le développement durable et les TICs
avec les notions de prospective (images), de partenariat (réseaux)
et de médiation (interactivité) qui forment les dimensions
d’une gouvernance locale. Les nouveaux médias interactifs
favoriseraient l’élaboration d’outils ouverts et adaptés à la
216
Repenser le territoire et agir pour une éducation globale de ses concepts
visualisation des interdépendances, à l’expression des diversités
et à l’émergence d’idées nouvelles pour le développement
durable en combinant deux techniques et deux objectifs
de communication complémentaires (image et réseau). Par
ailleurs, Sack dans sa théorie de territorialité présuppose pour
l’interaction, une transmission d’énergie qui obéit à la loi d’action
et de réaction basée sur la conservation de l’énergie. Ces contacts
peuvent se faire entre le face à face ou la transmission par ondes
électromagnétiques, d’où le rôle de médiation des TICs. Ce rôle
est en accord avec la définition de Raffestin qui fait appel à des
médiateurs. En fait dans le triangle de territorialité de MartinBrelot, le système de TICs médiatise le partage de savoir et de
pouvoir (e-gouvernance). La collaboration entre les acteurs pour
le développement du partenariat, en un mot, est l’instrument
d’une gouvernance éclairée dans l’interaction entre le système
des acteurs et celui du territoire. D’autre part, le système des
TICs en dématérialisant la dimension physique du territoire,
permet par médiatisation des flux immatériels du système du
territoire la prospective des projets ainsi que la rétrospective de
l’histoire, véhiculant l’identité, et la représentation du territoire.
Si le développement durable est avant tout un apprentissage du
partage des savoirs et des pouvoirs, les TICs ont un rôle décisif
à jouer. C’est justement là que l’Afrique a raté son entrée dans
l’histoire alors que les pays asiatiques en envoyant massivement
des jeunes étudier les TICs dans les pays occidentaux et y acquérir
de l’expérience ont réussi à disputer le leadership de la société
de l’information (Pearce, Markandya et Barbier, 1989).
3.
Territoires, réseaux et interrelations
Le concept sociologique de lien social vient en support du
concept de territorialité de Martin-Brelot, où la notion de
territorialité recouvre à la fois des idées d’autonomie, d’identité,
de représentation et de rapport entre pôles d’attraction opposés
comme le pôle local-global, intérieur-extérieur et réel-virtuel.
217
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
3.1-
La tension local-global
Il ne suffit pas de considérer l’espace local comme un espace
d’application de stratégies pensées ailleurs au niveau mondial
(penser global, agir local) ; le réciproque, penser local et
agir global peut aussi être vrai. L’échec de la Conférence de
Copenhague en 2008 illustre la tension local-global de cette
réciprocité alors que l’homme assiste à la disparition des Îles
du Pacifique telles que l’Archipel de Tuvalu, l’île de Kiribati au
niveau local. De même, l’expérience historique de la symbiose
industrielle de la ville de Kalundborg qui a été pensée et voulue
sans aucun dessein écologique à l’époque mais dans une logique
de proximité et d’efficacité économique illustre cela. Sa réussite
spectaculaire faisant évoluer le concept de l’écologie industrielle
(Patterson, 2008), qui a donné naissance aux réseaux mondiaux
d’éco-parcs industriels, est une autre marque de la pensée locale
et de l’action globale. Par ailleurs, la subsidiarité active territoriale
éclaire la gouvernance du global vers le local qui est surtout
médiatisée dans la résolution des crises politiques (Côte d’Ivoire,
Madagascar, Mali, etc.)
3.2-
La tension intérieur-extérieur
La délocalisation des entreprises à forte empreinte écologique
des pays industrialisés vers les pays pauvres comme c’est le cas
de la région textile de Tipur en Inde a abouti à la disparition
de l’eau douce polluée par la fabrication intensive des T-shirts
de couleur (Patterson, 2008). Un territoire peut couvrir alors en
son sein les besoins de sa population et assurer les conditions
générales de durabilité en exportant ses déchets vers d’autres
territoires, ou en effectuant des achats sous-évalués des ressources
naturelles provenant d’autres territoires. Ce faisant, ce territoire
compromet au même moment la capacité des autres territoires
d’exportation ou d’importation de satisfaire à leurs propres
besoins en assurant les besoins de durabilité interne au détriment
de la durabilité externe (Dixon, 1994). Au niveau des Nations, le
métabolisme sociétal des États-Unis seuls avec le mode de vie
de ses populations remonte à 1,3 planète en 2005 au détriment
des autres. On doit ainsi admettre que la durabilité effective
218
Repenser le territoire et agir pour une éducation globale de ses concepts
est observée dès lors que les conditions relatives à la durabilité
interne et à la durabilité externe sont respectées. Les mesures
de subventions locales faites aux cultures de coton aux ÉtatsUnis ont des impacts immédiats sur les agriculteurs des pays
africains. Par ailleurs, notons que le concept de l’organisation
apprenante de Nancy Dixon, qui apprend à viser trois objectifs
interreliés : le développement des membres de l’organisation,
le développement de l’organisation et le développement des
organismes hiérarchiques extérieurs, contribue clairement à cette
approche de durabilité effective.
3.3-
La tension réel-virtuel
Les progrès foudroyants des TICs ont conduit à l’avènement
de la société de l’information et les pays industrialisés sont
actuellement de plein-pied dans la société du savoir. Les
différentes technologies renvoient à l’extension de la notion
de territorialité classique dite nomade par opposition à la
territorialité sédentaire associée aux territoires aréolaires comme
étant propre à tous ceux qui peuvent s’affranchir des contraintes
physiques donc à tous ceux qui maintiennent, cultivent, créent un
réseau social à l’aide des réseaux virtuels soutenus par Internet
(associée aux territoires réticulaires ou en réseau). L’exemple
des événements du printemps arabe démontre paradoxalement
un ancrage territorial des TICs en orientant et organisant les
manifestations des acteurs liés par une proximité géographique.
Le travail collaboratif à distance sur des plates-formes virtuelles
pour l’apprentissage ou le travail à domicile montre une synergie
à distance des acteurs éloignés géographiquement, il peut être un
facteur de désagrégation sociale de proximité à cause du temps
passé devant l’ordinateur.
Conclusion
Partant des concepts classiques du territoire et de la territorialité,
cet article met en exergue l’évolution de ces concepts face à la
mondialisation en décrivant l’approche de Martin-Brelot dont
le triangle de la territorialité. Différents facteurs de succès
ou d’échec dans les feuilles de route vers le développement
durable peuvent ainsi être correctement interprétés en utilisant
219
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
les interactions entre les trois pôles du triangle. En utilisant
les tensions intérieur-extérieur, local-global, et la tension réelvirtuel, le territoire peut être considéré comme une brique
de la gouvernance dans l’interdépendance du local vers le
global. (Calame, P., 2002) Le territoire est le nœud des relations
sociales, écologiques et économiques dans les systèmes de
relations organisés en réseau, s’étendant au niveau mondial.
Il sera ainsi l’acteur pivot du futur. Il est donc important pour
chaque individu, ou organisation en tant qu’acteur du territoire
de s’approprier des concepts modernes du territoire et de la
territorialité selon Martin-Brelot qui lui est associée. Cet article
se propose d’adopter la dissémination de ces concepts à tous
les niveaux pour l’éducation en primaire, secondaire ainsi que
pour la recherche universitaire. L’objectif est de sensibiliser tous
les grands groupes du territoire pour en faire l’acteur pivot du
futur.
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222
Économie verte : principe de base pour une croissance
saine
Taira SEBEGA
Introduction
Dans un système complexe et incertain, pour lequel les
différents enjeux économiques et environnementaux sont liés,
aucun des acteurs ne dispose de toute l’information et de toute
l’autorité pour mener à bien une stratégie d’ensemble inscrite
dans le long terme. Cette stratégie ne peut donc émerger
que d’une coopération entre les institutions et les différentes
parties intéressées, dans laquelle chacune exerce pleinement
ses responsabilités et ses compétences. L’utilisation du thème
environnemental comme élément de critique radicale du système
de gouvernance mis en place après-guerre demeure donc sujette
à controverse. À certains égards, la multiplication des discussions
sur ce thème a même contribué à faire reconnaître la cohérence
de ce cadre, dont chacune des organisations en charge de
réguler ou corriger une imperfection de marché. Mais toutes ces
institutions participeraient d’un même objectif ultime d’efficacité
économique et sociale.
Avec la notion de développement durable, les liens entre
l’économie et l’environnement se resserrent. Les pays
industrialisés et émergents ont connu des succès remarquables
dans leur trajectoire de développement au cours des dernières
années, mais à quel prix ? Ce succès a ainsi été réalisé au
détriment de la protection de l’environnement. Comment le
changement climatique est-il devenu un problème économique ?
Quelles sont concrètement les menaces qui pèsent sur notre
planète ? Quelles stratégies adopter afin de concilier croissance
économique et développement durable ?
1.
Les causes de la dégradation de l’environnement
De nombreuses causes de la dégradation de l’environnement sont
recensées. Certaines d’entre elles sont dues à l’homme, d’autres
à son action. Il y a avant tout le changement climatique lié aux
effets de l’augmentation des concentrations atmosphériques de
gaz à effet de serre (GES) sur les températures et le climat de
la planète, ainsi qu’à leurs répercussions sur les écosystèmes,
223
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
les établissements humains, l’agriculture et d’autres activités
socio-économiques. La destruction de l’ozone stratosphérique
(au-dessus de l’Arctique et de l’Antarctique) continue de susciter
des inquiétudes en raison des effets de l’augmentation du
rayonnement ultraviolet B sur la santé humaine, le rendement
des cultures et l’environnement naturel. Le temps qui s’écoule
entre le moment où des substances qui appauvrissent la couche
d’ozone (ODS) sont émises et leur arrivée dans la stratosphère est
tout aussi alarmant. La pollution de l’air sur la santé humaine les
écosystèmes et les bâtiments, ainsi que leurs conséquences socioéconomiques sont importantes. Les concentrations de particules
fines, de dioxyde d’azote (NO2) et de polluants toxiques, ainsi
que les pics d’ozone troposphérique dans les zones urbaines et
rurales, suscitent de plus en plus d’inquiétudes. La canicule en
Europe en est la parfaite illustration.
La mauvaise gestion des déchets a des conséquences sur la
santé humaine et les écosystèmes (contamination des sols et de
l’eau, qualité de l’air, utilisation des sols et paysages). Le cas des
déchets déversés en plein centre-ville d’Abidjan en Côte d’Ivoire
est un exemple pour mesurer les conséquences de la négligence
humaine. Celui des sociétés pétrolières basées dans le golf de
Guinée qui laissent les déchets pétroliers dans les rivières en est
un autre. Ces déchets tuent l’espèce faunique et florale privant
les populations environnantes de l’eau potable, de produit
de la pêche et des espaces cultivables le cas du Nigeria où la
région du peuple Ogonie. Ce peuple a souffert près de 50 ans de
l’exploration et de la production effrénée de pétrole. De même,
l’utilisation irrationnelle de l’eau, sa pollution (eutrophisation,
acidification, contamination toxique) a un impact sur la santé
humaine, sur le coût du traitement de l’eau potable et sur les
écosystèmes aquatiques. Les égouts des nombreuses villes
côtières africaines déversent les eaux usées dans la mer polluant
ainsi les plages.
Les activités humaines sont dévastatrices pour la flore (diversité
et santé des forêts, croissance et régénération des forêts naturelles,
fonctions économiques, écologiques et sociales des forêts) et la
faune (stocks et habitats de poissons en milieu marin comme
224
Économie verte : principe de base pour une croissance saine
en eau douce, répercussions sur la biodiversité et sur les
approvisionnements en poisson destinés à la consommation ou
à d’autres usages…). L’économie du Gabon et du Cameroun
repose sur l’exportation du bois vers l’Europe. Aucune politique
autoentretenue des forêts n’est adoptée pour leur protection.
Certains pêcheurs utilisent des produits toxiques pour capturer
les poissons en masse.
La production d’énergie et son utilisation ont des répercussions
sur les émissions de gaz à effet de serre et la pollution
atmosphérique locale et régionale. Les risques liés au cycle
du combustible nucléaire et à l’extraction, au transport et à
l’utilisation des combustibles fossiles sont majeurs. Beaucoup de
pays, notamment le Tchad qui fait partie des grands producteurs,
sont entrés dans l’ère pétrolière.
2.
L’état des lieux de notre environnement
Le réchauffement du système climatique est sans équivoque :
hausse des températures moyennes de l’atmosphère et de l’océan,
fonte massive de la neige et de la glace, élévation du niveau
moyen de la mer.
Les relevés instrumentaux de la température à la surface du globe
ont débuté en 1850. Entre 1995 et 2006 figurent les années les
plus chaudes depuis le début des relevés. Les températures ont
augmenté presque partout dans le monde, quoique de manière
plus sensible aux latitudes élevées de l’hémisphère Nord. La
ressource eau diminue considérablement et accentue la sécheresse
ainsi que l’exposition de centaines de millions de personnes aux
conséquences de stress hydriques accrus. L’exemple du Lac Tchad
illustre parfaitement la situation. En quelques années, il est passé
de plus de 25 000 km2 à moins, de 5 000 km2.
En ce qui concerne les écosystèmes, le risque d’extinction s’est
accru pour 30 % des espèces. L’on assiste malheureusement à
un blanchissement de la plupart des coraux suivi d’une très
forte mortalité des coraux et un risque croissant de modification
des aires de répartition des espèces et de feux incontrôlés.
Plusieurs espèces animales vivant dans la forêt kenyane sont
225
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
en voie d’extinction. Certaines ne supportent plus les conditions
climatiques, d’autres sont capturées (girafe, singe, rhinocéros,
etc.) et pour la commercialisation en tant qu’objets précieux
(ivoire d’éléphants, dents de lion, peau de serpents, etc.). Le long
des environnements côtiers, les crues et tempêtes entraînent des
inondations de plus en plus fréquentes. Des millions de personnes
en sont victimes chaque année avec une perte d’environ 30 % des
zones humides côtières de la planète. L’exemple de Haïti est une
tragédie qui, jusqu’aujourd’hui laisse un souvenir traumatisant
pour ses habitants.
Ensuite la production alimentaire connaît une baisse partout
en Afrique, des incidences négatives complexes sur les petits
propriétaires, les agriculteurs pratiquant une agriculture de
subsistance et les pêcheurs ; baisse du rendement des cultures
céréalières aux basses latitudes. Au Sud du Tchad (où on
enregistre la pluviométrie la plus élevée du pays chaque année)
les saisons pluvieuses sont passées de 7 mois en 2001 à 4 mois
actuellement.
Enfin dans le domaine de la santé, les effets de la malnutrition
et des maladies diarrhéiques, cardio-respiratoires et infectieuses
sont aggravés ; augmentation de la morbidité et de la mortalité
due aux vagues de chaleur, aux inondations et aux périodes de
sécheresse ; migration de certains vecteurs pathogènes. La fièvre
Ébola au Congo, la fièvre typhoïde, le paludisme dans les zones
tropicales et les enfants au ventre ballonné en Somalie illustrent
malheureusement ce phénomène de sécheresse.
3.
Stratégies à adopter pour la protection de l’environnement
Dans la mesure où la population mondiale devrait atteindre
9 milliards d’ici 2050 et où l’évolution du système climatique
menace la Terre, il est impératif de trouver une solution
permettant de relancer la croissance économique et de résoudre le
problème du changement climatique. Pour cela, un changement
de mode de pensée impose de privilégier la croissance verte.
Celle-ci vise à lutter agressivement contre le changement
climatique tout en faisant des technologies et industries vertes
226
Économie verte : principe de base pour une croissance saine
nécessaires à ce combat le moteur de la croissance économique
nationale. Il faut rejeter les théories économiques et les modes de
vie de l’ère industrielle pour emprunter une nouvelle voie qui
satisfasse au besoin de croissance économique, de responsabilité
sociale, de responsabilité des entreprises et de préservation de
l’environnement. Ainsi, pour que les termes « croissance » et
« verte » ne soient plus mis en opposition, une volonté politique
forte doit orienter vers un nouveau mode de pensée auquel
la population doit adhérer afin d’aboutir à une révolution
technologique.
Le capital naturel, à savoir les écosystèmes et la biodiversité qui
s’offrent aux hommes, est à la base de toute chose. Pourquoi des
pertes de capital si importantes ont-elles échappé à la vigilance
des peuples et n’ont pas reçu de réponses politiques appropriées ?
Le capital naturel et ses valeurs ainsi que le meilleur usage que
l’on peut en faire constituent donc une composante essentielle
de la future économie verte. Il s’agit de penser le capital naturel
non pas comme une catégorie d’actifs qui seraient secondaires, ni
une source de « matières indéfinissables » destinées à alimenter
les chaînes de production, mais comme une infrastructure
écologique complexe et précieuse qui offre à la fois des biens
(alimentation, combustibles, fibres, etc.), des services (nettoyage
de l’air, régulation du cycle de l’eau douce, régulation du climat,
etc.) et des idées (applications du biomimétisme susceptibles de
transformer radicalement nos modes de production actuels).
Conclusion
La mutation vers une économie verte offre la possibilité
de parvenir au développement durable et de diminuer la
pauvreté, à une échelle et à un rythme inégalés auparavant.
Cette possibilité découle, essentiellement, d’un terrain de jeu
modifié : le monde et les risques auxquels sont confrontés
ses habitants ont considérablement changé et nécessitent une
remise en cause fondamentale de l’approche économique. Les
services environnementaux sont mieux conservés, conduisant
à de meilleurs revenus et à des filets protecteurs pour les
ménages des communautés rurales pauvres. Les méthodes
227
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
d’agriculture respectueuses de l’environnement améliorent de
manière significative les rendements des paysans pratiquant
l’agriculture de subsistance. Les améliorations en termes d’accès
à l’eau douce et d’assainissement, ainsi que les innovations en
matière d’énergie autonome (électricité photovoltaïque, poêles à
biomasse, etc.) s’ajoutent à l’ensemble des stratégies en faveur de
l’économie verte, ce qui peut contribuer à atténuer la pauvreté.
Reste à savoir comment contribuer, de manière plus efficace, aux
débats scientifiques et publics ?
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229
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
230
Table des matières
Sommaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
Avant-propos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
Auteurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
Résumés des contributions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
Chapitre I : GOUVERNANCE MONDIALE . . . . . . . . . . . . . 31
La gouvernance mondiale : une solution pour l’humanité ? . . . . . 31
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
1. Vulnérabilité écologique, récessions économiques,
droits humains menacés, insécurité, problèmes de santé… . . . 31
1.1- Vulnérabilité écologique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
1.2- La récession économique, la justice sociale et la famine . . 32
1.3- Droits humains menacés et insécurité . . . . . . . . . . . . 33
1.4- Problème de santé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
2. Controverses et réalités sur la gouvernance mondiale . . . . . . 36
2.1- La théorie du complot . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
2.2- La théorie de la nécessité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
2.3- Le nœud de la question . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
3. Ce qui est envisageable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
Conclusion
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
Dynamisation de l’agriculture urbaine : entre pollution
et enjeu pour le développement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
1. Présentation de la zone d’étude . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
2. Typologie du système de production . . . . . . . . . . . . . . . 45
3. Pédologie du secteur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
4. Régime hydrique dans la plaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
5. Répercussion de la pollution industrielle sur la riziculture . . . 48
231
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
6. L’industrie : une source de développement de la population
locale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
7. La riziculture en situation de subsistance . . . . . . . . . . . . . 52
Conclusion
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
Défis pour un réel développement : cas de l’Afrique . . . . . . . . . 57
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
1. Loi du ventre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
2. Endoctrinement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
3. Le Burundi, pays de l’Afrique de l’Est . . . . . . . . . . . . . . . 60
4. Développement économique du continent noir . . . . . . . . . 62
5. Développement environnemental . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
6. Lutte contre la corruption . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
Conclusion
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
Le destin commun peut-il favoriser l’application des politiques
de développement durable ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
1. Enjeux et défis économiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
2. Enjeux et défis énergétiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
3. Protéger l’environnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
Conclusion
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
Économies alternatives vers le développement durable et
cadrage pour les élections présidentielles, cas de Madagascar . . . 79
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
1. Économie linéaire et iniquité du développement . . . . . . . . . 80
1.1- Crise de savoir et crise de pouvoir en Afrique . . . . . . . . 80
2. Alternatives économiques : vers le développement durable . . 81
2.1- Cadres de perspectives vers le développement durable . . 82
232
Table des matières
2.1.1- L’écologie industrielle et la bioraffinerie . . . . . . 82
2.1.2- L’économie verte et la bioéconomie . . . . . . . . . 83
Équilibre compétition et coopération . . . . . . 84
Le cas Madagascar . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
2.2- Ressources, opportunités et menaces . . . . . . . . . . . . . 85
2.3- Propositions pour le changement vers
le développement durable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
2.3.1 Dossier socio-économique et environ nemental (DSEE) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
2.3.2 Comité socio-économique et culturel (CSEC) . . . . 86
2.4- Accompagnements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
2.4.1- Le cadrage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
2.4.2- Accompagnement éducationnel et
Coopération internationale . . . . . . . . . . . . . . 87
Conclusion
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
La participation de la jeunesse à la gouvernance mondiale
de l’environnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
1. La participation citoyenne de la jeunesse . . . . . . . . . . . . . 92
2. L’anticipation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
3. La pérennisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
Conclusion
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
Chapitre II: ENVIRONNEMENT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
Le développement durable face à la diversité culturelle.
Regard sur la part du pluriculturalisme dans les échecs des
actions de développement durable au Nord-Cameroun . . . . . . . 99
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
1. Nord-Cameroun : les actions de développement durable
à l’épreuve du pluriculturalisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
233
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
1.1- Le projet « Sahel vert » : une réalisation compromise
par la diversité culturelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
1.2- Le projet « Nord-Est Bénoué » : un projet qui subit
les effets du pluriculturalisme . . . . . . . . . . . . . . . . 101
1.3- L’impact du pluriculturalisme sur le projet « Conservation
de la biodiversité dans les parcs nationaux du Faro
et Bouba Njidda et leurs zones rattachées »
(zones cynégétiques) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102
2. Pour une diversité culturelle au service du développement
durable : les conditionnalités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
2.1- L’analyse du pluriculturalisme d’une région précède
la mise en œuvre de toute action de développement
durable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
2.2- La valorisation de la diversité culturelle : une source
de réussite pour les actions de développement durable
dans une région donnée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104
2.3- La médiation interculturelle : facteur de réussite pour
tout projet de développement durable en milieu
pluriculturel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
Conclusion
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106
Énergies renouvelables, source sûre du développement durable ! . 107
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107
1. Pourquoi recommander l’énergie renouvelable ? . . . . . . . . 109
1.1- Écologiquement indispensable . . . . . . . . . . . . . . . . 109
1.2- Technologiquement possible . . . . . . . . . . . . . . . . . 110
1.3- Économiquement rentable . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110
2. Les défis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110
Conclusion
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111
La vulnérabilité des villes côtières des pays du Golfe de Guinée :
le cas de l’Île Mandji . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113
1. Stratégies régionales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113
234
Table des matières
2. La problématique de l’érosion côtière au Gabon . . . . . . . . . 115
3. Moyens de lutte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
4. Enjeux démographiques et submersion . . . . . . . . . . . . . . 121
Conclusion
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122
Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
La protection de l’environnement : opportunité pour le
développement de l’Afrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125
1. Disparition du capital forestier : cas de la
République Centrafricaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125
1.1- Déforestation et gaspillage : quelques données
indicatives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126
1.2- Les origines de la déforestation . . . . . . . . . . . . . . . . 128
2. Les différents enjeux mettant en péril les
efforts du développement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130
2.1- Aggravation de la pénurie d’eau et des conflits
liés à l’eau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130
2.2- Baisse de la production agricole et aggravation
de l’insécurité alimentaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131
2.3- Les difficultés dans le domaine énergétique . . . . . . . . 131
2.4- Perte de la biodiversité, des forêts et d’autres
maisons décentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131
2.5- Accroissement des maladies à transmission vectorielle . . 132
2.6- Multiplication des risques de conflits liés aux
migrations de populations . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132
3. Perspective, solutions pour un développement durable . . . . 133
Conclusion
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134
Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135
Perspectives pour une climatopolitique anthropocentrée . . . . . 137
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137
1. De la centralité politico-stratégique à la centralité des
droits de l’homme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 138
235
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
2. Valorisation des acteurs non étatiques . . . . . . . . . . . . . . 139
3. La formation et le renforcement des capacités . . . . . . . . . . 140
4. Une meilleure gouvernance et une information équilibrée . . . 140
5. L’impératif du respect du principe de « responsabilité
commune mais différenciée » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143
Conclusion
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144
Références biographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146
Les effets dévastateurs du changement climatique en Afrique
et les solutions en présence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147
1. Impacts des changements climatiques en afrique . . . . . . . . 148
1.1- Impacts hydriques des changements climatiques . . . . . 148
1.2- Impacts du changement climatique sur la biodiversité . . 149
1.3- Impacts écologiques des changements climatiques . . . . 150
1.4- Impacts du changement climatique sur le plan
économique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151
2- Adaptation aux changements climatiques et
gouvernance internationale sur l’environnement . . . . . . . . 153
2.1- L’adaptation aux changements climatiques : priorités
et barrières clés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 153
2.2- La gouvernance internationale sur l’environnement . . . . 155
Conclusion
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156
Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156
Exploitation minière et gestion responsable de l’environnement . 157
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157
1. Les différents rejets miniers provenant à chaque phase
de cette exploitation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 158
2. Les conséquences de l’exploitation minière sur les
différents environnements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160
2.1- Sur l’environnement physique . . . . . . . . . . . . . . . . 160
2.2- Sur l’environnement humain. . . . . . . . . . . . . . . . . . 160
236
Table des matières
3. Portée et limites des moyens mis en œuvre par les États
et les exploitants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 162
4. Propositions d’amélioration technique et organisationnelle . . 163
4.1- amélioration de la technique de gestion des rejets
miniers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163
4.2- Gestion des problèmes sociaux et amélioration
des conditions de vie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163
Conclusion
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 164
Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165
Déchets ménagers : vers une gestion responsable ? . . . . . . . . . 167
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167
1. Responsabilité citoyenne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167
2. Entreprise du secteur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 168
3. Régulation étatique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 169
4. Mobilisation collective . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 170
Conclusion
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171
Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 172
Chapitre III : ÉCONOMIE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173
Développement humain et politiques macroéconomiques
dans les pays en développement : quelle dialectique . . . . . . . . 173
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173
1. Pays émergents, enjeux environnementaux . . . . . . . . . . . 174
1.1- Une affaire de revenu par tête . . . . . . . . . . . . . . . . 174
1.2- Les enjeux environnementaux . . . . . . . . . . . . . . . . 176
2. Quelle politique économique pour les pays en
développement ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 177
2.1- Une critique de la mondialisation : la dé-mondialisation . 177
2.2- Viabiliser les institutions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 178
Conclusion
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 179
Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 180
237
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
Interactions croissance-commerce : cas de l’Afrique
subsaharienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183
1. Conséquences de la spécialisation à l’exportation
des produits primaires des économies africaines au sud
du Sahara . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 184
2. Meilleures voies vers une croissance forte des économies
africaines au Sud du Sahara . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 186
Conclusion
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 187
Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 189
La production des richesses et de l’emploi au cœur des enjeux
du développement durable en Afrique . . . . . . . . . . . . . . . . . 191
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 191
1. Création de richesses et économie verte ; les leviers de
l’action collective pour lutter contre la pauvreté . . . . . . . . . 192
2. Capital naturel et création de richesses en Afrique
subsaharienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 193
3. La création d’emplois demeure un défi majeur pour le
développement durable en Afrique . . . . . . . . . . . . . . . . 196
Conclusion
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 199
Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 200
Intelligence économique et développement durable . . . . . . . . . 201
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 201
1. Le développement durable à l’épreuve trans-frontalière . . . . 202
1.1- Mondialisation : disparition des frontières . . . . . . . . . 202
1.2- L’instauration des nouvelles barrières . . . . . . . . . . . . 203
2. Quand les technologies propres prennent le dessus . . . . . . . 205
2.1- Automobile : la course à l’hybride . . . . . . . . . . . . . . 205
2.2- La gestion des déchets en entreprise . . . . . . . . . . . . . 207
Conclusion
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 208
Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 209
238
Table des matières
Repenser le territoire et agir pour une éducation globale de ses
concepts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 211
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 211
1. Développement durable et territoire . . . . . . . . . . . . . . . 211
1.1- Approches de définitions de territoire . . . . . . . . . . . . 212
1.2- Dimensions classiques du territoire . . . . . . . . . . . . . 212
2. Développement durable et triangle de territorialité de
Martin-Brelot . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 213
2.1- Le système des acteurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 214
2.2- Le système du territoire et ses dimensions . . . . . . . . . 215
2.3- Le système des TICs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 216
3. Territoires, réseaux et interrelations . . . . . . . . . . . . . . . . 217
3.1- La tension local-global . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 218
3.2- La tension intérieur-extérieur . . . . . . . . . . . . . . . . . 218
3.3- La tension réel-virtuel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 219
Conclusion
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 219
Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 220
Économie verte : principe de base pour une croissance saine . . . . 223
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 223
1. Les causes de la dégradation de l’environnement . . . . . . . . 223
2. L’état des lieux de notre environnement . . . . . . . . . . . . . 225
3. Stratégies à adopter pour la protection de l’environnement . . 226
Conclusion
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 227
Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 228
239
Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale
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Janvier 2013
240
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