C et ouvrage regroupe les articles sélectionnés dans le cadre du concours «Regards croisés», organisé par le Bureau régional de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) pour l’Afrique centrale et l’océan Indien (BRAC). Le thème du concours, «Enjeux économiques et environnementaux face à la gouvernance mondiale», fait écho à celui du XIVè Sommet de la Francophonie, qui s’est déroulé à Kinshasa du 12 au 14 octobre 2012, et rappelle les enjeux des Objectifs du millénaire pour le développement, à atteindre d’ici 2015. Jeunes et professionnels du développement des pays d’Afrique centrale et de l’océan Indien se sont notamment mobilisés, dans une démarche intergénérationnelle, afin de réfléchir ensemble aux politiques de développement et aux changements climatiques. Ces problématiques représentent un véritable défi pour les gouvernements, qui peinent à apporter des réponses concrètes aux enjeux planétaires. Chacun propose son point de vue et ses solutions pour une meilleure gouvernance et pour la préservation de notre planète. © OIF / BRAC ISBN : 2-84936-075-9 N° éd. 01/ PC/lespuy/0213 Publié avec le concours de Les Presses Universitaires de Yaoundé Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale BRAC Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale Publication : Bureau régional de l’Organisation internationale de la Francophonie pour l’Afrique centrale et l’océan Indien (BRAC) Hauts de Gué-Gué BP 8075 Libreville (Gabon) Tél : +241 01 73 96 08 Fax : +241 01 73 95 61 Courriel : [email protected] Site Web : www.francophonie.org Coordination : Emilienne Lionelle Ngo-Samnick Éditeur technique : Les Presses Universitaires de Yaoundé (LesPuy) ISBN / EAN : 2-84936-075-9 / 9782849360729 Illustrations couv. : Japhet Marie Bidjek Organisation internationale de la Francophonie Bureau régional pour l’Afrique centrale et l’océan Indien (BRAC) Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale « Regards croisés » Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale L’ouvrage Regards croisés : enjeux économiques et environnementaux face à la gouvernance mondiale est une publication du Bureau régional de l’Organisation internationale de la Francophonie pour l’Afrique centrale et l’océan Indien (BRAC). BP 8075 Libreville (Gabon) www.francophonie.org Cette publication regroupe les articles sélectionnés dans le cadre du concours « Regards croisés » dont le thème était « Enjeux économiques et environnementaux face à la gouvernance mondiale ». Elle reflète la diversité des opinions de leurs auteurs. Les présents écrits engagent exclusivement leurs auteurs et leur propre responsabilité… Toute traduction, adaptation, reproduction intégrale ou partielle sans l’autorisation de l’éditeur est illicite et interdite. Toute représentation ou reproduction par quelque procédé que ce soit constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal. © Organisation internationale de la Francophonie N° éd. 01/ PC/lespuy/0213 Dépôt légal : 1er trim 2013 Sommaire Sommaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 Avant-propos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 Auteurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 Résumés des contributions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17 Chapitre I : Gouvernance mondiale La gouvernance mondiale : une solution pour l’humanité ? Cheko Yafeti . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31 Dynamisation de l’agriculture urbaine : entre pollution et enjeu pour le développement Tahina Lalaina Randrianantoandro . . . . . . . . . . . . . . . 43 Défis pour un réel développement : cas de l’Afrique Ezéchiel Ndayizeye . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57 Le destin commun peut-il favoriser l’application des politiques de développement durable ? Dieudonné Patrick Atouda Beyala . . . . . . . . . . . . . . . . 69 Changements pour des mécanismes de gouvernance éclairée : cas de Madagascar Jean Bertrand Ravelomiango . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79 La participation de la jeunesse à la gouvernance mondiale de l’environnement Etienne Tshishimbi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91 Chapitre II : Environnement Le développement durable face à la diversité culturelle : Regard sur la part du pluriculturalisme dans les échecs des actions de développement durable au Nord-Cameroun Habmo Birwe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99 Énergies renouvelables, source sûre du développement durable ! Diane Tatyana Nininahazwe . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107 La vulnérabilité des villes côtières des pays du Golfe de Guinée : le cas de l’Île Mandji Ferdinand Ditengou Mboumi . . . . . . . . . . . . . . . . . 113 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale La protection de l’environnement : opportunité pour le développement de l’Afrique Brigis-Gérald Gozegba-Ya-Bouma . . . . . . . . . . . . . . . 125 Perspectives pour une climatopolitique anthropocentrée Chrislain Eric Kenfack . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137 Les effets dévastateurs du changement climatique en Afrique et les solutions en présence Jean Jacques Ntyam Ela . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147 Exploitation minière et gestion responsable de l’environnement Georges Nshagali Biringanine . . . . . . . . . . . . . . . . . 157 Déchets ménagers : vers une gestion responsable ? Cédric Isaac Mbavu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167 Chapitre III : économie Développement humain et politiques macroéconomiques dans les pays en développement : quelle dialectique Eugène Calliope Shema . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173 Interactions croissance-commerce : cas de l’Afrique subsaharienne Oscar Valery Kuikeu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183 La production des richesses et de l’emploi au cœur des enjeux du développement durable en Afrique Alain Yindjou Tchouappi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 191 Intelligence économique et développement durable Cédric Noumbissie Nguenang . . . . . . . . . . . . . . . . . 201 Repenser le territoire et agir pour une éducation globale de ses concepts Voahariniaina Linjo Ramamonjy . . . . . . . . . . . . . . . . 211 Économie verte : principe de base pour une croissance saine Taira Sebega . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 223 Table des matières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 231 Avant-propos Le xive Sommet de la Francophonie, qui s’est déroulé à Kinshasa du 12 au 14 octobre 2012, avait pour thème « Francophonie, enjeux économiques et environnementaux face à la gouvernance mondiale ». Les problématiques environnementales, démographiques, sociales et économiques, qui constituent un véritable défi pour la gouvernance mondiale, ont ainsi fait l’objet d’un échange entre les Chefs d’Etat et de gouvernement des pays membres de l’Organisation internationale de la Francophonie. Le thème de la première édition du concours « Regards croisés » rejoint donc celui du Sommet de la Francophonie et rappelle les enjeux des Objectifs du millénaire pour le développement. L’avenir de la planète et celui de ses habitants tend à s’assombrir au fil des ans du fait, notamment, d’une mauvaise gestion et d’une utilisation hasardeuse de ses ressources. Les incidences de l’action humaine ayant un impact considérable sur le climat, l’homme doit prendre conscience de sa responsabilité et des conséquences de ses actes pour les générations futures. La multiplication des catastrophes naturelles et industrielles semble inéluctable et leurs effets sur la vie des populations et leur environnement sont de plus en plus préoccupants. Notre planète agonise et l’homme ne doit plus se contenter d’envisager des solutions ; il doit les mettre en pratique afin de préserver son avenir sur cette planète. La mondialisation impose l’idée d’une gouvernance mondiale, donc d’une gestion supranationale et d’objectifs communs. Il s’impose d’apporter, à l’échelle du monde, des réponses concrètes aux attentes des populations, aussi bien dans le domaine de l’innovation technologique, économique, environnementale et sociale, qu’en ce qui concerne la mise en place et le renforcement de politiques volontaristes et audacieuses, susceptibles de préserver le capital humain et écologique. Il convient cependant, à cet égard, de tenir compte des particularismes régionaux. Proposer des solutions sans en évaluer le champ des possibles à l’échelle mondiale est inefficace. Les différentes politiques mises en œuvre témoignent de ces difficultés. L’homme doit être au centre des préoccupations des décideurs politiques. Les projets mis Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale en place doivent être compatibles avec l’environnement dans lequel celui-ci évolue ; ils doivent notamment tenir compte des conditions de vie et de l’environnement économique et social des différents pays afin d’envisager les solutions appropriées. Ces enjeux représentent les grands défis d’une gouvernance mondiale organisée et donc globale. Le cas de l’Afrique témoigne plus particulièrement des difficultés de répondre aux enjeux planétaires d’une gouvernance mondiale. La plupart des pays d’Afrique centrale et de l’océan Indien sont tournés vers l’économie de rente. Ces pays, aux sous-sols très riches en ressources minières, sont tentés de les exploiter de façon intensive, exerçant ainsi une pression considérable sur l’environnement. Les sols, les rivières, les fleuves et les plages sont pollués par des produits toxiques, mettant en danger la vie des populations environnantes et détruisant la faune et la flore. C’est donc principalement l’action de l’homme qui ruine les efforts de conservation de la biodiversité. L’ouvrage, qui mêle le point de vue de jeunes et de professionnels, témoigne des préoccupations régionales et internationales du développement. Les changements climatiques et les politiques mises en œuvre occupent une place centrale dans les articles, qui s’interrogent tous sur l’avenir de la planète et sur sa préservation. Jeunes et professionnels du développement proposent donc une analyse sans complaisance des politiques qui sont à l’origine des dysfonctionnements et de la déstructuration du tissu social en Afrique centrale et dans l’océan Indien. En confrontant leurs regards sur un même sujet, ils suggèrent une vraie gouvernance mondiale qui envisage les problèmes qui se posent dans leur globalité. Leurs articles sont autant de cris, poussés par des citoyens inquiets pour l’avenir de l’homme sur cette terre et qui espèrent être entendus. Eric POPPE Directeur du Bureau régional de l’OIF pour l’Afrique centrale et l’océan Indien (BRAC) Auteurs Yafeti Cheko Né à Bukavu, le 4 février 1990, Yafeti Cheko est étudiant en deuxième année de licence en Droit International. Il est lauréat du meilleur prix du concours interuniversitaire d’éloquence de la République du Burundi (2012) et du concours de Génie Juridique de la Faculté de Droit de l’université catholique de Bukavu (2010). En 2010, il est élu délégué facultaire des étudiants de la Faculté de Droit de l’université catholique de Bukavu (UCB). Yafeti Cheko est passionné particulièrement par la lecture, internet et les mouvements de la jeunesse. Curieux de nature, il aime voyager et est toujours prêt pour une nouvelle aventure… il se définit d’ailleurs comme « enfant du Congo, jeune des grands lacs et citoyen du monde ». Tahina Lalaina Randrianantoandro Né le 27 septembre 1974 à Antananarivo (Madagascar), Tahina Lalaina Randrianantoandro est enseignant-chercheur à la Faculté des Sciences de l’université d’Antananarivo, et président de l’association Life & Environment siégeant à Itaosy Antananarivo. Il occupe un poste de consultant en tant qu’expert en potabilisation d’eau de la Société Le Chalet Catering Service à Tsimiroro, région de Menabe, dans la province de Tuléar. Ezéchiel Ndayizeye C’est un des jeunes poètes et slameurs africains qui rêve de vivre dans une Afrique rayonnante. Ezéchiel Ndayizeye est fondateur de l’a.s.b.l CEWIJE et visionnaire de la Génération slam Burundi, partenaire du club RFI, centre CELAB. Il travaille comme entrepreneur/opérateur culturel et artistique. Il est membre de l’association des écrivains du Burundi et du café littéraire Samandari. Il est coach du club Nonoka Sport et de l’Art Afrika Création. Dieudonné Patrick Atouda Beyala Jeune camerounais de vingt-neuf ans, il réside au Cameroun. Dieudonné Patrick Atouda Beyala est titulaire d’un DUT en Génie industriel et d’une maîtrise professionnelle en Développement Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale durable obtenue à l’Institut panafricain de développement, Afrique centrale. Il poursuit actuellement un cursus en Énergétique avec l’Institut international de l’ingénierie de l’eau et de l’environnement. Écrivain confirmé, il est notamment publié chez L’Harmattan à Paris. Ses thèmes de prédilection, pour lesquels il est sollicité pour des interventions médiatiques, sont le développement et la jeunesse africaine. Il a récemment publié un essai intitulé Cinquante ans après les indépendances, quel héritage pour la jeunesse africaine ? Jean Bertrand Ravelomiango Issu d’une famille de marin, Jean Bertrand Ravelomiango est né à Majunga sur la côte ouest de Madagascar. Après son baccalauréat série A1 en 2003, il rejoint la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l’université d’Antananarivo pour y effectuer ses études de Géographie. Il obtient sa licence en 2006, puis s’inscrit en C2 de maîtrise tout en commençant une série de stages dans divers ministères tels que le ministère de l’Environnement et des Forêts, celui de l’Aménagement des territoires, etc. Ces expériences lui ont permis d’effectuer des travaux de consultance « junior » au sein d’entreprise de construction (2008-2009) ou au sein des cabinets d’étude tel que le Junior IKTUS Engineering, tout en poursuivant ses recherches de mémoire de maîtrise. Il termine actuellement la rédaction de son mémoire intitulé : Évolution et développement du métier photographique dans le centreville d’Antananarivo. Interprétations selon la territorialité. Étienne Tshishimbi Informaticien, il a suivi des cours de master 2 en Informatique. Étienne Tshishimbi est membre de plusieurs organisations, dont le directoire de Next Generation au sien d’Internet Society Sénégal et le Centre africain de complémentarité scolaire universitaire et de promotion (CACSUP). Il participe aux activités de la plate-forme communautaire de l’United nations educational, scientific and cultural organization (Unesco) pour les questions du Sommet mondial pour la société de l’information (SMSI, www.wsis-community.org). De même, il œuvre sur celle du Centre international de ressources et d’innovation pour 10 Auteurs le développement durable (CIRIDD, www.agora21.org) de Saint-Étienne en France. Son texte Participation à la gouvernance du développement durable en Afrique a été retenu par l’Institut de l’énergie et de l’environnement de la Francophonie (IEPF) comme contribution au Forum francophone préparatoire du Sommet de Rio+20 de Lyon en France du 8 au 9 février 2012, avec l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Birwe Habmo Jeune camerounais âgé de 22 ans, Birwe Habmo est étudiant en Sociologie (master 2) option : populations et développement au Département de Sociologie/Anthropologie de l’université de N’Gaoundéré (Cameroun). Après une licence de Sociologie générale obtenue en juin 2011, il s’est spécialisé en Sociologie de développement. Son projet de recherche de master 2 porte sur les questions de développement durable dans les zones multiculturelles du Nord-Cameroun. Passionné par la coexistence pacifique des cultures, il est auteur de deux articles sur le management de la diversité culturelle : « Les réfugiés au Cameroun. Regard sociologique sur une crise d’intégration sociale », Asylon(s)-Terra, vol. 6, mars 2011. « Quand les peuples nomades se sédentarisent. Multiculturalisme et cohabitation interethnique au Sahel », Émulations, no 10, novembre 2012 (à paraître). Diane Tatyana Nininahazwe Ingénieure industrielle en Génie civil depuis 2009, Diane Tatyana Nininahazwe, exerce comme conceptrice, exécutrice privée en construction. Activiste environnementaliste, elle est chargée des opérations au sein d’une organisation engagée sur le front climatique : 350 Burundi Network on Climate Change. Elle est particulièrement passionnée par la diversité, la révolution et l’excellence. Ferdinand Ditengou Mboumi Né à Moabi au sud du Gabon, Ferdinand Ditengou Mboumi est diplômé de la Faculté de Communication de l’université d’État de Biélorussie (ex-URSS), spécialité journalisme international. Au 11 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale terme de ses études, il a exercé à la Radio panafricaine « Africa no 1 » et occupé les fonctions de conseiller en communication au sein de différents départements ministériels. Actuellement, il est journaliste principal et producteur à Radio Gabon. Entre 1991 et 1992, il a été correspondant à Minsk pour le compte du Bureau de l’Agence France Presse (AFP) à Moscou. Il a suivi les cours sur les sociétés slaves du xxe siècle et leur discours à l’université Jean Moulin, Lyon III en France. Titulaire d’un diplôme de 3e cycle en Histoire des relations culturelles, ses recherches portent essentiellement sur les politiques culturelles entre les pays de l’ex-URSS et l’Afrique. À ce titre, il est l’auteur de nombreuses publications en ligne : Regards sur l’Est et Centpapiers, mais également dans la presse internationale et nationale. Il est aussi auteur de quelques publications en ligne sur la protection de l’environnement des espaces littoraux gabonais. Brigis-Gérald Gozegba Ya-Bouma De nationalité centrafricaine, Brigis-Gérald Gozegba Ya-Bouma a fait ses études à l’université de Bangui où il a obtenu sa licence en Anthropologie, option Développement et changement social. Il est actuellement étudiant en master 1 recherche au sein du département d’anthropologie. Après avoir été formé sur la Méthode active de recherches participatives (MARP) en Sciences Sociales, il a présenté plusieurs séminaires dans des lycées, écoles professionnelles, etc. Au plan national, il a également été conseillé et pair éducateur en matière de lutte contre le VIH-SIDA, et il est à ce jour enquêteur-assistant au sein du projet TCP/CAF/0133 de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et de l’agriculture (FAO). Chrislain-Eric Kenfack De nationalité camerounaise, Chrislain-Eric Kenfack est né dans la région de l’Ouest-Cameroun en 1978. Après ses études primaires et secondaires couronnées par un baccalauréat A4, il engage ses études supérieures tour à tour à l’université de 12 Centpapiers.com/author/ferdinand-ditengou-mboumi. Le Miroir, no 12, du 2 février 2006, p. 3. Auteurs Yaoundé I où il obtient une licence en Philosophie en 2004, à l’université catholique d’Afrique centrale où il obtient une licence en Théologie en 2008, et à l’Institut des relations internationales du Cameroun (IRIC) où il obtient un master en Relations Internationales, option Communication et Action publique internationales en 2011. Il travaille comme consultant dans plusieurs projets portant sur le changement climatique, l’adaptation et l’atténuation dans les pays du bassin du Congo pour plusieurs organisations internationales. Membre du Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique (CODESRIA), du World Youth Alliance (WYA) et des Jeunes Volontaires pour l’Environnement (JVE), il se passionne pour les questions humanitaires, les droits de l’homme et surtout les questions environnementales. Jean-Jacques Ntyam Ela De nationalité camerounaise, Jean-Jacques Ntyam Ela est né le 13 janvier 1983 à Sangmélima au Cameroun. Après avoir créé le magazine bimensuel Bounce People et travaillé au trihebdomadaire Dikalo comme journaliste, il est actuellement en fin de formation d’ingénieur en technique administrative à l’École normale supérieure d’enseignement technique de Douala comme élève professeur. Georges Nshagali Biringanine Né à Ciburhi dans la Province du Sud-Kivu, à 20 km de la ville de Bukavu, Georges Nshagali Biringanine a fait ses études secondaires dans la ville de Bukavu en section Biologie-Chimie. Il a ensuite rejoint l’université de Yaoundé 1 au Cameroun où il a obtenu un diplôme d’études approfondies (DEA) en Physique, option Géophysique Interne. Il a obtenu un master spécialisé en Gestion Durable des Mines à l’Institut international de l’ingénierie de l’eau et de l’environnement (Fondation 2IE) au Burkina Faso. Il a participé à plusieurs formations et stages professionnels au cours de son cursus scolaire et de ses activités professionnelles. Il est passionné par la gestion durable de 13 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale l’environnement à tous les niveaux, et notamment minier. Passionné par l’enseignement, il est actuellement assistant d’enseignement et chercheur à l’université officielle de Bukavu, à l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Cédric Isaac Mbavu Né le 15 novembre 1991 à Bujumbura, Cédric Isaac Mbavu est de nationalité Congolaise (RDC) et étudie actuellement à l’Institut national des Sciences de Gestion de Libreville au Gabon où il se prépare à présenter un mémoire de licence en vue d’un passage éventuel en master 1. Il est le fondateur d’un groupe Facebook dénommé LANM (Lycée d’application Nelson Mandela) du nom du lycée dans lequel il a suivi ses études secondaires. À ce jour, le groupe compte plus de 1 900 membres et constitue une plate-forme pour les élèves ayant fréquenté cet établissement, afin qu’ils puissent échanger sur les activités qui s’y déroulent et donner leurs points de vue. Eugène Calliope Shema Rwandais âgé de 23 ans, Eugène Calliope Shema est étudiant en master recherche Sciences de l’Information et de la Communication à l’École supérieure des sciences et techniques de l’information et de la communication (ESSTIC, établissement de l’université de Yaoundé II, Cameroun). Il rédige périodiquement des enquêtes sur des sujets sociaux, publiés sur www.africavox. com, site d’informations en ligne hébergé en France. Il a déjà abordé les questions de développement en rédigeant des notes de synthèse sur la situation économique d’une quinzaine de pays africains dans le magazine panafricain Le Médiateur d’Afrique Mag. Sur le plan communautaire, il est président de l’Association des jeunes rwandais au Cameroun, organe logé au sein de la Communauté rwandaise du Cameroun, elle-même sous la tutelle du Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR). Oscar Kuikeu Titulaire d’un doctorat Sciences économiques mention très honorable (université de Pau et des Pays de l’Adour, France) depuis 2008, Oscar Kuikeu occupe un poste d’enseignant/ 14 Auteurs chercheur au grade d’assistant à l’École supérieure des sciences économiques et commerciales (ESSEC) de l’université de Douala (Cameroun). Sa thèse de doctorat a porté sur l’étude de la parité fixe de la zone franc. Il a ainsi démontré, tout en étant convaincu, qu’il faudrait renoncer au franc CFA. Alain Yindjou Tchouappi Né le 4 mai 1989 à Yaoundé, Alain Yindjou Tchouappi est étudiant en 2e année de licence Sciences économiques à la Faculté des Sciences Économiques et de Gestion Appliquées (FSEGA), université de Douala, Cameroun. Cédric Noumbissie Nguenang Né le 26 janvier 1988 à Yaoundé (Cameroun), Cédric Noumbissie Nguenang est originaire de la région de l’Ouest Cameroun. Après des études primaires à l’École publique du lycée bloc 2 de Mbouda couronnées par un certificat d’études primaires en 1998, il entre au lycée bilingue de Mbouda. Il obtient son brevet d’études du premier cycle en 2002, le probatoire A4 Allemand en 2004 et le baccalauréat A4 Allemand en 2005. Il rejoint l’université de Yaoundé I en septembre 2005 dans la filière Lettres bilingues. Il obtient la Licence en Lettres bilingues en septembre 2008. Après avoir fait une année en master Linguistique générale et théorique, il réussit le concours d’entrée à l’Institut des relations internationales du Cameroun (IRIC) dans la filière Communication et action publiques internationales (CAPI) en 2010. Il est actuellement en fin de formation au sein de cet institut où il prépare un mémoire sur le thème de l’intelligence économique. Linjo Voahariniaina Ramamonjy Issue d’une famille d’enseignants, Linjo Voahariniaina Ramamonjy est née à Antananarivo en 1983 où elle a effectué ses études primaires et secondaires, sanctionnées par un baccalauréat Série A2 mention AB en 2003. Elle est reçue sur concours à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines dans le département de Géographie la même année. Elle travaille pour des associations (Jeunesse étude et travail, notamment), et obtient sa licence en 15 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale 2006. Elle obtient sa maîtrise (C2) en 2007 et s’implique dans les mouvements des jeunes pour le développement. Elle participe également à de nombreuses enquêtes socio-économiques et des travaux de consultance « Junior » notamment pour le Junior IKTUS Engineering. Ses expériences lui ont permis d’étoffer ses recherches de maîtrise en géographie économique. Elle entre maintenant dans la phase finale de rédaction de son mémoire qui s’intitule : Espaces ruraux, tics et développement durable. Cas du Village TIC de Sambaina dans le cadre de la théorie de la territorialité de Martin-Brelot. Sébéga Taira Né le 29 juillet 1985 à Maga au Cameroun, Sébéga Taira suit les enseignements de l’école catholique de NLa qualité des formationdjamena au Tchad. Après l’obtention de son baccalauréat, ses études à l’université de N’Gaoundéré sont sanctionnées par un DEUG et une licence en Économie et Gestion et une maîtrise en Économie Monétaire et Bancaire. Il poursuit en master 2 professionnel Finance/Comptabilité à Douala. Habitué des concours, il a été deux fois lauréat des Jeux concours Mathématiques et logiques à Paris en France. Il est particulièrement intéressé par les questions économiques et environnementales. 16 Résumés des contributions Gouvernance mondiale : une solution pour l’humanité ? Cheko Yafeti Dans ce monde en plein bouleversement, lorsque les gouvernements nationaux ne parviennent pas à répondre aux défis majeurs qui touchent le bien-être de leurs peuples, entre autres les���������������� droits humains au plus mal et violés même par des pays autrefois érigés en exemple, la récession économique et la situation calamiteuse qui est caractéristique du chômage et présage des troubles sociaux, la vulnérabilité écologique de la planète ses origines dans l’activité humaine et ses conséquences sur notre avenir de plus en plus incertain, les problèmes de santé qui se durcissent avec des maladies incurables malgré les récentes avancées de la médecine et cela face aux moyens limités des États. Faut-il attendre un miracle ou agir pour des solutions durables ? Telle est la question à laquelle cet article essaie de répondre en confrontant������������������������������������ les thèses les plus connues sur la gouvernance mondiale : complot ou nécessité ; controverse entre partisans de la théocratie et ceux de la démocratie. Les altermondialistes s’insurgent et exigent des garanties pour une meilleure gouvernance à l’échelle planétaire et le pragmatisme s’impose : refonder les Nations unies, un nouvel espoir de paix et de coopération pour toutes les nations. Voilà qui est envisageable ! Mots clés : droits humains, récession économique, écologie, santé, vulnérabilité Dynamisation de l’agriculture urbaine : entre pollution et enjeu pour le développement Tahina Lalaina Randrianantoandro Madagascar compte environ 2 millions de petits producteurs de riz, dont 60 % ne disposent même pas de 60 ares de rizière. Un tiers de ces exploitants sont en situation de subsistance, ils ne produisent que quelque 800 kg sur une surface de moins de 1 ha. Face au développement industriel, la pollution des eaux d’irrigation constitue un facteur limitant le rendement, de 1,1 à 17 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale 2,58 t de paddy à l’hectare, avec une moyenne de 2,5 t/ha. La pollution par les effluents industriels entraîne un déséquilibre nutritionnel dans les plantes par une forte alimentation en potassium (6,4 kg/jour) et de calcium (1,2 kg/jour), qui se conjugue avec certaines carences dues au sol et au manque de fertilisation. Par contre, les effluents peuvent avoir un rôle positif sur la nutrition du riz, en apportant certains éléments essentiels. Quant à la mobilisation de ces éléments dans les plantes de riz, la majeure partie du phosphore et de l’azote (plus de 50 %) absorbé se trouve au niveau du grain. Le calcium (95 %) et le potassium (90 %) s’accumulent généralement dans les pailles. Bien que la riziculture soit menacée par la pollution, son rôle sur la population demeure primordial. En effet, la riziculture urbaine et périurbaine contribue de 12 à 18 % de l’autosuffisance alimentaire dans la ville d’Antananarivo. L’étude présente l’influence du développement industriel sur la pratique rizicole dans la plaine d’Antananarivo et identifie l’adaptabilité des riverains face au changement dû aux pollutions de l’environnement. Les rôles de cette agriculture et de l’industrie sur le contexte socio-économique de la population locale seront analysés. Mots clés : riziculture, développement industriel, pollution, environnement, accès à l’eau Défis pour un réel développement : cas de l’Afrique Ezéchiel Ndayizeye L’Afrique a besoin de se développer, de se prendre en charge pour mieux aborder toutes les questions en rapport avec la biodiversité, le changement climatique, la vulnérabilité écologique, afin de pouvoir s’intégrer au sein de la gouvernance internationale de l’environnement. L’Afrique doit être prête à faire face à ses défis. La création des richesses et des emplois, la croissance économique, les stratégies économiques à adopter, la lutte contre la corruption et la gouvernance mondiale de l’économie sont des sujets qu’elle doit traiter avec habileté et sérénité. Il lui 18 Résumés des contributions faut des acteurs politiques, sociaux et économiques compétents, capables de donner naissance à une solidarité socio-économique dynamique et d’assurer une réelle gouvernance équitable. Dans sa politique de gouvernance, la diversité culturelle et les droits humains doivent être pris en considération ainsi que les défis véritables qu’elle est appelée à relever. Elle doit être en possession des outils indispensables pour y arriver. Mots clés : développement économique et environnemental du continent noir, éducation et enseignement, lutte contre la corruption, croissance économique. Le destin commun peut-il favoriser l’application des politiques de développement durable ? Dieudonné Patrick Atouda Beyala Vingt-cinq ans après la consécration mondiale du concept de développement durable, les crises sociales, économiques, politiques et environnementales que traverse la planète nous interpellent sur les avancées et les échecs de l’implémentation d’une politique effective du développement durable. Après de nombreux sommets à l’échelle mondiale, toutes les parties reconnaissent que la dégradation de la planète est un fait avec des impacts sur le triptyque économie-social-environnement, socle du développement durable. Malgré la ratification de plusieurs accords, les États – dont la puissance s’accroît – peinent à appliquer les mesures prises ou à exécuter des engagements communs pour des intérêts économiques et protectionnistes. Se pose donc un problème de gouvernance à l’échelle planétaire du développement durable avec des mesures contraignantes. Mots clés : développement durable, gouvernance mondiale, croissance économique, défis énergétiques, commerce équitable 19 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale Changements pour des mécanismes de gouvernance éclairée : cas de Madagascar Jean Bertrand Ravelomiango Cet article propose à partir du cas de Madagascar des changements institutionnels pour que les principes du développement durable soient en tête des priorités des programmes et des budgets, dans un cadre novateur d’économie circulaire, institutionnel, éducationnel et de coopération internationale. Il débute sur un état des lieux des transformations économiques dont l’esprit du capital a été l’agent le plus puissant et le plus reconnu mais dont les impacts écologiques ont été les plus dévastateurs, conduisant au stade mondial actuel de crises environnementales, sociales et économiques. Des alternatives stratégiques comme l’économie circulaire renfermant des technologies comme la bioraffinerie sont présentées comme des solutions viables de transition vers l’économie verte ou la bioéconomie qui mènent vers le développement durable et dans lesquelles les pays pauvres peuvent prendre le leadership. Elle forme un cadrage général pour l’accompagnement des dossiers socio-économiques des candidats à la présidence. Ces changements peuvent être disséminés dans les hiérarchies des territoires ou pris comme modèle par les autres pays. Mots clés : alternatives économiques, territorialité, changement institutionnel, Constitution, code électoral La participation de la jeunesse à la gouvernance mondiale de l’environnement étienne Tshishimbi La jeunesse africaine préconise une gouvernance environnementale fondée sur des valeurs et objectifs essentiels que sont les droits de l’Homme, la démocratie pluraliste et participative, l’État de droit, le développement de l’identité culturelle et de la diversité africaine, la recherche de solutions communes aux défis que la société africaine est appelée à relever et la consolidation de la stabilité démocratique en Afrique. 20 Résumés des contributions Les enjeux et les réponses correspondantes sont identifiés, ils doivent permettre aux acteurs gouvernementaux, non gouvernementaux et surtout à la jeunesse d’unir leurs forces pour faire de la gouvernance environnementale un espace ouvert et centré sur les citoyens. L’Internet permet à un nombre sans précédent de jeunes de s’exprimer, de partager des informations et des idées et de se réunir ; de se former afin de pouvoir faire une utilisation responsable des services qu’il propose pour le bien de notre environnement. La stratégie énonce une vision cohérente pour une approche durable et à long terme de l’espace de vie commun. Sa réussite dépendra dans une large mesure du dialogue entre les multiples parties prenantes et de leur soutien. La réflexion engagée conduit à revisiter les socles de la gouvernance mondiale de l’environnement par la participation de la jeunesse africaine afin d’accéder au progrès dans les processus internationaux du développement durable comme la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), le Protocole de Kyoto et Rio +20. En 1960, la jeunesse utilisa sa force pour les luttes d’indépendance. Aujourd’hui, leur utilisation des TIC devra servir pour instaurer une gouvernance environnementale durable. Mots clés : Gouvernance mondiale, développement durable, citoyenneté, Internet, TIC Le développement durable face à la diversité culturelle Habmo Birwe L’article analyse les incidences de la diversité culturelle sur la mise en œuvre des actions de développement durable dans les milieux pluriculturels. À partir des exemples concrets répertoriés dans les localités façonnées par la diversité culturelle au Nord-Cameroun, cette réflexion montre en premier lieu que la pluralité sociolinguistique d’une région peut sérieusement y compromettre la réussite des projets de développement durable. Elle présente également des méthodes et des stratégies capables 21 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale de faire de la diversité culturelle un atout pouvant aider à relever les défis économiques et environnementaux dans les zones multiculturelles. Mots clés : développement durable, pluriculturalisme, défis économiques et environnementaux, traditions, NordCameroun Énergies renouvelables, source sûre du développement durable ! Diane Tatyana Nininahazwe Les changements climatiques constituent un handicap majeur au développement durable par leurs effets néfastes qui affectent tous les aspects de la vie humaine. Causés par l’augmentation grandissante des émissions de gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère, les changements climatiques représentent l’un des plus grands défis que le monde n’ait jamais connu. Et l’une des solutions à la crise planétaire serait l’exploitation et l’utilisation à grande échelle des énergies nouvelles et renouvelables, dites vertes. Fournies par le soleil, le vent, la chaleur de la terre, les chutes d’eau, les marées ou encore la croissance des végétaux, les énergies renouvelables n’engendrent pas ou peu de déchets ou d’émissions polluantes. Le photovoltaïque, solaire thermique), l’hydroélectricité, l’éolien, la biomasse, la géothermie sont des énergies flux inépuisables par rapport aux énergies stock tirées des gisements de combustibles fossiles en voie de raréfaction. En développement dans le monde entier, les énergies renouvelables permettent de gérer de façon intelligente les ressources naturelles locales et de créer des emplois. Alors que le recours aux énergies fossiles et au nucléaire devient de plus en plus coûteux, dangereux et presque sans avenir, le développement des énergies renouvelables assure à l’homme un futur meilleur et respectueux de l’environnement. Ce sont les énergies de l’avenir. Mots clés : changement climatique, développement durable, énergies renouvelables, gaz à effet de serre, économie 22 Résumés des contributions La vulnérabilité des villes côtières des pays du Golfe de Guinée : le cas de l’Île Mandji Ferdinand Ditengou Mboumi Les conséquences attendues du changement climatique global pourraient être particulièrement dévastatrices pour certains pays côtiers de notre planète, y compris le Gabon. Cet article pose donc la problématique des villes côtières en Afrique, principalement dans la sous-région du Golfe de Guinée. Le présent article, fait l’état des lieux du littoral gabonais et expose les facteurs de la vulnérabilité de la zone côtière de l’Île Mandji (Port-Gentil). L’auteur jette un regard sur les efforts du gouvernement pour une meilleure adaptation de son espace côtier face aux changements climatiques. L’article analyse également les impacts potentiels dans tous les domaines d’une hausse prévisible du niveau de la mer pour cet écosystème. Afin d’éviter un scénario plus pessimiste notamment pour l’Île de Mandji, située dans une zone extrêmement marécageuse, il convient de prendre des mesures efficaces et rapides. Mots clés : Gabon, changement climatique, gestion de l’environnement, vulnérabilité, érosion côtière La protection de l’environnement : opportunité pour le développement de l’Afrique Brigis-Gérald Gozegba-Ya-Bouma Le présent article donne quelques réflexions sur la protection de l’environnement en vue du développement de l’Afrique. Il démontre également que la dégradation de l’environnement a eu un effet dévastateur sur le développement socio-économique suite à la non-prise en considération de la gestion équitable des ressources environnementales. Ainsi, il propose des solutions appropriées, et offre les orientations nécessaires, non seulement pour sortir du problème, mais aussi pour garantir le développement durable du continent africain. L’objectif est donc d’identifier les différents moyens à mettre en œuvre pour la 23 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale protection environnementale afin de favoriser le développement de l’Afrique et son entrée effective dans le xxie siècle. Mots-clefs : Protection de l’environnement, garantie, développement de l’Afrique, enjeux, perspective anthropologique, Centrafrique. Perspectives pour une climatopolitique anthropocentrée Chrislain Eric Kenfack La crise climatique reste l’un des plus grands défis de notre temps, et c’est pour cela que la communauté internationale ne lésine sur aucun moyen pour lutter contre ce nouveau diable planétaire et mettre l’univers à l’abri d’une catastrophe générale. Seulement, dans les efforts de lutte l’on insiste davantage sur les questions environnementales et économiques tout en laissant une place secondaire à l’homme ; ce qui conduit davantage aux querelles de positionnement stratégique et d’affirmation de la suprématie des acteurs en fonction de leur maîtrise de l’enjeu climatique. C’est cette approche que l’héritage de Jean-Michel Valentin nomme climatopolitique. Cet article, pour apporter une bouffée d’oxygène aux débats et postuler des mécanismes de lutte plus efficaces et effectifs, opte pour une approche qui met l’homme au centre de toutes les préoccupations climatiques tant globales, nationales que subnationales ; ce qui est ici nommé climatopolitique anthropocentrée. Il s’agit là d’une approche qui accorde une place centrale aux droits de l’homme, valorise les acteurs non étatiques et insiste sur la formation et le transfert des technologies, sans oublier la mise sur pied d’un meilleur système de gouvernance environnementale et le respect du principe de responsabilité commune mais différenciée. Grâce à cette place de premier choix accordée à l’homme et à sa dignité, la communauté internationale pourra lutter contre le changement climatique de façon plus efficace et plus effective. Mots-clés : changement climatique, climatopolique, climatopolitique anthropocentrée, gouvernance environnementale, régime climatique 24 Résumés des contributions Les effets dévastateurs du changement climatique en Afrique et les solutions en présence Jean Jacques Ntyam Ela Le continent africain est celui qui contribue le moins à la production du CO2. Malgré ce constat il figure cependant au premier rang des zones qui subissent fortement les effets du réchauffement climatique, en raison notamment de la faiblesse de ses institutions, de la nature des structures économiques peu diversifiées, de sa forte dépendance au secteur rural et particulièrement l’agriculture. La thématique abordée permet de réaliser une typologie des changements climatiques afin d’envisager des nouvelles perspectives sur la biodiversité et l’écologie . Mots clés : changement climatique, écologie, biodiversité, gouvernance internationale, gaz à effet de serre Exploitation minière et gestion responsable de l’environnement Georges Nshagali Biringanine L’existence de sites d’exploitation minière abandonnés en orphelin et qui se trouvent éparpillés dans le monde est une réalité connue de tous : Canada, Europe, Afrique, etc. L’impact environnemental de l’activité minière dans les pays en voie de développement est important sur les sites d’exploitation et dans leur périphérie. Pour limiter ces impacts et atteindre un développement durable, des efforts doivent être conjugués pour la prise en compte de l’environnement biophysique et humain (social). Ces efforts devraient se traduire entre autres par l’adoption d’une politique et d’une stratégie de gestion, notamment la mise en place de textes réglementaires, le suivi et le contrôle pour la considération de l’environnement et des besoins des communautés riveraines. La meilleure gestion serait de chercher à tout prix à laisser les sites d’exploitation en bon état et une organisation sociale des communautés plus ou moins stable après la fermeture de la mine. Mots clés : développement durable, pays miniers, exploitation minière, exportation, érosion 25 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale Déchets ménagers : vers une gestion responsable ? Cédric Isaac Mbavu L’article porte sur la gestion des déchets ménagers au Gabon et en particulier à Libreville. Il dresse un bilan de la situation et propose quelques éléments de réponse pour améliorer ladite gestion. Tout d’abord, il s’agit de déterminer les principaux responsables de la situation actuelle, avant d’envisager des solutions potentielles. Mots clés : mondialisation, environnement, gestion des déchets ménagers, pollution, ressources naturelles. Développement humain et politiques macroéconomiques dans les pays en développement: quelle dialectique Eugène Calliope Shema Le Rapport mondial sur le développement humain en 2011 publié par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) sous le titre Durabilité et équité : un meilleur avenir pour tous vient renforcer le thème du tout premier rapport de ce type publié en 1990 : La Vraie Richesse des nations : le développement humain. À l’heure où les enjeux environnementaux s’imposent dans les programmes de développement, l’article présente les obstacles que les pays en développement doivent éviter dans leur désir de rattraper les économies émergentes. À la lumière de l’actualité et de la crise en Europe, il propose également des mesures structurelles capables de favoriser de meilleurs investissements et des politiques axées sur les besoins réels des populations sans se laisser entraîner dans le cercle vicieux de la mondialisation qui amène à une surconsommation, au moment où les ressources de la planète s’épuisent. Mots clés : pays en développement, développement humain durable, dé-mondialisation, institutions, Afrique subsaharienne, marchés financiers 26 Résumés des contributions Interactions croissance-commerce : cas de l’Afrique subsaharienne Oscar Valery kuikeu Le modèle néoclassique de croissance stipule que « les écarts de richesse ou de niveau de vie se réduiront entre économies et que, par conséquent, les économies pauvres rattraperont le niveau de richesse des plus riches, si seulement les économies, pauvres et riches, ont accès à la même technologie, c’est-à-dire, la même technique de production » (Barro, 1991, p. 407). Cette idée, dite de « convergence absolue des niveaux de vie » (Barro, 1991, p. 407) a reçu une attention considérable. À l’heure où l’Afrique subsaharienne (ASS) est le plus souvent victime de conflits armés alors que l’Investissement direct étranger (IDE), principal vecteur de transfert de savoir-faire (c’est-à-dire, de technologie) ne s’implante que dans les pays où il existe un minimum de stabilité politique, n’est-il pas raisonnable de se demander quelles sont les voies les meilleures afin que les économies pauvres d’ASS réussissent à rattraper leur retard de croissance pour devenir riches comme les économies industrialisées ? Mots clés : franc CFA, économie, croissance, commerce, Afrique subsaharienne La production des richesses et de l’emploi au cœur des enjeux du développement durable en Afrique Alain Yindjou Tchouappi Vingt ans après le Sommet de la Terre de Rio en 1992 qui l’avait consacré, le développement durable demeure un défi collectif, en dépit des efforts entrepris. Le développement durable peut s’interpréter comme une tentative de gérer la complexité croissante du monde. Gérer la complexité est synonyme de négociations et d’arbitrages permanents entre intérêt local et global et entre court, moyen et long terme. Mais depuis deux ans, la notion « d’économie verte » vient rompre ses amarres avec l’univers des spécialistes en économie de l’environnement et rejoint le flux général du discours politique. Les déclarations des chefs d’État et des ministres des Finances, les communiqués du 27 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale G20 et les acteurs du développement durable et de l’éradication de la pauvreté y font de plus en plus allusion. L’intérêt récent pour ce concept a sans nul doute été encouragé par les multiples crises simultanées qui ont surgi ou se sont accélérées au cours de la décennie écoulée : climat, biodiversité, énergie, denrées alimentaires, eau et tout récemment la crise du système financier et l’économie mondiale tout entière. L’augmentation galopante des émissions polluantes donne lieu à des craintes croissantes d’emballement du changement climatique avec des conséquences potentiellement désastreuses pour l’humanité. Le choc des prix des combustibles de 2008 et la flambée des prix des denrées alimentaires et des matières premières qui en a découlé constituent des signes manifestes de faiblesses structurelles et de risques toujours présents. La hausse de la demande prévue par l’Agence internationale de l’énergie (AIE) et d’autres observateurs pour remettre l’économie mondiale sur la voie de la reprise et de la croissance augure une persistance de la dépendance au pétrole et à d’autres combustibles fossiles ainsi qu’une forte hausse des prix de l’énergie. Mots clés : développement durable, énergie, économie verte, emploi, pauvreté Intelligence économique et développement durable Cédric Noumbissie Nguenang Dans un contexte de mondialisation caractérisé par l’accroissement des échanges entre différents acteurs de la scène internationale, de nouvelles contraintes environnementales font leur apparition. L’environnement et sa gouvernance mondiale, devient un domaine privilégié pour analyser l’interaction de ces différents acteurs. Ainsi, les entreprises ont vu leur rôle dans la protection de l’environnement s’accroître, tout en restant dans la course à la compétitivité. Ceci se manifeste par le respect des normes environnementales, qui doivent au préalable être établies de manière conventionnelle par tous les acteurs internationaux, pour pouvoir s’exporter et se vendre au plan international. La course vers les énergies propres notamment dans le domaine 28 Résumés des contributions de l’automobile hybride, est également apparue comme l’une des manifestations de cette prise de conscience de la part des entreprises. Mots clés : environnement, politique de développement durable, mondialisation, économie, technologies propres Repenser le territoire et agir pour une éducation globale de ses concepts Voahariniaina Linjo Ramamonjy Le territoire est un des principaux objectifs de l’Agenda 21 pour le développement durable. Cet article montre que la non-appropriation de ces concepts par les acteurs dans le contexte actuel de globalisation constitue un des obstacles majeurs au progrès des projets de développement durable des territoires et à l’accomplissement des consensus pour des défis globaux. Différentes approches du territoire en relation avec le développement durable et le concept de la territorialité de MartinBrelot sont passées en revue. À l’aide d’exemples concrets, les interprétations de l’interdépendance des territoires et de l’équité intergénérationnelle et l’impact des TICs seront analysés. Enfin, un réseau pour penser et agir pour l’appropriation par tous les acteurs et citoyens du concept de territoire sera alors proposé. Mots clés : Développement durable, territoire, territorialité, éducation globale, réseau Économie verte : principe de base pour une croissance saine Taira Sebega L’urgence des défis auxquels font face toutes les économies, qui vont du changement climatique aux pertes écologiques, devient chaque année plus évidente, tout comme la nécessité de relancer la croissance, vaincre la pauvreté et créer des emplois décents. Pour faire évoluer les choses, il faut des connaissances. Par conséquent, toute discussion concernant le changement climatique ne devrait pas aborder le problème de la réduction 29 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale des émissions de gaz à effet de serre uniquement sous l’angle du « combien » mais également sous celui du « comment ». Chaque sous-région doit établir sa propre stratégie pour parvenir à une croissance verte et comme il n’existe pas de voie tracée, il incombe à tous, en tant que citoyens du monde, de freiner et de réparer les dommages causés à l’environnement, tout en favorisant l’économie et les emplois verts. Des politiques environnementales qui intégreraient la dimension sous-régionale permettraient de résoudre les problèmes globaux liés à la protection des espèces fauniques. Les chasseurs venus du Tchad et du Soudan n’ont-ils pas franchi leurs frontières pour mener une action de braconnage dans les parcs nationaux du Cameroun en tuant les éléphants afin d’y prélever les trompes ? Des progrès importants peuvent être faits immédiatement, au moyen des connaissances et des technologies existantes, ce qui préserverait une croissance économique mondiale tout en gagnant du temps avant que les problèmes reposant sur les énergies renouvelables soient résolus de manière efficiente. Il semble dès lors nécessaire de développer une « économie verte » exploitant la productivité de la nature pour augmenter la biocapacité de la Terre et assurer ainsi à l’humanité un bien-être conséquent et mieux réparti. Il est donc indispensable d’ouvrir la voie à une nouvelle génération d’entrepreneurs qui utilisent ce qui est disponible de façon durable pour satisfaire aux besoins de la terre et de ses habitants. Mots clés : économie verte, changement climatique, développement durable, biocapacité, énergie renouvelable 30 Chapitre I GOUVERNANCE MONDIALE La gouvernance mondiale : une solution pour l’humanité ? Yafeti CHEKO Introduction « Au prochain siècle, les nations comme nous les connaissons seront désuètes. Tous les États reconnaîtront une seule autorité centrale : la souveraineté nationale n’était pas une si bonne idée après tout », Strobe Talbot. Au regard de la situation actuelle : sociale, économique, environnementale, culturelle, sécuritaire, politique et sanitaire ; y a-t-il des raisons d’espérer et d’aspirer à la naissance d’un gouvernement planétaire unique qui s’occuperait des problèmes actuels de l’humanité ? Dans quelles conditions une telle gouvernance – en l’occurrence, dans le cadre des Nations unies – pourrait-elle apporter des solutions aux multiples et complexes problèmes humains et planétaires ? La réflexion se propose d’examiner la situation écologique, économique, des droits humains, de la sécurité et de la santé dans le monde ; la gouvernance mondiale sera ensuite examinée, dans ses perspectives, parmi les pistes de solution envisageables face aux défis majeurs auxquels l’homme est confronté. 1. Vulnérabilité écologique, récessions économiques, droits humains menacés, insécurité, problèmes de santé… 1.1- Vulnérabilité écologique La planète est confrontée à des événements extrêmes de plus en plus dévastateurs. Selon le « Rapport de l’Académie des sciences de France sur la science et la technologie » no 29 de juin 2010, à l’échelle mondiale, les 25 catastrophes les plus coûteuses entre 1970 et 2009 sont toutes survenues après 1987, et plus de la moitié d’entre elles depuis 2001. Sur ces 25 catastrophes, 23 étaient liées aux conditions climatiques. « Dans le contexte actuel de changement 31 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale climatique, nous savons que nous devons nous préparer à des événements extrêmes plus dangereux, quelquefois inédits. Ces événements voient leurs effets amplifiés par le développement urbain, le surpeuplement des zones littorales et l’anthropisation des milieux naturels ». Les scientifiques de l’université Fairbanks ont la preuve que les fonds marins de l’Arctique commencent à libérer dans l’atmosphère des millions de tonnes de méthane, un gaz à effet de serre 20 fois plus puissant que le dioxyde de carbone : en cause, la fonte des glaces suite au réchauffement climatique. Les efforts nécessaires ne se font pas encore sentir pour faire évoluer positivement la situation notamment en ce qui concerne la pollution industrielle, responsable numéro un du réchauffement de la planète. « La libération dans l’atmosphère de seulement 1 % du méthane que l’on suppose stocké dans les dépôts d’hydrate de faible profondeur pourrait multiplier l’effet actuel du méthane atmosphérique par trois ou quatre ; les conséquences climatiques d’un tel événement sont difficiles à prévoir ». (Données disponibles sur le site : terre sacrée.org) La dévastation des faunes et flores par l’exploitation �������� à������� usage industriel (cas de la forêt tropicale de l’Indonésie qui rapidement cède la place aux plantations des palmiers à huile), perturbe profondément l’écosystème : l’économie devient de plus en plus polluante ! 1.2- La récession économique, la justice sociale et la famine Cité dans Réveillez-vous, juillet 2012, un rapport de l’Institut Worldwatch montre que le nombre de travailleurs susceptibles de soutenir la croissance économique augmente mais que les offres d’emplois risquent de ne pas suivre. L’Organisation internationale du travail (OIT) estime que du fait de la récession, en 2010, le monde comptait 205 millions de chômeurs. L’économie mondiale est au bord d’une crise de l’emploi extrêmement grave qui risque de déclencher des troubles sociaux particulièrement en Europe et dans les pays arabes. Aux États-Unis, la même revue citant le livre Épidémie de narcissisme publié en 2009, indique un triplement des dettes contractées par carte de crédit depuis 1990. 32 La gouvernance mondiale : une solution pour l’humanité ? En dépit de la croissance macroéconomique généralement observée dans les pays sous-développés, la production agricole et l’industrie de transformation qui constituent des éléments d’une économie durable sont généralement moins pratiquées au profit d’une économie ancrée dans l’extraction et l’exportation des minerais, des hydrocarbures et du bois. Par contre, l’importation des produits manufacturés occupe une grande partie de la population qui se transforme en vendeuse et distributrice et à cela s’ajoute le développement de l’économie informelle qui constitue une source importante de manque à gagner pour les États. La paupérisation de la population est surtout due à une grande propagande en faveur de la consommation au lieu d’encourager l’épargne qui constitue la source de construction des richesses par excellence. Des millions d’Africains vivent de l’aide alimentaire internationale et pourtant la revue The Witness rapporte que 47 % des terres arables d’Afrique ne sont pas cultivées. La constitution de l’OIT rappelle qu’« une paix universelle et durable ne peut être fondée que sur la base de la justice sociale » (titre 8 du traité de Versailles). 1.3- Droits humains menacés et insécurité Le non-respect des droits humains et des libertés fondamentales des citoyens est de plus en plus manifeste. Il est orchestré non seulement par des groupes d’individus hors la loi mais aussi par des gouvernements qui souvent se cachent derrière la sécurité intérieure au mépris des lois de leurs pays et des conventions et traités qu’ils ratifient pourtant et font promesse de respecter. La torture et d’autres traitements cruels inhumains et dégradants que des prisonniers ont subi dans les mains des services de renseignement amEricains à Guantánamo et cela sous le regard muet de la communauté internationale illustre cela. Même dans des États qui se disent démocratiques, les droits des minorités sont bafoués, tel est le cas des Arabes d’Israël, des Kurdes en Turquie, des Roms en Europe occidentale particulièrement en France où récemment le gouvernement a ordonné le déguerpissement de leurs bidonvilles. 33 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale La discrimination à l’égard des femmes et des handicapés dans les emplois publics, les lieux de culte et même dans la famille est toujours manifeste. Les crimes de guerre, les assassinats des journalistes dans des pays comme la Somalie où depuis le début de 2012 on a dénombré seize nouveaux cas, les violences faites aux femmes particulièrement dans des pays sous conflits comme en République démocratique du Congo (RDC) où on estime une moyenne de 42 femmes violées chaque heure ; des attaques terroristes, la prolifération signalée des armes de destruction massive et autres événements inquiétants font actuellement partie de l’actualité et témoignent du délabrement avancé de la situation sécuritaire dans le monde. La discrimination raciale et ethnique, le manque de tolérance et de respect envers les opinions d’autrui et leurs conséquences dévastatrices dont les génocides comme celui du Rwanda en 1994, des attaques sur des cibles civiles innocentes, des attentats contre des lieux de culte comme ceux qui ont récemment fait l’objet de l’actualité au nord du Nigeria, au Bangladesh, et au Pakistan : l’homme est pris dans une spirale de violence ! 1.4- Problème de santé À� la ��������������������������������������������������������������� fin du siècle dernier, les progrès de la médecine rendaient possible des résultats inimaginables quelques dizaines d’années plus tôt ; des maladies infectieuses telles la lèpre, la tuberculose, la syphilis… qui, par le passé ont fait des millions de victimes étaient presque neutralisées. Mais actuellement, la médecine connaît un revirement macabre ; certains médicaments pourraient avoir perdu leur pouvoir, l’apparition des maladies inguérissables telles que le SIDA, le cancer, les hépatites, des microbes et germes pathologiques résistant aux traitements, le vieillissement de la population dans des pays développés et la faible espérance de vie dans les pays pauvres sont une manifestation évidente des difficultés, parfois contradictoires auxquelles notre monde fait face. ������������������������������������������������������� « Chaque jour, 6 000 enfants meurent de maladies liées au manque d’hygiène, à une eau souillée et à des systèmes d’assainissement insuffisants. La diarrhée tue à elle seule un enfant toutes les 20 secondes ». Indique un rapport de la Banque mondiale en 2008. 34 La gouvernance mondiale : une solution pour l’humanité ? Ban Ki-moon, le Secrétaire général des Nations unies constate avec regret : « notre monde est parcouru de terribles contradictions. De la nourriture en abondance, mais un milliard de personnes ont faim, un train de vie luxueux pour un petit nombre, la pauvreté pour beaucoup d’autres. D’énormes progrès en médecine, mais des mères qui chaque jour meurent en couche… ». 1.4.1- Où va le monde ? « Notre monde est menacé par une crise dont l’ampleur semble échapper à ceux qui ont le pouvoir de prendre de grandes décisions pour le bien ou pour le mal », explique Albert Einstein. « La puissance déchaînée de l’homme a tout changé, sauf nos modes de pensées, et nous glissons vers une catastrophe sans précédent. Une nouvelle façon de penser est essentielle si l’humanité veut vivre. Détourner cette menace est le problème le plus urgent de notre temps ». En 2010, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a observé que les gouvernements du monde entier ont du mal à financer les systèmes de santé. Le même constat est fait aujourd’hui pour des questions de sécurité, d’économie particulièrement sur la situation sociale des peuples et même par rapport aux défis environnementaux. Interrogé sur les difficultés actuelles des nations, ���������������������������������������������� Ghulam Umar, politologue pakistanais répond : « L’interdépendance grandissante des nations du monde a suscité une série de difficultés mondiales qu’elles ne peuvent vaincre indépendamment des autres. L’humanité n’échappera aux périls toujours plus nombreux et aux situations épineuses qu’elle doit affronter que grâce à une coopération planétaire ». Jacques Chirac, l’ex-Président français insiste : « Si l’entente internationale fait défaut, si les égoïsmes et l’irresponsabilité prennent le dessus, le monde ne parviendra pas à enrayer la machine infernale du réchauffement climatique ». Le culte de la croissance économique est au cœur des débats électoraux sur toute la planète, condition, selon les responsables politiques et les économistes, de la création d’emplois et de la satisfaction Message lu à l’occasion du 3è Forum mondial du développement durable. 35 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale de besoins en expansion. À l’échelle mondiale, ils défendent, du moins en principe, les Objectifs du millénaire des Nations unies, visant à réduire fortement la pauvreté. Or ces objectifs ne seront pas atteints si les questions environnementales n’y sont pas intégrées en première ligne, et si la religion de la croissance n’est pas remise en cause. Albert Einstein est allé encore plus loin en réclamant un « gouvernement mondial ». Condition selon lui de satisfaire les aspirations à la paix et la sécurité des peuples. Chirac, Bush, Sarkozy, Kissinger, De Gaule, Hitler, Napoléon, Luther King, Kofi Annan, Nelson Mandela, François Hollande, Barack Obama, Victor Hugo, Einstein, Rockefeller, Gorbatchev, Churchill… pourquoi tant de personnalités éminentes plaident-elles en faveur d’une gouvernance mondiale ? 2. Controverses et réalités sur la gouvernance mondiale 2.1- La théorie du complot La théorie du complot est surtout défendue par des mouvements religieux et les altermondialistes, les premiers considérant que la présence ou même le plaidoyer en faveur d’un gouvernement mondial est une marque de la réalisation des prophéties bibliques sur la fin du monde. Ils mettent en garde les gens de la terre contre une grande conspiration à l’échelle planétaire. Elle trouverait une origine maléfique et serait fomentée par le Diable lui-même ou des extraterrestres qui se serviraient des quelques familles puissantes, des leaders politiques, des personnalités scientifiques, des organismes religieux, des services secrets des grandes puissances, des supers stars, des médias, des banques, etc. dans le but de détourner l’humanité de Dieu et de son droit de diriger le monde, de soustraire la liberté des hommes et de s’assurer indéfiniment le contrôle de la terre. Selon eux, des sociétés secrètes telles que la franc-maçonnerie, la rose-croix, le prieuré de Sion, les assassins, etc. constitueraient la manifestation de l’existence de ce complot car elles seraient dirigées par une grande société secrète appelée Illuminati, qui rassemblerait dans le plus grand secret, le conspirateur du gouvernement mondial 36 La gouvernance mondiale : une solution pour l’humanité ? qu’ils annoncent sous la forme du « nouvel ordre mondial » tel que prêché par le président Bush père, le 11 septembre 1990. Les altermondialistes dénoncent le complot qui se cacherait derrière la mondialisation comme le « néocolonialisme » des banquiers et des fortes institutions supranationales qui auraient pour visée une nouvelle colonisation, surtout économique, des nations et des peuples qui sont sous le poids des dettes contractées au fil des années pour des besoins en financement des pays. Ils relayent les réflexions comme celles de John Perkin sur les inégalités programmées dans son livre Confession d’un assassin financier s’exprimant sur les projets d’aide au développement dans des pays pauvres : « La croissance économique ne profite qu’à une petite partie de la population et a même pour résultat une aggravation de la situation de la majorité ». Il ajoute, « Je devrais produire des études établissant des projections de croissance économique pour les vingt ou vingt-cinq prochaines années et évaluant les conséquences de divers projets… L’aspect clandestin de chacun de ces projets, c’est qu’ils avaient pour but de générer d’énormes profits pour les entreprises et de rendre heureuses une poignée de familles riches et influentes du pays récipiendaire, tout en assurant la dépendance financière à long terme et donc la loyauté politique de plusieurs gouvernements du globe. Le montant du prêt devait être le plus gros possible. On ne tenait nul compte du fait que le fardeau de dettes du pays récipiendaire priverait ses plus pauvres citoyens de soins de santé, d’éducation et d’autres services sociaux pendant des décennies ». 2.2- La théorie de la nécessité Qui explique les besoins actuels de la planète et qui pose comme fondement les échecs des gouvernements nationaux face à l’ampleur des problèmes auxquels l’humanité doit s’attaquer ? Nombre d’experts en sont arrivés à la conclusion que la paix, la sécurité et le bien-être mondial ne deviendront réalité que si les nations se rangent toutes sous la bannière d’un gouvernement unique. 37 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale Ils mettent en avant les échecs de plusieurs initiatives comme : - dans le Protocole de Kyoto sur la réduction de la pollution suite au refus catégorique des grandes nations pollueuses de réduire considérablement leurs émissions des gaz à effet de serre ; - dans les tentatives de stabilisation du Moyen-Orient à cause de la divergence d’intérêts politiques et stratégiques des nations concernées ; - dans la lutte contre le narcotrafic notamment à cause de l’implication des hauts fonctionnaires dans les réseaux de trafic ; - dans l’éradication des conflits frontaliers suite au nationalisme grandissant qui caractérise citoyens et dirigeants des pays belligérants ; - dans l’élimination des conflits armés face à la prolifération des armes et à l’opposition de certaines puissances à la mise en place d’un traité international sur le contrôle de la circulation des armes ; - dans la lutte contre le terrorisme international à cause de l’implication de certains États dans le financement et l’organisation des groupes terroristes ; - dans la protection des droits fondamentaux de l’Homme suite au manque de volonté caractéristique des pays signataires des traités pour la protection des droits humains dans la mise en pratique de leurs engagements ; - dans la lutte pour l’éradication des maladies suite aux limites de la médecine et aux difficultés de financement par les États, des vastes programmes de santé ; - dans la lutte pour la croissance économique suite à une tendance générale à orienter l’économie dans la consommation sans relâche, pour ne citer que ces cas. Les experts soutiennent qu’en dehors des quelques avancées singulières, les communautés nationales se plantent complètement 38 La gouvernance mondiale : une solution pour l’humanité ? face aux grandes préoccupations des citoyens et cela depuis la naissance de l’État sous sa forme actuelle ; ils préconisent la naissance d’un État mondial supranational qui exercera sa domination sur toute la planète comme un premier pas dans la résolution de tous les problèmes humains. 2.3- Le nœud de la question Les organisations religieuses comme les témoins de Jéhovah soutiennent l’idée d’une gouvernance mondiale comme piste de solution aux multiples et innombrables périls qui guettent l’humanité. Ils rejettent cependant toute idée d’une telle gouvernance sous la domination humaine et avancent les multiples problèmes actuels de l’humanité comme preuve de l’échec des gouvernements humains en se fondant sur la Bible qui affirme que l’homme domine l’homme à son détriment. D’autre part, les altermondialistes présentent des conditions pour qu’un gouvernement mondial ne prenne les peuples en otage, ils affirment ne pas être opposés à l’idée d’une gouvernance mondiale car ils voient en celle-ci une solution inévitable aux maux de l’humanité. Les plus pragmatiques, entre autres les partisans de la nécessité, eux voient dans les Nations unies, ses organes et son fonctionnement, un bon début d’une gouvernance efficace à l’échelle planétaire car il suffit de corriger ses imperfections et d’orienter son action de telle manière qu’elle soit plus bénéfique à tous les peuples. 3. Ce qui est envisageable Il conviendra de noter qu’entre les courants de la controverse sur la gouvernance mondiale, aucun n’est opposé à l’émergence d’un gouvernement universel qui étendra son pouvoir sur toute la planète dans le but de résoudre les problèmes de l’humanité. Compte tenu de la situation actuelle de l’humanité, les Nations unies seraient le moyen le plus facile de parvenir à la réalisation d’une gouvernance mondiale afin de sortir l’humanité de la léthargie dans laquelle elle est plongée depuis bien longtemps 39 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale suite aux limites démontrées des gouvernements nationaux. Le Comité Nobel norvégien a affirmé que « la seule voie susceptible de conduire à la paix et à la coopération mondiales passe par les Nations unies ». Mais pour y parvenir, il faudra que ce moyen soit efficace et pour cela, une réforme profonde de sa structure est nécessaire, pour éliminer ses infirmités congénitales mais aussi pour améliorer le fonctionnement de ses organes. Concrètement, il va falloir : • la réforme des organes des Nations unies en accordant plus de pouvoir à l’Assemblée Générale notamment celui de prendre des résolutions contraignantes au détriment des pouvoirs exorbitants du Conseil de Sécurité ; • la réforme du Conseil de Sécurité en supprimant la règle de permanence ainsi que le « droit de veto » au profit de la participation tournante temporaire et égalitaire de tous les États ; • la suppression avec transfert immédiat aux Nations unies de la souveraineté nationale des États du monde entier, avec tout ce que cela implique, comme le prédisait Strobe Talbot en 1994 dans la citation de l’introduction de cette réflexion. Car le premier ennemi des Nations unies est le nationalisme des États membres qui entrave bon nombre de ses efforts ; • la suppression des armées nationales au profit d’une police unique de défense et de sécurité sur toute la planète pour permettre comme le disait Kofi Annan qu’un gouvernement mondial puisse intervenir militairement dans les affaires internes de toute nation lorsqu’il désapprouve ses activités ; • que les décisions des organes compétents des Nations unies soient exécutoires pour toutes les questions d’intérêt des peuples tels les droits humains, l’économie, l’environnement, la santé, le travail… • la suppression des douanes et la libre circulation des personnes et de leurs biens ; 40 La gouvernance mondiale : une solution pour l’humanité ? • la suppression de tous les obstacles à la paix, à l’unité et à la cohabitation des peuples entre autres les religions et les partis politiques ; • la création d’une monnaie unique pour l’humanité… • la fin de la course aux armements… Conclusion À la limite de l’imagination, au-delà des possibilités qui semblent illimitées, dans la recherche des solutions aux problèmes si nombreux dont les plus complexes touchent la vulnérabilité écologique de la terre, les crises sociales et économiques, l’insécurité grandissante, les droits humains bafoués, les difficultés de la médecine face à l’aggravation des problèmes de santé : la gouvernance mondiale, pourvu qu’elle se déroule dans les meilleures conditions possibles au sein des Nations unies, reste le dernier rempart humain. Références bibliographiques D ecamps H., « Événements climatiques extrêmes : réduire les vulnérabilités des systèmes écologiques et sociaux », Rapport de l’Académie des sciences sur la science et la technologie, juin 2010, no 29, Académie des sciences, France. Hutin S., 1972, Gouvernements invisibles et sociétés secrètes, France, L’Aventure mystérieuse. Les dernières nouvelles du réchauffement climatique, disponible en ligne sur : http://www.terresacrée.org/, watch tower bible and tract society, Réveillez-vous : le monde peut-il changer ? Juillet 2012, Kinshasa-RDC, 32 p. Perkin J., 2004, Confessions d’un assassin financier : révélations sur la manipulation des économies du monde par les États-Unis, Canada, IkrrettKoehler. 41 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale Service de liaison des Nations-Unies avec les Organisations non gouvernementales, août 2008, Droit de l’homme et système des Nations unies : des clés pour agir, CH-1211 Genève 10 Suisse, Palais des Nations, 37 p. 42 Dynamisation de l’agriculture urbaine : entre pollution et enjeu pour le développement Tahina Lalaina Randrianantoandro Introduction La dynamisation de l’agriculture urbaine et périurbaine (RaschidSally et al, 2005) constitue la première source d’approvisionnement de la capitale d’Antananarivo en matière de culture de petite taille. Selon l’Organisation mondiale pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’agriculture urbaine et périurbaine fournissait en 2005 de la nourriture à près de 700 millions de citadins, soit le quart de la population urbaine mondiale (Cirad, 2006). Les agriculteurs sont confrontés à l’évolution démographique et au développement industriel des entreprises textiles notamment qui déversent des effluents peu ou pas traités dans les canalisations publiques, à un risque pour leur activité, qui augmente le remblaiement de leurs terres ancestrales. Certains agriculteurs en tirent profit à cause de l’insuffisance de source d’eau d’irrigation, tandis que d’autres s’inquiètent des effets néfastes pour leur activité. Dans la ville d’Antananarivo, l’activité agricole est très diversifiée et sa durabilité dépend essentiellement de l’accès à l’eau, tant en quantité qu’en qualité. Ces menaces sont fortement complexes pour les riverains face aux impératifs de l’urbanisation et du développement. Pourtant, l’agriculture urbaine joue un rôle important comme un bassin tampon pendant la période de crue et une zone de lagunage des eaux usées urbaines car les rizières peuvent stocker une énorme quantité d’eau. Une vallée, par exemple, peut emmagasiner jusqu’à 850 000 m3 d’eau. La ville présente une pluriactivité agricole. Le type d’agriculture étudié dans cet article est la riziculture dans la vaste plaine de Laniera, située dans le nord de la ville. Ces activités occupent la plupart des populations en tant qu’activités héritées de leurs parents ou en tant que para-activités. Dans la plaine de Laniera, la riziculture se heurte à des problèmes de maîtrise d’eau liés au dysfonctionnement de systèmes hydro-agricoles, d’où un manque d’eau d’irrigation. Ceci conduit à l’intention des agriculteurs de se servir des eaux usées industrielles à proximité de leur champ, pour irriguer leurs plantations. Pour cela, les répercussions des pollutions 43 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale industrielles sur la riziculture ainsi que l’enjeu de ce type d’activité sur l’environnement socio-économique des riverains seront analysés. Des rizières différentes ont été choisies (RI, RII, RIII) qui se trouvent à la graduation des sources des pollutions pour l’évaluation de la qualité des eaux d’irrigation (Ayers et al., 1994), les suivis du développement du plant de riz ainsi que des analyses physico-chimiques des biomasses aériennes des plantes. Des enquêtes ont été menées auprès des riverains. 1. Présentation de la zone d’étude La zone d’intervention s’étend jusqu’à 300 ha de surface cultivable qui se divisent en plusieurs secteurs de localisation dont la plaine de Betsimitatatra, pour les rizières dans la zone urbaine, la plaine de Laniera dans le Nord, en zone périurbaine. Ces zones sont appelées communément Périmètres irrigués en rive droite (PIRD) de l’Ikopa. Les activités rizicoles sont limitées par l’accès à l’eau dont l’insuffisance de la gestion ou l’endommagement des réseaux hydrologiques entraîne une mutation des pratiques agricoles. L’accès à l’eau dans la plaine rizicole d’Antananarivo est réglementé par l’Autorité pour la protection contre les inondations de la plaine d’Antananarivo (APIPA) depuis 1997. Les eaux d’irrigation sont captées de la rivière Ikopa et de Mamba. Le rendement en riz se situe entre 1 et 4 t à l’hectare avec un rendement moyen de 2,5 t/ha (Aubri et al., 2005), dans la totalité de la plaine. Ces rizicultures sont en général influencées par les pollutions urbaines dont les effluents sont acheminés vers les canaux d’irrigation. À Laniera, la plaine rizicole est dominée par l’agglomération des entreprises textiles franches, spécialisées dans la confection, le lavage de pull-overs et d’habillements, qui déversent leurs effluents dans les réseaux hydro-agricoles ou directement dans les rizières avoisinantes. . 44 Ikopa est la rivière traversant la ville d’Antananarivo qui sert de point de captage d’eau d’irrigation. Dynamisation de l’agriculture urbaine :... La plaine est localisée entre la latitude 18°48’40.23’’S et la longitude 47°29’16.97’’E. Elle est caractérisée par une structure géologique typique des hautes terres centrales de Madagascar et se trouve à une altitude de 1 250 m. Le climat est de type tropical d’altitude : la pluviométrie moyenne est de 1 350 mm sur environ 126 jours de pluie. 90 % des précipitations annuelles se concentrent durant la saison chaude (octobre à avril). 2. Typologie du système de production La riziculture dans la plaine d’Antananarivo est dominée par la pratique du Vary Aloha « ou riz précoce » (Dabat et al., 2004). Elle est pratiquée sur des petites surfaces variant de 2,5 à 6 ares, qui sont cultivées pour la plupart par des propriétaires ; d’autres sont concernées par le métayage. Certains agriculteurs utilisent encore un mode de production traditionnelle (le repiquage en foule), tandis que les autres utilisent un système de production amélioré. En général, ils n’utilisent pas d’engrais chimiques mais se servent de pailles enfouillées dans les rizières ou de pailles compostées ainsi que des fumiers de ferme. Il n’y a pratiquement pas de mécanisation intensive, mais les travaux s’effectuent généralement à la main, du labour jusqu’au repiquage. La variété cultivée est très diversifiée : des riz d’origine malgache appelés Vary Gasy ou riz Malgache avec des grains rouges, des semences améliorées ou des semences importées. Dans notre zone d’intervention, la variété cultivée par la majorité des agriculteurs est le Vary Chine ou riz importé de chine, reconnue à cycle court. La méthode utilisée par les agriculteurs est généralement le repiquage de plants âgés de plus d’un mois, avec une densité à l’hectare assez élevée. Le riz pousse sous une lame d’eau, de plus d’une dizaine de centimètres de hauteur, pendant tout son cycle de développement. Le cycle moyen de riz dans la plaine varie de 120 à 145 jours, selon les conditions pendant les phases productives des plants : la maîtrise d’eau, la pollution urbaine ainsi que les variétés cultivées. La récolte s’effectue en pleine période de crue (tableau 1). 45 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale Tableau 1 : Calendrier cultural dans la plaine d’Antananarivo J J A S O N D J F M A M Saison de pluie Semis Repiquage Récolte 3. Pédologie du secteur D’après la classification des sols de la Commission de pédologie et de la cartographie des sols de Madagascar (CPCS), les sols des rizières du secteur sont des sols hydromorphes moyennement organiques : - la teneur en matière organique varie entre 6 et 30 % ; - le rapport carbone/azote étant inférieur à 20, la matière organique est bien évoluée ; - les matières organiques évoluées sont de type anmoor ; - le pH du sol est acide. Les caractères hydromorphes sont dus à une évolution dominée par l’effet d’un excès d’eau en raison d’un engorgement permanent ou temporaire d’une partie ou de la totalité du profil. Cet excès d’eau peut être dû, soit à la présence ou à la remontée de la nappe phréatique, soit au manque d’infiltration des eaux pluviales provoquant une nappe perchée ou un engorgement de surface. L’hydromorphie se traduit en condition anaérobiose par une accumulation de matière organique de type tourbeux. 46 Dynamisation de l’agriculture urbaine :... Le déversement des rejets chargés en matières en suspension et des matières organiques dans les sols de rizières influent peu sur la structure du sol. Les rizières plus polluées ont un caractère de sol de type hydromorphe organique tourbeux, saturées d’eau, rizières à tourbe profonde, constituées par des masses boueuses. Elles sont homogènes à la surface (entre 0 à 20 cm), mais très hétérogènes à partir de 20 cm de profondeur avec une alternance des horizons constitués par des tourbes semi-fibreuses et des tourbes évoluées. Le soubassement est une couche argileuse. Le taux de matières organiques dépasse 30 %. La granulométrie des minéraux est dominée par la présence de sable et de limon : c’est le type de sol des rizières rencontré sur les hautes terres de Madagascar (Hervieu, 1961). 4. Régime hydrique dans la plaine Une lame d’eau d’épaisseur de 5 à 15 cm est permanente dans les rizières pendant la saison culturale car le canal de drainage ne fonctionne pas correctement tandis que les rejets se déversent d’une façon continue dans les zones agricoles. Les rizières deviennent une zone d’accumulation des eaux usées domestiques et industrielles et sont engorgées d’eau. Les effluents industriels déversés dans les rizières ont des caractères troubles et riches en matières en suspension qui risquent de causer des dépôts de boue à la surface des rizières. Pour le riz de première saison, l’irrigation se fait entre les mois d’août et septembre. La récolte s’effectue pendant la période de crue. Un mauvais régime hydrique des rizières peut entraîner une diminution des rendements qui est un point vital de la riziculture aquatique. L’excès d’eau dans les rizières modifie l’aptitude des sols à l’agriculture. Par contre, la mise en jachère du sol de rizière peut améliorer les rendements agricoles. L’état défaillant des réseaux d’irrigation, une mauvaise maîtrise d’eau et l’insuffisance de fertilisation peuvent être des facteurs qui réduisent la production en riz dans la plaine d’Antananarivo. . La jachère est une pratique courante pour restaurer la fertilité du sol en zone tropicale grâce à l’amélioration des propriétés physico-chimiques du sol et à l’accroissement des stocks de matière organique, indispensables au développement de la microfaune et de la microflore tellurique. 47 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale 5. Répercussion de la pollution industrielle sur la riziculture La réutilisation de ces eaux très salines en irrigation peut avoir des effets néfastes pour l’agriculture (Rodier, 1984 ; Ayers et al., 1994). Pourtant le niveau de salinité de l’eau d’irrigation polluée (CE = 513 µs/cm en moyenne) n’affecte pas directement la riziculture dans la zone étudiée. Le seuil de tolérance moyen pour le riz est de 3 000 µs/cm. L’effet de la salinité de l’eau d’irrigation ne dépend pas uniquement de la teneur en sels totaux dissous, il dépend aussi de la nature du sel (Ayers et al., 1994). Dans les rejets et l’eau d’irrigation, une quantité notable d’ions sodium et chlorure peuvent causer des risques importants pour les plantes. Un taux excessif en éléments minéraux peut entraîner un déséquilibre nutritionnel dans les plantes (figure 1). Les sels minéraux de sodium (comme le chlorure) sont moins toxiques qu’un sel organique (salicylate) pour la germination de la plante (Guerrier, 1981). L’ion sodium n’est pas mobile dans sa forme solide. Sous forme liquide, l’hydroxyde de sodium pénètre rapidement dans le sol. Par comparaison, un milieu contenant NaCl est plus sélectif à la germination qu’un milieu contenant CaCl2 ou KCl (ce dernier étant le moins nocif). Dans tous les cas, les sels agissent plus du point de vue toxicité que du point de vue stimulation de croissance : l’action toxique de l’anion d’accompagnement (pour les sels organiques ou minéraux de sodium) ou des cations (pour les sels de chlorure) est due à l’effet de la pression osmotique (Guerrier, 1981). Les Rapports d’adsorption du sodium (SAR) mesurés dans l’eau polluée sont faibles ; les seuils de tolérances en SAR pour le riz se trouvent entre 18 à 46 (Anzecc, 2000). Par contre, la salinité croissante des eaux de rizières et celle des sols de rizières peuvent causer des déséquilibres nutritifs (Bohra et al., 1995). Les propriétés physico-chimiques et biologiques des sols varient en fonction des variations d’humidité, de température, d’activités biologiques, variations qui influencent fortement la fertilité physique et chimique des sols. Pendant l’écoulement 48 Dynamisation de l’agriculture urbaine :... des eaux polluées dans les canaux et dans les rizières, il y a transfert de polluants dans les sols. Lorsque les rejets arrivent dans les rizières, les matières en suspension sont retenues à la surface des sols. La capacité de filtration à la surface peut poser des problèmes de colmatage du sol lorsque la teneur en matières en suspension est élevée. La forte concentration en matière organique entraîne une prolifération microbienne importante. Dans ces deux cas, la capacité de filtration du sol diminue par bouchage des pores (Moletta, 2002). Les sols sont appauvris en oxygène. Le taux excessif de polluants organiques dans les rejets a des effets sur les processus naturels du milieu. Les décantables se déposent finalement sur les sols et réduisent l’échange air-sol. Une quantité élevée en sodium dans l’eau d’irrigation affecte la perméabilité des sols et pose des problèmes d’infiltration. L’augmentation de sodium échangeable dans les sols bloque la pénétration des racines en profondeur et détériore les propriétés mécaniques et physiques des sols (Sigala et al., 1989). On peut voir un déséquilibre cationique en remplaçant les ions calcium et magnésium sur le complexe absorbant du sol par l’ion sodium. Un mauvais drainage entraîne la stagnation des eaux polluées dans les rizières et la transformation en marais. On observe une prolifération importante des végétaux aquatiques indésirables telle que l’Eichhorniacrassipes (jacinthe d’eau) et des mauvaises herbes. Ces plantes envahissantes entrent en concurrence avec le plant de riz pendant le cycle. Ces végétaux aquatiques sont de gros consommateurs d’oxygène. Ils asphyxient les milieux et ralentissent les activités biologiques. Le manque d’oxygène dans le sol peut entraîner la formation d’une tourbe. Les sols de rizière autour des usines deviennent une tourbe fibreuse avec présence de matières organiques en voie de développement. D’après Dommergues (1970), la submersion prolongée ainsi que l’acidité du sol (pH = 4,5 à 5) ralentissent les activités biologiques et favorisent la formation d’une tourbe. Les suivis des différentes phases productives des plants de riz (tableau 3) montrent un allongement du cycle repiquage-tallage et floraison-maturation pour le riz dans les zones plus proches de la source de pollution. Le nombre de touffes au mètre carré est 49 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale moins élevé alors que le nombre de panicules est plus élevé par rapport aux autres rizières. On observe une favorable formation de panicules, mais le taux de remplissage de grains est faible (62,4 %). On a beaucoup d’épis vides. La production de grains est insuffisante d’où un rendement moins élevé (tableau 4). Les analyses des mobilisations des éléments minéraux dans les parties aériennes du riz montrent qu’on a des accumulations différentes des éléments au niveau des plantes (Abbas et al., 2007). Les résultats (figure 1) révèlent que la majeure partie du phosphore et de l’azote absorbée par le riz se trouve au niveau du grain. Plus de 50 % s’y accumulent et le reste se trouve dans les pailles. Par contre, la majeure partie de potassium et de calcium absorbée se trouve dans la paille (plus de 90 % de potassium absorbé et plus de 95 % de calcium absorbé). Une quantité importante de magnésium et de sodium participe à la formation des grains. Tableau 2 : Flux des minéraux générés par les effluents industriels Paramètre 50 Flux Potassium 6,4 kg/jour Sodium 2,1 kg/jour calcium 1,2 kg/jour Sulfates 560 g/jour Nitrates 102 g/jour Chlorures 340 g/jour Magnésium 136 g/jour Phosphore total 92 g/jour Fer total 48 g/jour Dynamisation de l’agriculture urbaine :... Tableau 3 : Durée des différents stades végétatifs des plants de riz Tableau 4 : Production en riz dans la zone d’étude RI RII Localisation Rendement3 en paddy (t/ha) RIII Repiquage-tallage 86 81 80 Tallage-floraison 25 28 Zone plus proche (RI) 1,1 28 Floraison-maturation 29 25 25 Zone inter-médiaire (RII) 1,9 Total 147 134 133 Zone éloignée (RIII) 2,58 Rizière I Rizière III 100 100 80 80 60 % n e 40 20 60 40 20 0 0 N P K Grain de riz Ca Mg Na N Paille de riz P K Grain de riz Ca Mg Na Paille de riz Rizière II 100 80 % 60 n e 40 20 0 N P K Grain de riz Ca Mg Na Paille de riz Figure 1 : Mobilisation des éléments minéraux dans les plantes de riz . Méthode de Moreau (1987). 51 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale 6. L’industrie : une source de développement de la population locale Malgré les impacts négatifs des industries, de nombreuses personnes tirent profit de l’implantation des entreprises franches au sein de la zone industrielle. D’après les enquêtes menées auprès d’un échantillon d’habitants de la commune, 35 % déclarent obtenir des avantages, de façon directe ou indirecte, de par les emplois dispensés dans lesdites entreprises. En effet, au moins une personne par ménage travaille dans les zones franches. Avec une rémunération mensuelle variant de 65 000 à 118 500 Ar (soit de 23,21 à 42,32 euros), les salariés pourront désormais contribuer aux dépenses financières de leurs familles respectives. Ainsi, le revenu des employés permet d’alléger, en partie, les soucis financiers, souvent redoutés par la plupart de la population. En outre, une réduction significative du taux de chômage est remarquable, notamment auprès des jeunes dont l’âge moyen est de 22 ans. Quant à la commune, elle peut collecter des fonds grâce au paiement de taxe annuelle sur l’environnement par chaque entreprise. L’argent recueilli servira à améliorer les infrastructures communales : bitumage des rues, entretien des centres de santé de base. La présence de la zone industrielle permet à la population riveraine l’accès à l’énergie électrique et à l’eau potable. 7. La riziculture en situation de subsistance La réglementation de la commune prévoit les risques causés par l’implantation de la zone industrielle à proximité d’une zone agricole. Elle impose une taxe environnementale de 35 euros par an par usine. Cette taxe permet à la commune d’entretenir des infrastructures publiques. L’autorité locale exige la construction d’un bassin de traitement pour chacune des usines. Pourtant, les populations riveraines redoutent les nuisances causées par celles-ci. Les rejets sortant de l’égout commun sont encore pollués. Les effluents sont colorés et ont une forte odeur. Le manque d’entretien des canaux entraîne un déversement des eaux polluées dans les rizières. Par ailleurs, il arrive parfois que 52 Dynamisation de l’agriculture urbaine :... même si les industriels disposent d’un bassin de décantation ou de dispositifs de traitement pour les rejets, par souci d’économie ou par recherche d’un profit maximum, ils se débarrassent des effluents dans les rizières la nuit et les jours fériés. Lorsque les rizières ne sont plus rentables pour les agriculteurs, ils s’adonnent à la briqueterie et lorsque les sols ne sont plus exploitables, les industriels achètent les terrains à bas prix, et procèdent à une extension de leurs entreprises. Le remblaiement de la plaine est autorisé à un coût très bas à raison de 0,20 euro par mètre cube de terre. Depuis l’installation des usines, les surfaces agricoles dans la commune diminuent progressivement au profit d’une nouvelle exploitation industrielle. Depuis une dizaine d’années, 5,6 % des rizières ont disparu et se sont transformées en zone marécageuse ou en bâtiments. Conclusion Cet article propose une réflexion collective sur la durabilité des agricultures urbaines et périurbaines liée à la pollution des sols due à l’épandage des eaux usées industrielles. Les rizières autour des usines ont rencontré des problèmes de pollution. Depuis l’installation des usines, les agriculteurs abandonnent progressivement les rizières et s’orientent vers la briqueterie. Les terres agricoles ne sont pas propices à l’agriculture. Les surfaces agricoles diminuent et cèdent la place aux installations industrielles. Au vu de cette étude, nous alertons les autorités sur la sécurisation relative des espaces rendues vulnérables par la pollution industrielle : la protection des surfaces agricoles et l’usage de l’eau en irrigation. Ces types d’agriculture contribuent à l’autosuffisance alimentaire pour la population locale car ils représentent 12 à 18 % de la consommation dans l’agglomération d’Antananarivo. Il faut valoriser l’agriculture, face aux menaces de pollution et de croissance démographique, parce que la riziculture occupe près de 80 % des paysans malgaches et représente 40 % du PIB agricole. L’agriculture urbaine, une conjoncture généralisée dans les pays en développement, est un contexte sans beaucoup de visibilité sur le long terme. Elle est également soumise à deux situations contradictoires : la mauvaise gestion spatiale et l’objectif de développement, 53 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale notamment le développement industriel et l’urbanisation. Les observateurs locaux mettent en cause la question de la durabilité de cette agriculture. C’est pourquoi l’approche scientifique de l’étude des incidences du développement industriel sur la riziculture, une activité potentielle à Madagascar, est mise en valeur. Il s’agit d’une question préoccupante du gouvernement dont l’objectif est l’autosuffisance en riz dans le but de minimiser l’importation des pays de l’Est, Asie et Pakistan. Des regards mixtes et conjugués, organisationnels et scientifiques, sont posés sur la protection de ce type d’agriculture qui présente des atouts en matière d’alimentation et d’approvisionnement des milieux urbains. Cela nécessite une gouvernance globale car l’objectif n’est pas seulement de les protéger mais aussi de les maintenir de manière durable. En outre, pour assurer une meilleure production dans la plaine d’Antananarivo, la vulgarisation actuelle du Système de riziculture intensive (SRI), c’est-à-dire la pratique de repiquage de plants de 8 jours associé à une bonne maîtrise d’eau, pourrait améliorer le rendement en riz allant de 6 à 10 t/ha. Références bibliographiques Abbas S. T et al., « Trace elements accumulation in soil and rice plants irrigated with the contaminated water », Soil & tillage research, vol. 94, no 2, ����������������� 2007, ����������� p. 503-509. Anzecc, 2000, Guidelines for Fresh & Marine Water Quality, disponible en ligne sur : www.mfe.govt.nz/publications/water/anzecc-waterquality-guide-02/index.html Aubri C. et Ramamonjisoa J., « Multifonctionnalités de l’agriculture dans les territoires périurbains : émergence et reconnaissance de fonctions à Antananarivo », Les cahiers de la multifonctionnalité, no 8, 2005, 17 p. Ayers R. S. et Westcot D. 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Partout où on a vu la naissance de nouvelles infrastructures, la montée des usines, l’apparition de nouveaux moyens technologiques avancés, l’introduction d’un nouveau produit sur le marché ou la création des plates-formes pour la protection et la sauvegarde de l’environnement, c’était toujours le résultat escompté de la longue réflexion d’une personne ou d’un groupe de personnes. L’échec économique, environnemental ou culturel est toujours lié à une carence des capacités intellectuelles ou tout simplement à l’absence d’hommes éveillés. Une société sans philosophes éclairés ne peut connaître son rayonnement. Il faut toujours l’intelligence de l’homme pour toute innovation. La vérité est que tous les hommes qui ont été à la base d’une création ou d’une invention avaient en commun un secret : le pouvoir de l’imagination. Ils rêvaient d’accomplir et faire avancer les choses, d’améliorer la condition de vie de leurs compatriotes, etc. Un rêve ou un ardent désir a toujours été à la base de tout. Nul n’ignore que tous ces rêveurs (inventeurs) détenaient des connaissances dans des domaines précis et bien ciblés. 1. Loi du ventre En Afrique, depuis que le principe de l’égocentrisme a conquis les esprits suite à un long processus d’endoctrinement, même les jeunes ne rêvent plus. Ils sont imbus de l’esprit de facilité et prennent l’Occident pour un Eldorado. Ils veulent quitter à tout prix le sol africain avec l’espoir de se réinventer dans un monde où la vie semble vivable. Ceux qui n’ont pas les moyens pour s’enfuir, courent toujours vers le marché pour s’approprier tout ce qui porte l’étiquette de nouveauté. Le pire est qu’ils n’arrivent pas à réaliser que les choses qu’ils recherchent ont été créées ou inventées par les hommes. Pourquoi donc ne pas rêver d’« inventer » ces choses sur le sol africain ou être initiateur 57 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale d’une vie heureuse et ensoleillée par de nouvelles inventions africaines ? Pourquoi une telle absence de sensibilité envers les questions en rapport avec la croissance économique et la sauvegarde de la biodiversité ? Pourquoi n’ont-ils pas en eux cette ardeur de concevoir des choses, cette noble fierté d’être auteur, inventeur ou pionnier, etc. ? Les raisons sont multiples : il y a la fuite incessante des cerveaux et une école qui n’est pas adaptée aux besoins urgents du continent noir. C’est ce qui entraîne l’absence de cadres compétents et permanents sur le sol africain. Les gens sont préparés à être des employés de bureaux et non des créateurs d’emplois. C’est ce que j’appelle le « génocide intellectuel ». Les initiatives dynamiques visant la relance économique, la protection de l’environnement sont rares sur le continent le plus riche du monde. Même ceux qui osent faire quelque chose sont toujours enclins à s’incliner devant l’influence occidentale. L’Afrique se réveillera-t-elle un jour ? Pour ce faire, révolutionner les systèmes éducatifs et développer la culture de l’excellence dans la mentalité des jeunes gens s’avère inévitable. L’Afrique pourrait évoluer sérieusement si les programmes scolaires étaient adaptés d’une part, à un environnement favorable à l’épanouissement intellectuel et culturel de l’enfant et d’autre part, à un esprit critique qui lui permettrait de s’ouvrir rationnellement aux autres espaces culturels. Dans le but d’assurer une meilleure sensibilisation, une génération d’artistes doit se lever bénévolement pour éclairer à travers leurs œuvres ceux qui pensent que l’Afrique est pauvre. La vérité est que l’Afrique n’a jamais été pauvre. Le fait que les Occidentaux et les Asiatiques viennent se ressourcer en Afrique, et non l’inverse, pour faire fonctionner leurs usines constitue une preuve incontournable de sa richesse. Les difficultés majeures auxquelles se heurte actuellement le continent africain sont indéniablement liées à une question d’endoctrinement car le vrai génocide consiste à étouffer l’imagination d’un être humain. 58 Défis pour un réel développement : cas de l’Afrique 2. Endoctrinement C’est une question d’endoctrinement dans le sens où beaucoup d’Africains sont amenés inconsciemment à nier que les sables mouvants de l’incapacité dans lesquels pataugent actuellement certains pays africains ne soient pas le résultat escompté d’un plan des colonisateurs : un système colonial intelligemment conçu pour assujettir le peuple dit « non civilisé ». Pourtant, personne n’ignore qu’en 1884 à Berlin, une cohorte de pays ambitieux s’est permise de prendre en main le destin de tout un continent. Le fameux « Partage de l’Afrique » que l’histoire africaine révèle devrait amener tout individu intéressé par le rayonnement de l’Afrique à réfléchir. Celui qui n’a pas encore eu l’occasion d’analyser l’un des discours que le roi belge Léopold II a prononcé en s’adressant aux missionnaires qui allaient envahir l’Afrique spécialement le Congo, ne pourra jamais comprendre ce qui est à la cause de l’instabilité incessante en Afrique. En réalité, il faut être ignorant pour continuer à croire que la colonisation avait une mission civilisatrice en Afrique. Le but de la colonisation n’a jamais été celui de « civiliser » mais de maintenir « en captivité » l’identité du colonisé, de lui confisquer sa personnalité pour l’exploiter. « Civiliser » et « coloniser » sont deux concepts antithétiques qui ne peuvent cohabiter ensemble. Le sens de l’un condamne celui de l’autre. Pire ! Cette colonisation porte déjà un nouveau costume. C’est vrai, les anciennes puissances coloniales ne parlent plus ouvertement de l’esclavage, elles parlent actuellement de « l’immigration choisie ». L’école coloniale avait pour ambition de réduire le savoir-faire africain à la simple tâche d’un suiveur. C’est le mythe du diplôme. On ne met plus l’accent sur les connaissances, mais sur le papier-diplôme. En Afrique, ce qui compte, c’est le diplôme, car un « diplôme » = « salaire » donc une vie sécurisée. Voici le secret le mieux gardé du néocolonialisme : former des demandeurs d’emplois ou des fonctionnaires. Autre réalité. La mort ou pour bien dire – l’élimination systématique – des pères des indépendances ou pionniers de l’unité africaine, reste une voix criarde et un incontestable signe 59 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale révélateur de l’intention du colonisateur. Jusqu’à aujourd’hui, tous ceux qui osent parler avec conviction de la liberté en Afrique (surtout politique et économique) sont combattus comme la peste. L’Afrique souveraine, libre et unie dérangerait certainement l’Occident. C’est normal car c’est elle « la vraie mère » qui donne toujours le lait de qualité. 3. Le Burundi, pays de l’Afrique de l’Est Un exemple typique est celui du Burundi. Le prince Louis Rwagasore, le héros national de l’indépendance, avait un programme riche en initiatives : création des coopératives pour initier le peuple « murundi » à l’épargne, favoriser la culture des plantes vivrières pour la lutte contre la faim à la place des plantes industrielles qui étaient destinées à l’exportation, construction des écoles pour la préparation de futurs cadres, susciter la fierté nationale en interpellant tous les « barundi » à s’unir et à enterrer le passé d’un peuple colonisé. Il était prêt à s’engager dans la coopération internationale. Son parti politique avait des conflits avec l’opposition qui était encouragée par les puissances coloniales. La Belgique ne voulait pas voir le Parti Uprona au pouvoir. Le Prince Louis Rwagasore prônait une indépendance immédiate. Malgré ses opposants farouches, il a fini par remporter les élections. Mais à une année de la proclamation de l’indépendance du Burundi (le 1er juillet 1962), il a été assassiné avec son entourage, compagnons de lutte (les vrais grands cerveaux de l’époque). Depuis cette élimination bien programmée, l’instabilité s’est installée dans tout le pays. Tueries sur tueries, massacres, coups d’État, etc. Pour le colonisateur, la mission était gagnée d’avance. Les massacres historiques de 1972 et 1994 ont emporté des intellectuels de gros calibres. Toujours des tueries bien planifiées. C’est maintenant que le Burundi commence à se relever tant bien que mal. Quel retard ? Voyez-vous, l’Africain a été conduit à ignorer les causes de son état d’esclave, de sous-homme et à s’en prendre aveuglément aux prétendus bienfaits de la colonisation. La seule chose dont l’humain a besoin pour son bien-être véritable, c’est l’éducation 60 Défis pour un réel développement : cas de l’Afrique qui vise à faire de lui un vrai créateur et non un simple consommateur. Il est donc impérieux que la conscience africaine soit secouée, réveillée, et pour qu’elle en vienne à être éclairée par la lumière de la véritable raison de l’existence humaine sur terre. Je crois que le maître, ce n’est pas celui qui conduit l’automobile, c’est celui qui la construit. Le maître, ce n’est pas celui qui raconte l’histoire des grands hommes, c’est celui qui devient grand homme et qui laisse aux autres raconter ses exploits. Aucun peuple n’a le monopole de la créativité ! Beaucoup d’Africains pensent toujours aux diplômes. Certains même sont prêts à tuer mais ignorent qu’aux âmes bien nourries, le succès ne demande pas un diplôme. Ousmane Sembene, Thomas Edison, Bill Gates, Abraham Lincoln et tant d’autres autodidactes en diraient beaucoup. C’est donc évident que ce qui se passe en Afrique n’est pas du tout le fruit du hasard. Sans décourager donc cet homicide culturel et intellectuel, ce lavage de cerveau perpétuel à travers les écoles, l’Afrique ne pourra pas s’en sortir. La réalité est que pour qu’un pays africain se développe, il faut toujours l’intervention de l’Occident ou du reste du monde. Quand on parle d’un intellectuel africain, c’est toujours le silence qui s’impose parce que justement on n’est pas sûr qu’il en soit vraiment un. « Les vrais intellectuels » n’ont même pas la force nécessaire pour pouvoir s’imposer. Ceux qui osent lever la tête pour protester finissent par creuser leur propre tombe. Qu’est-ce qu’il faut pour empêcher cela ? Il faut l’existence d’un si grand nombre d’intellectuels de qualité et de vrais patriotes. L’Afrique doit accepter de payer cher pour permettre d’abord que les grands cerveaux africains de la diaspora rentrent en toute sécurité. Ensuite, elle doit investir beaucoup dans l’éducation en valorisant les valeurs africaines. S’il faut importer des professeurs de qualité, il faut le faire. Ce qui manque à l’Afrique, ce n’est pas l’argent. Non ! Ce sont les cerveaux remplis de vraies connaissances et des personnes de bonne volonté. Quand une personne est bien préparée, la bonne volonté s’invite. L’Afrique doit cesser de copier bêtement tout ce qui lui vient de l’étranger, et chercher plutôt à ériger une nouvelle civilisation africaine fondée sur des principes et 61 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale valeurs de l’intégrité, de l’excellence, de l’entrepreneuriat et de l’honnêteté. Elle doit apprendre à s’approprier sagement ce qui lui vient de l’extérieur sans toutefois porter atteinte à ce qu’elle a comme valeur. 4. Développement économique du continent noir Combattre la pauvreté (système de pensée) en Afrique en mobilisant tous les moyens possibles pour que tous les pays africains atteignent un niveau financièrement stable pour échapper à la marginalisation dans le contexte établi par les enjeux mondiaux, est un défi majeur que chaque État africain doit relever. Oser dire « non » aux aides qui ont étouffé l’imagination africaine depuis des siècles est pour l’Afrique, non seulement une façon de se mettre sur la voie d’une croissance réelle et dynamique, mais aussi une opportunité de libérer son potentiel pour un développement durable. Et son ouverture à la coopération participative sera une arme redoutable pour freiner toute influence monétaire qui asservirait l’africain en le transformant en consommateur ou en assisté. La théorie selon laquelle l’africain serait trop pauvre pour épargner est encore d’actualité. En Afrique, l’épargne et la création d’entreprise sont des notions qui n’ont pas encore trouvé leur juste place dans la mentalité africaine. Pour réussir son intégration dans la mondialisation, l’Afrique doit avancer avec une conscience explicite des enjeux mondiaux sans toutefois piétiner les réalités africaines. L’épargne en fait partie. L’épargne doit être le résultat d’une réelle activité économique et non de ces aides occidentales qui viennent toujours engloutir tout effort lié à la productivité. L’Africain dans sa mentalité consomme tout son revenu et s’attend toujours à ce que l’occident lui accorde des aides pour survivre. Et dans cette folie des dépenses déraisonnables, il cherchera à tout prix à emboîter le style de vie luxueux de l’homme occidental. C’est ce qui pousse certains pays à s’endetter pour finalement donner l’image fausse d’une expansion économique rapide qui n’est pas du tout le fruit des profits réalisés au cours d’une sérieuse activité économique. 62 Défis pour un réel développement : cas de l’Afrique Les États africains doivent encourager toute initiative visant la création des entreprises agroalimentaires, industrielles et commerciales, l’implantation des microfinances, etc. Ils doivent aussi manifester leur soutien envers le secteur privé et établir une politique économique qui répond aux normes internationales. La hausse des salaires et des prix agricoles doit suivre un processus qui a un rapport considérable avec la qualité du travail ou des services rendus. 5. Développement environnemental Nul n’ignore que le développement environnemental fait toujours appel à la protection de la biodiversité. L’Afrique est un réservoir riche en réserves naturelles. La ressource fossile y est en abondance et tant à s’épuiser petit à petit. C’est pour cette raison que les Africains doivent s’engager dans la consommation rationnelle de l’énergie. Décourager la dégradation de l’environnement par l’homme est une bataille que les gouvernements doivent mener à bien. Le déboisement illégal et l’exploitation excessive de l’énergie d’origine fossile présentent toujours des conséquences néfastes à la planète terre. Le changement climatique est l’une des conséquences visibles. Pour pallier à cette problématique, il faudra chercher à donner naissance à une nouvelle source d’énergie. La plus prometteuse à long terme est l’énergie solaire. Du soleil, l’Afrique en dispose. Il est notoire que les radiations solaires, une fois recueillies, pourront fournir d’énormes quantités d’électricité, ce qui rendrait faible l’utilisation du charbon ou du pétrole qui représentent une source dangereuse de bouleversement climatique. La canalisation des eaux usées, le recyclage des produits en plastique et le reboisement périodique des forets exploités doivent figurer aussi dans l’agenda des priorités au sein des gouvernements africains. 6. Lutte contre la corruption Qu’il s’agisse de blanchiment d’argent, de détournement des fonds ou matériels publics, de favoritisme dans l’attribution des marchés ou de pots-de-vin versés à des représentants 63 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale d’institutions publiques pour obtenir des faveurs imméritées, on entend toujours la même chose : corruption. Et s’il y a des choses qui freinent le rayonnement de l’Afrique dans tous les secteurs (économique, social, politique, environnemental), la corruption vient en première position. Elle ne constitue pas seulement une entrave à la stabilité économique des pays en développement, mais aussi elle participe à la dégradation des valeurs démocratiques et éthiques de la bonne gouvernance en ruinant le développement durable et l’État de droit. Les institutions étatiques ou privées ayant dans leurs attributions des programmes spéciaux de lutte contre la pauvreté, la protection de l’environnement ou la relance de l’investissement subissent des répercussions générationnelles négatives de la corruption. Pour se développer, les pays africains doivent s’unir pour combattre sérieusement la corruption. Depuis des décennies, ils sont toujours dans la catégorie des pays « en voie de développement ». Toujours en voie de développement tout simplement parce que la corruption handicape l’efficacité sur le plan économique, culturel et politique, et entraîne un dysfonctionnement dans la mise en application des projets de développement d’où le ralentissement de la course économique africaine. La corruption est un obstacle majeur à tout développement. Elle altère les dépenses publiques et décourage l’investissement dans les domaines clés. Elle contribue également à la malveillante utilisation des ressources naturelles. Dans plusieurs pays africains, c’est elle qui est à la base du trafic de drogue, d’armes et des êtres humains. Le gaspillage des aides internationales au développement injectées en Afrique est une conséquence indéniable de l’existence de la corruption. Pour éradiquer la corruption, il doit y avoir la création de fortes institutions indépendantes et impartiales chargées de sanctionner toute personne corrompue. Elles doivent aussi être capables d’informer le peuple sur les conséquences négatives de la corruption en montrant comment marginaliser à tout prix cette pratique malhonnête. 64 Défis pour un réel développement : cas de l’Afrique Un exemple typique à imiter : « Abacha a été le dictateur militaire du Nigeria de novembre 1993 jusqu’à son décès en juin 1998. Selon des sources gouvernementales postérieures à Abacha, environ 4 milliards de dollars en avoirs étrangers ont été retracés jusqu’à Abacha, sa famille et ses collaborateurs. À l’automne 1999, la Suisse est devenue le premier pays à bloquer les avoirs d’Abacha. En plus de la Suisse, d’autres pays ont reçu les demandes d’entraide judiciaire du Nigeria, entre autres le Royaume-Uni, le Luxemburg, le Liechtenstein, et les îles anglonormandes. Dans ces pays également, des montants d’argent importants ont été bloqués. En 2005, un montant de 458 millions de $US sur les 505 millions de $US des avoirs d’Abacha qui avaient été gelés en Suisse a été finalement remis au Nigeria. Un montant de 40 millions de $US est jusqu’alors resté gelé en Suisse car, selon la Cour suprême fédérale, l’origine criminelle de cet argent n’a pas pu être prouvée ; 7 millions de $US seront transférés sur un compte fiduciaire bloqué au Nigeria. Le Nigeria prévoit d’utiliser les avoirs restitués pour financer divers projets de développement ». C’est un exemple qui montre comment un pays peut mener des enquêtes pour retrouver des sommes importantes disparues dans le temps et qui auraient pu servir au développement. Que tous les pays africains le comprennent : il n’y a pas de réel développement durable dans un pays qui est rongé par la corruption. Conclusion L’Afrique doit mettre un point d’honneur sur le développement de chaque citoyen à travers l’éducation et l’enseignement. Aujourd’hui, le monde se globalise, et partout la mondialisation est d’actualité. L’Afrique ne pourra pas y échapper. Compte tenu de cette réalité cruciale, l’Afrique doit se préparer à entrer dans cette course mondiale avec un peuple qui sera en mesure de s’intégrer facilement au sein de la communauté internationale. Il n’est plus question de faire semblant de travailler, il faut une vraie révolution au sein des systèmes éducatifs africains. L’éducation jouera le rôle de rendre possible l’intégration de l’homme Africain au sein de la communauté internationale et 65 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale l’adaptation individuelle qui impliquera l’idée de la communauté au sein du milieu social dans lequel il vit en tant que citoyen. Elle s’inspirera des valeurs sociales, de l’histoire des anciens grands hommes, des aspirations de l’homme en tant qu’être pensant et de l’environnement social dans sa globalité. Le travail le plus indispensable sera de rendre social l’individu, cela signifie tout simplement que l’éducation visera l’initiation de l’homme en tant qu’être social à toutes les formes de pensée, aux différents styles de vie, à la tradition existentielle de la société dans laquelle il vit. C’est après cette intégration liée à son histoire que l’homme pourra définir et affermir son identité d’être humain qui est appelé à cohabiter avec le reste du monde. Le but de l’enseignement, quant à lui, consistera à assurer une sérieuse préparation intellectuelle de l’homme à sa future carrière professionnelle en mettant à sa disposition des connaissances indispensables pour pouvoir affronter son avenir avec une mentalité de producteur. L’enseignement veillera à ce que les valeurs culturelles et intellectuelles qui donnent accès à une vie active et suscitent l’esprit de créativité soient disponibles pour les nécessiteux ou futurs cadres. Développer l’intelligence de l’homme en mettant en valeur le pouvoir de l’imagination, remplir la mémoire de jeunes gens de connaissances véritables qui répondent aux besoins auxquels ils sont confrontés et inculquer en eux le goût de l’effort intellectuel et le réflexe de vrais amoureux du travail, resteront « les trois priorités inévitables ». La négligence de ces trois priorités a toujours été la cause de l’instabilité du continent noir. Élever le niveau culturel et intellectuel d’un peuple, mettre un accent sur la consolidation des relations sociales et économiques d’un pays est le remède le plus adéquat pour la préparation des futurs cadres compétents, capables de donner naissance au véritable développement économique et au rayonnement social d’un pays. Somme toute, l’école dont l’Afrique a besoin est celle qui dispense, sans favoritisme, une éducation non erronée et qui se concentre sur un enseignement de qualité et non illusoire dont la seule ambition est de rendre l’apprenti apte à 66 Défis pour un réel développement : cas de l’Afrique s’épanouir intellectuellement pour une carrière professionnelle florissante (nationale ou internationale), sécuriser sa survie sur terre en préservant l’environnement à travers les différentes initiatives de protection s’apprêtant à diminuer les risques liés au changement climatique et participer volontairement au développement économique et social dans son pays. Quant aux États africains, agir ensemble en communautés dynamiques ou se regrouper au sein des plates-formes de dimension régionale est un remède efficace pour le réel développement économique et environnemental du continent. La consolidation de l’Union africaine devrait être une préoccupation authentique des États membres pour permettre aux différents opérateurs économiques ou investisseurs de participer pleinement à l’expansion de la jeune économie africaine. Références bibliographiques Dell G., 2006, Les Conventions contre la corruption en Afrique, Transparency International. Fokam P. K., 2003, Et si l’Afrique se réveillait ?, Maisonneuve et Larose. Gueye A., 2009, L’Afrique qui ose, Groupe Afrique Challenge. 67 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale 68 Le destin commun peut-il favoriser l’application des politiques de développement durable ? Dieudonné Patrick ATOUDA BEYALA Introduction L’action de l’homme est à l’origine des crises politiques, sociales, environnementales, et économiques qui entravent l’épanouissement des peuples et hypothèquent l’avenir de la planète entière. Plusieurs indicateurs sont au rouge et illustrent la gravité de la responsabilité et l’impact de l’homme sur la dégradation de son environnement. Une démographie galopante et exponentielle mais inadéquate à la disponibilité des ressources ; des crises économiques et financières ; des conflits armés ; des inégalités encore plus profondes ; une planète qui se réchauffe davantage avec les conséquences sur le climat et la vie, la diminution des ressources énergétiques, la rareté de l’eau, etc. Une panoplie de défis qui interpellent l’humanité malgré de beaux discours, des résolutions et des sommets à l’échelle planétaire. Vingt-cinq ans après la consécration officielle du concept de développement durable dans le rapport de la commission Brundtland à la Commission mondiale sur l’environnement et le développement, on peut établir un bilan optimiste mitigé et se dire comme Karl Falkenberg : « Nous avons trop parlé, et insuffisamment agi ». Basé sur l’équilibre du triptyque économiesocial-environnement, le principe du développement durable est resté apathique pour des intérêts individuels, davantage économiques, de prestige et de leadership au détriment des effets sur les autres par l’interconnectivité de la planète qui nous lie vers un destin commun. Le développement durable a le mérite d’avoir pu rallier à sa cause une fédération de concepts après plusieurs années de conflits inutiles (écologistes, altermondialistes, libéraux, etc.). Pour une implémentation effective et globale du concept, les Nations unies, à travers la Conférence des Nations unies pour l’environnement et le développement, ont réussi à faire adopter à près de 182 pays un programme global d’actions à mettre en place par les gouvernements et les institutions de développement. Ce programme baptisé Agenda 21 est la véritable feuille de route des gouvernants pour le développement 69 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale durable. De grands sommets comme le plus récent Rio+20 se sont jusqu’ici régulièrement tenus pour des réflexions sur le sujet. Des résolutions intelligentes et pertinentes y ont été prononcées et des solutions durables et crédibles définies. Cependant l’absence de mesures contraignantes, l’absence d’une gouvernance universelle à vitesse égale par tous les acteurs, à une passivité des résolutions non contraignantes demeurent les écueils pour une véritable atteinte des objectifs du développement durable. Vingt ans après les rencontres du Sommet de Rio, les promesses sont toujours attendues. La sensibilisation et l’information sur les enjeux et les défis communs d’une nouvelle manière de penser le développement et de le pratiquer sont un fait unanime qui a bousculé les doctrines conservatrices des sceptiques. Cependant, pour satisfaire des égos de leadership économique ou pour protéger la croissance économique et le bien-être de leurs populations, certains pays – parmi les plus puissants – à travers leurs gouvernants ne se plient pas aux exigences du développement durable ou aux résolutions des accords. On serait tenté de s’interroger sur l’effectivité de la dégradation réelle de la planète. Pourtant des travaux du prix Nobel de la Paix, le Président Al Gore où les éléments collectés par WWF (World Wide Fund) et publiés dans le Rapport Planète Vivante 2010, insistent sur l’avancement de la dégradation de la planète. Il est donc légitime de faire un état des lieux et d’analyser les enjeux et les défis que pose la gouvernance mondiale sous l’angle du triptyque économique, social et environnemental. 1. Enjeux et défis économiques Vingt ans après l’engagement pris à Rio par les États, la crise économique qui secoue le monde est comparable à celle qui précéda la seconde guerre mondiale entre 1929 et 1939. Les dysfonctionnements de ce modèle économique qui subit un clash remettent en question cette forme même d’économie basée sur le marché et la spéculation. L’évolution de l’économie d’un pays a connu une mutation : basée sur la production à outrance et la croissance (PIB, PNB) elle passe à une économie de marché basée sur les échanges. Il faut rappeler le volet 70 Le destin commun peut-il favoriser l’application des politiques... social introduit à la mesure de l’économie par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) en 1990 avec l’indice de développement humain (IDH). Les économies occidentales, hormis quelques exceptions comme l’Allemagne sont soit agonisantes, soit en réanimation (Espagne, Portugal, Italie, Grèce, etc.). Le marché de la finance qui est, quant à lui, le reflet d’une économie monétaire est au bord du gouffre ; le modèle libéral à outrance affiche ses limites et certains pays ont dû se déroger des principes de l’initiative privée en pratiquant un protectionnisme étatique en finançant avec les fonds publics les entreprises essoufflées (cas de certaines multinationales). La spéculation est à dénoncer et les scandales de grosses banques et de traders (l’affaire Kerviel et Société Générale en France, l’affaire Maddoff aux États-Unis) l’illustrent. La classe moyenne s’est rétrécie créant un gap important entre les deux extrémités de classes sociales. Le chômage endémique synonyme de la précarité et de la paupérisation prend des proportions considérables tandis que les plus riches ou les patrons s’enrichissent davantage. La donne économique mondiale a changé laissant cours à un nouvel ordre mondial. Plusieurs pays du Sud (dans la géographie économique le Nord représente les pays riches et le Sud les pays pauvres) souffrent d’une dévaluation économique très sévère qui leur a fait perdre de leur souveraineté. À cause de cette récession économique, ils (certains pays du Sud) ont proclamé une politique d’austérité drastique croulant les populations sous le poids de la dette du Fonds monétaire international (FMI) ou de la Banque mondiale ; des institutions de Bretton Woods symboles de la gouvernance supra étatique de l’économie et de la finance. Les manquements de ces institutions à travers les politiques d’ajustements structurels inadéquats au contexte remettent en question la gouvernance mondiale d’une économie durable. Cependant, des pays dits émergents ont connu un essor économique fulgurant et un développement économique soutenu en sortant du carcan conventionnel d’un modèle universel. C’est le cas des Dragons de l’Asie (Singapour, Malaisie, Thaïlande) ou du BRIC (Afrique du Sud, Brésil, Inde) ; c’est aussi celui de la Chine, qui dans un modèle inhérent et propre, est devenue en 2011 la deuxième puissance économique mondiale. La 71 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale maîtrise de la démographie est une préoccupation névralgique de la planète car elle remet en question le malthusianisme qui encourage une croissance démographique proportionnelle aux ressources. La démographie galopante de la planète (7 milliards d’habitants en 2011) est paradoxale aux gaspillages des ressources par une minorité, l’autre majorité vivant dans le besoin (en dessous du seuil de pauvreté). Ainsi, « la génération ou la reproduction spontanée » doit interpeller les gouvernants sur des politiques natalistes planifiées et contrôlées. La production et sa commercialisation se font sous forme d’échanges à travers le commerce international. L’Afrique, avec les plus grandes ressources naturelles, un des potentiels hydrographiques les plus importants, un des poumons du monde les plus précieux (forêts du bassin du Congo, important puits de carbone) et un énorme potentiel agricole (terres cultivables), représente moins de 2 % du commerce international ! Il convient également de mentionner le commerce inéquitable qui frise avec une séquelle post-coloniale en ce qui concerne le cacao, le coton, le café, la banane. Une dépréciation des termes de l’échange car l’Afrique produit ce qu’elle ne consomme pas et consomme ce qu’elle ne produit pas ; les prix étant fixés sur le marché international. L’Organisation mondiale du commerce (OMC) est invitée à repenser la politique commerciale mondiale pour prendre en compte les plus faibles, pour plus d’équité. Ces dernières années, les entreprises multinationales et autres grands groupes économiques ont connu une croissance économique astronomique représentant des empires financiers transformés en véritables et puissants lobbyings. Ces multinationales interfèrent sur la gouvernance mondiale du commerce. 2. Enjeux et défis énergétiques Une des équations difficile à résoudre par les dirigeants est celle de l’énergie. Avec une population plus nombreuse, les besoins en consommation ont évolué, donc la demande en production aussi. De manière paradoxale et inéquitable, les pays riches qui ne représentent pas plus de 25 % de la population mondiale consomment plus de 70 % de l’énergie mondiale disponible. Cependant pour produire il faut de l’énergie or celle-ci provient 72 Le destin commun peut-il favoriser l’application des politiques... actuellement et en majorité de ressources épuisables qui diminuent tous les jours. La consommation de ses ressources énergétiques fossiles génère l’émission de gaz à effet de serre (GES) qui détruisent la couche d’ozone et par conséquent occasionnent le réchauffement de la terre et les changements climatiques avec leurs conséquences. La course vers des solutions énergétiques durables est un défi de l’heure et les solutions alternatives (énergies renouvelables) offrent des opportunités malgré leurs limites en terme de rendement et de coûts. Des investissements à l’échelle d’une gouvernance mondiale doivent être mis à disposition pour la recherche et le développement (R&D) en matière d’énergies renouvelables et la rationalisation de la consommation. 3. Protéger l’environnement Au-delà des théories et démonstrations savantes des experts et chercheurs sur la dégradation de l’environnement, la nature annonce par des signes précurseurs une « apocalypse » – si des mesures efficaces ne sont pas prises – à travers les crises environnementales : changement climatique, pollution, désertification, disparition des espèces et de la biodiversité, pluies acides et catastrophes naturelles. Notre devoir est de léguer aux générations à venir une planète saine. Face à cette interpellation, les responsabilités sont partagées et comme le dit un proverbe africain : « Le poisson commence à pourrir par la tête » ; une gouvernance rigoureuse pour tous de la planète est un impératif. Le changement climatique est devenu le sujet clef et celui de désaccord dans les sommets sur le développement durable. Il a divisé à Copenhague en 2007, à COP 17 à Johannesburg car la responsabilité des grandes puissances est engagée et la loi du plus fort prend encore le dessus. Les experts démontrent que la terre connaît une augmentation globale de température depuis la révolution industrielle ; une maîtrise de celle-ci à 2 ou 3 degrés Celsius permettrait de préserver certaines îles de la disparition du fait de la montée du niveau des eaux de la mer causée par la fonte des glaciers au niveau des pôles. Les 73 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale pays concernés doivent réduire leurs émissions en GES ; ce qui sous-entend, par ailleurs, réduire leur empreinte écologique par une production écologiquement responsable. Les accords de Kyoto ou de Montréal convergent vers la protection de la planète contre le réchauffement et le changement climatiques. Les conséquences des changements climatiques sont connues et des exemples vivants parlent par eux-mêmes : les crises alimentaires à cause d’une faible production, la diminution des réserves d’eau potable, la disparition des cours d’eau et lacs (cas du lac Tchad) ; des épidémies… La pollution de l’environnement par les déchets domestiques et industriels est à l’origine de nombreux désagréments : inondations, inconfort, insalubrité, maladies et épidémies (choléra, paludisme, fièvre jaune). La planification – urbaniste, démographique – surtout dans les pays du Sud est un élément à implémenter ainsi que la décentralisation ou le transfert des pouvoirs aux collectivités pour gérer ces tâches de salubrité. Une population croissante génère davantage de déchets en marge des déchets industriels qui eux sont contrôlés par une législation contraignante sur l’environnement à l’endroit des entreprises (Études d’impacts environnementaux et sociaux comme le préconise l’Agenda 21, les audits environnementaux et la mise en place des Plans de gestion de l’environnement). Les organismes de financement de développement tels que la Banque mondiale sont stricts en la matière et c’est une condition sine qua none au financement de projets. Le taux d’urbanisation étant très poussé, les plans d’urbanisation et de réhabilitation des centres urbains doivent être effectifs et mis à jour afin de développer des structures pour le stockage, le traitement et le recyclage des déchets. L’autre alternative est la sensibilisation et l’éducation. Le développement durable doit faire partie des programmes scolaires pour implémenter dès le bas âge la culture de protection de l’environnement parallèlement au travail titanesque de sensibilisation effectué par les ONG (Organisations non gouvernementales). La déforestation qui est une source de changement climatique est une activité génératrice de revenus pour les pays sous-développés (commercialisation des essences, bois de chauffage…). Cependant, une atténuation du phénomène consiste à mettre sur pied des processus de régénération des 74 Le destin commun peut-il favoriser l’application des politiques... essences détruites. Une économie alternative non dépendante des essences forestières appelée économie verte est une passerelle pour la lutte contre la misère et la pauvreté. L’écotourisme par exemple est une activité à encourager pour protéger durablement l’environnement. L’action de l’homme sur la nature est la cause des déséquilibres écologiques et de la chaîne alimentaire par la disparition des espèces ou de la biodiversité. La pêche illégale et le braconnage sont des pratiques responsables de la disparition de plusieurs espèces. Conclusion En lisant L’Aventure ambiguë de Cheikh Amidou Kane on peut dire comme la Grande Royale, quand de grands changements arrivent et bousculent nos habitudes : « Acceptons de mourir en nos enfants… ». C’est le caractère intergénérationnel du développement durable. Les actions égocentriques de l’homme d’aujourd’hui ne doivent pas affecter les générations futures. Les conséquences et les mécanismes de la dégradation de notre planète sont connus et expliqués mais le problème qui se pose et reste récurrent malgré de nombreux séminaires, ateliers, colloques, conférences aux échelles microscopiques et macroscopiques, est la non-adhésion de la gouvernance surtout celle des plus forts. Les pays du Sud, fortement dépendants de la bourse des pays du Nord ainsi que des organismes financiers internationaux (FMI, Banque mondiale) subissent les contraintes des exigences du développement durable de peur de plausibles représailles. La géographie des pays pauvres les rend plus vulnérables aux conséquences liées au non-respect des engagements pris dans l’Agenda 21 et autres accords du développement durable. L’exigence de solidarité humaniste et humanitaire devrait pousser la gouvernance mondiale à agir fermement car notre interconnexion existe malgré les apparences et nous sommes appelés à vivre ensemble, sur la même planète et affronter notre destin ensemble. De nouveaux acteurs doivent intégrer le . La Grande Royale des Diallobé, sœur du chef, est un personnage du roman de Cheikh Amidou Kane L’Aventure ambigüe, qui incarne la facilitation de la rupture avec l’école traditionnelle et ancestrale pour l’école occidentale. 75 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale processus de décision, mieux de gouvernance, à savoir la société civile ; une implication ardue et pertinente des collectivités locales. Le choix contestable des leaders des organisations mondiales chargées de financer le développement – accords non écrits à la Banque mondiale et au FMI – impose une relecture des textes organiques et du mode de fonctionnement des organismes internationaux de développement. Références bibliographiques Ouvrages Baddache F., 2006, Le Développement durable, Eyrolles, Paris. Borris J.-P., 2005, Commerce inéquitable : le roman noir des matières premières, Hachette Littérature, Paris. Hulse J., 2008, Développement durable, un avenir incertain : avons-nous oublié les leçons du passé ?, Presses de l’université de Laval – L’Harmattan, Paris. Malki A., 1996, Les Nouvelles Logiques du développement, L’Harmattan. Rapports Rapport du ministère de l’Écologie et du développement durable (République française) sur le Sommet mondial sur le développement durable 2002, Historique du développement durable. Les ateliers de la terre, rapport de la conférence des Nation unies pour le développement durable Rio+20 : contribution des ateliers de la terre tirée du livre blanc de la Global conférence. www.planetworkshops. org Rapport de l’Organisation internationale du travail (OIT) sur : Les défis du développement durable. Stratégies en faveur des emplois verts. Conférence des ministres du travail et de l’emploi tenue à Nigata au Japon du 11 au 13 mai 2008. http://www.ilo.org/public/english/region/asro/ bangkok/events/greenjobs/index.htm 76 Le destin commun peut-il favoriser l’application des politiques... Sites Internet Site de l’Organisation internationale de la Francophonie : www.francophonie.org Site de l’organisation internationale du travail : www.ilo.org Site du programme de Nations unies pour le développement : www.undp.org Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie : www.ademe.fr United Nations Framework Convention on Climate change : www.unfcc.int 77 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale 78 Économies alternatives vers le développement durable et cadrage pour les élections présidentielles, cas de Madagascar Jean Bertrand RAVELOMIANGO Introduction À l’aube des indépendances de la majorité des pays africains, l’ouvrage de l’agronome français René Dumont : L’Afrique est mal partie, est tout à fait significatif dans le contexte de crise. En effet, à l’indépendance, ces pays ont hérité d’une culture de développement d’économie linéaire, directement issue de la puissance colonisatrice dont ils ont fait les frais en étant les lieux de surexploitation des ressources naturelles et d’accumulation des déchets. L’esprit capitaliste qui a été le moteur du développement scientifique et de la révolution industrielle et qui a mené le monde dans son état de haut développement actuel a été l’une des admirables cultures universelles dont s’est dotée l’humanité (Mathews, 2011). Mais ce même esprit a tourné les liens et relations en objets monnayables et a transformé le monde naturel en terrain d’exploitation d’une part, et d’autre part en dépôt pour déchets. Il l’a conduit à son niveau actuel d’incertitudes avec les problèmes globaux de pollution, de changement climatique, de crise d’énergie et d’alimentation, marginalisant encore plus les pays pauvres tourmentés par les crises de non-durabilité et des crises politiques sinon de guerre civile. Le rapport du Groupe d’experts de haut niveau de l’ONU d’après Rio+20 indique qu’il est clair que sous sa forme actuelle, le modèle de développement n’est pas viable, et qu’il est temps d’agir véritablement à l’échelon mondial afin de donner aux peuples, aux marchés et aux pouvoirs publics les moyens de faire des choix viables. La nécessité d’intégrer les dimensions économiques, sociales et environnementales du développement afin de parvenir à la viabilité a été clairement énoncée il y a de cela 25 ans ; mais 25 ans plus tard, le développement durable reste une notion généralement admise, mais qui n’est pas mise en pratique au quotidien. Qu’en est-il donc de la situation des pays en voie de développement immergés en pleine mondialisation face à ces crises multiformes ? Il est reconnu que les mutations à venir proviennent de la science et de la gouvernance selon 79 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale l’ONU qui prône une meilleure intégration de la science dans la politique. Dans le cadre de l’incertitude et du long terme, une gouvernance éclairée basée sur le partage de savoir et de pouvoir qui forme l’éthique du développement durable est plus que jamais nécessaire aux pays en voie de développement tel que Madagascar. Cet article propose les mécanismes d’une gouvernance éclairée basée sur le cas de ce pays alors en pleine crise dite politique. L’état des lieux, l’économie circulaire et des solutions économiques alternatives seront présentés. Le cas de Madagascar pris comme exemple avec les propositions d’amendements institutionnels et enfin la faisabilité de la proposition, ses accompagnements et les perspectives seront ensuite évoqués. 1.Économie linéaire et iniquité du développement L’ampleur des impacts causée par les cinquante années d’économie linéaire menée par les pays riches est telle que les inégalités entre les riches et les pauvres ne cessent de se creuser et plus d’un milliard de personnes vivent encore dans le dénuement. Cette iniquité dite « intragénérationnelle » ne cesse de croître, dans un état de déstructuration écologique globale, conduisant aux menaces déjà visibles du changement climatique. Elle atteint les couches des sociétés des pays occidentaux pris dans les tourments des crises financières. La population mondiale passera de 7 à 9 milliards d’ici à 2040, les besoins en ressources augmenteront de façon exponentielle alors que les prix des matières premières fossiles flambent déjà et que leur disponibilité pose de plus en plus problème. D’ici à 2030, les besoins alimentaires augmenteront de près de 50 %, ceux en énergie de 45 % et ceux en eau de 30 %, en une période où les contraintes du milieu naturel réduisent de plus en plus l’offre. Ces perspectives difficiles risquent de marginaliser encore plus les pays africains déjà minés par les crises de savoir et de pouvoir. 1.1- Crise de savoir et crise de pouvoir en Afrique Cinquante ans après l’indépendance, bon nombre de pays africains se trouvent dans une situation de crise caractérisée 80 Économies alternatives vers le développement durable... par une situation politique hautement instable, voire de guerre, comme c’était encore le cas récemment en Côte d’Ivoire. Un adage chinois indique que crise et opportunité sont désignées par la même anagramme. Une crise fonctionne comme une sonnette d’alarme, et qui, correctement interprétée, fournit une opportunité pour une adéquation technologique et/ou une adaptation organisationnelle. Dans un monde de plus en plus globalisé, la mondialisation signifie course aux ressources rares, et l’on assiste à des évolutions technologiques de plus en plus rapides. En Afrique, de tels besoins d’adéquation sont ignorés par abus de pouvoir ou mal interprétés à cause d’une faiblesse de savoir et deviennent ainsi des sources de troubles politiques et sociaux qui forment le sommet émergé de l’iceberg. Selon le NEPAD (New Partnership for Africa’s development), le niveau de conscience des dirigeants et de la classe politique africaine concernant la priorisation de l’éducation et la recherche est plutôt faible. Ncube a fait remarquer que si le continent investit dans l’éducation et la formation en vue de libérer le potentiel de sa jeunesse, il pourrait devenir l’une des économies les plus dynamiques et les plus productives. Pour arriver à ces fins, des alternatives économiques sont alors nécessaires. 2. Alternatives économiques : vers le développement durable Le Groupe de haut niveau du Secrétariat général de l’ONU a rappelé que « Le développement durable se résume aux choix que les peuples peuvent faire pour façonner leur avenir, faire valoir leurs droits et faire entendre leur voix ». Les peuples ne peuvent tout simplement pas continuer à tolérer les activités qui dégradent l’environnement ni la persistance des inégalités qui mettent à mal les principes de justice sociale universellement acceptés. De façon plus générale, il faut que les mécanismes de gouvernance aux échelons internationaux, nationaux et locaux fassent de leurs principes un avenir fondé sur le développement durable, au même titre que la société civile et le secteur privé. La croissance elle-même, ne trouve pas les voies et moyens de 81 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale la rendre inclusive. Ce phénomène est constaté partout dans le monde. 2.1- Cadres de perspectives vers������������������������� ����������������������������� le développement durable À la différence du capitalisme et du socialisme, les grandes « idéologies » du développement mondial, le développement durable est le seul à inscrire explicitement parmi ses objectifs la dimension temporelle. Rendre durable le capitalisme qui a été un des puissants agents de transformation mondiale revient ainsi à inscrire cette dimension de l’équité intergénérationnelle qui s’inscrit au niveau territorial par une équité intragénérationnelle. Dans son article, Mathews, tout en reconnaissant les valeurs de l’esprit du capitalisme et ses succès sur le changement culturel et industriel du monde entier, a stigmatisé ses impacts globaux sur l’environnement de la planète avec ses cortèges d’injustices sociales et d’iniquité. Selon lui, « naturaliser le capitalisme » sera la prochaine grande transformation qui verra l’abandon de l’économie linéaire au profit de l’économie circulaire qui est la traduction politique de l’écologie industrielle. 2.1.1- L’écologie industrielle et la bioraffinerie L’écologie industrielle, à l’opposé de l’économie linéaire qui épuise les ressources naturelles d’une extrémité, accumule les déchets d’une autre et tend à imiter le fonctionnement cyclique des écosystèmes naturels. L’exemple historique de Kalundborg en Suède, montre le succès mondial de ce concept par l’application de la symbiose industrielle entre une vingtaine d’entreprises. L’écologie industrielle qui se base sur le métabolisme industriel recherche les synergies entre les entreprises pour effectuer cette symbiose (Adoué, 2007). Reprise dans divers pays à l’exemple de la Chine qui en a fait une loi dite loi sur l’économie circulaire, l’écologie industrielle appelée encore éco-développement est basée sur une communauté d’entreprises qui coopèrent les unes avec les autres pour partager efficacement les ressources (informations, matières, énergie, infrastructures, habitat naturel, etc.) permettant des gains économiques et environnementaux ainsi qu’un accroissement équitable de ressources humaines pour 82 Économies alternatives vers le développement durable... les entreprises et les communautés locales. Patterson a mis en lumière la potentialité des pays pauvres à mener un leadership mondial dans ce domaine qui est un outil de planification de développement puissant sous réserve d’une politique intégrée d’envoi d’étudiants à l’étranger pour l’acquisition des compétences et d’expériences comme l’ont fait les pays asiatiques pour passer à la société de l’information (Patterson, 2008). La bioraffinerie qui peut être considérée comme un cas particulier de l’écologie industrielle se destine au remplacement des ressources fossiles pour la production d’énergie et des carburants, des biomatériaux et des matières premières chimiques par les ressources naturelles renouvelables de la biomasse. Une fois encore, comme en écologie industrielle, moyennant les mêmes conditions, les pays pauvres, essentiellement agricoles peuvent prendre le leadership en bioraffinerie pour la production des bioénergies renouvelables et des matières premières biosourcées (Matthews, 2008). 2.1.2- L’économie verte et la bioéconomie L’économie verte initiée par le PNUE se définit comme une économie à faible émission de CO2, avec une gestion durable des ressources renouvelables, et qui est socialement inclusive. Ainsi, une économie verte doit entraîner une croissance du revenu et de l’emploi grâce à des investissements publics et privés qui ciblent une réduction des émissions de carbone et de la pollution, une amélioration de l’efficacité énergétique et le renforcement du capital naturel de la planète. D’autre part, la bioéconomie fait appel à la biotechnologie et ses applications à la production primaire, à la santé et à l’industrie sont susceptibles de donner naissance à une bioéconomie, c’est-à-dire à un système dans lequel les biotechnologies assureront une part substantielle de la production économique. L’OCDE qui a initié le programme montre que les pays en voie de développement ont tout à gagner de la bioéconomie (UNEP, 2011). Il est évident que la cherté de la plupart des technologies nécessite une franche coopération entre les pays du Nord et ceux du Sud. 83 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale Équilibre compétition et coopération L’écologie industrielle est une stratégie territoriale, dépassant nécessairement la collaboration des acteurs de territoire pour atteindre un but commun de prévention collective des déchets, de réduction des ressources et des coûts pour des objectifs individuels de compétitivité. Ce qui est vrai à l’échelon du territoire local doit être aussi au niveau national, régional et global. Cet équilibre entre compétition et coopération caractérisant le développement durable fait que l’écologie industrielle qui passe par un usage responsable à la fois des ressources renouvelables et des ressources fossiles acte comme une transition organisationnelle vers la naturalisation du capitalisme basée sur l’économie verte ou la bioéconomie. Une loi sur l’économie circulaire comme cadrage des activités industrielles et des activités rurales, comme moule des relations avec les pays extérieurs et les grandes multinationales marquera une volonté politique qui manque aux dirigeants africains pour que « le développement durable soit la solution qui s’impose comme une évidence » (Groupe de haut niveau du Secrétariat général des Nations unies, 2012). Le cas Madagascar Madagascar, constitue un petit continent à part, bien connu par sa riche biodiversité parmi les plus hautes densités au monde. Par contre, il est l’un des pays les moins avancés au monde, se classant 151e sur 187 Nations avec un indice de pauvreté multidimensionnelle (intégrant la privation environnementale, celle d’accès à la santé et à l’éducation) de 0,357 et avec 68,7 % de sa population qui vit sous le seuil de la pauvreté. Selon le rapport du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), Madagascar n’atteindra pas la majorité des cibles des Objectifs du millénaire (OMD) en 2015 en dépit des efforts déjà accomplis pour y parvenir. La Banque mondiale a montré que l’indice d’économie du savoir est de 2,21 pour Madagascar, inférieur à la moyenne de l’Afrique (2,71) et très faible par rapport à celui du Groupe des 7 (8,72). L’indice de savoir qui est la moyenne de l’indice de l’éducation, de l’indice d’innovation 84 Économies alternatives vers le développement durable... et de l’indice des TICs est de 1,47 pour Madagascar contre la moyenne africaine de 2,72 et de celle du Groupe des 7 (8,81). 2.2- Ressources, opportunités et menaces Au fil des années, la diversité minière de ce pays plus ou moins isolé avec ses vingt millions d’habitants se révèle petit à petit au public, le plaçant dans le point de mire des sociétés internationales. Le gisement d’ilménite dans le Sud exploité par la multinationale Rio Tinto, et celui de nickel et de cobalt à l’Est exploité par le SHERRITT occupent des zones d’area protégées. Si ces activités ouvrent des opportunités économiques, parallèlement les effets environnementaux et la marginalisation des communautés riveraines sont déjà observés. Tandis que la recherche d’uranium se poursuit dans les autres zones de l’Ouest où se trouvent les gisements de charbon et de fer déjà en cours de contrat, l’existence des gisements de métaux rares dont la Chine possède jusqu’à maintenant le monopole d’exportation se fait connaître. De même, la recherche pétrolière tant onshore qu’offshore dans les zones Ouest et l’étude de l’exploitation du gisement du sable bitumineux de Bemolanga se poursuivent sans relâche tandis que l’exploitation des pierres précieuses dont le saphir a créé des engouements un peu partout dans les coins de l’île. Il ne se passe pas un jour sans que des trafics illicites d’or soient révélés dans la presse locale. En matière de trafic, celui des bois de rose qui se fait à grande échelle risque d’épuiser cette espèce considérée comme l’une des plus précieuses. La politique d’agribusiness initiée par la Banque mondiale finit par se cantonner dans l’agrocarburant orienté surtout vers le Jatropha, accaparant de considérables areas de terre arable (Cotula, 2011). Ces pratiques, d’exportation des huiles, conduites à des abus fonciers comme c’est le cas en Afrique, aggravent les conflits sociaux et les changements climatiques. Pendant tout ce temps, l’économie locale reste à la traîne avec des impacts sociaux et environnementaux aggravés. 85 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale 2.3- Propositions pour le changement vers le développement durable Pour rompre le cercle vicieux de l’exclusion économique et de l’exclusion politique, il faudra l’adéquation de la gouvernance avec les principes du développement durable : partage de savoir et partage de pouvoir et identifier un cadrage socio-économique pour les candidats pour la plus haute magistrature avec les mesures d’accompagnement qu’il nécessite. Des propositions de changement sont alors émises dans cet article au niveau du Code électoral et de la Constitution. 2.3.1 Dossier socio-économique et environnemental (DSEE) Le Code électoral malagasy renferme une mesure contraignante de caution financière s’élevant à 50 millions d’ariary ou 25 000 euros laquelle sera remboursée au candidat sous condition qu’il atteigne ou dépasse le seuil de 10 % en cas de non-élection. Le candidat peut alors accompagner cette caution financière par un dossier socio-économique et environnemental (DSEE) contextualisé pour le pays et qui applique les principes et pratiques menant vers le développement durable. 2.3.2 Comité socio-économique et culturel (CSEC) L’article 105 de la Constitution malagasy parle et décrit l’attribution du CSEC dont la composition sera définie par une loi organique. Cet article doit être révisé en incluant un rôle majeur du CSEC celui d’évaluer le dossier socio-économique et environnemental de chaque candidat par rapport au cadrage, à sa pertinence et sa faisabilité. Son évaluation sera transmise à la haute cour constitutionnelle qui est chargée de valider et proclamer la liste des candidats. En cas d’élection, le candidat élu sera jugé sur la réalisation de son DSEE. Le Parlement avec le CSEC se chargera de faire une évaluation à mi-parcours de la réalisation du candidat. Ces actions nécessitent des révisions des articles correspondants dans la Constitution. 86 Économies alternatives vers le développement durable... 2.4- Accompagnements Quelques mesures à court, moyen et à long terme sont nécessaires pour accompagner ces changements du point de vue éducationnel, légal et du point de vue de relations internationales. 2.4.1- Le cadrage L’écologie industrielle ou économie circulaire apparaît comme une viable stratégie de transition vers l’économie verte ou la bioéconomie. Une loi sur l’économie circulaire est une priorité pour offrir un large cadrage pour une orientation socio-économique. En outre, dans son rapport, le Groupe de haut niveau du Secrétariat de l’ONU a proposé une série de recommandations pratiques pour promouvoir l’« idéal d’une planète viable, d’une société juste et d’une économie en expansion ». Il faut noter que la Charte des ressources naturelles peut être une source d’inspiration pour la gouvernance des ressources naturelles non renouvelables. 2.4.2- Accompagnement éducationnel et Coopération internationale Toutefois, les universités ont aussi leur rôle à jouer ; outre leur activité de créateur de savoir, elles doivent apprendre à s’unir dans la transdisciplinarité pour accompagner les politiciens, les législateurs et les entreprises dans leurs décisions et actions. D’autre part, la coopération internationale en matière de transfert de sciences et des technologies durables est une des recommandations de l’Agenda 21. Conclusion En 1966, René Dumont a tiré une sonnette d’alarme : L’Afrique est mal partie. En outre, les pays africains qui ont hérité d’une culture de développement d’économie linéaire, de leurs colonisateurs sont en train d’en subir les conséquences. Les cinquante dernières années passées ont été les plus dévastatrices en termes d’iniquité environnementale, sociale et économique. Basées sur le cas de Madagascar, des propositions de changement portant sur le Code électoral et la Constitution sont émises dans cet article 87 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale pour que les principes du développement durable soient en tête des priorités des programmes et des budgets dans un cadre novateur d’économie circulaire, institutionnel, éducationnel et de coopération internationale. Ces changements peuvent être disséminés dans la hiérarchie des territoires locaux aussi bien qu’ils peuvent être pris comme modèle à l’extérieur. Un des catalyseurs pour mener cette action de dissémination est la formation d’un réseau pour réécrire l’histoire des transformations économiques qui ont façonné les civilisations. Références bibliographiques Dumont R., 1966, L’Afrique est mal partie, Le Seuil, 254 p. Mathews J. A., 2008, Biofuels, climate change and industrial development: can the tropical South build 2000 biorefineries in the next decade?, Biofuels, bioprod. Bioref, 2, p. 103-125., M athews J. A., 2011, « Naturalizing capitalism: The next Great Transformation », Futures. Groupe de haut niveau du Secrétaire-général de l’ONU sur la viabilité mondiale, 2012, Pour l’avenir des hommes et de la planète : choisir la résilience, présentation générale, New York, Nations unies. Ncube M., 2011, L’Afrique dans 50 ans vers une croissance inclusive, Banque Africaine de développement, Tunis, Tunisie, disponible en ligne sur : http://www.afdb.org/fr/documents/, page consultée le 19 septembre 2012. Gozde Z. et Tatalovi M., 2012, L’ONU prône une meilleure intégration entre la science et la politique, SCIDEV, disponible ne ligne sur : http:// www.scidev.net/fr/, page consultée le 15 septembre 2012. Dickson D., 2012, Le leadership des pays en développement sera capital pour le développement durable, SCIDEV, disponible en ligne sur : http://www. scidev.net/fr/, page consultée le 15 septembre 2012. 88 Économies alternatives vers le développement durable... OCDE, 2009, La Bioéconomie à l’horizon 2030. Quel programme d’action ?, OCDE, 368 p. UNEP, 2011, Towards a Green Economy: Pathways to Sustainable Development and Poverty Eradication: A Synthesis for Policy Makers, disponible en ligne sur : http://www.unep.org/greeneconomy. Adoué C., 2007, « Mettre en œuvre l’écologie industrielle », Sciences & ingéniérie de l’environnement, Presses polytechniques et universitaires romandes, 106 p. The Natural Resource Charter, disponible en ligne sur : http://www. naturalresourcecharter.org, page consultée le 10 septembre 2012. Martin-Brelot, 2006, Tic et Territoires locaux dans une perspective de développement durable, l’expérience Rhizome – TV Fil 78 – Saint-Quentin-enYvelines, thèse de doctorat de l’université de Versailles, Saint-Quentinen-Yvelines, 325 p. Patterson R., « Preparing Sub-Saharan Africa for a Pioneering Role in Eco-industrial Development », Journal of Industrial Ecology, vol. 12, no 4, 2008, p. 501-504. Pearce D., Markandya A. et Barbier E. B., 1989, Blueprint for a Green Economy, London, Earthscan Publication Ltd. PCSD, 1996, Sustainable America. A New Consensus for Prosperity, opportunity and healthy Environement for the Future, ����������������� Washington D.C., Government Printing Office. PNUD, 2012, Rapport sur le développement humain 2011, Durabilité et équité : un meilleur avenir pour tous, UN Plaza, New York, NY 10017, USA, 202 p. Ratsialonana R. et al., juin 2010, Après Daewoo ? État des lieux et perspectives des appropriations foncières à grandes échelle à Madagascar, Observatoire du Foncier, CIRAD, 54 p. Cotula L., 2011, Acquisitions foncières en Afrique : que disent les contrats ?, IIED, Londres, Royaume-Uni. 89 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale 90 La participation de la jeunesse à la gouvernance mondiale de l’environnement Etienne TSHISHIMBI Introduction La gouvernance mondiale se distingue comme un ensemble de règles d’organisation qui régissent les sociétés humaines à l’échelle planétaire. Cela instruit sur l’incapacité des États à faire face aux nouvelles données de la mondialisation, et leur insuffisance à assurer les tâches de régulation économique, sociale et environnementale. Les modèles de gouvernance et les défis environnementaux imposent de repenser les formes de régulation et d’associer de nouvelles parties prenantes. À l’opposé du système de gouvernement classique où seules les autorités politiques nationales ont la gestion des biens et du patrimoine public. Le préambule de la Charte européenne révisée définit la participation des jeunes à la vie locale et régionale : « Participer et être un citoyen actif, c’est avoir le droit, les moyens, la place, la possibilité et, si nécessaire, le soutien voulu pour participer aux décisions, influer sur elles et s’engager dans des actions et activités de manière à contribuer à la construction d’une société meilleure ». La participation des jeunes est ainsi élargie, elle n’est pas uniquement circonscrite à la contribution politique, mais ouvre leur collaboration à d’autres processus décisionnels comme celui de l’environnement. La jeunesse des pays en développement, celle de l’Afrique centrale et de l’océan Indien, est souvent absente des grands débats autour du développement durable. Elle sera la première à subir les soubresauts de l’omission de ses spécificités dans ce secteur. La population totale de l’Afrique est formée d’environ 65 % de jeunes qui ont en dessous de 35 ans. La plupart d’entre eux vivent dans l’extrême pauvreté alors qu’ils sont assis sur des minerais et un écosystème qui peuvent et doivent servir à leur émancipation et leur développement. 91 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale Pour une meilleure appréhension de l’articulation entre les facteurs économiques, sociaux, environnementaux et technologiques dans une perspective de développement durable, il est important d’y associer les populations juvéniles à la prise de décision environnementale afin que les réussites d’aujourd’hui ne soient pas à l’origine des problèmes de demain. La gouvernance mondiale se pose dans un contexte de « globalisation » avec un accroissement des interdépendances entre les sociétés humaines et la biosphère. Il convient de gérer l’hétérogénéité des préférences collectives, la montée des problèmes globaux (changement climatique, pollution marine, réduction et extinction des ressources naturelles et de la biodiversité). Dans un monde où le capitalisme libéral produit de plus en plus de richesses pour une certaine élite, et où il a travaillé à orienter les fondamentaux de la gouvernance mondiale, il est plus que nécessaire aujourd’hui qu’une conscience civique émerge de la jeunesse. L’objectif est que cette jeunesse, au travers de la société civile, s’engage dans les processus décisionnels de gouvernance mondiale de l’environnement. Cette communication vise donc à montrer l’importance de la participation de la jeunesse dans la sphère décisionnelle mondiale de l’environnement, à travers l’élaboration d’un circuit. Ce périple passe par son action pour la vie environnementale de sa communauté, à travers sa participation citoyenne, l’anticipation par la réappropriation de son histoire et la pérennisation. Ce parcours permettra à la jeunesse de pleinement participer à la redéfinition des socles de la gouvernance mondiale de l’environnement et d’être une force de propositions. 1. La participation citoyenne de la jeunesse Dans la perspective d’un changement d’approche, il est important que les jeunes travaillent à établir le panorama de l’environnement dans cette partie du continent. 92 La participation de la jeunesse à la gouvernance mondiale de l’environnement L’un des champs d’actions sera la lutte contre les faits et les comportements nuisibles à l’environnement par l’éducation des différentes franges de la population. Les jeunes seront invités à œuvrer à des actions de sensibilisation pour une exploitation forestière responsable, une non-urbanisation des poumons verts des différentes villes, la pollution sonore. L’autre action sera de mettre en place un programme qui fait l’inventaire des ressources minières, biologiques et énergétiques et qui permet aux jeunes d’en prendre pleinement conscience afin que cela soit un levier pour le développement. L’action des exploitants forestiers clandestins qui ne se conforment jamais aux règles et normes établies et le manque d’adaptation au monde urbain, car une translation des comportements ruraux a été faite dans le cadre citadin, représentent des obstacles à cet engagement. Enfin, l’état du réseau routier dans la plupart des pays de l’Afrique centrale peut être mis en cause. Cet engagement aura pour effet de renforcer les capacités organisationnelles des jeunes, et leur permettra de travailler aux côtés de l’État et de la société civile, à développer et à mettre en œuvre des politiques et des plans détaillés, intégrés et intersectoriels de développement de la jeunesse avec un fort axe environnemental. Les perspectives de la jeunesse seront incorporées de manière efficace dans la conception, la mise en œuvre et le suivi des objectifs et des priorités de développement durable de toute la communauté. La vision la plus forte sera d’introduire le débat environnemental sur la scène politique et dans les différents médias. Une plus grande confiance en eux, pour une meilleure participation à la préservation de l’environnement, l’Objectif du millénaire pour le développement (OMD n° 7). 2. L’anticipation Allez dans le passé pour puiser les éléments qui permettront d’offrir à la gouvernance mondiale de l’environnement aujourd’hui une nouvelle perspective. 93 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale L’exemple du royaume de Kongo est pertinent. À sa découverte par les Européens, il paraissait une œuvre digne d’admiration. Géographiquement le royaume englobait l’Angola, une partie de la RD Congo, du Congo Brazzaville, du Gabon et des traces actuelles remontent jusqu’en Guinée Équatoriale. Le royaume était une diversité culturelle, fondée sur ses trois foyers Kongodia-Mpangala, Kongo-dia-Malaza et Kongo-dia-Mpanza. L’équilibre était constitué par la complémentarité entre ses trois entités. Les différentes entités contribuaient à la prospérité et au bien-être de tous les habitants du royaume. Le Kongo-dia-Mpangala était une immense plaine avec plusieurs mines et minerais de fer. Le Kongo-dia-Malaza avait un relief varié de plaines, de montages et de vallées, une hydrographie abondante. Le Kongo-dia-Mpanza assurait la tranquillité du royaume et défendait ses frontières, c’était le territoire d’installation de ses armées. Pour cela il faut vaincre la non-acceptation de l’identité africaine car aujourd’hui elle se définit par rapport au Nord, en omettant ses origines, ses valeurs culturelles et morales. Elle tire sa force de son passé qui a toujours été présenté comme sombre et limité aux quatre siècles et demi de traite négrière, avec son lot de souffrances indescriptibles, de discriminations, de persécutions innommables. En remontant plus loin dans l’histoire, on découvre la civilisation égyptienne avec ses Pharaons noirs et ses pyramides. Il faut combattre le processus insidieux d’aliénation scientifique qui vise à garder la communauté noire dans l’ignorance face aux contributions des peuples africains et de la diaspora aux progrès, aux bonds scientifiques et technologiques effectués par l’humanité. Une bonne connaissance de l’histoire conduira à revaloriser la pharmacopée afin qu’elle aussi participe à traiter et soigner les maladies émergentes au travers des écorces de la biosphère que l’homme aura su préserver. 94 La participation de la jeunesse à la gouvernance mondiale de l’environnement Les grands empires anciens (Babyloniens, Perses, Grecs et Romains) se sont servis de l’organisation de leur prédécesseur pour se constituer un socle. Le rétablissement du lien avec l’histoire fera du jeune un des acteurs du progrès environnement en vue de la croissance économique, au moyen de la situation de sa créativité. La stimulation et la valorisation des objets anciens par les jeunes en vue de les vendre augmenteront la part de l’Afrique dans le commerce mondial équitable. La prise en compte de la culture en tant que quatrième dimension transversale du développement durable à côté des trois autres dimensions économique, sociale et environnementale. 3. La pérennisation Dans l’objectif de s’inscrire dans la durée, les jeunes doivent être des acteurs dans le processus décisionnel de la gouvernance mondiale de l’environnement pour influencer le développement. Cette action peut-être le partage du pouvoir avec les jeunes concernant la gestion des ressources naturelles à tous les niveaux des États. Les jeunes doivent jouer un rôle actif dans le processus d’élaboration des politiques publiques en général. Et spécifiquement dans les politiques environnementales pour faire évoluer les démocraties, vers des démocraties qui assurent un engagement public à deux échelles entre le gouvernement et les citoyens et entre les citoyens eux-mêmes. Une autre action sera un partenariat sur l’écoconception et l’intégration de l’environnement dans les produits et services pour et par les PME. Un des obstacles à cette participation peut être la présence dans les pays de régimes gouvernementaux très forts qui favorisent la néocolonisation de nos ressources. Ainsi, les richesses qui pouvaient être allouées à l’engagement des jeunes dans ses mécanismes sont absentes. Les ressources naturelles permettent de financer une rébellion, et de la rendre même séduisante pour les jeunes avec son lot d’enfants et ses jeunes soldats. 95 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale Au titre des résultats, peuvent être consignés : une bonne redistribution des terres afin d’éviter des conflits territoriaux comme dans la région des grands lacs ; un meilleur compte rendu dans la gestion des ressources publiques et privées pour l’environnement ; la mise en œuvre concrète de la responsabilité sociétale d’entreprise et enfin le développement de l’économie verte. Les jeunes dans cette sphère participeront avec hardiesse à la mise en place du partenariat mondial pour le développement (OMD, n° 8). Conclusion La jeunesse africaine doit contribuer à la construction d’une nouvelle gouvernance mondiale de l’environnement au moyen de sa participation citoyenne, de l’anticipation en allant puiser dans son passé les ressources pour son prochain succès et en assurant la pérennisation de son action par son concours au processus décisionnel de ce secteur. La participation de la jeunesse avec des valeurs comme l’intégrité, la frugalité, la vérité, l’équité permettront d’élaborer un nouveau modèle dans la gouvernance mondiale de l’environnement qui prendra en charge la conscience humaine. Les jeunes, ne peuvent-ils pas être au fait des réalités des autres parties de la communauté et manifester l’équilibre solidaire comme dans le royaume Kongo ? L’élite dirigeante ne peutelle pas, par la présence des jeunes, être conduite à faire vivre la planète selon ses besoins et non selon ses envies ? Dans un monde où l’idéologie capitaliste fait place à plus de profit, l’approche participative des jeunes va non seulement conduire à un engagement environnemental de ses pairs mais aussi d’autres femmes et hommes à travers de nouveaux instruments philosophiques pour sous-tendre leurs actions. La communauté doit faire respecter les règles qui assurent au monde la symbiose au travers des règles équitables et justes en garantissant l’écoute pour tous. 96 La participation de la jeunesse à la gouvernance mondiale de l’environnement L’ère environnementale ne peut se faire sans la jeunesse africaine. L’Afrique a subi les résolutions de la Conférence de Berlin de 1885 et il n’en saurait être de même aujourd’hui. La participation de la jeunesse à la gouvernance mondiale de l’environnement va conduire à la mise en œuvre du thème « Francophonie, enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale » du xive Sommet de la Francophonie de Kinshasa. La jeunesse devra utiliser au maximum toutes les potentialités offertes par les Technologies de l’information et de la communication (TIC) pour mettre en place et développer une « Académie virtuelle pour l’environnement (AVIE) en Afrique », afin d’assurer une culture civique environnementale dans toute la communauté. La production d’un contenu Web sur les questions environnementales sera un projet mené par les jeunes. Un réseau virtuel et physique de plaidoirie des jeunes sur les problématiques environnementales. Il faudra veiller à ce que le processus de libéralisation des services essentiels (eau, énergie, télécommunications, santé, transport, etc.) tienne compte des impératifs du développement durable et des besoins des plus démunis. En utilisant la symbiose de la participation citoyenne, de l’anticipation et de la pérennisation dans l’environnement, les jeunes vont conduire le continent vers le véritable développement durable pour une indépendance totale. 97 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale Références bibliographiques Bazabana J. J. M., « Le royaume du Kongo : une expérience positive de gouvernance politique et économique en Afrique », conférences structurantes du 3e Festival mondial des arts nègres, Dakar, 10 au 31 décembre 2010. Fondation Konrad Adenauer, CESTI, « Le défi de l’environnement », Les Cahiers de l’Alternance, no 12, 2009. http://aydac2012.org/app/Call_for_Regional_Coordinators.pdf, (page consultée le 8 octobre 2012). http://www.unep.org/greeneconomy/Portals/88/documents/ger/ GER_synthesis_fr.pdf, (page consultée le 10 octobre 2012). http://rio20.net/wp-content/uploads/2011/04/modele_doc1_fr.pdf, (page consultée le 8 octobre 2012). http://www.iepf.org/docs_prog12/Appel_de_Lyon_vf.pdf, (page consultée le 11 octobre 2012). 98 Chapitre II ENVIRONNEMENT Le développement durable face à la diversité culturelle. Regard sur la part du pluriculturalisme dans les échecs des actions de développement durable au Nord-Cameroun Habmo BIRWE Introduction Le développement durable est aujourd’hui le modèle de développement économique et social le plus vulgarisé dans le monde. Il est à l’œuvre dans plusieurs milieux pluriculturels où vivent des entités ethniques aux traditions et cultures différentes. La réflexion sur les actions de développement durable dans les localités multiculturelles est une actualité brûlante. Elle permet d’interroger l’impact du pluriculturalisme sur les défis économiques et environnementaux de plus en plus nombreux aujourd’hui. Cet article soulève plusieurs problématiques : en quoi la diversité culturelle peut-elle être un obstacle ou un facteur de réussite pour un projet de développement durable ? Comment les actions de développement peuvent-elles être durables dans les localités façonnées par le pluralisme socioculturel à l’instar des régions du Nord-Cameroun caractérisées par une diversité de peuples, de langues et de religions ? Partant d’une autopsie des échecs des projets de développement durable mis en œuvre au Nord-Cameroun, cette analyse entend apporter des éclairages à ces interrogations fondamentales. Il convient donc d’insister sur la diversité culturelle qui peut causer les échecs des actions de développement durable dans les localités où cohabitent des entités ethniques aux coutumes et représentations différentes, puis de présenter un ensemble de recommandations, de stratégies efficaces, d’idées neuves et créatrices pouvant aider les professionnels du développement à faire du pluriculturalisme le garant de la réussite et de la durabilité de tout développement effectué au sein d’un univers multiculturel. 99 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale 1. Nord-Cameroun : les actions de développement durable à l’épreuve du pluriculturalisme La diversité des cultures et des traditions d’une région donnée peut énormément y compromettre le succès de toute action de développement. En milieu pluriculturel, préserver l’environnement ou réduire la pauvreté de manière générale constitue un pari difficile à gagner car plus la diversité culturelle d’une région est élevée, plus elle devient un handicap pour la réussite des actions de développement. Cette confrontation entre pluriculturalisme et développement durable, souvent ignorée, peut ralentir, voire faire échouer tout effort de développement. Au Nord-Cameroun, les échecs des actions de développement durable sont dus à la non-considération de sa diversité culturelle. En effet, le Nord-Cameroun a bénéficié de nombreux projets d’« aide au développement ». Parmi eux, le projet « Sahel vert », le projet baptisé « Nord-Est Bénoué » et le projet intitulé « Conservation de la biodiversité dans les parcs nationaux du Faro et de Bouba Njidda et leurs zones rattachées » (zones cynégétiques). 1.1- Le projet « Sahel vert » : une réalisation compromise par la diversité culturelle Lancée au Nord-Cameroun en 1977 (puis relancée en 2008), l’opération « Sahel vert » a connu d’énormes difficultés liées à la non-prise en compte de la diversité culturelle des localités où elle est exécutée. En effet, dans le cadre de cette action, il est question de limiter l’avancée du désert par un reboisement systématique dans les trois régions du Grand-Nord Cameroun. Mais aujourd’hui, le bilan n’est pas à la hauteur des efforts et des moyens financiers consentis. Les paysans sont enrôlés dans le projet sans souci de représentativité ethnique et sans une réelle mobilisation communautaire. Pire la majorité des planteurs engagés dans cette opération de reboisement venaient des régions bien éloignées des zones écologiques concernées et notamment du Sud-Cameroun. Quelque temps après, certaines ethnies autochtones (Tupuri, . 100 Le Grand-Nord du Cameroun désigne ici les trois régions septentrionales du Cameroun à savoir : l’Adamaoua, le Nord et l’Extrême-Nord. Le développement durable face à la diversité culturelle. Massa, Guidar, Mundeng, Mafa), mécontentes d’avoir été mises à l’écart, déracinaient ces jeunes plantes pour en faire leur bois de chauffe. Actuellement, les quelques plantes qui ont survécu subissent une coupe systématique. C’est le cas de la réserve forestière de N’Gaoundéré. On comprend dès lors qu’il s’agit là d’une cuisante défaite. Il y a eu « vice de procédure » notamment la non-prise en compte de la structuration ethnique de la région par le staff du projet (le gouvernement camerounais et les bailleurs de fonds). L’insuccès du projet « Nord-Est Bénoué », montre aussi la difficulté de rendre compatible le développement durable avec le pluriculturalisme. 1.2- Le projet « Nord-Est Bénoué » : un projet qui subit les effets du pluriculturalisme Le projet « Nord-Est Bénoué » (NEB) est le plus important des projets de développement durable dont a « bénéficié » la région du Nord, au Cameroun. C’est en 1973 que le projet voit le jour, avec pour principal objectif d’orienter les migrations vers la zone dite « NEB », périmètre d’une superficie de 6 680 km2, peu peuplé, à bon potentiel agricole assurant d’énormes possibilités pour la culture du coton. Cette zone doit permettre l’installation de nombreux migrants, l’amélioration de leurs conditions de vie par le biais entre autres de la culture du coton. Dans la réalisation de ce projet de développement durable, le problème rencontré, ou mieux ignoré a été et reste la méconnaissance de la diversité ethnique du milieu dans lequel le staff du projet a travaillé. En effet, le projet dont les objectifs étaient l’amélioration des conditions de vie des migrants par la défense de l’environnement et la protection de l’équilibre écologique a généré de multiples confrontations interethniques compromettant par là même sa réussite. Ainsi, « en faisant coexister sans médiation préalable de multiples ethnies aux religions et mœurs diverses sur un territoire soumis au contrôle des autorités traditionnelles musulmanes (les lamidos), le projet a en réalité créé une zone caractérisée par de . L’auteur fait allusion à la seule région du Nord dont le chef-lieu est la ville de Garoua. 101 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale nombreuses tensions sociales » qui font aujourd’hui échouer toutes les actions dudit projet. Par ailleurs, l’augmentation incontrôlée du nombre des migrants, leur concentration dans certaines zones du projet, la mise en œuvre répétée des pratiques culturales non conservatrices des sols, le défrichement irrationnel de la forêt et la coupure incontrôlée du bois ont des conséquences irréversibles sur l’environnement du périmètre NEB dont certaines zones sont déjà totalement dégradées. Ainsi, comme nous pouvons le constater, faute d’un travail préalable de médiation interculturelle, le projet NEB s’illustre aujourd’hui par un échec affiché. Toujours dans le même sillage, un autre projet de développement durable réalisé dans le Nord-Cameroun présente un bilan tout aussi mitigé. 1.3- L’impact du pluriculturalisme sur le projet « Conservation de la biodiversité dans les parcs nationaux du Faro et Bouba Njidda et leurs zones rattachées » (zones cynégétiques) Démarré en 2005, le projet a pour finalité d’« accompagner et de soutenir les dynamiques sociales et les formes de valorisation économiques susceptibles de contribuer à la gestion viable et à la conservation des ressources fauniques et touristiques des parcs nationaux du Faro et de Bouba Njidda et leurs zones rattachées » (zones d’intérêt cynégétiques). Cependant, après quelques années d’activités, le projet affiche un bilan sérieusement mitigé. En effet, ce projet, sans le remettre en cause, a malheureusement négligé un élément pourtant fondamental : la diversité culturelle qui façonne les périphériques des aires protégées (parcs nationaux du Faro et Bouba Njidda). Ainsi, les multiples ethnies n’étaient pas toutes impliquées dans sa mise en œuvre. Résultat, les financements accordés au projet n’ont pas perceptiblement contribué à l’amélioration du sort des populations concernées et « n’ont pas modifié leur approche destructive des aires protégées, à commencer par l’insidieuse et . Meneault M. N., 2010, Lagdo « L’Impact socio-environnemental d’une réalisation mal maîtrisée », N’Gaoundéré-Anthropos, p. 9. . Rapport de présentation du projet, Conservation de la biodiversité dans les parcs nationaux du Faro et Bouba Njidda et leurs zones rattachées, Garoua, juin 2003, p. 2. 102 Le développement durable face à la diversité culturelle. permanente déforestation qui ne fait que s’amplifier». L’intérêt de faire participer toutes les entités ethniques sans distinction de religions, de cultures et traditions à la lutte contre l’extinction des espèces végétales et animales, ou même contre la désertification, a échappé totalement à l’administration du projet qui semble ignorer le poids des différences ethniques qui prévaut dans cette localité. Il fallait ainsi commencer par la mobilisation de toutes les tribus qui peuplent la zone accueillant le projet car ce sont ces entités qui constituent « les fondations d’une conservation durable de la biodiversité ». Fort du constat qui se dégage de cet article, il est indispensable aujourd’hui de proposer un ensemble de méthodes et des stratégies pouvant faire de la diversité culturelle la clef du succès de toutes les actions de développement durable dans les régions pluriculturelles. 2. Pour une diversité culturelle au service du développement durable : les conditionnalités La diversité culturelle peut énormément apporter aux actions de développement durable dans une région donnée. Cependant, pour arriver à faire de la diversité culturelle une garante de la durabilité et de la réussite d’une action de développement, plusieurs méthodes et stratégies sont indispensables. 2.1- L’analyse du pluriculturalisme d’une région précède la mise en œuvre de toute action de développement durable Pour que la diversité culturelle d’une localité cesse d’être un handicap, les professionnels du développement doivent effectuer une étude froide (scientifique) de celle-ci avant la mise en action de tout projet de développement durable. Une analyse de la diversité culturelle permettra au préalable de comprendre la . « Étude pour la détermination des capacités de charge humanitaire et pastorale de la zone périphérique du lac de Lagdo », MEADEN/FED-Informatiques, juin 2010. . Lire à propos Weber J., 2002, Johannesburg. Sommet mondial du développement durable : Quels enjeux ? Quelles contributions des scientifiques ?, CIRAD et Institut français de la biodiversité, p. 6. 103 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale structuration ethnique de la région pour une représentativité équitable dans les activités du projet. Ce n’est qu’en effectuant cette étude qu’on peut « forger un développement durable qui veuille donner à toutes les ethnies d’une localité une vie sécurisée dans un climat de fraternité et de convivialité » (Motazé, 2009, p. 76). 2.2- . 104 La valorisation de la diversité culturelle : une source de réussite pour les actions de développement durable dans une région donnée Un des facteurs de réussite d’un projet de développement en milieu pluriculturel est la valorisation et la reconnaissance de la diversité culturelle de ce milieu. La Déclaration de Rio sur l’environnement et le développement le souligne en ces termes : « Les populations et communautés autochtones et les autres collectivités locales ont un rôle vital à jouer dans la gestion de l’environnement et le développement du fait de leurs connaissances du milieu et de leurs pratiques traditionnelles. Les États devraient reconnaître leurs identités, leurs cultures et leurs intérêts, leur accorder tout l’appui nécessaire et leur permettre de participer efficacement à la réalisation d’un développement durable ». Cet effort de mise en valeur des réalités culturelles doit s’effectuer avant, pendant et après le projet pour que la diversité sociolinguistique favorise une cohabitation interculturelle conviviale autour du projet. La promotion de la diversité culturelle doit donc s’opérer à travers l’organisation des manifestations et événements culturels où toutes les ethnies, toutes les cultures se sentiront impliquer et doter de valeurs. La conception, l’organisation et l’animation de ces rencontres culturelles et artistiques sont importantes car comment comprendre, conserver ou développer durablement un milieu sans appréhender les cultures humaines qui la façonnent ? C’est en valorisant ainsi la diversité culturelle d’un milieu donné que cette dernière devient véritablement garante de la durabilité de tout développement. Principe 22 de la Charte de la Terre, Rio de Janeiro, juin 1992. Le développement durable face à la diversité culturelle. 2.3- La médiation interculturelle : facteur de réussite pour tout projet de développement durable en milieu pluriculturel La diversité culturelle en investissant le champ du développement peut avoir des incidences positives sur ce dernier si une médiation interethnique est effectuée pour mobiliser toutes les entités sociales autour des valeurs (altruisme, solidarité, vivre ensemble…) gages d’un développement durable. La mise en œuvre d’un projet de développement durable peut générer des bouleversements culturels profonds sources d’échec pour toute action de développement durable. Cependant, pour ne pas en arriver là, un effort de médiation doit être effectué afin de garantir une coexistence pacifique autour de tout projet de développement. En l’absence d’une médiation préalable, tout projet de développement aussi important soit-il peut facilement échouer dans une région caractérisée par les différences ethniques et religieuses. L’échec du projet NEB est évocateur à ce sujet. Une action de médiation permettra ainsi de lutter efficacement et durablement contre toutes formes de discriminations pour que diversité et pluralité soient des facteurs catalytiques d’un développement durable. Conclusion La diversité culturelle peut compromettre la réussite d’un projet de développement comme c’est le cas avec plusieurs actions de développement durable effectuées au Nord-Cameroun. En guise de recommandations, des stratégies ont été dégagées, pour aider les professionnels du développement à faire du pluriculturalisme une richesse devant impulser la réussite de toute action de développement durable car « la diversité culturelle représente la clef fondamentale de la pensée et de la mise en action du développement durable ». Les enjeux environnementaux et économiques peuvent être sérieusement complexifiés par la diversité culturelle si un effort de conscientisation et de valorisation n’est pas effectué au niveau de la gouvernance . « Diversité culturelle et biodiversité pour un développement durable », p. 21, Table ronde de haut niveau organisée conjointement par l’Unesco et le PNUE. 105 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale mondiale. Cependant, la gouvernance mondiale peut-elle relever les défis économiques et environnementaux partant de la promotion de la diversité culturelle si des énergies ne sont pas mobilisées à la base ? Références bibliographiques Charte de la Terre (Déclaration de Rio sur l’environnement et le développement), Rio de Janeiro, juin 1992. H erssens M. et B audouin M., 1993, Évaluation du Programme de développement rural dans le bassin de la Bénoué, université des Sciences Agronomiques de Gembloux, Belgique, 18 p. MEADEN/FED-Informatiques, 2010, Étude pour la détermination des capacités de charge humanitaire et pastorale de la zone périphérique du Lac de Lagdo, 55 p. Meneault M. N., Lagdo « L’Impact socio-environnemental d’une réalisation mal maîtrisée », N’Gaoundéré-Anthropos, 2010, 26 p. M otazé A., 2009, Le Social et le développement en Afrique, Paris, L’Harmattan. Rapport de présentation du projet, 2003, Conservation de la biodiversité dans les parcs nationaux du Faro et Bouba Njidda et leurs zones rattachées, Garoua, juin, 37 p. Unesco/PNUE, 2003, Diversité culturelle et biodiversité pour un développement durable, table ronde de haut niveau organisée conjointement par l’Unesco et le PNUE le 3 septembre 2002 à Johannesburg (Afrique du Sud) à l’occasion du Sommet mondial pour le développement durable, 60 p. Weber J., 2002, Johannesburg. Sommet mondial du développement durable : Quels enjeux ? Quelles contributions des scientifiques ?, CIRAD et Institut français de la biodiversité. 106 Énergies renouvelables, source sûre du développement durable ! Diane Tatyana NININAHAZWE Introduction L’énergie a toujours été le moteur du développement et ; jusqu’ici, celle largement utilisée sur la planète est en principe basée sur les combustibles fossiles qui contribuent de manière incessante à un réchauffement climatique aux conséquences dramatiques. Une transition urgente et profonde utilisant les énergies renouvelables s’impose afin de lutter contre l’effet de serre, les rejets de CO2 dans l’atmosphère et faciliter la gestion raisonnée des ressources locales. Aujourd’hui, le monde entier est confronté au réchauffement climatique. Ce phénomène dû à la présence de GES, première cause de l’augmentation progressive de la température, est observable depuis la révolution industrielle. Les GES se condensent et forment une couche qui bloque les rayons solaires réfléchis vers l’espace, qui n’ont plus de choix que de se transformer en chaleur entraînant des changements climatiques. Toutefois, l’on ne peut évoquer ces changements sans en imputer les causes à l’homme, principal acteur des émissions de GES, résultant de la combustion des combustibles fossiles (pétrole, charbon et gaz naturel), matière première de l’industrie chimique et source d’énergie la plus utilisée dans le monde. Ces différents combustibles sont riches en carbone et dégagent donc du CO2 (dioxyde de carbone) qui pollue l’atmosphère. Ces sources d’énergie ne sont pas renouvelables. Elles demandent des millions d’années pour se reformer et sont utilisées beaucoup plus rapidement que le temps nécessaire pour la reconstitution des réserves. Les changements climatiques, protéiformes, se manifestent entre autres par les conditions météorologiques extrêmes, perceptibles par tous. La sécheresse qui sévit dans la Corne de l’Afrique, les fortes précipitations et inondations que connaît l’Afrique de l’Ouest depuis 2008, la pénurie de la ressource en eau, l’extrême prévalence des maladies vectorielles et infectieuses surtout en Afrique, la réduction de la production agricole au Burundi et 107 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale ailleurs, la perte de la biodiversité et l’appauvrissement des écosystèmes en sont des illustrations concrètes. Comme le dit l’adage : « La nécessité est la mère de l’invention ». Dans le cas présent, la nécessité est la présence de l’air frais et pur dans l’atmosphère. D’après les climatologues, le niveau actuel du CO2 est de 392 ppm (parties par million) alors que la limite maximale saine que l’atmosphère peut contenir n’est que de 350 ppm. Il est évident que l’homme doit inventer des systèmes permettant de réduire ses émissions de CO2, de 42 ppm sinon, plus. Les changements climatiques constituent un problème d’une ampleur cruciale pour le monde. Si les grands émetteurs de gaz à effet de serre sont les pays du Nord et pour les décennies à venir les pays émergents, leurs conséquences sont plus ressenties dans les pays en développement. Les pays en voie de développement, principalement africains, subissent les lourdes conséquences des effets des changements climatiques qu’ils n’ont pas provoqués et qui plus est, sont privés de moyens d’adaptation, ce qui aggrave leur vulnérabilité. Malheureusement, ils empruntent la même voie de développement et commettent les mêmes erreurs que les pays développés en utilisant les sources d’énergies fossiles qui connaissent un épuisement progressif et surtout aux conséquences climatiques sévères. Avec les énergies renouvelables, il est désormais fort possible de concilier satisfaction des besoins énergétiques et protection de l’environnement. Pour ce faire, il convient de recourir aux différentes sources d’énergie renouvelables, mais aussi trouver le moyen de mieux consommer les combustibles ou l’électricité disponible qui fait l’objet de l’efficacité énergétique. Cette démarche permet de préserver les ressources en énergie et représente l’un des moyens majeurs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Après avoir rappelé les enjeux et défis que pose la question du changement climatique et les potentialités d’accéder à la résolution, l’article présente le rapport qui lie énergies 108 Énergies renouvelables, source sûre du développement durable ! renouvelables et développement durable, les défis et les enjeux des pays en développement face aux nouvelles technologies énergétiques et enfin suggère les pistes de solutions. 1. Pourquoi recommander l’énergie renouvelable ? L’objectif du développement durable est de définir des schémas viables qui concilient les trois aspects économique, social et écologique des activités humaines. Les énergies renouvelables présentent des atouts majeurs qui peuvent facilement y répondre grâce à leur nature, car elles sont issues directement de phénomènes naturels, réguliers ou constants liés à l’énergie du soleil, du vent, de la terre ou de la gravitation. 1.1-Écologiquement indispensable Notre planète ne peut plus absorber nos émissions de GES. Les changements climatiques en cours le prouvent. Nous devons recourir à des énergies qui n’émettent pas (ou très peu) de GES. C’est le cas des énergies renouvelables : • l’éolien, le solaire et l’hydraulique n’émettent pas de GES ; • le recours au bois en émet un peu (30 à 40 g de CO2 par kWh). Mais pendant sa croissance, l’arbre en a consommé tout autant. Le bilan final est donc neutre ; • les centrales géothermiques émettent en moyenne 55 g de CO2 par kWh, mais c’est toujours moins que le charbon ou le pétrole (autour de 200 g) et ces émissions peuvent être réduites. Les énergies renouvelables sont des énergies très faiblement émettrices de GES. Comme le nucléaire, diront certains. Mais à la différence du nucléaire, elles sont inépuisables, ne produisent que très peu de déchets et le risque de catastrophe est incomparable. Elles ne mettent pas en danger l’environnement et la santé humaine. Les énergies renouvelables permettent en plus de produire de façon décentralisée, parfois au niveau de l’habitation. Cela évite les pertes dues aux transports d’énergie. Cela permet d’adapter la production aux besoins. À l’inverse, notre système actuel est énergivore. Il est fondé sur de grandes centrales thermiques et un réseau centralisé. Il manque de souplesse et entraîne de considérables pertes d’énergie et d’argent. 109 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale 1.2- Technologiquement possible Les énergies renouvelables sont pratiquement inépuisables et accessibles partout. À l’heure actuelle, le Burundi commence à avoir recours à l’énergie solaire, l’hôpital Roi Khaled, un des grands hôpitaux de Bujumbura qui est actuellement alimenté énergétiquement par des panneaux solaires en est un exemple tangible. 1.3-Économiquement rentable Le développement des énergies renouvelables représente un coût certain, mais amorti : 2. • ces énergies étant inépuisables, elles ne feront jamais défaut (ce qui n’est pas le cas avec les énergies fossiles) ; • elles n’imposent aucun achat à la source, peu de traitement de déchets après usage et donc entraînent moins de frais ; • elles sont performantes en termes de rendement (60 à 90 % pour la petite hydraulique contre 30 à 35 % seulement pour le nucléaire) : il n’y a que peu de pertes ; • ces énergies sont réparties sur tout le territoire et fortement créatrices d’emplois ; • elles font appel à une main-d’œuvre de proximité et relancent des activités parfois en perte de vitesse (comme dans la filière bois). Les défis En Afrique, le potentiel des ressources en énergies renouvelables (particulièrement pour les applications électriques) est loin d’être pleinement exploité, essentiellement en raison des faibles moyens des États ; et les multinationales ayant secondé les pouvoirs publics grâce à la privatisation des sociétés d’énergie investissent très peu. Le matériel devenu obsolète ne répond plus à la demande sans cesse grandissante d’où les délestages constatés ici et là. Pourtant, ces technologies renouvelables et d’autres pourraient apporter une contribution significative et jouer un rôle d’importance croissante dans l’amélioration de 110 Énergies renouvelables, source sûre du développement durable ! la sécurité énergétique et de l’accès à des services énergétiques modernes, tout en renforçant le développement du secteur de l’énergie. Même si les estimations théoriques du potentiel technique des énergies renouvelables en Afrique sont très élevées, les décideurs devraient adopter une approche pragmatique et privilégier les potentiels qui peuvent être exploités en recourant aux technologies parfaitement éprouvées et commercialement viables qui sont compétitives par rapport aux options conventionnelles. Dans une perspective de protection du climat, la promotion des énergies renouvelables sur le continent devrait trouver écho auprès des décideurs. Conclusion L’article propose une série de technologies à mettre en œuvre pour pouvoir atténuer et s’adapter aux effets néfastes des changements climatiques. Cependant, la plupart d’entre elles nécessitent de gros investissements que plusieurs pays prétendent n’être pas en mesure de financer à eux seuls, étant donné les moyens techniques et financiers dont ils disposent. Le renforcement de la coopération internationale pour générer plus d’investissements dans le secteur énergétique vert s’avère indispensable. Le fondement des mesures d’adaptation tire son profit sur le rapport coût/bénéfice ou coût/efficacité. En effet, les dépenses qui seront affectées dans les stratégies aux fins de l’adaptation aux effets néfastes des changements climatiques couvriront les coûts qui seront évités en ce qui concerne les soins médicaux en cas de maladies et les pertes de productivité dans les différents secteurs de la vie économique du pays. Il ne faut pas attendre mais agir impérativement maintenant, changer de modes de vie, de façon de produire et consommer. Repousser les décisions à plus tard, c’est se condamner à subir des changements dramatiques : la planète ne pourrait plus répondre aux besoins des hommes et les équilibres politiques, économiques et sociaux seraient dangereusement bouleversés. 111 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale 112 La vulnérabilité des villes côtières des pays du Golfe de Guinée : le cas de l’Île Mandji Ferdinand DITENGOU MBOUMI Introduction Les changements climatiques créent souvent des situations de catastrophes telles que l’inondation, l’érosion côtière, la désertification. Ces phénomènes sont aggravés par une démographie galopante, à l’urbanisation incontrôlée et à la dégradation de l’environnement. En effet, la poussée démographique s’explique dans la plupart du temps par un déplacement de la population rurale vers les grandes villes. Cette couche de la population, en quête d’une meilleure situation économique et sociale, s’installe dans des zones souvent exposées à toute sorte de problèmes. Chaque jour apporte la preuve que non seulement certains pays sont touchés de manière démesurée par ces phénomènes et leurs effets, mais aussi que l’absence de développement accroît encore la vulnérabilité des personnes aux risques. Le changement climatique menace tous les pays, mais ses effets sont particulièrement dévastateurs dans les pays en développement. Selon les estimations de la Banque mondiale, ceux-ci devraient assumer entre 75 % et 80 % du coût des dommages causés. Ce phénomène risque notamment de modifier la morphologie des pays côtiers, notamment la côte gabonaise et d’entraîner la disparition de certaines villes situées le long de son littoral. Pour lutter contre ces dégâts prévisibles, le Gabon comme tous les autres pays riverains de l’Atlantique a élaboré une stratégie nationale d’adaptation de son littoral face aux changements climatiques. 1. Stratégies régionales Les climatologues sont unanimes, ils affirment qu’avec la montée du niveau de la mer de nombreuses îles et autres localités situées le long de la côte vont partiellement, voire complètement disparaître d’ici quelques années. À ce propos, les chercheurs s’accordent désormais sur cette réalité qu’il va falloir affronter et l’importance de ce phénomène estimant que, depuis la fin 113 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale du xixe siècle, le niveau moyen des océans s’est élevé d’environ 12 cm. La zone littorale constitue le support de l’avenir démographique et économique des États côtiers du fait de la forte concentration humaine et de ressources, ainsi que de potentialités qu’elle offre. En effet, c’est à proximité du littoral que près des 3/4 de la population mondiale a choisi de résider. À l’initiative de l’Union économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest (UEMOA) et réalisée par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), une étude de « Suivi du trait de côte et élaboration d’un schéma directeur du littoral Ouest africain », a démontré effectivement que cette frange littorale concentrerait aujourd’hui environ 56 % du produit intérieur brut (PIB) total des pays côtiers, soit 21 % du PIB rural et 76 % du PIB urbain total. Ces estimations soulignent l’importance stratégique de l’espace littoral, où se concentre l’essentiel de l’activité moderne. Ces données moyennes doivent toutefois être relativisées s’il s’agit de caractériser cet ensemble côtier, qui reste d’abord marqué par ses forts contrastes. Seulement, cette étude qui concerne 11 pays côtiers de l’Afrique de l’Ouest à savoir la Mauritanie, le Sénégal, la Gambie, la Guinée Bissau, la Guinée, la Sierra Leone, le Liberia, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Togo et le Bénin révèle que, l’Afrique de l’Ouest figure parmi les régions les plus vulnérables au monde à cause de la morphologie des côtes et du manque de stratégie efficace de lutte contre l’érosion côtière. Ce qui fait que d’ici à l’an 2100, toutes les villes côtières de l’Afrique de l’Ouest risquent d’être englouties par l’océan du fait de l’érosion côtière, l’avancée de la mer et le changement climatique si rien n’est fait. Soit environ 9 780 km de côte de la Mauritanie au Bénin. Selon les différents modèles envisagés, les océans pourraient s’élever de 15 à 80 cm d’ici 2100. L’évolution de ces phénomènes climatiques pourrait avoir de sérieuses conséquences. Il s’agit notamment des pertes en vies humaines, les inondations, les vagues de chaleur, l’accélération de l’érosion des côtes et aggravation des dommages aux ouvrages et bâtiments côtiers, l’augmentation des pertes de biens et d’infrastructures, etc. . 114 Sud Quotidien, du 25 mai 2011. La vulnérabilité des villes côtières des pays du Golfe de Guinée :... Depuis ces dernières années, la côte africaine est particulièrement exposée à l’érosion. Dans certains pays, par exemple, au Bénin, de nombreux quartiers de la capitale (Cotonou) ont dû être évacués. L’intrusion d’eau marine salée dans les nappes phréatiques des zones littorales provoque une salinité accrue des sols et donc une perte de fertilité. Avec la recrudescence des cyclones et autres ouragans, ces phénomènes inhabituels et dévastateurs qui jouent un rôle primordial dans l’équilibre énergétique de la planète, entraînent d’énormes dégâts et sont responsables de la mort des dizaines de milliers de personnes chaque année. D’après les études réalisées par de nombreux experts à travers le monde sur les risques littoraux, plus de 50 % des rivages du globe terrestre reculent, et les États-Unis seraient particulièrement menacés dans la mesure où ils perdraient chaque année entre 300 à 400 millions de dollars en raison du repli de leurs côtes. Devant cette situation, de nombreux pays côtiers de la façade atlantique, sont en train d’élaborer des stratégies d’adaptation de leur littoral face aux changements climatiques. Le Gabon qui dispose du plus grand linéaire côtier dans le Golfe de Guinée, avec 950 km devant le Nigeria : 880 km et le Ghana : 570 km ; vient de valider sa stratégie nationale. Elle préconise une adaptation de la société aux conséquences des changements climatiques, la prise en compte de ces phénomènes, de la pression anthropique et de l’anticipation de ces effets sur l’environnement et sur l’homme, afin d’apporter des solutions d’atténuation et d’adaptation. 2. La problématique de l’érosion côtière au Gabon Depuis peu, la situation est beaucoup plus préoccupante car de nombreuses zones côtières sont déjà confrontées à l’accélération de ce phénomène. En effet, la zone littorale du pays qui correspond à environ 10 % du territoire national connaît une forte concentration humaine, elle réunit près de 70 % de la population et ce taux pourrait atteindre les 85 % en 2015, selon le ministère de l’Économie. Elle est également, la partie la plus fragilisée par les activités anthropiques. 115 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale La côte gabonaise, tout comme les autres côtes des pays du Golfe de Guinée, mérite une surveillance accrue qui devra se traduire par la mise en œuvre de programmes de suivi régulier du trait de côte en vue de compléter les données et de faciliter le développement d’une étude de vulnérabilité et d’adaptation. L’évolution du climat aura des conséquences sur tous les territoires des pays côtiers y compris le Gabon, plus particulièrement le littoral de l’Île Mandji, dans l’Ogooué-Maritime. La ville de Port-Gentil, capitale économique du Gabon, est à ce titre la plus exposée. Devant cette situation, les spécialistes ont tiré depuis fort longtemps la sonnette d’alarme face à la dégradation de cet écosystème dont les solutions alternatives tardent toujours. Les spécialistes de la question proposent désormais de régler le problème de manière plus radicale avec, par exemple, la construction d’un barrage titanesque. Et il y a de quoi s’inquiéter, car selon un spécialiste de la question, dans les années 1960, le phare du Cap Lopez, par exemple, était à peu près à 230 mètres du trait de côte. Aujourd’hui, cet établissement de signalisation maritime est complètement dans l’eau. Cela représente environ 4,60 mètres de largeur de terres perdues chaque année en moyenne. À cela s’ajoutent les intempéries, à chaque averse de pluie, 70 % de la superficie de la ville est recouverte de nappe. Ce chiffre pourrait atteindre les 90 % en termes d’espaces de terres, soit 400 km² sous l’emprise des eaux à l’horizon 2100. Toujours dans la région du Cap Lopez, en l’espace de quelques mois, la mer a perdu un peu plus de 1,70 mètre de hauteur de quantité de sable. « S’il faut associer ce phénomène à celui des changements climatiques, il est certain que les faits ne vont qu’en s’amplifiant », affirme Magloir-Désiré Mounganga. Devant cette situation, la perte des terres serait beaucoup plus importante. Une perte, qui est à la défaveur de tous les enjeux économiques et stratégiques du pays. Selon la stratégie nationale d’adaptation du littoral gabonais face aux changements climatiques validée tout récemment, les secteurs fortement exposés à l’érosion côtière et à la vulnérabilité face à 116 La vulnérabilité des villes côtières des pays du Golfe de Guinée :... ces phénomènes sont ceux où les infrastructures stratégiques sont présentes. Il s’agit notamment, de la région du Cap Lopez. À titre d’exemple, la pointe Iguezè pourrait se transformer en île à l’horizon 2100, et serait donc coupée du reste de l’Île Mandji. En outre, les baies du Prince, de Port-Gentil et d’Endougou connaîtront une perte sensible des terres. D’autres parties de l’Île Mandji, pourraient elles aussi se transformer en îlots, c’est le cas des pointes Djolowé et Chapuis. Les autres secteurs à forts enjeux socio-économiques, tels que Libreville et Mayumba sont aussi menacés par l’érosion côtière. Bien qu’il n’existe pas au Gabon suffisamment d’informations sur l’évolution du trait de côte, les observations et les études effectuées par les chercheurs du Centre national des données et de l’information océanographiques (CNDIO) de l’université Omar Bongo de Libreville, et d’autres institutions estiment qu’une hausse du niveau de la mer devrait avoir de lourdes conséquences pour les villes côtières du pays : Libreville, PortGentil, Mayumba et Gamba principalement. Il s’agit notamment de l’érosion qui causerait le recul du trait de côte et l’intrusion de sel dans les nappes phréatiques rendant ainsi plus difficile l’approvisionnement en eau potable tout en menaçant la santé des populations. 3. Moyens de lutte Pour éviter justement à l’Île Mandji de connaître le même sort que certains territoires du pacifique engloutis par les eaux en 2005, les chercheurs gabonais sont à pied d’œuvre pour proposer des solutions aux décideurs, notamment au gouvernement. La première étape serait de réaliser une modélisation de l’évolution du trait de côte, d’observer les mouvements de l’environnement côtier de Port-Gentil. La réalisation de cette étude nécessite au préalable la mise en place d’instruments de mesure (marégraphes) le long du littoral gabonais, notamment celui de l’Île Mandji, permettant de recueillir l’information indispensable sur l’évolution du trait de côte, sur le sens des courants marins ; la période avec laquelle ces courants ont une vigueur importante pour arracher les sédiments sur les plages ; sur les variations de 117 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale ces courants ; la nature des sédiments ; l’évolution annuelle de différents sédiments etc. À titre d’exemple, de 1982 à 2008, le trait de côte de l’Île Mandji a reculé au rythme de 4 mètres chaque année. D’ici à 2150, si ce rythme se maintient la mer avancera sur une distance d’environ 500 mètres, et s’il s’accélère de 10 mètres par an, les plages se déplaceront jusqu’à 1 500 mètres à l’intérieur de l’île. Cette opération est d’autant plus nécessaire qu’elle permettra de proposer la nature ou le type d’ouvrage qui serait le plus adapté pour tenter de réduire au maximum les dommages causés par l’érosion côtière et l’avancée du niveau de la mer. L’enjeu est de pouvoir protéger au mieux tous les aménagements que le Gabon dispose sur son littoral. Aussi, face à l’évolution du climat, les scientifiques encouragentils vivement les populations à ne pas s’installer sur les zones où la mer s’est retirée, car elle a tendance à reconquérir le terrain qu’elle occupait il y a quelques milliers d’années, ce qui représente un grand risque pour les populations qui continueraient à occuper ces espaces. À ce propos, la seconde communication nationale du Gabon sur les changements climatiques, souligne que « la pression démographique s’exercera davantage à Port-Gentil, où une grande partie de la population s’installera dans des zones inondables ». Par ailleurs, cette étude précise que « la hausse prévisible du niveau de la mer sur le littoral gabonais risque d’engendrer au mieux une inadaptation, au pire la suppression de certaines infrastructures côtières et maritimes existantes provoquant par la même occasion d’énormes répercussions socio-économiques. Il s’agit entre autres, de l’érosion des plages ; la perte des territoires ; la destruction des routes et ports, la pollution, ou encore le renoncement à la réalisation de nouveaux . . 118 La Vulnérabilité des littoraux gabonais face aux menaces naturelles et anthropiques, CNDIO-GABON. Seconde communication nationale du Gabon sur les changements climatiques, novembre 2011, p. 100. La vulnérabilité des villes côtières des pays du Golfe de Guinée :... projets de développement et aménagement industriel (zone franche) Mathews J. A., ». Comme les autres pays côtiers du continent, le Gabon n’a pas encore élaboré une loi consacrée à la protection intégrée de son littoral, il s’est néanmoins contenté à ce jour de mettre en place une réglementation qui couvre un certain nombre de domaines relatifs à l’occupation des espaces et à l’exploitation des ressources. C’est dans cet objectif que, la loi 16/93 relative à la protection et à l’amélioration de l’environnement accorde une place à la protection des espaces côtiers tout en laissant la compétence aux administrations concernées par les questions maritimes d’élaborer les textes réglementaires. L’objectif visé par l’application de cet arsenal est sans aucun doute la protection de ces milieux contre toutes formes d’agression et de dégradation résultant de l’activité anthropique, mais également de sensibiliser et d’inciter les populations à adopter des comportements respectueux de l’environnement marin et côtier. C’est également dans ce cadre, qu’un décret datant du 30 octobre 1990, a été pris par le gouvernement, portant interdiction d’exploitation de carrières de sable le long du littoral nord de Libreville. C’est aussi le cas d’un autre décret, datant du 15 mai 2002, portant réglementation des études d’impacts sur l’environnement. Ce décret fait obligation à tout promoteur d’un projet d’aménagement susceptible de porter atteinte à l’environnement et d’en altérer les qualités et l’esthétique naturelles de réaliser préalablement une étude d’impact et d’envisager les mesures d’accompagnement en vue de réhabiliter les sites dégradés. L’application des dispositions réglementaires de ces deux textes s’avère incontournable dans la zone littorale. En dehors de ces dispositions de portée nationale, le Gabon a aussi ratifié certaines conventions dans ce domaine. C’est le cas, par exemple de la convention internationale d’Abidjan sur la coopération en matière de protection et de mise en valeur des zones côtières. Malgré cet arsenal juridique, à ce jour, les seules . Ibid., p. 111. 119 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale mesures prises en faveur de la protection des villes côtières gabonaises, sont essentiellement la construction au coup par coup de brises lames et autres barrières en bloc de béton, de pierres et boudins de sable dans les secteurs où certaines infrastructures sont menacées. Toutefois, ces initiatives semblent malheureusement veines. Aujourd’hui plus que jamais, le littoral gabonais est touché par un phénomène important d’urbanisation illégale. Objet de toutes les convoitises de la part des richissimes nationaux et étrangers, cet espace est assailli de toutes parts par des constructions plus imposantes les unes que les autres. Il est à remarquer que ces bâtisses mal protégées contre les vents marins subissent les contre coups de la décrépitude. Les murs se fissurent et l’humidité gagne ces forteresses mal entretenues. Certains propriétaires sont obligés d’abandonner ces maisons du fait de la pression maritime car les travaux de réfection coûtent excessivement cher. Cette privatisation outrancière du domaine public maritime entrave aussi le libre accès des populations à la plage. Le Domaine public maritime est en fait composé de la mer territoriale, du plateau continental, de la mer intérieure, des rivages de la mer couverts par les plus hautes marées ainsi qu’une zone de 50 à 100 mètres de large à partir de la limite atteinte par les plus hautes marées. La réglementation en vigueur, stipule qu’au-delà de cette délimitation, on ne peut délivrer de permis de construire, encore moins donner un titre foncier. En définitive, personne n’a le droit de construire ou encore moins d’occuper cet espace. Il faut donc sauvegarder le domaine public maritime face à l’assaut des affairistes et autres citoyens véreux qui y construisent des établissements divers avec toutes les conséquences sur les eaux de baignade, et surtout les habitations « pieds dans l’eau » pour les revendre ensuite à coût de millions de francs CFA. À Libreville, par exemple, au moment où, le gouvernement et la Mairie sont en train de mener une campagne de destruction des habitations et autres commerces de fortunes érigés sur le domaine public, il serait judicieux, étant entendu que le domaine 120 La vulnérabilité des villes côtières des pays du Golfe de Guinée :... public maritime est inaliénable et imprescriptible, de procéder avant qu’il ne soit trop tard à la destruction pure et simple des constructions érigées illégalement sur le domaine public maritime. 4. Enjeux démographiques et submersion Comme on le voit, toutes les capitales administratives et/ou économiques des pays côtiers de l’Afrique, implantées près de la mer subissent une forte pression de toute part. À ce titre, le niveau d’urbanisation dans ces villes est plus élevé que dans l’hinterland. Au Togo et au Bénin, par exemple, la densité moyenne actuelle est de 260 habitants par km², avec des maxima de 1 000 habitants par km² et des zones à moins de 10 habitants par km², au Liberia où en Guinée Bissau. Au Gabon, le recensement général de la population et de l’Habitat de 1993 a révélé que l’Île Mandji était le deuxième foyer démographique du pays avec 84 000 habitants, soit 10 % de la population. Les projections de ce recensement, montrent que la population de la ville estimée à plus de 100 000 habitants en 2008, devrait atteindre les 300 000 habitants dans 50 ans pour se situer à plus de 1 000 000 d’ici 100 ans. Sous le niveau de la mer d’ici 20 à 50 ans, l’Île Mandji est un véritable cauchemar pour les urbanistes. Située dans la zone équatoriale de transition du littoral centre atlantique et dans une zone extrêmement marécageuse, elle subit chaque année des menaces naturelles. Suite aux grandes pluies, la nappe phréatique affleure et provoque régulièrement des inondations dans la zone basse de la ville. Pour répondre à cet épineux problème d’assainissement, la municipalité de PortGentil a fait réaliser un vaste réseau de canaux dans les années 1980. Malheureusement, ces infrastructures sont aujourd’hui limitées, laissées pour compte et très mal entretenues. L’Île Mandji couvre une superficie de 442 km² et les zones actuellement inondables représentent 282 km², soit 64 % de la superficie totale de l’Île. La vulnérabilité par rapport au phénomène d’inondations constitue de ce fait un facteur sensible, qui causera inéluctablement des dommages importants, notamment . Ibid., p. 111. 121 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale sur la santé des populations. Suite à la montée des eaux, qui s’accompagneraient d’un recul des terres et d’une plus grande virulence des inondations l’on pourrait assister à une destruction de l’habitat, des industries et autres infrastructures économiques, connaître des problèmes d’assainissement ou encore de pénuries en denrées alimentaires etc. Bien que la ville se trouve toujours à quelques mètres au-dessus du niveau de la mer, elle s’enfonce inexorablement. Avec la vulnérabilité de la ville par rapport au phénomène d’inondation, l’Île Mandji pourrait dans ces conditions se retrouver totalement en dessous du niveau de la mer d’ici quelques années. Devant ce scénario plutôt pessimiste, eu égard à l’évolution du climat, la seule solution pour le gouvernement serait de faire appliquer avant qu’il ne soit trop tard, l’une des recommandations des experts du Projet d’ajustement et de planification des secteurs urbains et transports (PAPSUT) de délocaliser partiellement la ville de Port-Gentil à partir de 2020 vers le Sud-Ouest de la plaine de WongaWongué en face de l’Île Mandji. Conclusion Aujourd’hui, des interrogations sur l’ampleur exacte de l’élévation du niveau de la mer, les dégâts occasionnés et sur le rythme qu’elle pourrait avoir dans les prochaines décennies demeurent. Ce travail sur la vulnérabilité des villes côtières des pays du Golfe de Guinée et principalement de la zone côtière du Gabon, nous a permis de comprendre le niveau d’exposition des enjeux liés à l’élévation probable du niveau de la mer dans la capitale économique du pays – Port-Gentil. L’érosion côtière, l’urbanisation incontrôlée, la pression démographique de plus en plus croissante, l’exploitation illégale de carrières de sable le long du littoral directement sur les plages, l’occupation anarchique du domaine public maritime par des opérateurs économiques véreux et autres aménagements de grande envergure sont autant d’éléments qui contribuent à la fragilisation et à la vulnérabilité des espaces littoraux gabonais. 122 La vulnérabilité des villes côtières des pays du Golfe de Guinée :... Il appartient donc à l’État de prendre toute sa responsabilité pour faire appliquer, par exemple, la réglementation en vigueur et de repenser sa politique de gestion durable, d’aménagement et d’occupation des zones côtières. Le Gabon devrait aussi combler une lacune difficilement admissible pour un pays côtier dont l’espace maritime est plus grand que la composante terrestre de son territoire. Il s’agit, de schémas de mise en valeur de la mer, l’adoption d’une loi et la mise en place d’un observatoire de son littoral. Aussi, face au changement climatique global et compte tenu des coûts d’adaptation et d’atténuation, des mesures régionales s’imposent-elles à travers des projets communs et par le biais de la coopération internationale. Références bibliographiques Ditengou Mboumi F., 2012, L’Occupation illégale du domaine public maritime, publication en ligne. Ditengou Mboumi F., 2012, Le Littoral nord de Libreville en danger, publication en ligne. Kabinda Makaga E. M. et Mounganga M.-D., « Les changements climatiques et la problématique de l’érosion côtière au Gabon », Sur la route du littoral, E. 65 Radio Gabon, Libreville. Mounganga M.-D., « Les impacts du changement climatique sur le milieu marin et côtier », Sur la route du littoral, E. 51 Radio Gabon, Libreville. Mounganga M.-D. et Mavoungou B. D., « La stratégie nationale d’adaptation du littoral gabonais face aux changements climatiques », Sur la route du littoral, E. 103 Radio Gabon, Libreville. Mounganga M.-D. et Ndjambe A. J., « La vulnérabilité de l’Île Mandji face aux changements climatiques », Sur la route du littoral, Libreville, Gabon. Rabenkogo N., « L’état des lieux du littoral gabonais », Sur la route du littoral, E. 62 Radio Gabon, Libreville. 123 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale R abenkogo N., Seconde communication nationale du Gabon sur les changements climatiques. Libreville, ministère de l’Habitat, de l’urbanisme, de l’écologie et du développement durable, novembre 2011, 181 p. Séverin Emane Mba, Mounganga M.-D. et Yeyet A. J., « L’exploitation du sable le long du littoral », Sur la route du littoral, E. 24 Radio Gabon, Libreville. Spore hors-série, août 2008. Yeyet A. J. R. et Mounganga M.-D., « L’exploitation illicite du sable des plages dans le département du Cap Estérias », Sur la route du littoral, E. 61 Radio Gabon, Libreville. 124 La protection de l’environnement : opportunité pour le développement de l’Afrique Brigis-Gérald GOZEGBA-YA-BOUMA Introduction Lorsque le terme « environnement » est utilisé, il n’est pas facile que chacun y attache la même signification. Tout d’abord, Le Petit Robert le définit comme « l’ensemble des conditions naturelles (physiques, chimiques, biologiques) et culturelles (sociologiques) susceptibles d’agir sur les organismes vivants et sur les activités humaines ». Le géographe Pierre George quant à lui, définit ce terme comme « l’existence de relations réciproques entre un groupe de référence et son milieu ». Dans cet article, l’accent est mis sur la première définition. En quoi la protection de l’environnement, peut-elle favoriser le développement de l’Afrique ? Dans quelle mesure cette question de protection environnementale peut-elle améliorer les conditions de vie ? Telles sont des questions qui servent de boussole pour permettre de naviguer dans tous les axes de cette réflexion. Ainsi, et dans un souci d’apporter les bonnes réponses, trois points essentiels méritent une attention particulière. Le premier point s’attardera sur la disparition du capital forestier, en étudiant bien entendu, la spécificité du contexte centrafricain comme un échantillon représentatif de tous les pays de la région de l’Afrique centrale et de l’océan Indien touchés par le problème de l’environnement. Le deuxième point mettra en lumière les différents enjeux de cette disparition susceptible de mettre en péril les efforts de développement. Le troisième enfin, ouvrira une perspective d’avenir, et proposera en même temps des solutions en vue d’un développement durable. 1. Disparition du capital forestier : cas de la République Centrafricaine La Centrafrique, en sango (Ködörösêse tî Bêafrîka) est un pays qui dépend étroitement de l’exploitation des ressources génétiques forestières pour son développement. En effet les produits primaires (agricoles, pastoraux, miniers) offrent non seulement . . George P., 1971, Que sais-je ? L’environnement, PUF. « Ködörösêse » signifie « pays » tandis que « tî Bêafrîka » désigne « Centre de l’Afrique ». C’est la composition de ces deux termes qui indiquent le terme « Centrafrique ». 125 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale de l’emploi mais procurent des revenus en terme de devise. Cette dépendance excessive vis-à-vis des ressources naturelles n’est pas sans conséquence sur l’environnement. L’exploitation industrielle des forêts qui a débuté en 1947 d’une façon artisanale est maintenant devenue une des sources importantes des recettes de l’État (plus de 20 % des recettes d’exploitation et 6 % du produit intérieur brut [PIB]), ce qui explique le fait que dans les sociétés lignagères, la forêt est appréhendée comme « la mère nourricière » puisqu’elle assure à la population centrafricaine l’essentiel de sa subsistance. En raison de la variété et de la richesse de ces ressources forestières et surtout des retombées positives qu’elles induisent auprès des populations locales, une déforestation serait synonyme de catastrophe écologique et d’insécurité alimentaire. Le temps est capital pour la mise en place et le développement d’une forêt dense, l’homme ne détruit pas au même rythme que la forêt se régénère, d’où la nécessité d’y insinuer une gestion rationnelle. 1.1- Déforestation et gaspillage : quelques données indicatives En ce qui concerne le capital forestier, les choses ne vont pas mieux : le désert a augmenté de 150 % en un siècle. Et à présent, 50 % des terres sont arides. La désertification a atteint plus de 30 millions de km2 dont l’essentiel se répartit dans la zone intertropicale. L’Amazonie, le plus grand réservoir génétique mondial, est réellement sous menace. Ce patrimoine universel qui joue un rôle déterminant dans l’équilibre de l’environnement mondial est le siège d’une surexploitation. Il y aurait 2 millions d’hectares détruits chaque année. La FAO, dans son rapport de 1988, avançait le chiffre de 3,3 millions, tandis que le Plan d’action forestier tropical parle de 4,4 millions. À l’heure actuelle, la situation n’est pas la même ; elle va de mal en pis. En Centrafrique, tout comme dans le reste des pays de la région de l’Afrique centrale et de l’océan Indien les problèmes de . . . 126 Stott J., 1987, Le Chrétien et les Défis de la vie moderne, trad. Jacques Buchhold, Méry-sur-Oise, Sator, coll. « Alliance », p. 4-5. Bonnefous É., 1992, Réconcilier l’homme et la nature, Paris, PUF, p. 139. Ibid., p. 142. La protection de l’environnement : opportunité pour le développement de l’Afrique l’environnement sont pluriels et diversifiés. Ils concernent tous les aspects liés à l’environnement et à l’exploitation des ressources naturelles : l’air des hautes agglomérations urbaines est fortement pollué. Cette pollution atmosphérique provient essentiellement des émissions des unités industrielles et des transports. De grands espaces forestiers sont détruits chaque année, la désertification rampante engloutit des centaines d’hectares annuellement. Les efforts de reboisement réalisés ces dernières années n’arrivent qu’à compenser quelque 30 % des dégâts causés aux forêts. Les pressions qui pèsent sur l’écosystème forestier sont multiples : la forte demande de produits ligneux, l’exploitation abusive du bois, le surpâturage, le défrichement direct pour la mise en culture. L’eau devient de plus en plus rare et de mauvaise qualité. Cette raréfaction s’explique par une gestion non rationnelle du potentiel hydrique en raison par exemple de la dégradation des réseaux d’adduction de l’eau potable dans les villes qui conduit à une perte des eaux livrées, de l’évasement des retenues des barrages. À ceci, il faut ajouter la qualité de l’eau qui se dégrade en raison des diverses formes de pollution : déversement des rejets industriels et domestiques sans aucun traitement, l’emploi à grande échelle des produits phytosanitaires et des engrais, la minéralisation des eaux en raison de l’intrusion des eaux marines. La forte progression des déchets pose aussi de multiples difficultés liées à leur collecte, à leur évacuation, à leur recyclage. Cet important problème est aggravé par la grande insuffisance des moyens financiers et techniques, le peu de qualification des ressources humaines et l’absence d’une approche globale et cohérente de la gestion de ces déchets. La biodiversité connaît également de graves dangers dans cette vaste région. Cette biodiversité fait l’objet de multiples pressions : surexploitation des ressources, notamment de la pêche ; la perte d’habitat et de zones humides en raison de la déforestation et de l’urbanisation accélérée ; la pollution des milieux de vie de cette flore et de cette faune. Ainsi, plusieurs espèces sont menacées et/ou en voie de disparition. 127 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale Les ressources en sols qui représentent l’une des ressources stratégiques de cette région du fait de la place du secteur de l’agriculture dans l’économie nationale sont aussi de plus en plus menacées. En effet, les sols subissent plusieurs contraintes : érosion éolienne et hydrique, la pratique de cultures non appropriées, l’urbanisation des terres agricoles, l’utilisation de techniques archaïques dans le domaine de l’exploitation des ressources minières et des carrières. Ces contraintes et bien d’autres entraînent d’énormes problèmes environnementaux comme la perte en fertilité et en couche arable, à cause de l’érosion hydrique et éolienne, la menace potentielle de salinisation à cause de l’évasement des retenues des barrages, la désertification des sols, sont envahis, détruits. La très forte pression sur les ressources naturelles en raison de l’explosion démographique, de l’urbanisation accélérée a ainsi contribué à cette dégradation et continue de peser sur l’environnement, ce qui a nécessité la mise en œuvre d’un plan d’action anthropologique. 1.2- Les origines de la déforestation Dans l’approche des causes de la déforestation, l’évolution des mentalités qui conduisit l’humanité vers la révolution industrielle est un point important. La technique est un moyen puissant qui permet à l’homme de s’exprimer sur l’autre, réduit intégralement en objet. Vers la fin du Moyen Âge déjà, dans le bouillonnement des idées, se laissait percevoir ce que Newbigin appelle « l’apostasie intellectuelle du xviiie siècle ». L’homme manifeste un désir farouche de s’affranchir de toute tutelle : il veut être adulte, afin de prendre son destin en main. C’est ainsi que pendant la Renaissance, l’humanisme augustinien fut corrompu et devint une doctrine centrée sur la grandeur et la liberté de l’homme. Alors, liberté et dignité propre de l’humain passent avant tout. Le xviie siècle vient renforcer cette tendance avec des découvertes scientifiques sans précédent à côté des figures comme Galilée, Descartes, Newton, Leibniz, Kepler et . . 128 Ellul J., 1954, La Technique ou l’enjeu du siècle, Paris, Armand Colin, p. 30-32. Jerphagnon L. (dir.), 1980, Histoire des grandes philosophies, Toulouse, Privat, p. 122-123. La protection de l’environnement : opportunité pour le développement de l’Afrique Spinoza. L’humanité d’alors fonda de grands espoirs. Puis vint le xviiie siècle, le siècle des « lumières où la raison est saluée sans réserve ni hésitation comme la suprême faculté de l’homme ». L’homme se tourne sur lui-même (homme, politique) et sur la nature qu’il cherche à mieux connaître pour mieux l’asservir. La philosophie naturelle (les sciences de la nature) s’écarta de l’idéal cartésien que Diderot considérait comme « une métaphysique générale » loin du réel. Le lien entre l’homme et la nature ne fut plus régi que par la volonté de puissance et une ambition prométhéenne, sous-tendues par une anthropodicée qui s’en prend à la théodicée. Le lien Dieu-homme-milieu connaît alors une double rupture. C’est dans ce bouillon d’idées de révoltes contre Dieu et le surnaturel que se développèrent sciences et technologies. L’industrialisation poussée a créé dès le xixe siècle une société de consommation sans précédent, avec une volonté toujours croissante de produire. Le rapport vite établi entre l’avoir et le temps, exige un besoin énorme de matières premières et d’actions dont la principale victime est la nature. Le développement de la société fut donc perçu uniquement dans sa capacité de produire. Les économistes parlent d’accroître le produit national brut (PNB). Ainsi, la loi du profit, au sein de la société technicienne, prime sur celle de la justice dans l’action. L’action devient une philosophie normative. L’homme agit pour s’affirmer, la technique lui permet de guerroyer la nature et de la vaincre. Avec elle, les antres de la terre sont fouillés, des forêts balayées, des espèces de toutes sortes disparaissent, l’eau et l’air se polluent. Avec la technique, la rapidité de la destruction des forêts ne permet plus à la nature de se refaire elle-même. Dans les pays du tiers-monde, la culture itinérante est une des principales causes de la déforestation. Elle entraîne la disparition de 6 millions d’hectares par an. Par ailleurs, une régression de la pratique de culture traditionnelle avec l’usage des engrais organiques qui permettaient une meilleure conservation des sols et limitaient les espaces détruits se manifeste. La pratique de la culture par irrigation et la mécanisation des techniques agricoles ���. ���. Ibid., p. 203. Ibid., p. 204. 129 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale sont également un paramètre de déséquilibre écologique important. Sur l’ensemble du continent africain, 80 % de la forêt a été rasée en trente ans10. Le marché du bois et son industrie en sont les principales causes. 2. Les différents enjeux mettant en péril les efforts du développement Au nombre des graves conséquences de la non-protection de l’environnement susceptibles de bloquer les initiatives tendant au développement de l’Afrique, il y a lieu de déceler, les enjeux suivants : 2.1- Aggravation de la pénurie d’eau et des conflits liés à l’eau Les ressources en eau de la République Centrafricaine ont baissé au fil du temps essentiellement en raison de la sécheresse persistante, de l’assèchement du fleuve Oubangui et des rivières, ainsi que des modes d’utilisation des terres. Les changements climatiques aggraveront la situation. On estime toujours que 80 % de personnes en Centrafrique pourraient être exposées à une pénurie de plus en plus grave d’eau d’ici 2015 et que les villages connaissant une pénurie d’eau énorme s’étendront de 90 % d’ici 2030, alors que le fleuve Oubangui qui fournit de l’eau à la Société de distribution d’eau en République Centrafricaine (SODECA) séchera de plus en plus, avec des conséquences désastreuses. La baisse du niveau de l’eau devrait avoir une incidence sur la qualité de celle-ci, aggraver les maladies d’origine hydrique et entraîner une baisse de la production d’hydroélectricité. Si l’on y ajoute une demande accrue d’eau pour différents usages : agriculture, industrie, énergie, etc., cela aura des répercussions négatives sur les moyens d’existence et aggravera les problèmes liés à l’eau tels que les conflits résultant de demandes concurrentes et de la gestion de ressources en eau communes. ���. Bonnefous É., op. cit., p. 142. 130 La protection de l’environnement : opportunité pour le développement de l’Afrique 2.2- Baisse de la production agricole et aggravation de l’insécurité alimentaire La FAO a toujours prévu que les changements climatiques remettront sérieusement en cause la production agricole en République Centrafricaine, et ceux-ci aggraveront la pauvreté et l’insécurité alimentaire dans bon nombre de sous-régions du pays. L’on s’attend à ce que les zones adaptées à l’agriculture, la durée des périodes de végétation et le potentiel de rendement, en particulier dans les zones marginales semi-arides et arides, se réduisent de manière notable. Des sécheresses plus fréquentes et plus graves, des inondations et des phénomènes météorologiques extrêmes pourraient mettre à mal les systèmes de production végétale et animale. L’approvisionnement en produits alimentaires locaux pourrait également souffrir de la baisse des ressources piscicoles, en raison de l’élévation de la température des eaux. Les effets combinés de ces facteurs compromettraient l’existence d’une importante proportion de la population et les chances du pays de parvenir à un développement rayonnant, de réduire la question de la pauvreté, de garantir la sécurité alimentaire et de protéger l’environnement. 2.3- Les difficultés dans le domaine énergétique La baisse du débit des barrages hydroélectriques aggrave la situation énergétique déjà désastreuse en Centrafrique eu égard à la disponibilité et à l’accessibilité à l’eau ; et freine le développement industriel du pays. 2.4- Perte de la biodiversité, des forêts et d’autres maisons décentes On a estimé que d’ici 2050, entre 40 et 50 % des bâtiments en Centrafrique pourraient être détruits, pendant que 70 à plus de 80 % des maisons décentes adaptées à des espèces se réduiront ou verront leur nature se transformer en raison des changements climatiques. Cela serait problématique pour des milliers de personnes dont l’existence est liée aux ressources de la biodiversité, notamment les deux tiers de la population Centrafricaine tout comme les populations des pays de la région 131 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale d’Afrique centrale et de l’océan Indien, à l’exception des pays de l’Afrique du Nord, qui tirent leurs moyens d’existence des forêts. 2.5- Accroissement des maladies à transmission vectorielle Des environnements plus chauds ainsi que la modification des températures et des régimes pluviométriques résultant des changements climatiques devraient accentuer la survenance de maladies à transmission vectorielle en Centrafrique. De graves épidémies de maladies à transmission vectorielle telles que le paludisme, le choléra, la fièvre jaune, la trypanosomiase et la fièvre de la vallée du Rift éclateront plus fréquemment dans de nombreuses sous-régions du pays, avec les profondes conséquences économiques qui s’ensuivront. Conjugués au défi de la pandémie de VIH/Sida, les changements climatiques accroîtront la prévalence des maladies transmissibles, les pauvres étant les plus vulnérables en raison de leur piètre cadre de vie et de leur manque d’accès aux soins de santé. 2.6- Multiplication des risques de conflits liés aux migrations de populations Les phénomènes climatiques extrêmes tels que les inondations, la sécheresse, la désertification et l’assèchement du fleuve Oubangui vont vraisemblablement obliger un nombre croissant de personnes à migrer des zones rurales et de plus en plus arides. Les migrations massives qui vont s’ensuivre pourraient déclencher de violents conflits pour l’accès aux principales sources de subsistance telles que la terre et l’eau ; et le contrôle de ces sources. Par exemple, on a estimé que le nombre de personnes touchées par la sécheresse en Centrafrique depuis les années 2007 et 2011 est passé de 0 à 25 000, et le conflit qui sévit actuellement au Nord de la République Centrafricaine, précisément dans la région de Birao est en partie lié à des migrations qui ont été entraînées par ces rigueurs du climat. Tous ces phénomènes auront un impact négatif sur sa sécurité et sur sa place au cours du xxie siècle. 132 La protection de l’environnement : opportunité pour le développement de l’Afrique 3. Perspectives, solutions pour un développement durable La Centrafrique, par son environnement, est considérée par l’opinion internationale comme l’un des pays les plus riches du monde. Cependant, son patrimoine écologique est de plus en plus en péril. C’est en même temps, sur le plan économique, l’un des plus pauvres. On peut s’étonner que cette richesse intéresse plus les étrangers que les nationaux. Le sort de la forêt Centrafricaine, de la faune et de la flore endémiques qu’elle abrite, y est souvent perçu comme un enjeu important pour une humanité qui a trop souvent oublié de penser à son avenir sur le long terme. L’analyse spontanée du phénomène de la déforestation met l’accent sur l’irresponsabilité d’une population poussée au débroussaillement sauvage par son extrême pauvreté. Une telle position se trouve encouragée par des calculs économiques. Le coût annuel dû à la dégradation de l’environnement se situerait à un degré de pourcentage élevé en Centrafrique. Selon une estimation approximative (1999), environ 65 % du coût proviendrait de la déforestation, 15 % de la diminution de la productivité des terres agricoles et pastorales due à l’érosion, et environ 10 % de l’augmentation des coûts opérationnels et de la diminution de la durée de vie des infrastructures. Dans son évolution actuelle, l’action doit concilier trois niveaux pour un développement réel et durable. À l’échelle locale, il s’agit de prendre en compte les droits d’usage des populations. L’échelle nationale cherche à valoriser une richesse pour développer le pays. À l’échelle internationale, la volonté est de réguler globalement les activités pour contrôler le changement climatique. L’articulation de ces trois niveaux est complexe et trouve des solutions seulement avec des ajustements permanents. Comme dans d’autres pays du Nord et du Sud de l’Afrique, l’environnement est désormais un enjeu politique et social, traité dans le cadre du développement durable. Dans le cas centrafricain, les jeux entre le global et le local sont particulièrement complexes. Imposée de l’extérieur, la question environnementale est récupérée et intégrée par les politiques 133 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale publiques puis par la suite gérée ; par différents acteurs opérant sur le territoire national : ONG, services techniques déconcentrés de l’État, communes. Dans une telle incertitude, la protection de l’environnement pour un développement durable est une forme de politique publique qu’il reste à mettre en pratique. La nécessité se précise également sur l’urgence d’une relecture des approches anthropologiques face à la situation globale de l’être humain. Les autorités politiques resteront peut-être en marge aussi longtemps qu’elles n’auront pas conscience de leur responsabilité vis-à-vis des défis modernes. Il incombe à l’anthropologie de susciter cette conscience et de l’entretenir jusqu’au bout. Cela représente une lourde responsabilité qui renvoie à des attitudes d’ouverture aux autres et d’enrichissement mutuel à travers la rencontre et l’unité des différences de la société. Dans le cadre de l’article, l’anthropologie doit prouver son utilité et intervenir dans les domaines qui la concernent, ramener les agents destructeurs de l’environnement à la raison, proposer un code responsable, cela pour une société digne et heureuse. Conclusion Le présent article vient d’aborder la question de la protection de l’environnement comme un des défis en matière de développement auquel, l’Afrique en général, et la Centrafrique en particulier, doivent faire face au début de ce xxie siècle. Toutefois, la réussite de cette entreprise dépendra de l’engagement d’un État compétent, celui-ci ayant la responsabilité de mobiliser les capitaux nécessaires ainsi que de créer des mécanismes de la protection, et de contrôle réglementaire pour un développement durable. Elle reposera également sur les efforts anthropologiques. En fait, cette étude a pu identifier des pesanteurs considérées jusque-là comme obstacle au développement de l’Afrique en général, et de la République Centrafricaine en particulier et au bien-être de sa population. Mais faut-il s’y fier entièrement pour protéger l’environnement ? L’approche intégrée de la protection de l’environnement serait-elle l’unique remède pour un développement durable ? 134 La protection de l’environnement : opportunité pour le développement de l’Afrique Références bibliographiques Aftalion A., 1995, La Protection de l’environnement, France-Empire. Aubreville A., 1949, Climats, forêts et désertification de l’Afrique tropicale, Société d’édition de géographie coloniale et maritime, Paris. B anque mondiale , 1994, Forger un partenariat pour une action environnementale pour le Moyen Orient et l’Afrique du Nord : Vers un développement durable. Beauchamp A., 1992, Éthique de l’environnement et développement durable, Montréal : Environnement-Sag. Inc. Benachenhou A., « Environnement et développement », Tiers-Monde, t. XXXIII, n° 130, avril-juillet 1992. Bonnefous É, 1992, Réconcilier l’homme et la nature, Paris, PUF. Crisis G., 13 décembre 2007, République Centrafricaine : anatomie d’un État fantôme, rapport Afrique, no 136. Ellul J., 1954, La Technique ou l’enjeu du siècle, Paris, Armand Colin. Encyclopédie de la Méditerranée (EDM), 1998, Environnement et développement, Toubkal. George P., 1971, Que sais-je ? L’environnement, PUF. Jerphagnon L., 1980, Histoire des grandes philosophes, Toulouse, Privat. K alck P., 1992, Histoire Centrafricaine, des origines à 1966, Paris, L’Harmattan. Kalck P., 1974, Histoire de la République centrafricaine, Paris, BergerLevrault. Kerdoun A., 1998, « Enjeux et défis de l’environnement au Maghreb : quelle politique de protection ? », in Sid Ahmed A. (dir.), Économies du Maghreb. L’impératif de Barcelone, CNRS. Lique R. J., Disponible en ligne sur : http://www.afrique-express.com/ afrique/centrafrique/politique/gros-malheurs.html, page consulté le 15 septembre 2012. 135 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale Rapport Afrique de Crisis Group, 2007, République Centrafricaine : anatomie d’un État fantôme, n° 136. Stott J., 1987, Le Chrétien et les Défis de la vie moderne, trad. Buchhold J., Méry-sur-Oise, Sator, coll. « Alliance ». 136 Perspectives pour une climatopolitique anthropocentrée Chrislain Eric KENFACK Introduction Né sous la plume de Jean Michel Valentin, le concept de climatopolitique est un néologisme issu de la combinaison de deux autres concepts à savoir : climatique et politique. La climatopolitique est donc une manière bien précise de qualifier les politiques climatiques mises sur pied actuellement par l’ensemble de la communauté internationale, dans le cadre des accords signés en la matière et dont le but final est de lutter contre les effets néfastes du changement climatique. Si le concept climatopolitique est privilégié à l’expression politique climatique, c’est qu’il renferme une nuance importante. En effet, la question climatique semble devenue, au sein de la communauté internationale, un enjeu de puissance dont les États et les autres acteurs internationaux se servent pour s’imposer, imposer leurs positions et rayonner dans la scène internationale. Le climat est devenu stratégique, et l’on est progressivement en train de passer de l’ère de la géopolitique fondée sur le positionnement stratégique des États sous la base géographique, à celle de la climatopolitique, marquée par le positionnement stratégique des États sous la base de la maîtrise des enjeux climatiques (Valentin, 2008). Face à cette situation et aux échecs à répétition de la communauté internationale à trouver un consensus d’action international, il est de la plus grande importance de postuler un nouveau paradigme fondé sur la centralité de l’homme. Cette perspective, tout en facilitant la gouvernance du régime climatique international actuel, permettra de mettre sur pied un mécanisme adéquat de lutte contre les changements environnementaux globaux. Dans cette perspective, la centralité des droits de l’homme, la valorisation des acteurs non étatiques, la formation et le renforcement des capacités, un meilleur système de gouvernance, sans oublier une meilleure prise en compte du principe de responsabilité commune mais différenciée de la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) seront analysés. 137 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale 1. De la centralité politico-stratégique à la centralité des droits de l’homme Le point de départ des alertes scientifiques sur les changements climatiques a longtemps marqué et continue de marquer largement les négociations et les débats internationaux sur la question. En effet, née dans les milieux des climatologues et des environnementalistes, et par la suite récupérée par les économistes qui se sont très tôt intéressés à la question des coûts environnementaux, la question climatique reste largement marquée par les considérations environnementales et économiques. Et, avec la rencontre des préoccupations politiques des États, elle est devenue une question purement stratégique à l’échelle internationale. C’est peut-être cet aspect de la réalité qui est au fondement de la difficulté que rencontre la communauté internationale dans sa quête d’un consensus post-2012 ; car qui parle d’économie, parle de divergences d’intérêts et de priorités. Or si la question était celle des droits humains fondamentaux, la réaction aurait certainement été différente, puisqu’il s’agit de répondre à l’urgence d’une humanité commune qui croupit sous le poids des violations. À ce titre, la porte de sortie se trouve certainement du côté de l’anthropocentrisme des débats climatiques ; si l’homme, son bien-être et ses droits étaient mis au centre des débats, les efforts de résolution, comme nous le montre souvent l’actualité lorsqu’il est question des droits de l’homme, seraient plus accrus. C’est pour cela que le propos s’accorde avec celui de Philippe Cullet qui estime que : L’on doit répondre au changement climatique avec la plus grande urgence. Ceci requiert des mesures qui vont au-delà du protocole de Kyoto existant. Il est très important de s’assurer que le changement climatique est considéré de façon large, allant au-delà des dimensions environnementale et économique, qui ont jusqu’ici été centrales dans le régime actuel. Donner une place centrale à la vulnérabilité humaine et incorporer le langage des droits de l’homme dans le cadre légal du changement 138 Perspectives pour une climatopolitique anthropocentrée climatique est crucial. Ceci doit être atteint avec une large reconsidération de la place du traitement différencié dans le régime du changement climatique, afin de mieux refléter la vulnérabilité présente et future des pays et des peuples. (Cullet, 2010) Dans une pareille logique il est de la plus grande importance de mettre un accent particulier sur la place centrale que doit occuper l’homme dans les débats et les politiques climatiques globales, car il est question de sauver la planète, non pas comme une fin en soi, mais de la sauver en vue de la sauvegarde et de la protection de la dignité et des droits humains fondamentaux. 2. Valorisation des acteurs non étatiques La réussite de tout projet dépend du degré d’implication des bénéficiaires, et celui-ci dépend du degré de réponse que le projet apporte à leurs besoins et aspirations. C’est pourquoi, il est important pour tout projet qui aspire à la réussite de tenir compte des besoins et des attentes des bénéficiaires. Ceci concerne tout aussi les changements climatiques qui, faut-il le rappeler, sont un problème universel qui requiert la participation de tous pour être résolus. Or, jusqu’à présent la logique est marquée par l’approche descendante de résolution, et tout se passe comme si les décisions prises par la communauté internationale peuvent facilement être imposées aux États et aux populations à la base. La prise en compte des besoins individuels des États et des populations à la base est un impératif incontournable quant à la réussite des politiques tant d’atténuation que d’adaptation aux changements climatiques. L’importance de l’utilisation des méthodes Recherche action participative (RAP) dans le choix des priorités de lutte, de recherche des solutions, ainsi que dans la mise en œuvre des projets, peut être mentionnée. . Ces méthodes RAP s’appuient sur une sensibilisation préalable et un dialogue avec toutes les parties prenantes et surtout les populations locales pour déterminer les besoins et les priorités de ces dernières, déterminer avec elles les actions prioritaires à mener et élaborer, toujours en synergie, les mécanismes de mise en application. 139 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale Cette prise en compte de toutes les parties prenantes permet de « créer les conditions de passage d’une situation caractérisée par une divergence d’intérêts vers une situation de convergence d’intérêts » (Nguinguiri, 1999). Ainsi dans le cadre du projet de gestion forestière au Gabon par exemple, « le processus de planification est particulièrement basé sur la connaissance des réalités de terrain et sur la participation de tous aux réflexions [il s’agit] de faire entendre la voix de tous dans les débats actuels concernant les forêts gabonaises » (Nguinguiri, 1999). À ce titre, les représentants des couches sociales suivantes sont consultés : « gouverneurs, préfets, chefs de Canton et de regroupements de villages, agriculteurs, chasseurs, tradipraticiens, chefs de services des administrations locales, exploitants forestiers, prêtres, éleveurs, pêcheurs enseignants et élèves, licenciés économiques ayant rejoint leur province d’origine, chômeurs » (Nguinguiri, 1999). Il est donc de la plus grande nécessité d’implémenter ces résultats tant dans le cadre des processus décisionnels que de la mise en application des politiques climatiques aux niveaux national et international. 3. La formation et le renforcement des capacités L’un des grands défis que nous dévoile la lutte pour la justice climatique est celui de la formation et du renforcement des capacités ; car la réalité nous fait remarquer que les plus exposés aux effets néfastes des changements climatiques sont ceux qui ont la moindre capacité de réponse. Ainsi, si l’on veut éviter les tensions de toute sorte que pourront générer les injustices climatiques, il serait important de procéder le plus tôt possible à la formation et au renforcement des capacités des leaders et des populations, surtout ceux qui sont dans les pays les moins développés. Ceci permettra non seulement de leur donner des moyens de lutte, mais également d’engager leur développement en optant pour les énergies à faible teneur en carbone, et d’éviter ainsi de compliquer la situation climatique actuelle. « L’aide au développement liée aux forêts et changement climatique doit être orientée vers le développement des capacités des détenteurs des devoirs afin de les aider à mieux remplir leurs devoirs, et des détenteurs des droits pour qu’ils exigent le respect de ces 140 Perspectives pour une climatopolitique anthropocentrée droits » (Seymour, 2010). La formation, le renforcement des capacités et même le transfert des technologies vers les pays les moins développés et vers les populations les plus vulnérables, loin d’être des faveurs, sont davantage une question d’équité sociale qu’il importe de corriger si la communauté internationale veut atteindre des résultats espérés en matière de lutte globale contre les changements climatiques. C’est grâce à cette formation que l’on pourra amener les populations à changer de mode de consommation et de vie pour adopter des manières de vie plus économiques en énergie et par conséquent moins émettrices des énergies fossiles. Le renforcement des capacités permettra aux États de mieux s’armer en moyens leur permettant de s’engager dans un développement durable et par conséquent moins polluant. Il est donc urgent de sortir de la logique des discours et des longues négociations d’une part, et de la logique du volontariat qui caractérise souvent les aides internationales, pour entrer dans une logique de devoir que doivent remplir les États à l’égard des autres États à l’échelle internationale, et vis-à-vis de leurs populations à l’échelle intranationale. C’est un devoir qu’ils doivent remplir vis-à-vis de leurs populations en général, et des plus vulnérables en particulier. Car « le changement climatique affectera tout le monde sur notre planète, alors il est vital que tous soient conscients des risques qu’ils encourent et du rôle qu’ils peuvent jouer dans la lutte contre les changements climatiques, en limitant ces risques » (Unitar, 2010), et pour cela, tous doivent être formés et pourvus des capacités et des moyens techniques pour le faire. . Une étude récemment menée auprès des populations dans le Sud-Est Cameroun montre à quel point les populations ignorent les enjeux du changement climatique et sont prêtes à apprendre. Sur une cinquantaine de ménages rencontrés, seulement trois étaient en mesure de parler confusément du changement climatique, et aucun n’avait encore entrepris des actions pour s’adapter au contexte changeant. Dans le même ordre d’idée tous se plaignaient et demandaient l’aide des chercheurs et des autorités pour comprendre clairement les enjeux et défis que le changement climatique pose. 141 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale 4. Une meilleure gouvernance et une information équilibrée L’urgence de la gouvernance est un élément incontournable dans la gestion des sociétés modernes et plus encore dans les tentatives globales de résolution de la crise environnementale actuelle. En effet, la visibilité et la traçabilité des actions menées demeurent de tout temps des atouts majeurs d’encouragement et de motivation pour ceux à qui l’on demande des efforts. Ainsi, pour obtenir des résultats des populations et des États, il importe que des efforts particuliers soient entrepris par rapport à la gouvernance environnementale, tant à l’échelle globale qu’à l’échelle nationale et même locale. Par ailleurs, il importe de mettre un accent particulier sur les aspects de communication et d’information environnementale. En fait, le régime informationnel dans lequel se déploient les questions climatiques actuelles est un régime alarmiste qui, très souvent, pousse à considérer la réalité plus d’un point de vue émotionnel que scientifique. Dans cette logique, il serait de la plus grande urgence d’opter pour une communication verte qui s’appuierait sur des informations scientifiques fiables et équilibrées, sans sombrer ni dans les tendances minimalistes, ni dans les tendances alarmistes. Informer en temps réel, donner la vraie information à la bonne cible avec des moyens adaptés, voilà le défi que doivent surmonter les différents acteurs pour lutter effectivement contre les changements climatiques. Car, en réalité, « L’information, la consultation et la participation du public en matière environnementale constituent une démarche essentielle pour la prise de décision publique dès son élaboration, sa conception, sa mise en œuvre puis son évaluation. Il s’agit également d’un élément important pour responsabiliser les agents économiques et les citoyens aux impacts de leurs comportements et pour les informer des risques ou nuisances auxquels ils peuvent potentiellement être exposés ». Seules une meilleure information et une meilleure gouvernance peuvent faciliter la compréhension et la prise en compte authentique de . 142 http://www.ecologie.gouv.fr. Perspectives pour une climatopolitique anthropocentrée la question climatique à sa juste valeur dans les préoccupations et la vie quotidienne des populations. « L’information ou la communication sur l’environnement favorise la lisibilité des actions publiques qui sont destinées à garantir la qualité de l’événement. De plus, l’information sur les différentes dispositions réglementaires, et surtout les enjeux peut devenir un facilitateur en matière d’acceptabilité des contraintes qui sont induites par les politiques environnementales » (Koubo, 2003). Contraintes qui doivent entraîner les changements de mentalités : « une lutte authentique, demande des changements des attitudes, des comportements, et surtout des activités économiques » (Hunt et Kholsko, 2010). Toutes choses qui peuvent valablement être atteintes à l’aide de la formation et d’une communication vraie et authentique. 5- L’impératif du respect du principe de « responsabilité commune mais différenciée » Cet important principe dans le cadre de la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique (CCNUCC) et du protocole de Kyoto semble très souvent oublié lorsqu’on est en face de la construction des politiques climatiques internationales et des négociations globales pour trouver un accord post2012 en la matière. Les tractations climatiques accordent plus d’importance au principe de responsabilité historique des pays . . Adoptée le 9 mai 1992 à New York aux États-Unis, cette convention est le tout premier et reste le seul grand instrument international dans le cadre de la lutte contre le changement climatique. Il est formé de 26 articles et de 2 annexes (I et II). Tout en encourageant les pays à agir dans l’urgence, il est jusqu’à présent le cadre fondamental qui soutient et oriente les négociations climatiques à l’échelle internationale. Adopté le 11 décembre 1997 à Kyoto au Japon, ce protocole additionnel à la CCNUCC est un texte de 28 articles et 2 annexes (A et B). Il est l’instrument juridique le plus important en matière de lutte globale contre le changement climatique. Initialement prévu pour expirer en 2012, sa durée de vie a été allongée par une période transitoire allant jusqu’en 2015 en attendant que les États du monde parviennent à un consensus. Il est de nature contraignant et contient des objectifs chiffrés de réduction des gaz à effet de serre pour les pays développés. 143 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale développés qu’à celui de la responsabilité commune, bien que celle-ci soit à des degrés différents. Si l’on accorde une plus grande place à ce principe, il sera plus facile d’aller au-delà des débats interminables sur les compensations financières que doivent verser les pays riches et tous les débats que cela entraîne pour davantage chercher à trouver une solution globale et concertée à un problème qui affecte l’humanité entière, et chacun y participera selon ses capacités et ses moyens. En matière de responsabilité climatique, tous sont coupables et doivent par conséquent agir ensemble pour résoudre la situation. Or le problème qui se pose est celui de la mauvaise interprétation du principe de responsabilité commune mais différenciée que chacun comprend et oriente à sa manière, selon ses intérêts. Le constat de Chukwumerije Okereke à ce sujet est assez significatif et digne de considération, « En tant que concept d’équité, la responsabilité commune mais différenciée a deux dimensions : la première est la culpabilité. Dans cette dimension, la pression historique exercée par les pays développés sur l’environnement global et le devoir subséquent qu’ils ont de prendre leur responsabilité pour résoudre le problème engendré est mis en exergue. La deuxième dimension est la capacité qui met l’accent sur la supériorité technologique et financière, ainsi que sur les ressources qu’exigent les pays développés pour s’engager dans la protection de l’environnement. Les pays en développement favorisent la première, alors que les pays développés ont une inclination pour la seconde ». Il est urgent de considérer au même titre les deux aspects de culpabilité et de responsabilité dans le cadre de l’application du principe de responsabilité commune mais différenciée si l’on veut obtenir des résultats probants des négociations globales et trouver un accord post-2012 en matière de lutte contre les changements climatiques. Il est important que chacun évolue en se sachant responsable de la situation, quel que soit le degré de responsabilité, et qu’il soit prêt à apporter sa contribution, aussi petite soit-elle, à la résolution du problème. 144 Perspectives pour une climatopolitique anthropocentrée Conclusion En somme, avec le poids croissant des changements climatiques sur les systèmes et les droits de l’homme, la communauté internationale n’est pas restée inactive. Ainsi, dans ses tentatives de lutte les choses évoluent progressivement. Peu à peu, la place de l’humanité dans les débats actuels, est prise en compte ; en témoignent la naissance et l’importance croissante du mécanisme REDD+ (Réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts dans les pays en développement, et le rôle de la conservation, de la gestion durable des forêts et du renforcement des stocks de carbone forestiers). Dans une telle perspective, et surtout pour renfoncer la place des droits humains fondamentaux dans la lutte contre la crise environnementale, un certain nombre de solutions ont été envisagées. Il convient entre autres de mentionner : • le passage de la centralité politico-stratégique à la centralité des droits de l’homme ; • la meilleure valorisation des acteurs non étatiques ; • la prise en compte d’une bonne formation et du transfert des technologies ; • la mise sur pied d’un meilleur système de gouvernance et d’information vraie et équilibrée ; • la bonne mise en application du principe de responsabilité commune mais différenciée. Grâce à tout cela l’on pourra enfin aboutir au changement de mentalité des populations, et aboutir à une meilleure gouvernance dans le régime climatique actuel par tous les États du monde. . La REDD+ est un mécanisme international qui vise à soutenir financièrement et techniquement les pays en développement afin qu’ils conservent et gèrent mieux leurs forêt pour le bien de l’humanité entière. Cette perspective prend de plus en plus de l’ampleur à cause du rôle dual des arbres. En effet, la déforestation à elle seule contribue presqu’au quart des émissions de gaz à effet de serre sur la surface de la terre d’une part, alors que d’autre part les arbres vivants ont une grande capacité à séquestrer les gaz à effet de serre et principalement le carbone. 145 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale Références biographiques « Protocole de Kyoto à la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques », www.unfccc.int/Kyoto_protocol/ items/2830.php « Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques », www.unfccc.int/essential_background/convention/ background /items/2853.php Koubo D., 2003, La Stratégie environnementale en question (Côte d’Ivoire), Paris, L’Harmattan. Okereke C., « Equity Norms in Global Environmental Governance», Global Environmental Politic, p. 25-50, disponible en ligne sur : www. muse.jhu.edu/journals/ global_environmental _politics /toc/ gep. 8.3.html. Valentin J.-M., 2009, « Copenhague, capitale de la Terre : émergence de la climatopolitique », in Matelly S. et Lacarrière S. (dir.), Sommet de Copenhague : quand le climat devient stratégique, 31 p., disponible en ligne sur : http://www.affaires-stratégiques.info Unitar, 2010, Other important considerations for international climate change negotiations, module VII, coll. ������������������������������ « Climate change diplomacy », disponible en ligne sur www.unitar.org/mdp N guinguiri J.-C., « Les approches participatives dans la gestion des écosystèmes forestiers d’Afrique centrale, revue des initiatives existantes », Occasional paper, no 23, Bogor, CIFOR, 1999, 24 p. Seymour F., 2010, « Forests, climate change and human rights », in Humphreys S., Human Rights and Climate Change, Cambridge, Cambridge University Press, 348 p. Cullet P., «The Kyoto Protocol and vulnerability: Human Rights and equity dimensions », in Humphreys S., Human Rights and Climate Change, Cambridge, Cambridge University Press, 348 p. Hunt P. et Khoksko R., « Rights to the highest attainable standard of health », in Humphreys S., Human Rights and Climate Change, Cambridge, Cambridge University Press, 348 p. 146 Les effets dévastateurs du changement climatique en Afrique et les solutions en présence Jean Jacques NTYAM ELA Introduction La diversité biologique ou biodiversité, représente l’ensemble des espèces vivantes, présentes sur la terre (plantes, animaux, microorganismes, etc.), les communautés formées par ces espèces et les habitats dans lesquels ils vivent. De façon formelle la biodiversité selon la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques, est la « variabilité des organismes vivants de toute origine, y compris, entre autres, les écosystèmes terrestres, marins, aquatiques et les complexes écologiques dont ils font partie ; cela comprend la diversité au sein des espèces, et entre les espèces et ainsi que celle des écosystèmes ». Le changement climatique est déjà un processus en évolution perpétuelle et se présente, selon la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques comme « les changements de climat qui sont attribués directement ou indirectement à une activité humaine altérant la composition de l’atmosphère mondiale et qui viennent s’ajouter à la variabilité naturelle du climat observée au cours des périodes comparables ». Le message des scientifiques longtemps considéré comme fiction apocalyptique, se réalise chaque jour un peu plus, saison après saison. Des changements profonds sont désormais inéluctables, quels que soient les efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) qui pourront être déployés, le chemin de non-retour affecte ainsi de nombreux secteurs : agriculture, forêt, tourisme, pêche, aménagement du territoire, bâtiments et infrastructures. De ce qui précède, il y a lieu de se demander, quels sont les enjeux de la biodiversité liés aux changements climatiques par la gouvernance internationale de l’environnement ? En ce sens, le changement climatique a cessé d’être une question strictement scientifique concernant un avenir lointain pour devenir finalement un enjeu actuel et prégnant de politique mondiale. Dégager les impacts du changement climatique permettra de mesurer l’ampleur de la situation, pour réaliser que l’adaptation à ces changements climatiques constitue la solution pour la gouvernance internationale de l’environnement. 147 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale 1. Impacts des changements climatiques en Afrique 1.1- Impacts hydriques des changements climatiques Le climat se caractérise en Afrique par une forte variabilité et par des événements météorologiques extrêmes. Selon le quatrième rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), les principales incidences du changement climatique sur le secteur de l’eau devraient être les suivantes : 1. d’ici à 2020, entre 75 et 250 millions de personnes devraient être exposées à un stress hydrique plus prononcé d’ici à 2020, dans certains pays, les rendements de l’agriculture sous pluie pourraient diminuer de pas moins de 50 % ; 2. d’ici à 2080, les superficies arides et semi-arides pourraient s’accroître de 5 à 8 % en Afrique ; 3. Vers la fin du xxie siècle, l’élévation du niveau de la mer aura des répercussions sur les plaines côtières très peuplées. La prédiction de l’évolution à venir du climat reste sujette à de nombreuses incertitudes, mais les phénomènes observés indiquent bien que le changement climatique ne se limitera pas à une modification graduelle des températures moyennes annuelles et comportera aussi une intensification du cycle hydrologique. En conséquence, les extrêmes météorologiques devraient fortement augmenter. Ainsi, en Afrique subsaharienne notamment, le manque d’eau et la variabilité hydrologique croissante militent en faveur des risques accrus de mauvaises récoltes ce qui entraînerait : 148 1. une plus forte morbidité et mortalité des animaux d’élevage et/ou la vente forcée d’animaux à bas prix, la précarité accrue des moyens de subsistance, conduisant à la cession du patrimoine, à l’endettement, à l’émigration et à la dépendance à l’égard de l’aide alimentaire ; Les effets dévastateurs du changement climatique en Afrique... 2. la baisse des indicateurs de développement humain, en particulier de la santé et de l’éducation. Schéma du réchauffement climatique Source Terrafrica À cela s’ajoute l’absence presque totale d’une politique de sensibilisation basée sur une communication dans le domaine. Cette situation fait de l’Afrique le continent le plus vulnérable à la variabilité et à l’évolution climatique. Certains modèles indiquent qu’une augmentation de la température d’environ 1,5 °C d’ici à 2040 pourrait entraîner une diminution annuelle du Produit intérieur brut (PIB) africain de 1,7 %. De plus, les changements climatiques augmenteraient de 54 % le risque de guerre civile en Afrique au cours des vingt prochaines années. 1.2- Impacts du changement climatique sur la biodiversité Le changement climatique se répercute de différentes façons sur la biodiversité. Étant donné que la faune et la flore dépendent de conditions environnementales bien précises, des variations dans les régimes de température et d’humidité affectent la performance et la compétitivité des espèces. La forêt africaine est mise à rude épreuve par les modifications relatives à l’utilisation du sol ainsi que par le changement 149 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale climatique, ces deux facteurs étant interactifs. Les transformations de l’utilisation du sol débutent par la construction de petites routes pour l’exploitation forestière, puis attirent de petits agriculteurs faisant des cultures vivrières, et ensuite de plus en plus, des producteurs de soja, plus lucratif, cela fragmente la forêt et réduit sa capacité à assurer ses services écosystémiques en matière de stockage du carbone et de régulation du climat et du cycle de l’eau, tout en accentuant le risque de prolifération des maladies. Le changement climatique, qui se manifeste par une augmentation de la température et des sécheresses récurrentes, pourrait convertir la totalité de la forêt tropicale humide en savane arborée avec toutes les conséquences négatives pour les processus écosystémiques et la diversité des espèces. Tout commence par des travaux de construction de pistes pour l’exploitation forestière et se termine par la destruction de vastes pans de forêt tropicale humide. Source : Institut de Recherche de Potsdam. 1.3- Impacts écologiques des changements climatiques Le réchauffement climatique n’est-il pas un danger que le monde redoute ? Il a des conséquences économiques, sociales et politiques incalculables. Il est plus judicieux d’attaquer le mal par les racines pour ne plus être surpris par les dégâts qu’il occasionnerait. Le non-recyclage des déchets des plastiques, des appareils électroménagers et informatiques entraîne des 150 Les effets dévastateurs du changement climatique en Afrique... dégâts incommensurables ; les inondations dans nos villes suite à l’obstruction du passage des eaux par ces déchets, l’insalubrité et des maladies. La grande déforestation souvent observée dans les pays subsahariens suite à l’exploitation du bois occasionne l’érosion, la dénudation du sol, l’infertilité du sol et l’augmentation de la température, toute chose qui à grande échelle, enchaîne une cascade d’événements compromettants pour l’homme. Présentation des conséquences du réchauffement climatique à travers la fonte des glaces et l’avancée de l’eau. Source : Encyclopédie Encarta, 2010. Ce tableau assez sombre montre, s’il en était encore besoin, la nécessité de promouvoir les politiques d’adaptation climatique. 1.4- Impacts du changement climatique sur le plan économique En Afrique, les économies étant étroitement dépendantes de l’agriculture, sont nettement plus exposées aux mutations climatiques. Sur le terrain, les changements climatiques sont déjà responsables de la réduction de la durée de la période de végétation dans certaines régions du continent avec comme conséquence la baisse de la production agricole. Dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun, plusieurs rapports alarmants de l’Office céréalier du Cameroun démontrent clairement qu’en raison de mutations climatiques qui ont entraîné la diminution 151 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale du lit du Logone qui irriguait la région, la production du maïs et du mil ont baissé de 12 % durant les années 2008 à 2009 par rapport aux années précédentes. Cette situation a concouru à réduire le revenu des populations et par conséquent le panier de la ménagère. Loin de dresser un tableau prometteur, les experts s’accordent sur le fait que les pires scénarios sont à prévoir pour le continent africain en général et l’Afrique subsaharienne en particulier tant au niveau des réserves alimentaires que sur la production agricole notamment des céréales. D’ici à 2020, selon M. Ehrhart, « les changements climatiques auront contribué au stress hydrique, à la détérioration des terres, à la diminution du rendement des cultures et à l’accroissement du risque d’incendies de forêt, ce qui provoquera une diminution de 50 % de la productivité agricole dans les régions semi-arides ». Une situation engendrée par les graves pénuries d’eau qui générera de manière inévitable un fort taux de migration des populations, une grande sollicitation des gouvernements pour compenser le déficit alimentaire et le ralentissement de la croissance tant micro que macroéconomique. À cet effet, les réductions projetées du rendement dans quelques pays pourraient être plus de 50 % d’ici 2020 et les revenus nets de récolte pourraient tomber à près de 90 % à l’horizon 2100, les petits exploitants étant les plus affectés. D’après le docteur Daouda Zan Diarra, chef de la division agro météorologie de la Division nationale de météorologie du Mali, ceci compromettra la sécurité alimentaire dans le continent. Dans son rapport sur Les impacts des changements climatiques dans l’Afrique de l’Ouest, il projette que des approvisionnements alimentaires locaux, sont négativement affectés par les ressources halieutiques décroissantes dans de grands lacs de la sous-région dus à l’augmentation des températures de l’eau, qui peuvent être aggravées par des pêches excessives continues. Le coût d’adaptation pourrait s’élever au moins à 10 % du PIB. La basse capacité d’adaptation aux changements climatiques contribue malheureusement à vulnérabiliser le continent africain sur le plan économique et à accroître sa dépendance à l’extérieur. 152 Les effets dévastateurs du changement climatique en Afrique... 2- Adaptation aux changements climatiques et gouvernance internationale sur l’environnement 2.1- L’adaptation aux changements climatiques : priorités et barrières clés L’homme et la nature ont sans doute la capacité de s’adapter spontanément dans une certaine mesure aux bouleversements engendrés par le changement climatique mais il est certain que, si l’homme ne se prépare pas à ce changement, il induira des coûts et des dommages bien supérieurs à l’effort d’anticipation. Il faut donc dès aujourd’hui réduire la vulnérabilité aux variations climatiques, afin d’éviter de forts dommages environnementaux, matériels, financiers mais aussi humains. Il convient de rappeler que le coût de l’inaction, évalué par l’économiste Nicholas Stern, se situe entre 5 % et 20 % du PIB mondial et celui de l’action de 1 à 2 %. Les besoins de moyens d’adaptation pour faire face au défi du changement climatique et des variations du climat ont gagné en importance auprès des décisionnaires, les spécialistes du développement et des acteurs touchés. Selon le GIEC, la combinaison des diverses pressions climatiques et d’autres facteurs en Afrique signifie que, pour beaucoup d’Africains, l’adaptation n’est pas un choix, mais une nécessité. Cependant, la réduction durable de la pauvreté reste un défi crucial pour le développement. La réduction des facteurs de vulnérabilité pourrait contribuer à augmenter la capacité d’adaptation des populations. Des recherches ont montré que les stratégies d’adaptation peuvent créer des synergies avec les efforts mis en place pour atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Ceci est très important pour développer des stratégies intégrées de « développement adaptatif ». Les stratégies d’adaptation déjà observées comprennent entre autres la diversification des activités de subsistance, le schéma institutionnel, des changements dans le travail agricole, le développement de projets à but lucratif et la vente de maind’œuvre. Cependant, le GIEC souligne que les agriculteurs africains ont développé diverses stratégies d’adaptation pour surmonter les caprices du climat mais que celles-ci pourraient 153 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale bien être insuffisantes pour faire face aux futurs changements du climat. Ceci mène à deux conclusions. D’une part, il est nécessaire de limiter le plus possible le réchauffement climatique en réduisant les émissions de GES au niveau global pour éviter des variations dangereuses du climat qui pourraient créer l’apparition d’événements irréversibles à grande échelle. D’autre part, des efforts accrus et une adaptation planifiée à différents niveaux seront nécessaires pour réduire la vulnérabilité des populations. Heureusement, un nombre croissant de recherches et d’activités est en train d’être mis en place sur diverses parties du continent africain pour mieux comprendre l’enjeu de l’adaptation, définir des priorités et tester des approches. En matière de développement et de financement, le changement climatique représente une charge additionnelle pour l’Afrique alors que celle-ci n’a que modestement contribué à ce phénomène. Pourtant, dans la majorité des cas, pour que l’adaptation soit efficace et réussie, celle-ci réclame des investissements pour augmenter/renforcer les capacités ou pour construire des infrastructures conçues pour résister au changement climatique. Bien qu’aucune projection ne soit disponible, il n’y a aucun doute que l’adaptation sera une entreprise très coûteuse à toute échelle et mettra certainement les capacités des pays à rude épreuve. Des moyens financiers doivent ainsi être considérés comme l’une des mises en œuvre pour une adaptation réussie à plus large échelle. Les domaines d’action prioritaires comprennent des améliorations de l’observation systématique de la variabilité du climat et du changement climatique à travers l’évaluation des impacts et de la vulnérabilité à différentes échelles. Lors du développement de projets pilotes, la priorité devrait être donnée aux communautés particulièrement exposées au risque. Il est important de noter que la prise en compte du savoir local dans l’élaboration de politiques de lutte contre le changement climatique peut mener à la création de stratégies d’adaptation effectives avec la meilleure efficacité-coût et qui sont participatives et soutenables. La hausse des cours des produits de base et la sécheresse ont eu une incidence négative dans certains pays. Le fait que les 154 Les effets dévastateurs du changement climatique en Afrique... coûts actuels des produits de base soient élevés et continuent d’augmenter est une bonne chose pour les pays africains qui en sont exportateurs, mais pas pour les autres, qui ont pâti en particulier de la hausse des prix des produits alimentaires et des combustibles, et dont la balance des paiements s’en est fortement ressentie. 2.2- La gouvernance internationale sur l’environnement L’envol des prix des produits alimentaires et des combustibles a durement frappé les ménages à faible revenu (en particulier dans les villes), ce qui a aggravé les tensions sociales et provoqué des émeutes alimentaires dans certains pays. La sécheresse qui a frappé certaines régions du continent le Tchad, le Niger et les pays de la Corne de l’Afrique (notamment la Somalie) a entraîné une réduction de la production agricole et exposé de ce fait les ménages ruraux pauvres à la famine. Face à cette situation, l’action publique est confrontée aux contraintes budgétaires qui imposent une rationalisation des dépenses dans les États. Pour que le développement soit durable dans les futures conditions imposées par le changement climatique, la conservation de la biodiversité doit être intégrée aux législations nationales et internationales et être prise en compte par les gouvernements et les administrations. Il est aussi essentiel que des zones protégées soient davantage reconnues comme moyens de préservation du patrimoine vivant pour la mise en valeur future de plantes cultivables et de substances pharmacologiques et comme espaces de tranquillité pour la flore et la faune, ces fonctions environnementales devant être compensées par des financements internationaux. En matière de gouvernance internationale sur l’environnement, le constat qui se dégage est triste et fait souvent oublier toutes les actions que celle-ci pose pour protéger l’environnement. L’heure n’est plus aux grandes conférences et discours, l’heure est à l’action et cela passe par une législation applicable de l’environnement. 155 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale Conclusion Le changement climatique et ses effets néfastes sur les grands équilibres naturels constituent des réalités incontestables. Les réponses apportées à ce phénomène écologique se sont principalement focalisées sur des instruments de marché et sur les nouvelles techniques environnementales, suivant en cela les recommandations du Protocole de Kyoto. Les avantages procurés par les solutions axées sur la réduction des GES et les opportunités offertes par les filières de l’économie verte sont réels. Des possibilités d’insertion existent sur les marchés de l’économie verte pour les pays d’Afrique centrale. Ces marchés porteurs, en pleine expansion aujourd’hui, offrent des perspectives intéressantes en termes d’emploi pour les femmes et pour les jeunes. Pour bénéficier et être un acteur actif de cette nouvelle économie naissante, les pays d’Afrique centrale doivent préserver leur capital naturel par une gestion rationnelle de leurs écosystèmes, s’engager dans la voie de la production et du transport des énergies durables. De nos jours, l’Afrique exploite de plus en plus son pétrole, la gestion de cette manne tombée du ciel invite à s’interroger sur la politique environnementale suite à son exploitation. Références bibliographiques Vohland K. et Lotze-Campen H., 2009, Les Conséquences du changement climatique, Allemagne, Institut de Recherche de Potsdam, 13 p. Woodfine A., 2009, L’Adaptation au changement climatique et l’atténuation de ses effets en Afrique subsaharienne au moyen des pratiques de gestion durable de terres, Copenhague, Terrafrica, 90 p. 156 Exploitation minière et gestion responsable de l’environnement Georges NSHAGALI BIRINGANINE Introduction Des éléments importants pouvant conduire à la compréhension du fonctionnement d’une mine et ses impacts directs et indirects sur l’environnement ont été observés lors d’une visite d’étude à la Société d’exploitation d’or de Sadiola (SEMOS) au Mali dans la province de Kayes. Le grand complexe minier était bien structuré, éclairé et les routes à l’intérieur de la mine bien entretenues. Les villages voisins de la mine pourraient bénéficier de cette semimodernité visible à la mine. Lors de la visite du parc à résidus (lieu d’entreposage des résidus provenant de l’usine de traitement), deux versions concernant la préparation de cette structure importante pour la mine se sont contredites. L’une venait du guide de la visite qui affirmait que la géomembrane était au préalable posée au fond de ce parc à résidus ; l’autre venait d’un agent contrôleur et permanent à ce site qui affirmait que la géomembrane n’était jamais posée. Les interrogations concernant l’avenir des huit fosses de mines, de plus de deux cents mètres de profondeur, à la fermeture de la mine ont révélé un désengagement environnemental. L’objectif premier d’une entreprise minière étant le business, ces trous ne seront jamais remblayés. Cet exemple n’est pas un cas isolé, il représente la négligence effective dans le secteur minier, notamment en RDC, où la législation et la réglementation, le suivi et le contrôle dans le domaine des mines semblent absents. Le secteur minier joue un rôle très important dans le soutien et le développement de l’économie des pays miniers parmi lesquels la RDC, où il constitue actuellement la première ressource d’exportation du pays. Mais la question est de savoir s’il faut exploiter les ressources de manière irresponsable donc au détriment de l’environnement et sans penser aux générations futures ? Dans la plupart des pays miniers, africains spécialement, deux types d’exploitation minière sont généralement observés : celle plus ou moins moderne (industrielle) et celle artisanale. 157 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale Toutes ces exploitations, de quelque nature qu’elles soient, ne sont pas sans conséquence sur l’environnement. Certaines plus ou moins modernes, utilisent les produits chimiques qui peuvent être nuisibles à l’environnement physique et par conséquent à l’environnement humain si aucun contrôle efficace n’est au préalable prévu. D’autres, du type artisanal, peuvent être à l’origine de la dégradation de l’environnement physique et peuvent affecter l’environnement humain, tout en sachant que l’érosion favorise le lessivage des métaux lourds qui peuvent contaminer l’eau de surface et/ou l’eau souterraine voire même les sols arables (Aubertin et al., 2002a). Ce type d’exploitations a des impacts plus négatifs que positifs vis-à-vis de l’environnement social, sociétal et physique. Les impacts négatifs, peuvent-ils être évités ? Les différents rejets susceptibles de provenir de l’exploitation minière et leurs conséquences sur l’environnement physique (cas de l’or) seront examinés ; ainsi que les impacts potentiels de l’exploitation minière sur le milieu humain. La portée et limites des moyens mis en œuvre par les États et les exploitants seront présentés ; puis, quelques propositions d’amélioration technique et organisationnelle seront envisagées. Une exploitation minière contribue certes au soutien des économies des États en voie de développement, mais elle reste dans tous les cas destructrice de l’environnement physique et social. 1. Les différents rejets miniers provenant à chaque phase de cette exploitation Pour prétendre appliquer une gestion plus efficace des résidus miniers, le mieux est de comprendre leur lieu de provenance, car les sources des résidus miniers influencent énormément leur mode de gestion. Le schéma suivant résume les différents rejets miniers retrouvés dans la halde à stérile et le parc à résidus et leur provenance. 158 Exploitation minière et gestion responsable de l’environnement Figure 2 : source de rejets miniers de la halde et du parc à résidu Source : Commission européenne, 2009, Les Meilleures Techniques disponibles sur la gestion des résidus et stériles des activités minières. Pour atteindre le minerai, une certaine quantité de stérile (débris de roche) est excavée et déposée en un lieu appelé halde à stérile. La plupart des sociétés aurifères produisent de l’or grâce aux procédés hydrométallurgiques (mélange de l’eau dans le minerai à broyer). Toute opération de production conduit à la libération du métal désiré (or) et des résidus non désirés. Ces derniers sont stockés dans un lieu appelé parc à résidus. Il existe une autre qualité des rejets dans toute société minière ayant des installations connexes telles que les bureaux, les camps de travailleurs, différents dépôts des produits chimiques et d’autres appareils, garages, etc. Ces rejets sont assimilés à des déchets banals et ménagers et sont stockés en un lieu appelé déchetterie. Cet endroit doit subir aussi un traitement spécial de manière à prévenir le lixiviat contaminé qui peut provenir de la déchetterie. Beaucoup d’autres rejets peuvent être signalés comme : les rejets gazeux (difficiles à gérer), huiles usées, carburants, lubrifiants, etc. 159 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale 2. Les conséquences de l’exploitation minière sur les différents environnements 2.1- Sur l’environnement physique Les plus grands méfaits des sociétés extractives sont les destructions en masse de l’environnement, en commençant déjà à la phase d’exploration jusqu’à la fermeture de la mine. Ces destructions peuvent consister en la coupe de bois, au déblayage, au creusement des fosses qui ne seront jamais bouchées, productions des tas de terrils non stabilisés, création des lacs de résidus, à l’utilisation de produits chimiques non contrôlés, tels que le cyanure, le peroxyde et autres produits chimiques nocifs à l’homme, à la production des métaux lourds secondaires (non inclus dans la production), etc. Leurs conséquences sont multiples : développement de l’érosion, lessivage des métaux, production du drainage minier acide (DMA), contamination des eaux de surface et souterraines ainsi que du sol (Lefebvre et al., 2001a). La grande question est de savoir comment faire du business en éliminant carrément ces contaminations ou en les minimisant pour un développement durable ? Donc quelles stratégies utiliser pour concilier exploitation minière et développement durable ? Sans oublier que les conséquences les plus désastreuses (contamination des eaux de surface et souterraine, voire même du sol) dans l’exploitation minière peuvent se produire plusieurs années après la fermeture de la mine. 2.2- Sur l’environnement humain. Les conséquences de l’exploitation minière peuvent se répercuter sur le milieu humain à deux niveaux : milieu social et milieu sociétal. Les activités extractives se déroulent généralement sur des sites occupés par la population et tous leurs patrimoines culturels. Selon le droit congolais (RDC, Code Minier, 2002), le sol et le sous-sol appartiennent à l’État. Est-ce que les entreprises minières ayant des droits miniers (permis d’exploitation et/ou d’exploration) doivent s’installer sans négociation avec cette population ? Comment exploiter tout en préservant les droits de 160 Exploitation minière et gestion responsable de l’environnement cette dernière ? Tout ceci doit se développer en se servant de la législation et de la réglementation dans les domaines des mines. Le constat est que dans la plupart des pays africains et surtout en RDC, la réglementation pour ce qui est du social est quasiment inexistante et quand bien même les textes existent, il n’y a pas de contrôle ni suivi pour s’assurer de leur application. Cette question est cruciale comme l’illustre l’exemple de la Société Banro au Sud-Kivu (RDC) qui se heurte à l’opposition de la population qui ne comprend pas en majorité en quoi consistent ses activités, il y a un problème évident de communication. La prostitution sur les sites d’extraction minière est une autre réalité importante, elle devient une activité non évitable. Par moments, elle est moins visible : les travailleurs se livrent à l’impudicité et à la débauche dans les localités au voisinage de la mine et ceci crée très souvent deux types de problèmes sociaux : la prolifération des maladies sexuellement transmissibles et/ou les conflits sérieux entre travailleurs de la mine et riverains. Cette prostitution peut aussi être visible, tel est le cas de la mine de Sadiola au Mali, où un camp bien reconnu avec des maisons qui ont été construites par la société minière accueille des jeunes filles qui se livrent à la prostitution. La question est de savoir quelles stratégies adopter pour l’encadrement de ces jeunes femmes qui se livrent à la prostitution sur les sites miniers ? Comme toute société, les sociétés extractives emploient trois sortes de main-d’œuvre à savoir : hautement qualifiée, moyennement qualifiée et non qualifiée. Dans la plupart de cas, celle hautement qualifiée vient de partout dans le monde et celle moyennement qualifiée généralement nationale (locale et nationale). La moins qualifiée ou sans qualification est locale. Toutes ces personnes se rencontrent dans une même entreprise et les droits de tout un chacun doivent être respectés. Les industries extractives ne sont pas durables, c’est-à-dire que la société peut arriver à sa fin. Plusieurs paramètres peuvent être à l’origine de la fermeture d’une mine notamment : 161 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale - la baisse du coût des matières premières ou des métaux sur le marché. Lorsque le coût d’exploitation d’une once d’or, par exemple, dépasse déjà le prix de l’once sur le marché, l’entreprise n’a plus besoin de poursuivre l’exploitation ; - l’épuisement du gisement : la quantité du minerai à exploiter est terminée ; - les conditions sécuritaires devenant de plus en plus compliquées, comme cela peut arriver en RDC, etc. La question est donc de savoir, où va la main-d’œuvre non qualifiée qui était employée par la société à la fermeture de la mine, surtout si la fermeture est conditionnée par l’épuisement du gisement. 3. Portée et limites des moyens mis en œuvre par les États et les exploitants La plupart des gouvernements des pays en développement ne disposent le plus souvent pas de réglementations adaptées, ni de capacités de contrôle nécessaires à garantir le bien-être social et environnemental. La législation et la réglementation sont deux éléments moteurs pour une exploitation minière responsable, mais le suivi de l’application des textes est le plus souvent compliqué pour les États. Non seulement il faut avoir des structures déterminées et adaptées, mais aussi les personnes ressources formées dans le domaine pour un suivi et un contrôle efficace. Pour le cas de la RDC, par exemple, les textes légaux dans le domaine de l’exploration minière ne sont pas très clairs, il y a trop de manquements surtout en ce qui concerne l’indemnisation de la population et aussi pour ce qui est du renforcement de la gestion durable de l’environnement. Du côté des exploitants, leur objectif premier est le profit, tout à fait normal pour une société non caritative. Ils oublient tout simplement leur responsabilité sociale et sociétale vis-à-vis de la population locale. Ils sont animés d’un caractère maximaliste du profit et minimaliste de gestion sociale et environnementale durable. 162 Exploitation minière et gestion responsable de l’environnement 4. Propositions d’amélioration technique et organisationnelle L’amélioration des conditions d’exploitation et la gestion durable des mines peuvent être abordées sous deux angles (technique et organisationnel). 4.1- Amélioration de la technique de gestion des rejets miniers Il conviendrait dans un premier temps, de procéder aux installations des structures de gestion de rejets convenables, respectant les normes internationales et nationales. Ceci implique pour la communauté internationale, de renforcer les capacités des gouvernements et des communautés locales dans les mécanismes de mobilisation et de demande des comptes par les populations des sites miniers sur les normes responsables de gestion des déchets miniers par les entreprises. Il faudrait ensuite contrôler ces structures par un calendrier fixe, mais qui peut varier en fonction de l’urgence de l’action à mener et faire des analyses régulières des eaux de surface et souterraines dans les laboratoires appropriés ; publier régulièrement ces résultats et expliquer au public au cas où il y aurait des actions à prendre en rapport avec ces résultats. Enfin, il faudrait réviser régulièrement le plan de fermeture et faire rapport aux structures étatiques voire même aux représentants des communautés locales. 4.2- Gestion des problèmes sociaux et amélioration des conditions de vie. Si interdire la prostitution est difficile, il faudrait absolument encadrer toutes les femmes et surtout les jeunes femmes prostituées environnant les sites de l’entreprise minière par une sensibilisation intense sur les maladies sexuellement transmissibles, d’une part, et, d’autre part, les aider dans l’encadrement pour la création des activités génératrices des revenus. Ceci permettrait à ces filles et femmes prostituées d’avoir d’autres visions par rapport aux activités non durables de la mine et d’apprendre à se prendre en charge. Aussi conviendrait-il de mettre à leur disposition un cadre médical digne de ce nom. La communication est un moyen efficace de résoudre certains 163 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale problèmes sociaux qui se posent dans les industries extractives en Afrique. La mise en œuvre d’un système de communication efficace serait un facteur déterminant dans la compréhension du fonctionnement d’une mine par la population locale et éviterait les problèmes perpétuels que les entreprises minières auront souvent à gérer. Pour les travailleurs de la mine, après la fermeture de cette dernière, c’est souvent un chômage généralisé, surtout pour la main-d’œuvre moins qualifiée. Il y aurait lieu de sensibiliser cette catégorie de travailleurs, afin qu’elle comprenne que la ressource minérale en exploitation s’épuisera d’un moment à l’autre à cause de l’une des raisons évoquées plus haut. Leur encadrement professionnel (formations perpétuelles dans leurs différents domaines d’action) est nécessaire. Aussi est-il important qu’elle sache gérer durablement ses revenus ; il faudrait l’aider à s’organiser en groupe pour les actions de développement des activités génératrices de revenus dans leurs localités. Une politique non discriminatoire doit être mise en place cette fois par les responsables des entreprises et les différents pouvoirs publics pour éviter les différentes réclamations qui se soldent très souvent par des violences. Conclusion L’industrie minière a toujours été une opportunité économique pour les pays qui ont des richesses minières, mais elle est souvent à l’origine de dégâts sociaux et environnementaux considérables. Les gouvernements et les entreprises doivent prendre conscience de cet état de fait, et agir avant que les dégâts ne soient irréparables pour l’environnement. Ils doivent s’assurer que les projets miniers disposent des autorisations nécessaires pour agir (y compris du consentement libre, préalable et informé des communautés locales), et que les meilleures pratiques environnementales sont utilisées. Les études d’impacts doivent être réalisées en bonne et due forme, incluant toutes les formes de protection de l’environnement et des réductions de la pollution. Le plan de fermeture tenant compte des réalités socio-économiques et environnementales doit être 164 Exploitation minière et gestion responsable de l’environnement élaboré. Ce dernier tiendra compte des propositions de l’État et de la population locale héritière du site après la fermeture et doit être validé par les structures étatiques appropriées. Ainsi l’entreprise minière sera responsable et les générations futures n’auront pas à gérer des situations désastreuses héritées des générations irresponsables. Références bibliographiques Articles Aubertin M., Bussière B. et Bernier L., 2002a, Environnement et gestion des résidus miniers, Presses internationales de Polytechnique, Corporation de l’École polytechnique de Montréal, Montréal. Aubertin M. et al., 2002b, Stabilité géotechnique des ouvrages de retenue pour les résidus miniers : problèmes persistant et méthodes de contrôles, Symposium 2002 sur l’environnement et les mines, 3-5 novembre 2002, Rouyn-Noranda, Canada. Lefebvre R. et al., 2001a, Multiphase transfer processes in waste rock piles producing acid mine drainage, 1 : Conceptual model and system characterization. J. of ������������������ contaminant Hydrology, ��������� INRS-Géoressources, Institut national de la recherche scientifique, université du Québec, Centre Géoscientifique de Québec, 880 Chemin, p. 137-164. Loi no 007/2002 du 11 juillet 2002, Portant Code Minier (RDC), Journal Officiel du 15 juillet 2002. Rapports Rapport d’examen africain sur l’exploitation minière, 27-30 octobre 2009, Addis-Abeba, Éthiopie. Commission européenne, 2009, Document de référence sur les meilleures techniques disponibles sur la Gestion des résidus et stériles des activités minières. 165 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale 166 Déchets ménagers : vers une gestion responsable ? Cédric Isaac MBAVU Introduction À l’ère de la mondialisation, des multitudes de questions apparaissent suite à la destruction des ressources naturelles sans la mise en place d’un processus efficace de renouvellement. Ce faisant, les êtres humains continuent de polluer la planète de diverses manières, et à plusieurs échelles. Ainsi, les déchets ménagers produits au quotidien participent de cette tragédie contemporaine. Ils nécessitent donc une gestion efficiente. Le Petit Larousse définit la gestion comme « l’action ou la manière de gérer, d’administrer, de diriger, d’organiser quelque chose ». Les déchets désignent les « débris, restes sans valeur de quelque chose ». Quant à l’adjectif « ménager », il vient du nom « ménage » qui se rapporte à « la vie domestique, à l’organisation matérielle du foyer ». Une notion de dualité est remarquable entre environnement et développement. En effet, les questions de salubrité concernent grandement l’environnement car ce dernier est la première victime des agissements de l’homme avec pour conséquences la pollution de l’eau, de l’air, voire de la terre. En outre, tout pays qui aspire au développement doit assurer des conditions d’hygiène décentes à ses populations. Or, avec la gestion non efficiente des déchets, les rues de plusieurs villes africaines présentent actuellement un caractère insalubre qui pourrait nuire à la santé. Connaissant ce problème, quels peuvent en être les principaux responsables ? Comment mobiliser tous les acteurs afin d’améliorer la gestion des déchets ménagers ? La situation à Libreville illustre ce phénomène. De fait, la notion de responsabilité citoyenne, une entreprise en charge des déchets, la régulation proposée par les autorités étatiques, puis des pistes conduisant à enclencher une mobilisation collective afin de gérer au mieux le problème seront présentés. 1. Responsabilité citoyenne La gestion des déchets ménagers est un sujet qui concerne toutes les couches de la société, et les classes supérieures, moyennes, 167 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale ainsi que les couches les plus vulnérables, les masses populaires. Par conséquent, chaque citoyen a une responsabilité face au défi de salubrité de l’environnement qui l’entoure. Toutefois, l’engagement citoyen est à son niveau le plus faible. De fait, les ordures envahissent les rues de Libreville et peuvent être à l’origine de conséquences néfastes comme la présence dans l’air d’odeurs nauséabondes, susceptibles de causer des difficultés sanitaires comme en Côte d’Ivoire : « Dans les 48 heures qui suivent le déchargement des déchets toxiques, la population locale exposée à ces vapeurs nauséabondes, commence à se plaindre de problèmes de santé et à demander des soins médicaux. L’intoxication provoque une irritation des yeux, du nez et de la gorge, des difficultés respiratoires, des maux de tête, des nausées ou des vomissements » (Bohand et al., 2007). L’abandon dans la nature d’objets dont la décomposition naturelle nécessite plusieurs dizaines d’années (bouteilles en plastique par exemple), constitue également un risque pour la préservation de l’environnement. Aussi, un cas de figure peut être présenté à titre illustratif du manque d’implication des citoyens dans la démarche d’assainissement de la ville : un individu qui préfère déverser ses ordures par terre plutôt que de les déposer dans les bacs prévus pour cela. Voici donc un des problèmes centraux (le premier) qui nécessite une résorption avant de pouvoir envisager des phénomènes plus complexes (tel que la pollution par les entreprises industrielles), afin de promouvoir un développement qui ne se fasse pas au détriment de l’environnement. 2. Entreprise du secteur En vue de gérer les déchets produits par les ménages, il existe une société ayant tissé un partenariat avec la mairie de la ville de Libreville, la Société de valorisation des ordures ménagères du Gabon (SOVOG). Celle-ci est en charge du ramassage des ordures selon un programme horaire bien défini et elle nettoie, en conformité avec ses obligations contractuelles, cinq mètres autour des bacs à ordures, dans le but d’assurer une propreté irréprochable à la ville. Elle collecte également des déchets industriels produits par les PME ne disposant pas de moyens financiers et matériels pour les évacuer elles-mêmes. Il s’agit 168 Déchets ménagers : vers une gestion responsable ? par exemple de bonbonnes de gaz, de moteurs de voitures directement déposés dans les bacs à ordures par les petits garages, de résidus de l’exploitation du bois par des ébénistes, etc. À ce jour, il n’existe pas d’entreprise de recyclage des ordures ménagères au Gabon. De ce fait, une fois les déchets collectés, ils sont déversés à la décharge en plein air de Mindoubé (un quartier de Libreville). Partant de ce constat, les dirigeants de la SOVOG espèrent pouvoir mettre en place leur projet de création d’un centre de retraitement de ces ordures dans les années à venir. Celui-ci permettra de créer du compost qui servira d’engrais aux agriculteurs, et pourrait, toujours d’après les dirigeants, permettre une production d’électricité capable d’alimenter l’équivalent de la commune voisine de Libreville à savoir, Owendo. Cette initiative économique du « déchet » serait non seulement intéressante voire rentable pour la société, mais elle aurait dans ce cas un intérêt pour les habitants de la ville de Libreville ainsi que pour la préservation de l’environnement ; le recyclage étant à raison présenté comme un moyen efficace de lutte contre le réchauffement climatique. Toutefois, ces projets risquent fortement d’être compromis par la décision du gouvernement de créer une nouvelle société qui aura pour mission de nettoyer la ville de Libreville ainsi que toutes les capitales provinciales du Gabon. 3. Régulation étatique La mise en place d’un système de gestion des ordures ménagères passe nécessairement par l’intervention de l’État. Il permet une organisation qui soit plus équitable pour tous, c’est-à-dire pour l’homme, pour l’environnement et pour l’entreprise. Certes, l’État doit pouvoir interdire aux entreprises industrielles l’émission d’une certaine quantité d’éléments nocifs pour la nature et les écosystèmes. Ainsi, il peut mettre en application des lois et règlements, tel que le principe pollueur-payeur qui institue que : « le pollueur supporte la totalité des coûts de prévention et de lutte contre la pollution à l’origine de laquelle il se trouve ». Ce principe a été adopté par l’Organisation de Coopération et de Développement Économique (OCDE) en 1972. Il engage la responsabilité de chaque acteur économique, 169 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale c’est-à-dire qu’il le contraint à assumer les aspects négatifs de sa production au même titre qu’il bénéficie des retombées positives de cette production par l’encaissement des recettes. Au Gabon, les autorités étatiques font l’effort de mettre en place un programme de développement durable qui se matérialise par l’interdiction de l’usage des sachets plastiques dont l’absorption par la nature est lente (plus d’une vingtaine d’années). D’où la commercialisation, depuis 2010, des sachets « biodégradables à 100 % » dont l’impact sur l’environnement est moindre. De plus, des spots publicitaires sont régulièrement diffusés sur plusieurs chaînes de télévision, afin de sensibiliser le plus grand nombre sur l’importance de la sauvegarde de l’environnement par un changement de mentalité qui devrait les pousser à verser les ordures à l’intérieur des récipients et non à l’extérieur, mais aussi à respecter les horaires de dépôt. Car, l’État, en collaboration avec ses entreprises partenaires, a élaboré un plan d’action visant à définir les heures idéales de dépôt des ordures par les citoyens. Cet effort accompli par les autorités est quand même louable, mais reste encore insuffisant. Par contre, elles pourraient aller plus loin en légiférant sur les sanctions financières dont pourrait être passible toute personne prise en flagrant délit de non-respect des recommandations légales. Néanmoins, l’État devrait donner les moyens nécessaires à ses entreprises partenaires afin que celles-ci puissent régulièrement collecter les ordures dans les délais les plus brefs. Toute chose qui éviterait des entassements massifs et qui favoriserait le respect de la loi par les populations. 4. Mobilisation collective En plus de présenter la situation actuelle au Gabon, en matière de gestion des déchets ménagers, il faut être capable de proposer des solutions pour améliorer la situation. Il est indispensable de faire ressortir le niveau d’implication de chaque acteur en vue de créer une synergie. Ainsi, il convient d’essayer dans un but commun, d’apporter un changement de mentalité aux citoyens, d’améliorer la gestion des déchets par les entreprises du secteur, et de pousser les autorités étatiques à se mobiliser sur ce sujet car il s’agit, en plus d’être une question environnementale, d’une question de développement. Quels sont les écueils ? Ils 170 Déchets ménagers : vers une gestion responsable ? se situent respectivement au niveau de la rigidité des mentalités des populations qui agissent sans crainte de voir leurs actes sanctionnés, au niveau des entreprises qui aimeraient disposer de plus de moyens matériels, et au niveau de l’État qui met des moyens, mais pas suffisamment pour que la ville de Libreville et le reste du Gabon soient totalement assainis. Comment le faire ? L’action consisterait à sensibiliser les populations par la création d’une page Facebook sur le sujet (mobilisation des jeunes entre 15 et 35 ans notamment) et par la distribution de divers prospectus (mobilisation des personnes plus âgées) pendant des campagnes de sensibilisation populaire. La fréquentation de cette page ainsi que la popularité des actions menées pourraient avoir un effet « boule de neige » qui susciterait l’intérêt des autorités publiques. Du coup, les citoyens pourraient les encourager à œuvrer continuellement pour une augmentation des capacités de leurs entreprises partenaires afin que Libreville – et le Gabon dans sa globalité – devienne une référence en matière de salubrité des villes africaines. Pourquoi Internet jouerait-il un rôle central dans cette action ? Il a été constaté que les récentes révolutions arabes (ou printemps arabe) ont été catalysées par les échanges interactifs à l’aide de l’outil Internet. Cela sert donc de référence et de base solide pour la mise en œuvre d’un tel projet. Conclusion La problématique de la gestion des déchets ménagers implique plusieurs niveaux de responsabilité. Elle touche les populations (premier niveau), les entreprises du secteur (deuxième niveau), puis l’État (troisième niveau). Ainsi, la mise en œuvre d’un programme efficace visant à améliorer cette gestion nécessite indispensablement que chaque acteur joue un rôle actif dans le processus. Cela passe par la prise de conscience des citoyens des devoirs basiques comme celui de la propreté. De même, l’État doit être le garant de cette mission en continuant de sensibiliser les habitants des différents quartiers de Libreville d’une part, et en augmentant les capacités de ses entreprises partenaires d’autre part. Aussi, l’accent doit être mis sur la sensibilisation des populations par l’outil Internet (notamment pour les jeunes), et par la distribution de divers tracts durant des campagnes 171 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale en vue de générer une mobilisation collective. Par ailleurs, il apparaît utile d’impliquer la gestion des déchets industriels qui est également une des problématiques centrales dans le vaste sujet de l’environnement. Références bibliographiques Jeuge-Maynart I. et al., Le Petit Larousse, 2009. Bohand X. et al., « Déchets toxiques déversés à Abidjan (Côte d’Ivoire) et conséquences sanitaires », Médecine tropicale, 2007. OCDE, Le Principe pollueur-payeur. Analyses et recommandations de l’OCDE, Paris, 1992. Jeune Afrique et AFP, 2010, « Le vent du biodégradable emporte les sacs plastiques », disponible en ligne sur : www.jeuneafrique.com, page consultée le 2 octobre 2012. 172 Chapitre III économie Développement humain et politiques macroéconomiques dans les pays en développement : quelle dialectique Eugène Calliope SHEMA Introduction Au regard de l’essor économique d’un certain nombre de pays d’Asie et d’Amérique latine, les pays à faible revenu envisagent d’atteindre le statut de ces pays dits « émergents ». Dans cette perspective, l’article présente les obstacles à prendre en compte pour ces pays en développement au regard des problèmes actuels de gouvernance mondiale. Les programmes économiques de développement des États africains, en particulier ceux d’Afrique centrale, s’accordent presque tous sur la volonté d’émergence. Le Cameroun avec la « vision 2035 », le Gabon avec la « vision 2025 », la République Centrafricaine avec la « vision 2025 » ou encore le Rwanda avec sa « vision 2020 », témoignent de l’importance de cette notion. Dans les documents officiels, l’ambition est d’« atteindre un taux de croissance annuel moyen du produit intérieur brut (PIB) de 7 % par an ». Ainsi, la vision à l’orée 2020 vise à ce que le Rwanda devienne : « un pays à revenus moyens (avec un revenu par habitant d’environ 900 dollars par an, comparé à 220 dollars en 2000)… Une société basée sur la connaissance, avec des niveaux élevés d’épargne et d’investissements privés, réduisant ainsi la forte dépendance du pays sur l’aide extérieure ». Cette boussole du gouvernement rwandais a le mérite de souligner la nécessité de conjuguer la croissance économique à la hausse du niveau de vie de la population : « Elle doit être en faveur des pauvres, offrant ainsi à tout Rwandais la chance de tirer profit des nouvelles opportunités économiques ». Cependant, si le développement est humain, il doit aussi inclure la durabilité, parce que le développement a un coût sur les ressources ���. ���. Rwanda, Vision 2020, 2008, p.4. Ibid. 173 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale naturelles qui ne sont pas inépuisables. Le développement humain et durable doit donc être « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs ». La compatibilité des politiques macroéconomiques avec le développement humain durable dans les pays en développement résonne comme une problématique majeure. De même, il convient de s’interroger sur les pistes de réflexion à privilégier dans cette course au tout développement face aux pays d’Europe et les États-Unis ? Car, le continent affiche des projections positives d’un taux de croissance économique en moyenne annuelle de l’ordre de 5 %, ce qui laisse envisager d’énormes chantiers. Tandis qu’en Europe par exemple, la croissance semble être en hibernation avec des projections de croissance autour des 1 %. Ainsi, les éléments qui entravent le potentiel de croissance des pays d’Afrique et les dangers qu’ils entraînent seront mis en évidence. Il convient pour cela de revenir sur les enjeux environnementaux dans le monde en relevant les critiques émanant de pays développés sur les dangers d’un développement sans bornes. Quelques faiblesses des économies africaines, celles d’Afrique subsaharienne notamment, seront ensuite mises en avant afin de suggérer des pistes susceptibles de favoriser un bien-être plus harmonieux à la lumière des grands problèmes économiques que connaît le monde aujourd’hui. 1. Pays émergents, enjeux environnementaux La Banque mondiale rassemble les pays en deux groupes : les pays en développement et les pays développés, cela permet de saisir la notion de pays émergent. 1.1- Une affaire de revenu par tête La Banque mondiale situe trois sous catégories dans les pays en développement : les pays à revenu inférieur, ceux à revenu moyen et ceux à revenu supérieur. Les pays émergents se retrouvent dans la catégorie « revenu supérieur » avec un revenu ����������������������� . Rapport Brundtland, Notre avenir à tous, Commission mondiale sur l’environnement et le développement, 1987. 174 Développement humain et politiques macroéconomiques dans les pays... par tête compris entre 4 036 et 12 475 dollars. Ce sont également des États dont le poids dans le PIB mondial dépasse les 1 %. Les pays développés dans ce cadre, sont ceux dont le revenu en 2011 était supérieur à 12 476 dollars. En outre, le rythme de croissance des pays émergents, leur industrialisation, l’intégration de leurs économies au système financier international, tend à réduire l’écart qui les sépare des pays développés. Encadré 1 : Différences entre pays à partir de critères de la Banque mondiale prenant en compte le PIB par habitant (2011). Pays développés : > 12 476 dollars Pays en développement : < 12 476 dollars - à revenu supérieur 4 036 – 12 475 dollars ; - à revenu moyen 1 026 – 4 035 dollars ; - à revenu inférieur < 1 025 dollars ; Commentaire : d’autres classifications peuvent être établies au risque de perdre le néophyte dans d’interminables terminaisons : pays du Sud, pays du Nord, pays pauvres très endettés, pays du tiers-monde, nouveaux pays industrialisés, etc. Il ne nous est pas apparu important de refaire l’histoire de ces concepts. Nous avons privilégié ce distinguo plus souple parce qu’il se base sur des indicateurs mesurables. Le Rwanda, dans sa vision à l’orée 2020, affiche fièrement son ambition de rattraper les « tigres » asiatiques. La recherche de meilleurs scores ne doit cependant pas conduire à des situations extrêmes. Il est intéressant de préciser que le Qatar présente le plus grand nombre d’émissions nocives par personnes ou qu’en Grande Bretagne, un citoyen émet en deux mois autant de gaz à effet de serre qu’un habitant d’un pays à faible revenu en un an. Il ne faut pas non plus s’orienter vers un développement à l’image des États-Unis, qui ont la dette extérieure la plus élevée au monde : 15 000 milliards de dollars en 2011 (FMI, 2011). Si l’ambition à long terme est d’arriver à des performances comme celles des États-Unis qui constituent 24 % du PIB mondial, �������������������������������������������������� . Banque mondiale, 2011. Disponible en ligne sur http://www.worldbank.org page consultée le 12 octobre 2012 à 14 h 20. 175 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale le premier en la matière, comment concilier un tel espoir avec la dilapidation des ressources qui s’épuisent ? 1.2- Les enjeux environnementaux Depuis le Sommet de Rio en 1992, la problématique sur le réchauffement climatique est une préoccupation mondiale. Le Protocole de Kyoto de 1997, entré en vigueur en 2005 et ratifié par 156 pays à l’exception notable des États-Unis, de l’Australie et de la Turquie, démontre à suffisance la difficulté de rallier les États. Même si le groupe des huit pays les plus industrialisés du monde (G8) a décidé en 2007 de réduire leurs émissions de 50 % en 2050, un grand chemin reste à faire. Dans cette voie cependant, le monde doit faire face à une « contradiction insurmontable » (Loriaux, 2007). Les pays en développement ont besoin de produire pour faire face aux nombreux besoins des populations (écoles, routes, centres de santé, réseaux d’adduction d’eau potable et d’électricité, etc.) alors qu’universitaires et associations appellent à freiner la croissance sur une planète Terre déjà épuisée. Équation difficile à résoudre pour des pays qui doivent produire pour rembourser leurs dettes et faire sortir du sous-emploi l’essentiel des actifs. Le cas du Rwanda est encore édifiant à ce titre, sur les enjeux environnementaux. Le bois y est la principale source d’énergie pour 99 % de la population, ce qui aboutit au déboisement non contrôlé et à la dégradation du sol. Ce pays présente en plus, la densité de population la plus élevée d’Afrique avec un taux de croissance démographique proche de 3 % par an. En 2012, sa population avoisine les 11 millions d’habitants répartis sur les 26 338 km2 de territoire. Le défi est grand ici pour améliorer le quotidien des populations en leur recommandant de ne pas ������������������������������������������������������������������������������� . Dans la vision 2020 du Rwanda, il y est indiqué que l’agriculture occupe 90 % �� de « la force de travail ». Dans d’autres pays, ces constats sont plus explicites. Au Cameroun par exemple, le sous-emploi affectait 71,9 % d’actifs en 2010. 2010, Jeunes et marchés de l’emploi au Cameroun en 2010, Institut national de la statistique. ���. http://www.doingbusiness.org/data/exploreeconomies/rwanda, page consultée le 1er novembre 2012 à 15 h 15. 176 Développement humain et politiques macroéconomiques dans les pays... puiser sur les ressources qui leur ont pourtant permis de subsister jusqu’à ce jour. Encadré 2 : Halte à la surconsommation ? Mis en place par l’organisation Redefining Progress, l’empreinte écologique est définie comme la surface nécessaire pour accueillir toutes les activités humaines. Selon les mesures de cette empreinte écologique, il faudrait quatre à cinq planètes si toute la population mondiale consommait comme un habitant des États-Unis. Extrait de : ATTAC, 2006, Le Développement a-t-il un avenir ? Pour une société économe et solidaire, Fayard, Paris. Cité par Loriaux M., 26-30 mars 2007, Population, pauvreté et développement : quelles relations et quels enseignements pour l’action ?, table ronde organisée par l’EAT Dakar, Sénégal. 2. Quelle politique économique pour les pays en développement ? 2.1- Une critique de la mondialisation : la dé-mondialisation C’est le sociologue philippin Walden Bello qui ouvre le débat et utilise ce terme pour la première fois en 2002 dans son livre : Deglobalization, Ideas for a New World Economy. En somme, il propose de relocaliser les activités économiques et plaide pour un meilleur contrôle du système économique. La mondialisation a, selon lui, causé beaucoup de tort aux pays du Sud qui n’arrivent pas à tirer un quelconque bénéfice de l’ouverture de leurs frontières. Le terme sera repris dans les cercles intellectuels occidentaux notamment français. Edgar Morin et Jacques Sapir plaideront pour un retour de l’État et un protectionnisme souple en France et en Europe pour faire face à la concurrence des pays émergents tels que la Chine. Si Walden Bello se voulait défenseur des pays du Sud, Morin et Sapir vont utiliser le concept pour défendre les intérêts du Nord. Un courant moins radical, dit altermondialiste, critique l’évolution néolibérale de l’économie mondiale et ses travers. Ces courants ne trouvent pas beaucoup ������������ . Morin E., La Voie, Fayard, 2011. ������������� . Sapir J., La Démondialisation, Le Seuil, 2011. 177 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale d’adeptes, les États préférant rentrer pleinement dans cette mondialisation. L’économiste zambienne Dambisa Moyo renforce cette posture lorsqu’elle explique que les pays en développement doivent s’affranchir de l’aide au développement en allant prêter directement sur les marchés financiers. Ce qu’il faut faire avec prudence, conseille Laura Tyson, qui a présidé le Council of Economic Advisers sous l’ex-président amEricain Bill Clinton : « La crise économique mondiale a détruit la croyance des économistes dans l’infaillibilité du marché ». Selon le FMI, 17 pays émergents en Afrique ayant eu une croissance supérieure à 2 % au cours de la période 1996-2008, envisageaient en 2011 de se financer sur le marché international des capitaux : Afrique du Sud, Botswana, Burkina Faso, Cap Vert, Éthiopie, Ghana, Lesotho, Mali, Maurice, Mozambique, Namibie, Ouganda, Rwanda, Sao Tomé et Principe, Seychelles, Tanzanie, Zambie. Source : « L’Afrique en 2011, hausse des investissements en perspective dans les pays émergents d’Afrique », Bulletin du FMI, janvier 2011. 2.2- Viabiliser les institutions « La principale différence entre pays riches et pays pauvres réside dans les institutions politiques et économiques créées par l’homme » soutiennent Daron Acemoghu et James Robinson, auteurs de « Why Nations fail », cités dans le Bulletin trimestriel du FMI de juin 2012. Des institutions qui favorisent l’état de droit, allègent les réglementations et préviennent la corruption, sont un excellent catalyseur qui peut permettre aux 70 % de travailleurs dans les pays en développement de sortir de l’économie souterraine. Seules de solides institutions politiques et économiques peuvent permettre à une région du monde comme l’Afrique subsaharienne d’améliorer les chiffres du Rapport mondial sur le développement humain en 2011 où la République démocratique 178 Développement humain et politiques macroéconomiques dans les pays... du Congo occupe la fin du classement : 187e. Le Rwanda y occupe la 166e position. En prenant exemple sur l’actualité avec la crise que vit l’Europe, des institutions solides et une politique macroéconomique éclairée peuvent permettre aux pays en développement d’éviter de renouer avec les politiques d’ajustement structurel et l’austérité y afférent. « Il est maintenant plus difficile que par le passé de reporter un ajustement budgétaire à des temps meilleurs […] Pour les pays qui ne sont pas mis sous pression par les marchés, il est opportun de procéder à un rythme constant […] en suivant une ligne d’action claire et en dosant des mesures d’austérité qui prennent en considération les objectifs d’efficience à long terme ». Source : Carlo Cottareli, « L’ère de l’austérité », Finances et développement, juin 2012. Conclusion L’analyse des rapports entre le développement humain et les politiques macroéconomiques dans les pays en développement a permis de présenter les grandes orientations économiques : atteindre le statut pour les pays à faible revenu, de pays émergent. Ce qui n’est pas sans conséquence au vu des ressources qu’il faudra mobiliser. Si l’Afrique est considérée comme une « réserve de développement » (Pascal Boniface, 2012), elle doit pouvoir se forger un modèle répondant aux aspirations de ses citoyens. Idéologiquement, cela suppose que le Rwanda et les autres pays qui ont servi de support à cette analyse mettent de côté les idées de rattrapage des autres pays. L’identité culturelle, les particularités du territoire doivent être jumelées à un cadre institutionnel approprié. Les politiques macroéconomiques, auxquelles nous faisons allusion, peuvent favoriser un développement humain et durable si elles sont conduites au sein d’institutions solides et respectées de tous. Une option serait de développer prioritairement les campagnes car la moitié de la population en Afrique vit dans cette zone. Ces populations qui, à travers l’agriculture qu’elles pratiquent, nous éloignent des débats liés à l’agriculture pratiquée avec les Organismes 179 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale génétiquement modifiés (OGM) en Occident et des conséquences qu’elle entraînerait. Il faudrait également accélérer l’intégration africaine, les marchés communs, tout en gardant à l’esprit que ces cadres ne sont pas la seule solution. Le tout étant dans une régulation du système financier international, système dans lequel toutes les économies convergent. Références bibliographiques Assogba Y., « Gouvernance, économie sociale et développement durable en Afrique », Cahiers de la Chaire de recherche en développement communautaire, no 16, 2000, université du Québec à Hull. Banque Mondiale, 2012, Ease of Doing Business in Rwanda, disponible en ligne sur ; http://www.doingbusiness.org/data/exploreeconomies/ rwanda. Boniface P., 2012, 50 idées reçues sur l’état du monde, Paris, Armand Colin, 3e éd. Fmi, « La crise et après », Finances et développement, juin 2012. Fmi, « Perspectives de l’économie mondiale », Etudes économiques et financières, octobre 2012. Fmi, « L’Afrique en 2011, hausse des investissements en perspective dans les pays émergents d’Afrique », Bulletin du FMI, janvier 2011. Loriaux M., 26-30 mars 2007, Population, pauvreté et développement : quelles relations et quels enseignements pour l’action ?, Dakar, table ronde régionale organisée par l’EAT Dakar, Sénégal. Minecofin, 2008, Vision 2020 du Rwanda, Rwanda, disponible en ligne sur : http://www.minecofin.gov.rw/webfm_send/1669. Minepat, 2010, Document de stratégie pour la croissance et l’emploi, Cameroun. Morin E., 2011, La Voie, Paris, Fayard. 180 Développement humain et politiques macroéconomiques dans les pays... PNUD, 1990, Définir et mesurer le développement humain, Rapport mondial sur le développement humain. PNUD, 2011, Durabilité et équité : un meilleur avenir pour tous, Rapport mondial sur le développement humain. Sapir J., 2011, La Démondialisation, Paris, Le Seuil. Vérez J. C., « La Turquie : un pays émergent ? », L’émergence : des trajectoires aux concepts, colloque, université Montesquieu-Bordeaux IV, 27-28 novembre 2008. 181 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale 182 Interactions croissance-commerce : cas de l’Afrique subsaharienne Oscar Valery KUIKEU Introduction Comme être riche signifierait avoir un niveau de vie ou un train de vie élevé (c’est-à-dire, une consommation et/ou des investissements élevés), pour lutter contre la pauvreté, il faudrait accroître le niveau de production, soit avoir une croissance forte. En sciences économiques, deux programmes de lutte contre la pauvreté s’opposent : « l’économie de la demande » et « l’économie de l’offre ». D’après le programme dit de « l’économie de la demande », afin d’avoir une croissance forte, il faudrait que, l’État accroisse sa consommation, c’est-à-dire que la dépense publique s’accroisse. D’autre part, il faudrait que la Banque centrale cherche à accroître le pouvoir d’achat des agents, soit, à partir d’une baisse du taux directeur, ceci, afin d’encourager les agents à emprunter, soit, à partir d’une augmentation de la quantité de monnaie à l’aide d’une politique d’open market, ceci, afin d’encourager ou d’amener les agents à consommer. D’après le programme dit de « l’économie de l’offre », afin d’avoir une croissance forte, il faudrait soutenir la production, c’est-à-dire aider directement les entreprises à produire, et donc accroître la rentabilité de l’offre. Sur la base de cette connaissance, les meilleures voies pour une croissance plus forte des économies africaines seront abordées, avec dans un premier temps, l’étude des causes, du point de vue du commerce international, de la faible croissance des économies africaines. Le slogan « Traide, not aid » (le commerce, pas l’assistanat), lancé en 1964, lors de la première Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (à Genève), par des producteurs, insiste sur l’importance du développement par le commerce. Quoi qu’il en soit, pour une croissance forte des économies africaines au sud du Sahara, l’ampleur de la tâche à réaliser 183 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale s’apprécie aisément. En effet, comme l’illustre le tableau 1, ciaprès, l’ASS est la région du monde où la marge de manœuvre pour l’amélioration de l’accessibilité aux infrastructures de base (eau, électricité, téléphone), de la population démunie, reste encore élevée : Tableau 1 : Pourcentage de la population ayant accès au service Eau courante Chasse d’eau Électricité 1990 1995 1996 2000 2000 2005 1990 1995 1996 2000 2000 2005 1990 1995 1996 2000 2000 2005 Asie de l’Est et du Pacifique 18 20 22 62 58 58 62 78 Moyen-Orient et Afrique du Nord 42 80 80 42 98 98 62 Amérique latine et Caraïbe 48 60 60 40 40 45 Afrique du Sud 18 20 5 20 20 Europe et Asie centrale 60 60 40 45 ASS 18 18 10 5 Téléphone fixe 1990 1995 1996 2000 2000 2005 82 15 18 100 98 20 40 62 65 80 20 22 10 18 20 20 8 5 42 38 100 100 100 45 65 5 5 18 38 Source : Banerjee et al., 2008, p. 17 1. Conséquences de la spécialisation à l’exportation des produits primaires des économies africaines au sud du Sahara Conformément à la théorie des dotations factorielles d’HeckscherOhlin, une économie se spécialise dans la production et l’exportation du bien qui utilise le plus le facteur le plus abondant . 184 Lorsque ������������������������������������������������������������������������� les données sont manquantes pour la ligne ASS, bien vouloir lire la ligne Afrique du Sud, dans la mesure où, l’Afrique du sud est l’une des économies membres de la région ASS. Interactions croissance-commerce : cas de l’Afrique subsaharienne en autarcie, puisque dans ce cas, il est aussi le facteur le moins cher. Cette théorie, vieille de deux siècles, permet aisément de comprendre pourquoi, dans le commerce Nord-Sud, les économies pauvres du Sud exportent les matières premières ou produits primaires et dépendent de l’exportation des produits manufacturés des économies riches du Nord, comme l’illustrent même les faits présentés au sein de la figure 1 ci-après : Ainsi, ce sont surtout les économies pauvres (l’ASS) qui exportent le plus les produits primaires et le moins les produits manufacturés, contrairement aux économies riches, comme, par exemple, l’Amérique du Nord. Cette spécialisation à l’exportation des produits primaires des économies d’ASS est à l’origine d’un certain nombre de maux majeurs. En effet, l’ASS est la région du monde qui a été le plus souvent victime de conflits armés, alors que les firmes multinationales (FM) demeurent extrêmement sélectives dans leurs décisions d’implantation dans les pays en développement. Leurs stratégies d’investissement se greffent généralement sur les dynamiques internes préexistantes, autrement dit, elles privilégient les pays où il existe un potentiel de croissance important dont un minimum de stabilité politique. Bien qu’il 185 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale existe une diversité de causes susceptibles de déclencher une guerre civile, il existe un lien fort entre la spécialisation du pays à l’exportation de produits primaires et le risque de guerre civile. Comme nul n’est propriétaire des ressources naturelles d’un pays, la rente issue des produits primaires engendre des problèmes dans le partage de la valeur ajoutée, en outre, très aisément, les ressources naturelles peuvent être pillées, et, de ce fait, elles peuvent servir au financement des organisations rebelles. La spécialisation de l’ASS à l’exportation des produits primaires crée un cercle vicieux, et notamment l’instabilité politique en Afrique. Les FM ne s’y installent pas, alors que l’IDE des FM contribue fortement à l’industrialisation d’une région. De ce fait, la technologie n’est pas seulement incorporée aux systèmes de machines installés dans le pays récepteur, elle est aussi l’occasion d’un transfert de savoir-faire, d’un apprentissage, voire d’une appropriation des technologies étrangères. Pour preuve, lorsqu’à partir des années 1930, l’Amérique latine entreprit de développer son secteur industriel, par substitution des importations, la technologie nécessaire sera apportée par les FM sous la forme d’IDE (Adda, 2001, p. 18). 2. Meilleures voies vers une croissance forte des économies africaines au Sud du Sahara Lorsque les économies africaines sont entrées en crise, pour la plupart, dès 1985, à la suite de la chute du cours des matières premières dont elles dépendent, elles ont eu recours, sous pression des institutions de Bretton Woods, à partir de 1990, aux Politiques d’ajustement structurel (PAS). Ainsi, comme la Grèce à l’heure actuelle ou encore l’Italie et les pays d’Europe du Sud, elles adoptent des mesures d’austérité (à la fois, monétaires et budgétaires). Face à la crise, ces PAS n’ont, cependant, eu aucun effet, par exemple, en zone franc, entre 1985 (au commencement de la crise) et 1993 (trois ans environ après l’adoption des PAS), la croissance économique ralentit d’environ 1,47 % l’an. Depuis l’irruption de la stagflation, à la fin des années 1970-1980, on sait que, les mesures d’austérité sont nécessaires lorsqu’il y a, à la fois, une demande excédentaire (une forte inflation) et 186 Interactions croissance-commerce : cas de l’Afrique subsaharienne une récession, c’est-à-dire un ralentissement de la croissance économique. Or, en zone franc par exemple, avant l’adoption des mesures d’ajustement internes, l’inflation était basse, par exemple, en zone Cemac (Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale), ensemble constitué des six économies d’ASS situées en Afrique centrale et membres de la zone franc, l’inflation passe environ de 4 % en 1985 à 3 % en 1990. Contrairement aux recommandations du FMI (Fonds monétaire international), les économies africaines avaient besoin de stimulation et pas de mesures d’austérité des PAS. Ne convient-il pas de féliciter l’initiative, de la commission de l’Union africaine, d’un Fonds monétaire africain ! Conclusion La « convergence absolue » intervient lorsque des économies pauvres réussissent à rattraper le niveau de richesse des plus riches. Les économies pauvres d’ASS réussiront-elles à pallier leur retard de croissance et rattraper les économies industrialisées ? Cela semble compromis puisque ces économies d’ASS sont spécialisées dans l’exportation des produits primaires qui les expose à un risque élevé de guerre civile. Quoi qu’il en soit, l’avènement futur d’un Fonds monétaire africain qui aurait pour dessein de définir des objectifs économiques plus réalistes des États africains constitue une lueur d’espoir. Malgré tout, il convient de souligner qu’à l’échelle internationale, l’ASS souffre également de la faiblesse du commerce intra-africain, généralement illustrée par l’échec des processus d’intégration régionale en Afrique. La zone Cemac a notamment engagé depuis 1969 d’importantes mesures afin de libéraliser les échanges commerciaux entre ses États membres qui partagent une même monnaie. Entre 1995 et 2005, d’après les données de la Banque des États d’Afrique centrale (BEAC), le commerce intracommunautaire en zone Cemac représente par rapport au total de ses échanges commerciaux (par rapport à ses échanges commerciaux avec le reste de l’Afrique) seulement 3 % . La Banque centrale des États membres de la zone Cemac. 187 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale en moyenne (respectivement, seulement 5 % en moyenne). Il convient alors de noter que l’essentiel des échanges commerciaux de la zone Cemac s’effectue avec les pays développés, en effet, en guise de comparaison, alors que 23 % de ses échanges commerciaux s’effectuent avec les États-Unis, 49 % s’effectuent avec l’Union européenne. Ne convient-il pas aussi de féliciter l’initiative de Nkosazana Dlamini-Zuma, la nouvelle présidente de la commission de l’Union africaine qui s’est exprimée sur le sujet le 29 juillet 2012 à Pretoria, en Afrique du Sud : « Le développement de l’Afrique passe surtout par le renforcement des infrastructures et par le fait de mieux connecter les États africains ». Concernant le développement technologique de l’Afrique, gage pour une croissance forte, comme l’enseigne l’idée de « convergence absolue », il faudrait féliciter aussi l’importance accordée par la nouvelle initiative africaine pour le développement en Afrique NOPADA (Nouveau partenariat pour le développement en Afrique), plus connu sous son vocable anglo-saxon NEPAD (New Parternership for Africa’s Developement) , au volet des infrastructures, ainsi que, des nouvelles technologies de l’information et de la communication . . ��. . . 188 Les pays pauvres rattraperont le niveau de richesse des plus riches, à la seule condition que les économies, pauvres et riches, ont accès à la même technologie� (Barro, 1991, p. 407)�. Le NEPAD est le résultat de la fusion de deux plans de sortie de crise économique pour l’Afrique proposés par deux groupes de Chef d’Etat Africain, à savoir, d’une part, le MAP (Millenium African Plan) des présidents Thabo Mbeki, d’Afrique du sud, Olesegun Obasanjo, du Nigeria, et Abdelaziz Bouteflika, d’Algérie, d’autre part, le plan Oméga d’Abdoulaye Wade, président du Sénégal. Il (NEPAD) a été adopté au sommet des chefs d’État de Lusaka en juillet������� ������ 2001. Pour en savoir plus, consulter le site web du NEPAD, http://www.nepad.com. « Routes, chemins de fer, ports et aéroports, transports sont des éléments de coûts de production pesant sur la compétitivité des produits africains appelés à être vendus à l’étranger. Au surplus les infrastructures sont amplificatrices et créatrices d’activités économiques », extrait du programme d’����������������� action du NEPAD.� « ������������������������������������������������������������������������������� L������������������������������������������������������������������������������ ’accès doit être assuré aux populations africaines dès la plus petite enfance et doit être étendu à toutes les activités, de l’agriculture à l’industrie et aux transports, à l’éducation, aux services et aux échanges »����������������������� , ��������������������� extrait du programme d’���������������� action du NEPAD. Interactions croissance-commerce : cas de l’Afrique subsaharienne Références bibliographiques Adda J., 2001, La Mondialisation de l’économie – 2, Problèmes, 4e éd., Paris, La Découverte, Coll. « Repères ». Banerjee S. et al., 2008, « Access, Affordability, and Alternatives: Modern Infrastructure Services in Africa », Africa Infrastructure Country Diagnostic Background Paper, no 2, disponible en ligne sur : URL http://www.eu-africa-infrastructure-tf.net/attachments/library/aicdbackground-paper-2-hhs-summary-en.pdf. « Economic Growth in a Cross Section of Countries���� », Barro R. J., 1991, ����������������������������������������������������� Quarterly Journal of Economics, vol. 106, no 2, p. ����������������������� 407-443, disponible en ligne sur : URL http://www.hec.unil.ch/ocadot/ecodevdocs/barrorobert.pdf. 189 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale 190 La production des richesses et de l’emploi au cœur des enjeux du développement durable en Afrique Alain YINDJOU TCHOUAPPI Introduction La notion de développement durable englobe des engagements très variés en matière de protection de l’environnement, d’inclusion sociale et de création soutenable de richesses et d’emplois. Pour certains, c’est aussi l’émergence d’un nouveau modèle de développement. L’activité de production qui génère, directement ou indirectement, une grande partie des atteintes à l’environnement et à la qualité de vie des individus, doit être maîtrisée pour éviter les dégradations irréversibles à l’environnement, c’est la raison pour laquelle il devient nécessaire d’intégrer au mieux les dimensions économiques, sociales et environnementales à ce développement qui se veut durable. Ces trois aspects étant nécessairement interconnectés, et leur intégration pouvant prendre diverses formes plus ou moins durables, il s’agit de limiter leurs éventuelles contradictions et de faire en sorte qu’ils soient compatibles et qu’ils s’autoentretiennent. Il est ainsi question de faire évoluer les sociétés vers des zones de compromis viables entre les trois dimensions en question. Mais le développement durable ne se limite pas aux défis globaux mis en avant par les conventions signées à Rio en 1992 (lutte contre le changement climatique et préservation de la biodiversité). Il touche également à la lutte contre la pauvreté et plus généralement à la création soutenable de richesses et d’emplois. Le concept de création de richesses signifie produire des biens et des services, mais aussi des liens sociaux. En ce sens, les activités économiques s’intègrent dans un ensemble de relations sociales. L’approche économique met aussi le processus de création de richesses au cœur de la vie d’une société à travers le travail et l’emploi. Au niveau individuel, le travail structure largement la vie des actifs et des familles. Au niveau collectif, l’emploi, par son niveau et sa qualité, renvoie à la capacité d’une économie à être compétitive et à mobiliser sa main-d’œuvre et ses compétences pour produire les biens et services demandés. Il traduit aussi sa capacité à construire de la cohésion sociale en intégrant les individus au projet économique collectif tout en leur permettant de bénéficier de revenus en retour de 191 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale leur travail. Dans une économie verte, la croissance des revenus et des emplois est déterminée par les investissements privés et publics permettant de réduire les émissions de carbone et la pollution, de renforcer l’efficacité énergétique des ressources et de prévenir la perte de la biodiversité et des services écosystémiques. Face aux enjeux économiques d’un développement qui se veut durable, des interrogations perdurent : comment les vastes ressources naturelles de l’Afrique peuvent-elles créer plus de richesses pour les populations africaines d’une manière plus efficace ? Quels sont les moyens pour parvenir à une croissance économique qui puisse créer plus d’emplois, produire des résultats plus élevés avec moins d’intrants aux fins de minimiser les risques des maladies agricoles dues au contact de ces produits chimiques (Les maladies cancéreuses) et accroître la compétitivité des économies africaines ? Quelles sont les expériences qui présentent, en Afrique et à l’extérieur du continent, des leçons sur lesquelles s’appuyer ? L’analyse sera orientée sur la création des richesses soutenables et d’emplois et sa contribution à l’éradication de la pauvreté dans les pays les plus pauvres tout en insistant sur les difficultés auxquelles ces pays sont confrontés face à cet enjeu planétaire. 1. Création de richesses et économie verte ; les leviers de l’action collective pour lutter contre la pauvreté La persistance de la pauvreté constitue la forme la plus visible d’inégalité sociale puisqu’elle s’accompagne de l’inégalité d’accès à l’éducation, à la santé, au crédit, aux revenus et à la sécurité des droits de propriété. Une caractéristique essentielle de l’économie verte est sa volonté de proposer diverses options de développement économique et de lutte contre la pauvreté sans liquider ni éroder les ressources naturelles des pays. Il s’agit là d’une nécessité dans les pays à faible revenu où les biens et services environnementaux constituent une composante majeure des moyens d’existence des communautés rurales pauvres et où l’environnement et ses services les protègent en cas de catastrophes naturelles et de chocs économiques. 192 La production des richesses et de l’emploi au cœur des enjeux... Dans les pays en développement, le verdissement du secteur de l’agriculture à petite échelle par le biais de la promotion et de la diffusion de pratiques durables pourrait constituer l’approche la plus efficace afin de produire plus de nourriture pour les populations pauvres et affamées, réduire la pauvreté, piéger davantage de carbone et assurer l’accès aux marchés internationaux des produits écologiques, qui prennent une ampleur croissante, mais ces pays sont confrontés à beaucoup d’obstacles dans la mise en œuvre de ces projets de développement. Le cas de l’économie du Mozambique est révélateur, elle repose majoritairement sur ses ressources naturelles : agricoles, forestières, halieutiques, hydroélectriques, gaz naturel, minerai, etc. Selon une étude menée par l’Agence française de développement (AFD), avec l’appui de la Banque mondiale, le coût des dégradations environnementales dues au mode de développement du pays équivaut à la croissance annuelle du PIB (7 %). En outre, la destruction de ressources naturelles (forêts) et l’exploitation de ressources épuisables (gaz, minerai) érodent la richesse au rythme de 15 % tous les six ans. L’étude a permis d’ouvrir un large débat sur la nécessaire révision du projet de société du Mozambique. 2. Capital naturel et création de richesses en Afrique subsaharienne Le capital naturel est crucial pour la création d’emplois, et compte pour 25 % de la création de richesses dans les pays les plus pauvres et seulement de 2 % dans les pays les plus riches du monde. Pour tous les pays africains, le capital naturel est l’une des composantes importantes de la richesse, et son exploitation optimale est une source importante de revenus. Il convient donc de lui accorder la plus grande attention, d’autant plus qu’il est largement complémentaire du capital humain et social des pauvres. Faute d’un taux d’épargne intérieur élevé et surtout d’apports privés (investissements directs et de portefeuille) et publics (APD) de capitaux externes nettement plus importants 193 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale qu’ils ne sont aujourd’hui, les investissements dans le capital physique seront durablement moins élevés en Afrique que dans les pays émergents. Les possibilités de substitution du capital naturel par le capital physique sont ainsi plus limitées. Des investissements dans l’amélioration (ou la non-dégradation) du capital naturel peuvent alors présenter des taux de rentabilité sociale parmi les meilleurs de tous les investissements possibles, particulièrement si l’on approche des seuils où la dégradation de la nature entraîne des externalités négatives fortes (des destructions) des autres éléments de la richesse. Source : adapté d’après la Banque mondiale, 2006. L’accroître dans l’agriculture nécessite de nouvelles méthodes de pro­duction qui réduisent les facteurs externes tels que la pollution de l’eau et l’érosion des sols ; d’optimiser l’utilisation des intrants organiques et d’assurer une productivité élevée et de meilleurs revenus aux agriculteurs. 194 La production des richesses et de l’emploi au cœur des enjeux... Encadré 1 : Expériences réussies en Afrique – agriculture à faibles intrants au Mali. Litre de pesticide par ha par ha Kg d’amendements organiques Des programmes appuyés par la FAO sur la gestion intégrée de la production et la gestion des pesticides dans le Sahel ouest-africain montrent que les agriculteurs ont réussi à diminuer l’utilisation de pesticides toxiques, à augmenter les récoltes et les revenus et à diversifier les systèmes de cultures. Des données du Sénégal et du Mali révèlent chez les agriculteurs, un à deux ans après leur formation, une réduction de 90 % dans l’utilisation de pesticides chimiques. La valeur nette des récoltes de 80 agriculteurs de légumes au Sénégal a augmenté de 61 % en deux ans, alors qu’une réduction de 92 % par l’utilisation de pesticides conventionnels a abouti à de fortes économies de coûts ainsi qu’à l’augmentation des revenus. Au Mali, une enquête menée dans 65 vil­lages de cultivateurs de coton a montré une hausse de 400 % avec l’utilisation de matières organiques comme le compost et le fumier, des substances qui peuvent inverser le déclin de la fertilité des sols. Source : FAO, 2009. Utilisation moindre des pesticides et utilisation accrue d’engrais organiques dans la production de coton au Mali. 195 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale Note : une enquête de terrain après la formation (FFS) auprès des producteurs de coton dans 65 villages où la formation des agriculteurs a eu lieu en 2007 et 2008. La différence de pesticides en utilisation est en moyenne de 4,5 l / ha contre 0,25 l / ha ou à 94 % de moins pour les agriculteurs formés (FFS). La différence dans l’utilisation des amendements du sol se situe entre 1,2 t / ha contre 4,3 t / ha soit près de quatre fois plus que l’utilisation du compost par les agriculteurs FFS. De nombreux pays en développement s’intéressent de plus en plus à la mise en place de taxes sur l’extraction des ressources naturelles, notamment de droits sur les ressources forestières, de droits de licence sur la pêche ou de taxes sur l’extraction de ressources minières et pétrolières afin de bénéficier pleinement de leur avantage comparatif dans le commerce des biens et services respectueux de l’environnement. La fiscalité liée à l’environnement a été utilisée avec succès par divers pays à travers le monde depuis les années 1970-1980, notamment par la Chine, la Malaisie, la Thaïlande, les Philippines et la Tanzanie. 3. La création d’emplois demeure un défi majeur pour le développement durable en Afrique Malgré les taux élevés de croissance économique, la création d’emplois est restée limitée particulièrement parmi les jeunes et les femmes. Cela dénote une faible corrélation entre croissance économique et création d’emplois en Afrique. Les études ont souligné le fait que la croissance éco­nomique en Afrique des dernières décennies est tirée par les secteurs enclavés à forte capitaux étrangers, avec une croissance de la production à faible élasticité d’emploi (CEA et CUA, 2010). La transformation économique de l’Afrique doit relever les défis fondamentaux de l’emploi. Un examen plus minutieux de la question de l’emploi en Afrique indique que les secteurs basés sur les ressources naturelles telles que l’agriculture, les secteurs minier, forestier, halieutique demeurent les plus importants générateurs d’emplois. Ensemble, ils fournissent 80 % d’emplois. Le tourisme, qui s’appuie essentiellement sur la richesse naturelle et culturelle 196 La production des richesses et de l’emploi au cœur des enjeux... du continent, fournit des emplois à 6,3 millions de personnes (World Travel & Tourism Council, 2006). Une économie verte devrait maintenir et renforcer le capital naturel qui va constituer une source importante d’emplois, de revenus et de subsistance pour la grande majorité des populations africaines. Au cours de la décennie à venir, les emplois agricoles pourraient augmenter de 4 % dans le monde. Investir dans la protection des forêts et le reboisement pourrait accroître de 20 % les emplois formels dans ce secteur d’ici 2050. Encadré 2 : Expériences réussies en Afrique – pleins feux sur les petits et micro-entrepreneurs en Afrique La cérémonie de remise des Prix SEED récompense de jeunes entreprises prometteuses, innovantes, intervenant dans le domaine social et environnemental et entreprenant des actions favorisant l’économie verte au niveau local. Près des deux tiers de toutes les candidatures et des lauréats du Prix SEED viennent d’Afrique. Cas 1 : MicroPowerEconomy (Lauréat Prix SEED 2010, Sénégal) ; systèmes d’énergie hybride pour réseaux autonomes pour l’électrification rurale, les services de micro-financement et la formation aux affaires. Impacts sociaux Impacts environnementaux Impacts économiques Fourniture d’électricité fiable dans les régions rurales Réduction des émissions de gaz à effet de serre Création d’emplois Meilleure sécurité énergétique Moindre dépendance à l’égard de combustibles fossiles importés Diversification des revenus Réfrigération des médicaments et vaccins Réduction de la migration urbaine Meilleur accès à l’éducation et à l’information 197 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale Cas 2 : centres de collecte des céréales des villages (Lauréat Prix SEED 2010, Kenya). Appui aux agriculteurs pour des technologies post-récolte et l’entreposage près de la ferme afin de renforcer la sécurité alimentaire et la capacité de commercialiser de façon compétitive. Impacts sociaux Impacts environnementaux Impacts économiques Nouvelle coopérative communautaire Utilisation durable des terres et de l’eau Réduction de plus de 25 % des pertes après récolte Meilleure sécurité alimentaire Pratiques de protection de l’environnement Diversification des revenus Meilleure protection sociale Utilisation réduite de pesticides nocifs Rendement accru de l’investissement En 2011, la croissance n’a pas été accompagnée d’une hausse suffisante de l’emploi productif dans le secteur formel, notamment pour les 7 à 10 millions de jeunes africains qui entrent sur le marché du travail chaque année. À la lumière des récents mouvements sociaux en Afrique du Nord, il ne fait aucun doute qu’en l’absence de solutions, le sous-emploi des jeunes peut accroître le risque de troubles en milieu urbain et, potentiellement, de violence. Même la redistribution des fruits de la croissance et l’emploi productif pourraient ne pas suffire pour faire face aux graves problèmes de pauvreté chronique, d’insécurité alimentaire et de sous-alimentation. Conclusion Dans les pays les plus pauvres, les conditions de vie des populations sont fortement dépendantes de ressources naturelles. Le développement durable mobilise la gamme des instruments financiers de l’aide, en fonction de la nature des activités financées et du niveau de développement des pays. Les subventions sont par exemple utilisées pour protéger et valoriser la biodiversité, 198 La production des richesses et de l’emploi au cœur des enjeux... accompagner les évolutions des politiques publiques, financer le développement humain ou soutenir des projets innovants portés par des organisations non gouvernementales (ONG), notamment dans les pays les plus pauvres. Par conséquent, il ressort de nos consultations et de nos études analytiques qu’en Afrique, l’environnement est un facteur important pour la croissance économique et le développement. De ce fait, l’économie verte offre des opportunités aux pays africains pour attirer des investissements dans les ressources environnementales et l’énergie renouvelable, qui seront, à terme, bénéfiques pour le développement et permettront de réduire la pauvreté et de créer des emplois. Dans cette perspective, les entreprises privées et les épargnants privés seront les fournisseurs les plus importants de l’énergie et des ressources nécessaires à la croissance économique et à la création d’emplois, en jouant le rôle que l’État a joué dans le passé. Dans un contexte de création de richesses et d’emplois, la tâche principale du secteur privé est de produire biens et services, et le rôle essentiel du gouvernement est de créer un environnement favorable des affaires et un climat qui encourage les investissements et la croissance économique. La création de nouvelles petites et moyennes entreprises (PME), microentreprises (ME) ou entreprises artisanales – ainsi que l’expansion des entreprises existantes – est vitale pour le développement social et économique des pays en développement, en raison de leur capacité de créer de l’emploi, d’augmenter les exportations et de générer des revenus. Références bibliographiques Commission économique pour l’Afrique, 2012, L’Économie verte dans le contexte du développement durable et de l’élimination de la pauvreté : quelles sont les implications pour l’Afrique ?, Addis-Abeba, Éthiopie. PNUE, 2011, Vers une économie verte : pour un développement durable et une éradication de la pauvreté. Synthèse à l’intention des décideurs, disponible en ligne sur : www.unep.org/greeneconomy, page consultée le 17 septembre 2012. 199 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale Banque mondiale, mars 2011, L’Avenir de l’Afrique et le soutien de la Banque mondiale, Washington, disponible en ligne sur : www.banquemondiale. org/strategieafrique, page consultée le 17 septembre 2012. CEA-Bureau pour l’Afrique du Nord, 2007a, Le Développement durable en Afrique du Nord : état des lieux et perspectives, CEA-AN, Rabat. CEA-Bureau pour l’Afrique du Nord, 2008a, Les Petites et Moyennes Entreprises acteurs du développement durable en Afrique du Nord, note présentée par le Bureau CEA-AN, réunion d’experts, Rabat. 200 Intelligence économique et développement durable Cédric NOUMBISSIE NGUENANG Introduction La révolution industrielle du xixe siècle et les Trente Glorieuses sont caractérisées par une croissance non effrénée. Cette croissance répond aux critères essentiellement économiques au début, avant de prendre en considération les critères sociaux. Ce n’est qu’avec les chocs pétroliers de 1973 et 1979 que les pays développés vont prendre conscience du fait que le modèle de croissance qui était jusque-là prôné n’était pas approprié et aura des conséquences néfastes sur les ressources naturelles avec le temps. Le critère environnement fut donc greffé aux deux précédents critères du développement, à savoir l’économie et le social. C’est dans le rapport de la Commission mondiale sur l’environnement et le développement de 1987 qu’est utilisé pour la première fois le terme développement durable. Il peut s’entendre comme la manière pour les sociétés d’exploiter les ressources naturelles pour leur bien-être tout en tenant compte des principes de renouvellement de celles-ci. Le développement durable renvoie au fait d’utiliser de manière parcimonieuse les ressources naturelles, certes à des fins de croissance économique sans toutefois perdre de vue les objectifs sociaux. Depuis lors, ce concept est au cœur des politiques nationales et internationales et vient ainsi se frotter à celui de mondialisation. La mondialisation, caractérisée par la forte concurrence entre États à travers leurs entreprises, a fait naître la notion d’intelligence économique. L’intelligence économique se définit comme « un ensemble de concepts, méthodes et outils qui unifient toutes les actions coordonnées de recherche, acquisition, traitement, stockage et diffusion d’informations pertinentes pour des entreprises considérées individuellement ou en réseaux dans le cadre d’une stratégie partagée ». C’est donc l’ensemble des moyens qui permet à une entreprise ou un groupe d’entreprises d’obtenir et de gérer l’information qui permettra de dominer les concurrents. . IDeTra (coordinateur), Intelligence économique. Un guide pour débutants et praticiens, Commission européenne, 2002, p. 22. 201 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale Les échanges commerciaux dans le cadre de la mondialisation apportent de nouvelles contraintes environnementales. Dans un tel contexte, la gouvernance mondiale se trouve bouleversée puisque les rôles joués par chaque acteur, qu’il s’agisse des gouvernements, des entreprises ou des citoyens ; tendent à se confondre car chacun de ces acteurs a pris conscience de la nécessaire protection de l’environnement. Si les gouvernements gardent le contrôle sur les législations en matière d’environnement, les entreprises redoublent d’inventivité pour jouer un rôle important dans la protection de l’environnement tout en restant compétitives. Il convient donc de s’interroger sur l’engagement des entreprises dans le développement durable, leur attitude face aux normes environnementales et l’avantage que représentent les énergies propres. La problématique de la concurrence entre également en vigueur : comment une entreprise peut-elle prendre l’avantage sur les autres tout en s’engageant dans le développement durable ? 1. Le développement durable à l’épreuve trans-frontalière 1.1- Mondialisation : disparition des frontières La mondialisation est un phénomène récent qui traduit l’accroissement et l’intensification des échanges commerciaux, financiers, culturels entre les différentes régions du monde débouchant sur leur interconnexion et leur interdépendance. Le monde devient ainsi un village planétaire. La mondialisation se manifeste sous plusieurs formes notamment l’accroissement des échanges entre États et la forte libéralisation de l’économie. Dans cette économie libéralisée, les marges de manœuvre pour mettre en place les barrières douanières sont faibles, voire nulles. Dans un tel contexte la protection des entreprises et des savoir-faire devient quasi impossible. L’internationalisation des échanges peut ainsi déboucher sur une pratique environnementale visant à décourager la concurrence « dumping environnemental » via la délocalisation des industries les plus polluantes vers les pays les moins développés écologiquement, c’est-à-dire les pays . 202 Pour plus de détails voir http://www.Actu-Environnement.com Intelligence économique et développement durable où les normes environnementales sont plus souples ou quasi inexistantes. 1.2- L’instauration des nouvelles barrières Face à cet anarchisme, de nouveaux critères de sélection des entreprises voulant s’exporter doivent être mis sur pied, notamment ce qu’on peut appeler les critères de développement durable. Ainsi les produits qui comportent un risque pour l’environnement et dont la fabrication a constitué une pollution de quelque sorte que ce soit pour la nature ou qui ne peuvent être recyclés doivent être interdits de commercialisation et surtout d’exportation. Un certain nombre de normes environnementales existe déjà pour différencier les produits pouvant être commercialisés et exportés de ceux qui ne jouissent pas de ce droit. L’Écolabel européen, par exemple, le label environnemental de la communauté européenne, qui s’applique à plusieurs centaines de produits, prend en compte différents critères écologiques notamment la teneur en substances nuisibles, et intègre les contraintes en matière d’emploi des produits par les consommateurs. Le Conseil pour le Soutien de la Forêt (Forest Stewardship Council, FSC), quant à lui, garantit que le bois sur lequel il est apposé a été récolté dans le respect des critères environnementaux et sociaux rigoureux. Malheureusement ces normes sont très peu respectées et cela n’empêche pas l’exportation des produits frauduleux. Le strict respect de ces normes doit être observé et représenter ainsi la condition sine qua non pour la commercialisation, voire l’exportation des produits d’une entreprise. Pour que le respect des normes soit effectif en évitant de nuire à la compétitivité de certaines entreprises, elles doivent être communes. Si elles ne le sont pas, on risque d’assister à ce que Lepeltier désigne comme une « paralysie réglementaire » qui s’entend comme le refus des pouvoirs publics d’édicter des normes plus contraignantes menaçant la compétitivité nationale. Cette « paralysie réglementaire » a déjà pu être observée en 1995 lorsque l’industrie britannique des peintures a obtenu l’abandon d’une loi qui l’aurait forcée à réduire ses émissions de composés 203 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale organiques volatils, cause majeure de brouillard nocif composé de déchets de suie en zone urbaine et de problèmes respiratoires. L’argument était que cette loi pénaliserait l’industrie par rapport à la concurrence internationale. Ce fut également le cas en 2003 lorsque la commission européenne a déposé un projet visant l’industrie chimique en obligeant les industriels à démontrer que leurs produits sont sans danger pour la santé humaine et pour l’environnement. Mais le projet a dû être remanié tout d’abord suite aux critiques des industriels allemands, français et britanniques, qui ont avancé le surcoût excessif de leurs activités et le risque de nombreuses suppressions d’emplois, également suite au lobbying des ÉtatsUnis qui craignaient de voir leurs produits refoulés à l’entrée de l’Union européenne. Le respect des normes établies de manière commune par les acteurs de la communauté internationale et de la société internationale aurait pu être la première condition à remplir pour une entreprise qui veut commercialiser ses produits vers d’autres débouchés. Dans un tel contexte, l’entreprise la plus compétitive sera celle qui adoptera la politique environnementale la plus respectueuse des normes environnementales internationales. L’un des exemples les plus patents d’une entreprise qui a accru son gain de productivité grâce à son investissement dans la gestion environnementale est la multinationale Dupont. En investissant massivement dans la protection de l’environnement elle a non seulement enregistré des gains significatifs en diminuant ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 60 % depuis 1990, mais jouit également d’une influence sur le secteur privé (ensemble des activités commerciales des autres secteurs industriels et entreprises présents sur le marché international) et sur le secteur public (l’administration amEricaine pour la ratification du protocole de Kyoto). . 204 Morin S., 2007, Analyse des impacts de la mondialisation sur l’environnement au Québec Rapport 4 le secteur privé et la prise en charge des problèmes globaux en environnement : un réel passage à l’acte ?, ENAP-MRI-LEPPM,p. 4. Intelligence économique et développement durable Le développement durable apparaît alors comme la solution à l’affaiblissement des barrières douanières du fait de la mondialisation. Parlant des enjeux pour l’environnement, on constate ainsi que la mondialisation peut avoir des effets positifs sur l’environnement. Ces effets sont de trois ordres. Nous avons tout d’abord les effets structurels positifs puisque la libéralisation de l’investissement et des échanges fait en sorte que les capitaux sont attirés par les juridictions où les conditions sont propices à l’investissement et la majorité de ces juridictions imposent des normes environnementales élevées. Les effets technologiques quant à eux proviennent du fait que la mondialisation peut créer des économies d’échelle et faciliter la diffusion des technologies propres et des produits non polluants. Enfin la mondialisation peut donner lieu à une généralisation des pratiques exemplaires et de normes de performances environnementales plus strictes, on parle là des effets réglementaires. 2. Quand les technologies propres prennent le dessus 2.1- Automobile : la course à l’hybride Une automobile hybride est une automobile faisant appel à deux stockages d’énergie distincts pour se mouvoir, un moteur thermique et une machine électrique réversible. Si les premières voitures hybrides, qui virent le jour dès 1900 notamment la Lohner-Porsche créée par Ferdinand Porsche avaient pour objectif de satisfaire les désirs fougueux des personnes riches telles que Ludwig Lohner, la série des automobiles de ce type qui sortit à partir de la fin de l’année 1997 était à but compétitif. Depuis lors le marché de l’automobile est en pleine expansion. Selon Rémi Comubert et Marc Boilard, experts au cabinet Olivier Wyman, « le marché des véhicules hybrides va exploser d’ici 2020 pour occuper au moins 10 à 15 % du marché ». Le fait pour les constructeurs automobiles de se lancer dans les voitures hybrides relève d’une stratégie économique. En effet, le renforcement . OCDE, 2007, Environnement et mondialisation : document d’information pour les ministres, p. 10. 205 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale des normes environnementales pousse les constructeurs à arrimer leurs stratégies de développement aux politiques environnementales nationales ou internationales pour rester dans le coup et rester compétitifs par rapport aux concurrents. L’Union européenne vise par exemple un seuil d’émissions moyennes de 95 g de CO 2 par kilomètre d’ici 2020 par véhicule. Aux États-Unis, autorités et constructeurs se sont entendus sur de nouvelles normes pour rendre les voitures grandes consommatrices de carburant telles que le célèbre Hummer, la Cadillac Pontiac, les Pick-Up des constructeurs Dodge, Ford ou GMC, plus propres à partir de 2025. Ceci permettra selon l’administration amEricaine de réduire de moitié les émissions de GES issues de l’automobile. Plusieurs modèles de voitures hybrides ont donc vu le jour, notamment la Mercedes E300 Blutec hybride, la BMW Active Hybrid5, l’Audi A8 hybride ou encore la Peugeot 508 RXH. Au salon de l’automobile qui se tient à Paris, des nouveautés ont été présentées telles que la petite Auris de Toyota, la familiale Mondeo de Ford, le concept-car Onyx de Peugeot. Les constructeurs s’inspirent ainsi du succès du constructeur Toyota qui a fait un carton avec ses véhicules hybrides notamment la Toyota Prius ou la Camry Hybride, vendant près de 4 millions de ces véhicules ce qui a contribué à le hisser à la première place des constructeurs de 2008 à 2010. Tout ceci fait dire à Henri Levidon, consultant en économie de transport, que l’hybride est la voiture d’avenir, tout d’abord parce que la pollution engendrée par celle-ci est plus faible que pour un véhicule thermique normal, aussi parce que le nombre de clients de ce type de véhicules ne cesse de croître. Le fait pour les constructeurs d’investir dans les technologies propres telles que l’automobile hybride est donc une garantie . 206 Pour une liste plus exhaustive consulter Le Huffington Post du 27 septembre 2012. Intelligence économique et développement durable pour eux de respecter les normes environnementales tout en conquérant d’autres clients. Investir dans les automobiles hybrides représente d’autant plus un atout de compétitivité que les gouvernements accordent des bonus écologiques à ce type de véhicules et attribuent des malus pour les véhicules polluants. En France notamment, le nouveau gouvernement, par la voix d’Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, a annoncé une revalorisation du bonus écologique des véhicules hybrides de 2 000 à 4 000 euros. L’automobile est parmi les machines les plus polluantes puisqu’elle relâche une forte quantité de contaminants dans l’atmosphère notamment le monoxyde de carbone (Co), les oxydes d’azote (NOx), les composants organiques volatiles (Cov). L’automobile hybride, du fait de sa technologie alliant moteur thermique et moteur électrique, a considérablement réduit l’impact néfaste des véhicules sur l’atmosphère. La voiture hybride représente donc l’une des plus grandes inventions de l’heure en faveur de la protection de l’environnement. 2.2- La gestion des déchets en entreprise Une technologie propre peut s’entendre comme un procédé industriel innovant et performant qui utilise de la manière la plus rationnelle possible les matières premières et/ou l’énergie tout en réduisant la quantité et/ou la toxicité des effluents polluants. Au regard de cette définition on peut ainsi classer la gestion des déchets parmi les technologies propres. La gestion des déchets comprend le stockage, le tri, le transport et le recyclage de ceux-ci. Si elle a certes des impacts économiques pour l’entreprise qui la pratique, la gestion des déchets présente de nombreux avantages pour l’environnement. Étant donné que les déchets représentent 5 % du total mondial d’émission des gaz à effet de serre, la gestion des déchets permet de réduire ce taux en récupérant les gaz s’échappant des décharges mais également en mettant sur pied une gestion aménagée des eaux usées. 207 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale La gestion des déchets permet également de réduire l’extraction des matières premières. Le recyclage de l’acier, notamment, permet d’économiser du minerai de fer, le recyclage d’une tonne de plastique permet d’économiser 700 kg de pétrole brut, ou encore le recyclage d’1 kg d’aluminium permet d’économiser 8 kg de bauxite, 4 kg de produits chimiques et 14 Wh d’électricité. En matière de gestion de déchets, l’entreprise Suez Environnement est un exemple à suivre puisqu’elle a mis sur pied une politique responsable de gestion de déchets. Celle-ci consiste en la réduction des gaz à effet de serre (recyclage des matières premières et valorisation énergétique des déchets), la protection de la biodiversité (adoption des plans d’action détaillés pour chaque unité de traitement de déchets), la préservation de la qualité de l’air (diminution de la quantité des polluants atmosphériques), la diminution des bruits (modernisation de son parc de véhicules de collecte). Conclusion Contrairement à ce qu’on pouvait penser, s’engager en faveur du développement durable n’est pas forcément préjudiciable pour une entreprise. Tout d’abord, le strict respect des normes environnementales établies de manière conventionnelle par les acteurs de la scène internationale constitue un atout majeur pour une entreprise qui veut conquérir d’autres débouchés. C’est la solution aux barrières douanières de demain que représente le développement durable. Ensuite, investir dans les énergies non polluantes représente la possibilité de s’assurer une place au soleil dans un marché en pleine expansion, celui des hybrides, tout en étant en adéquation avec les politiques gouvernementales en matière d’environnement. Le respect des normes environnementales internationales ainsi que l’investissement dans les énergies propres constituent donc deux éléments majeurs dans la prise de conscience des problèmes environnementaux par les entreprises tout en étant compétitifs. . 208 Pour plus d’infos consultez le site Ecoloterie.com. Intelligence économique et développement durable Mettre en place les outils et les mesures nécessaires pour surmonter les défis de la protection de l’environnement permet d’affronter les enjeux liés à la sauvegarde des ressources naturelles et des écosystèmes et renforce, par la même occasion, la gouvernance mondiale de l’environnement. Références bibliographiques AFP, « Les constructeurs automobiles veulent investir le segment des voitures propres », RTLinfo.be, publié le 27 septembre 2012, consulté le 5 octobre 2012. Bondu J., « Quand le développement durable rejoint le patriotisme économique », Les Échos.fr, publié le 9 novembre 2007, consulté le 25 septembre 2011. IDeTra (coordinateur), 2002, Intelligence économique. Un guide pour débutants et praticiens, Commission européenne. La Commission mondiale sur l’environnement et le développement, 1987, Notre avenir à tous. Le HuffPost/AFP, « Les neuf plus grands constructeurs automobiles au monde », Huffpost Social News, publié le 29 février 2012, consulté le 28 septembre 2012. L epeltier S., « Mondialisation et environnement », Sénat, Paris, mars 2004, 195 p. Levidon H., « La voiture hybride est la solution d’avenir », Le Monde. fr, publié le 26 juillet 2012, consulté le 25 septembre 2012. Morin S., 2007, Analyse des impacts de la mondialisation sur l’environnement au Québec. Rapport 4 le secteur privé et la prise en charge des problèmes globaux en environnement : un réel passage à l’acte ?, ENAP-MRI-LEPPM. OCDE, 2007, Environnement et mondialisation : document d’information pour les ministres. Sinaï A., « La mondialisation est-elle bonne pour l’environnement », Actu-Environnement, publié le 11 décembre 2009, consulté le 1er octobre 2012. 209 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale 210 Repenser le territoire et agir pour une éducation globale de ses concepts Voahariniaina Linjo RAMAMONJY Introduction La nécessité d’intégrer les dimensions économiques, sociales et environnementales du développement afin de parvenir à la viabilité a été clairement énoncée dans le rapport Brutland en 1987. Il y a déjà vingt ans l’accord de Rio portant sur l’environnement sous l’égide des Nations unies a été signé. À la sortie de la conférence de Johannesburg, Rio+20, force est de constater que l’on n’est pas plus avancé en ce qui concerne l’application de l’Agenda 21. La majorité des Nations africaines et leurs populations sont sujettes à double facteur de risques tels que les risques environnementaux et de non-durabilité associés aux systèmes de production existants et les risques associés à la pauvreté ; et ceci à trois ans de l’échéance des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Le territoire est parmi les cibles prioritaires de l’Agenda 21 car c’est bien à cette échelle que l’homme peut interroger les modèles de développement et les systèmes mentaux et conceptuels qui les fondent. Généralement, le territoire est perçu par la majorité des citoyens, dans les écoles et les lycées ainsi que par les professionnels des ONG comme un espace géographique coïncidant plus ou moins avec un découpage administratif. À l’université, territoire et territorialité sont conçus différemment selon les domaines de discipline enseignée en écologie, en géographie ou en sociologie ou tout simplement ignorés. Peut-on alors adopter des concepts communs du territoire et de la territorialité associés au développement durable et qui pourront servir d’éducation citoyenne pour tous les acteurs ? 1. Développement durable et territoire La définition originelle de Brundtland sur le développement durable fait appel à l’équité intergénérationnelle qui va de pair avec la prise en compte d’une équité intragénérationnelle. Cette équité intragénérationnelle ne peut que s’inscrire dans la variété des situations que l’on perçoit au niveau des territoires. 211 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale 1.1- Approches de définitions de territoire Alors, si à l’origine, les concepts de développement durable ont évolué dans un cadre de mondialisation, éloignés des préoccupations des territoires ; il est largement reconnu que ce sont ces derniers qui vont jouer un rôle déterminant dans toute stratégie de mise en œuvre des décisions de développement durable prises au niveau global. En effet, le territoire est aussi le lieu des trajectoires des projets caractérisés par l’ancrage territorial et c’est également là que les solutions équitables vont émerger pour les acteurs par le partage de savoir et le partage de pouvoir. Mais la définition même du territoire est complexe et a fait l’objet de multiples versions dépendantes de l’angle de vue et des domaines disciplinaires. En le considérant encore comme l’espace où se déploie l’essentiel de la vie quotidienne, professionnelle, familiale et sociale, économistes et géographes définissent le territoire comme « bassin d’habitat » ou « bassin d’emploi ». Généralement, en géographie, on part de l’espace pour définir le territoire, l’espace étant compris comme le support de l’activité humaine dans son sens large. Dans ce sens, l’espace est une sorte de matière première qui précède le territoire, ce dernier étant le produit ou le résultat d’un processus d’appropriation d’un groupe sur une portion d’espace. 1.2- Dimensions classiques du territoire Une définition plurielle du territoire fait appel aux trois dimensions différentes (matérielle, identitaire et organisationnelle) mais complémentaires. « La dimension matérielle délimite le territoire comme un espace doté de propriétés naturelles définissant des potentialités ou des contraintes de développement, ou de propriétés matérielles résultant de l’aménagement de l’espace par les sociétés (armature urbaine, réseau de desserte…) qui sont caractérisées par leurs structures et leurs dynamiques temporelles et spatiales ». La dimension identitaire considère le territoire comme « une entité spatiale dotée d’une identité propre, caractérisée par son nom, ses limites, son histoire et son patrimoine, ainsi que par la manière dont les groupes sociaux qui l’habitent, se le représentent, se l’approprient et le font exister 212 Repenser le territoire et agir pour une éducation globale de ses concepts au regard des autres ». Du point de vue organisationnel, « le territoire se définit comme une entité dotée d’une organisation des acteurs sociaux et institutionnels, elle-même caractérisée par des rapports de hiérarchie, de domination, de solidarité, de complémentarité dans les sociétés humaines ». Ces dernières s’organisent dans l’espace à différentes échelles qui dépendent à la fois du système politique et social ; on assiste ainsi à une articulation continue et emboîtée ou à une hiérarchisation du territoire à l’image du quartier, de la commune, de la région et du pays ; ainsi de suite (Laganier, 2002). Mais cette articulation se fait aussi d’une façon discontinue et juxtaposée comme dans le cas des diasporas. 2. Développement durable et triangle de territorialité de Martin-Brelot Le concept de la territorialité a été observé et décrit pour la première fois chez les animaux comme un comportement consistant à délimiter et à défendre un espace vital appelé territoire pour ses ressources. Sack qui a donné le premier une théorie de la territorialité humaine a défini cette dernière comme stratégie effectuée par un groupe d’individus pour influencer, affecter ou contrôler des objets, d’autres individus ou des relations en délimitant et proclamant son contrôle sur un territoire. Cette stratégie peut s’exercer sur différentes échelles de territoire comme une chambre, une région ou à l’échelle internationale avec des différents degrés selon que l’espace est plus ou moins fermé. La territorialité humaine représente « l’ensemble des relations qu’une société entretient non seulement avec elle-même, mais encore avec l’extériorité et l’altérité, à l’aide de médiateurs, pour satisfaire ses besoins dans la perspective d’acquérir la plus grande autonomie possible, compte tenu des ressources du système » (Raffestin, 1985). Récemment, Martin-Brelot a défini un nouveau concept de la territorialité en relation avec le concept du territoire local, le développement durable et dans le cadre de la mondialisation. La territorialité est alors définie comme l’interaction entre trois systèmes : (i) le système des acteurs ; (ii) le système du territoire et (iii) le système des TICs (Martin-Brelot, 2006). Une interaction, 213 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale voulue et pensée par tous les acteurs oriente vers le processus de développement durable. 2.1- Le système des acteurs Le système des acteurs comprend ce que l’Agenda 21 nomme les grands groupes. La dimension organisationnelle qui fait appel aux groupes du territoire se fait, se défait, se renouvelle et se structure selon les ressources et les moyens du territoire. Au niveau local par exemple il y a l’administration locale et les collectivités décentralisées ; elles jouent, au niveau administratif le plus proche de la population, un rôle essentiel dans l’éducation, la mobilisation et la prise en compte des vues du public en faveur d’un développement durable. Pour le territoire, l’Union européenne a placé l’université comme étant au centre du triangle de connaissance défini par la recherche, l’éducation et l’innovation. La communauté scientifique est par ailleurs mise en exergue dans l’Agenda 21 pour son rôle dans la construction et la dissémination du savoir pour le développement durable des territoires. L’appel de 2008 à Nairobi lors de la conférence de MESA de l’ancien Secrétaire général de l’ONU fait aux universités africaines est alors significatif en les exhortant à sortir des tours d’ivoire et s’inscrire dans la pluridisciplinarité pour mener le développement des territoires. D’autre part, l’entreprise constitue une des trois objectifs majeurs de l’Agenda 21 car elle représente l’activité humaine la plus consommatrice de ressource naturelle, d’énergie et de l’eau ; tout en étant génératrice de déchets et de pollutions modifiant plus ou moins profondément les écosystèmes (cours d’eau, les sols et l’atmosphère) pouvant affecter les êtres vivants et la société humaine et vice versa dans leurs impacts. Elle peut être qualifiée comme au centre du triangle de la durabilité (Wackernagel et Rees, 1996). Dans le cadre des impacts des entreprises, en s’inspirant de l’empreinte écologique, McEnroy a élaboré le concept de l’empreinte sociale. Un des défis majeurs du développement durable est l’équité entre genre. Selon le rapport du Groupe de haut niveau du Secrétaire général après la conférence du Rio+20 sur la viabilité mondiale « la prochaine poussée de la croissance mondiale pourrait bien être le fruit de la pleine émancipation économique des femmes qui est la 214 Repenser le territoire et agir pour une éducation globale de ses concepts moitié de l’intelligence et de la capacité de l’humanité » (Ayres, 1989). Ensuite, il faut inciter les populations locales à participer activement à l’élaboration, à la planification et à l’exécution de politiques axées sur la viabilité. Il est également indispensable d’associer les jeunes à la vie politique et économique. 2.2- Le système du territoire et ses dimensions Aux trois dimensions mentionnées auparavant, l’on peut ajouter une dimension immatérielle et une nouvelle, la dimension métabolique (Wackernagel et Rees, 1996). La dimension matérielle décrite ci-dessus constitue en premier lieu l’attractivité du territoire vis-à-vis des acteurs extérieurs. La dimension immatérielle comprend l’histoire du territoire, ses us et coutumes, ses lois et réglementations, les institutions, les patrimoines immatériels ainsi que les savoirs (endogènes, académiques, entrepreneuriales, etc.) et les flux psychologiques (Adoué, 2007). Ces derniers comprennent entre autres les motivations, l’esthétique et l’éthique ainsi que les flux d’information qui influencent fortement les acteurs et pèsent lourds dans leurs décisions. Cette dimension immatérielle (à travers le savoir, le pouvoir et le vouloir) qui constitue une composante de l’attractivité territoriale, est étroitement liée aux ressources naturelles renouvelables ou épuisables de la dimension matérielle et leurs transformations par l’activité humaine. L’ensemble de ces activités avec leur transformation des flux entrants de matières et d’énergie et de flux sortants de déchets et de chaleur est le métabolisme industriel (Adoué, 2007), qui, associé avec le mode de vie et la société est défini comme un métabolisme sociétal ; l’ensemble des flux associés est alors le flux métabolique. Suivant l’échelle des territoires on peut ainsi déterminer la dimension métabolique d’une commune, région, une nation ainsi de suite. La connaissance de la dimension métabolique est de la plus haute importance car elle introduit une quantification environnementale en complément des flux financiers qui ont été toujours les seuls pour caractériser les projets de développement et la croissance. Cette approche innovante mise à la disposition des acteurs permet également de planifier le développement durable du territoire en visualisant les possibilités de synergie industrielle 215 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale selon les concepts de l’écologie industrielle. L’empreinte écologique a été élaborée par Wackernagel et Rees afin de donner une appréciation des flux métaboliques des territoires reliés à leur biocapacité exprimés en hectare global de terre arable. La biocapacité d’un territoire donne la mesure de l’offre de la nature aux besoins des populations qui forment la demande. La différence entre biocapacité et empreinte écologique, si elle est positive, est appelée le crédit écologique. C’est le cas pour la plupart des pays pauvres, essentiellement agricoles et mal industrialisés qui sont alors des créditeurs écologiques. Si elle est négative, c’est la dette écologique comme c’est le cas pour les pays industrialisés dits alors débiteurs. Cette notion de dette et de crédit écologique ouvre une nouvelle perspective sur la dimension territoriale de la démocratie et de la gouvernance au niveau mondial. 2.3- Le système des TICs Le système des TICs qui se classe parmi les moyens d’action dans l’Agenda 21 comprend les systèmes des télécommunications, de l’informatique et de l’audiovisuel. L’évolution de l’informatique, dont la combinaison avec les télécommunications, donne lieu aux convergences numériques et a façonné d’une façon considérable le système socio-économique et culturel des pays. Les enjeux des TICs sont clairement énoncés dans diverses déclarations internationales telles que l’OMD ou le New Partnership for Africa’s Development (NEPAD) et dans divers programmes nationaux de développement des différents pays. Le développement durable et les TICs peuvent être appréhendés comme des phénomènes contemporains ayant des effets touchant au niveau global, mais qui ne peuvent trouver d’applications concrètes qu’au niveau local par la mise en œuvre d’outils d’aménagement et de développement des territoires et par l’implantation physique de réseaux de télécommunications. Martin-Brelot a identifié les correspondances entre le développement durable et les TICs avec les notions de prospective (images), de partenariat (réseaux) et de médiation (interactivité) qui forment les dimensions d’une gouvernance locale. Les nouveaux médias interactifs favoriseraient l’élaboration d’outils ouverts et adaptés à la 216 Repenser le territoire et agir pour une éducation globale de ses concepts visualisation des interdépendances, à l’expression des diversités et à l’émergence d’idées nouvelles pour le développement durable en combinant deux techniques et deux objectifs de communication complémentaires (image et réseau). Par ailleurs, Sack dans sa théorie de territorialité présuppose pour l’interaction, une transmission d’énergie qui obéit à la loi d’action et de réaction basée sur la conservation de l’énergie. Ces contacts peuvent se faire entre le face à face ou la transmission par ondes électromagnétiques, d’où le rôle de médiation des TICs. Ce rôle est en accord avec la définition de Raffestin qui fait appel à des médiateurs. En fait dans le triangle de territorialité de MartinBrelot, le système de TICs médiatise le partage de savoir et de pouvoir (e-gouvernance). La collaboration entre les acteurs pour le développement du partenariat, en un mot, est l’instrument d’une gouvernance éclairée dans l’interaction entre le système des acteurs et celui du territoire. D’autre part, le système des TICs en dématérialisant la dimension physique du territoire, permet par médiatisation des flux immatériels du système du territoire la prospective des projets ainsi que la rétrospective de l’histoire, véhiculant l’identité, et la représentation du territoire. Si le développement durable est avant tout un apprentissage du partage des savoirs et des pouvoirs, les TICs ont un rôle décisif à jouer. C’est justement là que l’Afrique a raté son entrée dans l’histoire alors que les pays asiatiques en envoyant massivement des jeunes étudier les TICs dans les pays occidentaux et y acquérir de l’expérience ont réussi à disputer le leadership de la société de l’information (Pearce, Markandya et Barbier, 1989). 3. Territoires, réseaux et interrelations Le concept sociologique de lien social vient en support du concept de territorialité de Martin-Brelot, où la notion de territorialité recouvre à la fois des idées d’autonomie, d’identité, de représentation et de rapport entre pôles d’attraction opposés comme le pôle local-global, intérieur-extérieur et réel-virtuel. 217 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale 3.1- La tension local-global Il ne suffit pas de considérer l’espace local comme un espace d’application de stratégies pensées ailleurs au niveau mondial (penser global, agir local) ; le réciproque, penser local et agir global peut aussi être vrai. L’échec de la Conférence de Copenhague en 2008 illustre la tension local-global de cette réciprocité alors que l’homme assiste à la disparition des Îles du Pacifique telles que l’Archipel de Tuvalu, l’île de Kiribati au niveau local. De même, l’expérience historique de la symbiose industrielle de la ville de Kalundborg qui a été pensée et voulue sans aucun dessein écologique à l’époque mais dans une logique de proximité et d’efficacité économique illustre cela. Sa réussite spectaculaire faisant évoluer le concept de l’écologie industrielle (Patterson, 2008), qui a donné naissance aux réseaux mondiaux d’éco-parcs industriels, est une autre marque de la pensée locale et de l’action globale. Par ailleurs, la subsidiarité active territoriale éclaire la gouvernance du global vers le local qui est surtout médiatisée dans la résolution des crises politiques (Côte d’Ivoire, Madagascar, Mali, etc.) 3.2- La tension intérieur-extérieur La délocalisation des entreprises à forte empreinte écologique des pays industrialisés vers les pays pauvres comme c’est le cas de la région textile de Tipur en Inde a abouti à la disparition de l’eau douce polluée par la fabrication intensive des T-shirts de couleur (Patterson, 2008). Un territoire peut couvrir alors en son sein les besoins de sa population et assurer les conditions générales de durabilité en exportant ses déchets vers d’autres territoires, ou en effectuant des achats sous-évalués des ressources naturelles provenant d’autres territoires. Ce faisant, ce territoire compromet au même moment la capacité des autres territoires d’exportation ou d’importation de satisfaire à leurs propres besoins en assurant les besoins de durabilité interne au détriment de la durabilité externe (Dixon, 1994). Au niveau des Nations, le métabolisme sociétal des États-Unis seuls avec le mode de vie de ses populations remonte à 1,3 planète en 2005 au détriment des autres. On doit ainsi admettre que la durabilité effective 218 Repenser le territoire et agir pour une éducation globale de ses concepts est observée dès lors que les conditions relatives à la durabilité interne et à la durabilité externe sont respectées. Les mesures de subventions locales faites aux cultures de coton aux ÉtatsUnis ont des impacts immédiats sur les agriculteurs des pays africains. Par ailleurs, notons que le concept de l’organisation apprenante de Nancy Dixon, qui apprend à viser trois objectifs interreliés : le développement des membres de l’organisation, le développement de l’organisation et le développement des organismes hiérarchiques extérieurs, contribue clairement à cette approche de durabilité effective. 3.3- La tension réel-virtuel Les progrès foudroyants des TICs ont conduit à l’avènement de la société de l’information et les pays industrialisés sont actuellement de plein-pied dans la société du savoir. Les différentes technologies renvoient à l’extension de la notion de territorialité classique dite nomade par opposition à la territorialité sédentaire associée aux territoires aréolaires comme étant propre à tous ceux qui peuvent s’affranchir des contraintes physiques donc à tous ceux qui maintiennent, cultivent, créent un réseau social à l’aide des réseaux virtuels soutenus par Internet (associée aux territoires réticulaires ou en réseau). L’exemple des événements du printemps arabe démontre paradoxalement un ancrage territorial des TICs en orientant et organisant les manifestations des acteurs liés par une proximité géographique. Le travail collaboratif à distance sur des plates-formes virtuelles pour l’apprentissage ou le travail à domicile montre une synergie à distance des acteurs éloignés géographiquement, il peut être un facteur de désagrégation sociale de proximité à cause du temps passé devant l’ordinateur. Conclusion Partant des concepts classiques du territoire et de la territorialité, cet article met en exergue l’évolution de ces concepts face à la mondialisation en décrivant l’approche de Martin-Brelot dont le triangle de la territorialité. Différents facteurs de succès ou d’échec dans les feuilles de route vers le développement durable peuvent ainsi être correctement interprétés en utilisant 219 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale les interactions entre les trois pôles du triangle. En utilisant les tensions intérieur-extérieur, local-global, et la tension réelvirtuel, le territoire peut être considéré comme une brique de la gouvernance dans l’interdépendance du local vers le global. (Calame, P., 2002) Le territoire est le nœud des relations sociales, écologiques et économiques dans les systèmes de relations organisés en réseau, s’étendant au niveau mondial. Il sera ainsi l’acteur pivot du futur. Il est donc important pour chaque individu, ou organisation en tant qu’acteur du territoire de s’approprier des concepts modernes du territoire et de la territorialité selon Martin-Brelot qui lui est associée. Cet article se propose d’adopter la dissémination de ces concepts à tous les niveaux pour l’éducation en primaire, secondaire ainsi que pour la recherche universitaire. L’objectif est de sensibiliser tous les grands groupes du territoire pour en faire l’acteur pivot du futur. Références Bibliographiques Adoué C., 2007, Mettre en œuvre l’écologie industrielle, Sciences & ingéniérie de l’environnement, Presses polytechniques et universitaires romandes, 106 p. Ayres R., 1989, « Industrial metabolism », in Ausubel J. (dir.), Technology and Environment, Washington DC, National Academy Press. Calame P., 2003. 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Cette stratégie ne peut donc émerger que d’une coopération entre les institutions et les différentes parties intéressées, dans laquelle chacune exerce pleinement ses responsabilités et ses compétences. L’utilisation du thème environnemental comme élément de critique radicale du système de gouvernance mis en place après-guerre demeure donc sujette à controverse. À certains égards, la multiplication des discussions sur ce thème a même contribué à faire reconnaître la cohérence de ce cadre, dont chacune des organisations en charge de réguler ou corriger une imperfection de marché. Mais toutes ces institutions participeraient d’un même objectif ultime d’efficacité économique et sociale. Avec la notion de développement durable, les liens entre l’économie et l’environnement se resserrent. Les pays industrialisés et émergents ont connu des succès remarquables dans leur trajectoire de développement au cours des dernières années, mais à quel prix ? Ce succès a ainsi été réalisé au détriment de la protection de l’environnement. Comment le changement climatique est-il devenu un problème économique ? Quelles sont concrètement les menaces qui pèsent sur notre planète ? Quelles stratégies adopter afin de concilier croissance économique et développement durable ? 1. Les causes de la dégradation de l’environnement De nombreuses causes de la dégradation de l’environnement sont recensées. Certaines d’entre elles sont dues à l’homme, d’autres à son action. Il y a avant tout le changement climatique lié aux effets de l’augmentation des concentrations atmosphériques de gaz à effet de serre (GES) sur les températures et le climat de la planète, ainsi qu’à leurs répercussions sur les écosystèmes, 223 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale les établissements humains, l’agriculture et d’autres activités socio-économiques. La destruction de l’ozone stratosphérique (au-dessus de l’Arctique et de l’Antarctique) continue de susciter des inquiétudes en raison des effets de l’augmentation du rayonnement ultraviolet B sur la santé humaine, le rendement des cultures et l’environnement naturel. Le temps qui s’écoule entre le moment où des substances qui appauvrissent la couche d’ozone (ODS) sont émises et leur arrivée dans la stratosphère est tout aussi alarmant. La pollution de l’air sur la santé humaine les écosystèmes et les bâtiments, ainsi que leurs conséquences socioéconomiques sont importantes. Les concentrations de particules fines, de dioxyde d’azote (NO2) et de polluants toxiques, ainsi que les pics d’ozone troposphérique dans les zones urbaines et rurales, suscitent de plus en plus d’inquiétudes. La canicule en Europe en est la parfaite illustration. La mauvaise gestion des déchets a des conséquences sur la santé humaine et les écosystèmes (contamination des sols et de l’eau, qualité de l’air, utilisation des sols et paysages). Le cas des déchets déversés en plein centre-ville d’Abidjan en Côte d’Ivoire est un exemple pour mesurer les conséquences de la négligence humaine. Celui des sociétés pétrolières basées dans le golf de Guinée qui laissent les déchets pétroliers dans les rivières en est un autre. Ces déchets tuent l’espèce faunique et florale privant les populations environnantes de l’eau potable, de produit de la pêche et des espaces cultivables le cas du Nigeria où la région du peuple Ogonie. Ce peuple a souffert près de 50 ans de l’exploration et de la production effrénée de pétrole. De même, l’utilisation irrationnelle de l’eau, sa pollution (eutrophisation, acidification, contamination toxique) a un impact sur la santé humaine, sur le coût du traitement de l’eau potable et sur les écosystèmes aquatiques. Les égouts des nombreuses villes côtières africaines déversent les eaux usées dans la mer polluant ainsi les plages. Les activités humaines sont dévastatrices pour la flore (diversité et santé des forêts, croissance et régénération des forêts naturelles, fonctions économiques, écologiques et sociales des forêts) et la faune (stocks et habitats de poissons en milieu marin comme 224 Économie verte : principe de base pour une croissance saine en eau douce, répercussions sur la biodiversité et sur les approvisionnements en poisson destinés à la consommation ou à d’autres usages…). L’économie du Gabon et du Cameroun repose sur l’exportation du bois vers l’Europe. Aucune politique autoentretenue des forêts n’est adoptée pour leur protection. Certains pêcheurs utilisent des produits toxiques pour capturer les poissons en masse. La production d’énergie et son utilisation ont des répercussions sur les émissions de gaz à effet de serre et la pollution atmosphérique locale et régionale. Les risques liés au cycle du combustible nucléaire et à l’extraction, au transport et à l’utilisation des combustibles fossiles sont majeurs. Beaucoup de pays, notamment le Tchad qui fait partie des grands producteurs, sont entrés dans l’ère pétrolière. 2. L’état des lieux de notre environnement Le réchauffement du système climatique est sans équivoque : hausse des températures moyennes de l’atmosphère et de l’océan, fonte massive de la neige et de la glace, élévation du niveau moyen de la mer. Les relevés instrumentaux de la température à la surface du globe ont débuté en 1850. Entre 1995 et 2006 figurent les années les plus chaudes depuis le début des relevés. Les températures ont augmenté presque partout dans le monde, quoique de manière plus sensible aux latitudes élevées de l’hémisphère Nord. La ressource eau diminue considérablement et accentue la sécheresse ainsi que l’exposition de centaines de millions de personnes aux conséquences de stress hydriques accrus. L’exemple du Lac Tchad illustre parfaitement la situation. En quelques années, il est passé de plus de 25 000 km2 à moins, de 5 000 km2. En ce qui concerne les écosystèmes, le risque d’extinction s’est accru pour 30 % des espèces. L’on assiste malheureusement à un blanchissement de la plupart des coraux suivi d’une très forte mortalité des coraux et un risque croissant de modification des aires de répartition des espèces et de feux incontrôlés. Plusieurs espèces animales vivant dans la forêt kenyane sont 225 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale en voie d’extinction. Certaines ne supportent plus les conditions climatiques, d’autres sont capturées (girafe, singe, rhinocéros, etc.) et pour la commercialisation en tant qu’objets précieux (ivoire d’éléphants, dents de lion, peau de serpents, etc.). Le long des environnements côtiers, les crues et tempêtes entraînent des inondations de plus en plus fréquentes. Des millions de personnes en sont victimes chaque année avec une perte d’environ 30 % des zones humides côtières de la planète. L’exemple de Haïti est une tragédie qui, jusqu’aujourd’hui laisse un souvenir traumatisant pour ses habitants. Ensuite la production alimentaire connaît une baisse partout en Afrique, des incidences négatives complexes sur les petits propriétaires, les agriculteurs pratiquant une agriculture de subsistance et les pêcheurs ; baisse du rendement des cultures céréalières aux basses latitudes. Au Sud du Tchad (où on enregistre la pluviométrie la plus élevée du pays chaque année) les saisons pluvieuses sont passées de 7 mois en 2001 à 4 mois actuellement. Enfin dans le domaine de la santé, les effets de la malnutrition et des maladies diarrhéiques, cardio-respiratoires et infectieuses sont aggravés ; augmentation de la morbidité et de la mortalité due aux vagues de chaleur, aux inondations et aux périodes de sécheresse ; migration de certains vecteurs pathogènes. La fièvre Ébola au Congo, la fièvre typhoïde, le paludisme dans les zones tropicales et les enfants au ventre ballonné en Somalie illustrent malheureusement ce phénomène de sécheresse. 3. Stratégies à adopter pour la protection de l’environnement Dans la mesure où la population mondiale devrait atteindre 9 milliards d’ici 2050 et où l’évolution du système climatique menace la Terre, il est impératif de trouver une solution permettant de relancer la croissance économique et de résoudre le problème du changement climatique. Pour cela, un changement de mode de pensée impose de privilégier la croissance verte. Celle-ci vise à lutter agressivement contre le changement climatique tout en faisant des technologies et industries vertes 226 Économie verte : principe de base pour une croissance saine nécessaires à ce combat le moteur de la croissance économique nationale. Il faut rejeter les théories économiques et les modes de vie de l’ère industrielle pour emprunter une nouvelle voie qui satisfasse au besoin de croissance économique, de responsabilité sociale, de responsabilité des entreprises et de préservation de l’environnement. Ainsi, pour que les termes « croissance » et « verte » ne soient plus mis en opposition, une volonté politique forte doit orienter vers un nouveau mode de pensée auquel la population doit adhérer afin d’aboutir à une révolution technologique. Le capital naturel, à savoir les écosystèmes et la biodiversité qui s’offrent aux hommes, est à la base de toute chose. Pourquoi des pertes de capital si importantes ont-elles échappé à la vigilance des peuples et n’ont pas reçu de réponses politiques appropriées ? Le capital naturel et ses valeurs ainsi que le meilleur usage que l’on peut en faire constituent donc une composante essentielle de la future économie verte. Il s’agit de penser le capital naturel non pas comme une catégorie d’actifs qui seraient secondaires, ni une source de « matières indéfinissables » destinées à alimenter les chaînes de production, mais comme une infrastructure écologique complexe et précieuse qui offre à la fois des biens (alimentation, combustibles, fibres, etc.), des services (nettoyage de l’air, régulation du cycle de l’eau douce, régulation du climat, etc.) et des idées (applications du biomimétisme susceptibles de transformer radicalement nos modes de production actuels). Conclusion La mutation vers une économie verte offre la possibilité de parvenir au développement durable et de diminuer la pauvreté, à une échelle et à un rythme inégalés auparavant. Cette possibilité découle, essentiellement, d’un terrain de jeu modifié : le monde et les risques auxquels sont confrontés ses habitants ont considérablement changé et nécessitent une remise en cause fondamentale de l’approche économique. Les services environnementaux sont mieux conservés, conduisant à de meilleurs revenus et à des filets protecteurs pour les ménages des communautés rurales pauvres. Les méthodes 227 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale d’agriculture respectueuses de l’environnement améliorent de manière significative les rendements des paysans pratiquant l’agriculture de subsistance. Les améliorations en termes d’accès à l’eau douce et d’assainissement, ainsi que les innovations en matière d’énergie autonome (électricité photovoltaïque, poêles à biomasse, etc.) s’ajoutent à l’ensemble des stratégies en faveur de l’économie verte, ce qui peut contribuer à atténuer la pauvreté. Reste à savoir comment contribuer, de manière plus efficace, aux débats scientifiques et publics ? Références Bibliographiques AIE, 1989, L’Énergie et l’environnement : vue d’ensemble des politiques, Paris. 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Comptabilité des écosystèmes et de leurs services, Agence européenne pour l’environnement, 12e colloque de l’Association de comptabilité nationale, Paris, 21 p. 229 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale 230 Table des matières Sommaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 Avant-propos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 Auteurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 Résumés des contributions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17 Chapitre I : GOUVERNANCE MONDIALE . . . . . . . . . . . . . 31 La gouvernance mondiale : une solution pour l’humanité ? . . . . . 31 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31 1. Vulnérabilité écologique, récessions économiques, droits humains menacés, insécurité, problèmes de santé… . . . 31 1.1- Vulnérabilité écologique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31 1.2- La récession économique, la justice sociale et la famine . . 32 1.3- Droits humains menacés et insécurité . . . . . . . . . . . . 33 1.4- Problème de santé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34 2. Controverses et réalités sur la gouvernance mondiale . . . . . . 36 2.1- La théorie du complot . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36 2.2- La théorie de la nécessité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37 2.3- Le nœud de la question . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39 3. Ce qui est envisageable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41 Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41 Dynamisation de l’agriculture urbaine : entre pollution et enjeu pour le développement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43 1. Présentation de la zone d’étude . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44 2. Typologie du système de production . . . . . . . . . . . . . . . 45 3. Pédologie du secteur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46 4. Régime hydrique dans la plaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47 5. Répercussion de la pollution industrielle sur la riziculture . . . 48 231 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale 6. L’industrie : une source de développement de la population locale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52 7. La riziculture en situation de subsistance . . . . . . . . . . . . . 52 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53 Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54 Défis pour un réel développement : cas de l’Afrique . . . . . . . . . 57 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57 1. Loi du ventre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57 2. Endoctrinement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59 3. Le Burundi, pays de l’Afrique de l’Est . . . . . . . . . . . . . . . 60 4. Développement économique du continent noir . . . . . . . . . 62 5. Développement environnemental . . . . . . . . . . . . . . . . . 63 6. Lutte contre la corruption . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63 Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67 Le destin commun peut-il favoriser l’application des politiques de développement durable ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70 1. Enjeux et défis économiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70 2. Enjeux et défis énergétiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72 3. Protéger l’environnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75 Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76 Économies alternatives vers le développement durable et cadrage pour les élections présidentielles, cas de Madagascar . . . 79 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79 1. Économie linéaire et iniquité du développement . . . . . . . . . 80 1.1- Crise de savoir et crise de pouvoir en Afrique . . . . . . . . 80 2. Alternatives économiques : vers le développement durable . . 81 2.1- Cadres de perspectives vers le développement durable . . 82 232 Table des matières 2.1.1- L’écologie industrielle et la bioraffinerie . . . . . . 82 2.1.2- L’économie verte et la bioéconomie . . . . . . . . . 83 Équilibre compétition et coopération . . . . . . 84 Le cas Madagascar . . . . . . . . . . . . . . . . . 84 2.2- Ressources, opportunités et menaces . . . . . . . . . . . . . 85 2.3- Propositions pour le changement vers le développement durable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86 2.3.1 Dossier socio-économique et environ nemental (DSEE) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86 2.3.2 Comité socio-économique et culturel (CSEC) . . . . 86 2.4- Accompagnements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87 2.4.1- Le cadrage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87 2.4.2- Accompagnement éducationnel et Coopération internationale . . . . . . . . . . . . . . 87 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87 Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88 La participation de la jeunesse à la gouvernance mondiale de l’environnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91 1. La participation citoyenne de la jeunesse . . . . . . . . . . . . . 92 2. L’anticipation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93 3. La pérennisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96 Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97 Chapitre II: ENVIRONNEMENT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99 Le développement durable face à la diversité culturelle. Regard sur la part du pluriculturalisme dans les échecs des actions de développement durable au Nord-Cameroun . . . . . . . 99 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99 1. Nord-Cameroun : les actions de développement durable à l’épreuve du pluriculturalisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100 233 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale 1.1- Le projet « Sahel vert » : une réalisation compromise par la diversité culturelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100 1.2- Le projet « Nord-Est Bénoué » : un projet qui subit les effets du pluriculturalisme . . . . . . . . . . . . . . . . 101 1.3- L’impact du pluriculturalisme sur le projet « Conservation de la biodiversité dans les parcs nationaux du Faro et Bouba Njidda et leurs zones rattachées » (zones cynégétiques) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102 2. Pour une diversité culturelle au service du développement durable : les conditionnalités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103 2.1- L’analyse du pluriculturalisme d’une région précède la mise en œuvre de toute action de développement durable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103 2.2- La valorisation de la diversité culturelle : une source de réussite pour les actions de développement durable dans une région donnée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104 2.3- La médiation interculturelle : facteur de réussite pour tout projet de développement durable en milieu pluriculturel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105 Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106 Énergies renouvelables, source sûre du développement durable ! . 107 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107 1. Pourquoi recommander l’énergie renouvelable ? . . . . . . . . 109 1.1- Écologiquement indispensable . . . . . . . . . . . . . . . . 109 1.2- Technologiquement possible . . . . . . . . . . . . . . . . . 110 1.3- Économiquement rentable . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110 2. Les défis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111 La vulnérabilité des villes côtières des pays du Golfe de Guinée : le cas de l’Île Mandji . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113 1. Stratégies régionales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113 234 Table des matières 2. La problématique de l’érosion côtière au Gabon . . . . . . . . . 115 3. Moyens de lutte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117 4. Enjeux démographiques et submersion . . . . . . . . . . . . . . 121 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122 Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123 La protection de l’environnement : opportunité pour le développement de l’Afrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125 1. Disparition du capital forestier : cas de la République Centrafricaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125 1.1- Déforestation et gaspillage : quelques données indicatives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126 1.2- Les origines de la déforestation . . . . . . . . . . . . . . . . 128 2. Les différents enjeux mettant en péril les efforts du développement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130 2.1- Aggravation de la pénurie d’eau et des conflits liés à l’eau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130 2.2- Baisse de la production agricole et aggravation de l’insécurité alimentaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131 2.3- Les difficultés dans le domaine énergétique . . . . . . . . 131 2.4- Perte de la biodiversité, des forêts et d’autres maisons décentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131 2.5- Accroissement des maladies à transmission vectorielle . . 132 2.6- Multiplication des risques de conflits liés aux migrations de populations . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132 3. Perspective, solutions pour un développement durable . . . . 133 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134 Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135 Perspectives pour une climatopolitique anthropocentrée . . . . . 137 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137 1. De la centralité politico-stratégique à la centralité des droits de l’homme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 138 235 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale 2. Valorisation des acteurs non étatiques . . . . . . . . . . . . . . 139 3. La formation et le renforcement des capacités . . . . . . . . . . 140 4. Une meilleure gouvernance et une information équilibrée . . . 140 5. L’impératif du respect du principe de « responsabilité commune mais différenciée » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144 Références biographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146 Les effets dévastateurs du changement climatique en Afrique et les solutions en présence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147 1. Impacts des changements climatiques en afrique . . . . . . . . 148 1.1- Impacts hydriques des changements climatiques . . . . . 148 1.2- Impacts du changement climatique sur la biodiversité . . 149 1.3- Impacts écologiques des changements climatiques . . . . 150 1.4- Impacts du changement climatique sur le plan économique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151 2- Adaptation aux changements climatiques et gouvernance internationale sur l’environnement . . . . . . . . 153 2.1- L’adaptation aux changements climatiques : priorités et barrières clés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 153 2.2- La gouvernance internationale sur l’environnement . . . . 155 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156 Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156 Exploitation minière et gestion responsable de l’environnement . 157 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157 1. Les différents rejets miniers provenant à chaque phase de cette exploitation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 158 2. Les conséquences de l’exploitation minière sur les différents environnements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160 2.1- Sur l’environnement physique . . . . . . . . . . . . . . . . 160 2.2- Sur l’environnement humain. . . . . . . . . . . . . . . . . . 160 236 Table des matières 3. Portée et limites des moyens mis en œuvre par les États et les exploitants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 162 4. Propositions d’amélioration technique et organisationnelle . . 163 4.1- amélioration de la technique de gestion des rejets miniers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163 4.2- Gestion des problèmes sociaux et amélioration des conditions de vie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 164 Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165 Déchets ménagers : vers une gestion responsable ? . . . . . . . . . 167 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167 1. Responsabilité citoyenne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167 2. Entreprise du secteur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 168 3. Régulation étatique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 169 4. Mobilisation collective . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 170 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171 Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 172 Chapitre III : ÉCONOMIE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173 Développement humain et politiques macroéconomiques dans les pays en développement : quelle dialectique . . . . . . . . 173 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173 1. Pays émergents, enjeux environnementaux . . . . . . . . . . . 174 1.1- Une affaire de revenu par tête . . . . . . . . . . . . . . . . 174 1.2- Les enjeux environnementaux . . . . . . . . . . . . . . . . 176 2. Quelle politique économique pour les pays en développement ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 177 2.1- Une critique de la mondialisation : la dé-mondialisation . 177 2.2- Viabiliser les institutions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 178 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 179 Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 180 237 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale Interactions croissance-commerce : cas de l’Afrique subsaharienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183 1. Conséquences de la spécialisation à l’exportation des produits primaires des économies africaines au sud du Sahara . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 184 2. Meilleures voies vers une croissance forte des économies africaines au Sud du Sahara . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 186 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 187 Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 189 La production des richesses et de l’emploi au cœur des enjeux du développement durable en Afrique . . . . . . . . . . . . . . . . . 191 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 191 1. Création de richesses et économie verte ; les leviers de l’action collective pour lutter contre la pauvreté . . . . . . . . . 192 2. Capital naturel et création de richesses en Afrique subsaharienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 193 3. La création d’emplois demeure un défi majeur pour le développement durable en Afrique . . . . . . . . . . . . . . . . 196 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 199 Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 200 Intelligence économique et développement durable . . . . . . . . . 201 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 201 1. Le développement durable à l’épreuve trans-frontalière . . . . 202 1.1- Mondialisation : disparition des frontières . . . . . . . . . 202 1.2- L’instauration des nouvelles barrières . . . . . . . . . . . . 203 2. Quand les technologies propres prennent le dessus . . . . . . . 205 2.1- Automobile : la course à l’hybride . . . . . . . . . . . . . . 205 2.2- La gestion des déchets en entreprise . . . . . . . . . . . . . 207 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 208 Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 209 238 Table des matières Repenser le territoire et agir pour une éducation globale de ses concepts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 211 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 211 1. Développement durable et territoire . . . . . . . . . . . . . . . 211 1.1- Approches de définitions de territoire . . . . . . . . . . . . 212 1.2- Dimensions classiques du territoire . . . . . . . . . . . . . 212 2. Développement durable et triangle de territorialité de Martin-Brelot . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 213 2.1- Le système des acteurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 214 2.2- Le système du territoire et ses dimensions . . . . . . . . . 215 2.3- Le système des TICs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 216 3. Territoires, réseaux et interrelations . . . . . . . . . . . . . . . . 217 3.1- La tension local-global . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 218 3.2- La tension intérieur-extérieur . . . . . . . . . . . . . . . . . 218 3.3- La tension réel-virtuel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 219 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 219 Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 220 Économie verte : principe de base pour une croissance saine . . . . 223 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 223 1. Les causes de la dégradation de l’environnement . . . . . . . . 223 2. L’état des lieux de notre environnement . . . . . . . . . . . . . 225 3. Stratégies à adopter pour la protection de l’environnement . . 226 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 227 Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 228 239 Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale © OIF/BRAC BP 8075 Libreville (Gabon) — Courriel : [email protected] www.francophonie.org Imprimé au Cameroun par Presprint Plc Limbe Les Presses Universitaires de Yaoundé (éditeur technique) B.P. : 1585 Yaoundé (Cameroun) / Tél. : (237) 22 06 81 69/99 59 13 73 Courriel : [email protected] Janvier 2013 240