Briefing de Bruxelles sur le développement n° 28 Pertes et gaspillage dans la chaîne alimentaire 26 juin 2012 Commission européenne, bâtiment Borschette, salle 2D http://bruxellesbriefings.net Minimiser les pertes post-récoltes : les perspectives des cultivateurs d’Afrique de l’Est Onya Akonopeesa Agriculteur, Fédération Nationale des Agriculteurs, Ouganda Introduction L’Eastern Africa Farmers Federation est un réseau régional d’associations d’agriculteurs nationales et Apex, de coopératives, d'agricultrices et d'associations de marchandises.Elle regroupe 80 % des petits agriculteurs et 20 % des moyens. Elle inclut 10 pays (CAE et corne de l’Afrique) et 20 membres regroupant plus de 20 millions d’agriculteurs (soit à peine 20 % de l’ensemble des agriculteurs). Ces agriculteurs couvrent l’ensemble du secteur agricole, à savoir la culture, l'élevage, la pêche, l'apiculture et l'agroforesterie. Ils pratiquent en majorité la production primaire uniquement et vendent leurs produits sur leur exploitation. En général, les agriculteurs d’Afrique sub-saharienne sont fragmentés et peu organisés, ont peu de capacités et sont acheteurs nets de nourriture. Pertes alimentaires Les pertes et le gaspillage post-récolte sont une préoccupation majeure en Afrique et donc une menace de taille pour l'alimentation et la nutrition pour une majorité d'agriculteurs. Jusqu’à 30 % des céréales et 50 % des fruits et légumes sont perdus après les récoltes du fait de lacunes logistiques. Le gaspillage alimentaire est en train de devenir un enjeu majeur, en particulier dans les zones urbaines où des tonnes d'aliments sont jetées dans les grandes décharges, aggravant le pourcentage mondial de nourriture gaspillée le long des chaînes de valeur. Dans notre région, les principales causes de pertes post-récoltes sont les suivantes : Pertes dues aux insectes et aux nuisibles Pertes dues au climat Pertes dues à un mauvais entreposage Pertes dues aux maladies pré- et post-récoltes telles que l’afflatoxine du maïs (90 % de pertes à l'Est du Kenya en 2010). Pertes lors du transport à cause de problèmes de chargement, de sacs, etc. Pertes sur le marché: mélange de fruits et légumes dû au gaz éthylène, soleil sur les étals, surmurissage, etc. Pertes dues à la consommation alimentaire : gaspillage. Le pourcentage avancé est très prudent. Les causes mentionnées de pertes post-récoltes augmentent constamment. Dès lors, elles réduisent substantiellement la production par hectare en termes absolus (la production actuelle de maïs est de 2 tonnes par ha, avec une perte de 30 % en PPR, soit 4 tonnes nettes par ha). Par conséquent, face à l’insécurité alimentaire actuelle dans la région COMESA, où la facture alimentaire annuelle est de 20 milliards USD avec 90 % d’aliments importés de base, on conclut qu'il convient d'investir massivement dans les processus post-récolte. Solutions Alors que l’Afrique débat des plans d’investissement CAADP, il faut investir substantiellement dans le développement et l’organisation via le commerce structurant. Il est urgent de mettre en place des marchés prévisibles, avec des possibilités claires de projection de la demande. Alors qu’en aval sur la chaîne de valeur il faut investir massivement dans les infrastructures rurales telles que l’entreposage, les routes, les TIC (notamment au Sud Soudan où, en dépit du potentiel de production, il n’y a pratiquement pas d'infrastructures routières dans les zones rurales. Il est de plus en plus difficile de répartir la nourriture des régions excédentaires aux régions déficitaires. Au Kenya, l’autorité de réglementation horticole a investi dans des chambres froides dans les zones de production horticoles, actuellement louées par les agriculteurs pour entreposer les légumes et les fleurs après les récoltes). Les TIC facilitent l’accès des agriculteurs à une information en temps réel sur les marchés et sur la commercialisation des produits, etc. Les infrastructures nous permettront de calculer notre bilan alimentaire et même d'émettre des récépissés d’entreposage, afin de transformer progressivement les entrepôts ruraux en systèmes d’entreposage formels. Au niveau des agriculteurs, il faut leur inculquer l’esprit d’entreprise et leur apprendre à considérer l’agriculture comme un commerce et promouvoir les coopératives et les entreprises agricoles. En effet, les agriculteurs devraient jouer un rôle central sur la chaîne de valeur, en participant à l’intégralité de la chaîne, y compris la production, la transformation, la logistique, la marque et la commercialisation. Des exemples existent, notamment dans le secteur laitier en Afrique de l’Est. L’insécurité alimentaire pourrait être en partie limitée en réduisant le gaspillage alimentaire sur la chaîne de valeur à son strict minimum (grâce à l'entreposage et à la transformation) ; en garantissant que les agriculteurs participent davantage à la chaîne de valeur et en retirent plus de revenus ; et en projetant la demande et donc la production. Le marché permettra ainsi d’améliorer grandement la production grâce aux incitants perçus le long de la chaîne de valeur. Le plan d’action en faveur de la sécurité alimentaire et du climat de la Communauté d’Afrique de l’Est prévoit l’établissement d’un fonds de réserve régional, le développement d’un marché d’échange régional de marchandises, l’investissement dans l’ajout de valeur et le développement des capacités des agriculteurs et de leurs organisations. Le plan ne sera fructueux que via la mise en place des approches évoquées plus haut. L’Eastern Africa Farmers Federation (EAFF) a à présent développé un nouveau plan stratégique (20122020), avec des plans opérationnels triennaux Notre nouveau plan vise la fourniture de services économiques via des processus politiques (environnement propice), l’investissement dans des systèmes de connaissance afin de renforcer le partage d’expériences et d'enseignements ; et le développement institutionnel pour la durabilité de l’organisation via le renforcement des capacités. Nous souhaitons qu'au moins 40 % de nos membres entrent dans l'arène via des interventions stimulantes le long des chaînes de valeur. Pour ce faire, votre soutien plein et entier est nécessaire, afin de permettre que les agriculteurs non seulement se nourrissent, mais alimentent également notre chère Afrique. Stephen MUCHIRI Directeur exécutif - EAFF