Infections associées aux soins Mesures de prévention Formation des Correspondants en Hygiène 20 novembre 2015 Dr I. MARTIN Unité d’Hygiène inter-établissements Loire Sud Contexte • Deux « types » d’infections selon l’origine : • Communautaire • Nosocomiale = associée aux soins = mais comment la définir ? • Multiplication du parcours de soins : • Diversification des structures, multiplication des intervenants • Séjours hospitaliers de plus en plus courts • Utilisation à des fins très diverses : • Assurance, indemnisation • Jurisprudence • Epidémiologie, clinique ... Infection nosocomiale (1) Nosocomial : grec : nosos (maladie) + komeîn (soigner) Maladie liée au soins Une Infection est dite Nosocomiale IN si elle est contractée dans un établissement de soins : hôpital, clinique, maison de retraite, cure… Elle peut donc apparaître : soit pendant le séjour du patient hospitalisé au bout de 48 heures (ou > délai d’incubation) soit au retour du patient à son domicile avec un délai de 30 jours après une opération et d’1 an s’il y a eu pose de prothèse ou d’implant (prothèse de hanche, vasculaire, esthétique…) Infection nosocomiale (2) Elle s’oppose à l’infection dite communautaire qui est présente chez un individu avant son admission dans un établissement de soins et qui peut être la cause de cette admission Une IN est donc une Infection Associée aux Soins IAS qui n’était ni présente, ni en incubation au début de la prise en charge. Elle est liée : Soit à l’Acte de soins = IAA Soit à l’Environnement de soins = IAE Une IAS n’est pas toujours nosocomiale ou acquise dans un établissement de soins : la pratique communautaire des soins administrés à des patients en dehors des établissements de santé peut être aussi génératrice d’infections Le risque 0 n’existe pas ! Conséquences des IN (1) Coût humain inacceptable : Evénement indésirable pour le patient, source de stress et conséquences sur le moral … Parfois séquelles physiques … voire décès Inquiétude de sa famille Visites parfois limitées (enfants) Coût financier : Arrêt maladie avec parfois invalidité en cas de graves séquelles Perte de revenu (ex. primes) voire perte d’emploi Conséquences des IN (2) Coût économique et social : Augmentation du nombre des examens Augmentation des traitements par antibiotiques Augmentation du prix des soins : de 1 500 à plus de 40 000 euros en plus par patient Allongement de la durée d’hospitalisation : de quelques jours à plusieurs semaines en plus par patient Frein à la recherche médicale Réputation de l’établissement de santé Tableaux de bord des IN et score ICALIN (moyens) et autres indicateurs nationaux … voire plainte et procès Transmission de l’infection Le patient, qui est malade donc fragile, peut s’infecter : Avec ses propres germes : staphylococcus aureus (= doré) Directement, par un autre patient infecté : tuberculose, grippe, gale … Par un autre patient infecté, mais par l’intermédiaire du personnel = « Mains » : staph. aureus, rotavirus … Directement par un soignant infecté : grippe, herpès … Par contamination avec un matériel mal nettoyé : matériel médical, bassins, fauteuils, jouets … Par contact avec des surfaces contaminés Par ingestion d’eau contaminée : coliformes Par ingestion d’aliments “souillés” TIAC Toxi-infections alimentaires collectives … Chaine de transmission RESERVOIR Humain Environnement Animal MODE DE TRANSMISSION Contact Gouttelettes Aéroporté PORTE D’ENTRÉE Cutanée Digestive Respiratoire Dispositif invasif HOTE - Terrain Immunité Inoculum Mode de transmission de l’infection Dans 80 % des cas par contact direct : surtout si présence de liquides biologiques (sang, selles, urines…), lors des soins, lors du transport des patients, par contact avec des matériels de soins ou des surfaces souillées, mal nettoyées … Ex. Staph. aureus, Escherichia coli, Rotavirus, herpès, gale… Lors de la parole (« postillons » = gouttelettes de Pflügge), toux, éternuement : Par voie gouttelettes : Germes > 10 µm Grippe saisonnière, virus respiratoire syncitial VRS (bronchiolite du nourrisson), rubéole, coqueluche, oreillon, méningite à Meningocoque, pneumopathie à Haemophilus Par voie aérienne : Germes < 5 µm « droplet nuclei » Aérosols Tuberculose pulmonaire, varicelle, rougeole, coronavirus Facteurs de risque (1) Patient source : Incontinence urinaire, diarrhées, sécrétions respiratoires massives « non maîtrisées », lésions cutanées « à l’air » Dispositifs invasifs : cathéter veineux, sonde urinaire Colonisation Confusion mentale Micro-organismes : Survie prolongée dans l’environnement Inoculum (= quantité) important Virulence élevé et forte pathogènicité Transmission aérienne Facteurs de risque (2) Patient hôte : Forte charge en soins Dispositifs invasifs : cathéter veineux, sonde urinaire Terrain : âges extrêmes, inmunodépression Environnement : Ratio patient-personnel élevé Matériel en commun Locaux inadaptés Les 3 grands facteurs de risque d’acquisition d’une IAS Environnement Acte de soin IAS État pathologique du patient ENP* 2012 : Infections nosocomiales, par site 300 330 patients inclus, 16 024 IN soit 5,3 % des patients (5 % en 2006, 6,9 % en 2001, 8 % en 1996) - 3.9 % infections acquises / 1.2 % infections importées * Enquête Nationale de Prévalence (en France) Principaux types d’IN 1. 2. 3. 4. 5. Infections urinaires : 30 à 40 % des IN N 1 E coli FR = sonde urinaire. Indication et gestion - pose de SAD en système clos - surveillance clinique du patient (Ex. Personne âgée en Gériatrie, femme en post-partum, paraplégique en MPR … Infections pulmonaires et ORL (20 %) FR = ventilation assistée en Réanimation ; mais aussi grippe, rotavirus … Infections du Site Opératoire ISO (14 %) mais variable selon le type de chirurgie, l’état clinique pré-opératoire du patient, notion d’urgence … préparation cutanée de l’opéré (+++) Infections sur cathéters et bactériémies : changement VVP / 92 h ; VVC risque max en fémorale > jugulaire > ss-clavière Infections cutanées : surinfection plaies, escarres … gale Infection sur PICC Surinfection d’escarre Sarcopte scabei = gale Fig. 4. Infection PTH gauche à S. epidermidis. Présence d’un descellement cotyloïdien, de géodes endostées et d’appositions périostées fémorales (flèches). La PTH droite qui n’est pas infectée, est indemne de lésions Infection prothèse de genou En pratique Hygiène de base : Solution Hydro-alcoolique (SHA) +++++++++++ = geste avant et après avoir touché le patient/environnement Respect des précautions standard pour tout patient Respect des PCH en plus si besoin NE PAS POSER INUTILEMENT des cathéters veineux/sondes urinaires !!!!! Avant la prescription, se poser la question: « ce cathéter /cette sonde estil/elle vraiment indispensable? » Enlever le cathéter/la sonde dès que plus indispensable Poser le cathéter/la sonde DMS avec antisepsie rigoureuse en 4 temps Respecter les bonnes pratiques d’antisepsie pour les manipulations Mettre en place une véritable stratégie de prévention de l’infection sur cathéter/ sonde urinaire Surveillance clinique (+++) des patients Iceberg de la pathologie nosocomiale IN sévères (bactériémie) IN peu sévères (cystite) Colonisations Prévention Précautions standard pour tout patient Précautions Complémentaires d’Hygiène (BMR, infection contagieuse…) “Isolement protecteur” des patients immunodéprimés Rédaction de protocoles de soins Consensus Formations du personnel / sensibilisation Indications de pose / ablation des dispositifs invasifs Surveillance (+++) clinique voire paraclinique si besoin « si on ne cherche rien, on ne trouve rien ! » Enquêtes épidémiologiques et statistiques Signalement des cas en interne voire en externe aux tutelles de santé Encadrement de la prescription d’antibiotiques / surveillance des BMR Vaccination du personnel soignant (Hépatite B, grippe, coqueluche, rougeole) Suivi des AES (Accident d’Exposition au Sang) Etc… Cas particuliers sans transmission inter-humaine directe En cas d’air pollué / poussières, à l’occasion de travaux dans des services à risque avec patients très fragiles immunodéprimés Aspergillus Aspergillose pulmonaire Par la vapeur d’eau chaude contaminée des douches ou des climatisations Légionelle et Légionellose pulmonaire Par du matériel médico-chirurgical qui serait contaminé Maladie de Creutzfeldt-Jakob (Système Nerveux Central) Culture sur gélose « charbon » Hypersignal IRM Organisation de la Lutte contre les Infections Nosocomiales LIN en France Connaissez-vous l’organisation dans votre établissement ? Comment s’articule la lutte contre les IAS en France ? Avez-vous connaissance des missions de l’Equipe Opérationnelle d’Hygiène Hospitalière EOHH ? CLIN et EOHH Les missions de l’EOHH s’inscrivent dans une démarche d’action d’amélioration continue de la qualité des soins; Elle met en œuvre le programme d’actions de la LIN sous l’égide du CLIN Elle participe à l’élaboration de recommandations de bonnes pratiques Elle organise le recueil et le traitement des données de surveillance des IN Elle réalise les prélèvements environnementaux Elle réalise les investigations et les interventions lors de la survenue d’évènements indésirables, d’épidémies Elle donne son avis lors d’achats de matériels médicaux, de produits de nettoyage, de travaux de rénovation ou de construction … Elle anime les groupes de correspondants en hygiène Elle participe au recueil des données du bilan annuel de la LIN : ICALIN – ICSHA – SURVISO – ICABMR – ICATB – Bactériémies à SARM Atelier discussion IAS Cas cliniques n°1 Mr X, 42 ans : Infiltration de corticoïdes retard dans l’articulation de l’épaule (arthrose) au cabinet du rhumatologue en ville 10 jours plus tard : arthrite de l’épaule, culture positive à Staphylocoque aureus sensible à la Méticilline (SASM) Traitement chirurgical, antibiothérapie plusieurs mois Séquelles articulaires Infection associée à un acte de soins Cas clinique n°2 Mme Y, 52 ans : Traumatisée médullaire suite à un accident de la route hospitalisée en rééducation fonctionnelle Sonde urinaire à demeure mise en place Au 10ème jour de l’hospitalisation, elle présente des douleurs lombaires et une fièvre à 39 C L ’ECBU révèle du Pseudomonas aeruginosa à 200.000/ml et 40.000/ml globules blancs Infection associée à un acte de soin Cas clinique n°3 Mr Z, 22 ans : Accident de moto sur le périphérique de Paris Perte de connaissance, fractures multiples Intubation sur la voie publique par le SAMU, transfert en Réanimation 8 jours plus tard : pneumopathie sous ventilation mécanique à Klebsiella pneumoniae Pneumopathie de ventilation : infection associée à un acte de soins Cas clinique n°4 Mme Y, 80 ans • Pose programmée d’une prothèse totale de hanche pour arthrose de hanche • 8 mois plus tard : infection de prothèse • Cure chirurgicale : Staphylocoque aureus (doré) résistant à la Méticilline SARM Infection du site opératoire : infection associée à un acte de soins Cas clinique n°5 Mme Z, 84 ans • Hébergée en EHPAD avec syndrome démentiel • Présente brutalement une toux, des courbatures, une fièvre à 38 C • Plusieurs résidents présentent les mêmes symptômes • Suite à une enquête épidémiologique le virus de la grippe est mis en évidence, la patiente n’était pas vaccinée Infection associée à l’environnement de soins Cas clinique n°6 • 2 dames de provenances différentes sont hospitalisées pour une altération de l’état général, elles présentent des diarrhées • Les prélèvements réalisés montrent la présence de Clostridium difficile toxine positive. Les précautions d’hygiène sont mises en place • Quelques jours plus tard 2 autres patientes du service présentent des diarrhées également avec Clostridium difficile toxine positive • Transmission ? Infection associée aux soins : actes ou/et environnement Merci de votre attention