Vers une analyse systémique des liens d'attachement Júlia Scarano de Mendonça, Louise Cossette, Marie-Noée Lapointe, F. Francis Strayer Dans Bulletin de psychologie 2008/3 (Numéro 495), pages 257 à 266 Éditions Groupe d'études de psychologie © Groupe d'études de psychologie | Téléchargé le 02/05/2023 sur www.cairn.info (IP: 213.55.226.76) Article disponible en ligne à l’adresse https://www.cairn.info/revue-bulletin-de-psychologie-2008-3-page-257.htm Découvrir le sommaire de ce numéro, suivre la revue par email, s’abonner... Flashez ce QR Code pour accéder à la page de ce numéro sur Cairn.info. Distribution électronique Cairn.info pour Groupe d'études de psychologie. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. 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La recherche sur l’attachement est encore aujourd’hui un champ d’études très prolifique, qui possède une impressionnante capacité à se renouveler, à générer de nouvelles questions de recherche et à incorporer des données et concepts issus d’autres paradigmes et disciplines. Le texte qui suit rappelle les grands concepts et prémisses de la théorie de l’attachement et présente quelques-uns des principaux thèmes qui ont marqué la recherche sur l’attachement parent-enfant au cours des dernières décennies. Nous verrons ainsi que la perspective traditionnelle, essentiellement centrée sur la relation mère-enfant, laisse progressivement place à une conception à la fois plus ouverte et complexe, largement inspirée des théories systémiques du développement. L’ATTACHEMENT MERE-ENFANT On doit la théorie de l’attachement au psychiatre britannique John Bowlby. Son ouvrage classique, Attachment and Loss, publié en 1969, présente la synthèse de ses recherches sur le développement psychologique d’enfants ayant grandi en orphelinat. Entrepris après la seconde guerre mondiale, à la demande de l’Organisation mondiale de la santé, les travaux de Bowlby avaient d’abord pour but d’expliquer les problèmes de santé mentale et de développement des enfants des orphelinats britanniques. S’inspirant de la psychanalyse et, surtout, des recherches en éthologie, particulièrement celles de Harry Harlow (1958) sur l’attachement chez les primates, Bowlby en vint à mettre en doute le point de vue psychanalytique traditionnel voulant que l’enfant développe un attachement à sa mère parce qu’elle lui procure la nourriture dont il a besoin. La conception de l’attachement de Bowlby (1969, 1973) s’inscrit dans une perspective évolutionniste tout en puisant dans la théorie des systèmes de contrôle. L’enfant serait selon lui équipé d’un système comportemental qui a pour but de maintenir une proximité suffisante avec sa mère, alors que sa mère serait dotée d’un système comportemental complémentaire ayant une fonction similaire. Comme l’enfant traverse une longue période d’immaturité, l’activation du système d’attachement accroît ses chances de survie. Le système d’attachement de l’enfant est donc constitué de comportements ou de signaux qui ont pour fonction d’attirer la mère vers l’enfant – pleurs, sourires, babillages, cris – et de comportements qui poussent l’enfant vers sa mère – comportements de succion, d’accrochage, de poursuite. Selon Ainsworth, Blehar, Waters et Wall (1978), le but du système d’attachement, soit maintenir une proximité suffisante entre l’enfant et sa figure d’attachement, peut être déterminé de façon plus ou moins large. Lorsque l’enfant s’éloigne de sa mère, ses comportements d’attachement sont activés jusqu’à ce que le degré de proximité souhaité soit restauré. Bowlby était d’avis que la fonction première du système d’attachement est, d’un point de vue adaptatif, d’assurer la protection de l’enfant contre les prédateurs, le jeune enfant étant plus vulnérable aux dangers s’il n’est pas accompagné d’un adulte responsable. Ainsworth, Blehar et coll. (1978), comme tant d’autres, reprirent cette idée en insistant sur une autre fonction du système d’attachement déjà évoquée par Bowlby, la fonction d’exploration. L’interrelation, ou l’équilibre entre le système d’attachement et le système d’exploration, est crucial. Ainsi, lorsque les comportements * Universidade de Mogi das Cruzes, Centro de Ciências Humanas, Mogi das Cruzes, São Paulo, Brasil, Av. Dr. Cândido Xavier de Almeida Souza, 200, Mogi das Cruzes, São Paulo, Brazil, 08780-210. <[email protected]> ** Université du Québec à Montréal. *** Université « Victor Segalen » Bordeaux 2. © Groupe d'études de psychologie | Téléchargé le 02/05/2023 sur www.cairn.info (IP: 213.55.226.76) MENDONÇA Júlia Scarano de* COSSETTE Louise** LAPOINTE Marie-Noée** STRAYER F. Francis*** bulletin de psychologie d’attachement sont faiblement activés, le système d’exploration se met en action, ce qui permet à l’enfant d’aller à la découverte de son environnement. Ainsworth et ses collègues (1978) ont mis au point une situation structurée de séparationsréunions entre l’enfant et sa mère se déroulant en laboratoire, la « situation étrange », qui permet d’observer les réactions de l’enfant et, ainsi, d’évaluer la qualité de sa relation d’attachement à sa mère. Les auteurs ont dégagé de leurs observations trois types ou patrons d’attachement particuliers : l’attachement sécurisant (groupe B), l’attachement anxieux-évitant (groupe A) et l’attachement anxieux- résistant (groupe C). Au début des années 1990, un quatrième groupe (D) a été ajouté, formé d’enfants dont les réactions sont désorganisées (Main, Solomon, 1990). © Groupe d'études de psychologie | Téléchargé le 02/05/2023 sur www.cairn.info (IP: 213.55.226.76) Depuis les travaux de Bowlby, deux grandes questions ont particulièrement retenu l’attention des chercheurs dans le domaine de l’attachement. La première a trait aux origines ou à la genèse de la relation d’attachement (Ainsworth, 1973, 1983 ; Ainsworth, Blehar et coll., 1978 ; Belsky, Rovine, Taylor, 1984 ; Grossmann, Grossmann, Spangler, Suess, Unzner, 1985 ; Isabella, Belsky, Von Eye, 1989 ; Kochanska, 1998 ; Leyendecker, Lamb, Fracasso, Scolmerich, Larson, 1997 ; Rosen, Rothbaum, 1993 ; Seifer, Schiller, Sameroff, Resnick, Riordan, 1996 ; Smith, Pederson, 1988). De nombreux chercheurs ont ainsi observé les interactions mère-enfant, à la maison, au cours de la première année de l’enfant, dans le but de retracer les patrons d’interaction ou les comportements les plus susceptibles de prédire la qualité de la relation d’attachement mère-enfant, évaluée à la fin de la première année à l’aide de la « situation étrange ». La plupart des travaux réalisés soulignent l’importance de la sensibilité des mères dans le développement d’un attachement mère-enfant sécurisant. Il faut cependant souligner que la plupart des mesures de la sensibilité maternelle proviennent d’évaluations effectuées à l’aide d’échelles globales, et qu’il existe des divergences dans la façon de définir et de mesurer le construit de sensibilité maternelle (Isabella, Belsky et coll., 1989). Outre la question de l’origine de la relation d’attachement mère-enfant, les effets de la relation d’attachement mère-enfant sur le développement de l’enfant ont fait l’objet de très nombreuses études (entre autres, Cassidy, 1988 ; Fagot, 1997 ; Jacobsen, Hofmann, 1997 ; Kerns, Cole, Andrews, 1998 ; Meins, Russell, 1997 ; Park, Waters, 1989 ; Sroufe, 1983 ; Teti, Ablard, 1989). Des recherches ont ainsi mis en évidence les liens entre la qualité de la relation d’attachement mère-enfant et un ensemble de variables, telles que la compétence sociale de l’enfant avec ses pairs (Park et Waters, 1989), son estime de soi (Cassidy, 1988) et la qualité de ses relations avec la fratrie (Teti et Ablard, 1989). Au milieu des années 1980, dans un article désormais classique, Main, Kaplan et Cassidy (1985) proposent une reconceptualisation de l’attachement, centrée, cette fois, sur les représentations mentales ou modèles internes opérants de la relation d’attachement. Les analyses traditionnelles, axées sur la classification des patrons d’attachement, cèdent le pas aux analyses des représentations mentales. Les réactions de l’enfant à l’égard de sa mère, dans la « situation étrange », offrent donc non seulement un aperçu de la qualité de sa relation d’attachement à sa mère mais, également, un indice de la façon dont il interprète ou se représente cette relation. Les modèles internes opérants sont issus des expériences quotidiennes de l’enfant avec sa figure d’attachement et, en particulier, de la sensibilité que manifeste sa mère, habituellement la première figure d’attachement, à son égard. S’élabore ainsi, chez le jeune enfant qui bénéficie d’une relation sécurisante à sa mère, un modèle de représentation d’une figure maternelle aimante et attentionnée et un modèle de lui-même comme digne de recevoir amour et soutien. À l’inverse, l’enfant dont l’attachement est insécurisant se perçoit indigne de soutien et de soin, et acquiert un modèle de représentation de mère non aimante, insensible ou imprévisible (Bretherton, 1985 ; Cassidy, 1988, 1999). Ces modèles auraient, en outre, tendance à opérer de façon inconsciente et à résister aux changements, bien qu’ils puissent être restructurés (Main, Kaplan, Cassidy, 1985). Dès lors, une autre question s’est imposée dans l’étude de l’attachement, celle des processus impliqués dans la formation des modèles internes opérants de la relation d’attachement. Ces processus sont au cœur de nombreux débats. Le point de vue classique veut que l’enfant soit prédisposé à établir une relation d’attachement privilégiée avec la personne qui lui prodigue habituellement des soins, sa mère dans la plupart des cas. Cette relation privilégiée serait intériorisée par l’enfant et occuperait une place centrale durant toute sa vie, servant de modèle ou de prototype aux autres relations de l’enfant. Cette position théorique est un exemple du modèle d’attachement hiérarchique. D’autres modèles ont, par la suite, été proposés : un modèle intégratif, un modèle indépendant ou multiple, ainsi qu’un modèle polyadique. Contrairement au modèle hiérarchique, ces nouveaux modèles accordent une grande importance aux diverses relations que le jeune enfant entretient avec des personnes qui sont significatives pour lui : sa mère, son père, d’autres adultes familiers ou, encore, des frères et sœurs plus âgés, et à la façon dont il se représente et intègre les représentations de ces relations. La capacité de © Groupe d'études de psychologie | Téléchargé le 02/05/2023 sur www.cairn.info (IP: 213.55.226.76) 258 bulletin de psychologie l’importance de mieux comprendre la dynamique affective et les patrons relationnels au sein de la famille. Comme nous l’avons vu, les recherches sur l’attachement se sont longtemps confinées à l’analyse des réponses des mères aux signaux de leur enfant ou à examiner les comportements des enfants à l’égard de leur mère dans la « situation étrange ». De plus en plus d’études adoptent une perspective plus large en portant davantage attention aux relations de l’enfant avec son père, ou avec d’autres figures familières, et en faisant une analyse plus exhaustive des interactions parent-enfant. Un aperçu de quelques-uns de ces travaux est donné ci-après. L’ATTACHEMENT PERE-ENFANT La psychologie du développement a longtemps négligé la contribution des pères dans le développement de l’enfant (Lamb, 1981). On reconnaît maintenant, de plus en plus, que l’interaction mèreenfant ne peut à elle seule expliquer le développement socio-affectif de l’enfant, et qu’il faut porter davantage attention aux autres personnes avec lesquelles l’enfant interagit de façon régulière. C’est dans ce contexte que l’on s’intéresse au rôle du père et à la relation d’attachement père-enfant (entre autres, Badolato, 1997 ; Bourçois, 1997 ; Dubeau, Moss, 1998 ; Frascarolo, 1997 ; Frascarolo, Favez, 2005 ; Lamb, 1981, 1989, 1997 ; Le Camus, 1997, 2000 ; Maccoby, Martin, 1983 ; Martin, 2002 ; Mendonça, 2005 ; Paquette, 2004 ; Rogé, 1997 ; Roggman, 2004 ; Tamis-Le Monda, 2004). Les toutes premières études sur l’attachement père-enfant s’interrogeaient sur la capacité du jeune enfant à développer une relation d’attachement avec son père. On reconnaît maintenant que le père peut représenter une figure d’attachement tout autant que la mère et que l’enfant peut s’attacher à plus d’une personne à la fois. D’autres études ont, par la suite, comparé la qualité de l’attachement de l’enfant à sa mère et à son père pour en vérifier la concordance. Dans une méta-analyse incluant onze études, Fox, Kimmerly et Schaffer (1991) relèvent une concordance pour seulement trois des échantillons étudiés. On a souvent utilisé cette faible concordance pour souligner l’effet négligeable du tempérament de l’enfant sur la qualité de ses relations d’attachement, mais ces résultats mettent aussi en évidence les liens entre la qualité de l’attachement parent-enfant et l’histoire de leurs relations antérieures. Des différences dans les modes d’interaction mère-enfant et père-enfant pourraient donc expliquer les différences dans les patrons d’attachement de l’enfant à sa mère et à son père. On possède toutefois peu de données sur les interactions père-enfant et sur leur rôle dans le © Groupe d'études de psychologie | Téléchargé le 02/05/2023 sur www.cairn.info (IP: 213.55.226.76) © Groupe d'études de psychologie | Téléchargé le 02/05/2023 sur www.cairn.info (IP: 213.55.226.76) l’enfant à développer des liens d’attachement avec plusieurs figures significatives présente un avantage adaptatif évident, que soulignent de nombreux auteurs (notamment, Pierrehumbert, 2003). Selon le modèle intégratif, toutes les relations d’attachement de l’enfant sont, en quelque sorte, combinées en une seule représentation et auraient un impact similaire sur son développement (Van Ijzendoorn, Sagi, Lambermon, 1992). À l’inverse, le modèle indépendant ou multiple insiste plutôt sur l’indépendance de ces relations et des représentations que s’en fait l’enfant. Ces représentations auraient, de plus, des effets distincts sur son développement (Howes, 1999). Enfin, les tenants du modèle polyadique mettent l’accent sur la contribution spécifique de chacune des relations d’attachement de l’enfant et sur l’influence qu’exercent les unes sur les autres les diverses représentations qui en sont issues (Strayer, Veríssimo, Manikowska, 1996). Le modèle polyadique de l’attachement s’inspire de l’approche systémique à laquelle nous reviendrons. Les études sur la formation des modèles internes opérants ont, par ailleurs, contribué à remettre en question l’idée selon laquelle la relation d’attachement et les modèles de représentations de l’enfant sont établis relativement tôt dans le développement et qu’ils sont inaltérables. Il semble plutôt que les relations d’attachement de l’enfant et ses représentations s’élaborent de façon progressive, au cours du développement, par un processus de co-construction que l’on tente maintenant de mieux cerner. Les échanges affectifs et, plus largement, les interactions de l’enfant avec les personnes qui l’entourent au cours de l’enfance joueraient dans ce processus un rôle déterminant. Elles contribueraient à moduler les modèles de représentation de l’enfant bien au-delà de la première année. Bien que cette position s’oppose à la vision traditionnelle, elle n’est pas entièrement nouvelle. Par exemple, Ainsworth, Blehar et coll. (1978) soutenaient que, peu importe les prédispositions de l’enfant, ce sont ses expériences avec ses proches qui déterminent la qualité de ses relations d’attachement. Bowlby (cité par Ainsworth, Blehar et coll., 1978) était, pour sa part, d’avis que le développement des habiletés de communication, notamment l’acquisition du langage, et le développement des compétences cognitives entraînent d’importants changements chez l’enfant. L’intérêt pour les divers partenaires sociaux de l’enfant dans la formation de ces modèles internes opérant conduit, nécessairement, à l’étude des différents contextes dans lesquels l’enfant fait l’expérience de ses relations sociales. Pour la plupart des enfants, la famille est le contexte social le plus important, et ses parents sont ses partenaires sociaux les plus stables et les plus constants, d’où 259 bulletin de psychologie développement de la relation d’attachement pèreenfant. Belsky, dans une étude inédite réalisée en 1983, est l’un des premiers à s’y être intéressé (Cox, Owen, Henderson, Margand, 1992). S’inspirant des recherches sur l’attachement mère-enfant, Belsky a eu recours à des mesures de sensibilité, de responsabilité et de chaleur paternelles pour évaluer la qualité des relations père-enfant au cours de la première année. Ses résultats ne révèlent aucun lien entre la qualité de l’attachement pèreenfant et les mesures de sensibilité paternelle recueillies au cours de la première année, ce qui concorde avec les résultats d’autres études (Easterbrooks, Goldberg, 1984 ; Grossman, Grossman, 1992 ; Rosen, Rothbaum, 1993 ; Volling, Belsky, 1992). Selon Belsky, cette absence de lien pourrait s’expliquer par l’utilisation de mesures inappropriées. D’autres variables pourraient mieux prédire le développement d’un attachement père-enfant sécurisant, comme semble le confirmer la recherche de Cox, Owen et coll. (1992). © Groupe d'études de psychologie | Téléchargé le 02/05/2023 sur www.cairn.info (IP: 213.55.226.76) Selon Cox et ses collègues, la qualité des interactions père-enfant au cours de la première année peut constituer un bon prédicteur de la qualité de l’attachement père-enfant lorsque l’on a recours à des variables telles que le jeu réciproque, le niveau d’activité, l’affection physique et les encouragements dans des situations d’interaction familiale. Les auteurs insistent sur l’importance d’explorer des dimensions qui sont plus caractéristiques des interactions père-enfant. De même, Easterbrooks et Goldberg (1984) rapportent un lien entre la qualité de l’attachement père-enfant et les activités de jeu et de résolution de problèmes dans lesquelles s’engagent l’enfant et son père. Néanmoins, lorsque l’on tient compte de l’ensemble des études disponibles sur les liens entre la sensibilité paternelle et l’attachement père-enfant, on observe un effet, significatif mais faible, de la sensibilité paternelle, comme l’indique la méta-analyse de De Wolff et Van Ijzendoorn (1997). En somme, si la sensibilité paternelle est associée à la qualité de l’attachement père-enfant, d’autres comportements paternels, ainsi que les contextes dans lesquels interagissent père et enfant, notamment, les contextes de jeu, pourraient jouer un rôle significatif dans la genèse de leur relation d’attachement, mais nos connaissances sont à cet égard très limitées. Comme l’affirmaient George et Solomon, en 1999, la nature du système d’attachement père-enfant demeure toujours un mystère. Son influence sur le développement de l’enfant reste aussi méconnue. Mais il apparaît de plus en plus évident qu’on ne peut véritablement comprendre la relation d’attachement père-enfant et son influence sur le développement de l’enfant sans tenir compte des liens de l’enfant avec sa mère ou avec d’autres figures significatives. LES APPROCHES SYSTEMIQUES DE L’ATTACHEMENT PARENT-ENFANT L’intérêt pour la relation d’attachement pèreenfant s’inscrit dans un mouvement qui a profondément bouleversé la psychologie du développement, comme la plupart des autres sciences sociales, au cours des dernières décennies : le passage d’une conception unidirectionnelle à une conception bidirectionnelle, puis systémique, du développement. L’approche systémique est en quelque sorte le prolongement de l’approche bidirectionnelle. Elle a d’abord été adoptée en psychologie clinique afin de mieux saisir la complexité des liens familiaux. Par exemple, le thérapeute familial tente généralement de comprendre les difficultés d’un enfant en le situant dans son contexte familial. Les problèmes de l’enfant sont souvent la manifestation d’un malaise au sein de sa famille et pas seulement l’indice d’un désordre intérieur qui lui est propre. Les travaux de John Byng-Hall, qui a longuement œuvré auprès de Bowlby, et lui succédé à la Tavistock Clinic de Londres, s’inscrivent tout à fait dans cette optique. Ses expériences cliniques auprès des familles l’ont amené à redéfinir quelques-uns des grands concepts de la théorie de l’attachement, en puisant dans les théories systémiques (Byng-Hall, 1999). Selon lui, c’est toute la famille, ses croyances, sa dynamique et les liens d’attachement qui se créent entre ses membres, dont il faut tenir compte pour comprendre les problèmes de l’enfant. Son concept de « base de sécurité familiale » illustre bien cet ancrage dans les théories systémiques. Toujours selon Byng-Hall, c’est la famille et non une simple figure d’attachement qui donne à l’enfant un sentiment de sécurité suffisant pour pouvoir explorer le monde et se développer. Bing-Hall s’intéresse également à la façon dont la qualité d’une relation d’attachement au sein de la famille se répercute sur les autres relations (Byng-Hall, Stevenson-Hinde, 1991 ; voir aussi Goldbeter Merinfeld, 2005). Goldbeter Merinfeld (2005) fait, par ailleurs, valoir l’importance pour les thérapeutes familiaux d’approche systémique d’intégrer certains concepts issus de la théorie de l’attachement. Les membres de la famille et les relations qu’ils entretiennent entre eux forment donc un réseau complexe d’influences mutuelles que les théories systémiques tentent de saisir (Stafford, Bayer, 1993). Ces théories mettent l’accent sur les interactions constantes entre les diverses composantes d’un système et sur les réorganisations périodiques du système qu’elles entraînent, ce qui en accroît progressivement la complexité. La démarche systémique se distingue également par l’importance accordée au contexte socioculturel, politique et historique dans lequel évoluent l’individu et les relations qu’il entretient avec son entourage (entre © Groupe d'études de psychologie | Téléchargé le 02/05/2023 sur www.cairn.info (IP: 213.55.226.76) 260 © Groupe d'études de psychologie | Téléchargé le 02/05/2023 sur www.cairn.info (IP: 213.55.226.76) autres, Belsky, 1999 ; Belsky, Rovine, Taylor, 1984 ; Boyer, Strayer, Ponce, 2005 ; Bronfenbrenner, 1969, 1986, 1993 ; Rossetti-Ferreira, Amorim, Silva, 1999 ; Rossetti-Ferreira, Amorim, Silva, Carvalho, 2004 ; Rossetti-Ferreira, Ramon, Barreto, 2002). Parmi les modèles théoriques adoptant une perspective systémique, le modèle écologique de Bronfenbrenner est sans doute le plus connu et le plus influent (1969, 1986, 1993). Bronfenbrenner s’intéresse aux contextes dans lesquels se développe l’enfant et aux nombreux partenaires avec lesquels il y interagit. Ces interactions constituent un réseau d’influences au sein duquel l’enfant noue des liens affectifs et, notamment, des liens d’attachement avec une ou quelques personnes familières. Une telle perspective permet d’élargir le cadre traditionnel des recherches sur l’attachement, en replaçant l’enfant dans un contexte social plus vaste et plus complexe. On ne peut, dans cette optique, se confiner à étudier la relation d’attachement mèreenfant pour bien comprendre le développement de l’enfant et ses liens affectifs. Il faut tenir compte de la diversité de ses expériences sociales et de ses relations d’attachement et, aussi, du contexte dans lequel elles évoluent (Bronfenbrenner, 1993 ; Strayer, 1984 ; Wozniak, 1993). L’approche systémique a inspiré une série d’études qui tentent de cerner à la fois les effets des diverses relations d’attachement de l’enfant sur son développement et l’influence de diverses variables sur le développement des relations d’attachement parent-enfant (entre autres, Belsky, 1999, 2006 ; Martin, 2001 ; Rosen, Burke, 1999). Par exemple, Martin (2001) s’est intéressée à l’influence des pratiques éducatives des parents et du tempérament de l’enfant sur la qualité des relations d’attachement mère-enfant et père-enfant. Ses résultats montrent que les parents dont les pratiques éducatives sont autocratiques, c’est-à-dire rigides, de contrôle et distantes, ont des perceptions négatives de leur enfant et de leur relation d’attachement à leur enfant. Les parents de style autocratique décrivent leur enfant comme incertain, dépendant, difficile et peu compétent socialement. Une autre étude met en évidence les liens entre la relation d’attachement parent-enfant, la qualité de la relation conjugale, le tempérament de l’enfant, la personnalité de la mère et le soutien reçu de l’entourage (Belsky, Isabella, 1988). Les auteurs ont recueilli des données sur le milieu familial au cours de la période prénatale, puis à 3 mois et 9 mois post-partum. Ils ont aussi évalué la qualité de la relation d’attachement mère-enfant à l’aide de la « situation étrange » lorsque les enfants étaient âgés de 12 mois. Leurs résultats révèlent que les familles qui disposent de plus de ressources (une relation conjugale harmonieuse, un enfant de 261 tempérament facile, une personnalité maternelle positive) sont plus susceptibles d’avoir un enfant qui manifeste un attachement de type sécurisant. Byng-Hall (1999) fait aussi remarquer que la qualité des relations mère-enfant et père-enfant est liée à la capacité du couple à gérer ses émotions et à résoudre ses problèmes. Mais, toujours dans une perspective systémique, ou écologique, Belsky (1999, 2006) insiste sur l’influence cumulative des facteurs de risque et des facteurs de protection sur la qualité de la relation d’attachement parentenfant. En d’autres termes, c’est d’abord le cumul des facteurs de risque (conflits conjugaux, conditions socio-économiques défavorables, isolement social, etc.) et l’absence ou la rareté des facteurs de protection qui peuvent perturber sérieusement la relation d’attachement parent-enfant. L’influence de ces facteurs sur l’attachement parent-enfant peut s’exercer de façon directe mais, aussi, de manière indirecte en affectant la santé mentale des parents, la qualité de leurs pratiques parentales et, plus largement, la qualité de leurs comportements avec l’enfant. Signalons, en outre, que, parmi les facteurs de protection étudiés au cours des dernières décennies, l’effet du soutien social sur la qualité des pratiques parentales et sur la relation parent-enfant apparaît déterminant (entre autres, Cochran, Niego, 2002 ; Crockenberg, 1981, 1988). La relation d’attachement parent-enfant s’inscrit donc dans un réseau complexe d’influences. L’INFLUENCE DU CONTEXTE Les théories systémiques ont également mis en évidence l’importance du contexte, des milieux de vie de l’enfant, dans la formation de sa trajectoire développementale. La sensibilité au contexte est l’une des dimensions clés d’un système (Bronfenbrenner, 1969, 1986, 1993 ; Gottlieb, 1991). Les modèles systémiques de la famille ont repris cette notion de contexte en soulignant la variabilité des conduites des membres de la famille selon le contexte dans lequel ils se trouvent. Lorsqu’ils interagissent ensemble, en groupe, les membres d’une famille peuvent adopter des patrons de comportement très différents de ceux auxquels ils ont recours lorsqu’ils sont seuls ou en dyade (McHale, Cowan, 1996). Pour bien comprendre le développement de l’enfant au sein de sa famille, il est donc nécessaire de tenir compte de ces divers contextes d’interaction (Lewis, Takahashi, 2005 ; McHale, 1995 ; McHale, Kuersten, Lauretti, 1996 ; McHale, Rao, Krasnow, 2000 ; McHale, Rasmussen, 1998 ; Minuchin, 1985, 1988). Pourtant, les recherches sur le développement de l’enfant se sont, pendant longtemps, presque exclusivement centrées sur un seul contexte : © Groupe d'études de psychologie | Téléchargé le 02/05/2023 sur www.cairn.info (IP: 213.55.226.76) bulletin de psychologie bulletin de psychologie l’interaction dyadique mère-enfant. D’après McHale et ses collègues (1996), les travaux de Bowlby, ainsi que ceux de Sullivan et Winnicott ont largement contribué à imposer ce modèle. Ce n’est que vers la fin des années 1970 et au début de la décennie suivante, qu’est né un véritable intérêt pour les interactions familiales et, notamment, pour la triade mère-père-enfant. La dyade mère-enfant ne constitue que l’un des soussystèmes de l’unité familiale. Ce rapprochement entre la théorie de l’attachement et les théories systémiques était inévitable puisque, comme le fait remarquer Wood (2002), même si la théorie de l’attachement n’a pas été conçue et opérationnalisée de façon systémique, elle est fondamentalement une théorie des systèmes. © Groupe d'études de psychologie | Téléchargé le 02/05/2023 sur www.cairn.info (IP: 213.55.226.76) Des théoriciens de l’attachement tentent maintenant d’y intégrer des concepts et données issus de la théorie des systèmes familiaux, comme nous l’avons vu. Un récent numéro de la revue Family Process, Attachment and Family Systems (Wood, 2002), en donne un bon exemple. Kozlowska et Hanney (2002), en particulier, formulent une proposition d’intégration fort intéressante en faisant appel au paradigme des réseaux, une théorie générale des systèmes appliquée aux systèmes vivants. Les systèmes vivants possèdent deux caractéristiques de base. Premièrement, ils ont tendance à former des sous-systèmes à niveaux multiples. En d’autres termes, chaque sous-système est à la fois distinct des autres sous-systèmes et une composante d’un système plus complexe, qui est lui-même distinct des sous-systèmes qui le composent. Deuxièmement, la structure de chaque système varie en complexité et est régie par des lois qui lui sont propres (Kozlowska, Hanney, 2002). Ces caractéristiques des systèmes vivants impliquent d’importantes variations dans les phénomènes observés à chaque niveau de complexité. Les différents niveaux de complexité à l’intérieur d’un système sont, en outre, interreliés, l’un ne pouvant exister sans l’autre. Ce paradigme des réseaux peut se révéler fort utile pour mieux comprendre les relations au sein de la famille. Les individus à l’intérieur de la famille peuvent interagir entre eux en dyade, en triade, ou en groupe plus large, chaque type d’interaction représentant une structure distincte du système familial avec son propre niveau de complexité et ses propres lois. Chaque structure ou niveau de complexité génère des patrons de comportements ou des modes d’interaction qui lui sont propres. En outre, chaque structure ou niveau de complexité constitue à la fois un tout et une composante du système familial. Par exemple, la dyade mère-enfant forme un système avec ses propres lois et caractéristiques tout en étant une composante du système familial. Jusqu’à tout récemment, les recherches sur l’attachement ont permis d’accumuler une quantité considérable d’informations sur la structure ou le sous-système que constitue la dyade mère-enfant, mais très peu sur les autres sous-systèmes qui composent la famille (la dyade père-enfant, la triade mère-pèreenfant, les interactions entre parents et entre frères et sœurs, etc.) et sur les interrelations entre ces sous-systèmes. La complexité conceptuelle et méthodologique d’un tel modèle peut sembler rebutante, mais elle est essentielle pour bien saisir la genèse des liens d’attachement parent-enfant. La diversité des modèles familiaux doit également être prise en compte. Les travaux de McHale et ses collègues (1996, 1998, 2000) et ceux de Fivaz-Depeursinge et Corboz-Warnery (1999) offrent de nombreux exemples d’une analyse systémique des relations parentenfant. Leurs observations des interactions triadiques mère-père-enfant, en particulier, mettent bien en évidence la diversité et la complexité de la dynamique familiale et de son influence sur le développement de l’enfant. C’est dans cette perspective que Mendonça (2005) a comparé les patrons de communication mère-enfant et père-enfant dans des contextes d’interaction dyadique et triadique. À l’instar de nombreux autres travaux, ses observations révèlent que les modes de communication varient selon le contexte d’interaction. Les comportements non verbaux des dyades mère-enfant et ceux des dyades père-enfant apparaissent très similaires dans le contexte dyadique alors que des différences marquées surgissent dans le contexte d’interaction triadique. Notamment, la distance entre père et enfant s’accroît en présence de la mère, et le partage d’activités se fait plus rare. Toutefois, la qualité de l’attachement de l’enfant à ses deux parents, évaluée à l’aide du Q. Sort (Waters, Deane, 1985), vient moduler l’effet du contexte d’interaction. Les patrons de communication mère-enfant et père-enfant sont remarquablement similaires dans les deux contextes, dyadique et triadique, chez les enfants dont l’attachement à leur mère et à leur père est sécurisant, ce qui donne lieu à un style d’interaction triadique beaucoup plus harmonieux, qui contraste avec celui observé dans les autres triades où le père est plus ou moins exclu de l’interaction. Ces observations, recueillies dans des situations d’interaction libre en laboratoire, nous incitent à croire qu’il faudrait porter plus d’attention aux liens entre la qualité de l’attachement parent-enfant et la qualité de leurs échanges quotidiens, en dyade, en triade ou avec d’autres membres de la famille, et aux réseaux d’attachement qui se créent au sein de la famille. Les liens entre la qualité de la relation conjugale, le partage des rôles et des responsabilités familiales et la qualité de l’attachement mère-enfant et père-enfant mériteraient sans doute aussi une attention particulière. © Groupe d'études de psychologie | Téléchargé le 02/05/2023 sur www.cairn.info (IP: 213.55.226.76) 262 bulletin de psychologie En conclusion, dans un entretien publié en 1995, Mary Ainsworth déplorait que les études d’observation sur l’attachement parent-enfant s’en tiennent le plus souvent à l’analyse des réactions de l’enfant dans la « situation étrange » au lieu de documenter les relations parent-enfant dans des contextes variés, en particulier, à la maison ou dans d’autres milieux naturels. Revenir à un véritable travail de terrain est, selon elle, essentiel. Peu de chercheurs ont, depuis, emprunté la voie que souhaitait Ainsworth, notamment dans l’étude des interactions familiales et il s’agit certainement d’une lacune qu’il faudra pallier. Selon Byng-Hall (1999), John Bowlby, à qui l’on a souvent reproché de proposer une vision trop étroite de l’attachement, était d’avis que l’étude de l’attachement mère-enfant ne devait constituer qu’une première étape dans l’étude des 263 patrons d’attachement au sein de la famille. S’il a d’abord mis l’accent sur les interactions dyadiques entre mère et enfant, c’est que, selon lui, les instruments conceptuels et méthodologiques dont il disposait ne lui permettaient pas de saisir toute la complexité des interactions familiales et des liens affectifs de l’enfant. L’intégration de la théorie de l’attachement et des théories systémiques offre un cadre conceptuel capable de prendre en compte la diversité de ces liens affectifs, les contextes dans lesquels ils se développent et leur influence sur l’enfant. L’un des défis des recherches actuelles est de développer de nouveaux instruments, de nouvelles méthodes pour mieux saisir la complexité des liens affectifs de l’enfant dans la famille. 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