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UE2 - Théâtre médiéval et élisabéthain

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UE2 - Histoire du théâtre médiéval et élisabéthain
Les œuvres comme des documents à étudier. Comment chaque forme dramatique permet
de se poser une question par rapport au théâtre ?
[Mystère Bouffe, Dario Fo]
[Je suis sang, Jan Fabre, Avignon]
[Cie Royal De Luxe, Nantes]
Constructions de marionnettes géantes (fabriquées avec du bois et des métaux),
elles défilent dans la rue durant 3 jours. Ces représentations sont destinées à une
ville entière, au total des millions de personnes. La durée est de 3 à 7 jours. C’est
une référence aux Mystères du Moyen-Âge qui durent plusieurs jours.
→ On retrouve des intermèdes
→ Des farces
[Le gonze de Lopiphile, David Séchaud] Inspiré du Songe de Poliphile, on décrit les ruines
comme de belles choses, c’est une forme de théâtre d’image qui mêle de l’écriture
de plateau.
[Lorenz Störer] Le metteur en scène s’inspire des gravures du Moyen-Âge, il est aussi
scénographe.
[Les Merveilles, Clédat et Petitpierre, Maillon notamment]
Les créateurs sont costumiers et scénographes. Inspirés pas Les Blemmyes (sans
tête), Les Sciapodes (gros pieds) et Les panotii (grosses oreilles)
Le Moyen-Âge est victime de beaucoup d’idées reçues, les gens n’étaient
pas sales, ils se lavaient etc… Le problème était plutôt l’hygiène publique, non pas
l’hygiène personnelle, il y avait par exemple moins de problèmes dentaires car
l’industrie du sucre n’existait pas.
Parler de théâtre médiéval est problématique, il n’y a pas de traces de bâtiment
théâtral au Moyen-Âge. Königson dit qu’aucun lieu n’a été dédié.
[Marie Bouhaïk-Gironès et Véronique Dominguez]
Le théâtre médiéval n’a pas d’éléments de rupture, il n’y a pas eu de transition claire
entre le théâtre antique et le théâtre dit “médiéval”. On a au même moment du
théâtre de tréteaux et du théâtre liturgique. Il n’y a pas de codification claire d’un
genre littéraire. Les formes de représentations médiévales ne s’orientent pas autour
d’un texte, il est difficile de retrouver des traces.
C’est là où se construit la personnation. C’est la désincarnation des
personnes dites acteurs assumant le rôle d’individus autre qu’eux mêmes. Dans le
théâtre antique, le texte est plus présent.
“Le théâtre n’est pas là pour communiquer, ni faire une
démonstration. Il est intransitif. Il est là. Il s’impose par l’évidence
et cette évidence n’est pas de l’ordre d’un message”
Michel Vinaver
Début du Moyen-Âge
476: attaques barbares
En 410, Rome se fait piller, l’Empire se coupe en deux et une partie devient
l’Empire Bizantin. Il n’y a pas de passage brutal entre Antiquité et Moyen-Âge et
Moyen-Âge et Renaissance. On considère le Haut Moyen-Âge de 5e au 10e, un
Moyen-Âge central du 11e au 13e, et le Moyen-Âge tardif du 14e au 15e siècle.
Le théâtre se développe avec des intrigues légères: le mari qui trompe la
femme et ce genre d’intrigues qui deviendront des pièces de Molière.
I./ Une société hiérarchisée
1. Les trois ordres, ou l’imaginaire médiéval (Georgs Duby)
La société médiéval est divisée en trois ordres:
- Les Oratores (Clergé)
- Bellatores (Nobles, chevaliers)
- Laboratores (Serfs, paysans)
D’après Gérard de Cambrai et Adalbéron de Laon
Une part moindre de la population possède la terre (le clergé et les nobles) et
la grande partie de la population produit les richesses (paysans). Les paysans
produisent les richesses et les nobles protègent les paysans en retour. Les nobles
ont besoin du clergé. La condition des paysans évoluent en fonction du rapport avec
les paysans. Les Serfs dépendent d’un maître, il doivent travailler pour un seigneur
dans ses terres. Les 90% restants sont des paysans libres.
2. Serfs, esclaves: un modèle d’évolution de l’Antiquité au Moyen-Âge
Les serfs n’étaient pas les esclaves de l’Antiquité, c’est une pratique moins
dure, les serfs peuvent se marier et constituer une famille légale. Les seigneurs
peuvent accorder la liberté.
II./ Une société croyante
1. Qu’est-ce que la chrétienté médiévale?
-
-
Croyance en la présence éternelle et constante de Dieu
Fonctionnement à plein régime de la symbolique:
→ Distinction pouvoir spirituel / pouvoir temporel
→ Pape = Représentant du Royaume des Cieux
Acte le plus fort, pour un croyant, est le risque d’excommunication
Grandes crises culturelles du Moyen-Âge sont des crises religieuses
→ Grand Schisme d’occident (1378 - 1415), C’est une rupture entre deux
courants.
→ Réforme luthérienne (1517)
→ Concile de Trente (1545 - 1563)
2. Comment croyait-on?
- Le Père - figure d’autorité
- Le Fils - Figure de souffrance, exemplarité de la condition humaine
- Le Saint-Esprit - Figure de justice et de “miracle”
Une figure supplémentaire
- La Vierge Marie - Figure de justice, de rachat, de pardon
3. Les cathédrales, un espace spectaculaire
Les cathédrales sont les monuments les plus décorés. En particulier, il y a un
aspect qui a disparu, elles étaient peintes, donc chargées de couleur. On avait des
tapisseries, des fresques, des sculptures. C’est un lieu fréquenté. La cathédrale
devient un lieu de prêche et non seulement de messe. Il commente l’évangile, parle
des Saints. Pour Jacques Le Goff, le Moyen-Âge est une époque de service culturel.
A l’époque gothique les vitraux ornent les cathédrales, comme la Sainte-Chapelle à
Paris, construite au 13e siècle.
III./ Une société commerçante
1. L’essor des villes.
Du 11e au 12e on observe un grand essor des villes mais l’essor du théâtre
se fait à partir du 12e. Les bourgeois le sont par l’artisanat ou le commerce, ils ont
fait leur richesse et obtiennent des franchises avec ou sans usage de la force.
2. La Foire, lieu de rencontre
L’artisanat se développe en ville alors les lieux de rencontre pour la vente et
l’échange se multiplient et se concentrent, ce sont les foires présentent dans toute
l’Europe. Les plus fréquentées sont celles de Champagne vers Troyes,
Bar-Sur-Aube, Bar-Le-Duc. Le théâtre sert donc de marketing.
Les serfs sont des “itinérants” d’autant plus que la religion chrétienne
apprenait aux fidèles que l’Homme est un voyageur sur terre. Cette idée n’a jamais
été plus vraie qu’au Moyen-Âge.
IV./ Une période de stabilisation politique
1. Une période de paix
Cette période est culturellement stable, les villes sont en plein essor et les
pouvoirs se concentrent vers Paris, alors la scène culturelle se développe à Arras,
Angers, Rouen, Strasbourg, Toulouse, Dijon et aussi Paris, Ces villes connaîtront
une activité très forte de cour, avec leurs auteurs attitrés.
2. L’Entrée du roi - Un modèle de spectaculaire
[PDF]
C’est durant le 15e siècle et la fin du 14e. On construit des cérémonies qui
lient symboliquement le roi à dieu. L’Entrée royale se veut spectaculaire et annonce
l’entrée du roi dans une ville.
V./ Une société de l’incarnation
1. L’antagonisme médiéval
Il y a trois modes de représentations qui mettent l’espace dans une position
importante. Il y aurait le monde, le paradis en haut et l’enfer en bas, c’est la dualité
du Bien et du Mal. A la fin du Moyen-Âge quand on trouve les amériques, on se
demande s’ils sont créés par Dieu, s’ils sont réellement humains, s’ils viennent de
l’atlantide etc… Les créatures se chevauchent dans l’univers médiéval, nécessaire
dans l’imagination de créatures diaboliques. Il n’y a pas de distinction entre le réel et
ce qui est créé par Dieu. On peut trouver des procès d’animaux, par exemple pour
un cochon accusé de sorcellerie et de possession, il aurait dit des phrases
sataniques dans une certaine langue.
[Giotto, Saint-François chassant les dragons, 1290]
[Giotto, Saint-François prêchant aux oiseaux]
[Mort accidentelle de Philippe de France (procès du cochon)]
Genres populaires au Moyen-äge
- Sottie
- Miracle
- Moralité
Le théâtre liturgique
Liturgie: Ensemble réglé et ordre des cérémonies et des prières composant le culte public
officiellement institué par une Église
[La découverte du tombeau vide, par Fra Angelico, 1437 - 1446]
[Scénographie du théâtre occidental, Anne Surgers, 2017]
C’est l’église qui donne un sens nouveau au théâtre, on parle de “jeu
scénique”, les premières liturgies théâtralisées datent de Pâques. On raconte le
moment où l’on trouve le tombeau de Jésus vide. Les formes de théâtre liturgique ne
sont pas pendant la messe, mais au début et à la fin du jour car il n’est pas question
de représentation durant la messe, mais d’une représentation réelle du Christ durant
l'Eucharistie. Mais aux matines ou aux complies on peut avoir sa présence car il n’y a
pas de présence réelle du Christ à ces moments.
[Regularis Concordia, Saint Ethelwold, évêque de Winchester, entre 965 et 975]
C’est la première liturgie qui nous parvient, on dirait un livret de mise en
scène. On est ici dans la représentation d’un texte, on a la notion de mimésis, on
imite pour donner l’illusion. On a un code symbolique renforcé par l’architecture et la
disposition des objets. Les comédiens doivent faire “comme si”. Dans le bâtiment de
l’église, l’axe est-ouest marque le passage du monde humain au monde divin (plus
on va profond dans l’église plus on se rapproche de l'autel). Ce jeu se développe
ensuite en dehors de l’église (sur la place) puis dans la ville elle-même, elle donne
place aux mystères, aux martyres et aux miracles.
Le spectaculaire, définition
Du Moyen-Âge à la Renaissance, de l'imagination à l’illusion.
[Véronique Dominguez, citation à reprendre]
Elle révèle que ce n’est pas le texte mais l’image et le spectaculaire qui font
triompher le spectacle car les conditions économiques et techniques sont adaptées à
la production de grands spectacles (on améliore des principes connus de l’antiquité).
Les autorités utilisent le spectacle pour les servir (comme le clergé avec le théâtre
liturgique en soit).
[CNRTL pour trouver de bonnes références]
I./ Un spectacle: quelque chose que l’on va voir
1. Ce que l’on voit face à la violence et à la souffrance au spectacle
Dès l’Antiquité tardive et le haut Moyen-Âge, il y a goût pour le spectacle, à
l’époque de Shakespeare, aller au théâtre c’est côtoyer des combats de chiens ou de
coqs. À différentes époques, on est habitués à voir de la violence comme spectacle
(ce qui devient interdit notamment avec la renaissance). La souffrance physique
devient populaire, à la renaissance c’est la souffrance morale (par les héros
antiques).
[Hugues de Saint Victor, 1096 - 1141]
C’est une référence à la catharsis, on encadre un endroit où le public expulse
des passions, afin d’avoir des rassemblements pacifiques plutôt que des
rassemblement sauvages qui dérapent en des “actes condamnables, voire
criminels”.
2. Le spectaculaire du rassemblement religieux
Il y a une dimension rituelle et cérémonielle, la dimension scénique et
gestuelle se développe au fil des siècles et il y a la dimension extraordinaire et
miraculeuse (on ne va pas voir n’importe qui à l’église). Ces éléments
impressionnent le spectateur.
3. L’acteur garant du spectaculaire
[Elie Konigson]
Pour lui le chaman amène à une expérience alors qu’un acteur porte un récit.
L’acteur crée un espace intermédiaire entre l’ici et l’ailleurs à l’aide d’accessoires
comme le tréteau. L’acteur en lui-même est spectaculaire.
Le théâtre créerait donc la connivence avec le spectateur, la compréhension de
signes et leur portée critique et le plaisir de voir quelque chose comme une
performance.
“Voir du théâtre est donc voir autrement ce qu’on voit hors du
théâtre ce qu’on voit des autres et de soi”
Biet et Triaut, Qu’est-ce que le théâtre? (p63)
4. Une fonction politique du théâtre
L’acteur a un pouvoir édificateur (il maîtrise le discours), soit en justifiant le
bien fondé du théâtre comme une nécessité pour délaisser les hommes, ce qui n’est
pas illicite, il ne sont pas en état de péché tant qu’ils pratiquent avec modération; soit
en l’interdisant, car le comédien était trop dangereux à pouvoir changer son discours
(lors du Concile de Trente) A la même époque on a l’interdiction des représentations
de Mystères par les Confrères de la Passion.
[Lecercle, François et Clotilde Thouret, Littératures classiques, vol. 98, 2019]
[Le cas Avignon, 2005 (sur Jan Fabre)]
II./ L’image théâtrale au Moyen-Âge
1. Une civilisation friande d’images
[Le théâtre français du Moyen-Âge, Charles Mazouer]
Le peuple a besoin d’image, surtout pour les nouveaux convertis (idiotae) qui
ne comprennent pas forcément le texte, ou le latin, ou la bible en général. Les
images théâtrales font partie de la nécessité populaire, on retrouvait sur les
échafauds des mystères Paradis et Enfer, deux pôles de la destinée humaine qui
étaient aux deux extrémités de la scène. L’image est un plaisir, on s’y investit et on y
investit de l’argent.
On entend l’image au sens large, on reconnaît une image par des gestes de
convention. On utilise les allégories, les personnages peuvent être “passion” ou “foi”,
surtout dans les Moralités et les Sotties.
“L’allégorie est sans doute un trait caractéristique de la mentalité
médiévale; mais qu’elle ait eu tant de succès sur les tréteaux
prouve une fois encore le besoin d’images théâtrales: tout est
théâtralisé, transformé en personnages, en action, en gestes de
théâtre - tout est donné à voir jusqu’aux vices et aux vertus
morales, jusqu’aux entités les plus abstraites”
2. L’image: une nécessité pour un spectacle
Il faut créer un spectacle dans un lieu public et ouvert. C’est aller
à l’encontre d’un lieu où l’on se déplace, puisqu’on y crée un
attroupement et que l’on s’y arrête. On crée de l’exceptionnel dans le
quotidien.
3. Des images conventionnelles au Moyen-Âge
On distingue l’expression et l’attitude: l’expression est la manifestation
extérieure d’une tonalité affective ou une réaction personnelle (les larmes et le rire)
que l’on ne maîtrise pas mais qui indique notre sentiment face à une action. L’attitude
relève des dispositions conscientes, on parle de l’attitude d’un fou, d’un maître, de
l’homme joyeux, de l’homme coupable.
Les signes varient en fonction du registre, le signe “1” montre la prophétie, le “2” la
sainteté, le “3” montre le plus souvent la trinité (donc dieu, jésus et le saint-esprit). Le
signe “3” en comédie peut vouloir dire la trinité ou la volonté de crever les yeux à son
interlocuteur, c’est une blague sur la religion. Poser la main sur son menton est le
signe de la douleur.
[Voir PDF]
Le 13e siècle est le siècle d’or des jongleurs, qui transmettent de manière orale. Il va
peu à peu devenir un théâtre profane, il s’identifie au texte et ne parle plus à la 3e
personne. On peut étudier les occurrences du verbe "voir” dans les chansons de
geste: On dit souvent “Voyez comme” ceci ou cela. On invite les spectateurs à
imaginer la scène en regardant les mimiques et gestes du jongleur.
4. Métaphysique de l’image (Jean-Claud Schmitt)
Toutes les images ont leur raison d’être, elles remplissent des fonctions
religieuses, politiques ou idéologiques. On espérait transformer les spectateurs dans
leur chair et dans leur âme.
La notion d’imago s’inscrit dans un contexte culturel différent du nôtre. La première
fois que l’Homme est nommé dans la bible on parle “d'image" (j’ai fait les Hommes à
mon image, voir la Genèse (1, 26)). On pose la question de l’image, elle s’inscrit
dans le drame de l’histoire de l’humanité. L’image est une notion salvatrice: utiliser
les images pour se rapprocher de dieu. Cette histoire est un projet d’une restitution
pleine de la ressemblance perdue. Il faut retrouver les traces des ressemblances à
dieu. L’Homme incarne le changement alors que Dieu est l’être immuable. Il faut
ressembler à Dieu, sans se tromper et penser qu’on le deviendra.
Quelle mimesis ? représentation ≠ présentification
L’image médiévale s’impose comme une apparition, entre dans le visible,
devient sensible. Elle s’incarne dans le paradigme de la culture chrétienne,
l’incarnation du Christ. Il s’agit d’assurer pleinement la présence corporelle de ces
personnes célestes parmi les hommes.
[Voir PDF Théâtre urbain]
Théâtre urbain (miracles, jeu):
- Répertoire religieux:
Le jeu de Saint-Nicolas de Jean Bodel: il peut y avoir des scènes de taverne
même dans ce répertoire. Le Miracle de Théophile de Rutebeuf: Il fait un
pacte avec le diable, il se repent et est sauvé par l’intercession de la Vierge.
Les personnages font de mauvais choix mais les figures divines les sauvent.
- Répertoire profane et comique: Le jeu de la Feuillée, d’Adam de la Halle.
Le théâtre sort des églises, notamment avec les jongleurs (qui sont des
exécutants polyvalents). Ils récitent et font rire sur un tréteau. Les fêtes sont aussi
importantes dans le théâtre médiéval. Notamment la fête des fous de Noël début
janvier, comme les saturnales (où on échangeait les rôles, les maîtres sont esclaves,
les esclaves sont maîtres, les tribunaux et écoles en vacances, le travail s’arrêtait et
les exécutions étaient interdites). Lors de la fête des fous, un enfant pouvait prendre
la place du prêtre, qui chantait des chansons obscènes, ils buvaient etc… La fête fut
prohibée, l’église autorisa l’usage de la violence pour hérésie envers les membres du
clergé par les partisans de cette fête. Les fêtes des Fous donnent naissance à la
Sotties.
Les formes religieuses: Miracle, martyre, moralité, mystère
Les formes profanes: sotties, farces
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Miracle: 14, affaires humaines secourues par la vierge, on utilise un moyen français.
Il se joue dans une salle fermée, selon le principe de la scène simultanée (l'hôpital
dans Tous ses Oiseaux, mais ici on a jusqu'au 10 scènes simultanées).
Les martyres: cérémonies théâtrales qui s’inspirent de la vie des saints, des
martyres. Entre 1300 et 1400 vers.
Moralité: Le terme apparaît au 15e mais il semble y en avoir dès le . La pièce à la
présence exclusive des abstractions personnifiées (allégories) pour servir de façon
exemplaire l’opposition entre le bien et le mal. Par exemple Bien avisé Mal avisé.
L’un est sous la conduite par la foi, l’autre par la désespérance, le vice etc..
Désespérance lui passe une corde avec laquelle il se pend.
Sottie: 15e siècle, ce sont des pièces où les personnages sont des sots au langage
élaboré et au propos axé sur la folie.
Farce: Un spectacle de la vie quotidienne qu’elle met en scène dans une volonté
mimétique
Le mystère: un genre théâtral apparu au XVe siècle. Il illustre la scène de l’ancien et
du nouveau testament. Il se compose d’une succession de tableaux animés et
dialogues écrits pour un public large. Le mystère se déroule devant la ville entière,
sur des échafauds sur la place publique. Il dure plusieurs jours (durant les fêtes
religieuses). Jusqu’à 60000 vers, le plus souvent 30000. Il met en scène des grands
événements religieux, il faut au moins 500 acteurs, sans compter les figurants. Ils
sont interdits en 1548 après la représentation de sexe, de mort, d’aldultère et de
violence en général. En Bretagne, les mystères perdurent jusqu’au 18e siècle.
Massacre à Paris
Christopher Marlowe (1564 - 1593), il meurt poignardé l’année de la
publication de Massacre à Paris. Le texte conservé ne correspond pas entièrement à
l’écriture de Marlowe. Il faudrait comparer cette œuvre avec une autre de Marlowe
(voir Le juif de malte). Le traducteur a préféré conserver le rythme plutôt que le sens
exact de l'œuvre, mais le texte est déjà distribué pour une troupe comme un livret de
mise en scène. On peut faire un parallèle avec Hamlet, ce n’est pas au début une
œuvre reconnue, les metteurs en scènes ont du mal à garder le sens de l'œuvre,
certains comme Brook et Matthias Langhoff ont changé l’ordre des scènes. On se
pose des questions sur le degré de folie d’Hamlet (Ostermeier). On peut reprocher à
Hamlet de la simplicité narrative.
Mais il faut peut-être les juger selon les règles baroques, les règles de l'excès et de
la violence gratuite, ce qui diverge avec les règles classiques.
Baroque vient du portuguais barrocco (perle d’une forme irrégulière) désigne
quelque chose d’isolite, de mal fait. On l’associe au bizarre, à l’irégulier, c’est un style
qui diverge de la norme. Il intervient lors d’une periode entre deux moments
d’équilibre sur le plan politique (réforme et contre-réforme donc goût monumental) et
sur le plan culturel avec une irruption de l’extravagance entre deux
accomplissements harmonieux. À cette époque, la connaissance géographique
évolue grandement.
[Voir PDF]
Baroque: Goût du monumental, volonté d'impressionner, importance du
théâtre, expression des richesses, importance du décoratif, goût du singulier et de
l’insolite, oxymores, paradoxes et contradictions. Plaisir du fantôme, la mort est une
figure vivante. On "paraît" être. L’invention du microscope montre que la vie est
présente à une échelle bien plus petite que ce que l’on pensait. Le calcul infinitésimal
est démontré. On est dans une démonstration de la mort (tableau de nature morte
avec des crânes), on montre des tombeaux et des enterrements, la mort est donnée
à voir. On multiplie le théâtre dans le théâtre afin de convoquer la métathéâtralité. Le
baroque a instauré un art total ou une unité des arts. Il est défendu que tout est
singulier dans l’univers, c’est le principe des indiscernables, car dieu ne créerait pas
deux choses similaires.
[L’extase de Sainte Thérèse, de Gian Lorenzo Bernini, commentée par Gilles Deleuze]
Gilles Deleuze utilise une métaphore du plis. Le mouvement des plis (comme sur un
drapeau) est ce qui intéresse ici. Un costume baroque sera rempli de plis. Le corps
se perd sous le tissu, il est indépendant des vêtements. Les contours deviennent
imprécis. On le retrouve dans L’Extase de Sainte Thérèse. C’est la transgression des
arts qui est exprimée, les plis se prolongent en dehors du cadre, la structure se
dépasse dans l’architecture. Alors les plis sont un motif esthétique et permettent de
montrer la dynamique du baroque, sans que l’on puisse le situer précisément
(comme pour les corps).
Mettre en scène la mort
[La mort au théâtre: l’exemple du roi se meurt de Ionesco, J.Claude]
Voir la définition de la tragédie selon Aristote. Selon lui, la mort n’est pas
obligatoire, mais il faut faire ressentir de la peur. Dans le mythe de Prométhée, il ne
meurt jamais et se fait dévorer le foie chaque jour. On trouve aussi des morts
symboliques comme dans le Misanthrope. Dans Dom Juan, il meurt physiquement
sur scène. C’est au tournant du 16e que la tragédie devient cruelle au sens premier,
le sang s’écoule et annonce la mort. On affirme que plus les tragédies sont cruelles,
plus elles sont excellentes. Dans Bérénice de Racine il n’y a pas de morts. Au 18e la
mort revient, Atrée se venge et donne les enfants de Thyeste à manger à Thyeste
lui-même.
La mort pose problème car les acteurs ne peuvent la jouer, ils ne peuvent pas
jouer la mort au moment où elle se part, on ne peut pas vérifier l’authenticité du jeu
de l’acteur car on ne sait pas comment il mourrait. Alors comment rendre crédible
sans rompre la mimesis?
[Jean de Virey, Le martyres des Macchabées, 1596]
Les 7 personnages de l'œuvre sont des martyres, ils restent tous silencieux face à
leurs souffrances. Ce genre d'œuvres ne peut pas être joué au 18e.
Dans Le songe d’une nuit d’été de Shakespeare on voit l’hypertrophie de la
déclaration funeste, comment tenir aussi longtemps alors qu’il meurt, sa propre mort
est commentée, ce qui rend la scène drôle. La poison au 19e permet d’avoir une
mort lente avec des points de suspension.
-
16e: mort sanglante, théâtre de la cruauté.
17e: Le théâtre de la dignité, ou la mort dissimulée.
Ne pas confondre sanglant et funeste, on ne tue pas sur scène mais on montre la
mort, elle est en scène mais pas physiquement. On peut s’empoisonner en scène et
mourir en coulisse ou inversement.
- 18e: Le théâtre de la mort évincé.
La mort est un projet et non une action, il y a la mort romantique et la fascination du
public pour les “faits divers” et les figures du criminel. Le boulevard du crime se crée
à Paris, où les théâtre mettent en scène des faits-divers réels. On dit la mort mais on
ne meurt pas sur scène.
- 19e: Le théâtre du spectaculaire, ou la mort triomphante.
La mort est diverse, les genres dramatiques se dissoudent et on a beaucoup de
tentatives de représentation.
- 20e: Le théâtre de la dispersion, ou la mort diverse.
Dans Huis clos de Sartre ou En attendant Godot ou Juste la fin du monde. On ne voit
jamais la mort.
On observe désormais beaucoup de mutilations sur scène, et des jeux entre le
visible et l’invisible, on veut montrer la mort et le fantôme sans montrer le corps
ensanglanté.
[Massacre à Paris, Patrice Chéreau, 1972]
La disparition des corps dans l’eau permet de mobiliser l’imagination du spectateur,
c’est un élément en partie baroque, la couleur change, on voit des reflets, les ondes
font des plis. Il fait croire à la mort mais elle n’est pas réellement présente sur scène.
[Margot, Laurent Berthome, 2014]
La pièce est actualisée (les dates prononcées sont celles actuelles), les
spectateurs sont convoqués sur scène, le spectateur devient personnage pour la
première partie de l'œuvre, ils sont témoins et membre de la famille qui s’entre-tue,
comme s’ils faisaient partis des atrides. Les morts sont représentés par des
chaussures jetées sur la plateau, c’est une référence à la shoah. Dans l’imaginaire
collectif, des vêtements seuls représentent la mort. La deuxième partie est plus
baroque, avec notamment plus de sang. Il y a une volonté de faire troupe, c’est plus
esthétisant, on retrouve le spectateur en frontalitée.
[Massacre à Paris, Guillaume Delaveau]
Il utilise des éléments de cabaret pour réduire la cruauté, les acteurs meurent
plusieurs fois car ils jouent plusieurs rôles. Le réalisme à la violence est sapé, il
sollicite l’absurdité comme dans une comédie burlesque. Les acteurs renaissent et
s’habillent à la vue de tous. Les cloches marquent le début et la fin du massacre.
Des éléments contemporains sont présents sur scène.
[Wolfgang Mitterer et Ludovic Lagarde, Massacre (Opéra), 2008]
La partition est composée de cris d’humains et d’animaux, de bruits stridents. C’est
un mélange entre l’opéra et le cinéma, sur les écrans on voit des acteurs ainsi que
des images de guerre. Les interprètes chantent sur une petite zone de la scène, ils
sont filmés et projetés sur les écrans. Pour Mitterer, la pièce fait écho à la situation
Irakienne.
[Christian Esnay]
Chaque jour de la semaine la représentation change, la distribution, la
musique, les effets, les costumes etc… On a aussi la participation des habitants
comme foule, on peut aussi changer les points de vue à la Brecht, en redécouvrant
le texte comme événement renouvelé, pour être dans l'instantanéité, et jamais dans
la répétition.
[Christian Boltanski, Personnes]
C’était un des plus grands plasticiens français, il symbolise la mort par les
vêtements.
[Jean-François Sivadier, La mort de Danton]
Les personnages guillotinés sont arrosés avec une poudre blanche, donnant l’illusion
du plâtre, ils deviennent des statues de pierre, ils entrent dans le domaine historique,
c’est une image de la statue.
[Roman Opalka]
Durant toute sa vie, il écrit des nombres et les peint sur des toiles. À chaque toile la
couleur devient 1% plus blanche, jusqu’à ce qu’il peigne blanc sur blanc. Il se prend
en photo à chaque fin de séance.
[Jerk, Gisèle Vienne]
Voir PDF, la très grande violence est lue par le public dans la fiche de salle mais
n’est pas représentée sur scène, elle utilise des marionnettes à gaine.
présence violence comique
temporalité/action mouvements
rapport au théâtre
la place de la religion
l’illusion et la duplicité
la relation au public
I./ Violence et comique:
Dans Massacre à Paris de Christopher Marlowe, on peut se rendre compte
que la violence et en particulier la mort peuvent parfois être tourné en élément
comique, créant un contraste avec l’Histoire et avec d’autres parties de l'œuvre.
Par exemple, lors de la scène 9 deux hommes entrent avec le corps de
l’amiral, ils doivent s’en débarrasser. Le texte présente une scène assez triviale où
les deux hommes cherchent à trouver comment s’occuper du corps, il est question
de le mettre dans un fossé, de le brûler ou de le jeter dans la Seine; ces trois
propositions sont refusées car elles pourraient compromettre la santé des autres. Il
est alors décidé de le pendre à un arbre. Ici le comique peut se trouver dans la
multitude d'idées pour se débarrasser du corps, et de la réflexion nécessaire. On
pourrait penser que leur priorité serait de jeter le corps quelque part, sans se
préoccuper de où ni de comment. L’attention qu’ils ont à l’égard de la manière dont le
corps est manipulé ajoute quelque chose de malsain à la scène.
Dans la pièce, on retrouve de nombreux morts comme lors de la scène 5 où
la vieille reine meurt. Ici, il n’est pas question de comment se débarrasser du
cadavre, c’est même une chose qui se passe très vite, dans la traduction de Pascal
Colin on peut lire “ Venez messeigneurs, emmenons son corps, et sachons l’honorer
avec solennité.” Plus tard, le corps du roi Charles, Catherine de Médicis n’opère
même pas de pause entre le moment où elle réalise que son fils est mort et celui où
elle dit qu’il faut tout de suite rappeler Henri d’Anjou, alors en Pologne, elle dit
ensuite “Venez et enlevons son corps de là.” L’effet comique est alors convoqué par
le manque de considération des personnages pour les morts (alors que ceux
concernés sont des proches).
On retrouve aussi le champ lexical du feu, avec de grandes références au
brasier et aux feux de l’enfer. Dans le champ lexical de la maladie et de la pourriture,
on a la reine mère désignée comme une tâche dans l'œil de la France, on coupe la
tête et les mains, on s’essuie sur les corps. On retrouve aussi de nombreuses injures
et insultes et des détails sordides. Aussi, le champ lexical du corps est très présent,
montrant la volonté de démembrement, l’agression physique et psychique est très
présente. On retrouve aussi beaucoup d’ordres de donner la mort.
Des scènes se font écho (la mort de la vieille reine empoisonnée et une autre
à la fin de l’oeuvre; l’assassinat de Cologny et un autre).
Le côté farcesque des bourreaux est mis en avance, comme dans le reste de
l'œuvre le comique est convoqué par la violence sur les corps. Le plus gros moment
comique vient quand le soldat prévient Guise que sa femme se donne à quelqu’un
d’autre, la femme est alors décrite comme un territoire à conquérir, à tel point que la
réplique ressemble à un conseil politique. Certains personnages jouent la
bienséance avant de tuer (page 77), un personnage dit “bienvenue monsieur” puis
tue. Les personnages sont enjoués à l’idée de tuer quelqu’un “quand est-ce qu’il
arrive, qu’on puisse l’assassiner ?”.
Les morts sont rapides mais annoncées (“Je meurs”). C’est typique du
baroque et ça revient dans le théâtre romantique, avec des morts bien plus longues,
c’est pourquoi le poison est préféré à cette époque.
Les acteurs devaient jouer plusieurs rôles, alors la métathéâtralité convoquée
par les morts qui doivent se relever pour prendre un autre rôle amène du comique.
II./ Temporalité (au vus des actions, des mouvements et de l’enchaînement des séquences)
On ressent une urgence dans le mouvement avec les nombreux impératifs.
III./ Rapport au théâtre
Les entrées et sorties des personnages sont exécutées avec une certaine
rapidité proche du vaudeville.
IV./ La place de la religion
Scène de mariage, dialogue entre Catherine et Charles, les soucis de
religions sont évoqués. Les évocations du pape (page 24 par exemple) se font
nombreuses, sa figure est diabolisée. On parle des monastères et des prieurés
comme des armées, les religieux sont acteurs de la guerre. Lors d’une discussion
entre Catherine, Guise et Anjou, on se rend compte du côté religieux de Charles, qui
dit avoir “un coeur sensible” et décrit le plan d’”inhumain”. Il s’est engagé à protéger
alors il ne peut pas faire ça, les protestants ne sont pas hérétiques pour lui, ce sont
de nobles personnes qui se sont fait corrompre. Il est plus attentif à la notion de
pardon prônée par la religion. Les saints sont évoqués et utilisés comme provocation
envers les protestants. Le catholicisme serait corrompu et serait devenu un prétexte,
le pape serait soumis.
V./ Duplicité
Les personnages donnent une illusion, ils possèdent deux façades, on s’en
rend compte surtout avec les apartés (“que je noierais dans le sang et la terreur”).
On retrouve par exemple des oxymores, page 107 on lit “pour [que ton épée] puisse
joyeusement trancher du catholique”, ou page 93 avec “cette douce vision [du
cadavre] est un sédatif pour mon âme”. Les personnages et leur place au centre du
pouvoir est très instable.
VI./ Relation au public
Trois critères du théâtre situé.
Dans l'œuvre de François de Chantelouve en 1574, Coligny est présenté comme un
traître. C’est une falsification historique manifeste, visant à désigner à l’exécration du
spectateur le Mal, l’adversaire absolu. Le monologue de Mercure-Gabriel assure que
le spectateur a choisi le Bien contre le Mal.
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