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Schéma de l'appareillage utilisé par un
groupe Aarhus / CERN / Strasbourg
dans
une étude de la distribution angulaire du
rayonnement
de canalisation,
intersections du CERN, mais au
collisionneur les exposants sont plus
élevés de 2,5 unités: le spectre de
diffusion élastique se resserre.
La section efficace totale protonantiproton (qui donne une mesure de
la «taille» effective des particules en
collision) atteint 6 2 mb à l'énergie du
collisionneur, soit 5 4 0 GeV. Si on la
compare aux valeurs obtenues à plus
basse énergie, on s'aperçoit que la
taille du proton croît presque aussi
vite que l'autorisent certains principes d'ordre général (limite de Froissart).
Un résultat particulièrement curieux est le rapport des sections efficaces élastique et totale ; il augmente
d'environ 0 , 1 7 5 aux énergies des
ISR à 0 , 2 1 5 au collisionneur. Non
seulement le proton gonfle-t-il, mais
il devient également plus absorbant.
DÉTECTEURS
Nouveaux
semiconducteurs...
Dans l'implacable poursuite du meilleur détecteur, de nouveaux matériaux ainsi que de nouvelles techniques sont sans cesse exploités.
Les semiconducteurs, tels que le
silicium, sont sensibles aux particules chargées, dont le passage y libère
plusieurs fois plus d'électrons que
dans un gaz. Les détecteurs à rubans
de silicium ou de germanium ont été
mis au point il y a une vingtaine d'années et fréquemment exploités par
les spectroscopistes
nucléaires,
mais ce n'est que récemment que les
physiciens des particules ont largement adopté cette technique. Maintenant on développe pour de n o m breuses expériences nouvelles de
La surveillance du rayonnement
de
canalisation se faisait à l'aide d'une
de détecteurs semi-conducteurs
en
de cadmium.
Courrier CERN, octobre 1 9 8 4
matrice
tellurure
337
Spectre d'impulsion d'un faisceau mixte
électrons-pions
de 20 GeV mesuré au CERN
dans un dispositif d'essai en iodure de
césium par un groupe Erlangen / MPI
Munich ; on voit la bonne
séparation
électron/hadton.
L'iodure de césium semble
être un matériau prometteur pour la
calorimétrie électromagnétique
de haute
précision.
338
20 GeV
ELECTRONS • PIONS
1
1
1
* ^ T t BEAM
INTERACTING Tl's
200
s
•
=
e
I
s
-
?
•
CO
C0UN1
grands détecteurs de localisation à
rubans de silicium.
En dépit des grands investissements industriels dans le silicium et
le germanium, ces semiconducteurs
ne sont pas les seuls disponibles et,
à travers le monde, des groupes de
chercheurs en étudient d'autres dans
une quête continuelle de meilleurs
matériaux de détection.
La liste des matériaux à l'étude est
à la fois longue et insolite. Le tellurure
de cadmium est une substance prometteuse qui depuis plusieurs années fait l'objet d'investigations au
Centre de recherches nucléaires de
Strasbourg, originellement en vue de
son emploi en spectroscopie X et
gamma. Par rapport à d'autres semiconducteurs, il offre certains avantages et convient particulièrement bien
à la détection des photons grâce à
ses gros noyaux et à sa bonne résolution en énergie. Il est également
susceptible d'être utilisé en petits
fragments, ce qui permet de construire des modules localisateurs.
Un dispositif prototype a été mis
au point pour une expérience du
groupe Aarhus / CERN / Strasbourg
étudiant la distribution angulaire du
rayonnement de canalisation émis
par les oscillations de faisceaux
d'électrons (ou de positons) lors de
leur guidage entre plans réticulaires
d'un monocristal (voir numéro de décembre 1 9 8 2 , page 414).
Un large spectre d'énergies des
photons est émis, mais il est possible de sélectionner une bande étroite
d'énergies par une collimation soigneuse, ce qui fournit un faisceau de
photons presque monoénergétique,
ajustable, pouvant atteindre 100
MeV. Un tel faisceau, contenant un
photon par électron (positon) incident,serait très utile dans des expériences de physique nucléaire.
Dans l'expérience du CERN, une
matrice de six sur seize détecteurs au
tellurure de cadmium (chacun mesurant 0,8 x 0,8 x 1 mm) a été utilisée
pour repérer la direction des photons
de canalisation et mesurer leur énergie. Une nouvelle matrice de semiconducteurs épais de 3 m m a été
•
•
•
••
100
•
0
0
5
DEPOSITED
fabriquée pour améliorer l'efficacité
de détection. Ces modules de tellurure de cadmium sont intéressants par
leur prix relativement bas et parce
qu'ils sont bien plus radiorésistants
que les délicates surfaces dopées au
silicium.
...et nouveaux
scintillateurs
De nouveaux matériaux sont également à l'étude en tant que scintillateurs pour une utilisation éventuelle
dans la détection des photons. La
manipulation de l'iodure de sodium
classique est délicate (nécessité de
confinement) et d'autres substances, telles que le germanate de bismuth (BGO) qui maintenant fait son
apparition, sont très coûteuses.
On s'est intéressé au fluorure de
baryum (voir numéro de mai, page
141) et récemment un petit essai a
été effectué par un groupe Erlangen /
MPI Munich pour évaluer l'iodure de
césium activé par du thallium, en vue
10
15
ENERGY [GeV]
20
de son emploi en calorimétrie à haute
résolution. Sa longueur de radiation
est de 1,86 cm contre 2,56 pour l'iodure de sodium et 1,12 pour le BGO.
Le rendement lumineux de scintillation mesuré est très élevé: plus de
4 x 1 0 photons par GeV. Les cristaux sont très robustes, facilement
usinables et ils ne requièrent qu'un
simple (mais suffisant) polissage à
l'eau.
Pour l'essai, des cristaux suffisamment longs n'étaient pas disponibles
et quatre cristaux bruts, longs de
10 cm et de 10 cm de diamètre, ont
été usinés et polis pour en faire un
petit calorimètre long de 4 0 cm que
l'on a placé dans un faisceau d'essais
au SPS du CERN. Les barrettes de
photodiodes utilisées pour la lecture
ont été originellement mises au point
par le groupe du MPI de Munich pour
la lecture dans des champs magnétiques des données de calorimètres en
BGO. Le fort rendement lumineux et
la bonne adaptation spectrale rend la
méthode très attrayante pour l'iodure de césium; elle permet l'étalonna7
Courrier CERN, octobre 1 9 8 4
ge et la surveillance à l'aide de sources radioactives. Si l'on utilise une
source de cobalt-60 et un petit cristal
(10 x 10 x 25 mm), la résolution
observée au-dessus de 1 MeV est
supérieure à celle de l'iodure de sodium avec lecture par photomultiplicateur.
Le calorimètre a été exposé à un
faisceau d'électrons d'énergies variant entre 1 et 2 0 GeV. Entre 4 et
2 0 GeV, une résolution constante
d'environ 1 % a été mesurée. A 1 et
2 GeV elle était respectivement de 4
et 2,5 %. Cependant le faisceau était
de mauvaise qualité à ces deux énergies et les chiffres cités doivent être
considérés simplement c o m m e des
limites supérieures. Avec un faisceau
mixte électron-hadron de 2 0 GeV, la
séparation électron-hadron dans ce
test élémentaire était très bonne.
Ce bref essai a prouvé que l'iodure
de césium (ICs) est un matériau très
prometteur pour la calorimétrie électromagnétique de haute résolution.
Une de ses limitations vient de la
constante d'atténuation assez longue du signal, de l'ordre de 9 0 0 ns.
Sa radiorésistance est à peu près la
même que celle du Nal (Tl), mais des
études détaillées seront nécessaires; en tout état de cause, elle est
inférieure à celle du BGO car l'ICs
n'est pas autocorrectif. Bien que
d'un coût moins élevé que le BGO, il
ne saurait le remplacer quand un détecteur de faible encombrement est
nécessaire, comme pour l'appareil
L3 au LEP du CERN: sa plus grande
longueur de radiation augmenterait
notablement le coût global. Entret e m p s , des essais se poursuivent
dans le but d'évaluer d'autres matériaux pour la calorimétrie à haute
résolution.
Source:
E. Lorenz.
ASTROPHYSIQUE:
Le défi des neutrinos
solaires
A la suite du colloque Astrophysique
et interactions fondamentales qui
Courrier CERN, octobre 1 9 8 4
s'est tenu à Cargèse (Corse) en juillet
1 9 8 3 , un groupe de réflexion et de
prospective sur la physique nucléaire, la physique des particules et l'astrophysique s'est constitué. Un rapport remis à la direction générale du
CNRS présente les principaux thèmes concernant des domaines frontières de ces trois disciplines pour
lesquels une convergence d'intérêt a
été constatée en France et qui méritent d'être encouragés et soutenus.
Parmi ceux-ci figure en bonne place
la détection des neutrinos solaires.
Le modèle standard du soleil prévoit qu'environ cent milliards de neutrinos par centimètre carré par seconde arrivent continuellement sur
terre. La mesure de ce flux et du
spectre en énergie des neutrinos solaires n'a été jusqu'à présent qu'effleurée: seule l'expérience menée
par R. Davis a détecté par des
moyens radioehimiques les neutrinos d'énergie supérieure au MeV
issus du bore. Son résultat est en
désaccord avec les modèles simples
du soleil qui prédisent trois fois plus
d'interactions. L'étude de la totalité
du spectre d'énergie s'impose donc.
Aussi bien les astrophysiciens que
les physiciens des particules élémentaires marquent un très vif intérêt
pour ces mesures car elles permettraient d'une part de mieux comprendre le fonctionnement du cœur du
soleil.
La tâGhe est difficile car ces neutrinos ont une très faible section efficace et leur basse énergie (quelques
centaines de keV) rend critique le
choix de la cible (problème du seuil)
et sévère le problème de bruit de
fond lié à la radioactivité naturelle.
Une réunion internationale s'est
tenue le printemps dernier au Laboratoire de physique corpusculaire du
Collège de France à Paris, pour faire
le point sur ces questions. Il a été
essentiellement débattu de la capture des neutrinos solaires par l'indium : la réaction nucléaire induite par
les neutrinos solaires est du type
bêta inverse et le seuil bas ( 128 keV)
de cette réaction permet un examen
complet du spectre des neutrinos et
la mesure directe de l'énergie du neutrino solaire incident.
L'idée d'utiliser l'indium comme cible pour les neutrinos solaires a été
suggérée pour la première fois en
1976 par R. S. Raghavan (Bell Laboratories). R. S. Raghavan et M.
Deutsch (MIT) participaient à cette
réunion de Paris où ils ont présenté
leurs récents travaux sur les détecteurs composés d'indium.
La faisabilité d'une telle expérience
reste encore à prouver. Plusieurs
techniques sont étudiées: techniques conventionnelles utilisant scintillateur liquide et chambres à fils à
cathode faite d'indium étudiées au
Département de physique des particules élémentaires de Saclay.
Des techniques plus récentes,
mettant en jeu des composés chimiques de l'indium qui permettent une
dérive de l'ionisation, sont étudiées à
l'Ecole polytechnique et à Saclay. Enfin, des techniques utilisant les propriétés supraconductrices de l'indium sont à l'étude dans deux directions un peu différentes:
-
Oxford (Norman Booth) et Bell
Laboratories préconisent l'utilisation de l'effet tunnel assisté par
phonons dans un monocristal
d'indium;
- des études de faisabilité d'un détecteur à grains supraconducteurs
métastables d'indium sont menées à l'Université de Paris VII et
dans trois autres laboratoires
(LAPP d'Annecy, Collège de France et Centre de recherches nucléaires de Strasbourg).
A cette liste, on doit ajouter des
projets de détection des courants
neutres induits par les neutrinos solaires dans un détecteur à granules
(Max Planck Institut, Munich).
La détection des neutrinos solaires
reste donc un défi expérimental pour
les astrophysiciens et pour les physiciens des particules élémentaires.
L'élément nouveau apparu lors de
cette réunion est que de nombreux
physiciens désirent relever le défi.
Source:
M. Spiro et A. de Belief on.
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