synthèse Maladie cœliaque : état des lieux Bien connue des pédiatres et gastroentérologues pédiatres, la maladie cœliaque est de plus en plus fréquemment rencon­ trée dans la population adulte. Bien que les symptômes typi­ ques soient parfois observés, la cœliaquie peut se manifester de manière atypique, pauci-symptomatique ou uniquement extra­digestive. En cas de probabilité clinique faible, les dé­ pistages sérologiques et génétiques sont des outils de valeur pour l’exclusion d’une maladie cœliaque. L’endoscopie diges­ tive haute reste indispensable pour établir le diagnostic initial surtout en cas de symptômes atypiques. Les complications sont rares mais potentiellement délétères. Bien que le régime sans gluten permette une guérison complète, son observance n’est pas universelle si bien que d’autres stratégies thérapeutiques sont en cours d’évaluation. Rev Med Suisse 2013 ; 9 : 1584-9 S. Godat D. Velin V. Aubert A. Nydegger A. M. Schoepfer M. H. Maillard An update on celiac disease Celiac disease is a well-known entity in pedia­ trics and pediatric gastroenterology that is now also frequently encountered in the adult population. Apart from typical symptoms, ce­ liac disease can present with a wide range of manifestations that are sometimes atypical, scarce or purely extraintestinal. Serologic and genetic testing are useful tools in case of low clinical probability in the early diagnostic al­ gorithm. Upper gastrointestinal endoscopy re­ mains the mainstay to confirm the diagnosis especially in atypical clinical presentations. Complications are rare but can be severe. Al­ though gluten-free diet often leads to com­ plete recovery, compliance is not universal and alternative treatment strategies are under investigation. introduction/épidémiologie La maladie cœliaque (MC) est une maladie chronique immuno­ médiée, secondaire à l’ingestion de gluten, ou plus précisément de gliadine, se développant chez des individus génétiquement prédisposés.1,2 Plusieurs autres dénominations sont utilisées comme la cœliaquie, l’intolérance au gluten, la sprue non tropicale ou l’entéropathie de sensibilité au gluten. Le dé­ veloppement de nouvelles méthodes diagnostiques ainsi que le caractère pléo­ morphe de la MC rendent l’estimation de sa prévalence incertaine. Ainsi, la pré­ valence initiale de 1/4000 a récemment été revue à la hausse pour atteindre un taux entre 1/100 et 1/250.1 Comme pour d’autres maladies inflammatoires diges­ tives, la prévalence de la MC, bien qu’en augmentation, est de moindre importance dans les pays en voie de développement. Que ce soit dans la population pédia­ trique ou adulte, toutes les tranches d’âge peuvent être touchées par la MC.3 L’âge moyen d’apparition clinique est toutefois estimé à 45 ans avec un taux global de diagnostics chez les patients de plus de 65 ans en constante augmentation.4 pathogenèse La cœliaquie se situe au carrefour entre auto-immunité et désordre génétique. Il s’agit d’une réponse immunitaire anormale à certains peptides contenus dans le glu­ten. Le gluten est une protéine de stockage que l’on trouve dans le blé, l’orge et le seigle. Durant les étapes de digestion, le gluten est fragmenté en peptides de taille variable qui ont tous un potentiel immunogène. La gliadine est l’un des pep­ tides contenus dans le gluten survivant aux étapes de digestion et ayant la capacité de passer à travers l’épithélium digestif et stimuler le système immunitaire sousjacent. L’affinité de la gliadine est fortement augmentée par des modifications bio­ chimiques apportées par la transglutaminase tissulaire de type 2 (tTG2) (figure 1).5 clinique La présentation et le temps d’apparition clinique sont diverses. La séroconver­ sion immunologique nécessaire au développement des symptômes peut appa­ 1584 Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 4 septembre 2013 Gluten Lumière intestinale Gliadine Lymphocytes intraépithéliaux Cellules épithéliales Perforine Perforine IL-15 Gliadine Transglutaminase tissulaire Gliadine déaminée Cellules présentatrices de l’antigène Destruction des cellules épithéliales Cellules B antigluten (IgA) anti-TG2 (IgA, IgG3) Cellules T CD4+ spécifiques du gluten Production de cytokines IFNg IL-21 Atrophie villositaire HLA-DQ2/DQ8 Figure 1. Pathogenèse de la maladie cœliaque Chez des individus génétiquement prédisposés (HLA-DQ2/DQ8), les résidus glutamines de la gliadine ingérée sont convertis en glutamates sous l’effet de la transglutaminase tissulaire (étape 1). La gliadine modifiée est prise en charge par les cellules présentatrices de l’antigène (porteuses des molécules HLADQ2/DQ8) et active des cellules T CD4+ spécifiques du gluten (étape 2). Ces cellules produisent de l’interféron g (IFNg) et de l’interleukine 21 (IL-21) et aident à générer des réponses anticorps spécifiques du gluten et de la transglutaminase (étape 3). L’IFNg et l’IL-21 induisent une production massive d’IL-15 (étape 4). L’IL-15 active les lymphocytes intraépithéliaux qui tuent les cellules épithéliales (étape 5). La destruction des cellules épithéliales conduit à l’atrophie des villi intestinaux. raître à tout âge et la durée du processus est variable.6 La forme classique est principalement observée chez la popu­ lation pédiatrique dans les mois suivant l’introduction d’un régime avec gluten, et se présente typiquement par un syndrome de malabsorption, une stéatorrhée, une disten­ sion abdominale, une perte de poids, un retard de crois­ sance, une irritabilité ou une apathie. Cette présentation est toutefois rarement observée dans les formes atypiques. Ces dernières se retrouvent plus tard dans la vie et sont carac­ térisées par des symptômes gastro-intestinaux plus subtils tels que de simples ballonnements abdominaux. Une mul­ titude de symptômes extradigestifs sont possiblement re­ trouvés (tableau 1). La MC doit donc être recherchée lors de symptômes compatibles, dans les populations à risque avec des antécédents héréditaires ou avec des pathologies associées, notamment auto-immunes 7 (tableau 2), selon les critères de l’ESPGHAN 8 (European Society for Pediatric Gastroenterology, Hepatology and Nutrition). Un diagnostic d’intestin irritable ou d’intolérance alimen­ taire ne doit pas être posé avant d’avoir exclu la présence d’une MC. En effet, les formes silencieuse et latente ont une sémiologie peu spécifique rendant leur diagnostic dif­ ficile. La forme silencieuse est définie comme la décou­ verte fortuite d’une sérologie ou histologie compatible avec une MC chez des patients asymptomatiques. La forme la­ tente est caractérisée soit par le développement d’une MC chez des individus avec biopsies/sérologies normales pré­ cédemment, ou inversement par la disparition définitive/ transitoire de la MC malgré un régime normal.9 Les complications principalement redoutées de la MC sont la jéjunoiléite ulcéreuse, la sprue collagène et les can­ cers (lymphomes T associés aux entéropathies (EATL) et adénocarcinomes). diagnostic Une multitude de tests sérologiques sont actuellement effectués de routine par les laboratoires diagnostiques et sont d’une aide précieuse dans le dépistage de la maladie cœliaque. Parmi eux, il faut retenir essentiellement les anti­ corps antiendomysium (EMA), les anticorps antitransgluta­ minase tissulaire (tTG) de classe IgA ou IgG et les anticorps antigliadine deamidé (deaminated gliadin peptide ; DGP) de classe IgA ou IgG . Une méta-analyse10 démontre que la recherche d’anti­ corps anti-tTG de classe IgA est le test qui offre les meil­ leures performances diagnostiques, ceci chez des individus symptomatiques avec une probabilité prétest faible de maladie cœliaque (tableau 3). La recherche d’IgA anti-tTG est recommandée comme test de dépistage. Vu que 2% des patients souffrant d’une maladie cœliaque ont un déficit sélectif en IgA, il est recommandé de faire systématique­ ment un dosage quantitatif des IgA totaux afin de pouvoir interpréter correctement un résultat négatif d’anticorps antiRevue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 4 septembre 2013 1585 Tableau 1. Manifestations extradigestives non malignes Dermatologiques • Disparition des plis cutanés, • Dermatite herpétiforme, pétéchies, ecchymoses hyperkératose folliculaire, • Œdèmes périphériques dermatite atopique Endocrinologiques et nutritionnels • Aménorrhée, infertilité, • Déficit en vitamines A, impuissance du groupe B, D, E, K • Hyperparathyroïdisme • Déficit en calcium, protéine, secondaire magnésium, albumine, fer Hématologiques • Anémie • Hyposplénisme avec thrombo• Dyscrasie, hémorragie, hématurie cytose, corps de Howell-Jolly Hépatiques • Perturbation des transaminases • Fibrose hépatique, cirrhose Musculaires • Atrophie, tétanie, faiblesse Neuropsychiatriques • Neuromyopathie périphérique, • Trouble de la thymie, dépression, ataxie, maladie démyélinisante céphalées centrale, épilepsie • Trouble visuel Pulmonaire • Hémosidérose pulmonaire idiopathique Pédiatrique • Trouble de la croissance staturo-pondérale Rénale • Glomérulopathie à IgA Rhumatologiques • Ostéoarthropathie, ostéopénie, ostéoporose, ostéomalacie Autres • Etat fébrile • Hypocratisme digital • Aphtes buccaux, glossite, chéilite • Défaut émail dentaire Tableau 2. Maladies associées à la cœliaquie Inflammatoires • Œsophagite à éosinophiles • Maladies inflammatoires chroniques intestinales • Colite microscopique • Sarcoïdose Auto-immunes • Diabète de type 1 • Dermatite herpétiforme • Thyroïdite auto-immune • Hépatite auto-immune, cirrhose biliaire primitive • • • • Cholangite sclérosante primaire Arthrite rhumatoïde Syndrome de Sjögren Pancréatite auto-immune Génétiques • Syndrome de Down (trisomie 21) • Déficit en immunoglobuline A • Syndrome de Turner (monosomie X) tTG ou anti-DGP de classe IgA. Dans cette situation, le do­ sage des anticorps anti-tTG de type IgG doit être considéré. Vu la faible sensibilité (67 à 83%) des anticorps anti-tTG dans les populations pédiatriques (enfants l 24 mois), l’uti­ lisation des anticorps anti-DGP a été proposée.11,12 D’autre part, l’emploi des sérologies de type IgA est suboptimal avant l’âge de trois ans en raison de taux d’IgA totaux rela­ tivement bas. Bien que la recherche d’anticorps de classe IgG antiendomysium ait été décrite comme la meilleure approche,13 une étude récente démontre que l’association de la recherche d’anticorps de classe IgA anti-tTG et d’anti­ 1586 Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 4 septembre 2013 Tableau 3. Performance des anticorps anti-DGP et anti-tTG de classe IgA dans le diagnostic ou l’exclusion de la maladie cœliaque IgA : immunoglubulines de type A ; DGP : deamidated gliadine peptide ; tTG : tissue transglutaminase ; LR : likelihood ratio ; IC : intervalle de confiance. Analyse Sensibilité (IC 95%) Spécificité (IC 95%) LR positif (IC 95%) LR négatif (IC 95%) IgA-DGP 87,8 (85,6-89,9) 94,1 (92,5-95,5) 13,33 (9,64-18,42) 0,12 (0,08-0,18) IgA-tTG 93 (91,2-94,5) 96,5 (95,2-97,5) 25,62 (15,64-41,99) 0,07 (0,05-0,12) corps de classe IgG anti-DGP donne les meilleures perfor­ mances diagnostiques avec une sensibilité de 84% et une spécificité de 100%.14 Outre leur valeur dans le dépistage, les anticorps antitTG ont une utilité considérable pour le suivi des patients puisque leur titre diminue après la mise en place d’un ré­ gime sans gluten. Ceci ne concerne que les anticorps de type IgA puisque les anticorps anti-tTG IgG persistent mal­ gré un régime bien conduit. La susceptibilité génétique à la maladie cœliaque est déterminée principalement au niveau du locus HLA-DQ, avec L 90% des patients cœliaques exprimant des molé­ cules HLA codées par les gènes HLA-DQ2 ou DQ8.15 Ce­ pendant, on trouve l’expression du gène DQ2 dans environ 30% de la population saine alors que la prévalence de la maladie cœliaque est d’environ 1%. Ces chiffres démon­ trent que les allèles HLA-DQ2/8 sont nécessaires, mais pas suffisants au développement de la pathologie. Rechercher la présence de ces allèles par une typisation HLA-DQ per­ met d’avoir un résultat avec une bonne valeur prédictive négative de l’ordre de 95%, mais une mauvaise valeur pré­ dictive positive (36-53%). Ainsi, en présence d’une histolo­ gie évocatrice mais d’une sérologie négative, le génotypage HLA-DQ peut être utile pour exclure le diagnostic. La réalisation de biopsies intestinales pour confirmer une MC est préconisée si l’on se trouve confronté à une sé­ rologie positive,16 même si certaines études et experts jugent suffisant d’établir le diagnostic sur la base de séro­ logies (anti-tTG L 100 U/ml ou L 10 x la limite supérieure) et du typage HLA chez des patients symptomatiques.8,17 L’atteinte intestinale pouvant être géographique, de mul­ tiples biopsies du grêle sont recommandées en y associant le bulbe afin d’augmenter la sensibilité diagnostique.18 L’as­ pect endoscopique est souvent normal, et l’analyse histo­ logique, basée sur la classification de Marsh (figure 2), est primordiale. Un test de réintroduction de gluten n’est pas nécessaire au diagnostic de MC mais doit être envisagé en cas de doute dans le diagnostic initial, chez les patients L 5 ans d’âge ou en dehors de la puberté, et après réalisa­ tion des analyses HLA et histologiques.18 traitement La réalisation d’un régime strict sans gluten reste la pierre angulaire du traitement de la MC. Ce régime con­siste en l’éviction complète des produits à base de blé, d’orge et de seigle. La consommation d’avoine n’est plus contre-indi­ quée,19 mais il peut arriver que les produits à base d’avoi­ne A B Marsh Forme Lymphocytes type histologique intraépithéliaux par 100 entérocytes Cryptes Villosités 0 Préinfiltratif l 30 Normales Normales 1 Infiltratif L 30 Normales Normales 2 Hyperplasique L 30 Hyperplasie Normales 3a Destructif L 30 Hyperplasie Atrophie légère 3b Destructif L 30 Hyperplasie Atrophie modérée 3c Destructif L 30 Hyperplasie Atrophie complète 4 Hypoplasique L 30 Hypoplasie Atrophie complète C Figure 2. Evaluation histopathologique de la maladie cœliaque A. tableau résumant la classification histologique de Marsh-Oberhuber ; B. Images histologiques de biopsies duodénales marquées par hématoxyline et éosine (H&E ; grossissement 4 x et 20 x). On y observe une atrophie villositaire, une lymphocytose intraépithéliale et un allongement des cryptes ; C. Immunohistochimie pour CD8 mettant en évidence la lymphocytose intraépithéliale. Images fournies par le Dr Joan Saldarriaga, Institut de pathologie, CHUV. soient contaminés par du gluten. Vu la présence quasi uni­ verselle (tableau 4) et parfois cachée (tableau 5) de gluten dans notre alimentation, ce régime reste un défi quotidien. Au vu des contraintes sociales que le régime implique et du coût plus onéreux qu’un régime standard, la non-adhé­ rence est estimée entre 6 et 37%. Une prise en charge spé­ Tableau 4. Aliments contenant du gluten et principes de base du régime Recommandations de l’Association romande de la cœliaquie ; www.coeliakie.ch. • Exclure les aliments contenant du froment, du seigle et de l’orge • Ces céréales seront remplacées par d’autres sans gluten : l’avoine, le riz, le maïs, le millet, le sarrasin, ainsi que par des farines à base de pommes de terre, de soja, lentilles, pois, tapioca, châtaignes Supprimer • Toutes les sortes de pains, biscuits, gâteaux, pâtisseries, qui ne sont pas faits avec des farines sans gluten • Diverses sortes de pâtes, raviolis, semoules ordinaires, les farines habituelles, germes de blé, produits pour nourrissons contenant l’une de ces trois céréales • Des aliments pouvant contenir des farines avec gluten, tels que les sauces préparées à la farine (béchamel), les crêpes, les soufflés avec farine • Des produits manufacturés du commerce préparés avec des farines contenant du gluten : viandes et poissons en conserves, petits pots pour bébés, potages en cubes et en sachets, produits à tartiner en tube ou en boîte, chocolats fourrés, glaces, poudings et crèmes, certaines boissons chocolatées • Boissons maltées, bières, sodas • Médicaments avec gluten, colorants, émulsifiants, additifs En règle générale, il est conseillé de donner autant que possible une alimentation naturelle, préparée à la maison avec des denrées connues, sans gluten • Lire chaque composition des aliments, médicaments, produits consommables • Limiter les produits laitiers au début du régime sans gluten et définitivement s’il existe une intolérance au lactose cialisée en diététique est essentielle dans l’éducation et le suivi. Dans ce cadre, les associations spécialisées fournis­ sent une aide précieuse aux patients (Association romande de la cœliaquie, ARC, www.coeliakie.ch). Le régime sans glu­ ten expose à des risques de carences alimentaires comme un manque de fer, d’électrolytes (calcium, magnésium) et de vitamines (acide folique, A, B, D, E, K) ainsi qu’à une constipation par manque de fibres alimentaires ou à un surpoids dû à l’ingestion excessive d’aliments hypercalo­ riques. Des contrôles biologiques sont régulièrement réa­ lisés et une supplémentation vitaminique et en calcium (1500 mg par jour) est fréquemment nécessaire. Chez le patient adulte, une densitométrie osseuse est recomman­ dée au moment du diagnostic, puis au minimum tous les deux ans,20 avec l’introduction de bisphosphonates en cas de besoin. Un suivi des anti-tTG est préconisé tous les six mois puis toutes les années après stabilisation de la MC sous régime alimentaire. Une diminution du titre d’anticorps est indirectement corrélée avec l’adhérence au régime. Une norma­lisation de ces titres est attendue après six à douze mois et ne correspond pas forcément à une guérison histo­ logique concomitante.21 Le suivi histologique est débattu et doit être réservé aux MC ne répondant pas cliniquement ou ne montrant pas d’amélioration des tests sérologiques.8 De nouveaux traitements, comme une combinaison d’en­ zymes digestives destinée à cliver les peptides de la glia­ Tableau 5. Principales sources cachées de gluten • • • • • Bouillons, soupes Bonbons, sucreries Sauces, marinades, sauce soja Salades préparées Thé aux herbes • • • • • Viandes, fruits de mer préparés Baumes pour les lèvres Médicaments Jouets, pâte à modeler Dentifrices Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 4 septembre 2013 1587 Tableau 6. Diagnostic différentiel d’une nonréponse au régime sans gluten Etiologies Cœliaquie réfractaire • Contamination alimentaire avec du gluten • Néoplasie digestive, lymphomes T associés aux entéropathies • Maladie cœliaque réfractaire types 1 et 2 Maladies associées à la cœliaquie • Colite microscopique, • Déficit immunitaire primaire entéropathie au collagène • Maladies inflammatoires • Gastroentérite à éosinophiles chroniques intestinales • Entéropathie auto-immune tin grêle et sur l’équilibre nutritionnel. Elle est parfois as­ sociée à des maladies extradigestives que le clinicien doit chercher activement en cas de symptômes/signes d’alerte. Les outils sérologiques actuellement disponibles offrent un moyen efficace et utile de dépistage mais l’endoscopie digestive haute reste indispensable au diagnostic de cœ­ liaquie. Le régime sans gluten est un traitement curatif mais également lourd pour le patient. Une prise en charge nutritionnelle et l’aide d’associations spécialisées permet­ tent d’améliorer l’adhérence au régime. Néanmoins, les cas de non-réponse au régime existent et ne doivent pas être sous-estimés. Autres maladies non associées à la cœliaquie • Trouble fonctionnel intestinal • Entéropathie associée au VIH • Allergie alimentaire (lactose, • Entéropathie exsudative fructose) • Tuberculose intestinale • Insuffisance pancréatique exocrine • Entéropathie médicamenteuse • Pullulation bactérienne du grêle (AINS) • Entérite infectieuse, parasitose • Entérite radique (Giardia lamblia) • (…) • Maladie de Whipple dine, des inhibiteurs de la perméabilité paracellulaire, des inhibiteurs de la réponse des lymphocytes T gliadine-­ dépendante, sont étudiés mais ne peuvent actuellement pas riva­liser avec le régime sans gluten. maladie cœliaque réfractaire et lymphomes t associés aux entéropathies (eatl) Une maladie cœliaque non répondante est définie par l’absence de réponse initiale après prescription d’un ré­ gime sans gluten ou par la récidive des symptômes après une réponse initiale favorable à un régime sans gluten. Dans cette situation, il est essentiel de réexaminer le diag­ nostic, les méthodes diagnostiques initiales, et d’évoquer les diagnostics alternatifs (tableau 6). La principale cause d’une non-réponse reste la consommation volontaire ou par inadvertance de gluten. La maladie cœliaque réfractaire est une complication rare, définie par une persistance ou une récidive de symptômes et la persistance d’une atrophie villositaire malgré un régime strict sans gluten réalisé du­ rant au moins six mois. Deux types de maladie cœliaque réfractaire existent.22 Les deux types sont associés à un taux significatif de morbidité et de mortalité. L’EATL est une néoplasie rare, représentant moins de 1% de la totalité des lymphomes non hodgkiniens, et associé dans 70% des cas à une MC. Il est dans 50% des cas multifocal au moment du diagnostic et atteint dans 80% des cas l’intestin grêle et dans 20% des cas le côlon et l’estomac. conclusions La MC est une réaction immunologique au gluten ayant des conséquences parfois graves sur la fonction de l’intes­ Les auteurs n’ont déclaré aucun conflit d’intérêt en relation avec cet article. Implications pratiques > La maladie cœliaque doit être évoquée chez les patients de tout âge avec une symptomatologie digestive ou extradigestive compatible > Les tests sérologiques sont multiples et possèdent chacun une sensibilité et une spécificité propres. Le diagnostic initial est basé sur le dosage des IgA totaux et des anticorps antitransglutaminase (tTG). Une confirmation histopathologique du diagnostic est préconisée > Dès le diagnostic de maladie cœliaque établi, une prise en charge interdisciplinaire et nutritionnelle est recommandée > Le régime sans gluten reste le seul traitement efficace et reconnu. En cas d’échec de ce dernier, il faut principalement rechercher une non-compliance ou une consommation involontaire de gluten Adresse Drs Sébastien Godat, Dominique Velin, Alain M. Schoepfer et Michel H. Maillard Service de gastroentérologie et d’hépatologie Dr Vincent Aubert Service d’immunologie et d’allergologie Dr Andreas Nydegger Unité de gastroentérologie Service de pédiatrie CHUV, 1011 Lausanne [email protected] [email protected] [email protected] [email protected] [email protected] [email protected] Bibliographie 1 * Green PH, Cellier C. Celiac disease. New Engl J Med 2007;357:1731-43. 1588 2 ** Schuppan D, Junker Y, Barisani D. Celiac disease : From pathogenesis to novel therapies. Gastroentero- Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 4 septembre 2013 logy 2009;137:1912-33. 3 Tommasini A, Not T, Kiren V, et al. Mass screening body compared as screening tests for coeliac disease. Aliment Pharmacol Ther 2010;31:73-81. 11 Lagerqvist C, Dahlbom I, Hansson T, et al. 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I: traitement et prophylaxie des récidives à long terme de l’œsophagite par reflux, du reflux gastro-œsophagien symptomatique; guérison de l’ulcère duodénal associé à Helicobacter pylori; prophylaxie des récidives de maladies ulcéreuses associées à Helicobacter pylori; guérison d’ulcères gastriques induits par les AINS (y compris AINS sélectifs de COX-2); prévention de l’ulcère gastrique et de l’ulcère duodénal chez les patients à risque qui prennent des AINS (y compris AINS sélectifs de COX-2); hypersécrétion pathologique, y compris syndrome de Zollinger-Ellison et hypersécrétion idiopathique. PO: adultes/adolescents (12 – 18 ans): œsophagite par reflux 1 x 40 mg/jour; prophylaxie des récidives à long terme de l’œsophagite 1 x 20 mg/jour; reflux gastro-œsophagien symptomatique 1 x 20 mg/jour ou selon les besoins après soulagement des symptômes. Adultes: guérison/prophylaxie des récidives de l’ulcère duodénal associé à Helicobacter pylori 2 x 20 mg/jour plus 1 g d’amoxicilline plus 500 mg de clarithromycine; guérison des ulcères (induits par les AINS) 1 x 40 mg/jour; prophylaxie des ulcères (induits par les AINS) 1 x 20 mg/jour. hypersécrétion pathologique, y compris syndrome de Zollinger-Ellison et hypersécrétion idiopathique: dose initiale 40 mg 2x par jour, puis ajuster la dose de manière individuelle. CI: Hypersensibilité à l’ésoméprazole et aux benzimidazoles substitués. PR: en cas de perte de poids involontaire, de vomissements durables, de dysphagie, d’hématémèse ou de méléna, toujours rechercher une malignité. Grossesse. IA: kétoconazole, itraconazole, diazépam, citalopram, phénytoïne, atazanavir. EI: éruptions cutanées, prurit, céphalées, hébétude/étourdissements, troubles gastro-intestinaux, élévation des enzymes hépatiques. E: 20 mg à 14, 28, 56, 98. 40 mg à 14, 28, 56, 98, liste Swissmedic B, pour des informations détaillées, veuillez consulter www.swissmedicinfo.ch. Sandoz Pharmaceuticals SA, Suurstoffi 14, Case postale, 6343 Rotkreuz, Tél. 0800 858 888, www.generiques.ch 1. se réfère aux comprimés pelliculés. 2. www.swissmedicinfo.ch, état avril 2013. 3. Oméprazole, Pantoprazole et Esoméprazole.