Le blog de Martine Silber : marsupilamima.blogspot.fr (Photos Elisabeth Carecchio)
Voilà du Stanislas Nordey 100% pur jus. Certains acteurs et même actrices vont jusqu'à adopter les tics de
Nordey, attitudes fébriles, jeux de bras à peine pliés au coude, main refermée , pouce et index joints. Assez
curieux, tous ces Nordey sur scène, en même temps.
Autrement dit, pour ceux qui connaissent le comédien et metteur en scène, les uns vont adorer, les autres
détester. Et pour ceux qui ne connaissent pas, aller voir le spectacle est un excellent moyen de se faire une
opinion.
En une phrase, c'est beau, parfois ennuyeux, et Emmanuelle Béart est épatante, Vincent Dissez aussi. Ce qui
ne veut pas dire que le reste de la troupe n'est pas à la hauteur, mais tout simplement, on les oublie un peu.
Ils s'effacent.
Les gens savants et ceux qui ont lu le dossier de presse expliquent que l'origine de la pièce vient de la
relation entre la comédienne Marta Alba et Pirandello:
La vie de Marta Abba est indissociable de celle du grand dramaturge et metteur en scène de théâtre sicilien,
Luigi Pirandello dans la fin de vie duquel elle tint une grande place. De sa rencontre avec lui en 1923, jusqu’à
la mort du “maître” en 1936, elle recevra 560 lettres à propos desquelles les historiens discutent encore de
savoir s’il y eut ou non une grande histoire d’amour entre eux. On discute également de savoir si la grandeur
de la star fut induite par le génie du “Maître” où si, à l’inverse, Pirandello fut illuminé par la Muse
enchanteresse, lorsqu’il écrivit des textes pour elle.
Au début de la pièce, place à l'esthétique: costumes en teintes douces, décors soignés, raffinés, composition
précise et parfaite des déplacements des comédiens: face au public à l'antique, alignés comme des pions sur
un échiquier, profils dirigés dans la même direction. Tous prêts pour une succession de plans plus
photographiques que cinématographiques. On s'engourdit un peu. Du moins, moi.
Ce début permet de situer de façon assez
classique et simple les personnages du drame
qui va suivre. Quelques amis friqués attendent
l'arrivée de Donata Genzy ( Emmanuelle Béart) ,
une comédienne célèbre, amie de la maîtresse
de maison, qui vient chercher un refuge pour se
reposer. On la dirait aujourd'hui en plein "burn
out". Les invités attendent son arrivée avec
impatience passant en revue tous les ragots
qu'elle a pu susciter avant de pouvoir la
rencontrer à leur tour.
Seule, une jeune fille, fantasque adolescente, Nina, s'inquiète. Elle sent, elle
sait qu'il ne faut pas que Donata rencontre, Ely Nielsen (Vincent Dissez),
l'artiste peintre, rebelle, exalté, qui ne rêve que de partir en mer.
Et commencent à se poser les questions de fonds qui vont traverser la
pièce, qui est la femme, qui est la comédienne, comment la même personne
peut être les deux, qu'est-ce qui prime, qu'est-ce que le jeu, qu'est-ce que la
création??? On s'engourdit un peu plus.