Édito
« Hanokh Levin a composé une grande fable rieuse, un conte de grands enfants capricieux
et mécontents, en trente scènes de la vie conjugale, drôles, pathétiques, dérisoires.
Trois personnages avancent toute pensée dehors, leurs névroses pour tout étendard. »
C’est ainsi que Frédéric Bélier-Garcia présente Yaacobi et Leidental dans le cahier du
Nouveau Théâtre d’Angers consacré à cette création. Deux phrases pour trente scènes :
le descriptif est aussi enlevé que la pièce ! Trois personnages suffisent en effet à
représenter les emballements et les vanités d’une quête du bonheur qui ne sait
passer que par une course éperdue au mariage. On part en chasse du mari (Yaacobi)
ou de l’épouse (Ruth), on se séduit, on se marie, on se déçoit, on se quitte. Les autres
(Leidental) servent de repère sur l’échelle de Richter du bonheur : plus on écrase, mieux
on se porte : « Je m’en vais le faire souffrir, le ratatiner, piétiner ses sentiments »
déclare Yaacobi quand il décide, pour vivre en homme libéré, de se séparer de son
meilleur ami… Reste qu’on ne se sépare jamais tout à fait de soi-même, de ses doutes
ni de ses pulsions, et que l’autre ne peut ni tout cacher ni tout pallier… Chacun se
retrouve alors dans sa solitude existentielle et cherche un exutoire à la mesure de ses
obsessions : « Et si je me cherchais une autre épouse ? » (Yaacobi) « Et si j’émigrais en
Australie ? » (Leidental) « Et si je renonçais aux hommes une fois pour toutes ? » (Ruth).
Finalement, personne ne sait, personne ne peut, et le cycle des ratages pourra recom-
mencer… Ce n’est pas si grave, suggère Levin, puisque tout cela est tellement humain.
Autant, alors, prendre le parti d’en rire et d’en faire des chansons !
Le dossier que nous proposons est organisé autour d’axes de lecture et d’activités qui
mettent en évidence les caractéristiques de la comédie « façon Hanokh Levin » et les
choix de Frédéric Bélier-Garcia : mélange détonant de grotesque et de légèreté, rupture
avec les conventions, souci de la bonne distance avec le public, influence du cabaret et
ce « on-ne-sait-quoi » des dialogues qui ne fonctionnent jamais tout à fait comme on
pourrait s’y attendre.
Les activités proposées sont nombreuses, de façon à ce que l’enseignant choisisse celles
qui conviennent le mieux à son projet.
Retrouvez sur4http://crdp.ac-paris.fr l’ensemble des dossiers « Pièce (dé)montée »
Pièce ()montée
Les dossiers pédagogiques « Théâtre » et « Arts du cirque » du réseau SCÉRÉN en partenariat
avec le Nouveau Théâtre d’Angers. Une collection coordonnée par le CRDP de l’académie de Paris.
Texte de Hanokh Levin,
traduit par Laurence Sendrowicz
Mise en scène
de Frédéric Bélier-Garcia
au Nouveau Théâtre d’Angers(NTA)
12 au 15 janvier / 8 au 11 mars / 8 au 9 avril 2010
©
STÉPHANE TASSE
décembre 2009
n° 97
Avant de voir le spectacle :
la représentation en appétit !
Yaacobi et Leidental :
une création en trois temps
[page 3]
Une comédie mordante :
la pièce, ses enjeux, ses
personnages
[page 3]
Le style Hanokh Levin :
un mélange détonant…
[page 7]
Un texte-défi pour une
machine à jouer !
[page 11]
Après la représentation :
pistes de travail
Remémoration
[page 16]
Mise en scène, scénographie :
deux actions distinctes mais
complémentaires
[page 16]
Le point de vue
des régisseurs...
[page 18]
Annexes
Corpus de répliques pour
le personnage de Ruth
[page 19]
Corpus de répliques sur
le thème du mariage
[page 20]
Acte II, scène 23 :
compléter un texte caviardé
[page 22]
Acte I, scène 13 :
le monologue de Leidental
[page 25]
Corpus de chansons
[page 26]
Théâtre-image :
visées et démarche
[page 30]
Yaacobi
et Leidental
C R D P
PAYS DE LA LOIRE
décembre 2009
n° 97
2
La scénographe : Sophie Perez
Le metteur en scène : Frédéric Bélier-Garcia
L’auteur : Hanokh Levin
Avant de voir le spectacle
La représentation en appétit !
Hanokh Levin est né à Tel Aviv, dans une famille modeste et pratiquante, le 18 décembre 1943,
et y est mort d’un cancer le 18 août 1999. Ses premières pièces sont des satires politiques
écrites après la guerre des Six Jours, en réaction à l’euphorie de la victoire. Parallèlement
il écrit des comédies centrées sur la famille et sur le quartier qui mettent en scène des
personnages en quête de bonheur comme Yaacobi et Leidental. Puis ce seront des pièces
antiques revisitant les grands mythes de la culture universelle. Le thème de la guerre est
omniprésent dans ses pièces, y compris dans ses comédies la maison ou le quartier
devient un champ de bataille sur lequel les personnages utilisent tous les moyens pour
gagner la course au bonheur.
Sa carrière de metteur en scène débute en 1972 quand il monte Yaacobi et Leidental au Théâtre
Caméri de Tel Aviv. Sa conception du théâtre comme art total s’affirme de plus en plus à travers
les 22 pièces qu’il a mises en scène, de Yaacobi et Leidental à Requiem (1999).
1. École Supérieure des Arts
et Techniques
Frédéric Bélier-Garcia est en 1965. Après avoir étudié et enseigné la philosophie, il passe à
la mise en scène avec Biographie : un jeu, de Max Frisch. Suivront des mises en scène de Peter
Rosenlund, Yasmina Reza, Jon Fosse, Schnitzler, Albee… Il crée pour la première fois une pièce de
Marie N’Diaye, Hilda, et reçoit le prix de la meilleure création française du Syndicat de la critique
2002. Il passe à l’opéra en 2003 et, au cinéma, il est co-scénariste de l’Adversaire et de Selon
Charlie. Depuis janvier 2007, il dirige le Nouveau Théâtre d’Angers, centre dramatique national. Il
y a mis en scène La Cruche cassée de Heinrich von Kleist (2007), Yaacobi et Leidental de Hanokh
Levin (2008) et Liliom de Ferenc Molnar (2009).
Diplômée de l’ESAT1 en 1990, Sophie Perez est admise comme pensionnaire de la villa Médicis en
scénographie en 1991.
En 1997, elle fonde la compagnie du Zerep, qui regroupe à présent un noyau de collaborateurs
permanents.
À l’occasion de sa dernière création, Gombrowitzcshow, elle se déclarait « embusquée dans un
antagonisme artistique qui fute la nécessité d’adéquation convenable entre la forme et le contenu ».
Elle a créé les scénographies de Yaacobi et Leidental de H. Levin (2008) et de Liliom de F. Molnar
(2009), mises en scène au Nouveau Théâtre d’Angers par Frédéric Bélier-Garcia.
©
VINCENT BEDOUET
©
DR
C R D P
PAYS DE LA LOIRE
décembre 2009
n° 97
3
Les enjeux
Les personnages : des toupies
Yaacobi et Leidental sont amis. Un jour, Yaacobi décide de vivre sa propre vie et s’éloigne de Leidental.
Il rencontre Ruth et l’épouse. Leidental gravite autour du couple. Au final, personne ne réussit sa vie.
L’intrigue est simple, et les personnages voudraient bien que leur vie le soit aussi !
YAACOBI et LEIDENTAL : une création en trois temps !
Une comédie mordante : la pièce, ses enjeux, ses personnages
Toute la pièce repose sur une question : Quel
sens donner à sa vie pour être heureux ? Les
personnages s’interrogent : Le bonheur existe-
t-il ? Que faire de sa vie ? Que faire de l’autre ?
Il y a Ruth Chahach, « la femme pianiste »
qui pense exister grâce à son corps, grâce à
ses attributs féminins et se rendre ainsi indis-
pensable : « Le seul instrument dont je pourrai
tirer des sons, c’est mon corps » (scène 21).
Il y a Itamar Yaacobi qui décide, à 40 ans,
de vivre et qui pense que se marier, c’est
construire sa vie. « Moi, Itamar Yaacobi, qua-
rante ans, déclare par la présente avoir soudain
pris conscience que si je suis venu au monde,
c’est pour vivre » (scène 1) ou « La vie m’ap-
pelle. Adieu » dit-il, scène 2, à Leidental.
Il y a enfin David Leidental qui veut être le mal-
heureux de service pour donner du sens à sa vie,
souffrir pour exister. « Jusqu’à présent, je pouvais
au moins m’apitoyer sur mon sort. Maintenant, ça
aussi, on me le prend » (scène 25).
Ils prétendent qu’ils sont très occupés, qu’ils
n’ont pas de temps à perdre, qu’ils doivent
gagner du temps sur le temps alors qu’ils n’ont
rien à faire ; ils s’interrogent : Que faire ? dor-
mir ? sortir ? Ils refont le même chemin sans
cesse, du café à la rivière, et de la rivière au
café, pour finir par rentrer chez eux. Cette
impression de tourner en rond met en valeur
le vide de leur existence. Ils se demandent
pour qui, pour quoi exister. Le vide, l’ennui, les
taraudent, les culpabilisent. Vivre, oui, mais
quoi et comment ?
Imaginez une piste sur laquelle trois toupies
tournent sur elles-mêmes et entrent en contact,
s’attirent, se repoussent, et continuent au final
de tourner sur elles-mêmes. Telle est la méta-
phore qu’on pourrait utiliser pour évoquer les
personnages et leurs relations.
En effet, chacun d’eux veut faire quelque chose
de sa vie mais ne sait quelle direction prendre.
Alors il va chercher par tous les moyens à vivre,
à exister, à combler ce vide. Et pour cela, il va
se lancer à l’assaut de l’autre, car c’est de l’autre,
croit-il, que va venir le salut, la solution.
Frédéric Bélier-Garcia a présentrois versions différentes de cette pièce : à l’origine, son projet
était de monter une petite forme théâtrale portative, destinée à être jouée dans les maisons de
quartier d’Angers et de sa périphérie. Cette petite forme prenait appui sur l’acte I de la pièce
et a été présentée en juin 2008. Il s’agissait d’une formule sans décors et avec les contraintes
inhérentes au fait de ne pas jouer dans des lieux prévus pour le spectacle. La création de la pièce
dans sa version intégrale et sur le plateau du centre dramatique d’Angers s’est faite pour la saison
2008-2009. La scénographie de Sophie Perez et les possibilités techniques ont permis d’affirmer
certaines dimensions de la pièce, dont le chaos psychologique des personnages et l’atmosphère de
cabaret. Une reprise de la création est prévue au théâtre du Rond-Point à Paris avec une création
musicale de Reinhardt Wagner, qui ajoutera une dernière touche à la partition de ce spectacle total.
On trouvera dans les interviews de Frédéric Bélier-Garcia et des régisseurs des éléments de réflexion
sur les effets de cette création en trois temps, sur les choix de mise en scène, le jeu des acteurs,
les questions liées au rapport entre la scène et la salle et le choix de l’accompagnement musical.
C R D P
PAYS DE LA LOIRE
décembre 2009
n° 97
4
Prendre de la place, quitte à étouffer l’autre, imposer son corps aux autres
Humilier l’autre
Ruth, avec son gros popotin et ses seins proé-
minents, est l’image même de cette volonté de
combler le vide. Elle est incontournable. Elle
emplit l’espace. Elle ne cesse d’ailleurs de parler
de ses seins et de son gros popotin qui l’em-
barrassent, dit-elle, mais qui en fait l’imposent
aux yeux des autres. Elle invite régulièrement
dans ses chansons à admirer, voire à toucher
sa plastique. Par ses atouts, elle sait qu’elle va
exister aux yeux des deux hommes. C’est pour
cela qu’elle mise tout sur eux ; elle protège son
capital en s’enduisant de crème hydratante ; et
dès qu’elle sent que Yaacobi lui échappe, elle
met en avant son anatomie (scène 28).
C’est pourquoi elle séduit Yaacobi. Ses attributs
lui inspirent du désir bien sûr, mais ils comblent
aussi le vide de son corps, de son cœur et de
son espace. « Quand pourrai-je m’abandonner
à la sensation de tenir en main quelque chose
de consistant ? » confie Yaacobi (scène 13). Le
gros popotin de Ruth est précisément quelque
chose de tangible, de palpable, de réel. Il repré-
sente une réalité, la certitude de construire sa
vie. Et lorsque Ruth accepte d’épouser Yaacobi,
il est rassuré car enfin, dit-il, « J’ai trouvé celle
pour qui ma vie a de l’importance ». Il ajoute :
« Je compte, j’appartiens ».
Leidental procède comme Ruth quand il s’offre
en cadeau au couple formé par Ruth et Yaacobi.
Il impose son corps au sein du couple et finira
d’ailleurs par prendre tant de place que Ruth le
rendra responsable de la dérive de son couple.
Il cherche lui aussi à occuper l’espace par tous
les moyens, à prendre de l’importance : il cir-
cule avec une valise trop lourde qui l’encombre
Yaacobi ouvre le bal. Dès le début de la pièce,
il décide de faire souffrir son ami de toujours,
David Leidental. Il rompt avec cet ami et ne va
pas cesser de le rejeter car il le rend respon-
sable de l’échec de sa vie. Il va même l’insulter,
le piétiner toujours davantage. « Mais rentre
donc te coucher, pauvre imbécile, et estime-toi
heureux de repartir entier », « Cet homme est
un bouchon ! Il empêche la vie de s’écouler. Il
entrave le progrès de l’humanité tout
entière » (scène 7). Ainsi, en consta-
tant la souffrance et le néant de la
vie de Leidental, Yaacobi se persuade
qu’il est heureux et que sa vie à lui est
intéressante. « Si on prend Leidental
comme référence, je suis un homme
heureux » (scène 22).
Il fera de même avec Ruth qu’il
réduira à ses seins et à son gros
popotin… « C’est ça, c’est ça, conti-
nue à philosopher. Je vais te malaxer
les fesses, et toi, tu philosopheras. »
(scène 7), « Tes yeux sont tout
petits, on dirait une vieille bique, et
ton regard grossier évoque une fosse
septique mais tu as de gros seins,
mon désir est trop fort… » (scène
26) : Yaacobi a besoin de Ruth pour satis-
faire ses fantasmes, pour se sentir vivant et
adulte ; aussi lui en veut-il car elle lui révèle
qu’il n’est qu’un homme comme les autres,
mené par ses pulsions et dépendant d’elle.
Ruth n’a qu’une idée en tête : se marier et
pour cela, elle sait qu’elle doit offrir son corps
comme appât et se soumettre à la volonté de
Yaacobi. Et cela la contrarie de devoir adopter
cette attitude pour trouver un mari. Elle nourrit
colère et rancœur à l’égard de Yaacobi et n’a
qu’un seul projet, une fois ferré son futur mari,
le faire payer, lui demander des comptes : « Je
veux lui donner l’impression d’être une femme
douce et soumise, mais un jour viendra-oh
oui, un jour viendra - il me les paiera plein
pot tous ces allers et retours » (scène 9). Et
pour le reste, une fois marié, il continuera à
payer, jusqu’au bout » (scène 19). C’est aussi
pour cela qu’elle est ravie de faire plonger
Yaacobi et Leidental « dans les affres de la
rivalité » (scène 13) et de susciter la jalousie
de Yaacobi : « Rien de mieux pour faire grimper
ses actions ».
Quant à Leidental, il s’humilie lui-même. Il est
prêt à tout accepter pour ne pas être seul car
la solitude est un signe d’échec quand on est
censé construire sa vie. Alors, puisque Yaacobi
ne veut plus de lui, dès qu’il peut, il essaie de
prendre la place de Yaacobi auprès de Ruth.
« Qu’elle m’exploite tant qu’elle veut… et que
j’en crève » (scène 17).
Chaque personnage attend de l’autre qu’il comble
le vide de son existence et en même temps rend
l’autre responsable du vide de son existence pour
avoir le sentiment d’exister. D’où une rancœur
qui s’installe dans le trio et qui va grandir.
©
STÉPHANE TASSE
C R D P
PAYS DE LA LOIRE
décembre 2009
n° 97
5
Occuper l’espace, remplir le vide par la parole
mais qui l’ancre dans le réel et lui donne une
matérialité. La blessure qu’il s’inflige au doigt
peut aussi être interprétée de cette façon
puisqu’il s’infiltre dans le couple Ruth-Yaacobi
en imposant ce doigt ensanglanté. Sa recherche
d’éosine aqueuse paraît ridicule et puérile mais
lui permet d’imposer sa présence. Que l’acces-
soire soit charnel ou matériel, il oblige l’autre
à regarder, à prendre en compte.
Activité 1
Des coussins et des valises , utiliser des accessoires comme des appuis de jeu.
Objectif : montrer que ces accessoires permettent aux personnages d’exister et de se donner une
contenance.
b
Diviser la classe en deux.
b
Poser un coussin au centre de l’espace
de jeu.
b
Demander à chaque élève du groupe 1 de
montrer au groupe 2 une utilisation de cet
accessoire de façon réaliste ou symbolique.
b
Reprendre le rituel trouvé avec l’acces-
soire et proférer une phrase de la réplique de
Ruth, scène 21 (conseil : séparer les phrases
de la réplique pour qu’elles soient courtes et
faciles à dire).
b
Faire le même exercice avec le groupe 2,
mais avec la valise et la scène 6.
b 
Par groupes de trois, créer une petite
histoire cet accessoire sera sim-
plement utilisé ou alors sera l’enjeu de
l’histoire : écrire cette scène ou/et jouer
cette scène en muet ou avec paroles.
NB : Nous préconisons que la constitution des
groupes se fasse systématiquement par tirage
au sort.
À retenir…
L’accessoire est un appui de jeu pour les comédiens et participe de la construction du personnage :
dans la pièce, le coussin de Ruth révèle sa volupté, sa sensualité, il est une image métaphorique
du désir qu’elle suscite, de ses seins et de son popotin. La valise donne de l’importance à Leidental
et lui donne l’image d’un homme très occupé, qui travaille.
Les répliques des personnages sont très longues et s’apparentent souvent à des monologues. Il faut
parler car parler permet d’exister, de combler le vide, de contrer le néant. Il faut remplir l’espace
de mots pour éviter l’ennui. C’est la hantise de Yaacobi dans le premier acte : ennuyer Ruth car il
n’a rien à dire, comme le montre sa tentative avortée d’ouvrir une discussion sur l’Autriche : « Que
puis-je bien lui raconter ? Alors, à Salzbourg… il y a des Autrichiens ? » demande Yaacobi et Ruth
répond « Moitié-moitié. Moitié des Autrichiens, moitié des Autrichiennes » (scène 11). Les propos
sont absurdes et Ruth n’a rien non plus à répondre. Yaacobi en vient même à regretter l’absence
de Leidental pour combler le vide de sa conversation avec Ruth. Et quand la simple parole est
insuffisante, le chant prend le relais car le chant emplit l’espace et gomme momentanément les
dissensions en donnant en effet l’illusion d’une harmonie. Les reproches passeraient-ils mieux en
chanson ?
Mais à force de chercher à exister, les personnages en oublient de vivre. Ils se retrouvent englués
dans leur univers et dans leurs habitudes. Ils s’interrogent sur leur avenir, se projettent dans le
futur mais restent bloqués et ne construisent aucune relation. Or comment exister sans les autres ?
Existe-t-on seul ? « Je veux être un peu seul avec vous » dit Leidental pour justifier sa présence
auprès de Yaacobi et Ruth et pour expliquer son attitude paradoxale.
©
STÉPHANE TASSE
C R D P
PAYS DE LA LOIRE
1 / 30 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !