L’HEURE EST GRAVE.
Depuis près de dix ans, les compagnies qui font vivre le spectacle vivant, dans nos
villes et nos campagnes, sont menaes, pcarisées et décimées par centaines. En-
suite, ce fut le tour des structures et Institutions de tout rang, dont les subventions se
sont mises à fondre comme neige au soleil. L’ambitieux programme de l’art à l’école,
de la maternelle à l’universi, impul par Jack Lang et Catherine Tasca, a été comp-
tement lami. C’est maintenant au tour des collectivis locales, dont la réforme en
cours va dramatiquement asphyxier le secteur culturel local. Sans oublier la sombre
« vision nérale des politiques publiques », qui comme dans bien d’autres sec-
teurs, pvoit de ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. La
volon libérale de manteler notre politique culturelle, unique au monde, et enviée
par tant de pays, gagne jusqu’au Ministère de la Culture lui-me. Les différents ser-
vices sontorganisés sans cesse,mantelés, vidés de leur substance, sans bous-
sole ni marge de mauvre. Au point que nos responsables politiques, nos « rep-
sentants », ont sorti du chapeau un fantomatique « Conseil de la création artistique »,
pour compenser les faiblesses d’un Ministère qu’ils ont eux-mes suscitées !
Aujourd’hui, 29 mars 2010, est un jour de lutte cisif. A l’appel de très nombreux syn-
dicats, une mobilisation sans précédent du monde culturel adresse aux responsables
politiques de ce pays un message clair et sans compromis :
-Ne soumettez plus la culture aux lois du marc.
-Regardez la « richesse » d’un secteur qui n’est pas une marchandise ou un produit
de communication.
-Acceptez de regarder l’art pour ce qu’il est une pure pense, qui nous grandit tous.
-Enclenchez, par conséquent une loi d’orientation et de programmation pour l’art et
la culture, afin que nous puissions, tous ensemble, partout sur le territoire, assumer
et parfaire cette magnifique aventure de la mocratisation culturelle, en chemin,
mais inachevée.
-Redonnez au Minisre ses lettres de noblesses, sa gitimi et de ritables
moyens d’action.
-Souvenez-vous que dans toute crise, la culture a toujours permis le sauvetage de
tous.
-Et n’oubliez jamais qu’un pays dans lequel les mues sont fers, est un pays en
guerre, où l’on sort en gilet pare-balle, où le sang coule dans les caniveaux.
Bruno Tackels
PROGRAMMATION
AUJOURD’HUI
19h Made in Paradise La Chapelle
22h Let the Sunshine In Ancien Lycée Mendès France
DEMAIN
10h Emulation (master class) La Salle 3
13h Repas Rencontre public/artistes Kawenga
13h Making up Galerie St Ravy
14h Empreinte (rédaction du journal d’Hybrides2) Kawenga
19h Made in Paradise La Chapelle
19h Let the Sunshine In Ancien Lycée Mendès France
22h Ethnographiques Rockstore
ZOOMS SUR
SENSATIONS DE SPECTATEURS
POINTS DE VUE
Direction De publication : Compagnie Adesso e Sempre - 42 rue Adam de Craponne 34000 Montpellier
réDacteur en chef : Bruno Tackels
Secrétaire De réDaction : Lise Mullot
comité De réDaction : Boris Bruguière, Rosa Huisman, Jean-Baptiste Lemouzy, Jo Papini, Christian
Ruby, Fanny Simons, Bruno Tackels
GraphiSte : Christophe Caffier
créDitS photoS : Marc Ginot
Ce journal est imprimé grâce à notre partenaire Arts Hélio
à suivre
1
N'1 - LUNDI 29 MARS 2010
EMPREINTE
EMPREINTE
Adesso e Sempre présente le festival Hybrides2
du 27 mars au 2 avril 2010 à Montpellier
Réservation : 04 67 99 25 00
Retrouvez l’actu du festival sur http://hybrides.over-blog.com
Contact journal : [email protected]
d'
N'1
ZOOMS SUR
INTERVIEW DE YAN DUYVENDAK ET D'OMAR GHAYATT
PROPOS RECUEILLIS PAR BRUNO TACKELS
Pouvez-vous décrire en quelques mots votre univers, en faire un
portrait instantané ?
YD : C'est la rencontre entre le Proche-Orient et l'Occident, et à partir de
entre Omar et moi. C'est un peu la ligne de force de la pièce.
OG : L' important n'est pas d'être unique, il est possible d'être différent.
Ce qui compte, c'est de se rencontrer et de survivre à cette rencontre.
YD : Il dit cela parce que cela fait deux ans que nous travaillons sur ce
spectacle et nous avons eu beaucoup de conflits qui ont été digérés
dans la pièce.
Des conflits entre vous ?
YD : Oui. L'effort que nous avons fait l'un vers l'autre se sent dans la
pièce et ça marche. Nous avons essayé de transgresser des limites, des
frontières et ça, c'est beau.
Vous avez transgressé votre identité, des préjugés. Quel type de
conflit entre vous, par exemple?
OG : Tout dans la vie peut paraître conflictuel, mais en même temps la
différence crée la pluralité et donc la richesse. Même manger ensemble
peut être conflictuel.
YD : Omar n'aime pas la cuisine européenne, et moi je n'aime pas la cui-
sine égyptienne. Pour manger ensemble, c'est toujours un peu conflic-
tuel. De plus, nous avons un interprète marocain qui n'aime pas non
plus la cuisine égyptienne.
Les problèmes de cuisine et les problèmes de conflits, c'est tout
l'art de la scène. La scène est un agon de signes.
YD : Oui. Nous avons donc utilisé ces conflits dans la pièce. On les met à
plat. Nous sommes sur scène avec les gens autour de nous, il n'y a pas
de distance, pas de différence. Nous sommes tous dans ce bateau : la
rencontre Proche-Orient et Occident. L'Islam contre la sociépost-chré-
tienne capitaliste. C’est cette rencontre-là qu’on essaie tangiblement de
mettre en place.
La différence entre la société égyptienne et la société française est
que chez vous, la religion prend une place dans la politique alors
EDITO
APRÈS UN WEEK-END DE HAUTE ACTIVITÉ
Le Festival Hybrides2 a démarré ce week-end en beauté, humour et
profondeur. Un florilège de spectacles aux formes très variées, mais
qui mobilisent le public, jusqu’à en faire l’acteur principal, dans « Do-
mini Públic », la performance du catalan Roger Bernart. A minuit sur
un parking désert de Saint Jean de Védas, devant le Chai du Terral, cin-
quante spectateurs, casques sur les oreilles, se sont embarqués dans
un grand voyage collectif, sous forme de jeu de rôles, basé sur des
questions qui appellent des réponses sous forme d’actions concrètes.
Derrière l’apparence du « jeu », chaque spectateur s’enfonce peu à peu
dans un univers beaucoup plus intime, qui laisse forcément des traces.
Dimanche midi, la performance a été reprise en plein soleil sur la Place
de la Comédie.
Au Chai du Terral, sept compagnies (Hors commerce, Yann Lheureux,
Vertigo, Adesso e Sempre, La Maison Théâtre, Zépétra, A la Barak) ont
rassemblé les participants de leurs ateliers amateurs pour une large
performance en plein air. Dans le hall, Claire Engel présentait « Making
up », une installation vidéo qui met en scène une femme violentée, qui
se reconstruit par les images et les sons; et Thierry Duval investissait
le bar avec un dispositif intitulé « Belgrade », à partir d’un texte d’An-
gélica Lidell, qui met en scène deux journalistes dans la capitale serbe,
le jour des funérailles de Milosevic.
La compagnie Adesso e Sempre, entouré de différents artistes invités
au Festival, reprenait quant à elle le travail engagé à la Chartreuse de
Villeneuve lez Avignon, lors de la Sonde 03#10 flux et satellites. « CNN
Montpellier » est une forme de « journal théâtral », qui s’empare des
événements de l’actualité (ici le tremblement de terre en Haïti au mois
de janvier 2010), pour en faire une sorte de « contre-information », mo-
bilisant tous les moyens de la scène. Et enfin, durant tout le week-end,
le performeur Oskar Gomez Mata investissait le Centre chorégraphique
avec « Optimistic vs Pessimistic », un spectacle de « théâtre libre », qui
lui aussi met le public à rude épreuve ! Mais on y prend beaucoup de
plaisir.
C’est un trait récurrent de la programmation : Hybrides met les spec-
tateurs en scène et à l’honneur. Le journal EMPREINTE n’est pas en
reste, puisque nous convions tous ceux qui le souhaitent à participer
à la fabrication des numéros du journal. Dans ce premier numéro de
la semaine, Omar Ghayatt et Yan Duyvendak prolongent le dialogue
intense qu’ils tissent depuis deux ans entre leurs deux cultures, eu-
ropéenne et proche-orientale— un dialogue souvent conflictuel qui a
donné forme à leur spectacle, « Made in Paradise », que nous verrons
ce soir à la Chapelle. La compagnie italienne Motus, très attendue à
Montpellier, revient avec deux spectacles nés de la figure incandes-
cente d’Antigone. Nous y reviendrons dans un prochain numéro.
Outre les sensations de spectateurs, nous publions une synthèse de la
conférence que Christian Ruby a donné au Musée Fabre, à l’invitation
du Fonds Régional d’Art Contemporain. Là encore, il est question de la
position singulière de ceux qui observent les œuvres d’art. Un regard
précieux sur l’histoire de l’art, qui montre que chaque époque fabrique
un type de spectateur différent, qui exerce un regard particulier sur le
monde.
Bruno Tackels
2
que chez nous, ces deux sphères sont totalement séparées.
YD : Oui, d'où ce conflit : nous croyons que nous ne croyons en rien et
eux croient qu’ils croient en quelque chose. Il y a ici des nuances qui sont
intéressantes à relever. Ce que ce travail m’a appris, c’est que je crois en
la distance. C’est une vraie croyance et donc quelque chose qui peut être
remis en question. La distance critique, c’est la croyance de l’Occident.
S’il n’y a pas la distance critique, on est mort.
Croit-on ?
YD : Oui, c’est notre croyance.
Et vous, Omar ?
OG : De mon côté, je nuance aussi. Ce sont les codes qui fondamenta-
lement créent vraiment les différences. On peut utiliser l’image MAC/
PC. Ce sont deux systèmes différents. Nous écrivons de droite à gauche,
vous de gauche à droite et ça change tout dans la tête. Pourtant, au fond,
ce sont deux systèmes et deux écritures qui essaient de transmettre du
sens. La recherche fondamentale est la même.
Pour finir et sans déflorer le spectacle : comme dans beaucoup de
spectacles du festival, les spectateurs ont une place active, ils font
des choses. Dans la performance d’Oskar Gomez Mata, le specta-
teur travaille, on n’est vraiment pas passif, ce n’est pas une méta-
phore. Chez vous aussi, puisqu’on peut choisir dans une liste de
différents fragments. Prenons le premier : « Prada, Chanel, Dior, le
concept de la nouvelle Burqua ». Un mot là-dessus ?
YD : Ce fragment n’existe plus, on l’a éliminé. Beaucoup de fragments
changent car on réagit très fort à ce qui se produit entre Omar et moi,
mais aussi à l’actualité. On travaille avec les éléments d'un conflit conti-
nuel. Ce que je peux dire sur l’ensemble de la pièce, c’est que le public
peut choisir les fragments qu’il a envie de voir, qui sont de petites say-
nètes, nombreuses, de quinze minutes chacune. Nous avons cinq heures
de matière à proposer. La question de la rencontre entre l’Islam et l’Occi-
dent est trop vaste pour pouvoir en faire le tour. Nous ne pouvons parler
que de bribes, de fragments qui amorcent la possibilité d’une rencontre.
Un plat ou deux, mais pas la totalité de la cuisine.
3
N'1 - LUNDI 29 MARS 2010
EMPREINTE
ZOOM SUR ELI COMMINS
PROPOS RECUEILLIS PAR BRUNO TACKELS
Et si je vous demandais de faire un autoportrait ?
A l’origine, je suis un auteur de théâtre, dans le sens le plus liaire du
terme, qui destine son travail à l’imprimé. Peu à peu je me suis intéressé à
d’autres formes de textualis, à des écritures non linéaires, notamment la
pratique de textes électroniques. Il y a quelques années, je me suis senti
dans une impasse en écrivant des pièces de facture classique. J'ai alors écrit
des textes qui sont aussi des programmes, c'est-dire des textes program-
més, ppas pour leurs conditions d’apparition en sne. Par la force des
choses, je suis maintenant auteur et metteur en scène, pour employer la
nomenclature classique, mais j'ai l'impression que ces mots-là ne convien-
nent plus vraiment pour ce genre de formesj’ai donc bien du mal à ré-
pondre à la question.
Et si moi je disais « créateur de dispositifs pour un certain nombre de
gens rassembs », qu'en pensez-vous ?
Absolument, oui. Ça me plait bien.
On peut dire que vous produisez des dispositifs qui cherchent à faire
rentrer le réel et tout le bruit du monde sur la sne.
Dans « Breaking », effectivement, je pars de ce site Internet de plus en plus
connu qui s’appelle Twitter.
Les fameux cent quarante signes qu’on s’envoie dans le monde entier.
Il s'agit d'une contrainte formelle très forte, mais assez intéressante sur
le plan rythmique. J’utilise ces matières pour obtenir des sortes de récits
personnels, des histoires intimes, digées par des personnes qui sont en
train de vivre une situation done, ennéral hors du quotidien— mais
je pourrais également choisir un contexte plus banal. En l’occurrence,
pour l'édition d’Hybrides, la situation s'articule autour de trois pôles, trois
tmes que l'on peut écouter ensemble et mêler : le tremblement de terre
en Haïti au mois de janvier 2010, le tremblement de terre au Chili et enfin
les astronautes de la station spatiale internationale. On peut effectivement
dire qu'il s'agit d'une intrusion du el, mais finalement ces personnes-là
sont peut-être elles-mêmes en train de fictionner, et parfois moi-me j’in-
terviens quelque peu dans cette matre premreje ne suis donc pas
ts sûr que l'on puisse garder ce terme de el
Est-ce qu’on ne pourrait pas revenir alors au bon vieux mot de « tâtre
documentaire » très en vogue dans les anes 70, notamment avec Pe-
ter Weiss, et tous ces artistes qui cherchaient à se rapprocher le plus
possible du el ?
Tout à fait, je revendique l’appellation de « tâtre documentaire » effecti-
vement. Si le documentaire peut s’autoriser à aussi, j’espère, former, tisser
des sortes de petits réseaux, de cits, de petits romans personnels.
Selon vous, ces nouveaux outils techniques engendrent de nouvelles
écritures, donc des écrivains « inattendus » ?
Je hiérarchiserais plusieurs types dcritures. Il y a les écrits dont je reste très
proche, et je demande naturellement à leurs auteurs s'ils souhaitent partici-
per à l'exrience. Ils en deviennent finalement « co-auteurs ». Et puis, il y a
d’autres cas pour lesquels je colle plusieurs personnes du el ensemble, et
il y a même d’autres cas je m’autorise à écrire un peu librement.
Cette chose incroyable qu'est la fiction...
Ce qui est très intéressant, c'est de voir que ces auteurs se permettent beau-
coup plus de choses que moi. Un des « personnages » écrit sur Twitter le 11
janvier 2010, donc à la veille du tremblement de terre en Haïti : « demain
sera pire, douce nuit à tous ». En tant qu’auteur, je ne me serais jamais au-
torisé un effet pareil.
Dans le dispositif que vous créez, les spectateurs jouent un rôle
très particulierc'est d’ailleurs l'un des fils rouges du festival
Hybrides cette année.
Le public est invi à se placer dans l'espace, afin d'écouter différentes
sources géographiques : Haïti, le Chili et la station spatiale internationale,
qui est la taphore de la Terre qui continue de tourner. En se plaçant
dans le dispositif, le spectateur déclenche des pistes audio que je mélange
avec d'autres paroles en direct dans la performance. Par le placement de
leur corps, les spectateurs créent des montages et des correspondances,
des échos entre ces difrentes vies. Quelqu’un qui est au Chili dit « est-ce
qu’on va à la plage » à sa copine, et quelqu’un en Hti qui est à l’hôpital en
train d'y amener son fre... ce genre de choses-là et puis une situation qui
s’inverse; donc oui, c’est une position de témoin, oui, tout à fait.
ZOOMS SUR
> En tant qu’homme, j’ai perdu.
En tant que responsable politique,
j’ai engagé un processus qu’il a été
impossible de remettre en question.
Mais en tant qu’homme, ce fût un
naufrage politique.
> Michaël Gorbatchev
4
« OPTIMISTIC VS PESSI-
MISTIC »
« Optimistic vs Pessimistic » est
un spectacle surprenant et no-
vateur, dans la ligne des spec-
tacles du festival Hybrides. Une
entrée par les coulisses place
d'emblée le spectateur en po-
sition d'acteur. Les comédiens,
par un humour décalé, dressent
un constat virulent sur la société
contemporaine. Quant au spec-
tateur, celui-ci est constamment
sollicité, que ce soit mentalement
ou physiquement. Joie, colère,
incompréhension s'entremêlent
tout au long de la pièce. On nous
demande de nous lever, de for-
mer des rangées, d'occuper tout
l'espace, au milieu des comé-
diens et des figurants qui conti-
nuent le spectacle, malgré tout.
Dans cette cohue générale, les
spectateurs ont du mal à trouver
leur place et à comprendre le fil
de l'histoire. On sort de la salle
avec un sentiment de frustration,
peut être à l'accent espagnol
qui, ajouté à une musique omni-
présente, rend la compréhension
difficile. C'est dommage!
Jean-BapTisTe lemouzy
rosa Huisman
« MAKING UP »
Claire Engel nous présente, dans
un intérieur clos et blanc son ins-
tallation vidéo. Pendant 20 mi-
nutes, nous sommes bouleversés
par les images. Nous qui passons
dans la rue sans la voir, comment
ne pas imaginer que nous l’avons
croisée, sans doute, que nous
la connaissons, elle ou son alter
ego ?
Les thèmes des séquences vidéo
se croisent, se complètent ou
s’opposent, créant le choc : vi-
sage heureux et immédiatement
visage meurtri, images d’amour
et images de désamour, regard
heureux et regard apeuré. Le re-
tour incessant des mêmes images
nous martèle : Paula se ma-
quillant pour masquer les coups;
Paula marchant dans la rue,
dissimulée par son bonnet, son
écharpe, ses lunettes, pleine sans
doute d’une honte injustifiée,
mais surtout circulant dans des
lieux où la foule, les publicités lui
rappellent sa solitude et sa mise
au ban de la société; Paula et son
désir de cacher la vérité, de vou-
loir paraître une femme normale
aux yeux de ses enfants; Paula et
son refus des amies qui ne peu-
vent comprendre ; Paula et son
sommeil détruit par le cauche-
mar qui provoque son réveil an-
goissé.
Nous assistons impuissants à la
destruction progressive d’une
femme : destruction de son
corps, destruction de son iden-
tité. Comment ne peut-elle pas
être habitée par la désillusion
devant les images de ce qu’elle a
été, une petite fille pleine de joie,
une adolescente pleine d’espoir,
devant ce qu’elle a attendu du
prince charmant, comment avoir
le courage d’assumer cet échec ?
Partira-t-elle ? Peut-elle partir ? La
porte est un leitmotiv essentiel.
Porte contre laquelle s’éclate la
tasse de thé, contre laquelle est
projetée Paula, porte à travers
laquelle elle devine le retour du
mari, porte qu’elle essaie de fran-
chir sans y parvenir.
L’acte essentiel n’est jamais mon-
tré, l’homme est présent mais
estompé, en contre-jour. Ce sont
ses mains que l’on voit surtout.
La vraie tragédie est portée par
Paula, celle qui finit par ne plus
être là.
L’image finale se passe de com-
mentaires bien que, paradoxale-
ment, elle soit la plus sereine, la
plus esthétique, la plus colorée.
Jo papini
SENSATIONS DE SPECTATEURS5
N'1 - LUNDI 29 MARS 2010
EMPREINTE
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