Pachakuti : prophétie du monde andin.
Une des plus belles prophéties du monde andin va s’accomplir le prochain 21 décembre 2012. Les
Aymaras annoncent le début d’un grand Pachakuti ce jour-là : « Pachakuti » terme qui peut se
(Pacha = espace/temps et Kuti = retour). traduire par retour, changement, transformation
Astronomiquement, cet événement coïncide avec une conjoncture cosmique qui se produit très
rarement : un alignement planétaire du système solaire. Saturne, Vénus, Mercure, Pluton et Mars
seront alignés avec le soleil, et en même temps tout le système solaire s’alignera avec le centre de la
galaxie. Se produiront alors deux alignements simultanés. L’alignement du système solaire ne se
produit que tous les 5125 ans. Celui du système solaire avec le centre de la galaxie tous les 25625
ans. Dernièrement, on a cru pouvoir interpréter le calendrier maya, parvenant à sa fin, comme une
annonce de la fin du monde.
Le Président Bolivien Evo Morales, dans son allocution lors l’assemblée de l’ONU en octobre, a
surpris tout le monde avec une communication peu habituelle dans ce genre de réunion. « Je veux
profiter de cette occasion pour lancer une invitation à une rencontre internationale pour le 21
décembre prochain. Selon le calendrier maya, le 21 décembre est la fin du non-temps et le début du
temps, la fin de la Macha et le début de la Pacha, la fin de l’égoïsme et le début de l’égalité. La fin de
l’individualisme et le début du collectivisme. C’est la fin de la haine et le début de l’amour, la fin du
mensonge et l’avènement de la vérité. La fin de la tristesse et le début du bonheur, la fin de la division
». et le début de l’unité
Un comité organisateur s’est formé pour préparer cette rencontre qui aura lieu à Tiwanacu, sur les
rives du lac Titicaca. D’ores et déjà, toutes les personnes de bonne volonté sont invitées à participer
aux réflexions et débats préparatoires à cette réunion. Seront abordés différents thèmes tels que la
crise globale du capitalisme, le socialisme communautaire, la culture de la vie, la crise climatique, les
relations entre l’homme et la nature, l’énergie du changement, la perception de la terre nourricière,
la préservation des savoirs et des us et coutumes ancestraux. On y débattra également de
souveraineté alimentaire, d’intégration et de fraternité, du droit à la communication, de
l’apprentissage en commun, du nouvel être humain intégral, de la fin du patriarcat, de connaissance
de soi et de santé…
Un des axes thématiques est le « Suma qamaña », le bien vivre inscrit à l’article 8 de la nouvelle
constitution politique de l’état : « L’état déclare principes éthico-moraux de la société plurielle : ama
qhilla, ama llulla, ama suwa (Ne sois pas lâche, ne sois ni menteur ni voleur), suma qamaña (bien
vivre), ñandereko (vie harmonieuse), teko kavi (vie bonne) ivi maraei (terre sans maux), et qhapaj ñan
(chemin ou vie noble). » Le « bien vivre », dans l’esprit des peuples andins, ne signifie pas la même
chose que le « vivre mieux ». Le « vivre mieux » est souvent identifié à un développement, à un
progrès questionnable, qui s’impose souvent au détriment de la justice ou de la qualité de vie, même
si on l’habille parfois de jolis euphémismes : développement durable, harmonieux, personnaliste…
Pour les peuples andins, au contraire, l’idée du « vivre bien » est liée à la Terre nourricière.
Car avant de naître nous sommes déjà des enfants de la Terre. Nous ne saurions en être les
propriétaires, puisque nous en sommes partie intégrante, nous lui appartenons. Vivre, d’abord, c’est
savoir écouter, savoir nous écouter entre nous, savoir écouter notre mère la Terre, la rivière, les
oiseaux, écouter surtout les plus humbles. Celui qui écoute apprend, celui qui écoute change, il est
préparé à servir le peuple. En langage aymara, par exemple, les mots silence, pensée, réflexion ont la
même racine. Cette relation transcendantale qu’entretiennent profondément les peuples andins avec
la terre nourricière peut nous paraître idyllique, et même un peu ésotérique, bien éloignée du monde
qui exige que nous donnions, au quotidien, le maximum de notre efficience productive, mais pour
eux elle constitue justement une source inépuisable de force et d’énergie.
Transmis par Teresa Viannais, FSE