Napoléon Ier
Introduction
« Au commencement de ce siècle, la France était pour les nations un magnifique spectacle. Un homme
la remplissait alors et la faisait si grande qu'elle remplissait l'Europe. Cet homme, sorti de l'ombre,
était arrivé en peu d'années à la plus haute royauté qui jamais peut-être ait étonné l'histoire. Une
révolution l'avait enfanté, un peuple l'avait choisi, un pape l'avait couronné. Chaque année, il reculait
les frontières de son Empire... Il avait effacé les Alpes comme Charlemagne et les Pyrénées comme
Louis XIV; il avait construit son État au centre de l'Europe comme une citadelle, lui donnant pour
bastions et pour ouvrages avancés dix monarchies qu'il avait fait entrer à la fois dans son Empire et
dans sa famille. Tout dans cet homme était démesuré et splendide. Il était au-dessus de l'Europe
comme une vision extraordinaire. »
(Victor Hugo. Discours à l'Académie Française, le 3 juin 1841).
La jeunesse de Bonaparte
Une enfance prometteuse
Napoléon Bonaparte est né à Ajaccio en 1769, trois mois après que la République ait cédé la Corse à
la France. Sa famille était d'origine noble mais ne vivait pas dans l'aisance car il fallait nourrir les huit
enfants auxquelles sa mère Letizia donna le jour. Dès l'âge de 10 ans, il entre à l'école militaire de
Brienne, très souvent tourné en dérision par ses camarades pour ses origines corses qu'il revendique,
il se replie sur lui-même et préfère s'isoler pour lire. Il se révèle doué pour les mathématiques et
s'intéresse à l'Histoire, très jeune, il présente déjà une heureuse synthèse des idéaux des Lumières et
de la conception romantique de l'homme d'action. A 15 ans il intègre l'école militaire de Paris il
devient lieutenant d'artillerie en second, ses professeurs portèrent sur lui le jugement suivant :
« Réseret studieux, il préfère l'étude à toute espèce d'amusement... extraordinairement porté à
l'égoïsme, énergique dans ses réponses, prompt et sévère dans ses réparties... ambitieux et aspirant à
tout ... Corse de nation et de caractère... irait loin si les circonstances le favorisaient. »
Une intégration sociale étonnante
A l'approche de la Révolution il se sentit profondément jacobin et ne cache pas son sir de voir la
République proclamée. En 1793, la France est en guerre avec les puissances européennes qui
souhaitait voir la fin de l'idéal révolutionnaire et de ses conquêtes. Le grand port de Toulon est tombé
aux mains des anglais, la position semblait alors imprenable. Mais Bonaparte ayant obtenu le
commandement des forces d'artillerie qui devaient reprendre la ville fit tout de suite preuve de son
génie militaire, il partit les quelques canons qu'il disposait et soumis Toulon à un bombardement
intensif, les Britanniques furent contraints à l'évacuation. Un temps emprisonné après la chute de
Robespierre (9 thermidor) pour ses positions jacobines, Napoléon parvient à revenir sur la scène grâce
à Barras (l'homme le plus influent du Directoire), bientôt on fait appel à lui pour réprimer une révolte
royaliste (13 vendémiaire), ses qualités d'artilleur font merveille et il est ensuite promu général de
division à 26 ans. Il épouse Joséphine de Beauharnais (veuve du révolutionnaire du même nom) en
1796, puis part aussitôt faire campagne en Italie où il a obtenu un commandement important.
Napoléon Bonaparte à 23 ans
Les campagnes militaires du général
La campagne d'Italie
Napoléon était chargé de fixer les Autrichiens afin de permettre à deux autres armées (commandées
par Jourdan et Moreau) d'attaquer l'Autriche en Suisse et en Allemagne. Seulement son armée est
faible, elle n'est composée que de 36 000 jeunes gens peu expérimentés et attribués d'un armement
disparate. Pourtant, cette armée accomplit des miracles, tandis que Jourdan et Moreau subissaient des
revers importants, Bonaparte nétra en Italie avec une rapidité foudroyante et parvint à séparer les
Autrichiens qu'il battit à Montenotte et les Piémontais vaincu à Millesimo et à Dego. Il restait alors
des Autrichiens déterminés à protéger Milan, ceux-ci s'étaient concentrés autour du pont de Lodi.
Traverser le pont paraissait être une folie, pourtant, les grenadiers s'élancèrent au pas de charge et
firent face à la mitraille adverse, Napoléon pouvait faire son entrée à Milan où il jouissait déjà d'une
popularité étonnante. Le peuple le considérait comme un messager volutionnaire qui pouvait abolir
le système féodal, pour les souverains, il n'apparaissait que comme un « Robespierre à cheval ». Mais
les peuples allaient payer cher de ce privilège, de lourds impôts furent instaurés et la France voyait
venir de lourds chariots de matériaux et d'œuvres d'arts. Comme dans d'autres endroits en Europe,
Napoléon était « un ange de liberté » au début puis « un ogre des peuples » à la fin de son gne.
Après d'autres belles victoires, la paix de Campoformio (17 octobre 1797 - 26 vendémiaire an VI) est
signée, c'est un triomphe pour la France qui se voit doté de nouveaux territoires.
La charge du pont d'Arcole
Au pont d'Arcole, Napoléon, que ses soldats surnomment affectueusement « le petit caporal », se
trouve confronté à la même situation qu'à Lodi, il arrache le drapeau des mains d'un sergent le brandit
et part de nouveau en avant, bousculé, il frôle la mort et on le retrouvera évanoui dans les marais.
L'image de Napoléon à la tête de ses troupes en première ligne est resté célèbre, pendant la charge,
son aide de camp, Muiron sera tué en le protégeant de tout son corps, ce sacrifice lui restera en
mémoire. Quelques jours plus tard Napoléon aidé de Augereau et Masséna l'emportera définitivement
sur les Autrichiens lors de la bataille de Rivoli.
Bonaparte au pont d'Arcole - par Antoine-Jean GROS 1801 (Musée Fabre)
La campagne d'Égypte
A Paris tout le monde murmure déjà le nom du vainqueur de Lodi. Cependant, les inquiétudes du
Directoire envers ce général ambitieux, désireux de l'éloigner lui attribue un commandement en
Orient contre les Britanniques. En effet, l'Angleterre est à cette époque le plus grand ennemi de la
France, elle tire ses richesses de ses colonies et sa puissante flotte lui donne un avantage militaire.
Occuper l'Égypte, ce serait accroître la suprématie française en Méditerranée et couper la route des
Indes. Après avoir occupé l'île de Malte, Napoléon débarque à Alexandrie, le climat rude se fait
déjà sentir dans le moral des troupes. Dans le désert, il combat les mamelouks du sultan turc allié aux
anglais, c'est avant la bataille des Pyramides que Napoléon prononça ces paroles célèbres : « Soldats,
songez que du haut de ses pyramides quarante siècles vous contemplent ! ». Malheureusement, la
flotte française est détruite à Aboukir par l'amiral Nelson. Bonaparte est alors coupé de l'Europe. Il
reste donc en Égypte et organise le pays, il fait venir de nombreux savants qui développeront
l'égyptologie. Le célèbre Champollion déchiffrera plus tard en 1824 le code des hiéroglyphes à l'aide
de la pierre de Rosette que l'on couvrit en 1799. Bonaparte partira à la conquête de la Syrie la
peste fera son apparition, et malgré quelques succès militaires, la prise de Saint-Jean d'Acre est un
échec. Napoléon réalisa finalement que sa présence en Égypte était inutile, il décide de rentrer en
France en échappant aux navires anglais, la victoire de Murat sur les Turcs ôta l'idée à tout le monde
de l'échec de cette campagne.
La bataille des Pyramides
Sous le regard des Pyramides, Bonaparte entretient son rêve de gloire en Orient, où il veut marcher
sur les traces d'Alexandre. Soutenue par Talleyrand, l'expédition comprenant les meilleurs généraux
du Directoire, notamment Kléber et Desaix, ainsi que de nombreux savants, artistes et ingénieurs.
La Bataille des Pyramides - par François André VINCENT 1806 (Musée du Louvre)
Le Consulat
Le coup d'État
Pendant ce temps , la France subissait de lourds revers en Allemagne et en Italie, le Directoire
démontrait chaque jour son incapacité à résoudre la situation politique. A son retour, Napoléon
retrouve un pays qui a succombé dans l'anarchie et le désordre. C'est alors que de nombreux cercles
bourgeois avides se regroupèrent afin de tenter de prendre le pouvoir. L'un des directeurs (un des cinq
membres du Directoire) Sieyès voit en Napoléon « la tête et l'épée » à laquelle il faut faire appel pour
rétablir l'ordre, il le met dans la confidence et Napoléon voit tout de suite les avantages qu'il pourrait
tirer de la situation. Son frère Lucien Bonaparte venait d'être élu président du Conseil des Cinq-Cents
et l'armée lui était entièrement acquise. C'est alors que le 18 et 19 Brumaire (an VII du calendrier
révolutionnaire), Lucien transfère le Conseil des Cinq-Cents au château de Saint-Cloud, car on avait
fait courir le bruit d'un complot royaliste, tandis que le Conseil des Anciens offre à Napoléon les
forces armées de Paris. Toutes les pièces maîtresses sont en jeu. Bonaparte investit le château et gagne
la partie sans faire couler une goutte de sang. On fit voter la remise du pouvoir à « trois consuls de la
République » (parallèle avec le triumvirat romain). Cette fois-ci, Bonaparte est élu Premier consul, et
il est assisté de Sieyès et de Ducos (autre directeur) (qui sont les consuls provisoire).
Le coup d'État du 18 Brumaire
Journée au cours de laquelle Napoléon Bonaparte fut nommé commandant des forces armées de Paris
par le Conseil des Anciens, auquel le Directeur Sieyès, aidé du Directeur Ducos, avait fait croire à un
complot royaliste; les deux Conseils étaient transférés à Saint-Cloud. Le 19 brumaire, Bonaparte lança
les grenadiers de Murat contre le Conseil des Cinq-Cents sur la demande de leur président Lucien :
le Directoire était définitivement renversé. Le soir, les 2 Conseils désignèrent comme consuls
provisoires Sieyès, Roger Ducos et Bonaparte. Le Consulat était né.
Le général Bonaparte au Conseil des Cinq-Cents, à Saint Cloud. 10 novembre 1799 - par François
BOUCHOT 1840 (Musée Fabre)
La seconde campagne d'Italie
Très vite, Bonaparte s'affirme comme le véritable chef du nouveau pouvoir, il entreprend alors la
réorganisation du pays (1800 : création du corps préfectoral, Banque de France, 1801 : Concordat,
1802 : Légion d'Honneur, 1803 : Franc germinal, 1804 : Code civil voir La France sous Napoléon).
En 1800, renouvelant l'exploit d'Hannibal, Napoléon franchit avec son armée le difficile Col du Saint-
Bernard, il a fallu faire passer les canons sur des troncs d'arbres tractées par les soldats. Il s'agissait
de faire oublier les revers en Italie subi pendant la campagne d'Égypte. Napoléon parvient à renverser
le cours de la guerre au cours de la bataille de Marengo, le succès de Moreau sur un autre front donne
à la France la domination sur l'Italie. La guerre est un obstacle aux réformes qu'il veut mettre en place,
dès lors, la paix devient son plus grand soucis, et après les Autrichiens et Italiens, Bonaparte convainc
les Britanniques de la manière suivante :
«...La guerre qui depuis huit ans, ravage les quatre parties du monde, doit-elle être éternelle ? N'est-
il aucun moyen de s'entendre ? Comment les deux nations les plus éclairées de l'Europe, puissantes
et fortes plus que ne l'exigent leur sûreté et leur indépendance, peuvent-elles sacrifier à des idées de
vaine grandeur, le bien du commerce, la prospérité intérieure, le bonheur des familles ? Comment ne
sentent-elles pas que la paix est le premier des besoins, comme la première des gloires... ? »
Cette paix lui vaut alors une popularité étincelante, et au retour de Marengo, une colonne est érigée
sur la place Vendôme. Il est alors nommé Premier Consul à vie. La paix favorisa ainsi l'essor industriel
et du commerce, la Louisiane est cédée aux États-Unis pour 80 millions de francs.
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