fascicule voyage.pub

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Planning et horaire du voyage.
Vendredi 29 octobre 2010.
Le P.T.V.F. en ballade
En Alsace
À l’occasion du 25ème anniversaire
de la présence du petit train dans
le parc du Bempt.
Voyage Du 29 au 31 octobre 2010.
© PTVF - Voyage préparé et organisé par Pierre Vankerckhove.
Octobre 2010.
Rédacteur Cl. Magdelyns.
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Départ de Bruxelles - Forest Saint-Georges à 06h30 précise.
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Route (E411-E25) vers la France via Luxembourg.
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Arrêt de service sur l’aire de Berchem (Luxembourg).
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Poursuite de la route (A31-A33-N333-N59) vers Saint-Dié via Metz, Nancy, Lunéville et Baccarat.
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Saint-Dié : arrêt déjeuner à la Pizzeria « El Veneto » (repas libre).
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Poursuite de la route (D415) vers Lapoutroie via Anould, Fraize, Plainfaing et le Col du Bonhomme (947 m).
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Arrêt à Lapoutroie et visite du « Musée de l’Eau de Vie ».
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Poursuite de la route (D415) vers Ammerschwihr via Kaysersberg (si
possible petit arrêt dans la patrie d’Albert Schweitzer).
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Arrêt à Ammerschwihr et visite de la « Cave René Fonne » & dégustation de vins (entreprise familiale).
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Poursuite de la route (D415) vers Colmar et installation à l’hôtel Mercure
Centre Unterlinden.
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Visite pédestre guidée de Colmar (environ 1 ½ heures).
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Repas du soir dans au restaurant Unterlinden non loin de l’hôtel (service
3 plats - boissons non comprises).
Remarque : Cette journée de vendredi étant particulièrement chargée en activités et visites, et donc tendue en horaire, il est demandé aux participants de respecter toutes les consignes émises par les organisateurs afin que nous puissions en respecter le timing.
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Samedi 30 octobre 2010.
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Petit déjeuner.
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Départ vers 09h00 pour Mulhouse : visite de « l’écomusée » pour les
dames et de la « Cité du Train » pour les messieurs.
Déjeuner sur place à la discrétion des participants.
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Retour vers Colmar.
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Repas du soir au restaurant « la Maison des Têtes ».
Boissons non comprises.
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Soirée libre.
Rappel : Nous passons à l’heure d’hiver durant la nuit de samedi à dimanche,
soit une heure nocturne de plus.
Dimanche 31 octobre 2010.
Avant-propos
C’est avec plaisir que Pierre VK nous a concocté le programme de cette escapade organisée dans le cadre des 25 ans de circulation d’un petit train sur les
voies posées dans le parc du Bempt à Forest.
Grand connaisseur de la région « Alsace » depuis de nombreuses années, il
nous a déniché de merveilleux petits coins du pays et nous propose de découvrir la région en nous en faisant connaître quelques unes de ses spécialités.
Qu’il en soit déjà remercié ici et à l’avance.
Comme vous l’aurez probablement remarqué en lisant le « Planning et horaire du voyage », celui-ci est bien rempli. Il est donc important de veiller à ne pas
trop se disperser lors des différentes haltes et visites prévues les journées de
vendredi et de dimanche. Même s’il n’y a pas d’horaire strict établi - nous ne
sommes pas aux chemins de fer ! - il est impérieux d’être à heure et à temps à
chacun de nos rendez-vous. Merci d’en tenir compte.
La route (un peu moins de 500 km) sera longue avant d’atteindre Colmar, et
nous aurons le plaisir de voir (ou même revoir pour certain(s)) de nombreux
paysages différents ; les Ardennes belges, la Lorraine, les Vosges et l’Alsace.
Tout au long de ce fascicule de voyage, vous trouverez renseignements, informations et annotations concernant les lieux visités, traversés ou simplement
aperçus au passage.
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Petit déjeuner.
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Embarquement des bagages et route (A35) vers Strasbourg.
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Arrêt et courte visite d’Obernai (½ heure).
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Arrivée à Strasbourg et déjeuner à la Brasserie « Guntenberg ».
Menu 3 plats - ¼ vin, ½ eau et café compris.
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Visite pédestre guidée de la ville et de sa cathédrale (environ 2 heures).
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Fin du voyage et retour vers Bruxelles (A4-A31-E25-E411).
Arrivée tardive prévue vers 20h-21h00. Arrêt(s) de service prévus.
Remarque : Ce planning et horaire de voyage est présenté sous toutes réserves, l’organisateur se réservant les opportunités de le modifier en
fonction des aléas de la météo, de la circulation automobile, ou encore de tout autre imprévu.
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Le but de ce voyage n’étant pas purement ferroviaire, il a été mis une accent
sur la région visitée et si les Dames n’ont pas été oubliées, les gourmets non
plus.
Ce petit guide de voyage est donc non exhaustif et vous présente de nombreuses informations en faisant l’impasse sur d’autres. Il est évident qu’il m’a été
impossible de rassembler tous les détails, très nombreux, concernant les sujets
abordés. J’ai donc fait un « tri », mais j’espère vous avoir titillé la curiosité et que
vous aurai plaisir à compléter votre information personnelle ; le Net étant une
grande source d’informations aisée d’accès dans laquelle je ne me suis pas privé de puiser.
Je vous souhaite une bonne lecture et un bon voyage.
Claude Magdelyns
Rédacteur
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Carte routière et plan de de situation des lieux visités.
Un peu d’Alsace.
Une première approche.
L’Alsace ('s Elsàss en alsacien) est une région culturelle, historique, et administrative du nord-est de la France actuelle. Elle en est la 3e région la plus densément peuplée après l'Ile-de-France et le Nord-Pas-de-Calais tout en étant la
plus petite par sa superficie.
Berceau des Habsbourg, la région est un vaste espace culturel des anciens
empires allemand et austro-hongrois. L'Alsace doit ses origines culturelles et
linguistiques au peuple Alaman. Le dialecte alsacien et l'allemand standard
(Hochdeutsch) appartiennent au groupe linguistique germanique : le hautallemand. C'est la deuxième ou troisième langue autochtone de France après le
français.
La région historique était subdivisée en trois entités : la Haute-Alsace, la Basse-Alsace et la République de Mulhouse. La période de 1798 à 1816 vit des
rattachements à la France et des annexions de territoires par la Prusse. L'Alsace a vu naître des généraux révolutionnaires tels que Kléber et Kellermann et
le capitaine Dreyfus.
L'implication des Alsaciens dans la Révolution française ainsi que l'affaire
Dreyfus ont scellé politiquement l'attachement des Alsaciens à la République
française. Après la défaite de 1871, l'Alsace fait partie des provinces dites
« perdues ». Le mythe et le revanchisme qu'elles inspireront accompagneront
toute la 3ème République.
Obernai
Lapoutroie
Ammerschwir
Journée de dimanche
Journée de vendredi
Journée de samedi
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La région sera en première ligne lors des deux grands conflits mondiaux 19141918 et 1940-1945. L'histoire houleuse de la région est une clé essentielle à la
compréhension de certains particularismes locaux. Ainsi, de nombreux domaines sont régis par le droit local alsacien
-mosellan qui prime sur le droit général
français.
Aujourd'hui, l’Alsace est divisée en
deux départements, le Bas-Rhin au
nord et le Haut-Rhin au sud. Le conseil
régional siège à Strasbourg, qui est
aussi la plus importante des cinq grandes agglomérations de la région devant
Mulhouse, Colmar, Haguenau et
Saint-Louis (Banlieue française de
Bâle. Strasbourg et Mulhouse sont
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respectivement les 11e et 25e agglomérations les plus peuplées de France. La
ville de Strasbourg est également le siège de plusieurs institutions européennes, dont le Parlement européen et le Conseil de l'Europe.
Rhin, prairies inondables, sources
phréatiques, rivières).
•
Son étymologie.
La signification étymologique du mot Alsace a différentes théories. En voici
une : « Alsace » viendrait de l'alsacien (alémanique) : « Elsass » anciennement
écrit « Elsaß ». « El » vient de l'alémanique « Ell » qui signifie l' « Ill », la principale rivière alsacienne qui traverse la région du sud au nord.
La rivière prend sa source dans le Jura alsacien et se jette aujourd'hui dans le
Rhin en aval de Strasbourg après la chute de Gambsheim. C'est le plus important affluent alsacien du Rhin. Avant l'endiguement, les crues du Rhin, et
non celles de l'Ill, étaient parfois très meurtrières et bon nombre de villages ont
été submergés par le fleuve.
« Saß » vient du verbe « sitzen » (se trouver, être assis). Littéralement,
« Elsass » signifierait donc « le lieu où se trouve l'Ill » soit le « Pays de l'Ill ».
L'Alsace couvre une surface de 8.280 km2, soit en peu moins d’un tiers de la
Belgique. Elle s'étend du sud au nord le long du Rhin qui la borde à l'est sur
190 km de long et 50 km de large.
Elle est limitée au nord par la rivière Lauter, où commence le Palatinat allemand, et à l'est par le Rhin, à l'est duquel s'étend le Bade-Wurtemberg, au sud
par la Suisse, au sud-ouest par la Franche-Comté et à l'ouest par la Lorraine.
À l’ouest dominent les Vosges ou
massif vosgien, entaillées de larges
vallées des affluents de l'Ill ; ici ce
sont les pâturages d'altitude qui alternent avec la forêt ; le Grand Ballon
(1.424 m), situé dans le Haut-Rhin,
est le point culminant de l'Alsace.
Le Grand ballon d’Alsace
•
Les collines sous-vosgiennes font le lien entre les deux ensembles. Le
piémont vosgien est la zone où s'étend le vignoble alsacien ayant une
limite supérieure de culture atteignant 467 m au Rangen de Thann et 478
m à Osenbach.
•
Le Sundgau, région de collines au sud de Mulhouse.
•
Le Jura alsacien à l'extrême-sud de la région avec pour point culminant le
Raemelspitz à 832 m. Le Jura alsacien occupe l’extrémité nord du massif du Jura. C’est dans ce massif que l’Ill prend sa source.
Sa géologie.
L'Alsace est la partie occidentale de la plaine du Rhin située sur sa rive gauche. C'est un fossé d'effondrement, appelé aussi rift ou graben, associé à ses
épaulements latéraux : les Vosges et la Forêt-Noire. Le massif du Jura, formé
par glissement, recoupe la région de Belfort.
Sa topographie.
Son espace est découpé en plusieurs
ensembles de relief :
•
A l’est, la plaine d'Alsace drainée
par l'Ill est consacrée à la grande
culture céréalière. La forêt y occupe
encore des espaces importants :
forêt de Haguenau au nord et celle
de la Hardt et du Nonnenbruch au
sud ; entre le Rhin et l'Ill, le Ried.
Cette zone marécageuse et humide
conserve ses caractères naturels
remarquables façonnés par le vieux
fleuve autrefois sauvage (forêts rhénanes parcourues par les bras du
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Le fossé rhénan s'est effondré durant le tertiaire, en conséquence la région a
été plusieurs fois envahie par la mer, ce qui explique une sédimentation variée :
marne, calcaire, sel gemme, marbre. De plus, au quaternaire, des dépôts éoliens de lœss ont eu lieu.
Les Vosges sont constituées au Nord par du grès et au Sud par du granite. Le
Jura, soulevé plus tardivement est constitué de calcaires et de marnes plus anciens que les formations de la plaine alluviale du Rhin.
La structure tectonique du sous-sol explique une certaine activité sismique.
Des gisements de pétrole ont été exploités au nord à Pechelbronn, ainsi que
des gisements de potasse près de Mulhouse. Des mines d'argent ont également été exploitées jusqu'au début de XXe siècle près de Sainte-Marie-auxMines. Enfin, il y a une exploitation géothermique expérimentale à Soultz-sousForêts.
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La zone la plus active sur le plan sismique en Alsace est le sud du HautRhin .Ce territoire a été frappé par plusieurs séismes d’intensité supérieure à VI.
Le plus dévastateur fut celui de Bâle le 18 octobre 1356 d’une intensité de VIIIIX et d’une ampleur inédite en Europe de l’ouest. Le plus récent, d’une intensité
de VI date du 15 juillet 1980. Le massif vosgien ne montre qu’une activité sismique diffuse et peu intense.
Son climat.
L'Alsace est une région particulière et a deux climats ; il y est continental d'abri
dans la plaine centrale et montagnard en altitude. Les vents d'ouest subissant
un forçage sur le versant occidental des Vosges frappé de pluies, l'air se retrouve déchargé d'humidité quand il a franchi la barrière vosgienne. Conséquence en plaine, l'hiver y est froid, l'été chaud et il y a peu de précipitations.
La zone de Colmar située à l'est de la ville bénéficie d'un microclimat ensoleillé
et sec. La ville a une faible pluviosité moyenne avec 530 mm de précipitations
par an (entre 95 et 100 jours). C’est l'effet de fœhn qui a une influence importante sur cette vaste zone qui s'étend depuis la banlieue Nord de Mulhouse jusqu’au nord, entre Strasbourg et Molsheim.
A l'ouest, sur une partie du massif vosgien, la pluviométrie atteint par contre
jusqu'à 170 jours par an. La différence est donc de 75 jours de pluie par an dans
les zones les plus influencées à seulement 20 kilomètres de distance.
Ce climat relativement ensoleillé est idéal pour le vignoble d'Alsace. L'importance de la nappe phréatique alsacienne combinée à la proximité du Rhin et de
rivières importantes évite toutefois à la région les conséquences d'éventuelles
sécheresses.
Un brin d’histoire.
À la différence de ses provinces et régions voisines, l'Alsace n'a jamais connu
de période d'indépendance ou d'autonomie de forme centralisatrice. L'Alsace a
longtemps été caractérisée par le confédéralisme. La région doit sa culture et
son dialecte aux Alamans (à ne pas confondre avec les Allemands), qui s'établirent dans la région en 378. L’alsacien d'aujourd'hui est un dialecte alémanique.
centrale.
La plaine d'Alsace, subissant l'effet de foehn et étant naturellement irriguée, a
toujours été une terre fertile et propice à l'agriculture céréalière, les collines sous
-vosgiennes, le piémont, était le domaine réservé de la vigne tandis que les vallées vosgiennes et l'Ochsenfeld (champs des bœufs) abritaient d'immense troupeaux de bovins, on y cultivait également du chanvre. Les forêts et le Ried
étaient fort riches en gibier. Le tout, réparti le long du Rhin, axe fluvial majeur
européen, permettait ainsi un commerce soutenu et des revenus réguliers.
L'Alsace a donc de tout temps été une région riche qui a suscité les convoitises des grandes puissances européennes. L'histoire de l'Alsace fut donc rythmée par les guerres et les annexions.
Suivent quelques repères temporels historiques.
La période préalémanique.
C’est au IIe millénaire av. J.-C. que les Celtes arrivent en Alsace. Du Ve siècle
au Ier siècle av. J.-C., l'Alsace était divisée entre deux tribus celtes : les Séquanes au Sud et les Médiomatriques au Nord.
En 72 av. J.-C., les peuples germaniques (composés majoritairement des Suèves et des Triboques, estimé entre 137.000 et 275.000 âmes) traversent le
Rhin et s'installent en Alsace.
58 av. J.-C., est l’année de la bataille de l’Ochsenfeld qui vit la victoire des
Romains commandés par Jules César, sur le chef Suève Arioviste, dans le
Sud de l'Alsace. Arioviste réussit à s'enfuir de l'autre coté du Rhin, tandis ceux
qui ne réussirent pas à faire de même furent massacrés par les romains, le reste
de la population étant mélangée aux peuples celtes. C'est une bataille majeure
de la guerre des Gaules, victoire à partir de laquelle les Romains vont décider
de rester en Gaule et conquérir le pays.
L'Alsace est intégrée à l'Empire romain. La langue latine supplante progressivement et remplace les langues celtes.
12 av. J.-C. : Création du camp fortifié romain d’Argentoratum, naissance de
la ville de Strasbourg.
La région fut sous l'autorité du Saint-Empire romain germanique de 962, date
de sa création, jusqu'en 1648, puis elle perdit son autonomie en passant sous
contrôle de la France après son annexion progressive au XVIIe siècle.
Etablissement des Alamans.
C'est en Alsace que sont nés les ancêtres de la puissante dynastie des Habsbourg qui régnèrent en maîtres, plusieurs siècles durant, sur toute l'Europe
À partir de la seconde moitié du IVe siècle après J.-C., de nombreux Germains, notamment des Alamans s'installèrent progressivement dans l'Alsace
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romaine. Déjà en 298, l’empereur Constance Chlore repoussa au-delà du Rhin
d’importantes bandes d’Alamans (plus de 20.000 hommes) qui avaient pénétré
dans l'Est de la Gaule après les avoir battues devant Langres.
En 357, Le futur empereur romain Julien (Julien dit l'Apostat) bat sévèrement
les Alamans qui essayaient d'envahir l'Alsace à la bataille de Strasbourg.
En 366 et 406, profitant du gel du Rhin les Alamans pénètrent à nouveau en
Alsace. Les Romains et leur alliés fédérés francs ont de plus en plus de mal à
les contenir.
Vers le milieu du Ve siècle, les Romains finissent par être définitivement chassés de la plaine d'Alsace où les Alamans s'installent pour y répandre leur culture, leur langue (l’alsacien, alémanique) et construire des villes. Ils mettent en
place une confédération de petits royaumes appelée Royaume d’Alémanie ;
« Alaman » signifiant « Tous les hommes ».
Vers 496, les Francs de Clovis battent les Alamans à Tolbiac mais ces derniers restent les plus nombreux en Alsace bien qu'en théorie inféodés aux
Francs.
En 511, l'Alsace est rattachée au royaume franc d’Austrasie.
C’est durant le VIIe siècle que se fait la christianisation de l’Alémanie.
709 - 712 : nouvelle guerre entre les Francs et les Alamans.
En 746 a lieu le « Massacre de Cannstatt ». Ce fut l’assassinat de la quasitotalité des nobles du peuple alaman. Cannstatt, anciennement castrum, était
l'une des principales localités du duché d’Alémanie fondé par les Mérovingiens.
Le carolingien Carloman, maire du palais d’Austrasie, y convoqua une assemblée et fit assassiner la majorité des dirigeants alémaniques sous le prétexte
qu'ils auraient participé au soulèvement du duc Theudebald (Thibaud) et du
duc Odilon de Bavière. À partir de ce moment, il n'y aura plus d'unité alémanique et les pays alémaniques seront définitivement divisés en plusieurs États.
Toutefois, la langue et la culture alémanique subsisteront jusqu'à nos jours.
En 843 fut conclu le traité de Verdun par trois fils de Louis le Pieux, lui-même
fils de Charlemagne, après une querelle d'héritage (voir les Serments de
Strasbourg en 842), qui divise le royaume de Charlemagne en trois. L'Alsace
fait désormais partie de la Francie médiane (domaine de l'empereur Lothaire).
855 : L'Alsace revient à Lothaire II et fait partie de la Lotharingie.
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870 : La Lotharingie est partagée entre Charles le Chauve et Louis le Germanique. L'Alsace est rattachée à la Francie orientale (domaine de Louis le
Germanique agrandi au traité de Meerssen). Elle fera ensuite partie du SaintEmpire romain germanique.
917 est l’année de naissance en Alsace de Gontran le Riche, plus vieil ancêtre confirmé de la dynastie des Habsbourg.
L’Alsace dans le Saint Empire ou l’âge d’or des cités alsaciennes.
962 : L'Alsace fait partie du Saint-Empire romain germanique.
En 1161, Frédéric Barberousse élève Mulhouse au rang de ville libre de
l'Empire, lui conférant une autonomie quasi-totale. Il en fait ainsi une véritable
cité qui ne doit rendre de comptes qu'à l'empereur lui-même.
En 1197, Philippe de Souabe, fils de Frédéric Barberousse, est désigné empereur à Mulhouse.
1273 : Le comte Rodolphe IV de Habsbourg, un seigneur politique allié des
bourgeois des villes de Strasbourg et de Zurich, accède, de manière inattendue, au trône impérial sous le nom de Rodolphe Ier de Habsbourg.
1347 : Les Mulhousiens adoptent un fonctionnement républicain par l'élection
de Jean de Dornach (Hans Guterolf Von Dornach) à la tête de la cité, la République de Mulhouse (Stadtrepublik Mülhausen) est née.
1354 : Fondation de la Décapole. L'Alsace s'organise en une confédération de
villes libres qui rassemble dix villes impériales. La Décapole possède pour les
historiens et les économistes une particularité extrêmement rare, qui plus est
pour l'époque : outre l'alliance militaire, l'entraide est également financière en
cas de banqueroute. Cela permet aux cités alsaciennes de peser économiquement sur l'espace rhénan.
1386 (9 juillet) : Bataille de Sempach. De nombreux nobles alsaciens qui
combattent sous la bannière des Habsbourg sont tués lors de cette bataille. On
chiffre ce nombre de tués à 15 % de la noblesse alsacienne.
1434 : Premiers travaux de Gutenberg sur l'impression, à Strasbourg.
1444 - 1445 : Invasion des Armagnacs, appelés par l'empereur Frédéric III
pour mettre à mal l'autonomie des cités impériales. Après avoir écrasé les cités
suisses, ils décident de s'attaquer aux cités alsaciennes. La noblesse alsacienne se joint à eux. Seules les villes fortifiées résistent. À la fin du siège, les Mulhousiens décident de dissoudre la corporation de la noblesse et expulsent les
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récalcitrants qui quittent la ville avec un profond ressentiment.
1466 - 1468 : Guerre des Six Deniers. La noblesse de Haute-Alsace tente de
se venger des Mulhousiens et déclare la guerre à la cité pour un motif futile.
Les Mulhousiens sont abandonnés par la Décapole et doivent leur survie à
une alliance militaire avec Bern et Solothurn appuyée par Schwytz, Uri, Luzern, Zurich, Zug et Glaris. Le conflit gagne rapidement en intensité et l'empereur Frédéric III du Saint-Empire tente en vain de le faire cesser. Le landvogt
prend le parti de la noblesse qui assiège Mulhouse, ce qui provoque l'entrée de
troupes de la Confédération en Haute-Alsace. Les Mulhousiens et les Confédérés écrasent la noblesse et ravagent toute la Haute-Alsace, rasant plus
d'une centaine de villages sur les terres seigneuriales.
1515 : La République de Mulhouse se retire de la Décapole pour s'allier aux
cantons suisses auxquels elle était déjà fortement liée depuis la Guerre des Six
Deniers. Son destin sera ainsi distinct du reste de l'Alsace pendant plusieurs
siècles. Les Mulhousiens ne feront ainsi jamais partie du Royaume de France
et connaîtront un fonctionnement républicain quasiment ininterrompu jusqu'à
nos jours.
1523 : Mulhouse adhère à la Réforme, qui aboutit en 1529 à l'établissement
complet et exclusif du culte protestant calviniste. Les catholiques et les juifs ne
peuvent plus résider à l'intérieur de la Stadtrepublik et s'installent dans les villages alentours. Les Habsbourgs, dont les territoires entourent la cité, restent
fidèles à l'église catholique romaine. Cette dernière devient donc une enclave
réformée.
1526 : guerre des paysans. 25 000 « rustauds » sont massacrés à Saverne.
roi de France et doit se rendre. L’Alsace, à l'exclusion de Mulhouse, sera alors
gouvernée par un intendant siégeant à Strasbourg et par le conseil souverain à
Colmar. La région conservera largement son autonomie.
1746 : En parallèle, la République de Mulhouse se lance de manière précoce
dans l'ère industrielle avec l'ouverture de la première manufacture d'indienne de
coton. La république libre connaîtra alors une croissance exponentielle et deviendra un des principaux pôle industriels d'Europe.
26 août 1728 : naissance à Mulhouse du mathématicien, physicien et astronome Johann Heinrich Lambert.
1772 : Conception de la projection azimutale équivalente de Lambert et de la
projection conique conforme de Lambert.
L’Alsace dans la république Française.
1789 : La Révolution est accueillie avec enthousiasme par les Alsaciens qui
se soulèvent contre la noblesse locale. L'héritage révolutionnaire scellera l'attachement des Alsaciens à la France.
1790 : L'Alsace est partagée en deux départements : Le Bas-Rhin et le HautRhin. La ville de Mulhouse conservant son indépendance, c'est Colmar, beaucoup moins peuplée qui devint la préfecture du Haut-Rhin.
1793 : Un certain nombre de territoires étrangers enclavés dans ces départements, appartenant à la noblesse germanique (les « princes possessionnés »),
sont annexés à la France par la « Convention nationale ».
1618 - 1648 : La guerre de Trente Ans frappe lourdement la région et l'Alsace
est pillée à de nombreuses reprises. Les massacres s'enchaînent, les villages
sont rasés et brûlés, la famine se répand et la peste touche la région, la population fuit les villes et les villages pour se réfugier dans les Vosges et dans les
grandes forêts alsaciennes. Environ 60 % de la population alsacienne est décimée.
1798 : Mulhouse, alors alliée à la Confédération helvétique, vote sa Réunion à la république française, qui a lieu le 4 janvier 1798, à l'époque du Directoire. La Stadtrepublik Mülhausen devient la commune de Mulhausen.
L'Alsace est à présent intégralement française, Colmar conserve toutefois son
statut de préfecture du Haut-Rhin.
L’Alsace dans le royaume de France.
Période napoléonienne : l’Alsace fournit 70 généraux à la Grande Armée de
l’Empire français.
1648 : Suite au traité de Westphalie, l'Autriche cède au royaume de France
une partie de l'Alsace, principalement le sud de la région. La République de
Mulhouse conserve son statut de ville indépendante. La noblesse française
éprouvera au début des difficultés à asseoir son autorité sur le territoire alsacien.
1800 : Les communes de l'ancienne Principauté de Montbéliard ainsi que la
commune de Mandeure sont intégrées au département du Haut-Rhin.
1815 : Landau est annexé par le Royaume de Prusse.
1681 : La ville libre impériale de Strasbourg est assiégée par les troupes du
1816 : Les communes d'Abbévillers, Aibre, Allenjoie, Allondans, Arbouans,
Audincourt, Badevel, Bart, Bavans, Bethoncourt, Bretigney, Brognard,
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Courcelles-lès-Montbéliard, Couthenans, Dambenois, Dampierre-les-Bois,
Dasle, Désandans, Dung, Étouvans, Étupes, Exincourt, Fesches-le-Châtel,
Grand-Charmont, Issans, Laire, Mandeure, Montbéliard, Nommay, Présentevillers, Raynans, Sainte-Marie, Sainte-Suzanne, Saint-Julien-lèsMontbéliard, Semondans, Sochaux, Taillecourt, Valentigney, Le Vernoy,
Vieux-Charmont et Voujeaucourt sont détachées de la région pour être rattachées au département du Doubs.
La découverte de gisements de potasse en 1904 par Amélie Zurcher et Joseph Vogt amena un nouvel essor dans le sud de la région en propulsant tout
le nord de l'agglomération mulhousienne dans l'exploitation minière. La société
minière Gewerkschaft Amélie est créée le 13 juin 1906. Le 22 avril 1908, le
premier puits est foncé et l'exploitation industrielle commence en 1910.
1911 (31 mai) : Adoption de la Constitution d'Alsace-Lorraine.
1848 : Victor Schoelcher, homme de gauche d'origine alsacienne, est nommé
président de la commission d'abolition de l'esclavage, il est l'initiateur du décret
du 27 avril 1848 abolissant définitivement l'esclavage dans l'empire colonial
français.
1850 : L’Alsace vote massivement en faveur du plébiscite sur l’Empire de Napoléon III.
12 décembre 1866 : Naissance à Mulhouse du futur prix Nobel de chimie Alfred Werner.
La première guerre mondiale.
1914 : Incursions de l'armée française dans le sud de l'Alsace, combats autour
de Mulhouse.
1915 : Combats au col du Linge et autour de l'éperon rocheux du Hartmannswillerkopf (aussi appelé le vieil Armand) à 17 km de Mulhouse, devenu monument national.
1871 (18 avril) : Obligation scolaire en Alsace. La France instaurera cette obligation onze ans plus tard grâce à Jules Ferry.
Pour le restant de la guerre, stabilisation du front sur une ligne Pfetterhouse Altkirch - Thann - Hartmannswillerkopf - Munster - Col du Linge - Col du
Bonhomme.
L’Alsace dans l’Empire allemand.
1918 : Entrée des troupes françaises en Alsace après l’armistice du 11 novembre.
1871 : Par le traité de Francfort, l'Empire allemand annexe l'Alsace, sauf les
environs de Belfort ainsi qu'une partie de la Lorraine. Une politique visant à
éliminer la francisation menée depuis l'annexion française est mise en place.
1872 (28 avril) : Un rescrit impérial (acte administratif écrit en réponse à une
question) institue l'université allemande de Strasbourg.
1874 (29 octobre) : Un décret institue une Assemblée régionale d'AlsaceLorraine.
1894 à 1906: C'est l'Affaire Dreyfus. Le Mulhousien Alfred Dreyfus, juif
d'origine alsacienne est accusé d'avoir livré aux Allemands des documents secrets alors que l'Alsace et la Lorraine sont sous le joug allemand. Il est
condamné pour trahison. Cette affaire divise profondément et durablement les
Français en deux camps opposés, dreyfusards (partisans de l'innocence de
Dreyfus, qui a rapidement été avérée) et antidreyfusards (adversaires de
Dreyfus). Il fut réhabilité en 1906.
1902 : Libéralisation du régime allemand et forte croissance économique : reflux de la contestation anti-allemande.
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Retour dans la République française.
1919 : L'Alsace redevient française, suite à la ratification du traité de Versailles. Landau, cependant, demeurera définitivement allemand, seul reliquat de
l'Alsace allemande depuis 1815.
Politique d'assimilation.
Le retour de la région dans le giron de la France ne s'est pas fait sans douleur
ni maladresse de la part de l'administration française.
Sur la plan culturel, l'Alsace subit une francisation forcée, il fut interdit de parler
alsacien à l'école et dans les services publics. L'ordre est donné d'utiliser la méthode d'enseignement directe dans les écoles, qui consistait à utiliser le français
sans transition.
Les Alsaciens furent divisés en quatre classes de citoyens, marquées par les
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inscriptions A-B-C-D sur leurs cartes d'identité. Ce classement des citoyens fut
établi en fonction de l'ascendance, caractéristique supposée du degré de francophilie. Chaque classe correspondant à des droits civiques différents.
Suite à la mise en place par les autorités françaises d'une politique d'épuration,
112.000 personnes seront également expulsées.
La propagande était active pour inciter les jeunes Alsaciens à s'engager dans
la Wehrmacht, mais cela n'aboutit à aucun résultat. Les jeunes Alsaciens refusaient de s'engager dans l'Armée allemande et de soutenir le régime. Les nazis
proclamaient alors à ce moment qu'on n'avait pas besoin des Alsaciens pour
gagner la guerre qui devait être rapide.
Mise en place au printemps 1919 de commissions de triage chargées de l'examen individuel des Alsaciens selon les propos, les positions prises ou leur attitude supposée.
Alfred Wahl, professeur d'histoire contemporaine à l'université de Metz, écrit :
« Seuls les fils des fonctionnaires allemands présents semblent avoir répondu à
l'appel : ils furent moins d'un millier pour les deux départements ».
Cette politique d'assimilation linguistique a mené à ce que l'on appelle aujourd'hui la Verelsässerung : la perte de l'identité germanique, l'appauvrissement
de la culture. La conscience historique et identitaire des Alsaciens disparaît, le
lien avec l'espace culturel et linguistique allemand se distend, à tel point que la
majorité des Alsaciens d'aujourd'hui ne se sent plus rien d'allemand (au sens
« ethnique » du terme), mais français. Bien entendu, le traumatisme causé par
la période nazie en est également pour beaucoup responsable, de par le rejet
qu'il a engendré chez certains de tout caractère germanique. De plus, l'absence
de connaissance historique sur la région antérieure à 1870 chez une grande
partie de la population en raison de programmes scolaires évitant soigneusement cette période (certains avancent jusqu'à 95%), joue incontestablement
beaucoup.
Le Gauleiter en charge du Reichsgau Baden-Elsaß, Robert Wagner, était
persuadé que les « frères de race » nouvellement reconquis entendraient vite
l'appel de leur sang et se sentiraient rapidement allemands, mais constatant le
nombre infime d'engagés volontaires, il conclut - non sans cynisme - que les
jeunes hésitaient à entrer dans l'armée allemande « par peur de leur famille » et
qu'ils seraient heureux de s'y voir forcés.
Le IIIème reich.
1940-1944 : Pendant l'occupation nazie, l'Alsace est annexée de fait au Troisième Reich. Il est interdit de parler alsacien ou français et obligatoire de ne
parler qu'allemand dans la région.
1944 (novembre) : La 2e DB du général Leclerc libère Strasbourg le 23 novembre, la 1re armée française du général de Lattre de Tassigny libère Mulhouse le 21 novembre tandis que les Américains tentent de repousser plus au
nord la contre-offensive allemande (dite « opération Nordwind »).
1945 : les forces françaises bloquent l'attaque allemande sur Strasbourg, au
moment de l'offensive des Ardennes, en janvier, puis jouent un rôle majeur
dans la prise de Colmar, le 2 février.
Les Malgré-nous et l’incorporation de force.
Quand fut signé l'armistice du 22 juin 1940, le cas de l'Alsace n'était pas évoqué. Ce territoire restait donc juridiquement français. Le régime nazi l'annexa de
fait en juillet suivant sans en faire la proclamation officielle.
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Au printemps 1942, à Vinnitsa, il persuada Adolf Hitler, au début fort réticent,
d'instaurer l'incorporation de force en Alsace, ce qui fut fait officiellement le 25
août 1942.
100.000 jeunes Alsaciens seront ôtés à leurs familles et envoyés de force,
principalement sur le front de l'Est, pour combattre l'armée de Joseph Staline.
30 % furent tués ou portés disparus.
De nombreux autres furent fait prisonniers par les Soviétiques. Parmi eux,
beaucoup choisirent de déserter la Wehrmacht pour se rendre délibérément à
l'Armée rouge et ainsi, en tant que Français, rejoindre le général de Gaulle et
la France libre, mais les Soviétiques n'avaient, dans leur grande majorité, pas
connaissance du drame de ces Alsaciens. Beaucoup furent donc considérés
comme des déserteurs ou des espions, et donc fusillés, victimes d'une double
méprise. Les autres ont été déportés au camp de Tambov après un passage
dans les mines de charbon de Karaganda. Dans un compte rendu du colloque
de Hambourg sur le retour des prisonniers de guerre après 1945 on peut lire :
« Les Alsaciens en uniforme allemand furent concentrés dans le camp de
Tambov et subirent le sort de tous les prisonniers de la Wehrmacht, avec des
conditions de vie très dures, un taux de mortalité élevé et des campagnes de
rééducation antifasciste. Libérés en grande majorité durant l'automne 1945, une
partie des « malgré-nous » passe pourtant plusieurs années supplémentaires
en captivité. Accusés de crimes de guerre par les Soviétiques, ils se sentent
trahis par la France libre, et utilisés comme monnaie d'échange dans les négociations diplomatiques. »
Le dernier Malgré-nous libéré est Jean-Jacques Remetter, retourné chez lui
en 1955.
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Vendredi 29 octobre 2010.
Le retour en France et l’Alsace de l’après guerre.
La route.
Une fois la guerre terminée, les Malgré-nous furent considérés par l'opinion
comme des traîtres. Ils ont également été fortement attaqués par les militants du
Parti communiste français pour leurs dénonciations de la situation dans les
camps d'internement soviétiques.
Que dire, sinon que vous savez tous ce qui en est de notre « E411 » bien
connue. Cette autoroute « du Luxembourg » qui nous mène en un peu plus de
2 heures et 200 km à Luxembourg.
L'Alsace se relève rapidement de ses ruines, poussée essentiellement par sa
position géographique. L'amitié franco-allemande instaure pour la première fois
de l'histoire une paix durable dans la région.
Jusqu’aux portes de la capitale grand-ducale nous croisons 5 fois la ligne
SNCB 162 et ce depuis Namur (à hauteur des sorties vers Sart-Bernard È 18,
Verlaine È 26, Houdemont È 29, Mamer È 2 et Strassen È 5).
Comme tous bon belge, nous ferons halte sur l’aire de repos de Berchem.
Conséquence de la rivalité hégémonique franco-allemande.
L'alternance de la domination franco-allemande, le fait pour la région d'être
toujours en première ligne de l'affrontement de ces deux grandes puissances
européennes, la crainte permanente de la guerre, les mesures prises par les
Français et les Allemands pour « assimiler » la population alsacienne, les répressions, épurations, incorporations de force, déportations, pénuries en temps
de guerre, ayant rythmé l'histoire de la région, ont laissé des traces profondes,
encore perceptibles chez une partie de la population. La quasi-totalité de la population compte dans sa famille des victimes de la dernière guerre. Le sujet est
souvent tabou, surtout en ce qui concerne les incorporés de force : les Malgrénous. La réintégration de l'Alsace dans la République ne s'est pas faite sans
difficulté. La perception du dialecte alsacien, proche de l'allemand, souvent
confondu avec cette langue par les Français, a entraîné de nombreuses maladresses mal acceptées par la population alsacienne qui ne désire surtout pas
être confondue avec ses voisins d'outre-Rhin. Une petite partie de la population
a également adopté une attitude de rejet, aussi bien envers les Français qu'envers les Allemands sans pour autant être indépendantiste. L'usage du dialecte
est encore une manière pour certains de mettre une barrière au francophone, et,
au premier abord, les Alsaciens sont plutôt réservés. Le malaise existe donc
toujours. L'Alsace, c'est un peu la « Germanie française », profondément française, attachée à la République, mais soucieuse de préserver sa germanité,
son particularisme si souvent méprisé.
Pour suivre, en direction de Thionville, Metz et Nancy, nous traversons la
Lorraine et son passé industriel. Le long de cette vallée de la Moselle, de nombreuses entreprises et industries y sont encore actives. Cette région poursuit
encore et toujours sa longue reconversion industrielle.
Ceci n’exclut pas la présence
d’une vue citadine comme celle
de la très belle cathédrale SaintEtienne de Metz, en pierre de
Jaumont jaune or, ou encore
vers un paysage plus bucolique
comme la Butte de Mousson et
ses ruines de la chapelle des
Templiers, la ville de Pont à
Mousson étant en contrebas en
bordure de rivière.
Petite note amusante, comme il
en existe partout en France, les
habitants de Pont à Mousson
sont dénommés Mussipontains.
Cathédrale Saint-Etienne Metz.
Nous contournons la ville de
Nancy par l’ouest et le sud en
grimpant et descendant la colline
bordant la ville. Quelques vues
larges de Nancy-Ville sont ainsi
accessibles.
Note(s).
Ceci termine un long chapitre de présentation de la région Alsace. Cependant, je vous avoue que cette lecture,
même si elle fut longue, aura permis à chacun de se faire une idée de la région que nous visitons lors de cette
escapade. Elle permet de se rendre compte de la diversité, tant géographique, géologique, climatique, et historique
de lieux qui sont pourtant bien peu éloignés de chez nous.
Par cette démarche, j’espère vous avoir intéressé à la découverte (ou redécouverte) de cette belle région qu’est
l’Alsace.
Dès la page suivante, nous rentrons dans le vif du sujet, c’est-à-dire notre voyage, qui nous fait découvrir quelques pans particuliers de l’Alsace.
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Claude M.
La butte de Mousson et ses ruines.
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Le Veneto propose un large choix
de menus, mélange de saveurs et
de mets de qualité, dans le but
d'apporter à vos repas une optique
d'originalité et de convivialité. Même si le restaurant est réputé pour
ses spécialités de viandes, sa carte variée vous permet également
de savourer des poissons fraiset
assiettes de saison. »
La flammekuche alsacienne.
Vue de Nancy depuis la A31.
Nancy sous la neige.
C’est à Nancy qu’est installé la première ligne de T.V.R. de France (Transport
sur Voie Réservée). On parle aujourd’hui de tramway sur pneu pour des raisons
commerciales car il s’agit en fait d’un système de bus guidé par un rail central
alimenté électriquement par perches comme un trolleybus.
Si vous souhaitez dès cet instant vous plonger dans l’ambiance culinaire alsacienne nous vous invitons à prendre un plat typiquement régional tel que la
« flamme-küche ». Il s’agit d’un plat traditionnel alsacien composé d’une fine
abaisse de pâte à pain rectangulaire recouverte de crème épaisse et/ou de crème et fromage blanc, garnie de lardons, d’oignons crus en rondelles, puis rapidement cuite au four très chaud. Il existe d’autres accompagnements, mais il
devient habituel de trouver toutes sortes de garnitures, à la façons des pizzas.
Peut-être vous rappelez-vous le fameux G.L.T. (Guided Light Transit) qui a
roulé au Heysel lors du congrès UITP en 1985 et d’une ligne entre Jemelle et
Rochefort dans les Ardennes (ancienne L 150 Jemelle - Houyet aujourd’hui
RAVeL).
En poursuivant notre route, nous rentrons alors dans la région des Vosges en
suivant la vallée de la Meurthe.
Arrêt de service à Saint-Dié-des-Vosges. Restauration à la Pizzeria
« Veneto » (repas libre non compris dans le prix du voyage). Voici ce qui en est
dit sur leur site internet (extraits).
« Restaurateur et traiteur dans les Vosges, le Veneto est l'endroit idéal d'un
arrêt pour une pause déjeuner lors de la visite de la ville ou de la région. Disposant d'une terrasse plein sud arborée et à l'écart de la ville, ainsi que d'une salle
indépendante pouvant accueillir plus de 70 personnes, le Veneto peut en effet
recevoir sans souci les groupes d'excursionnistes.
Panorama de Saint-Dié-des-Vosges vu des hauteurs du Kemberg.
Nous n’aurons probablement pas le temps de visiter cette charmante bourgade
qu’est Saint-Dié-des-Vosges, mais sachez qu’elle se trouve dans le département des Vosges en région Lorraine et dans la vallée de la Meurthe. On peut y
voir une très belle cathédrale ainsi que les traces d’un campement celtique fortifié (camp de la Bure).
Elle fut aussi un lieu de rassemblement pour toutes les populations vosgiennes des alentours et est aujourd’hui
une importante ville administrative de la
région.
Située au croisement de deux axes
routiers, Nancy - Colmar et Epinal Strasbourg elle bénéficie d’un désenclavement autoroutier. Le TGV met seulement 2h20 pour atteindre Paris.
La cathédrale.
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Saint-Dié est aussi connu sous le titre
de capitale mondiale de la Géographie.
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Nous entrons maintenant dans le vif du sujet.
Après le passage du Col du Bonhomme (947 m), descente vers la vallée du
Rhin, Lapoutroie et Kayserberg.
Lapoutroie est la première étape gastronomique de notre voyage. Nous y
visitons le « Musée de l’Eau de Vie ». Voici quelques informations tirées du site
internet du Musée.
Au centre du village, c’est dans l’ancien relais de poste du XVIIIe siècle que se
trouve le Musée des Eaux de Vie et des Liqueurs.
Nous y découvrirons toutes les étapes de la fabrication à l’ancienne des
eaux de vie de fruits avec le matériel
d’époque : alambics, pressoirs, fûts à
porte, sirogènes, bouchonneuses, alcoomètres, moules, bouteilles, verres,
etc.
Différentes collections sont exposées : 5.000 mignonnettes, de nombreux objets relatifs à l’Absinthe, des
carafes de bistrot, des becs verseurs,
des affiches anciennes, des bouteilles du XVIIIe siècle, sans oublier 300 bouteilles de Liqueurs des années 1950 qui constituent une collection unique au monde.
C’est toute la tradition des spiritueux qui se trouve ainsi réunie.
A la culture de l’esprit s’ajoute la culture du goût. Dans l’ancienne écurie, vous
pourrez déguster et acheter les meilleures eaux de vie et liqueurs de fruits de
René de MISCAULT, artisan distillateur, installé aussi à Fougerolles, Capitale
du Kirsch et berceau des eaux de vie de fruits.
Avec plus de 700.000 visiteurs par an, la visite du Musée s’impose pour tout
séjour dans l’Est.
◄ alambic
Pompe ►
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mesure
La plus riche collection de liqueurs des années 50 !
La dégustation.
Lors de celle-ci vous pourrez vous familiariser avec les différences entre
« Eaux de Vie et Boissons spiritueuses », « Liqueurs », « Crèmes » et
« Apéritifs ».
LES EAUX DE VIE ET LES BOISSONS SPIRITUEUSES.
Issues de la fermentation ou de la macération de fruits, nos eaux de vie et nos
boissons spiritueuses sont distillées dans la distillerie à Fougerolles. Le choix
des fruits est primordial, le suivi de la fermentation, la distillation et enfin le vieillissement sont les étapes importantes pour obtenir la meilleure qualité.
Sont présentées, la « vieille Poire », le « Kirsh » ou « eau de Cerise », la
« Mirabelle », la « Framboise sauvage », l’ « Alizier » (à base de de fruits de
la forêt - Sorbus Torminalis), la « Gentiane », le « Sorbier », l’ « Eglantine », le
« Houx », le « Coing », l’ « Ache odorante » et le « Gingembre ».
LES LIQUEURS.
Obtenues par macération et ou distillation, les liqueurs contiennent au minimum 100 g de sucre par litre. Ce sont donc des produits plus doux que les Eaux
de Vie, mais comme la plupart des nôtres ont un degré de 35 % vol. ce sont des
digestifs assez sérieux.
Sont présentées la « liqueur de Poire William », la « liqueur de Mirabelle »,
la « liqueur de Framboise », la « liqueur de Sapin des Vosges », la « liqueur
de Gingembre », « la liqueur de Mandarine », la « liqueur de Menthe », la
« liqueur de Châtaigne » ….. ….. L’imagination ne manque pas et il y en a
pour tous les goûts.
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LIBERTINE AUX PLANTES D’ABSINTHE.
LES CREMES.
Concentré de fruits, les crèmes sont des liqueurs, dont la teneur en sucre est très importante de l’ordre de 200 à 450 grammes par litre.
Elles se consomment en petite liqueur, leur degré
de 18% en vol. permet de nombreuses utilisation
dont le fameux « KIR », qui devrait son nom à un
blanc cassis servi en 1954 à Kroutchev, par le
Maire de Dijon le fameux Chanoine Kir.
Sont présentées, la « crème de Cassis », la
« crème de Mirabelle », la « crème de Framboise », la « crème de Mûre », la « crème à la Fraise des Bois », la « crème de Myrtille », tous les
fruits du jardin ou de la forêt sont utilisés ; la
« crème de Pêche » et la « Crème de Cerises
noires », sont les deux championnes du musée.
LES APERITIFS.
Cette gamme un peu hétéroclite, comprends divers produits très différents de
goût et de fabrication. On y retrouve :
le « Guignolet Kirsch », la « Gentiane à Paul », le « Baranis », l’ « Amer
Bière à la Mirabelle », le « Blue Roy », la « Libertine » et des apéritifs originaux comme l’ « Exotic’ranberry », la « liqueur de Violettes », la « liqueur de
Rose », la « Mazana Verde », Le « Curaçao Bleu », la « liqueur de Géranium », la « liqueur de Châtaigne » et la « liqueur de Pain d’Epices ».
Avant d'être une boisson, l'Absinthe est une plante vivace de la famille des
armoises. Son feuillage se caractérise par des feuilles argentées très découpées. En été apparaissent des petites fleurs. C'est à cette période qu'a lieu la
récolte. On recense différents types d'Absinthe : Artemisia Absinthum (la plus
répandue), Artemisia Pontica, Artemisia Camphorata, etc.
Cette plante poussait comme de la mauvaise herbe dans certains endroits,
souvent en friche. C'est pourquoi, tout naturellement, on l'a distillée en très grande quantité, associée à d'autres plantes plus aromatiques comme l'anis. Avec le
lancement de « Libertine », la Distillerie a créé une plantation expérimentale
d'Absinthe. Celle-ci permettra à terme de contrôler la qualité issue de notre propre production.
Petit rappel historique.
A la grande époque de l'Absinthe, celle-ci titrait environ 75 % vol. Il était donc
normal d'y ajouter un peu d'eau sucrée avant de la consommer. Seulement, certains la consommaient pure et généralement ils en buvaient plusieurs verres, et
souvent plus que de raisons. Ce qui explique pourquoi, on disait que la « Fée
Verte » rendait fou. Elixir mythique du 19e Siècle, Muse de nos peintres et poètes (Van Gogh, Toulouse-Lautrec, Gauguin, Verlaine, Rimbaud, etc.), l'Absinthe
devient illicite. Elle disparaît des comptoirs en 1915.
En 1922, après sept années d'abstinence, les Français retrouvent le plaisir
d'un nouvel apéritif qui se substitue à l'Absinthe : les anisés. Limités à 35 %
vol., les anisés subissent une taxation supplémentaire par rapport aux autres
spiritueux.
En 1951, le degré de commercialisation
est définitivement fixé à 45 % Vol.
En 1973, la taxation des autres spiritueux est alignée sur celle des anisés.
En 1990, la consommation des anisés
représente 50 % de la consommation totale des spiritueux.
Pour terminer ce voyage au pays des eaux de vie, il nous reste à découvrir l’Absinthe. Tournez la page pour tout savoir sur … l’Absinthe.
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En 1998, l'Absinthe ou plutôt un spiritueux à l'Absinthe, et maintenant une
boisson spiritueuse aux plantes d'Absinthe est de nouveau autorisé au niveau
européen. Toutefois, il faut respecter
scrupuleusement certaines conditions et
surtout ne pas dépasser les seuils autorisés en thuyone : 0.35 mg par litre.
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En 2002, enfin, les derniers obstacles administratifs sont franchis et notre Absinthe, spiritueux aux plantes d'Absinthe, peut enfin être mise sur le marché.
« Libertine », un vent de liberté.
Après cette dégustation, nous reprenons la route vers Colmar en passant par
Kaysersberg, très beau village entouré de vignobles, ou l’on peut voir de nombreuses maisons à colombages. La ville est dominée par les ruines du château
du même nom. Kaysersberg signifie littéralement la « montagne de l’empereur ». C’est aussi la cité natale du docteur Albert Schweitzer. Petit arrêt si le
temps et la météo le permet.
« Libertine » a été élaborée d'après notre recette datée de Juin 1894. Il s'agit
donc d'un produit authentique. Il est réalisé uniquement à partir de plantes et de
graines. De même, la couleur est obtenue par infusion de Pontical, dans le produit fini. Les plantes principalement utilisées sont l'Absinthe, l'Anis et d'autres
gardées secrètes . Chacune de ces plantes macère séparément. A l'issue de la
macération, chaque plante est distillée individuellement. Ensuite, un assemblage
des distillats permet d'obtenir le produit presque fini. En effet, après assemblage, le produit obtenu subit une deuxième macération avec des plantes pour lui
donner sa belle couleur verte.
L'étiquette de « Libertine » est tirée d'un tableau que nous avons spécialement commandé à un jeune artiste vosgien. Il représente bien sûr une scène de
consommation d'Absinthe dans un bistrot. Depuis 1998, on sent un regain d'intérêt considérable pour l'Absinthe en France, mais aussi en Allemagne, Belgique, Suisse, USA, Japon, etc.
Vues de Kaysersberg : le château, la maison natale d’Albert Schweitzer et des
maisons au bord de la Weiss.
Encore un peu de route et Ammerschwihr est la deuxième étape gastronomique du jour. Nous allons y visiter la « Cave René Fonne » et encore faire plaisir
à nos papilles. Cette fois se sera une dégustation de vins d’Alsace.
Conseils de dégustation.
La « Libertine » titrant de 55 % à 72% vol. d’alcool, on ne la consomme généralement pas pure, mais tel que cela se faisait à l'époque flamboyante des bistrots à Absinthe. Pour cela, on verse un peu d'Absinthe dans le fond d'un verre. On pose une cuillère percée sur le verre, puis un sucre sur la cuillère. le rituel
peut commencer ! On verse de l'eau bien fraîche très lentement sur le sucre.
Celui-ci va s'imbiber d'eau, puis va se dissoudre lentement. L'eau sucrée passe
alors par les trous de la cuillère et peut ainsi se mélanger à l'Absinthe. En principe, lorsque le sucre est complètement dissout c'est que l'on a la bonne quantité d'eau. Certains l'aiment, surtout celle à 55% vol. pure, éventuellement sur
glace : on the rock.
Avant de passer à l’action, découvrons un peu ce qu’est la route du vin d’Alsace.
La route du vin d’Alsace.
Inaugurée en mai 1953, la Route du Vin d'Alsace s'étire de Marlenheim à
Thann, sur 80 kilomètres à vol d'oiseau. En fait elle a une existence plus ancienne, puisqu'elle longe la route antique qui passait au pied des collines sousvosgiennes. Son appellation moderne a eu le mérite de la faire connaître aux
touristes et de leur proposer de découvrir toutes les richesses d'une région remarquable, aussi bien par ses paysages que par son patrimoine historique et
artistique.
La vigne semble déjà avoir été connue dans la région dès l'Antiquité. L'écrivain
romain Pline l'Ancien (Ier siècle après J.-C.) affirme qu'elle existait de son
temps chez le peuple gaulois des Séquanes, qui habitaient la Franche-Comté
et la Haute-Alsace actuelles. Après le choc des grandes invasions, la viticulture
réapparaît dans les textes du haut Moyen Age. Les domaines royaux et les premières abbayes fondées aux VIIe et VIIIe siècles possédaient des vignes. N'a-ton pas besoin de vin pour le sacrifice de la messe ?... Rapidement le vin d'Alsace devint un produit commercial exporté dans la vallée du Rhin.
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A partir du XIIe siècle, les témoignages se font de plus en plus nombreux sur la
viticulture alsacienne. Ce vignoble devait d'ailleurs s'étendre sur une bien plus
grande surface qu'aujourd'hui. Dans presque toutes les localités, sauf celles
situées trop haut en montagne, existent encore des lieux-dits rappelant que la
vigne y fut jadis plantée. La plupart de ces vignes produisaient un vin de
consommation courante, destiné au marché local.
Mais au XIIIe siècle apparaissent les « vins nobles » (Edelwein), destinés à la
vente au loin. Certaines localités se firent un grand renom en encourageant et
même en obligeant les vignerons à planter des cépages nobles. Le règlement
de 1575 à Riquewihr interdit toute plantation de cépages ordinaires. De tels
règlements étaient édictés pour favoriser la commercialisation du vin. Comme
quoi les préoccupations des spécialistes modernes ne datent pas d'aujourd'hui.
Ce commerce actif des vins en direction principalement de la Suisse, de l'Allemagne et des Pays-Bas fit la fortune des localités viticoles du piémont vosgien,
les seules à produire des vins de qualité. Cette richesse se traduit encore aujourd'hui par des réalisations architecturales d'une grande valeur. La prospérité
aidant, les vignerons aisés purent se faire construire de belles maisons à décor
sculpté. Le rez-de-chaussée, bâti en pierre, abrite la cave à demi enterrée, où
l'on accède par une porte voûtée en plein-cintre. La maison vigneronne typique,
élevée perpendiculairement à la rue, est bordée par une cour sur laquelle donnent les dépendances indispensables : cellier, écuries, grange.
La viticulture alsacienne traversa une grave crise dans la seconde moitié du
XIXe siècle. La rude concurrence des vins du Midi, arrivant massivement grâce
au chemin de fer, porta un coup à la production de vins ordinaires. De même
l'essor de la production de la bière changea les habitudes. Là dessus arrivèrent
des maladies et des parasites jusque-là inconnus (mildiou, oïdium, phylloxéra).
Du coup la viticulture s'effondra et les surfaces plantées de vignes reculèrent
devant les vergers, d'entretien plus facile. Le vignoble disparut presque complètement de la plaine, du Sundgau et des vallées vosgiennes, au-dessus de 400
mètres.
Finalement, les vignerons alsaciens accomplirent un dur travail de reconversion vers un vignoble de qualité. Ce fut chose faite dans l'entre-deux guerres.
Puis il fallut se lancer à la conquête du marché français, jusque-là peu habitué
aux vins blancs secs. La création de la Route du Vin arriva à point nommé et
les vins d'Alsace ont maintenant leur place à part entière parmi les vins français.
Contrairement aux autres vignobles français, les vins d'Alsace sont d'abord
désignés par l'indication du cépage, avant celle de la localité d'origine. Il y a là
une sorte d'égalité sur les étiquettes qui cache de profondes différences selon
les terroirs. C'est d'ailleurs pour valoriser les meilleurs crus que vient d'être
créée l'appellation « Alsace Grand Cru », réservée aux terroirs produisant des
vins d'élite. On distingue donc sept cépages ayant droit à l'appellation sur l'étiquette, plus un vin de coupage.
Un premier groupe comprend quatre cépages donnant des vins sans prétention exagérée. Le SYLVANER, introduit au début du XIXe siècle, produit un vin
léger, parfois un peu pétillant, très agréable à boire au début du repas. Le PINOT BLANC (dit aussi KLEVNER) et son cousin l'AUXERROIS donnent des
vins alliant fraîcheur, corps et souplesse. On peut les servir partout où s'impose
un bon vin blanc sec. Associés au CHASSELAS ces cépages donnent l'EDELZWICKER, qui allie les qualités des trois vins précédents.
Le second groupe comprend les vins nobles par excellence, qui offrent les
meilleures sensations olfactives et gustatives. Le TOKAY d'Alsace a connu récemment quelques déboires : certains technocrates ont cru bon le débaptiser en
PINOT GRIS. Malgré cela, il reste un vin remarquable, capiteux et volontiers
très corsé. Le RIESLING, apparu au XVIIIe siècle, est considéré comme le vin
d'Alsace par excellence, très différent de son homologue allemand. Vin sec, il
possède un bouquet et un fruité délicat avec une pointe d'acidité. Le MUSCAT
est un vin sec, au bouquet très particulier et au fruité délicieux, donnant l'impression de croquer des raisins.
Le GEWURZTRAMINER aux baies roses est certainement le cépage le plus
authentiquement alsacien. Corsé et bien charpenté, il possède un bouquet
d'une rare élégance, compagnon tout trouvé des plats raffinés. Le PINOT NOIR
est le seul rosé d'Alsace, sec et délicatement fruité. Certains vignerons en tirent
maintenant un vin rouge assez surprenant, d'un fruité et d'un bouquet remarquables.
Enfin, le CREMANT D'ALSACE, d'origine assez récente, se présente comme
un agréable mousseux. Elaboré rigoureusement selon la méthode champenoise, généralement à partir de pinot blanc, il fera pétiller les bons moments. A la
suite de cette savoureuse évocation, il ne reste plus qu'à passer à la dégustation et de partir à la découverte des paysages de la Route du Vin d'Alsace.
Je laisse maintenant à nos hôtes de la maisons René Fonne le soin de vous
présenter les vins d’Alsace.
De nos jours, le vignoble d'Alsace s'étend sur environ 13.000 hectares, répartis entre quelque 28.000 exploitations. Les petits et moyens propriétaires dominent donc. Une grande partie des viticulteurs vendent leurs raisins à des négociants ou à des coopératives. La production annuelle varie entre 600.000 et
1.000.000 d'hectolitres, classés en Appellation d'Origine Contrôlée (A.O.C.).
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Pour terminer cette visite, voici quelques mots concernant la ville d’Ammerschwihr.
Le nom d'Ammerchwihr provient vraisemblablement du nom d'un chef alémanique « Almaric » et du latin « villare » qui veut dire domaine. Aujourd’hui cité
calme et fleurie dans le vignoble et la forêt, plusieurs fois primée sur le plan national au concours des Villes et Villages fleuris, elle fut réduite en cendres en
1945. Depuis lors, elle fut totalement reconstruite.
Si le lieu fut probablement déjà occupé dès la période de l’âge du bronze, ce
fut une cité florissante au 16e siècle dont il subsiste quelques très beaux monuments et vestiges. Il y a, entre autres, la Porte Haute du 13e s., les tours des
Bourgeois et des Voleurs, l’église Saint-Martin (sculptures 15e-16e s.), et la
façade de l'Ancien Hôtel de Ville en style Renaissance. C’est aussi le berceau
de la « Confrérie Saint-Etienne » et son célèbre lieu-dit « Kaefferkopf » est
bien connu comme colline portant un vignoble de qualité.
Quelques images d’Ammerschwihr.
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Dernière étape du jour, Colmar, ou nous nous installons à l’hôtel Mercure
Centre Unterlinden. Cet hôtel est idéalement situé à quelques centaines de
mètre du centre ville piétonnier, rue Golbéry. Pour ceux que l’internet démange,
il y a du Wifi dans les chambres.
Dès l’installation en chambre terminée, nous partons à la découverte pédestre
de la ville. Voici de quoi se préparer à cette découverte.
COLMAR.
La ville est attestée sous les formes « Columbrensi » au VIIIe siècle et
« Columbarium » en 823. Apparemment le nom est issu du latin
« Columbarium », pigeonnier, colombier et dans ce cas est homonyme de tous
les Colomars, Collemiers, Colmier, Coulmiers, etc.
Le site de Colmar accueille ses premiers habitants vers 3.000 avant J-C. Il
s'agit d'agriculteurs venus du Danube, dont subsistent quelques vestiges : tombes, tessons de poterie et ossements.
Entre 1.200 et 800 avant J.-C. apparaissent les premières tribus celtes dont on
a découvert plusieurs urnes funéraires.
Mais ce sont surtout les contemporains de l'âge du fer qui, à partir de 800
avant J-C, vont laisser d'importantes traces de leur occupation : des tombes,
des urnes et des tumuli voisinent avec des armes, des ornements et des ustensiles de la vie quotidienne.
Les Raurarques ou Rauraques dont la capitale est Argentovaria, (le futur
Horbourg) au moment de l'invasion alamane défendent la Villa Columbaria.
En 378 l'empereur romain Gratien soumet ces envahisseurs germaniques,
dont des contingents entiers vont intégrer l'armée romaine et qui dès lors vont
commencer à coloniser la région.
Ces auxiliaires alamans ne parviendront pas à s'opposer, malgré une
résistance acharnée, au passage
du Rhin par d'autres tribus germaniques et orientales, comme les
Huns, en 406.
Cependant, les colons alémaniques vont devenir peu à peu majoritaires au sein d'une population
gallo-romaine, ce qui entraine la
disparition du bas-latin, alors parlé
Colmar, carte ancienne.
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dans la région par ces derniers qui vont adopter le germanique.
L'aristocratie alémanique va finalement être défaite et massacrée par les
Francs mettant un terme au conflit multiséculaire qui oppose ses deux fédérations de peuples germaniques. La région de Colmar va alors être dominée par
les clans mérovingiens et christianisée.
Mais ce n'est qu'à l'époque carolingienne qu'existe avec certitude un domaine
royal, véritable petite capitale appelée dans le texte « Notre fisc nommé colombier » et c'est le premier document écrit mentionnant Colmar, et daté de 823,
quand Louis le Pieux fait don d’un domaine dans la région de Columbarium, à
l’abbaye de Munster.
La commune se développe progressivement et accède au statut de ville au
début du XIIe siècle (1226), sous la suzeraineté de l’empereur Frédéric II de
Hohenstaufen. C’est à cette époque que commencent à s’installer diverses
communautés religieuses, telles que les Franciscains, les Dominicains et les
Augustins.
Colmar, ancienne ville libre du Saint-Empire romain germanique (une charte
de franchise est octroyée à la ville par Rodolphe de Habsbourg en 1278),
comptait parmi les dix villes de la Décapole d’Alsace depuis 1354.
En 1469, l'archiduc Sigismond, qui représente l'empereur d'Allemagne en
Alsace, a d'impérieux besoins d'argent. Charles le Téméraire lui consent un
prêt mais réclame en gage une partie de la province. Dans la région concédée, il
délègue un bailli, Pierre de Hagenbach. Sa cruauté est telle que les villes d'Alsace se hâtent de rembourser le Téméraire. Mais Hagenbach refuse de céder
la place. Battu et fait prisonnier, il est condamné à avoir la tête tranchée. L'honneur de l'exécution revient au bourreau de Colmar. La tête de Hagenbach, momifiée, est conservée au musée d'Unterlinden, ainsi que le glaive du bourreau.
Les troupes du Roi de France Louis XIV occupent Colmar par surprise en
1673. C'est le sac de Turckheim et la peur de subir les mêmes atrocités qui la
poussera à se soumettre aux Français, qui l'annexent en 1680. Elle devient
alors le siège du Conseil souverain d'Alsace.
En 1789 elle compte environ 11.000 habitants.
Après la cession à l’Empire allemand suite au traité de Francfort (10 mai
1871), elle devient chef-lieu du district de la Haute-Alsace dans le Reichsland
d'Alsace-Lorraine jusqu'à la signature du traité de Versailles (28 juin 1919)
mettant fin à la Première Guerre mondiale.
Lors de la Seconde Guerre mondiale, après la défaite française de 1940, Colmar est annexée de facto comme le reste de l'Alsace au Reich nazi. Elle reste
cependant juridiquement sous souveraineté française.
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Le 2 février 1945, Colmar est la dernière ville alsacienne à être libérée de
l'occupation nazie, après une longue résistance de la poche de Colmar. Elle est
l'une des dernières villes de France à être libérée.
Un peu de tourime à Colmar.
XVIe siècle, les quatre évangélistes, les pères de l'Eglise, des figures allégoriques et des personnages et scènes bibliques.
La Maison des Têtes, construite en 1609 pour le compte du marchand Anton
Burger, est ce bel édifice de la Renaissance allemande, et doit son nom aux
têtes ou masques grotesques qui ornent une riche façade sur laquelle s'élève un
oriel de trois étages. Le pignon de l'édifice est surmonté d'une statue de Bartholdi représentant un tonnelier (1902).
« On dit de Colmar que c'est un condensé de l'Alsace dans ce qu'elle a de plus
typique. Colmar est aussi une ville de plaisirs et ville gourmande par excellence.
Restos prestigieux et winstubs, sortes de tavernes gourmandes qui offrent des
plats du terroir, s'y côtoient. »
Colmar, ville d'art et d'histoire, très restaurée et entretenue, en grande partie
« piétonnière » ou « semi-piétonnière » attire chaque année près de 3.5 millions
de visiteurs du monde entier provenant principalement d'Europe, d'Amérique et
du Japon.
La ville possède un grand nombre d'anciennes constructions typiques de l'architecture alsacienne (maisons à colombages) et de la Renaissance allemande ainsi que plusieurs églises de style gothique.
La partie la plus connue de la ville est « La petite Venise ». Ce quartier doit
son nom à l'alignement original des maisons de part et d'autre de la rivière
Lauch qui dessert le sud-est de la ville. Nous sommes au cœur du quartier maraîcher de la Krutenau qui s'étend autour de la rue Turenne que le maréchal
emprunta en 1674 pour son entrée triomphale dans la ville.
La maison des têtes et la collégiale Saint Martin.
Le Koïfhus, l'Ancienne Douane, centre commercial et économique de Colmar
est achevé en 1480 et demeure le plus ancien bâtiment public local. Il vient de
retrouver sa silhouette d'origine après la restauration de la balustrade Renaissance qui avait été enlevée il y a plus de vingt ans. Le rez-de-chaussée servait
d'entrepôt et de lieu de taxation des marchandises importées et exportées. La
salle de l'étage abritait les réunions des députés de la Décapole.
Rue des Boulangers, centre historique et Petite Venise.
La maison Pfister est un des symboles du vieux Colmar. Elle porte le nom
d'un de ses propriétaires du XIXe siècle. Construite en 1537 par le chapelier
Ludwig Scherer elle est encore médiévale dans sa conception. Elle est construite en pierre et en bois avec une très longue galerie de bois et un oriel d'angle
sur deux étages. Sa décoration est par contre de style Renaissance. Les peintures qui décorent les façades représentent les empereurs germaniques du
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Le marché couvert a été réalisé en 1865
par l'architecte Louis-Michel Boltz. Cet
édifice, en brique et pierre de taille avec
charpentes métalliques supportées par
des colonnes de fonte, a conservé sa
fonction première : celle de marché. Tous
les jeudis s'y déroule une partie du très
coloré marché de Colmar qui s'étend sur
l'ensemble du quartier des Tanneurs
derrière le Koïfhus. La petite niche dans
l'angle sud-ouest abrite la statue du vigneron, de Bartholdi (1869).
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Le Koïfhus ou Ancienne Douane.
Samedi 30 octobre 2010.
Cette journée, deux groupes se forment. Les « passionnés du chemin de fer »
prennent la route de la « Cité des Trains » à Mulhouse, tandis que le « groupe
des Dames » se rendra à l’ « Ecomusée d’Alsace ».
L’écomusée d’Alsace en quelques mots.
Quai de la poissonnerie et musée Unterlinden.
Ceci était un petit aperçu de Colmar. Une fois de plus je cède la parole à notre
guide qui nous emmène, 1h ½ durant, dans les ruelles et lieux typiques de la
ville. Il vous présentera de nombreux autres lieux et vous raconteras certainement quantité d’anecdotes.
Pour les « ferrovipathes », sachez qu’il existe à Colmar un « Musée du jouet et
des Petits Trains ».
P.S. : les habitants de Colmar s’appellent les Colmariens, colmariennes.
Pour terminer cette journée en beauté nous nous rendrons au restaurant Unterlinden.
Site exceptionnel, l’Ecomusée d’Alsace est ouvert au public depuis 1984 et a
déjà accueilli plus de 6,5 millions de visiteurs. Grand musée vivant, il est le plus
important musée à ciel ouvert de France et l’un des plus riches et des plus prestigieux d’Europe. Il a été créé de toutes pièces sur une friche industrielle des
mines de Potasse d’Alsace, situé à proximité de la commune d’Ungersheim.
Village alsacien reconstitué, il rassemble aujourd’hui plus de 70 maisons et
bâtiments de la campagne alsacienne qui, à l’initiative de bénévoles passionnés,
ont été démontés puis reconstruits sur un même site, les sauvant d’une démolition programmée.
On peut y voir, maisons à colombages, maisons d’ouvriers, boutique, mairie,
tour fortifiée, Halle des fêtes, ferme, école, lavoir, jardins, champs, ateliers d’artisans, gare, chapelle, scierie, moulin, école... généralement anciennes
(certaines datant du XVe siècle) et visitables, où des acteurs costumés, dont
certains sont bénévoles, présentent les travaux traditionnels de la région au
moyen d’outils d’antan : forgeron, charron, tonnelier, scieur, sellier, menuisier,
boulanger…).
Au menu
Quiche au Munster, salade verte
Paleron de bœuf au pinot noir
Crème caramel
Boissons non comprises
Bon appétit !
En un quart de siècle, la nature a également repris ses droits : champs et cultures ont été développés par l’homme ; la rivière et la forêt abritent une faune
étonnante.
Le village de l’Ecomusée d’Alsace est un véritable « condensé » de l’Alsace
et de sa culture, permettant, en un seul site, d’en saisir toute la quintessence.
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Au rythme des saisons, le village vous invite à découvrir les Arts et Traditions
Populaires régionaux à travers la vie d’un village du début du siècle. Tout comme le patrimoine alsacien, nul ne peut connaître le village et ses moindres recoins physiques et culturels en une seule fois.
Ateliers participatifs artisanaux et culinaires, dégustations en cuisine, rencontre
avec nos villageois (artisans, maîtresse de maison, instituteur, paysans et fermiers...), expositions permanentes et temporaires, découverte et soins aux animaux, promenades à travers notre site exceptionnel,...
Le village offre de nombreuses possibilités. Vous ne vous promenez pas ici en
tant que spectateurs : vous êtes acteurs de votre histoire et de votre vécu dans
notre musée. A vous de choisir comment vous voulez vivre l’Ecomusée d’Alsace. Ainsi, la visite y est, à chaque fois, unique, extraordinaire et différente.
Découvrez de nombreux lieux d'animations et de médiations tels que :
La Chapelle, chemin de la Chapelle ;
La Charronnerie, rue du Landsgraben ;
La collection d’art funéraire, chemin du Repos ;
La Cordonnerie, 10 rue du Vignoble ;
La Distillerie, 3 rue du Vignoble ;
L’Ecole, 1 rue du Sundgau ;
L’embarcadère 1, Terrasse de Gommersdorf ;
L’embarcadère 2, Place de l’Eden ;
La Forge, 1 rue des Chèvres ;
Le Hangar de Battage, Place de Battage ;
L’Huilerie, 5 rue du Sundgau ;
La maison des Goûts et des Couleurs, 5 Place des Charpentiers ;
La Poterie, 3 Grand’Rue ;
La Saboterie, Cour du Sabotier ;
La sellerie, 4 Place des Charpentiers ;
La Scierie, Esplanade de la Scierie, à côté de la Gare ;
La Tonnellerie, 5 rue du Lansgraben ;
La Boulangerie - Jardin d’été, 6 rue du Vignoble ;
L’Echope de Suzel, 3 Grand’Rue ;
Le Bouquiniste - Kiosque de la Gare, 18 Place de la Gare ;
Le Restaurant La Taverne.
Il comporte également un très grand carrousel-salon : « l’Eden Palladium »,
datant de 1909, un manège et un bâtiment entièrement démontables. C'était un
lieu autrefois réservé aux adultes, qui aujourd’hui fait la joie des enfants et qui
fonctionne depuis toujours à l’électricité (autrefois à l’aide d’une génératrice à
vapeur), les autres modèles de l’époque ayant disparu, bien souvent dans des
incendies. Le Stoomcarrousel (carrousel à vapeur), datant de 1895, est un des
très rares autres exemplaires de carrousel-salon. Celui-ci se trouve à Efteling,
un parc d'attractions aux Pays-Bas.
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Plan de situation de l’écomusée d’Alsace.
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Un film de 4 mn présente au visiteur l’histoire du musée, des premiers jours à
la Cité du Train. Pendant toute la rénovation, une équipe de reporters a suivi
les travaux, les déplacements des machines, la mise en place de la nouvelle
scénographie, des éclairages, etc. Le visiteur peut ainsi mesurer l’ampleur des
changements effectués pour une véritable renaissance de la Cité du Train.
La Cité du Train.
Située à Mulhouse en Alsace, la Cité du Train est le plus grand musée européen du chemin de fer. Récemment rénovée, la Cité du Train présente, dans
un immense espace animé, des grands thèmes de l’histoire du chemin de fer, à
partir de magnifiques locomotives et wagons.
Histoire
Le premier musée.
Ce musée est né d’un projet visionnaire porté par deux amoureux du rail, le
mulhousien Jean-Mathis Horrenberger et le parisien Michel Doer, qui ont tenu
à implanter, dans les années 60, un musée du chemin de fer à Mulhouse, carrefour international.
Après bien des vicissitudes, une décision du 6 juin 1969 du Ministre des Transports a habilité la SNCF à déposer son matériel historique dans ce futur musée.
Après une installation provisoire au dépôt désaffecté de Mulhouse Nord de
1971 à 1976, le Musée National du Chemin de Fer de Mulhouse a ouvert en
juin 1976 dans son site définitif. Le succès populaire a été au rendez-vous, avec
jusqu’à 200.000 visiteurs par an.
Du musée à la cité du train.
L’Association du Musée du Chemin de Fer, avec le soutien de la SNCF, a
décidé de rénover de fond en comble le musée pour en faire le plus beau musée
du train d’Europe. 8.6 M € ont été investis dans ce projet sans précédent par la
Direction Régionale des Affaires Culturelles d'Alsace, la Région Alsace, le
Département du Haut-Rhin et la Ville de Mulhouse.
Histoire du chemin de fer.
Voici les cinq grandes étapes de l’histoire du chemin de fer.
L'invention du chemin de fer (1550 - 1830) : au commencement était le rail de
mine, connu en Europe depuis le XVIe Siècle. Puis, en 1771, le français Cugnot
a inventé son Fardier, le premier véhicule à vapeur. La rencontre du rail et de la
vapeur a rendu possible le chemin de fer.
La fièvre du chemin de fer (1830 - 1914) : L’effort a été gigantesque : 50.000
terrassiers ont été employés pendant 40 ans en Angleterre. Dans toute l’Europe, le chemin de fer franchit les fleuves, traverse les montagnes. Des ouvrages
d’art, ponts et viaducs de portée inconnue sont construits par Stephenson, Brunel, Eiffel …
Conséquence - une société nouvelle : une « civilisation ferroviaire » est en
train de naître. Elle permet d’accélérer les déplacements des hommes et des
marchandises, de remodeler les villes autour de leurs gares et de créer des industries puissantes, dont Mulhouse était un centre important.
La crise du rail (1920 - 1960) : au cours des années vingt aux Etats-Unis, le
nombre de billets de chemin de fer vendus diminue de 43%. Dans les années
60, le nombre de voyageurs circulant dans ce pays tombe à 500 par jours, alors
qu’il était de 15.000 dans les années 30. C’est l’époque où l'on prédit la disparition du chemin de fer. En France, la crise est moins vive, mais le nombre de
passagers diminue de 50% des années ‘30 aux années ‘50, du fait essentiellement de la concurrence de nouveaux moyens de transports.
La surface d’exposition est passée à 15.000 m². Et la gestion de la Cité du
Train a été confiée pour une durée de 12 ans à « Culturespaces » pour mettre
en place son concept original de « visite plaisir ».
Le renouveau du rail (1960 - 2005) : la grande vitesse, mise en pratique pour la
première fois au Japon en 1964 avec le Shinkansen, se révèle rentable. Le
train devient aussi rapide que l’avion, de centre ville en centre ville jusqu’à des
distances de l’ordre de 500 km. Le TGV, avec ses options techniques, qui lui
donnent une stabilité exceptionnelle, remporte un succès immédiat et considérable. Il fait école en Europe. L’avenir du train semble assuré.
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Découverte du musée.
Un parcours spectacle : « Le siècle d’or du chemin de fer ».
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7 grosses machines évoquant le règne de la vapeur : en particulier la Pacific Chapelon 3.1192 Nord et la Baltic 3.1102 Nord de 1911, écorchée
sur un côté pour expliquer le cheminement de la vapeur.
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Les premières alternatives à la vapeur avec les automotrices électriques,
les autorails à essence, l’autorail Bugatti.
•
Les records plus récents, avec la BB 9004 qui a atteint 331 km/h le 28
mars 1955 et la CC 1408, l’engin le plus puissant de France, capable,
selon les cheminots, « de remorquer un train de minerai et la gare
avec ».
Un plateau de cinéma de 6.000 m², avec un mouvement permanent d'animations, de montages audiovisuels, de sons et lumières vous raconte le « siècle
d'or du chemin de fer », de 1844 à 1960.
Le visiteur est plongé au cœur de l’histoire avec une mise en scène au plus près
du réel : sons, lumières et images se relayent pour une éblouissante reconstitution des grandes thématiques du train.
6 thèmes explorent les grands moments mythiques de l’histoire du chemin de
fer :
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le chemin de fer des vacances.
le chemin de fer et la montagne.
les trains officiels .
le chemin de fer et la guerre.
les cheminots.
le voyage.
En une visite passionnante, le visiteur évolue entre les plus belles locomotives,
les trains les plus emblématiques des 19e et 20e siècles. Et, tout au long de sa
visite, personnages, projecteurs, musiques et effets spéciaux s’animent et s’accordent pour faire de cette visite un moment inoubliable.
La vapeur en action : la 231 U1.
Toutes les heures, la dernière locomotive à vapeur se met en marche pour le
plus grand plaisir des visiteurs.
Cette locomotive, mise en service en 1949, marque la fin d’un monde et l’entrée dans une ère nouvelle : celle de l’électrification et de la rentabilité.
Devant ce monstre d’acier en mouvement, le visiteur comprendra mieux la passion du mécanicien pour sa machine, à l’époque où il ne conduisait et n’entretenait qu’elle, passant une grande partie de sa vie avec elle.
L’écorché.
Le visiteur reçoit à l’entrée du musée un audio guide interactif pour écouter
dans sa langue les commentaires, les films et les différentes animations.
L’aventure ferroviaire.
L’espace consacré à « l’Aventure ferroviaire » raconte l’épopée du chemin
de fer. Le visiteur peut découvrir en particulier :
•
Les locomotives des pionniers : en particulier la n° 33 « Saint-Pierre »,
copie conforme de la Buddicom anglaise et l’Aigle de 1846 construite
par Robert Stephenson.
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Au cours de son parcours dans la halle, le visiteur sera frappé par la vision d’une locomotive au ventre écorché.
Cette Baltic Nord écorchée permet au visiteur, comme au badaud de l’Exposition Universelle de 1937 où elle fut présentée pour la première fois, de mieux
comprendre le cheminement interne de la vapeur.
Cette magnifique locomotive, comme l’autre Baltic Nord, remorquait le train de
luxe Nord Express qui longeait la Baltique. A hauteur de l’essieu central, sur le
couvre-roues, une plaque décorée d’une étoile symbolise d’ailleurs l’Etoile du
Nord.
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La Collections.
La collection présente de nombreux engins et véhicules ; en voici une liste non
exhaustive :
Les animations.
Toujours pour mieux comprendre le fonctionnement d’une locomotive, le visiteur pourra ensuite avoir un angle de vision surprenant en passant sous une
locomotive à vapeur par une fosse de visite installée comme dans un dépôt. Il
découvrira ainsi les « dessous » du train et de ses composants.
Un réseau miniature de grande dimension installé dans l’ancienne halle présente un diorama d’inspiration libre. Ce dernier évoque villes, campagnes et
montagnes, et de nombreux trains, tant actuels qu’anciens, y circulent.
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La 121 A 340, ex 340 PO
La 231 U1
La Baltic Nord 3.1102
La 1.119 NORD 231 E
L’Aigle
L’Autorail Bugatti
La BB9004
La Crampton n°80
La E1 PO
La Micheline
La PR1h
La Voiture salon Pullman
entre autres.
Voyez les images ci-jointes.
La petite gare des enfants.
La petite gare est un nouvel espace entièrement dédié aux enfants. 80 m² ont
été spécialement aménagés au sein de la Cité du Train pour leur permettre de
prolonger la visite du musée en s’amusant.
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Infos pratiques
Nous ne pouvons terminer cette journée Alsacienne sans nous réunir autour
d’une bonne table ; nous rejoignons donc « La Maisons des Têtes ».
La librairie-boutique
La librairie boutique de la Cité du
Train vous invite à prolonger votre découverte de l’histoire du chemin de fer,
de son invention au XVIe siècle à son
évolution en ce début de XXIe siècle.
Vous y trouverez un large choix de livres, de cartes postales, de DVD, d’objets
décoratifs, de bijoux, de T-shirt et d’articles de mode, inspirés de l’univers du rail
et de la collection du musée.
Un espace « collectionneurs » propose une sélection de maquettes, de modèles réduits et de beaux livres pour tous les passionnés.
Une gamme d’objets personnalisés vous permettra également de garder un souvenir original de votre visite de la Cité du Train. Vous y trouverez aussi le Catalogue du Musée présenté par Philippe Mirville, cheminot passionné et grand
spécialiste ferroviaire. Il y raconte l'évolution perpétuelle du chemin de fer, au
gré d'une promenade dans la Cité du Train de Mulhouse.
Le restaurant.
Le « Restaurant traditionnel - Brasserie - Bar - Snacking » est ouvert du
mardi au dimanche, de 11h30 à 15h. Le buffet est ouvert toute la semaine, de
11h30 à 18h.
La Maisons des Têtes.
Situé au cœur de Colmar, entre l'Eglise des Dominicains et le Musée Unterlinden, se situe un des bâtiments les plus beaux et des plus représentatifs de la
ville. Cette magnifique maison du 17e siècle est construite en partie dans l'ancien fossé du mur d'enceinte.
Pour vous mettre l’eau à la bouche, voici quelques spécialités de la Maison
des Têtes tenue par Marc Rohfritsch sont :
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Le Foie Gras d'Oie au Riesling fait Maison, Marmelade de Pomme en gelée de Muscat ;
Coussinets de Saumon cru, Chair de Crabe au Vinaigre de Xérès ;
Gaspacho aux Ecrevisses ;
Blanc de Turbot Duxeline, sauce au Vermouth ;
Osso bucco de Lotte rôtie, Sauce Pinot Noir et Courgettes frites ;
Filet de Bœuf au Foie d'Oie en Croûte de Choucroute ;
Canette Rôtie aux Epices ;
Soupe de Pêches au Rouge d'Alsace, Crème Glacée Verveine ;
Timbale de Framboises tièdes, Sabayon au Marc de Gewurztraminer.
L’audio guide : une visite passionnante.
Au menu pour le groupe
A l’entrée du musée, chaque visiteur reçoit gratuitement un audio guide lui permettant de percevoir dans sa langue les commentaires et les films du Parcours
Spectacle.
Le Presskopf à l’ancienne, petite salade parfumée aux herbes
La poularde fermière braisée au Riesling, nouilles fraîches
La tarte aux fruits à l’Alsacienne
Dans l’Aventure Ferroviaire, il peut appeler à sa convenance les commentaires
liés aux différentes machines et voitures représentatives des principales étapes
de l’histoire du chemin de fer.
Bon appétit à tous ! (Boissons à la discrétion des participants.)
Véritable guide personnel, doté de plusieurs niveaux de commentaires, l’audio
guide permet à chacun de découvrir la Cité du Train en toute liberté.
Bonne visite !
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Dimanche 31 octobre 2010.
Nous voici déjà au dernier jour de notre escapade en Alsace. Au menu, une
courte visite d’Obernai et une visite plus approfondie de Strasbourg. Ensuite,
ce sera la longue route du retour vers Bruxelles.
Obernai, berceau légendaire de Sainte Odile, fille d’Etichon-Aldaric, et patronne de l’Alsace, se situe à 20 minutes de route au sud-ouest de Strasbourg.
Elle est visitée par de nombreux touristes pour ses belles maisons à colombages.
Odile, fille d'Adalric duc d'Alsace, est née aveugle. Rejetée par son père, elle
fut cachée dans un monastère de Bourgogne et recouvra la vue le jour de son
baptême. Son frère Hugues la ramena mais, quand Adalric voulut la marier à
un jeune prince, elle s'échappa. Miraculeusement, un rocher s'ouvrit devant elle.
Adalric céda et fonda sur la montagne le couvent de Hohenbourg dont Odile
sera la première abbesse.
Ce couvent est situé à 15 km d'Obernai et est un lieu de pèlerinage d'Alsace
(on peut y visiter le tombeau de sainte Odile, la chapelle des Larmes, la chapelle des Anges et la source miraculeuse). La fête de sainte Odile est le 14
décembre.
La région d’Obernai est propriété des ducs d’Alsace au VIIe siècle. La ville
apparait pour la première fois dans les textes en 778 ; elle dépend des abbayes
de Hohenbourg et de Niedermunster. Les Hohenstauffen auraient fait construire un château à Obernai à la fin du XIe siècle. Le XIIe siècle est une période
de prospérité qui a laissé de nombreuses traces dans le paysage urbain : l'église romane dont il reste des vestiges (1140), la « Cour des Rathsamhausen ».
Vers 1240, Obernai accède au rang de ville, et devient ville impériale vers
1280. C'est également à cette époque que les bourgeois de la ville érigent une
chapelle dédiée à la Vierge, et dont le clocher sert de beffroi : le Kappelturm.
La ville prospère à cette époque. Pour se prémunir des convoitises, elle devient membre de la Décapole en 1354, ligue d’entraide de dix villes impériales
d’Alsace.
En tant que ville impériale, Obernai dépend directement de l'empereur, ce dernier s'engageant à protéger la ville qui, en échange, lui assure son appui et lui
fait parvenir subsides et hommes d'armes.
Obernai devient un petit état dans l'Empire : elle s'administre elle-même, se
dote de statuts, lève les impôts, perçoit des taxes, possède une juridiction propre, érige un gibet.
Le nom d’Obernai est d’origine germanique venant de « ober » signifiant « audessus », et d’ « Ehenheim » ou « Heim » signifie « foyer - village » et
« Ehn » la rivière.
La ville atteint son apogée au XVe et XVIe siècles. En 1562, l'empereur Ferdinand Ier du Saint-Empire se rend à Obernai.
Les armes d'Obernai se blasonnent ainsi : « parti de gueules et de sable à
une aigle brochant sur le tout ». L'Armorial de Louis XIV a changé les armes de
la « Ville d'Oberehnheim ». Les anciennes armes d'Obernai étaient : « d'or à
une aigle de sable, armée, lampassée et aux dossiers d'or » telles qu'elles apparaissent sur le vitrail de la Décapole (fin du XVe siècle).
Obernai a un Schultheiss (fonctionnaire du droit) depuis 1178, mais son pouvoir est restreint puisque dès le XIVe siècle son rôle se limite à la présidence du
tribunal des roturiers. Les revenus de la ville sont assurés par la perception de
taxes sur le débit de vin, sur la vente du sel et du fer, par les droits de mouture,
de péage, les taxes perçues aux foires annuelles, et par l'impôt sur la fortune
payé par les bourgeois.
Obernai a un règlement municipal qui régit l'ordre public ; ce règlement,
d'abord oral, est mis sur parchemin vers le milieu du XIVe siècle, et la ville perçoit des amendes versées par les contrevenants.
Blason
d’Obernai.
Place centrale d’Obernai.
Toitures remarquables
dans le centre d’Obernai.
Obernai agrandit son territoire en absorbant les villages à l'entour ou en les
acquérant ; il en est ainsi de Oberlinden, Finlay et Haywiller, Urnheim, Hohenburgweiler et Ingmarsheim, Bernardswiller
.
La ville possède une léproserie dès le XIIIe siècle, et un hôpital est fondé au
XIVe siècle ; au XIVe siècle on y trouve également trois établissements de bains.
À la fin du Moyen Age, Obernai est entourée d'une double enceinte qui est
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munie de 38 tours et de 12 portes, le tout entouré d'un fossé irrigable. Au
XVIIe siècle, la Guerre de Trente Ans fait des ravages dans la ville. Obernai
est prise par les troupes de Mansfeld, puis par les Suédois et les Impériaux.
Strasbourg.
En 1679, à la suite du traité de Nimègue, Obernai devient ville royale française et perd l'autonomie politique qu'elle avait au sein du Saint-Empire germanique (premier empire allemand). Le XVIIIe siècle est à nouveau une période de
prospérité pour la ville.
Strasbourg en français, ou « Strossburi » en Alsacien, est située dans le
nord-est de la France, sur la rive gauche du Rhin. La ville est le siège du
Conseil de l'Europe depuis 1949, siège du Parlement européen depuis 1992
et siège de la Cour européenne des droits de l'homme depuis 1998. Elle porte les titres de capitale européenne et de capitale de l'Europe.
La ville est reprise, comme le reste de l’Alsace, par l’Allemagne en 1871,
avant d'être reannexée à la France en 1918.
Septième ville de France par sa population, elle est le principal pôle économique du nord-est du pays.
Ville frontière avec l'Allemagne, Strasbourg est profondément biculturelle.
Son histoire, riche et tourmentée, a laissé un patrimoine architectural remarquable. Son centre-ville, situé sur la Grande Ile, est classé patrimoine mondial de
l'humanité par l’Unesco depuis 1988 et comprend notamment la cathédrale
Notre-Dame de Strasbourg et le quartier de la Petite France.
Une toponymie.
Obernai : la Place du Marché et le Mur d’enceinte avec sa tour.
Dernière étape du jour : Strasbourg.
Avant de faire un visite guidée de la ville et de sa cathédrale, nous nous restaurerons à la Brasserie Gutenberg sur la place Gutenberg située à deux pas
de la cathédrale. Ce restaurant présente un cuisine régionale.
Le menu est à 3 plats y compris le ¼ de vin, le ½ d’eau et le café.
Menu pour le groupe.
Quiche poireau et saumon
Palette à la diable
Melba maison
Bon appétit !
Le premier nom de la ville fut en celtique « Argantorati » ou « Argentorate »,
romanisé en « Argentoratum ». L’étymologie de ce terme est discutée, certains
y voyant un lien avec la Grande déesse celte, dont Argantia est un des épithètes et qui est identifiée avec la Lune. L’acception la plus courante voudrait que
la racine celtique « arganto » (argent, luisant) renvoie à la couleur et la brillance
argentée d'un cours d'eau, en l'occurrence de l'Ill. Rate de « rati » désigne une
levée de terre ou une fortification. Cette hypothèse affirme donc qu'
« Argentoratum » est l'enceinte sur l'Argenta, in extenso la cité de la rivière,
du fleuve. Ce nom était alors en parfaite cohérence avec la perception de ce lieu
frontière, situé à proximité du Rhin, partie intégrante du réseau de camps défendant les limites nord de l’empire romain.
A la suite de son intégration dans l'entité germanique, cette ville n'était plus
frontalière, mais au cœur du réseau des cités allemandes. Sa perception n’était
dès lors plus sur un axe fluvial et orienté nord-sud, mais routière et sur un axe
est-ouest. Strasbourg était en effet au niveau d’un des rares ponts permettant
de franchir le Rhin et de ce fait placée sur une route majeure est-ouest. Son
nom évolua alors en « Straßburg », le château (die Burg) sur la route (die
Straße), issu de « Stratiburg » nom antérieur à la mutation consonantique hautallemande mentionné pour la première fois au VIe siècle par saint Grégoire.
Un peu d’histoire.
Les premières traces d’occupation humaine à Strasbourg et ses alentours
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remontent à - 600.000 ans et de nombreux objets du néolithique, de l’âge de
bronze et de fer ont été retrouvés lors de fouilles archéologiques. C’est des environs de 1.300 av. J.-C. que date l’installation durable de peuples protoceltes.
Vers la fin du IIIe siècle av. J.-C. le site est devenu une bourgade celte du nom
d’Argentorate, dotée d’un sanctuaire et d’un marché. Grâce à d’importants travaux d’assèchement, les maisons sur pilotis cèdent leur place à des habitations
bâties sur la terre ferme. Les romains arrivent en Alsace en 58 av. J.-C. et s’installent sur le site de Strasbourg. En 12 av. J.-C. la ville devient un camp militaire fortifié. Au fil du temps, la ville va prendre de l’importance. Promue colonie
militaire, Argentorate est déjà un carrefour commercial important et aux alentours de l’an 20 la population est estimée à près de 10.000 habitants, armée
romaine incluse. La ville reste néanmoins essentiellement militaire et donc totalement dépendante de cette activité. Au cours des IIe et IIIe siècles, avec l’agrandissement de l’Empire romain, Argentoratum va servir de base de repli pour
les troupes romaines installées en Germanie.
En 260, les légions quittent la Germanie et Strasbourg redevient une ville
frontière. En 355, la ville est saccagée par les Alamans. Julien reconquiert la
ville en 357 après une victoire décisive sur les Alamans lors de la bataille de
Strasbourg. En 406 les Germains envahissent à nouveau la Gaule puis en
451, la ville est complètement détruite par Attila.
Une ville épiscopale en développement.
Elle est restaurée sous le nom de Strateburgum en 496 par les Francs qui
favorisent le développement de la ville, après la conversion de Clovis au christianisme. En effet, Argentorate est l’une des rares villes de la région à être le
siège d'un évêque, véritable gouverneur de l’époque.
En cette période de paix, la ville se développe à nouveau. Dès le VIe siècle,
sous l’impulsion de l’évêque Arbogast de Strasbourg, une première cathédrale
et un couvent sont édifiés.
Sous l’ère mérovingienne, Strasbourg devient ville royale mais reste de taille
très modeste. Au VIIIe siècle, la ville compte 1.500 habitants. Les activités sont
essentiellement agricoles mais on exporte déjà du vin, du blé et du bois de chêne vers les contrées du nord. En 842, la ville accueille Charles le Chauve et
Louis le Germanique qui s’allient contre leur frère Lothaire pour le partage de
l’Empire légué par leur grand-père Charlemagne et prononcent les Serments
de Strasbourg, le plus ancien texte rédigé en langue romane (ancêtre du français, entre autres) et en langue tudesque (ancêtre de l’allemand). En 843, le
traité de Verdun attribue Strasbourg à Lothaire. Mais peu après sa mort, en
870, la ville revient à la Louis le Germanique. En 962, Otton le Grand fonde le
Saint-Empire romain germanique et Strasbourg va connaître une période
d’expansion : au cours du XIIe siècle une nouvelle enceinte fortifiée et un hôpital
voient le jour tandis que la construction de l'actuelle cathédrale débute. En seu- 53 -
lement deux siècles, la ville passe de 3.000 à 10.000 habitants et devient l’une
des plus grandes villes du Saint-Empire.
L'enceinte fortifiée est agrandie aux XIIe et XIIIe siècles et le système défensif
des ponts couverts édifié. Les quatre tours actuelles faisaient partie des remparts, qui comptaient 80 tours, étaient reliées par des ponts couverts d'une toiture en bois, disparue au XVIIIe siècle. Elles abritaient les corps de garde mais
servaient aussi de prison. En 1201, Philippe de Souabe élève Strasbourg au
rang de ville libre. Peu après, en 1220, naît le conseil municipal. Il est alors chargé de fonctions jusque-là attribuées au clergé, notamment l’administration et la
justice. La bourgeoisie acquiert une autonomie remarquable vis-à-vis du pouvoir
épiscopal. Mais en 1260, Walter de Geroldseck est élu évêque de Strasbourg
et exige qu’on lui restitue les pleins pouvoirs. Très vite, une guerre éclate entre
les Strasbourgeois et l’armée épiscopale. En 1262, le prélat est vaincu à la
bataille de Hausbergen, par les troupes strasbourgeoises, bien aidées par Rodolphe Ier du Saint-Empire.
Strasbourg tombe alors entre les mains des plus grandes familles nobles de
Strasbourg dont les rivalités incessantes, ainsi que leur mépris des bourgeois,
finissent par agacer et en 1332 une guerre civile éclate. Le pouvoir revient alors
à la classe marchande. Au milieu du XIVe siècle, la peste envahit toute l’Europe
et atteint Strasbourg. Comme dans de nombreuses villes, les juifs sont accusés
d’avoir empoisonné les puits. Le 13 février 1349 près de 2.000 juifs sont brûlés
vifs à l’endroit de l’actuelle rue brûlée.
Strasbourg, ville libre impériale.
Affranchie du pouvoir épiscopal, Strasbourg est proclamée ville libre impériale par Charles IV. En cette période de trouble politique, la cité va cependant
accroître sa notoriété et de nombreux édifices vont voir le jour. Le commerce
fluvial se développe sous l'égide de la corporation des bateliers, chargée de
taxer les marchandises. A la fin du XIVe siècle, un nouvel agrandissement de la
ville est entrepris. Toute la cité se transforme en un véritable chantier d'églises
et de couvents, fondés par des moines ou des familles nobles. De cet ensemble
demeurent le cloître de l'église Sainte-Madeleine et celui de Saint-Pierre-leJeune. En 1439, après quatre siècles de construction, la flèche de la cathédrale
Notre-Dame est achevée. Elle est alors le monument le plus haut de la chrétienté et symbolise la puissance de la ville. Cinq ans plus tard, en 1444, Strasbourg
compte 26.000 habitants - dont 10.000 réfugiés de la guerre de Cent Ans qui
vivent extra muros - et peut lever, à tout moment, une armée de 4.500 hommes.
Son enceinte fortifiée et son impressionnant dispositif d’artillerie en font une place fortifiée de tout premier plan. La ville est à son apogée.
S’ensuit au début du XVe siècle une période de conflits qui oppose les bourgeois strasbourgeois gouvernant la ville, à la noblesse alsacienne. Ville bancaire
par excellence, Strasbourg est en effet une ville riche qui suscite la convoitise.
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La vie intellectuelle est marquée au XVe siècle par la révolution de l'imprimerie.
Né à Mayence et installé à Strasbourg depuis 1434, Johannes Gensfleisch,
dit Johannes Gutenberg conçoit l’imprimerie à caractères mobiles. Strasbourg
devient très vite un des grands centres de l'imprimerie, puisque dès la fin du
XVe siècle la ville compte une dizaine d’ateliers d’imprimerie, notamment la
prestigieuse officine des Grüninger. De fait, Strasbourg va attirer nombre d’intellectuels et d’artistes. Sculpteurs, architectes, orfèvres, peintres, horlogers, la
ville excelle dans de nombreux domaines.
Berceau de l'humanisme et bastion de la Réforme.
Le développement de l'imprimerie favorise le courant humaniste qui fait jour à
Strasbourg et qui va préparer l'avènement de la réforme protestante. En effet,
l’humanisme et la Réforme sont les faits marquants de l'époque et Strasbourg
est une des premières villes qui appelle au changement. Dès 1519, les thèses
de Martin Luther sont affichées aux portes de la cathédrale et les dirigeants de
la ville sont favorables à ce changement. La ville adopte la Réforme en 1525 et
devient protestante en 1532 avec l’adhésion à la Confession d'Augsbourg.
Strasbourg est alors l’un des principaux bastions de la Réforme protestante, ce
qui va largement contribuer à son rayonnement.
La ville devient une terre d’accueil pour les huguenots, ces protestants chassés de France pour leur croyance. Parmi eux, notamment Jean Calvin qui
s’installera plus tard à Genève.
Une période de conflits.
Dans les années 1530, l’empereur Charles Quint, catholique, entre en guerre
contre les princes protestants et leurs alliés et les vainc en 1547 à la bataille de
Muehlberg. Strasbourg va alors conclure plusieurs alliances, notamment avec
Zurich. En 1592, après d’interminables délibérations, la cathédrale est partagée
en deux avec l’élection de deux évêques : un catholique et un protestant. Commence alors la longue et ridicule guerre des évêques qui va plonger la ville dans
d’importantes difficultés financières. Ce conflit qui durera jusqu’en 1604 se soldera par la victoire des catholiques et Charles de Lorraine deviendra le seul et
unique évêque de la ville. En 1605, l'éditeur Johann Carolus commença à
Strasbourg à produire la première gazette hebdomadaire du monde au nom
de « Relation aller Fürnemmen und Gedenckwürdingen Historien » (« Communication de toutes histoires importantes et mémorables »).
Dans toute l’Europe, la tension monte entre les protestants et les catholiques
et en 1618, la guerre de Trente Ans éclate. Strasbourg, à l’abri dans ses fortifications modernisées n’intervient pas dans le conflit.
épargnée par la guerre. La ville est néanmoins isolée, financièrement affaiblie,
et n’a rien à attendre de l’Empire germanique vaincu. Le 28 septembre 1681, la
ville est assiégée par une armée de 30.000 hommes sous le commandement de
Louis XIV et deux jours plus tard, après de rapides négociations, Strasbourg
accepte la reddition.
Strasbourg, une ville du royaume de France.
Un accord est passé entre Louis XIV et Strasbourg visant à préserver les
libertés essentielles de la cité, sur les plans politique, administratif et religieux.
Par contre, elle est privée de son artillerie et de ses milices et doit accepter l'installation d'une troupe de garnison. De surcroît, un prêteur royal doit veiller à ce
qu’aucune décision ne soit préjudiciable aux intérêts du roi.
Si la ville a changé de nationalité, elle reste une ville frontière et un point de
passage important pour rejoindre l’empire germanique. De fait, Louis XV séjournera à Strasbourg durant la guerre de Succession d’Autriche. La société
aristocratique se développe et de nombreux hôtels particuliers voient le jour. Si
l’allemand reste la langue courante, Strasbourg accueille de nombreux immigrants : entre 1681 et 1697, la ville passe de 22.000 à 26.500 habitants. Par
ailleurs, Strasbourg abrite environ 6.000 soldats français, basés pour la plupart
à la citadelle de Vauban dont les travaux ont débuté dès 1682.
Au niveau religieux, la ville prend un tournant important. En 1704, un prince de
la famille Rohan devient évêque de la ville. La famille conservera le pouvoir
épiscopal jusqu’en 1790 et fera construire le fameux palais des Rohan de
Strasbourg, situé tout près de la cathédrale, sur les rives de l’Ill. Durant toute
cette période, le catholicisme va se développer même si les protestants restent
majoritaires.
Assoupie depuis l’annexion de Strasbourg à la France, l’université de Strasbourg retrouve peu à peu son éclat d’antan et entre 1721 et 1755 la ville va accueillir plus de 4 000 étudiants. L’université est déjà internationale : les étudiants
étrangers viennent généralement d’Allemagne, de Scandinavie ou des PaysBas, mais aussi de Grande-Bretagne et de Russie. Certains d’entre eux sont
devenus célèbres, comme Goethe qui y fit des études de droit. Le rayonnement
universitaire de Strasbourg est important et certains enseignements comme le
droit et la médecine sont très réputés.
Un chant pour l'armée du Rhin.
À l’issue de la guerre en 1648, par les traités de Westphalie, une partie de
l’Alsace est rattachée à la France. Strasbourg demeure ville libre impériale,
Lorsque le 14 juillet 1789 la Bastille tombe aux mains des révolutionnaires, la
population strasbourgeoise se soulève. Le 21 juillet, l’hôtel de ville est saccagé.
Le calme revient très vite jusqu’en 1792, date à laquelle la France entre en
guerre contre la Prusse et l’Autriche. Le 26 avril, le jeune Rouget de l’Isle
compose à la demande du maire de Strasbourg, Un chant pour l’armée du
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Rhin sans se douter qu’il deviendra un symbole de la Révolution française en
devenant la Marseillaise.
En 1797, l’armée française prend plusieurs villes allemandes, notamment Kehl
et Offenbourg. Strasbourg est hors de danger, mais la révolution a profondément désorganisé la ville. Deux ans plus tard, Napoléon Bonaparte prend le
pouvoir et plusieurs institutions voient le jour : la préfecture, la bourse de commerce en 1801, la chambre de commerce en 1802. Un nouveau pont sur le
Rhin est construit et les routes sont rénovées. Autant d’évolutions qui vont favoriser les activités commerciales de la ville. Strasbourg redevient un carrefour
commercial important ; on vend notamment du tabac, du vin, du coton et des
épices.
La révolution industrielle.
À la fin du XVIIIe siècle, la ville est engoncée dans ses murailles, et d’importants travaux débutent au début du XIXe siècle. C'est le début de la révolution
industrielle. De nouveaux canaux vont être construits, reliant la Marne et le
Rhône au Rhin. En 1841 est ouverte la ligne du chemin de fer de Strasbourg à
Bâle. Celle reliant Paris à Strasbourg est inaugurée en 1847. Le télégraphe
électrique suit cinq ans plus tard. Néanmoins, la ville reste essentiellement tournée vers le commerce et la finance, contrairement à Mulhouse dont l’industrie
connaît un véritable essor. À partir de 1853, le français devient la seule et unique langue d’enseignement, mais l’allemand et l’alsacien restent les langues les
plus utilisées au quotidien.
Strasbourg, capitale du Reichsland d'Alsace-Lorraine.
La ville est prospère. En juillet 1870, une nouvelle guerre éclate dès le mois
d’août. Les Prussiens, sous le commandement du général August von Werder, envahissent l’Alsace et assiègent Strasbourg. La ville est mal préparée et
son enceinte fortifiée du XVIIe siècle n’est pas adaptée aux tirs de l’artillerie moderne.
Le 28 septembre 1870, après plus d’un mois de bombardements, Strasbourg
capitule. L’Alsace-Lorraine est à nouveau rattachée à l’Allemagne, par le traité
de Francfort, et Strasbourg devient capitale du Reichsland d’AlsaceLorraine. Les Strasbourgeois sortent traumatisés de cette guerre, et le rattachement de la ville à l’Allemagne est très mal vécu.
tel des postes, le palais impérial, la bibliothèque universitaire et, un peu plus
loin, le Palais universitaire. Une nouvelle gare est édifiée, ainsi que plusieurs
églises, notamment l’église Saint-Paul. La ville s’agrandit considérablement et
se modernise jusqu’à la Première Guerre mondiale.
À partir de 1870, l’industrie va ainsi connaître un développement rapide, principalement dans les secteurs alimentaire (brasseries, conserverie) et mécanique.
Ces nouvelles activités sont bien relayées par un réseau de tramway étendu
(électrifié en 1894) et le nouveau port autonome, construit hors de la ville. Parallèlement, les activités bancaires s’intensifient, notamment depuis la création de
la banque mutualiste du Crédit mutuel. Entre 1871 et 1914, la ville va gagner
près de 100.000 habitants et la vie culturelle se développe. La Première Guerre
mondiale mettra un terme à cette prospérité. Contrairement au conflit de 1870,
Strasbourg est bien préparée à la guerre.
Une période trouble.
Dès le début du conflit, les manifestations francophones sont interdites. Rudolf
Schwander, maire de la ville, va cependant œuvrer de sorte à ce que la population ne soit pas touchée par la faim et à l’issue de la guerre, Strasbourg sort
relativement indemne. Par le traité de Versailles, l'Alsace-Moselle est rendue
à la France. Le changement de nationalité se fait sinon dans la violence, du
moins dans la brutalité : les Allemands sont expulsés de la ville et certains monuments impériaux sont détruits, notamment la statue de Guillaume 1er. Le bilan démographique est plus lourd. Aux Allemands chassés de la ville ou partis
de leur plein gré s’ajoutent 3.000 Strasbourgeois morts au combat sous l’uniforme allemand. Durant les années 1930, la croissance démographique va reprendre avec l’arrivée de juifs d’Europe centrale qui fuient la montée rapide de
l’antisémitisme.
La ville retrouve une certaine prospérité et le trafic fluvial augmente considérablement malgré une conjoncture économique peu favorable, due à la crise des
années 1930. Le port autonome ainsi que le réseau de chemin de fer vont favoriser le développement de l’industrie et en 1932, une nouvelle bourse de commerce est édifiée.
Le traumatisme.
Cependant, Strasbourg retrouve rapidement la prospérité, grâce notamment à
la volonté du gouvernement qui souhaite faire de la ville une vitrine du savoirfaire allemand. Un vaste plan d’urbanisation est mis en place. Celui-ci s’organise
selon deux axes, l’avenue de la Paix et l’avenue des Vosges, prolongée par
l’avenue de la Forêt-Noire. La place Impériale (aujourd’hui place de la République) constitue alors le nouveau centre névralgique de la ville, regroupant l’hô-
Fin des années 30, une nouvelle guerre se dessine. Dès le 2 septembre 1939,
le gouvernement français fait évacuer de la ville 120.000 personnes. Après l'armistice du 22 juin 1940, l’Alsace est rattachée à l’Allemagne et va subir une
politique de germanisation très dure, sous l’impulsion de Robert Wagner. Lorsqu’en juillet les premiers réfugiés reviennent à Strasbourg, seuls les habitants
d’origine alsacienne sont acceptés. Les juifs sont refoulés et la synagogue est
incendiée. Les noms des rues sont traduits en allemand, la langue française est
interdite et les vies associative et religieuse disparaissent. À partir de 1942,
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l’embrigadement est obligatoire et les jeunes d’Alsace et de Moselle sont enrôlés de force dans l’armée allemande. Les malgré-nous sont envoyés sur le front
russe et très peu d’entre eux reviendront.
Dès 1943, la ville est bombardée par les forces alliées. En 1944, plusieurs
édifices sont touchés, notamment le palais des Rohan, l’Ancienne Douane et
la cathédrale. Strasbourg est cependant libérée assez facilement grâce à une
offensive rapide menée par le général Leclerc. Le 23 novembre, le drapeau
français est hissé au sommet de la cathédrale : Strasbourg est libérée.
Strasbourg, ville symbole.
En 1949, Strasbourg se voit attribuer les premières institutions européennes,
notamment le Conseil de l'Europe. À ce titre, le ministre britannique des Affaires étrangères, Ernest Bevin a déclaré « Nous cherchions un centre qui puisse
convenir aux nations européennes et devenir un symbole de l'unité de l'Europe.
Le choix de Strasbourg m'a paru évident. Cette grande cité avait été témoin de
la stupidité du genre humain qui essayait de régler les affaires par la guerre, la
cruauté et la destruction ». Un an plus tard, Strasbourg accueille la Cour européenne des droits de l'homme. Puis, en 1952, la Communauté européenne
du charbon et de l'acier (CECA). En 1969, l'Institut des Droits de l'Homme.
En 1972, le Centre européen de la jeunesse. En 1979, le Parlement européen est élu pour la première fois au suffrage universel et son maintien à Strasbourg confirmé.
En changeant quatre fois de nationalité en 75 ans (entre 1870 et 1945), Strasbourg est devenue la ville symbole de la réconciliation franco-allemande et, plus
globalement, de l’unité européenne. Strasbourg est considérée comme capitale
européenne du fait de la présence de nombreuses institutions de l'Union européenne mais également de l'Europe continentale, au même titre que Bruxelles, Luxembourg et Francfort-sur-le-Main. Strasbourg est par ailleurs la seule ville siège d’institutions européennes et une des rares villes à accueillir des
institutions internationales sans être la capitale d'un état (comme New York et
Genève).
La visite de la ville.
Le centre historique de Strasbourg, qui occupe la grande île, se caractérise par des rues
étroites typiquement médiévales, notamment
autour de la cathédrale Notre-Dame et dans
le quartier de la Petite France. Au nord, le
vaste quartier allemand construit entre 1870 et
1914 s'étend de la gare aux portes de l'Allemagne. Il est irrigué par de larges avenues
rectilignes qui débouchent sur des zones moins denses, notamment sur le quartier des XV dont les premières constructions remontent au début du XXe siècle.
Le sud-est est occupé par le quartier de la Krutenau, l'un des plus anciens de
la ville.
Un peu plus à l'est se trouve le quartier de l'Esplanade. Construit à partir des
années 1960 pour faire face à la poussée démographique, ce quartier est essentiellement composé de grands immeubles ce qui en fait le plus dense de
Strasbourg. Au sud, les habitations de densité moyenne prédominent, comme
dans le quartier de Neudorf. Les habitations
les plus récentes sont réparties dans l'agglomération, mais aussi au sein de la commune,
notamment dans les quartiers sud et sud-est
de la ville, Danube, Rives de l'Etoile et Porte de France. Dans les quartiers ouest et sud
-ouest, on retrouve la plupart des logements
HLM de la ville, Cronenbourg, Hautepierre,
Koenigshoffen, Montagne Verte et Elsau.
La cathédrale.
Autrefois, la ville méritait le surnom de « ville aux mille églises », avec ses
nombreux couvents, congrégations, églises, temples et synagogues. Strasbourg fut d'ailleurs jusqu'au XVIIIe siècle un centre théologique important puisque les principaux acteurs de la Réforme y prêchèrent, notamment Calvin.
Strasbourg est connue notamment pour sa cathédrale. L'édifice actuel, qui est
le quatrième construit depuis l’époque romaine, se distingue aisément par sa
couleur, due à l'utilisation de grès rose, et par sa tour unique.
Les travaux commencent, en 1176, par le chœur, le transept et l'abside dans
un style qui évoque le roman tardif. La construction de la façade ne débute
qu'en 1276 dans un style clairement gothique qui s'apparente à la cathédrale
Notre-Dame de Paris, avec notamment deux tours rectangulaires. C'est au
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cours du XIVe siècle que la cathédrale va prendre progressivement son apparence définitive,
avec l'arrivée de nouveaux architectes rhénans.
Un beffroi est construit entre les deux tours,
l'ensemble formant une immense façade rectangulaire.
En 1439, la première tour est achevée. Haute
de 142 mètres, elle a fait de la cathédrale de
Strasbourg l'édifice le plus haut de la chrétienté entre 1625 et 1847. La seconde ne fut jamais
construite, même si plusieurs architectes ont
dessiné les plans d'un tel projet au cours des
XVe, XVIIe et XIXe siècles. Ces projets n'ont pas
abouti d'une part pour des raisons financières
mais aussi parce que l'édifice, construit sur un
sol instable, risquait de s'effondrer.
La cathédrale de Strasbourg est aussi connue pour son horloge astronomique chef-d'œuvre de l'art et de la science, sa grande rosace de 12 mètres de
diamètre et son rayon vert créé par le vitrail de Juda (patriarche) qui se manifeste aux équinoxes lorsque le soleil brille sur la ville. Aussi spectaculaire soit-il,
ce rayon n'a pas cependant de signification particulière : son origine est vraisemblablement accidentelle et très récente. La cathédrale abrite en outre un
impressionnant buffet d'orgue de 24 mètres de haut.
De nombreux autres points de vue sont
découvrir tels le frontispice, les tympans
des trois portails et le grand nombre de statues dont la galerie des apôtres.
L’intérieur de l’édifice se prête aussi à la
découverte : la nef centrale, le pilier des
anges dans le bras sud du transept, le
chœur roman surélevé car situé au-dessus
de la crypte, la crypte elle-même.
Une légende raconte que l’édifice repose
sur d’immense pilotis de chêne qui s’enfoncent dans les eaux d‘un lac souterrain sur
lequel rôderait une barque sans passeur
mais dont entendrait néanmoins le bruit des
rames.
Une autre légende explique l’origine du
vent soufflant autours de la cathédrale.
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Autrefois, le Diable survolait la terre, en
chevauchant le vent. Il aperçut ainsi son
portrait sculpté sur la cathédrale, sous l'apparence du Tentateur, courtisant les Vierges folles (Matthieu 25, 1-13). Il est représenté sous les traits d'un jeune homme séduisant dont le dos s'ouvre : on en voit sortir
des crapauds et des serpents, mais aucune
des jeunes filles naïves auxquelles il
s'adresse ne le remarque. Très flatté et
curieux, il entra dans la cathédrale pour voir
si d'autres sculptures le représentaient à
l'intérieur. Retenu prisonnier dans le lieu
saint, le Diable ne put en ressortir. Le vent
l'attend toujours sur le parvis et hurle aujourd'hui encore d'impatience sur la place
de la cathédrale. Le Diable, furieux, fait le
courant d'air, au fond de l'église, à la hauteur du pilier des anges.
La vieille ville et la petite France.
Strasbourg abrite de nombreux témoins du Moyen Age et de la Renaissance, notamment en son centre historique. Parmi les plus anciens vestiges de la
ville, les ponts couverts, construits au XIIIe siècle avaient pour rôle de protéger
l'accès fluvial. Le système défensif est revu à plusieurs reprises jusqu'à la fin du
XVIe siècle. Les tours visibles encore aujourd'hui sont les dernières des 90 que
comptaient les défenses de la ville jusqu'au XIXe siècle. Le barrage Vauban est
la suite logique du système défensif des ponts couverts. Écluse fortifiée construite à partir de 1685 par Vauban, ce barrage vise à renforcer les défenses de
la ville. Il pouvait servir à inonder l'accès sud de la ville afin de ralentir (voire de
stopper) la progression ennemie.
Strasbourg compte aussi de nombreuses maisons à colombages. La Maison
Kammerzell est sans doute l'une des plus emblématiques. Construite au
XVe siècle, elle prendra son aspect actuel en 1589 suite à d'importants travaux.
Cette maison se distingue par sa structure originale : un premier niveau en pierres, puis trois niveaux en bois de type Renaissance rhénane, et enfin trois ni- 62 -
Sur la place Gutenberg, l'un des plus anciens sites de Strasbourg, se trouve
la chambre de commerce et d'industrie. Construit à partir de 1582 sous l'impulsion d'entrepreneurs suisses, le bâtiment est représentatif du style Renaissance. Il fit notamment office d'hôtel de ville. Il a été agrandi en 1867 dans le
respect du style originel.
veaux de combles. Les ornements
extrêmement nombreux et détaillés
évoquent l'Antiquité, les cinq sens, le
travail des hommes. On retrouve d'autres maisons à colombages dans le
quartier de la Petite France.
L'hôtellerie du Corbeau est un autre lieu intéressant. Fermée au XIXe siècle,
elle a reçu des hôtes illustres tels que Frédéric le Grand, Jean-Jacques Rousseau ou encore Alexandre Dumas. Le lycée Fustel-de-Coulanges
(anciennement collège royal, lycée impérial et école centrale sous la République), jouxtant la cathédrale, a d'abord été le petit séminaire pour les Jésuites après sa construction en 1685. Mais le lieu est surtout connu pour avoir abrité la première imprimerie de Strasbourg, dans la maison dite zum Thiergarten.
Miraculeusement épargné par les
guerres, ce quartier implanté sur l'Ill
offre un véritable panorama de la Renaissance rhénane. Les maisons les
plus remarquables sont la maison des
tanneurs (construite en 1572 et retouchée au début du XVIIe siècle par son
propriétaire) et la maison Haderer.
Édifiée en 1358 le long de l'Ill, l'Ancienne Douane est l'un des rares témoins du commerce médiéval de la
ville. Détruite par les bombardements
de 1944, elle a été restaurée en 1956
et accueille aujourd'hui un restaurant
traditionnel ainsi que des expositions
temporaires. Toujours le long de l'Ill
se trouve l'ancienne boucherie. Construit entre 1586 et 1588, l'édifice en
forme de « U » se caractérise par la
sobriété de son architecture. Il n'abandonne sa fonction initiale qu'en 1859
et abrite aujourd'hui le musée historique.
Le Strasbourg médiéval (la place du marché aux cochons de lait)
Côtoie le Strasbourg moderne (le palais de l’Europe).
Le tramway
Si dès 1930, les 83 km de voies de tramway urbain de Strasbourg et les 194
km de tramway interurbain (en voies métrique) reliaient jusqu’à la rive droite du
Rhin, c’est le 1er mai 1960 que la dernière rame est reléguée au dépôt.
Dans les années ‘80, un projet de 2 lignes de VAL est discuté. En 1989, sous
la houlette de Catherine Trautmann, maire de Strasbourg, c’est le grand retour du Tramway qui est annoncé.
La première ligne A sera mise en service en novembre 1994, et depuis lors, les
lignes B, C, D et E ont suivi. La prochaine mise en service de la ligne F serait
imminente pour novembre 2010. Les prochaines extensions sont prévues à l'horizon 2014.
L’originalité de ce nouveau réseau strasbourgeois en est la conception des
rames désigné sous le concept d’Eurotram. L'objectif était de disposer de ra-
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mes à plancher bas intégral dont le
design original permettrait de souligner le renouvellement urbain associé
au nouveau mode de transport. L'Eurotram, désignation de ce nouveau
tramway, est né d'une collaboration
entre la société italienne Socimi et
l'entreprise de transports de l'agglomération, la CTS.
Source des informations et illustrations :
« La route du vin d’Asace » aux éditions SAEP (Colmar - 1987).
Site internet de WIKIPEDIA ou l’on trouve tout sur tout : www.wikipedia.org/
Site internet des villes traversées et visitées :
La face avant constituée d'une grande baie vitrée bombée donne une apparence particulièrement futuriste à la rame. La surface des baies vitrées de part et
d'autre de la rame est particulièrement importante dans le but de donner l'impression aux passagers de circuler dans un véritable « trottoir roulant ».
L'Eurotram est conçu de manière modulaire : entre les caisses de tête se trouvent des caisses voyageurs suspendues reliées entre elles par des modules
d'intercirculation reposant sur des essieux. Il est connu aujourd'hui sous la référence « Alstom Citadis 403 ».
Le réseau moderne du tramway
strasbourgeois, inauguré en 1994 et
exploité par la Compagnie des transports strasbourgeois (CTS), comporte
près de 70 stations et 53 kilomètres de
lignes. Le maillage du réseau permet
d'utiliser un tronçon de voies pour plusieurs lignes. La capacité de transport
est de 300.000 passagers par jour.
Saint-Dié-des-Vosges : http://www.saint-die.eu/
Lapoutroie : http://www.lapoutroie.fr/
Ammerschwihr : http://www.kaysersberg.com/commune-ammerschwihr.htm
Kaysersberg : http://www.ville-kaysersberg.fr/
Colmar : http://www.colmar.fr/
Officie du toursime Colmar : http://www.ot-colmar.fr/
Obernai : http://www.obernai.fr/fr/Accueil-329.html
Strasbourg : http://www.strasbourg.eu/accueil
Officie du tourisme Strasbourg : http://www.otstrasbourg.fr/
Ecomusée d’Alsace : http://www.ecomusee-alsace.fr/
Autres sites :
Cité du train : http://www.citedutrain.com/fr/train/
Pizzeria Veneto : http://www.resto.fr/veneto/
Carte Michelin: http://www.viamichelin.fr/
Et toutes autres recherches sur le Net.
Un projet de tram-train doit permettre
de relier la vallée de la Bruche et le
piémont des Vosges desservant notamment l'aéroport de Strasbourg
Entzheim pour 2016.
C’est ici que ce termine notre escapade en Alsace. Il reste à parcourir 400 km
jusque Bruxelles via Luxembourg, en espérant vous avoir intéressé à la découverte, tant les « ferrovipathes » que les « accompagnants », de cette très
belle région de France.
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© PTVF - Voyage préparé et organisé par Pierre Vankerckhove.
Octobre 2010.
Rédacteur Cl. Magdelyns.
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