colmar - richelieu - rueil quelques souvenirs

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COLMAR - RICHELIEU - RUEIL
QUELQUES
SOUVENIRS
Fondée en 1982, l’Amicale des Alsaciens et Lorrains de Rueil-Malmaison fête ses 30 ans en
2012 … mais son origine peut remonter au temps de Richelieu, il y a plus de 300 ans …
L’Alsace et la France
La convoitise française sur l’Alsace s’est manifestée dès le XIVe siècle par des incursions de mercenaires
et des pillages organisés, tel celui de 1444 à l’initiative de Louis XI.
Mais c’est surtout au XVIIe siècle que le royaume de France intervient en Alsace. Il rencontre alors une
région demeurée fermée à l’influence française (contrairement à la Lorraine) et très morcelée dans son
organisation : les seigneurs allemands restent maîtres sur leurs terres, sur un mode quasi féodal ; les villes
impériales se gèrent selon leurs propres règles ; dix d’entre elles se sont constituées en ligue dès 1354, mais
cette Décapole est plus une alliance militaire et économique qu’une union politique. En outre, plusieurs
courants de la Réforme protestante s’y sont progressivement implantés au cours du siècle précédent.
Ces conflits de nature religieuse offrent à la France - celle de Louis XIII et de Richelieu - l’occasion de
mettre en œuvre sa politique d’expansion vers l’Est. Les rivalités nées en Bohème se sont étendues dans tout le
Saint Empire Germanique et ont atteint l’Alsace, frappée à partir de 1628 par les rigueurs de l’empereur
germanique Ferdinand II, bras armé de la réforme catholique. L’ intervention du roi de Danemark puis du roi
de Suède Gustave-Adolphe pour soutenir les protestants, ensuite celle de la France, vont enflammer l’Europe
pour longtemps et particulièrement les provinces frontalières.
La Ville Impériale de Colmar
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Les bourgeois protestants de Colmar, par
exemple, profitent de l’arrivée attendue des Suédois,
vainqueurs de Ferdinand II à Nordlingen (1631),
pour restaurer leur culte et regagner leur ancienne
prépondérance au sein de la cité. Cette situation fait
de Colmar une alliée des Suédois et lui évite un
affrontement militaire.
Lorsque les troupes impériales, victorieuses
cette fois à Nordlingen (1634), obligent les Suédois à
quitter l’Alsace, Colmar, comme d’autres cités
protestantes, se retrouve en difficulté et se tourne
vers la France, alliée de la Suède.
La Ville de Colmar entame alors une
négociation pour rechercher la protection du roi de
France certes catholique mais d’un état tolérant la
religion réformée depuis l’Edit de Nantes. Elle
délègue un député à la cour de France.
Richelieu au Val de Ruel
Il se trouve que le cardinal de Richelieu, ministre en charge de la diplomatie royale, a acquis deux ans
plus tôt un château dans le bourg de Rueil (Ruel à l’époque), choix pratique pour lui sur le trajet entre les
résidences royales du Louvre et de Saint-Germain-en-Laye où il avait à se rendre régulièrement.
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Le Traité de Ruel
Le premier d’aoust 1635, au château du Val de Ruel, le sieur L. BOUTHILLIER, conseiller du Roi,
Secrétaire d’Etat de Louis XIII et le sieur Jean-Henry MOGG, représentant Colmar, signent le Traité dit de
Rueil. Dans l’attente d’un traité de paix générale avec les autres puissances qui inclura la situation particulière
de Colmar, les 12 articles du document évoquent l’alliance d’Heilbron ratifiée à Francfort en 1633 et précisent
les obligations des parties concernant la justice, la sécurité, la vie des garnisons et la pratique des cultes,
catholique et protestant... Ceci stipulé, le roi prend la cité de Colmar sous sa protection et lui garantit ses
privilèges, ses libertés et ses droits. Le souverain français ratifiera le document deux jours plus tard à Chantilly.
Colmar est la seule ville alsacienne ayant obtenu du roi la garantie d’un tel traité...
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Garantie bien utile
pendant cette longue
et désastreuse Guerre
de Trente Ans quand
on sait que les
passages des armées
suédoises, impériales,
espagnoles mais aussi
françaises, en Alsace
comme en Lorraine,
ont
ajouté
leurs
pillages aux ravages
des famines et des
épidémies de peste
qui ont sévi dans ces
pays !
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On connait la suite :
1645 : cette fois, à Nordlingen encore, ce sont les Français qui chassent les Impériaux du pays et
Richelieu peut alors se rendre maître du nord de l’Alsace.
1648 : le traité de Westphalie confirme la suprématie du royaume de France sur les Habsbourg
d’Autriche qui lui cèdent le sud de l’Alsace, la République de Mulhouse exceptée qui garde son
statut de ville indépendante et connaîtra une croissance industrielle précoce.
1678 : le traité de Nimègue met fin à la Décapole, étendant encore la souveraineté française.
1681 : la ville libre de Strasbourg, assiégée par les troupes royales doit se rendre. L’Alsace gouvernée
par un intendant à Strasbourg et un conseil souverain à Colmar jouit d’une relative autonomie.
1697 : au traité de Ryswick, après des interventions militaires et des tractations avec les autres cités
alsaciennes, la province est pratiquement unifiée.
Un demi-siècle aura suffi à la France pour prendre le contrôle de l’Alsace mais le siècle suivant
rappellera que la perte de ce territoire n’était définitivement pas admise …
Colmar et Rueil se souviennent
Septembre 1935
Tricentenaire du traité : la Ville de Colmar baptise une de ses artères : Rue de Rueil.
22 avril 1967
La municipalité de Rueil
inaugure et baptise Avenue de
Colmar le tronçon communal de la
route mise en service en 1962, la
N90 maintenant reclassée D991.
Marcel POURTOUT, maire
de Rueil, évoque le traité de 1635
mentionné au bas de la plaque en
présence de Jacques BAUMEL,
alors Conseiller Général des
Hauts-de-Seine et de Joseph REY,
maire de Colmar, venu pour la
circonstance avec une délégation
officielle de sa ville et des
habitants en costume régional.
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Avenue de Colmar
22 avril 1967
Ci-dessus, devant la plaque
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de gauche à droite :
Joseph REY, Maire de Colmar
Jacques BAUMEL, Conseiller Général des Hauts-de-Seine
Marcel POURTOUT, Maire de Rueil
et de droite à gauche :
er
André MANTOIS, 1 Maire-Adjoint de Rueil-Malmaison
Marcel NOUTARY, Maire-Adjoint de Rueil-Malmaison
Des danseurs en costume alsacien apportent à cette manifestation officielle une note
folklorique fort appréciée de l’assistance, particulièrement des Rueillois nés en Alsace, spécialement
invités pour la circonstance.
Plusieurs d’entre eux pensent aussitôt à une Amicale des Alsaciens de Rueil, une idée qui
cheminera pendant une quinzaine d’années avant de se concrétiser.
En 1982, le projet de réunir dans une association les Rueillois originaires de l’Alsace et de la
Moselle prend forme. La formulation Amicale des Alsaciens et Lorrains de Rueil est finalement
retenue lors de sa création en novembre. Le 6 décembre, la première fête de Saint-Nicolas organisée
par les membres fondateurs de l’Amicale inaugure la représentation alsacienne et lorraine à Rueil ; en
trente ans elle a bien confirmé sa place dans l’animation de la ville et au-delà …
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Originaux aux Archives Municipales de Colmar – Copies au Musée Historique de Rueil
Façade sur jardins du château de Rueil - Gravure d’Israël SILVESTRE, dessinateur et graveur lorrain (1621-1691)
Richelieu y signe début 1635 les lettres patentes fondant l’Académie Française. La Paix de Ruel mettant fin à la Fronde y fut signée en 1649.
Cf Le Domaine de Richelieu à Rueil de 1600 à 1800, ouvrage de Dominique Helot-Lécroart (Société Historique de Rueil)
Les Misères de la Guerre : le pillage et l’incendie d’un village - Eau-forte de Jacques CALLOT, dessinateur et graveur lorrain (1592-1635)
Photographies communiquées par la Société Historique de Rueil
Cette plaque, déposée à l’occasion de travaux ultérieurs, n’a pas été retrouvée
Pour le site de l’Amicale des Alsaciens et Lorrains de Rueil-Malmaison (André RICHARD - Mars 2012)
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