« Protocole de 1864 », la représentation politique des
communautés : embryon du futur « Pacte national » qui va
régir, sous forme maronito-sunnite, le Grand-Liban du
mandat ; et, plus tard, le Liban indépendant des années
quarante. Selon ce protocole, le gouverneur du Mont-
Liban devait être un Chrétien, non de la Montagne, mais
sujet Ottoman.
[Selon certains chiffres, les massacres de 1860 auraient
coûté aux Maronites plus de quinze mille morts et deux
fois plus de réfugiés.]
1860-1861 (Orientalisme et Christianisme) :
Ernest Renan [1823-1892], envoyé en mission archéo-
logique au Mont-Liban, visite la Palestine et la Syrie. Son
voyage lui inspire Histoire des Origines du Christianisme
(publié entre 1863-1883). Ce fut aussi lors de son séjour à
Ghazîr, petit village près de Byblos, à 39 kilomètres au
nord de Beyrouth – dans le même village où un certain
enfant de douze ans, du nom de Salim El-Achi, passera en
1921 six mois à l’Orphelinat Américain, – que Renan rédi-
gea la Vie de Jésus. [Cet enfant, ce sera le futur Docteur
Dahesh.] Nous citons cette coïncidence étrange que
Renan, un auteur français, écrivît son « Jésus » au Liban,
et en plus à Ghâzir, lieu même où vécut le célèbre Docteur
Dahesh, pour la seule raison que la vie, les enseignements,
la lutte et les souffrances de Dahesh (sous le président de
la République Béchara el-Khoury), furent comme une
copie conforme de celles de Jésus-Christ sous Hérode en
Palestine. Une autre raison : la thèse, très légitime de
Renan, à propos des miracles de Jésus, élaborée à Ghâzir
(des récits évangéliques de laquelle thèse l’auteur ampute
tout pouvoir de miracles à Jésus, « pour la seule raison »,
écrit-il, « qu’il n’y a pas lieu de croire à une chose dont le
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GEORGES CHAKKOUR