Partie 2 : « Colonisation et indépendance »
Thème 1 : « La colonisation européenne et le système colonial»
Livre p.128 à 149.
Les transparents sont issus pour une partie du dossier édité par Eduscope/Nathan 2004 :
« Colonisation, décolonisation et émergence du Tiers Monde ». D’autres sont des
transparents personnels.
-Extraits de Tintin au Congo (en noir et blanc) disponible au CDI
Dès les premiers empires coloniaux du XVI ème siècle, la civilisation européenne s’est
développé dans le monde (diffusion des langues, des religions)
En 1850, seule la GB est entrée dans la révolution ind.(poids de la GB : elle qui obtient que
le méridien de Greenwich = le méridien d’origine) Mais à la fin du XIX ème siècle, c’est
toute l’Europe, industrielle et sûre d’elle, qui impose sa suprématie. Les EU ne sont
considérées alors que comme un simple prolongement outre atlantique de l’Europe.
Ainsi, les européens estiment leur civilisation supérieure aux autres.
Comment l’européanisation du monde va t-elle se renforcer au XIX ème ? La colonisation peut
elle être acceptée par les peuples dominés ?
I- Au nom d’une « mission civilisatrice », l’Europe affirme sa domination
A- Les motivations européennes
Pourquoi le mouvement de colonisation qui avait débuté au XVI ème siècle et avait crée de
vastes empires coloniaux, trouve t-il une nouvelle vigueur à partir du milieu du XIX ème
siècle ?
Plusieurs facteurs, liés au nouveau contexte politique, économique, social et culturel de
l’Europe au XIX ème siècle, se sont conjugués. IL est possible de mémoriser ces facteurs en
évoquant les « 6C » : Curiosité, Capitalisme, Commerce, Christianisme, Civilisation,
Colonisation.
Les certitudes de l’Homme blanc
Tintin 3,4,6,7,8,9,11,12,13,14,16,23,24,25,26
Doc 1 page 132. Jules Ferry
doc 2 page 132 (extrait du tour de France de deux enfants)
-L’Europe connaît une explosion démographique :
1800 = 200 millions d’habitants
1913 = 480 millions d’habitants.
c’est lié à la baisse de la mortalité (amélioration de l’hygiène, progrès de la
médecine (français Pasteur , Alld Koch, découverte anesthésie.)
La vitalité démographique illustre la supériorité de l’Europe et justifie son expansion :
L’économiste Paul Leroy-Beaulieu en 1889 écrit :
« Il n’est ni naturel, ni juste, que les civilisés occidentaux s’entassent indéfiniment et
étouffent dans des espaces restreints, qu’ils s’y accumulent les merveilles des
sciences, des arts et de la civilisation, et qu’ils laissent la ½ peut être du monde à de
petits groupes d’hommes ignorants, impuissants, vrais enfants débiles,
clairsemés. »
-Les Européens s’appuient sur la conviction largement répandue que les
valeurs occidentales sont universelles et qu’elles doivent s’étendre à
l’ensemble du monde : l’idée que les « sauvages » puissent être considérés
comme des êtres appartenant à une civilisation différente ne les effleure pas.
-Cette incapacité à envisager d’autres civilisations- ou cette
méconnaissance ?- est masquée par la théorie des races (blanche, jaune,
rouge, noire), la blanche étant « la plus parfaite » cf le tour de France par
deux enfants, livre du Cours moyen, par Bruno.
-Cette théorie qui pose la supériorité du blanc, justifie la colonisation comme
une mission, celle d’apporter la civilisation : « le fardeau de l’homme blanc »,
selon le titre d’un poème de Kipling, datant de 1898. Pour Jules Ferry, c’est un
« devoir de civiliser les races inférieures »
Une soif d’aventures et de découverte
Tintin 1,2,22
-Le XIX ème siècle est marqué par la création de nombreuses sociétés de
géographie rassemblant des hommes épris d’aventures dont le besoin
d’évasion s’est exacerbé avec l’industrialisation européenne et le sentiment de
vivre à l’étroit dans un monde trop policé.
-Ainsi, aventuriers et scientifiques, tels David Livingstone et Stanley John
Rowland, se lancent à la découverte des terres dites « inconnues » dans des
expéditions subventionnées en grande partie par des organismes privés.
-Succès importants des journaux de voyage et des romans de Jules Verne qui
témoignent du goût de l’évasion
-Le Museum organise des conférences pour donner des informations sur les
peuples « sauvages » qui s’y trouvent.
Les motivations d’ordre économique
Doc Jules Ferry
Le développement industriel rend la colonisation indispensable. Pour Ferry, « La politique
coloniale est la fille de la politique industrielle »
Pour faire face au surpeuplement et au chômage urbain création de colonies de
peuplement pour diminuer la pression démographique et le chômage. 40 millions
d’européens partent ainsi à la recherche d’une vie meilleure et exportent les valeurs et
techniques européennes
L’essor de la révolution industrielle et le développement du système capitaliste et
bancaire multiplie les besoins des économies métropolitaines en :
débouchés économiques importants
matières premières indispensables à l’industrie (caoutchouc, cuivre, pétrole,
laine), et à la consommation de masse (sucre , café, thé, cacao, cf Banania)
richesses des pays conquis (ex : or et diamants de l’Afrique du Sud)
Posséder des terres outre-mer permet aux Etats de s’assurer une activité
commerciale dans un contexte de développement du protectionnisme, où la
concurrence entre les économies nationales les pousse à se protéger les unes des
autres. Ainsi cela favorise la vente exclusive des produits métropolitains à l’intérieur
des empires respectifs (ex : RU : impose ses produits textiles en Inde = ruine des
petits artisans)
Ainsi, les colonies sont jugées indispensables sur tout l’échiquier politique. En France,
Jacques Doriot, alors communiste dit en 1928 que « Sans les colonies, le pays serait
en état de faillite » et le professeur Gautherot, à droite affirme en 1930 que « la
destruction des empires coloniaux entraînerait la ruine des métropoles ».
Les motivations d’ordre politique
Doc 1 Jules Ferry paragraphe
a- Les enjeux de politique intérieure
-Après la défaite de 1871 et la perte de l’Alsace Lorraine, les conquêtes
coloniales sont un moyen de détourner l’opinion publique des problèmes
intérieurs
-Avec le suffrage devenu universel, les hommes politiques comme Gambetta
ou Jules Ferry intègrent dans leur programme des perspectives de gloire
militaire. Des groupes de pression soutiennent cette politique. C’est par
exemple le « parti colonial » qui se constitue en France. Il exige par exemple la
conquête de Madagascar en 1894 et le protectorat sur le Maroc en 1911
-L’expansion coloniale est considérée par les élites politiques comme un moyen
d’empêcher la guerre civile que le développement du mouvement ouvrier et
ses revendications politiques et sociales peut faire craindre. Ainsi, par
exemple, après les journées de juin 1848 en France, afin d’éloigner les
« classes dangereuses », l’Assemblée constituante vota en Septembre 1848
un crédit de 50 millions de francs pour installer 20 000 immigrants en Algérie.
Par ailleurs, la prospérité économique liée aux colonies entraîne l’amélioration
du niveau de vie et devient un moyen de diminuer le mécontentement des
masses.
b- Les enjeux de politique extérieure
-Les frontières européennes étant impossibles à modifier par un quelconque
droit de conquête, les territoires inconnus hors d’Europe deviennent des lieux
de convoitise et d’affrontement Course à la colonisation entre les Etats car
dominer d’immenses empires est une source de grandeur et de prestige Les
guerres directes européennes sont remplacées par des rivalités coloniales
-Bismarck, ne souhaite pas lancer l’Allemagne dans l’aventure coloniale mais
veut inciter la France et l’Angleterre à dépenser leurs forces outre mer pour se
réserver la puissance continentale. Il convoque ainsi une conférence à Berlin
en 1884 et 1885 qui impose à la puissance qui possède des comptoirs
d’étendre sa domination sur l’intérieur du pays. Cette décision est à l’origine de
guerres coloniales aboutissant au partage de l’Afrique et de l’Asie et entraînant
des tensions entre pays européens :
Les anglais veulent s’assurer la liaison Le Caire-le Cap, tandis que les
français veulent dominer la route Dakar-Djibouti. Le choc a lieu à Fachoda au
Soudan en 1898. Les anglais somment les français, pourtant arrivés les
premiers de quitter la ville. Pour éviter la guerre, les français s’inclinent et
reconnaissent l’autorité britannique sur la totalité du bassin du Nil. C’est vécu
comme une humiliation
Rivalités au Maroc entre la France et l’Allemagne en 1905 et 1911 dues à la
Weltpolitik (politique mondiale)menée l’empereur Guillaume II qui vise à imposer
la présence allemande dans le monde entier. Le Maroc reste cependant
français moyennant des contreparties en Afrique noire pour l’Allemagne. Ces
crises montrent bien l’engrenage des rivalités nationales à la veille de la
première guerre mondiale
B- Les moyens de la domination
Les moyens techniques
-Supériorité militaire des européens : armes à feu performantes (fusils, canons) et
en grande quantité grâce aux nouvelles techniques de production Capacité de
conquérir avec peu de troupes d’immenses territoires
-Mise au point et utilisation de moyens de transport maritimes plus rapides et de plus
grand gabarit qui permettent d’atteindre des lieux éloignés, d’y transporter armes et
troupes et d’en rapporter les différentes richesses.
Les moyens scientifiques et pseudo scientifiques
“La théorie des races”
Tintin
-Les découvertes scientifiques sont détournées et détournées pour servir la théorie
des races et justifier les conquêtes : la théorie évolutionniste de Darwin (l’origine des
espèces de 1859) sert la conviction de la supériorité des blancs. La « race
supérieure » représente alors la culture et le progrès alors que les
« races inférieures » sont restées au stade de l’enfance du développement. Certains
scientifiques donnent leurs caution à ce mouvement : ils développent un véritable
racisme fondé sur des observations contestables qui vise à réduire les populations
colonisées à un état proche de l’animalité.
-Les recherches historiques sont mises au service de l’esprit de conquête hérité des
grands ancêtres (les Francs, les Germains)
Les moyens de diffusion.
Vidéo : « l’expo universelle de 1931 »
Doc 4 p.133
Doc 3 p.113
Doc 3 p.101 « les colonies enseignées aux élèves »
Dossier p.108/109
Transparent Banania
-Il faut rendre la colonisation populaire. Dès 1889, lors des expositions
universelles, les « pavillons coloniaux » sont de plus en plus nombreux. Puis
les expositions coloniales montrent aux habitants la puissance de leur pays.
Par exemple l’exposition coloniale de 1931 en France accueille 33 millions de
visiteurs en 6 mois et glorifie la « France des cinq parties du monde »
-« Education coloniale » à l’école où dans toutes les classes de France se
trouve une carte murale montrant l’empire français. Les manuels scolaires
exaltent la « plus grande France » : « Regarde tout cela petit français et
relève la tête. Dis toi que tu es fils d’une grande, d’une vaillante nation »
recommande un manuel d’histoire de cours élémentaire entre 1904 et 1926.
-Des jeux éducatifs contribuent aussi à faire cette éducation. Par exemple un
jeu de piste grâce auquel les enfants suivent le voyage des explorateurs
Stanley et Livingstone
-Enfin, les affiches servent l’entreprise de colonisation en valorisant notamment
l’image de « l’indigène ». La « réclame » pour le chocolat Banania, qui s’appuie
sur l’image d’un tirailleur sénégalais, prototype de ceux qui on fait « merveille »
pendant la guerre 14/18, en est un exemple.
C- Les lieux (cartes p.130/131)
-A la veille de la première guerre mondiale, le partage du monde entre les
grandes puissances semble achevé. 9 Etats possèdent le 1/3 des terres
émergées. L’Angleterre, la France et les Pays Bas contrôlent 85 % de la
superficie et 96 % des populations coloniales dépendant de l’Europe
-En Afrique, il ne reste plus que deux Etats indépendants : l’Ethiopie et le
Libéria.
-En Asie, l’empire ottoman, la Perse et la Chine sont de plus en plus menacées
par les ambitions étrangères
-La part du Lion : l’Empire britannique avec ses 33 millions de km² et ses 450
millions d’habitants qui s’étend de l’Inde à l’Afrique en passant par Singapour et
la Nouvelle Zélande. Il rassemble ¼ des terres émergées et 28 % de la
population mondiale. Il alimente alors la fierté d’une population qui pense que
« la race britannique est la plus grande des races impériales que le monde ait
connues ».
-Sans plan préétabli jusqu’en 1870, la France s’installe en plusieurs points du
globe et s’impose en constituant un ensemble de colonies en Afrique du nord,
en Afrique noire, mais aussi en Indochine, accédant ainsi au deuxième rang
mondial avec un empire de 10 millions de km² peuplé de 50 millions d’habitants.
-Ces conquêtes des deux grandes puissances coloniales exaspèrent les pays
partis tardivement dans « la course aux colonies »., en particulier l’Allemagne
et l’Italie dont le sentiment national a besoin d’être exalté par des succès
coloniaux. Ainsi, l’Allemagne annexe le Tanganyka et Zanzibar et l’Italie
conquiert l’Erythrée, la Somalie, puis la Libye.
II- Une domination qui prend des formes multiples
A- Le statut administratif
La complexité d’une domination .
-La présence européenne prend des formes variées :
les colonies de peuplement où se sont installés définitivement un nombre important
d’européens. C’est le cas de l’Algérie
Les colonies d’exploitation constituent pour la métropole un réservoir de ressources.
Elle y maintient un minimum d’Européens pour encadrer la population colonisée
-Différents statuts sont imposés aux territoires dominés :
La colonie est administrée directement par la métropole (Congo belge)
Les protectorats conservent une autonomie administrative et leur souverain. Mais peu
de différence dans la réalité
Les anciennes colonies de peuplement britannique (Canada, Australie, Nouvelle
Zélande, Union Sud africaine) ont le statut de dominion qui leur permet de se
gouverner elles mêmes tout en reconnaissant la souveraineté britannique
Assimiler ou associer ?
-La France, attachée aux principes de 1789, pense qu’il est possible d’assimiler tous
les peuples, c’est à dire faire des colonisés des citoyens une fois conduits dans la
voie du « progrès » et qu’ils auront adopté les valeurs et les modes de vie européens.
Mais en fait peu de colonisés acceptent de renoncer à leurs coutumes.
-C’est la politique d’association, moins lourde pour la métropole, qui est le plus souvent
appliquée. Elle reconnaît les particularismes des peuples soumis et cherche à les
associer à la gestion de la colonie. Par exemple, les anglais cherchent à promouvoir
une élite locale pour les amener au self-government.
B- La domination économique
Docs p.140/141
Produire et mettre en valeur
-Partout où c’est possible, les Européens confisquent les meilleures terres pour
développer des cultures d’exportation : riz, coton, thé, café, cacao, fruits
tropicaux, hévéas pour la production de caoutchouc, vignes en Algérie. Ces
productions sont contrôlées par de grandes sociétés européennes ou par des
colons qui possèdent de vastes domaines.
-Les ressources du sous sol sont aussi exportées (cuivre, charbon,
phosphate) par contre le monde colonial reste très peu industrialisé
-Cette exploitation nécessite la construction d’infrastructures de routes, de
voies de chemin de fer et de ports. Donc les investissements des métropoles
sont importants (43 % pour la Grande Bretagne, 9% pour la France)
Les exigences métropolitaines
-L’administration coloniale procède au travail forcé car besoin de main d’œuvre
véritable impôt des bras lourd et abusif dans la plupart des colonies pour
produire ou construire les infrastructures. Il y a donc de nombreux scandales.
Par ex : 20 000 morts avec la construction du chemin de fer Congo-Océan en
1921.
-Les colonies, ne devant pas être une charge pour les métropoles, doivent
payer un impôt, pour contribuer à la mise en valeur de leur territoire
-Les colonies ne sont pas libres du choix de leurs partenaires commerciaux.
Après la crise de 1929, les économies européennes fragilisées cherchent leur
salut dans leur empire, les britanniques imposent par exemple, la préférence
impériale. L’empire devient un fournisseur privilégié (27 % des importations
françaises et 32 % des importations britanniques en 1932) et les colonies
deviennent des débouchés essentiels aux industries de la métropole,
menacées par la crise.
C- La domination culturelle
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