poussant les chercheurs à se pencher sur le passé colonial français
afin de renouveler les approches et l’écriture de son histoire.
DIAPO Contrairement aux pays anglo-saxons qui ont connu un
regain d’intérêt pour l’histoire coloniale autour des post-
colonial studies, l’historiographie française et, au-delà, la
société française tout entière, ont privilégié deux postures
principales dans l’examen du passé colonial : l’indignation et
les remords. La première est l’héritière des discours de plus en
plus nombreux qui, surtout après la Seconde guerre mondiale,
dénoncent la situation coloniale et accompagnent l’émancipation de
la plupart des peuples colonisés. La seconde exprime les regrets
liés à la persistance d’une mémoire douloureuse de la colonisation,
et peut aller jusqu’à la repentance. Aujourd’hui, une telle situation
conduit à rendre difficile l’émergence d’une école historique post-
coloniale qui prenne en compte la complexité du fait colonial et qui
soit capable de l’étudier en s’affranchissant du regard justement
désapprobateur que l’on a commencé à porter sur lui a posteriori.
Faute d’une école historique post-coloniale française structurée et
active, le passé colonial plonge doucement dans un oubli qui a pour
avantage de ne pas rouvrir les plaies du passé. Toutefois, l’absence
de travail historique est un obstacle à leur cicatrisation, ce qui
explique pourquoi le passé colonial, par intermittences, revient
violemment dans l’actualité comme un DIAPO «"retour du
refoulé"».
DIAPO Cette analyse constitue le point de départ de l’analyse
menée par Nicolas Bancel, Pascal Blanchard et Françoise
Vergès dans La République coloniale. Essai sur une utopie,
publié en 2003. Ils y appellent de leurs voeux un réexamen du lien
entre République et fait colonial, non pas pour ressasser de vieilles
rancoeurs mais pour comprendre par quel processus la République
a pu s’accommoder d’une situation coloniale qui était à l’opposé de
son idéal :
«"Il a fallu (…) redonner à la colonie son rôle dans la construction
de la Nation, de l’identité nationale et de la République française.
Non plus simplement redistribuer les responsabilités et les blâmes,
mesurer les montants d’une réparation, enfermer le vocabulaire du
remords et du repentir toute référence à ce passé, mais être