A. La décolonisation pacifique: Le cas de l’Inde britannique
Les campagnes de désobéissance civile, que Gandhi a menées en Inde pendant l'entre-deux-
guerres, ont exaspéré la Grande-Bretagne. Pays pauvre mais très peuplé, l'Inde entend en effet
jouer un rôle mondial en se faisant le chantre de l'anticolonialisme neutraliste. Mais au sortir de la
Seconde Guerre mondiale, le gouvernement britannique n'a plus les moyens d'affronter une
nouvelle guerre coloniale. Il finit donc par concéder l'indépendance au sous-continent indien en
août 1947, mais non sans devoir faire face à des heurts violents entre la communauté hindoue et
musulmane.
Tandis que Gandhi et Nehru, les principaux dirigeants du parti du Congrès, tiennent à l’unité
indienne, la ligue musulmane, dirigée par Ali Jinnah, réclame la création d’un État musulman
indépendant. Les incidents deviennent de plus en plus violents et dégénèrent dans une guerre
civile. En février 1947, les Anglais décident d'évacuer le pays et le 15 août 1947, cette situation
aboutit à la partition du pays en deux États indépendants: L’Inde, à majorité hindou et le Pakistan,
à majorité musulmane. La République de l’Inde est proclamée en janvier 1950, une fois la
constitution élaborée, mais elle demeure membre du Commonwealth britannique.
En 1948, deux autres possessions britanniques, la Birmanie et l’île de Ceylan accèdent à
l’indépendance. Seule la Malaisie doit attendre 1957 pour devenir indépendante.
B. L’indépendance des Indes néerlandaises
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les Pays-Bas tentent de reconquérir leur ancienne
colonie, qu’ils ont dû abandonner en 1942 aux Japonais. Mais les nationalistes indonésiens
revendiquent l’indépendance de l’archipel. Alors que le Japon capitule le 17 août 1945, le leader
indonésien, Soekarno, proclame l’indépendance de l’Insulinde néerlandaise. Entre 1947 et 1948,
les Pays-Bas lancent deux grandes interventions militaires. Mais les nationalistes tiennent bon et
les Néerlandais, sous la pression des Nations unies et des États-Unis, doivent céder. En décembre
1949, après quatre années de confrontation militaire et diplomatique avec les Pays-Bas, ces
derniers reconnaissent enfin l’indépendance des Indes néerlandaises transformée en République
des États-Unis d’Indonésie.
C. La décolonisation armée: Le cas de l’Indochine française
La France doit aussi faire face aux désirs d’émancipation de ses colonies. Au lendemain de la
Seconde Guerre mondiale, le 2 septembre 1945 à Hanoi, Hô Chi Minh, chef du mouvement
nationaliste d’obédience communiste, le Viêt Minh, s’empare du pouvoir et décrète au nom du
gouvernement provisoire l'indépendance du pays et proclame officiellement la naissance de la
République démocratique du Viêt Nam (RDV). L’empereur Bao Dai doit abdiquer.
D’octobre 1945 à janvier 1946, les troupes françaises réoccupent militairement la Cochinchine. Le
6 mars 1946, le Français Jean Sainteny, commissaire de la République, et Hô Chi Minh signent un
accord qui prévoit la reconnaissance du Viêt Nam comme État libre, intégré au sein de la
Fédération indochinoise et faisant partie de l’Union française.
Mais ces accords ne durent pas. Le 1er juin 1946, le Haut Commissaire Georges Thierry
d'Argenlieu proclame la République de Cochinchine. Le 23 novembre 1946, face à
l’accroissement des troubles et en vue de rétablir l’autorité française dans la zone nord de
l’Indochine, la marine française bombarde le port de Haiphong, faisant près de 6 000 victimes. Le
19 décembre, en représailles, des éléments du Viêt Minh s’attaquent aux quartiers européens de
Hanoi et massacrent des dizaines de personnes. Hô Chi Minh se réfugie dans la clandestinité pour