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La fin des colonies européennes – Texte intégral
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Date de dernière mise à jour: 01/08/2016
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La fin des colonies européennes – Texte intégral
Table des matières
Introduction
I. La décolonisation en Asie
A. La décolonisation pacifique: Le cas de l’Inde britannique
B. L’indépendance des Indes néerlandaises
C. La décolonisation armée: Le cas de l’Indochine française
II. L’émergence du Tiers Monde
A. La conférence de Bandoeng
B. La crise de Suez
III. La décolonisation en Afrique
A. L’indépendance du Maroc et de la Tunisie
B. La poudrière algérienne
C. L’émancipation de l’Afrique noire
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Introduction
La Seconde Guerre mondiale a sérieusement ébranlé le système colonial. En effet, les puissances
coloniales ont perdu leur prestige d'antan, elles ont soit été vaincues et occupées, comme les Pays-
Bas, la Belgique et la France, soit elles sont sorties très épuisées du conflit, comme ce fut le cas
pour le Royaume-Uni. Les peuples colonisés, souvent employés pour renflouer les rangs des
armées alliées en guerre, éprouvent alors le désir de se défaire des liens qui les unissent encore à
une Europe ruinée et exsangue.
De plus, l’émergence de deux grandes superpuissances anticolonialistes, les États-Unis et l’Union
soviétique, et le nouveau contexte international après 1945 favorisent la lutte des colonies pour
l’indépendance. Ainsi, la charte des Nations unies réaffirme le «respect du principe de l'égalité de
droits des peuples et de leur droit à disposer d'eux-mêmes». Ce principe avait déjà été évoqué par
le président américain Roosevelt et le Premier ministre britannique Churchill dans la charte de
l’Atlantique signée le 14 août 1941 sur le croiseur américain Augusta au large de la Terre-Neuve.
Au point 3 de cette déclaration solennelle, les deux chefs d’État énoncent le principe suivant
lequel «ils respectent le droit de chaque peuple à choisir la forme de son gouvernement et espèrent
que les droits souverains et l'autonomie de gouverner seront restitués à ceux qui en ont été privés
par la force».
Les peuples colonisés, conscients du nouveau contexte international favorable qui s’offre à eux, se
lancent dans la lutte pour leur indépendance. Cette émancipation des colonies se fera pour les uns
par la négociation, pour les autres par la force.
La décolonisation se fait en deux phases. La première s’étend de 1945 à 1955 et touche surtout les
pays du Proche et Moyen-Orient, ainsi que l’Asie du Sud-Est. La seconde phase commence en
1955 et concerne essentiellement l’Afrique du Nord et l’Afrique noire. En 1955, la conférence de
Bandoeng, qui réunit pour la première fois vingt-neuf délégués africains et asiatiques, marque la
fin de la décolonisation de l’Asie et annonce la décolonisation en Afrique. Bandoeng marque
également l’entrée sur la scène internationale des pays du Tiers Monde.
I. La décolonisation en Asie
Les peuples colonisés d'Asie du Sud-Est sont les premiers à réclamer le départ des Européens et à
revendiquer leur indépendance. En quelques années, toutes les colonies, à l’exception des
possessions portugaises de Goa et de Timor, deviennent indépendantes.
En février 1947, les Britanniques décident d’évacuer l’Inde qui, quelques mois plus tard, acquiert
son indépendance, mais non sans que le pays subisse une partition et voit la naissance d’un nouvel
État, le Pakistan. En 1948, le Royaume-Uni accorde l’indépendance à la Birmanie, à l'île de
Ceylan et, en 1957, à la Malaisie.
De son côté, l’Indonésie subit quatre années de confrontation militaire et diplomatique avec les
Pays-Bas, avant que ces derniers ne reconnaissent l’indépendance des Indes néerlandaises en
décembre 1949.
La France doit aussi faire face aux désirs d’émancipation de ses colonies. Dès 1946, elle s’engage
militairement en Indochine. Huit ans plus tard, la guerre coloniale se conclut par la victoire du
Viêt Minh sur les forces françaises, contraintes de quitter le pays. Le Laos et le Cambodge
accèdent également à l’indépendance.
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A. La décolonisation pacifique: Le cas de l’Inde britannique
Les campagnes de désobéissance civile, que Gandhi a menées en Inde pendant l'entre-deux-
guerres, ont exaspéré la Grande-Bretagne. Pays pauvre mais très peuplé, l'Inde entend en effet
jouer un rôle mondial en se faisant le chantre de l'anticolonialisme neutraliste. Mais au sortir de la
Seconde Guerre mondiale, le gouvernement britannique n'a plus les moyens d'affronter une
nouvelle guerre coloniale. Il finit donc par concéder l'indépendance au sous-continent indien en
août 1947, mais non sans devoir faire face à des heurts violents entre la communauté hindoue et
musulmane.
Tandis que Gandhi et Nehru, les principaux dirigeants du parti du Congrès, tiennent à l’unité
indienne, la ligue musulmane, dirigée par Ali Jinnah, réclame la création d’un État musulman
indépendant. Les incidents deviennent de plus en plus violents et dégénèrent dans une guerre
civile. En février 1947, les Anglais décident d'évacuer le pays et le 15 août 1947, cette situation
aboutit à la partition du pays en deux États indépendants: L’Inde, à majorité hindou et le Pakistan,
à majorité musulmane. La République de l’Inde est proclamée en janvier 1950, une fois la
constitution élaborée, mais elle demeure membre du Commonwealth britannique.
En 1948, deux autres possessions britanniques, la Birmanie et l’île de Ceylan accèdent à
l’indépendance. Seule la Malaisie doit attendre 1957 pour devenir indépendante.
B. L’indépendance des Indes néerlandaises
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les Pays-Bas tentent de reconquérir leur ancienne
colonie, qu’ils ont dû abandonner en 1942 aux Japonais. Mais les nationalistes indonésiens
revendiquent l’indépendance de l’archipel. Alors que le Japon capitule le 17 août 1945, le leader
indonésien, Soekarno, proclame l’indépendance de l’Insulinde néerlandaise. Entre 1947 et 1948,
les Pays-Bas lancent deux grandes interventions militaires. Mais les nationalistes tiennent bon et
les Néerlandais, sous la pression des Nations unies et des États-Unis, doivent céder. En décembre
1949, après quatre années de confrontation militaire et diplomatique avec les Pays-Bas, ces
derniers reconnaissent enfin l’indépendance des Indes néerlandaises transformée en République
des États-Unis d’Indonésie.
C. La décolonisation armée: Le cas de l’Indochine française
La France doit aussi faire face aux désirs d’émancipation de ses colonies. Au lendemain de la
Seconde Guerre mondiale, le 2 septembre 1945 à Hanoi, Hô Chi Minh, chef du mouvement
nationaliste d’obédience communiste, le Viêt Minh, s’empare du pouvoir et décrète au nom du
gouvernement provisoire l'indépendance du pays et proclame officiellement la naissance de la
République démocratique du Viêt Nam (RDV). L’empereur Bao Dai doit abdiquer.
D’octobre 1945 à janvier 1946, les troupes françaises réoccupent militairement la Cochinchine. Le
6 mars 1946, le Français Jean Sainteny, commissaire de la République, et Hô Chi Minh signent un
accord qui prévoit la reconnaissance du Viêt Nam comme État libre, intégré au sein de la
Fédération indochinoise et faisant partie de l’Union française.
Mais ces accords ne durent pas. Le 1er juin 1946, le Haut Commissaire Georges Thierry
d'Argenlieu proclame la République de Cochinchine. Le 23 novembre 1946, face à
l’accroissement des troubles et en vue de rétablir l’autorité française dans la zone nord de
l’Indochine, la marine française bombarde le port de Haiphong, faisant près de 6 000 victimes. Le
19 décembre, en représailles, des éléments du Viêt Minh s’attaquent aux quartiers européens de
Hanoi et massacrent des dizaines de personnes. Hô Chi Minh se réfugie dans la clandestinité pour
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combattre les Français. C'est le début d'une guerre qui va durer huit ans. Les troupes françaises se
lancent dans une difficile reconquête des zones tenues par le Viêt Minh et s’engagent
progressivement dans une guerre coloniale lointaine et coûteuse en vies humaines.
À partir de 1949, le Tonkin, l'Annam et la Cochinchine sont regroupés au sein du nouvel État du
Viêt Nam, associé à la France dans le cadre de l’Union française et dirigé depuis la ville de Saigon
par l’empereur Bao Daï, rentré au Viêt Nam en avril 1949.
Pour justifier cette guerre coloniale devant l'opinion publique mondiale en général et du
gouvernement américain en particulier, les autorités françaises la définissent davantage comme
une lutte anticommuniste que comme une guerre coloniale. En effet, dès la fin de l’année 1949,
des troupes chinoises s’installent le long de la frontière du Viêt Nam. L’Union soviétique et la
Chine communiste de Mao Tsé-Toung accentuent leur soutien (livraison d’armes et de matériel,
envoi d’instructeurs…) aux troupes du Viêt Minh. Ainsi, face à cette menace et avec le début de la
guerre de Corée en juin 1950, les États-Unis se déclarent prêts à aider matériellement l'effort de
guerre français par la fourniture d'armements. La guerre d’Indochine s’inscrit dans la politique de
containment américaine et devient l’un des fronts de la lutte contre l’expansion communiste.
Mais la position française en Indochine ne fait que s'effriter. Les défaites sur le terrain se
multiplient et les pertes militaires françaises ne cessent de s’alourdir. Après la reddition
catastrophique du 7 mai 1954 de sa forteresse de Diên Biên Phu, la France réalise qu'elle ne peut
plus poursuivre cette guerre lointaine et onéreuse au seul nom de la lutte anticommuniste.
Les accords de Genève du 21 juillet 1954 mettent fin au conflit et la France est contrainte à quitter
le pays. Le Viêt Nam est divisé en deux parties: tandis que le nord du Viêt Nam passe sous le
contrôle communiste du leader Hô Chi Minh, une dictature nationaliste s'installe au sud du 17e
parallèle. L'indépendance du Laos et du Cambodge, proclamée en 1953, est définitivement
reconnue. Mais contrairement à la France, les Américains n’acceptent pas les résultats de la
conférence de Genève et restent partisans de l'indépendance du Viêt Nam du Sud.
Aussitôt délestée de la poudrière indochinoise, la France perd une partie importante de son
prestige colonial, ce qui ne fait que renforcer davantage les mouvements indépendantistes qui
agitent déjà ses possessions d'Afrique du Nord.
II. L’émergence du Tiers Monde
Suite au mouvement d’indépendance naît un ensemble de pays n’appartenant ni au bloc
occidental, ni au bloc soviétique et partageant certaines caractéristiques, dont le sous-
développement et une croissance démographique importante: c’est le «Tiers Monde» (expression
forgée par l'économiste et le démographe français Alfred Sauvy en 1952).
Dans les années 1950, cinq pays asiatiques nouvellement indépendants (l’Inde, le Pakistan,
Ceylan, la Birmanie et l’Indonésie) prennent l’initiative d’unir les pays du Tiers Monde pour faire
front commun face à la colonisation. Le 17 avril 1955 s’ouvre à Bandoeng en Indonésie une
conférence afro-asiatique qui, pour la première fois, permet aux pays du Tiers Monde de
s’affirmer sur la scène internationale.
En 1956, la crise de Suez illustre ces nouveaux rapports de force internationaux. En Égypte, le 26
juillet 1956, le président Gamal Abdel Nasser, chantre du panarabisme, proclame la
nationalisation de la compagnie du canal de Suez. Se heurtant ainsi de front aux intérêts de la
France, du Royaume-Uni et d’Israël, la crise de Suez provoque une épreuve de force débouchant
sur une opération militaire conjointe des trois pays contre l’ancien protectorat britannique en
octobre 1956. Or, la volonté de la France et du Royaume-Uni de sauvegarder leurs intérêts
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