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qui soutenaient l'âme nationale. Chacun, quelle que fût sa tendance, avait, au fond, le
sentiment que le général emportait avec lui quelque chose de primordial, de permanent, de
nécessaire qu'il incarnait de par l'Histoire et que le régime des partis ne pouvait pas
représenter. » Dans ce texte, on retrouve les axes fondamentaux du gaullisme: condamnation
du régime des partis, appréhension historique de la France.
Puis il explicite dans le discours de Bayeux de juin 1946 ses conceptions de l’Etat et des
institutions. Il veut un exécutif fort , placé au dessus des partis et plus largement il prône un
Etat démocratique fort, seul solution dans une période d’effort national et de redressement et
rempart à la dictature. Vraie vision de l’histoire de la Nation., il y a du Michelet chez de
Gaulle. Vue des défenseurs de la IVème, la démarche de de Gaulle est boulangiste et les plus
durs assimilent danger gaulliste et danger communiste qui veulent détruire le
parlementarisme.
L’une des accusations les plus courantes contre de Gaulle (elle reviendra en 1958) est de viser
le pouvoir personnel, de gaulle déclare (en 1948) :
«Pouvoirpersonnel?Quʹest‐cequecelaveutdiredansuneconstitutionquiseraitapprouvée
parlepaysetquijoueraitnormalement(…)Quantàcequisʹestpasséenjuin1940dans
lʹeffondrement‐général,danslʹimpossibilitépourlepeupledesefaireentendre,ilestbien
vraiquejʹaiprislepouvoiretquejelʹaiportéjusquʹàcequejʹaiepuleremettreàla
représentationnationale.Oui,ʺsuisrevenudʹEgypteetmêmedeLibye,dʹItalie,duRhinet
duDanube,jesuisentrédansParis,dansLyon,dansMarseille,dansRennes,dansLille,
dansToulouse,dansStrasbourgsurlespasdetroupesvictorieuses,ai‐jeétrangléla
République?»
La création du Rassemblement du Peuple Français en avril 1947 ne lève pas ^pour les
adversaires due de Gaulle les ambiguïtés politiques. Idée de rassemblement pose un problème
politique. En effet, le terme de rassemblement est étranger à la gauche (en dehors d’une
fédération de partis), mais il a été largement utilisé dans les années 20 et 30 par la droite
ligueuse (les jeunesses patriotes de Taittinger, les Croix de feu) : le RPF va donc ratisser
large, mais plutôt à droite, éventuellement au centre, sur un programme de réforme de l’Etat
et d’anticommunisme (les communistes parlent d’ailleurs de ligue factieuse à propos du RPF).
En dépit des succès municipaux d'octobre 1947 (véritable percée : les listes RPF s’emparent
de 42 villes de + de 30 000 habitants sur 110, de 13 des plus grandes villes françaises, dont
Marseille, Bordeaux (Chaban), Lille, Strasbourg, Alger, le score du RPF varie de 30 à 40%
des suffrages). De Gaulle pense alors que le peuple a clairement condamné la IVème
République et le régime des partis et il appelle à la dissolution de l’Assemblée et à de
nouvelles élections législatives au scrutin majoritaire, qui permettraient de mettre en œuvre
une nouvelle constitution.
le RPF ne parvient pas à vraiment s'imposer durablement, en tous cas plus de quelques
années, faute d’avoir réussi son coupe de force de 1947, faute aussi d’avoir pleinement
assumé son rôle de parti politique.
C’est une structure curieuse, qui a emménagée 5 rue de Solferino (aujourd’hui siège de la
Fondation de Gaulle), et est organisée pyramidalement autour du Général et de ses
« compagnons », souvent issus de la résistance (Baumel, Fouchet, de Bénouville), avec un
secrétaire gal, jacques Soustelle. Y gravitent aussi des juristes et des intellectuels, tels Michel
Debré, G.Pompidou, Raymond Aron, Malraux…).
Jacques Baumel : " Dès le début de notre installation rue de Solferino, le Général inaugura
une sorte d'emploi du temps protocolaire. Une fois par semaine, il quittait Colombey pour se
rendre à Paris. Il séjournait un jour ou deux à l'hôtel La Pérouse et venait le mercredi rue de