paroisses rassemblée depuis 1169 en six quartiers ou
sestieri
symbolisés par les six dents que porte la proue
des gondoles (San Marco, Cannaregio, Castello, Dorsoduro, San Polo, San Croce)
La municipalité intervint par des règlements pour encadrer l'évolution urbaine, jusque-là anarchique. Les
alignements de façade devaient être respectés. En 1224, un organisme chargé d'entretenir les canaux fut créé.
On entreprit également de bonifier l'îlot de
Giudecca nuova
.
La capitale d'un empire maritime
Venise est considérée depuis le XIe siècle comme la plus grande puissance économique de Méditerranée.
Conduite par son doge et ses grandes familles marchandes, Venise s'est peu à peu imposée comme le principal
intermédiaire commercial entre l'Orient, dominé par les cultures musulmane et byzantine, et le monde chrétien.
Cette place de quasi monopole fut acquise suite à l'aide apportée à l'Empire byzantin dans ses guerres contre
les peuplades slaves telles que les Bulgares. Cette situation changea en 1171 lorsque l'empereur byzantin Manuel
Ier fit saisir toutes les possessions des vénitiens sur son territoire afin de redresser les finances de l'empire.
Pour se venger et pour rétablir son hégémonie commerciale sur l'Est méditerranéen, Venise détourna la
quatrième croisade qui, au lieu de se diriger sur l'Égypte (but affiché de l'expédition), se dirigea sur
Constantinople, la capitale byzantine, qui fut prise par les croisés en 1204. Cette victoire vénitienne changea
profondément les rapports de forces dans cette partie de la Méditerranée, les vénitiens en profitant pour se
constituer un empire insulaire avec des possessions telles que la Crète, le duché de Naxos (les Cyclades) ou
encore les îles Ioniennes (plus des comptoirs en mer Noire et en Méditerranée orientale).
Dans la seconde moitié du XIII
e siècle, Venise, avec environ 100 000 habitants, figurait avec Paris, Pise, Milan,
Florence, Gênes et Gand parmi les plus grandes villes d'Europe occidentale. Elle se trouvait à la tête d'un État,
certes de petite taille mais indépendant : la République de Venise.
Au XIVe siècle, elle et Gênes régnaient sur le commerce de la Méditerranée. Une position que la première avait
notamment acquise en prenant une part active à la quatrième croisade (1202-1204). Elle avait assuré le
transport par mer des Croisés, avait conquis grâce à leur aide militaire de multiples comptoirs sur la route de
l'Orient (Zara, Corfou...) et enfin avait participé au pillage de Byzance. Les quatre chevaux dorés qui ornent
aujourd'hui la basilique Saint-Marc proviennent du butin ramené de l'ancienne Constantinople.
La puissance navale des Vénitiens s'appuyait notamment sur ses galères. En 1325, débutèrent les travaux
d'agrandissement de l'Arsenal d'où sortaient ces bateaux.
À partir du XIIIe siècle, les rives du
Canal Grande
se peuplèrent de belles demeures, les
casa
des notables.
Commines, le conseiller du roi de France Louis XI resta admiratif devant ce spectacle. Pour lui, Venise est « la
plus triomphante cité que j'ai jamais vue » et le
Canal Grande
« la plus belle rue que je croy qui soit en tout le
monde et la mieux raisonnée ».
La montée en puissance des Turcs en Orient et la découverte de l'Amérique en 1492 signifiaient la fin de Venise
en tant que grande puissance commerciale, l'Europe atlantique étant alors le centre des échanges avec le reste
du monde.
La guerre avec Gênes
La rivalité historique avec Gênes avait pour origine la concurrence entre les républiques maritimes pour le
contrôle des routes commerciales avec l'Orient, et en Méditerranée. Si, avec Pise, la République de Venise
réussit, à plusieurs reprises, à trouver des accords de partition de zones d'influence, avec Gênes, les rapports
étaient moins cordiaux.
Au XIIIe siècle, les hostilités se limitaient à la guerre de course. Vers 1218, les républiques de Venise et de
Gênes s'accordèrent pour mettre fin à cette situation, Gênes obtenant la garantie de la liberté de trafic vers
les terres de l'empire oriental.
Le deux républiques s'affrontèrent violemment au cours de la seconde moitié du XIVe siècle pour la possession
du monastère de San Saba, dans la ville syrienne de Saint-Jean-d’Acre.
Venise poursuivit la lutte pour la maîtrise des routes commerciales ; après une défaite à Portolungo (1354), les
hostilités reprirent en 1376 pour la conquête de l'île de Ténédos, important nœud commercial à l’entrée du
détroit des Dardanelles. Après des victoires alternées, la paix de Turin (1381) conclut, en apparence, la g u e r r e
de Chioggia : Ténédos ne fut remise à aucun des belligérants. En réalité, Gênes - qui n'avait pas réussi à chasser
sa rivale du commerce avec l'Orient - se trouva engagée dans une période de luttes intestines qui compromit son
indépendance. Venise, au contraire, réussit à maintenir un état de cohésion ; si elle ne gagnait pas la guerre, elle
gagnait la paix. La chute de Byzance aux mains des Ottomans de Mehmed II (1453) révéla qui était la vraie
puissance navale de la Méditerranée orientale, et contraignit les deux républiques maritimes à chercher
d'autres voies de développement. Gênes la trouva dans la finance internationale, Venise dans l'expansion
terrestre.