P24
La signalisation anorexigène du complexe vagal dorsal inhibe la déglutition rythmique, composante motrice du
comportement alimentaire.
Félix Bernadette1, Trouslard Jérôme2, Bariohay Bruno2, Tardivel Catherine1, Jean André1,2
Centre de Recherche en Neurobiologie-Neurophysiologie de Marseille, CRN2M, 1INRA USC-2027, CNRS UMR-6231
Université de la Méditerranée Université Paul Cézanne2, Département de Physiologie NeuroVégétative, Faculté des
Sciences et Techniques de St Jérôme, Marseille, 13013 France
Il est classiquement admis que le contrôle de la prise alimentaire et de la balance énergétique est organisé de façon
hiérarchisée à travers 1) des mécanismes à court terme qui contrôlent la taille des repas via les signaux de satiété
(remplissage gastrique, CCK…) et les afférences vagales agissant sur le complexe vagal dorsal (CVD) situé dans le
bulbe rachidien, 2) des mécanismes à long terme qui contrôlent le poids corporel via des signaux d’adiposité (leptine,
insuline) agissant sur des structures hypothalamiques, 3) des voies anorexigènes et orexigènes en provenance de
l’hypothalamus et à destination du bulbe rachidien, qui contrôlent la satiété réflexe et dont les cibles ne sont pas
clairement identifiées. Néanmoins, d’autres résultats remettent en question cette notion d’un contrôle hiérarchique,
suggérant une régulation plus distribuée au travers d’interconnections réciproques entre l’hypothalamus et le bulbe
rachidien. Sur la base de ces données, nous avons étudié l’action de signaux anorexigènes tels que la leptine et le Brain-
derived neurotrophic factor (BDNF) sur l’activité des prémotoneurones déglutiteurs. Le CVD contient plusieurs
programmateurs centraux (CPG) responsables des comportements moteurs de l’ingestion et en particulier celui de la
déglutition. Pour ce faire, nous avons utilisé le modèle de déglutition rythmique déclenché par des stimulations
électriques répétitives du nerf laryngé supérieur (NLS). Nous avons ainsi montré qu’une microinjection de leptine ou de
BDNF dans le CPG de la déglutition, entraîne une inhibition qui est rapide, réversible et dose dépendante. Cette
inhibition résulte d’une activation des récepteurs à la leptine et TrkB, respectivement. Il est intéressant de noter que pour
inhiber la déglutition, la signalisation BDNF-TrkB met en jeu un mécanisme GABAA dépendant. De plus, le taux de
BDNF contenu dans le CVD qui est modulé par l’état nutritionnel et augmenté par les hormones anorexigènes (leptine,
CCK), se trouve diminué par la stimulation du NLS qui déclenche des déglutitions. En conséquence, le BDNF peut-être
considéré comme un intégrateur commun pour les feedbacks tant positifs que négatifs qui contrôlent la prise alimentaire
au niveau du CVD.
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Une carence prénatale en vitamine D modifie de manière paradoxale la réponse trans-générationnelle à
l’encéphalomyélite auto-immune expérimentale
Diana Andrea Fernandes de Abreu, El Chérif Ibrahim, José Boucraut, Michel Khrestchatisky, François Féron
NICN, UMR CNRS 6184, IFR 11, Faculté de Médecine, Université de la Méditerranée, Marseille, France.
De très nombreuses données épidémiologiques indiquent qu’une insuffisance en vitamine D durant la gestation
pourrait être un facteur de risque pour la Sclérose en plaques (SEP). Pour tester cette hypothèse, nous avons mis au point
un modèle murin de déficience développementale en vitamine D (DVD). Des souris femelles C57Bl/6 ont été alimentées
avec une nourriture carencée en vitamine D, six semaines avant la conception et pendant toute la durée de la gestation.
Après la mise-bas, les mères et leur progéniture (F1 DVD) ont été alimentées avec de la nourriture contenant de la
vitamine D (1 500 UI/kg).
L’encéphalomyélite auto-immune expérimentale (EAE), modèle animal de SEP, a été induite avec le peptide
MOG (myelin oligodendrocyte glycoprotein) chez les souris femelles adultes (12 semaines) de la génération F1 (F1
DVD) et de la génération F2 (F2 DVD). Après l’observation du décours des symptômes pendant 30 jours, nous avons
mesuré, par PCR quantitative, l’expression de transcrits candidats impliqués dans i) la machinerie de la vitamine D
(récepteurs nucléaire et cytosolique de la vitamine D, VDR and MARSS), ii) l’homéostasie du système immunitaire
(IL1, IL2, IL4, IL10, IL17, IL23, TNFalpha, IFNgamma, TGFbeta, TLR2), et iii) la myélinisation (MOG). Nous avons
également recherché une expression anormale d’ARN messagers pour des gènes candidats issus d’études pan-
génomiques et pan-protéomiques réalisées antérieurement par l’équipe (HSa5, HSa8, HSP90, FKBP1a, PPP3, PSMA2).
Nos résultats indiquent qu’une déficience développementale en vitamine D modifie de manière significative la
réponse à l’EAE. Contrairement à notre hypothèse, les souris F1 DVD ont développé une EAE plus tardive et moins
sévère. Inversement, les souris F2 DVD ont été plus sévèrement touchées et de manière plus précoce que les animaux
contrôles.
Ces observations surprenantes ont été confirmées au niveau moléculaire par des variations d’expression de gènes qui
jouent un rôle important dans la myélinisation et l’inflammation. Au 30ème jour post-immunisation, l’expression de la
MOG et de cytokines inflammatoires (ostéopontine, TNF-alpha) est demeurée stable chez les souris F1 DVD tandis
qu’elle était fortement augmentée chez les souris contrôles. Par ailleurs, nous avons observé que des protéines de choc
thermique (HSa5, HSa8, HSP90) et les récepteurs à la vitamine D (VDR et MARRS) pourraient être les médiateurs de
cette résistance à l’EAE. Notre étude démontre qu’une hypovitaminose D maternelle modifie le développement
embryonnaire et constitue pour la première génération un facteur de protection et, pour la deuxième génération, un
facteur de risque vis à vis de l’EAE.