Dans un projet innovant, il est souvent difficile pour l'entrepreneur d'évaluer
correctement à l'avance le niveau exact d'investissements qu'il faudra mettre
en oeuvre et de prévoir en amont le plan de financement qui en découle.
Dans le cadre de Sport Universal, les fondateurs anticipaient deux à trois
ans de R&D avant de pouvoir réaliser du chiffre d'affaires sur la base de
l'innovation développée. En réalité, trois ans après la création de l'entreprise
en 1995 (qui bénéficiait déjà, avant sa création, de 2 ans de pré-R&D
en université), elle ne disposait que d'un prototype qui n'était pas
commercialisable. Il a fallu trois années supplémentaires pour pouvoir
mettre une solution sur le marché.
Plusieurs éléments sous ou mal estimés ont ainsi contribué à l'augmentation non prévue
du "burn-rate" :
Ole temps nécessaire pour trouver les experts pertinents dans les questions de droit à
l'image par exemple afin d'accompagner efficacement l'entreprise.
Ola longueur du processus commercial (délai de mise sur le marché et processus d'achat des
clients) et le choix de mauvais partenaires commerciaux sur le marché anglais pénalisant
ansi le démarrage de l'activité.
Ol'impact de la gestion des ressources humaines : au lieu d'une équipe de 5 personnes sur 3 ans,
l'équipe a compté de 10 à 12 ingénieurs pendant 8 ans, impliquant des charges de structures
importantes non prévues au départ. En parallèle, nous n'avons pas suffisamment anticipé
les besoins en compétences marketing et commerciales, en considérant à tort que
les avantages-produit suffiraient à générer des ventes.
Face à ce décalage entre les charges et les ressources, Sport Universal a rapidement été confrontée
à l'obligation de chercher des fonds externes. Lors de nos trois premiers tours de table, nous avons
anticipé les besoins avec ce que nous estimions être une bonne marge de manoeuvre.
Pourtant, nous nous sommes trouvés dans une situation délicate lors des "closings", en raison
d'une trésorerie insuffisante qui ne nous permettait pas d'être en position de force dans
les négociations.
Finalement, pour faire face aux besoins financiers et, bien que cela ait été extrêmement défavorable
aux actionnaires historiques de la société, la cession (après plan de redressement) s'est avérée
être la seule sortie à même d'assurer la viabilité de l'activité. Sport Universal a donc vendu
ses actifs en février 2004 à SUP.
A mon sens, trois leçons sont à retirer de cette expérience :
Opremièrement, une entreprise doit lever des fonds lorsqu'elle n'en a pas (encore) besoin !
Odeuxièmement, il est important de réfléchir en amont et de manière approfondie au type
de partenaire recherché : Sport Universal aurait certainement gagné beaucoup de temps
si elle avait cherché des partenaires qui, outre un soutien financier, pouvaient lui apporter
un relationnel commercial et un support opérationnel, en particulier via un réseau
de contacts déjà établi (des partenaires industriels liés au milieu du sport par exemple).
J'estime que ceci nous aurait permis de réduire de près d'un tiers le temps qui a été nécessaire
pour construire le réseau essentiel au développement de l'activité.
Otroisièmement, mener une réflexion de fond sur la gestion des ressources humaines. Ainsi,
on aurait pu réduire les équipes de R&D à 4 ou 5 ingénieurs clés en plus de quelques
“sous traitants stratégiques” et, par ailleurs, recruter davantage de compétences
commerciales et marketing.
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Témoignage
Témoignage "Une entreprise doit lever des fonds
quand elle n'en a pas encore besoin."
Antoine David, fondateur et ex-PDG de Sport Universal
Fournisseur de solutions de statistiques et d'animations Flash pour les sites sportifs