Dossier pédagogique réalisé par le service des publics
Philippe L’HERITIER
SOMMAIRE
I- Sa vie, son œuvre, ses collaborations..........................................................................................2
II- La cage à population......................................................................................................................4
III - Théorie synthétique de l’Évolution.........................................................................................5
IV - Transgressions à la génétique mendélienne...........................................................................8
1) Sensibilité héréditaire au dioxyde de carbone. ................................................................10
2) Dysgénésie hybride...................................................................................................................11
Glossaire..................................................................................................................................................12
Références.............................................................................................................................................14
Liens Internet.......................................................................................................................................14
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I- Sa vie, son œuvre, ses collaborations
à Ambert dans le Puy de Dôme le 3 janvier 1906, il fait une première partie de
ses études chez les Pères, en Auvergne. D’abord à Ambert, puis à l’école des maristes à
Riom, il rejoint finalement les jésuites de Sainte-Geneviève (Versailles) il prépare
son entrée aux grandes écoles. Il rejoint l'École Normale Supérieure il prépare sa
thèse de génétique sous la direction de Robert Lévy, directeur du département de
zoologie. En 1930, il obtient son agrégation et devient « naturaliste et biologiste ».
Avec l’appui d’André Mayer, professeur de physiologie au Collège de France, il est l'un
de premiers à obtenir une bourse Rockefeller. Il part alors, après son service militaire,
s’initier à la génétique mendélienne aux États-Unis.
Il étudie à l’Université d’Iowa, dans le Middlewest, auprès du Professeur Ernest W.
Lindström spécialiste de la génétique et de l’hybridation du maïs. Il y reste huit mois et
est le témoin des recherches sur la génétique végétale. Puis, il entreprend de faire le
tour des laboratoires de génétique du pays. Il rencontre ainsi l’équipe de T. H. Morgan
au « Caltech » (Berkeley), notamment T. Dobzhanski et H. Müller. Philippe L’Héritier
réalise alors le retard de la pensée scientifique de la France en la matière, notamment
en y découvrant la génétique des populations.
De retour en octobre 1932 avec un projet de travail et un objet d’étude : la
drosophile (la mouche du vinaigre), il obtient un poste d’agrégé préparateur à l’Ecole
Normale Supérieure. Il y retrouve George Teissier, lui aussi normalien, mais plutôt
orienté vers les mathématiques appliquées à la biologie. Une longue collaboration naît de
cette rencontre. Ils décident donc de s’attaquer à la génétique des populations.
En 1938, avec l’aide d'Émile Terroine (professeur de physiologie), L’Héritier est
nommé Maître de conférences en zoologie à la faculté de Strasbourg. Ce fut non sans
mal, car la chaire de biologie générale était occupée par Louis Bounoure, un naturaliste
distingué mais un fixiste convaincu. Cette pensée s’oppose donc au courant
évolutionniste auquel adhère L’Héritier. Sur le point d’être mobilisé en 1939, L’Héritier
part en Ecosse en emportant ses souches de drosophiles pour les confier à H.Müller.
Finalement démobilisé et la faculté de Strasbourg étant repliée sur Clermont-Ferrand,
il décide de reprendre ses recherches en Auvergne. Müller lui renvoya alors les
drosophiles. L'Héritier enseigne également l’évolutionnisme aux étudiants clermontois à
la demande de Bounoure. Par conséquent, les étudiants recevaient les enseignements
fixistes de Bounoure et évolutionnistes de L’Héritier.
Les mots en rouge renvoient au glossaire.
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En 1947, l’enseignement de la génétique est officiellement créé en France, à la
Sorbonne. En compagnie de George Teissier, fondateur du CNRS, et de Boris Ephrussi,
Philippe L’Héritier y tient le poste de Maître de conférences dès 1950. Jusqu’en 1967, il
travaille en parallèle pour la Sorbonne et le CNRS, à Gif-sur-Yvette. Il y dirige un des
trois laboratoires spécialisés en génétique. D’abord appelé laboratoire de génétique
formelle, il devient laboratoire de génétique des virus. À la faculté d’Orsay Sud, il
enseigne d’abord la biogenèse puis la biologie générale. Il y prend notamment la chaire
de biologie générale de 1959 à 1967 et en profite pour recruter des chercheurs pour le
CNRS. En 1967, la réforme Aigrain transfère l’enseignement de la biologie générale
dans le premier cycle, ce qui supprime son poste à Orsay. Pierre Aigrain, alors directeur
des enseignements supérieurs, accepte la demande de L’Héritier de revenir sur
Clermont-Ferrand.
En 1967, il lui fallut le soutien de ses collègues physiciens, mathématiciens, chimistes et
surtout médecins pour que lui soit créée tout spécialement une chaire de génétique à la
faculté des sciences de Clermont-Ferrand. Par la même occasion, il y monte un
laboratoire avec l’aide du CNRS. Sur le campus d’Aubière, son bureau était au premier
étage du bâtiment de Biologie C, les recherches sur les drosophiles sont toujours
d’actualité.
En 1973, il prend sa retraite et se replie sur ses terres à Champétières près
d'Ambert avec son épouse. Mais, pendant plusieurs années, il a continué à venir chaque
semaine au laboratoire pour participer au travail scientifique. Il décède le 24 janvier
1994.
Philippe L’Héritier est l’auteur de nombreuses publications et ouvrages, dont :
Traité de génétique, tome 3, génétique des populations, Paris, P.U.F 1954
Génétique, Collection « Maîtrises de Biologie », Masson, 1975.
La grande aventure de la génétique (Paris, Flammarion, 1984)
Souvenirs d'un généticien, Colloque R.A. Fisher et l'histoire de la génétique des
populations, in Revue de synthèse, 1981, 103-104, CII, 331-343.
Biologie générale avec Maxime Lamotte :, 3 volumes, Paris, Doin, 1965, 1966,
1969.
Dictionnaire de génétique, Paris, Masson, 1979.
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II- La cage à population
Dès son retour des États-Unis en octobre 1932, Philippe L’Héritier décide de se
consacrer à l’étude de la génétique des populations sur la drosophile. Aussi, il alise un
isolat artificiel appelé cage à population ou démomètre, avec le Professeur Teissier.
C’est dans sa première publication relative à l’étude démographique des drosophiles, en
1933, que L’Héritier décrit le démomètre ou cage à population. Son objectif premier est
de quantifier la dynamique des populations. D’ailleurs démomètre signifie « mesure du
peuple ».
Description
Le premier démomètre est une caisse vitrée de 50 cm de longueur sur 25 cm de
largeur et 15 cm de profondeur. A l’époque, son fond est percé de 20 orifices disposés
sur deux rangées, pouvant chacun être obturé par un gros bouchon de liège. Il est alors
possible d’y souder à la cire à cacheter un godet de cristal de 40 cm. Un trou latéral,
généralement obturé par un coton, permet d'évacuer les cadavres de mouches ou les
détritus. Deux autres ouvertures plus grandes, placées en vis à vis et fermées par une
grille métallique fine, servent à l'aération.
Jusqu’en 1948, ce principe est conservé. Puis, le dispositif évolue. En effet, la cage
possède désormais 21 trous sur 3 rangées. Elle est entièrement en plastique afin d'être
nettoyée facilement. Néanmoins, la structure de base reste la même que celle
construite par L’Héritier.
Cage à population
coll. Ville de Clermont-Ferrand / Muséum Henri-Lecoq – Fonds L'Héritier
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Godet avec milieu nutritif
Principe général
Quelques mouches des deux sexes sont placées dans la cage, maintenue à température
constante. Chaque godet contient de la nourriture en quantité fixée. La population
s'accroît jusqu'à atteindre un équilibre (après trente ou quarante jours). Le nombre
d'individus est alors variable selon les souches et peut s'élever jusqu'à 3 à 4 000
individus. L'équilibre est régulé et maintenu par la quantité constante d'aliments.
À ses débuts, pour suivre l'évolution démographique des populations de drosophiles,
L’Héritier compte le nombre total d’individus directement ou après les avoir dispersées
sur un papier photographique exposé en lumière rouge, une fois les drosophiles
anesthésiées avec du dioxyde de carbone (CO2).
Cette méthode est par la suite abandonnée. En effet, il se met à analyser la population
d’œufs. Un godet de nourriture supplémentaire, destiné à la collecte de ces derniers,
est alors placé dans les cages à population. Après quelques heures, le godet est retiré
de la cage. Les œufs recueillis sont placés sur un milieu permettant à toutes les larves
de se velopper. On obtient ainsi une estimation de la concurrence larvaire dans la
cage.
Remarque : cette invention est une innovation technique primordiale pour le
développement de la recherche.
III - Théorie synthétique de l’ É volution
En 1932, L’Héritier rencontre Teissier, mathématicien de formation mais surtout
biométricien. Ce dernier mesurait à l’époque la taille des individus et tentait de trouver
des lois mathématiques pour expliquer leur croissance (théorie de la croissance
allométrique).
Tous deux décident alors de faire de la génétique des populations en travaillant sur la
drosophile.
Teissier étudie essentiellement les lois de la sélection naturelle grâce aux cages
à population. Il se pencha sur deux souches de drosophiles mutées :
1- souche 'Bar' à œil réduit 2 – souche 'ebony' à corps noir.
Il s'agit de confronter, dans chaque cas, deux allèles :
1- œil réduit versus œil rouge normal 2- corps noir versus corps clair normal
La possibilité d'étudier au laboratoire la sélection naturelle au niveau génétique est
alors démontrée.
L’Héritier lui se penche en particulier sur les capacités des différentes souches
de mouche à peupler un milieu. Toujours en collaboration avec Teissier mais aussi avec
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