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Que nous réserve l'avenir pour nos hivers québécois?
Cercle scientifique, le 22 janvier 2013, 23h37
Les impacts du réchauffement climatique sur les hivers québécois.
Par Dominique Paquin
Dominique Paquin travaille à Ouranos au sein du
consortium sur climatologie régionale et l'adaptation aux
changements climatiques. Spécialiste en simulations
climatiques, elle contribue à l'étude des changements
climatiques à divers niveaux, par exemple en évaluant
les modifications anticipées des précipitations sévères
d'été. Elle discute avec nous des tendances climatiques
pour le Québec pour les décennies à venir.
1. Compte-tenu qu'il n'y a plus de débat scientifique
quant à la réalité des changements climatiques,
quels sont les scénarios climatiques à prévoir pour le
Québec pour les décennies à venir?
Au Québec, comme sur le reste du globe, la température à
la surface augmentera, manifestation première du
changement du climat causé par l'augmentation anthropique des gaz à effet de serre. En moyenne sur le globe, pour la
fin du présent siècle par rapport à la fin du siècle dernier on prévoit une augmentation située entre 1.1 et 6.4 °C, la
fourchette provenant des multiples incertitudes, entre autres celle sur les futures concentrations de gaz à effet de serre
(GES). Au Québec, comme dans toutes les régions nordiques, l'augmentation prévue est plus grande que celle
moyenne du globe, notamment à cause de la fonte des glaces et de la neige. L'augmentation moyenne de la
température annuelle pourrait dépasser 7°C (voir tableau page 9 du fichier PDF). Les changements au niveau
hydrologique (précipitation) découlant de cette augmentation de température sont complexes et il est plus difficile de
donner l'heure juste quant à ce que l'on s'attend. On sait toutefois qu'une atmosphère plus chaude peut contenir plus
d'humidité et que les modèles prévoient une intensification du cycle hydrologique. Autrement dit, plus de précipitations
dans les régions qui en reçoivent déjà beaucoup (comme le Québec) et moins dans les régions qui en reçoivent peu.
Pour le Québec, on prévoit selon les régions et les saisons soit une augmentation des précipitations (hiver partout et au
nord en été), ou pas de changement (été au sud).
2. Comment ces scénarios affecteront-ils nos hivers « typiquement québécois »?
Les grands froids ne seront plus ce qu'ils étaient et seront de plus en plus rares. Ça ne veut pas dire qu'il n'y en aura
plus, mais les épisodes de froid extrême seront de moins en moins fréquents. Pour les grandes bordées de neige, les
modèles prévoient en général des chutes de neige plus fréquentes et abondantes au nord du Québec, mais pour le
sud, on s'attend surtout à voir les hivers raccourcir, avoir de plus en plus d'épisodes de redoux, de pluie hivernale, de
gel-dégel. Ça veut surtout dire que lors des grandes bordées de neige, il faudra se dépêcher d'en profiter avant qu'elles
ne disparaissent!
3. À la lumière de ces tendances, que nous dit la science de la climatologique quant aux solutions que nous
devrions envisager pour faire face à ces scénarios climatiques? Devrions-nous nous adopter des politiques
environnementales plus rigoureuses ou simplement nous tourner vers des mesures adaptatives?
Les deux! En fait il faut comprendre que le climat a déjà changé et il faut nous y adapter le plus rapidement possible.
Les hivers plus courts et plus doux; le pergélisol, sur lequel sont bâties des infrastructures, qui fond; la glace qui ne
protège plus les côtes des tempêtes hivernales ; ce sont des réalités auxquelles nous sommes déjà confrontées. Alors
que dire du futur? L'hiver s'adoucira encore. Il faut donc penser au froid moins intense qui n'arrête plus la propagation
de certaines espèces envahissantes, aux crues printanières plus hâtives. Le climat joue sur plusieurs facettes et il vaut
mieux être préparé adéquatement afin de limiter les impacts néfastes et de profiter des possibilités qui sont offertes par
certains changements. Mais se préparer pour ce qui est inéluctable ne veut pas dire ne rien faire pour empêcher les
changements encore plus prononcés qui se produiront si les concentrations de GES dans l'atmosphère ne diminuent
pas, et ce très rapidement. Le potentiel de réchauffement du CO2 atmosphérique dépasse la centaine d'années.
Autrement dit, il est déjà trop tard pour éviter le changement climatique des prochaines décennies à cause des gaz qui
se trouvent déjà dans l'atmosphère, mais il est encore temps d'empêcher les changements qui peuvent se produire à la
fin du siècle en évitant d'émettre encore plus de GES. Et c'est ce que les politiques environnementales se doivent de
faire!
Dominique Paquin fera partie du panel d'experts de la Table Ronde Scientifique qui se déroulera à Québec le
1er février prochain dans le cadre du Sommet de l'hiver 2013. Pour vous inscrire: Cliquez ici
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Catégorie(s)
Environnement
Mots-clefs
Fondation David Suzuki
réchauffement climatique
Sommet de l'hiver
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