de code de couleurs associé à des drapeaux pour
cataloguer les cyclones qui approchent. Un program-
me de préparation aux catastrophes de la Croix-
Rouge mozambicaine (CRM) a contribué à la concep-
tion et à la mise en œuvre de ce système. Elle a com-
mencé par demander aux communautés les
méthodes de prédictions traditionnelles, et le partage
d’informations sur de nouvelles façons de faire des
prévisions. Ensuite, un système reconnaissable a été
mis en place, basée sur les radios, les drapeaux et les
sifflets pour la diffusion des alertes. Des voies de se-
cours et d’autres options de réponse ont été identi-
fiées et diffusées au sein de la communauté. Ce pro-
cessus de communication a grandement contribué
à minimiser les pertes en vies humaines au cours des
violents cyclones suivants qui ont frappé le pays.
Au début de l’année 2007, dans son village de
Pambara, Anita et ses collègues membres du comité
chargé des catastrophes ont entendu les avertisse-
ments officiels au sujet du cyclone Favio sur les ra-
dios Croix-Rouge. « D’abord les gens ne nous ont
pas cru quand on leur a dit qu’un cyclone arrivait »,
raconte-t-elle. « Ils nous ont demandé comment
nous pouvions parler à Dieu pour obtenir des nou-
velles de la météo. Donc, nous avons partagé la
communauté en petits groupes, apporté une radio
à chaque groupe et joué le communiqué du gouver-
nement afin qu’ils puissent l’entendre eux-mêmes. »
« Nous leur avons conseillé de renforcer leurs mai-
sons, d’attacher les toits et de garder leurs enfants
à la maison et de ne pas les envoyer à l’école. Les
maisons ont été endommagées, mais personne
n’a trouvé la mort ».
Ataide Sacramento, le responsable de la gestion des
catastrophes et chef de son propre projet pilote sur
les changements climatiques de la CRM, est de cet
avis : « Les communautés savent que quelque chose
arrive à eux et à leur environnement. Ils ne s’atten-
dent pas à ce que nous venions leur dire que le cli-
mat est en train de changer. Ils le savent. Ils nous
attendent pour trouver des solutions ».
Malheureusement, les ressources de la CRM sont
épuisées. La Société nationale a besoin de plus de
personnel technique ayant des connaissances sur
les changements climatiques et la réduction des ris-
ques pour lui permettre de sensibiliser toutes les
communautés vulnérables sur les risques climati-
ques à travers le pays. L’importance est d’apprendre
comment communiquer nos nouvelles connaissan-
ces sur les conditions futures de telle façon qu’elles
puissent être comprises et inspirer confiance aux
communautés que nous servons.
Unouragandel’autrecôté
Diane Turnquest, responsable de la gestion des ca-
tastrophes de la Croix-Rouge des Bahamas, tapote
très doucement sur la table et souligne qu’elle et ses
collègues se sont occupés des changements clima-
tiques depuis de nombreuses années, même s’ils
ne l’ont pas appelé ainsi.
Tunrquest, lors d’un séminaire pendant la conférence
de la Croix-Rouge / Croissant Rouge sur les change-
ments climatiques de juin 2007 à La Haye, raconte
l’histoire de l’événement le plus récent pour rappeler
aux Bahamiens que tout pari est impossible lorsqu’il
s’agit de la météo : l’ouragan Wilma – l’une des
« tempêtes géantes » de la saison 2005 qui a trouvé
sa place dans les annales (en effet, il s’agit de l’oura-
gan Atlantique le plus intense jamais enregistré dans
l’histoire).
Après avoir décimé le sud de la Floride du côté dans
la trajectoire nord-est, Wilma a surpris les habitants
de l’extrémité ouest de l’île de Grand Bahamas : les
tempêtes se déplacement généralement du sud vers
le nord et contournent la partie ouest de Grand
Bahamas, mais Wilma est venu d’une autre direction.
Par conséquence, les gens n’ont pas cru à la prévi-
sion et lorsque la puissante tempête a frappé, ils ont
été pris au dépourvu. Wilma a été si étendue que
tout le bout de l’île a été frappé. Les habitants se
sont vite rendus compte que l’eau plutôt que le vent
serait le principal danger. Une houle de près de qua-
tre mètres de haut a emporté de nombreuses mai-
sons et fait au moins un mort.
tie de la vallée du Limpopo, de nombreuses person-
nes n’ont pas évacué. Près de 700 personnes se
sont noyées.
Il ne s’agissait pas d’un problème de connaissances,
mais de partage des connaissances. Comment pou-
vons-nous mieux communiquer nos
connaissances ?
Le climat mondial est en train de changer, et le passé
n’explique plus le présent. Les connaissances tradi-
tionnelles sont de plus en plus fiables parce que no-
tre expérience du passé ne s’applique pas forcément
aux risques présents et futurs. Communiquer sur les
changements climatiques est essentiel pour réduire
les risques de catastrophes.
La Fédération internationale estime qu’il y a trois
messages importants à transmettre à la population,
selon le responsable des médias, Pierre Kremer :
« Le risque de catastrophes climatiques augmente,
les pauvres, les personnes âgées et les malades
sont vulnérables de manière disproportionnée, mais
nous pouvons nous y préparer ».
Commentconnaissons-nous
l’avenir?
Au cours des dernières années l’information a été de
plus en plus perçue comme un « bien » d’urgence
autonome, la communication comme un élément
clé de l’action humanitaire. « Les gens ont besoin
d’informations autant que d’eau, de nourriture, de
médicaments ou d’abris », a déclaré Tony Vaux, un
ancien d’Oxfam qui fut le coordinateur des urgences
mondiales de l’organisation pendant près d’une
décennie.
Dans le contexte des changements climatiques, le
personnel et les volontaires de la Croix-Rouge /
Croissant Rouge doivent repenser la manière de
communiquer. Bien que la plupart des personnes
vivant dans les communautés vulnérables ont déjà
constaté des phénomènes extrêmes inhabituels,
souvent elles attribuent de tels phénomènes à des
forces surnaturelles, comme un châtiment divin ou
l’intervention des ancêtres en colère. Ce type d’expli-
cation conduit à la conviction que les choses vont
bientôt revenir à la normale – ou, pire encore, au
fatalisme et à l’inaction. Comme l’a indiqué une fem-
me mozambicaine au cours d’un atelier participatif :
« Si Dieu veut me punir, je vais être punie, peu im-
porte ce que je fais ».
Toutefois, cette forme de pensée peut être modifiée
par l’accès à de nouvelles informations. Après avoir
été informé sur les bases du processus des change-
ments climatiques et avoir regardé une courte vidéo
sur les impacts des inondations plus fréquentes en
Argentine et au Bangladesh, la même agricultrice a
déclaré : « Je pensais que ma communauté était la
seule à être punie de façon aussi dure, et que cela
ne se reproduirait plus. Mais je vois maintenant que
les femmes à travers le monde souffrent de la même
façon, donc peut-être qu’il est vrai que les pluies
sont en train de changer et continueront de changer,
et peut-être que je peux y faire quelque chose ».
Maintenant les choses sont mieux organisées. Le sys-
tème d’alerte aux cyclones mis en place par le gou-
vernement du Mozambique fait appel à un système
« Les communautés
savent que quelque
chose est en train
de se passer »
ATAIDE SACRAMENTO, MOZAMBIQUE
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