MINISTÈRE DE L’ECOLOGIE, DU DEVELOPPEMENT DURABLE ET DE L’
CONSEIL SUPÉRIEUR DE LA MÉTÉOROLOGIE
II/ PRESENTATION : Ville et adaptation : études sur l’îlot de chaleur urbain, (Raphaëlle Kounkou-
Arnaud, DIRIC/EC ; Météo France)
Résumé
Météo France travaille depuis de nombreuses années sur la problématique du climat urbain, notamment en ce
qui concerne les îlots de chaleur urbain (ICU). Les moyennes trentenaires de températures montrent que la
température minimale est de 2 à 3 °C plus élevée sur l’agglomération parisienne par rapport au reste de l’Île-de-
France. L’été, cette différence atteint généralement 4 °C, parfois 10 °C selon la situation météorologique. Cette
différence de température positive entre la ville et la campagne correspond au phénomène d’îlot de chaleur
urbain (I.C.U.).
Il est lié à un bilan d’énergie en zone urbaine différent des zones rurales, qui s’explique par le changement des
propriétés de la surface : l’imperméabilisation des revêtements, le retrait de la végétation, la création d’une
géométrie propice au piégeage du rayonnement solaire et l’utilisation de matériaux d’une grande capacité
thermique induisent la nuit une restitution lente de la chaleur accumulée le jour. L’ICU n’est donc pas créé par
la pollution. Pour étudier précisément l’I.C.U., Météo France a développé un modèle spécifique, le modèle TEB
(Town Energy Budget). C’est un modèle dit de canopée urbaine qui paramètre les échanges d’eau et d’énergie
entre la canopée et l’atmosphère via un traitement des surfaces spécifiques du milieu urbain (route, mur, toit) et
calcule le bilan d’énergie pour chaque surface élémentaire, permettant ainsi d’appréhender le micro-climat
urbain.
La ville est un système complexe particulièrement concerné par le changement climatique. Pour bien
comprendre ses impacts sur ce système et proposer des solutions adaptées, il est nécessaire de travailler par des
approches pluridisciplinaires, afin de prendre en compte les différentes problématiques inhérentes à la ville.
Le projet EPICEA (Etude Pluridisciplinaire des Impacts du Changement climatique à l’Echelle de
l’Agglomération parisienne) a été mené conjointement par Météo France, le Centre Scientifique et Technique
du Bâtiment (CSTB) et la Ville de Paris de 2008 à 2012 pour apporter un éclairage scientifique sur des
possibilités d’adaptation du territoire face au changement climatique. Les travaux ont été répartis en trois volets
: (1) évolution du climat urbain parisien dans la perspective du changement climatique ; (2) étude particulière
d’une situation extrême : la canicule de 2003, à l’échelle de l’agglomération parisienne (focus du 8 au 13 août
2003) ; (3) lien entre l'urbanisme et le climat urbain : stratégies d’adaptation du territoire parisien pour limiter
les fortes températures. A l’échelle régionale, l’I.C.U a atteint 8 °C en août 2003. Nos travaux nous ont permis
par ailleurs d’identifier les zones les plus sensibles à l’I.C.U pendant la canicule d’août 2003 (arrondissements
fortement urbanisés du centre de Paris). Un ICU de l’ordre de 4 à 7 °C apparaît en fin de nuit entre le centre de
Paris et les zones moins urbanisées alentour. Des micro ICU se forment également au sein même de Paris,
d’une intensité de 2 à 4 °C. L’étude de l’impact des « leviers urbains » (paramètres qui peuvent avoir une
influence sur les caractéristiques des ICU) permet d’orienter les stratégies d’adaptation de la ville. Ces
paramètres concernent les propriétés radiatives des toits et murs et les zones vertes (végétales - ajout de
végétation arrosée), ou bleues (aquatiques : humidification des chaussées). Les leviers urbains testés dans le
contexte de la canicule 2003 permettent de réduire l’intensité de l’I.C.U. : en combinant ces leviers urbains,
l’I.C.U parisien voit son intensité diminuer de 1 à 2 °C durant une canicule comme celle de 2003, avec des
températures dans Paris pouvant diminuer de 6°C à un instant donné de la journée.
Le projet VURCA (Vulnérabilité URbaine aux épisodes Caniculaires et stratégies d’Adaptation) a été mené par
le CNRM, le CIRED et le CSTB, afin d’évaluer la vulnérabilité de l’espace urbain aux vagues de chaleur
présentes et futures, en termes de pertes de confort thermique et de sensibilité de la demande énergétique. Le
projet a construit un indicateur de gravité des vagues de chaleur basé sur l’indice de stress thermique UTCI.
Le projet MUSCADE (Modélisation Urbaine et Stratégie d’adaptation au Changement climatique pour
Anticiper la Demande et la production Énergétique), mené par le CNRM, le CSTB, le CIRED, le LRA, le
LIENS, l’IAU IdF et l’APUR, a étudié quelles mesures auraient un effet significatif sur le climat urbain et la
consommation d’énergie des bâtiments d’une ville. Le modèle développé a permis d’évaluer le climat urbain et
l’efficacité énergétique pour répondre de façon transversale aux questionnements d’architectes (quel type de
bâti est le mieux adapté au climat futur ?), d’urbanistes (quelle morphologie de quartier permet la meilleure