« Ce n’est pas que le
changement climatique
modifie la nature de nos
activités de réduction
des risques mais il sou-
lève des questions de
priorité »
NGUYEN HUNG THANG, VIET-NAM
de La Haye, pour commencer ce que le responsable
Hung Nguyen Thang décrit comme un apprentis-
sage par la pratique.
« Ce n’est pas », dit-il, « que le changement climati-
que modifie la nature de nos activités de réduction
des risques mais il soulève des questions de priorité,
en particulier au niveau de la communauté. »
Les effets du changement climatique sur ce pays de
85 millions de personnes pourraient être désastreux.
Au cours des dernières années le Viêt-Nam a vu les
typhons passer plus rapidement, croître en intensité
et provoquer l’effondrement des terres au sud, où ils
n’ont jamais été ressenti avec une telle force. Les
inondations côtières pourraient déjà refléter l’éléva-
tion du niveau des mers et il y a eu plus de crues
rapides dans les régions montagneuses. La séche-
resse s’est empirée dans les régions centrales du
sud. Tous ces événements pourraient bien être des
signes annonciateurs d’autres événements.
Le Viet-Nam est l’une des nations les plus « expo-
sées aux typhons » en Asie. Chaque année en
moyenne quatre typhons et un nombre beaucoup
plus élevé de tempêtes y font des ravages, mais il
est aussi très vulnérable à l’élévation du niveau des
mers, qui, au cours des 30 dernières années, a été
d’environ cinq centimètres. Les zones basses, com-
me le Mékong et les deltas du fleuve Rouge sont
densément peuplés et, selon les estimations, des
millions de personnes seraient déplacées par la
montée du niveau des mers prévue pour la fin
de ce siècle.
Nguyen Hung Thang dit que le plus grand défi est de
faire comprendre à la communauté les raisons pour
lesquelles la Croix-Rouge travaille sur le changement
climatique. Les liens avec les catastrophes et l’effet
négatif sur leur vie. Sensibiliser sur les sécheresses –
un problème dans de nombreuses provinces – et
la façon de réduire ses conséquences ont posé des
défis spécifiques. « Les gens ont tendance à deman-
der des choses au-delà de notre capacité, comme
la construction d’une usine à eau ».
L’Evaluation de la vulnérabilité et de la capacité (EVC)
– une méthode développée par la Fédération interna-
tionale pour les communautés elles-mêmes, visant à
évaluer les risques auxquels elles sont confrontées et
la capacité qu’elles ont à les surmonter – a aidé la
Croix-Rouge dans ce processus, dit-il.
Il s’agit d’un processus qui les responsabilisent. Avec
l’orientation de la Croix-Rouge / Croissant-Rouge,
les villageois s’assoient et mettent en carte des me-
naces auxquelles ils sont exposés, analysent pour-
quoi ils sont vulnérables à de tels dangers, et ensuite
mettent au point des mesures concrètes pour un
plan d’action.
Pham The Phu sait tout sur l’EVC. Elle est agricultrice
dans la province de Quang Binh, où les extrêmes
sont très fréquents – des fortes pluies aux sécheres-
ses extrêmes. Dans sa commune de Quang Phu, ils
ont construit un petit barrage de fortune pour proté-
ger leurs champs de riz mais les inondations l’ont
détruit à plusieurs reprises faisant de la reconstruc-
tion un événement annuel.
d’aider la communauté, non seulement à survivre
mais aussi à se développer.
Pour commencer, la propagation de leurs racines
stabilisera la terre dans laquelle ils sont plantés et
aidera à prévenir l’érosion de la précieuse couche
arable qui est si importante pour l’agriculture. Ils
fourniront également des revenus durables pour que,
à maturité, les arbres soient abattus et remplacés
par de nouveaux plants. Le bois sera vendu sur les
marchés locaux et cet argent ira à la communauté.
Rien à dire du rôle de la foresterie dans l’équilibre
des effets des gaz à effet de serre. Mais plus impor-
tant que tout, le village sera moins ouvert à la catas-
trophe. Il sera plus élastique, rebondira plus rapide-
ment, et pourra mieux faire face à l’adversité. Et il
n’est pas le seul. Dans l’ensemble du pays, les pro-
grammes de réduction des risques de catastrophe
du Croissant-Rouge du Bangladesh, profitent à tous,
village après village.
Ils varient en fonction des besoins de la communauté,
et incluent des mesures pratiques telles que l’éléva-
tion de la hauteur des puits pour empêcher que les
inondations les envahissent et coupent ainsi l’accès
de la population à l’eau potable. Ils apportent tous un
message : peu importe où vous êtes et l’ampleur
des dangers, il y a toujours un moyen de réduire la
menace.
Contenirlesanciennesmenaces
commelesnouvelles
Réduire les risques que les catastrophes naturelles
engendrent est une priorité de la Croix-Rouge /
Croissant-Rouge partout dans le monde, et c’est un
objectif que les Sociétés nationales sont particulière-
ment bien placés à poursuivre en raison de leur très
large présence au niveau de la communauté.
C’est la raison pour laquelle, au cours des cinq an-
nées allant de 2006 à 2010, l’Agenda mondial de la
Croix-Rouge / Croissant-Rouge est axé sur la réduc-
tion du nombre de décès, de blessures et de mala-
dies découlant des catastrophes, les maladies et les
urgences de santé publique ainsi que augmenter leur
impact. C’est pourquoi, il vise à augmenter en même
temps la capacité de la communauté locale, de la
société civile et de la Croix-Rouge et du Croissant
Rouge à gérer une extrême vulnérabilité.
Ce que les humanitaires appellent la prévention des
catastrophes dans la communauté (ou, dans le jargon
des personnes en situation de catastrophe, CBDR),
ne concerne pas exclusivement le changement cli-
matique, bien entendu. Que les mesures prises
soient pour réduire les conséquences des catastro-
phes hydro météorologiques (avalanches, glisse-
ments de terrain, sécheresses, famines, températures
extrêmes, inondations, incendies, tempêtes, pous-
sées de vagues) ou géophysiques (tremblements
de terre, tsunamis et éruptions volcaniques) est sans
importance. Un bon CBDR contribue à réduire les
risques causés par le changement climatique. Les
mesures prises pour contenir une menace plus an-
cienne peuvent aider à contenir de nouvelles ou les
menaces en augmentation suite à des conditions
météorologiques extrêmes ou un réchauffement.
Ce n’est pas le changement climatique qui a incité la
Croix-Rouge du Viêt-Nam à commencer la plantation
d’arbres de mangrove le long de la côte en 1994. La
vaste déforestation a pris les grandes étendues côtiè-
res de la mangrove qu’elles avaient autrefois, expo-
sant ainsi les habitants des côtes aux ravages des
typhons et des tempêtes. Mais comme les tempéra-
tures et le niveau de la mer augmentent, l’on peut
s’attendre à des risques météorologiques plus graves
et les défenses naturelles restaurées par l’effort crucial
de la communauté sont plus importantes que jamais.
Si la Société nationale ne s’était pas préoccupée
du changement climatique en 1994, elle s’y met
aujourd’hui. Les risques qu’il entraîne pourraient être
encore catastrophiques alors que les programmes
de la mangrove continuent de plus belle. En 2003
déjà, la Croix-Rouge vietnamienne a lancé un projet
pilote visant à intégrer les changements climatiques
dans ses programmes de préparaton en prévision
des catastrophes, unissant ses forces avec celles de
la Croix-Rouge néerlandaise et du Centre climatique
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