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chaudes
dites interglaciaires, période dans laquelle nous sommes aujourd’hui. Nous connaissons
bien cette alternance grâce aux travaux de forage réalisés dans l’Antarctique (site de Vostok et du
Dôme C
) qui nous ont fourni 800 000 ans d’archives sur le passé du climat de la Terre. Durant
cette alternance de périodes glaciaires et interglaciaires, il n’y jamais eu plus de 5 à 6°C d’écart
entre période froide et période plus chaude. Autre constat : « Les concentrations de CO2, CH4 et
N2O
dépassent désormais substantiellement les plus hautes valeurs de concentrations archivées
dans les carottes glaciaires sur les 800 000 dernières années. Les taux moyens d’augmentation des
concentrations atmosphériques au siècle dernier sont, avec un très haut degré de confiance, sans
précédent depuis les 22 000 dernières années10 ».
En un peu plus d’un siècle nous avons connu une augmentation de 0,84°C de la température
moyenne, au sol, de la Terre. Ce qu’il faut avoir en tête c’est que les 4 à 5° vers quoi nous allons,
en fin de siècle avec le scénario des émissions actuel, c’est ce qu’a connu la Terre depuis la fin de
la dernière période glaciaire, il y a quelque 12.500 ans ; tandis qu’il aura fallu des milliers ou des
dizaines de milliers d’années pour enregistrer des variations de quelques degrés, il pourrait nous
suffire d’un siècle ! Il s’agit d’un réchauffement 50 fois plus rapide que celui observé par les
scientifiques dans le passé de la Terre, note Jean Jouzel
.
Ce constat nous conduit à nous interroger sur les causes d’un réchauffement d’une telle ampleur,
sur une durée aussi courte.
Pour approcher le phénomène il nous faut revenir sur les gaz à effet de serre et évoquer leur
concentration dans l’atmosphère ; la recherche de leur origine permettra d’approcher des
solutions dans la lutte contre le réchauffement.
- Les gaz à effet de serre : le plus connu des gaz à effet de serre (GES) est le CO2, le
dioxyde de carbone ; mais il faut compter aussi avec le méthane (CH4) le protoxyde d’azote et
divers gaz industriels ; moins connue la vapeur d’eau... Une fois émis ces gaz auront une durée de
vie qui va de quelques jours pour la vapeur d’eau à un siècle et plus pour le CO2 et bien au-delà
pour les gaz industriels. Leur pouvoir de réchauffement
diffère également de l’un à l’autre : ainsi
le méthane réchauffe 25 fois plus que le CO2. En la matière ce sont les questions de leur
concentration et de leur origine qui sont essentielles.
Une question de concentration : les émissions de GES ont considérablement augmenté depuis la
révolution industrielle et surtout depuis le développement industriel qui a accompagné la fin de la
Selon une alternance de l’ordre de cent mille ans.
Pour approfondir, voir « Planète blanche », Jean Jouzel, Claude Lorius, Dominique Raynaud, Odile Jacob 2008.
CO2 dioxyde de carbone, CH4 méthane, N2O protoxyde d’azote, ce dernier pour les ¾ d’origine agricole.
Jean Jouzel, « Vivre ensemble », le changement climatique, entre subir et agir, forum CESE Palais d’Iéna, 4 juin 2015. L’essentiel
des développements qui suivent quant aux conséquences du changement climatique sont tirés de cette intervention.
Ce qu’on nomme « pouvoir radiatif », c'est-à-dire leur capacité à retourner un rayonnement vers la Terre.
12 386 ppm, cela signifie que dans un million de molécules d’air on compte 386 molécules de CO2.