Modifications climatiques Effets des champs climatiques sur la vigne

Réchauffement climatique, quels impacts probables sur les vignobles ?
Global warming, which potential impacts on the vineyards?
28-30 mars 2007 / March 28-30, 2007
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Modifications climatiques
Effets des champs climatiques sur la vigne cultivée
au sud de la Roumanie
Daniela Doloris CICHI, Dorin Constantin COSTEA, Ion OLTEANU,
Cristian L. MARACINEANU et Ramona CAPRUCIU
Université de Craiova, Faculté d`Horticulture, Département de Viticulture
Rue A.I. Cuza, n°13, Craiova, Roumanie
[email protected] - [e-mail]
Résumé
Les modifications climatiques, plus ou moins marquées, mises en évidence pendant les dernières
décennies dans les écosystèmes viticoles, déterminent des perturbations sur les conditions de la biocénose
viticole, avec des effets négatifs sur le bon déroulement des processus biologiques, physiologiques et
biochimiques, et des impacts sur la productivité, la qualité et la typicité des produits vitivinicoles.
Parmi les facteurs abiotiques de stress sur la vigne, on compte les températures négatives ou positives
et la sécheresse,. Celle-ci est fonction du moment de son apparition, de son niveau, de sa durée et de sa
manière d’apparaître (brusque ou lente), et elle peut provoquer des dégâts, plus ou moins importants, en
fonction du potentiel de résistance de chaque cépage, organe ou tissu.
Afin de mieux connaître les impacts des certains paramètres de stress thermique ou hydrique et de
pouvoir préciser le potentiel biologique de l’adaptation et de la résistance de la vigne, nous présentons dans
ces travaux les résultats concernant l’identification et la caractérisation d’une action simple et/ou combinée
des paramètres agrométéorologiques de risque/stress sur la vigne ; la quantification et l’établissement des
séquences temporelles d’apparition des températures critiques et du déficit hydrique ; les réactions de réponse
et d’adaptation de la vigne aux différentes conditions de risques thermique et hydrique.
Notre étude vise à réduire les effets négatifs du réchauffement climatique sur la vigne, par un
aménagement technologique qui favorise la diminution de l’impact du stress thermique et hydrique.
* * *
I. Contexte
L’offre climatique influence fortement le déroulement des processus physiologiques et
biochimiques de la vigne, la phénologie, la longueur de la période de végétation active, le régime
d’alimentation hydrominérale, augmente ou défavorise la quantité et la qualité des récoltes, tout en
offrant de la typicité aux produits vitivinicoles obtenus sur un terroir viticole, exprimé par la spécificité
de ce terroir.
La majorité de la communauté scientifique mondiale est unanime à considérer que les
changements climatiques représentent un des enjeux majeurs de notre siècle — un domaine
complexe dont il faut que nous enrichissions la connaissance et la compréhension des mécanismes
qui ont une influence sur les organismes végétaux, animaux ou humaines en général, sur les réactions

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de réponse et d’adaptation de la vigne aux différentes contraintes thermiques et hydriques en
particulier.
Les recherches menées récemment dans le monde confirment les incidences très diversifiées
du changement climatique, notamment sur l'agriculture (Agenis-Nevers, 2005 ; GIEC/IPCC 2001 ;
Jones et al., 2003 ; Schultz, 2000, 2001 ; Seguin, 2006 ; Soussana, 2004).
Nos recherches s’inscrivent dans ce contexte. Elles tentent l’identification et la caractérisation
du comportement individuel et/ou combiné des paramètres agrométéorologiques de risque/stress
sur la vigne : recherche de quantification et établissement des séquences d’apparition des
températures critiques et du déficit hydrique ; analyse des réactions, réponse et adaptation de la vigne
aux différentes conditions du changement climatiques mis en évidence durant la dernière décennie.
II. Résultats et discussions
L’Olténie, une des très anciennes provinces des Principautés roumaines, du Vieux Royaume
et puis de la Roumanie, située au sud-ouest de la Roumanie, détient actuellement 15 % de la
superficie viticole du pays.
Les ressources héliothermiques importantes offertes par le cadre géographique naturel
d’Olténie, placée sous l’influence bénéfique du climat méditerranéen et à proximité des Carpates
méridionaux et du Danube, assurent une production vitivinicole de qualité supérieure (Teodorescu
St. et al., 1987). Par leur position géographique, les nombreux vignobles et centres viticoles classent la
région d’Olténie à la fois dans la viticulture septentrionale (piémontais) et dans la viticulture
méridionale (danubienne) (figure 1).
Figure 1. Situation géographique de la Roumanie en Europe
Dans ce vaste amphithéâtre ouvert sur le Danube par le relief d'Olténie, se trouvent depuis
toujours des vignobles de piedmont (Dragasani, Samburesti, Dealurile Craiovei, Dealurile

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Severinului, Dealurile Drancei), danubiens (podgoria Dacilor, Calafat, Sadova Corabia), et aussi des
centres viticoles indépendants (Segarcea, Targu-Jiu ) (figure 2).
Les résultats des recherches multidisciplinaires sur les facteurs écologiques et
technologiques ont permis d’obtenir des raisins et des vins de qualité, en conformité avec la
législation de l’Union européenne. L’établissement des unités de terroir favorables à la production
des vins de qualité (enquête parcellaire spatialisée), l’adoption des VS, AOC et AOCC délimitant des
terroirs viticoles avec des aptitudes œnoclimatiques particulières (Teodorescu Şt. et al., 1987 ;
Oşlobeanu et al., 1991 ; Olteanu et al., 1996 ; Olteanu et al., 2002, 2004) pour des vins blancs et
aromatiques de marque remarquables (Dragasani, Severin, Targu-Jiu, Corcova) et pour des vins
rouges de qualité (Samburesti, Plaiurile Orevitei, Plaiurile Drancei, Segarcea), sont quelques-unes des
mesures prises au cours des dernières décennies.
Europe
Subregiunea Oltenia
Figure 2. Position géographique des vignobles de la région d’Olténie, Roumanie
Dans la même période, les observations analytiques des météorologues roumains (Gatejescu
et al., 2002 ; Marinica, 2003, 2006) ont mis en évidence, pour cette région, un réchauffement du
climat, marqué par une grande variabilité climatique, avec des saisons de transition courtes, des
passages brusques d’une saison extrême à l’autre, de nombreux phénomènes climatiques extrêmes
(canicule, sécheresse, importantes inondations) qui déterminent de graves conséquences sur
l’environnement (végétation brûlée, cours d’eau asséchés). Parmi les preuves des changements du
climat observés en Olténie, on peut citer :
Region Oltenia
România
21. Vignoble Sâmbureşti 0.14-Tg. Jiu
22. Vignoble Drăgăşani 0.17-Poiana Cruşetu
23.Vignoble Dealurile Craiovei 0.15-Segarcea
24.Vignoble Severinului 0.36-Drăgăneşti-Olt
35.Vignoble Dacilor
36.Vignoble Calafat
37.Podgoria Sadova-Corabia

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- les valeurs maximales absolues de température atteintes et dépassées sur une période de quatre-
vingt-quatre années (+ 43,2°C le 4.07.2000 de valeur maximale absolue de la température pour le
mois de juillet, en Olténie, a été enregistrée à Calafat, 43,5°C étant le maximum absolu enregistré
pour la Roumanie le 5.07.2000 à Giurgiu (dans le sud de la Roumanie) ;
- la fréquence, la durée et l’intensité de la sécheresse avec une tendance à son augmentation ;
- l’installation brutale de la saison chaud : après le mois de mars, habituellement frais jusqu’aux
derniers jours, la première partie du mois d’avril enregistre des valeurs maximales de température
atteignant ou dépassant 30 °C ;
- presque chaque été, la canicule et le déficit de précipitations s’installent, accentuant visiblement le
phénomène d’aridité ;
- la fréquence des hivers chauds augmente, surtout depuis l’année 2000 : parmi les hivers les plus
chauds depuis cinquante ans, on peut citer l’exemple de l’hiver 1950/1951 et celui de l’hiver de
2000/2001, ce dernier étant considéré comme le plus chaud de la région.
III. Évolution temporelle des principaux indices climatiques viticoles : étude de cas dans le
vignoble de Dealurile Craiovei, centre viticole de Banu Mărăcine
Le centre viticole de Banu Mărăcine, situé dans l’extrême sud du plateau gétique, entre 44°19’
de latitude nord et 23°48’ de longitude, se trouve le long de la route nationale Craiova-Bucureşti, à
environ six kilomètres de la ville de Craiova et deux cent trente kilomètres de Bucarest, à 176-190 m
d’altitude (figure 2).
Les données météorologiques ont été recueillies auprès du Service Central d’Exploitation de
la Météorologie à Craiova ou auprès des postes climatiques de type Agroexpert implantées dans les
vignobles.
Ces données sont fournies essentiellement à l’échelle mensuelle et nous ont permis de suivre
les divers éléments du climat (températures, insolation, précipitations) en fonction des besoins de la
vigne et de la disponibilité œnoclimatique des différents terroirs.
La température de l’air représente un des plus importants facteurs climatiques, qui détermine
la géographie viticole mondiale et l’aire du marché économique de la vigne. Elle est capitale pour le
développement de la vigne, pour le bon déroulement des processus physiologiques et biochimiques
(photosynthèse, respiration, transpiration, etc.) et de la maturation du raisin. Entre les conditions
thermiques constatés dans les écosystèmes viticoles et la phénologie de la vigne existent des
corrélations positives.
L’étude des valeurs des températures moyennes annuelles (figure 3 A) et des températures
moyennes de la saison fraîche dans le centre viticole de Banu Mărăcine montre une tendance linéaire
à la croissance. La température moyenne annuelle (moyenne calculée pour la période 1962-2003) est
de 10,79°C, avec des oscillations entre 9,5°C (années 1976 et 1980) et 12,5°C en 2000, l’année 2000
étant la plus chaude depuis que des observations météorologiques sont faites dans ce vignoble.

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1962
1964
1966
1968
1970
1972
1974
1976
1978
1980
1982
1984
1986
1988
1990
1992
1994
1996
1998
2000
2002
T 0 C
A.
10,8
10,717
10,28
10,759
11,3
9,6
9,8
10
10,2
10,4
10,6
10,8
11
11,2
11,4
T 0C
1920-1955 1962-1971 1972-1981 1982-1991 1992-2001
B.
Figure 3. Évolution des températures moyennes annuelles dans le vignoble de Banu Mărăcine, Roumanie T (ºC)
(période 1962-2003)
Par rapport aux décennies antérieures, la décennie 1992-2001 montre une augmentation de la
température moyenne annuelle, pour ce vignoble, compris entre 0,5 et 1,02°C, ce qui est un signe
tangible du réchauffement climatique (figure 3 B). La même situation se retrouve pour la moyenne
des températures du mois le plus chaud, l’augmentation se situant entre 0,7 et 1,9°C (figure 4 A).