LABEX LOUIS BACHELIER
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Il est temps de prendre au sérieux la lutte contre le réchauffement climatique. Tel est le
message qui sous-tend l’article que nous présentons dans ce numéro d’Opinions et Débats.
Le rendez-vous de la COP 21 est proche, mais son manque d’ambition et d’engagement
effraie chercheurs, climatologues et économistes. Après avoir relayé, en début d’année, les
recommandations émises par la Chaire Economie du Climat en vue d’un accord efficace,
notre publication se fait l’écho des voix de Christian Gollier et Jean Tirole. Ils s’attèlent à la
difficile tâche d’essayer de sauver une conférence internationale qui semble prendre la voie
d’une simple liste d’intentions.
Un accord reposant sur la base d’engagements volontaires hétéroclites, difficilement
mesurables et vérifiables, signerait l’échec de la lutte contre le réchauffement climatique.
Cette dernière doit au contraire reposer sur une action unifiée de la part des Etats fondée sur
un prix universel du carbone croissant dans le temps. Un constat qui soulève d’emblée
certaines difficultés, car comment créer un système efficace, à la fois contraignant et juste
pour toutes les nations ?
Etant donné la direction prise par la COP 21, un progrès réel consisterait, en premier lieu, à
adopter une posture commune et à décider d’une trajectoire d’action qui contraindrait les
Etats à réduire progressivement leurs émissions de gaz à effet de serre. Ces actions doivent
être coordonnées par un prix unique de la tonne de carbone – prix crédible, reflet des
dommages environnementaux à venir. Ce prix pourrait par exemple émerger d’un marché
mondial de permis d’émission négociables dont l’allocation initiale ferait l’objet d’une négo-
ciation fondée sur le principe de responsabilité commune mais différenciée. Cependant, point
d’efficacité sans sanctions, comme l’ont prouvé les précédentes tentatives dans ce domaine.
Elles ont également démontré à quel point l’absence d’autorités de régulation compétentes
pénalisait la lutte contre le réchauffement. Les auteurs proposent donc une solution commune
à ces deux enjeux : imposer des sanctions financières en s’appuyant sur des institutions
préexistantes et reconnues. Ainsi, l’OMC et le FMI feraient leur entrée dans le jeu, afin de
mettre en place des systèmes de taxes aux frontières ou de pénalités venant s’ajouter aux
dettes souveraines des Etats contrevenants. Une proposition qui a le mérite d’une certaine
simplicité, comparativement à la création de nouvelles instances internationales. Une
simplicité qui se traduirait par un gain de temps, car l’urgence est bel est bien là. Urgence de
sauver une conférence internationale, urgence de freiner le réchauffement climatique et de
mettre un terme à la tragédie des biens communs qui se joue à l’échelle de la planète.
Par Jean-Michel Beacco
Directeur général de l'Institut Louis Bachelier
EDITO
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