N E G O C I AT IONS SUR LE CLIM AT. LETT RE DE S ONG MIL AN - DE CEMBRE 200 3
N U M E R O 6 - page 2 P U B L I C A T I O N C I X G R A T U I T
Ca se fête !
Aujourd’hui 11 décembre, le Protocole de Kyoto a six ans.
Nous aurions tous aimé qu’il soit déjà en vigueur, mais
après tout, pour la prochaine COP, le Protocole aura sept
ans, l’âge de raison ! Espérons-le, l’âge aussi de sa pre-
mière COP/MOP ! Le Climate Action Network (CAN)
invite tous les participants qui soutiennent Kyoto à venir
fêter l’anniversaire du Protocole à 6 heures, au « Climate
change Kiosk », 1eétage du centre de conférence.
GIEC : mieux vaut TAR
que jamais
Après quelques séances de commentaires, quatre rencontres et au
moins soixante heures de travail selon un délégué, les Parties se
sont finalement entendus sur le texte concernant le Troisième rap-
port d'évaluation du GIEC (le TAR). Hélas, ce texte est bien loin
de faire face aux questions de l'adaptation et de l'atténuation. En
juin dernier ; lors de la rencontre de SBI 18, la décision adpotée
faisait référence aux : aspects scientifiques, techniques et socioé -
conomiques à la fois de l'adaptation et des mesures d'atténuation
pouvant contribuer notamment à la réalisation des objectifs de la
Convention et au développement durable. A l’inverse, les mots
"atténuation" et "adaptation" brillent par leur absence dans la déci-
sion adoptée tard mardi soir. Nous nous attendions donc à quelques
choses d'un peu plus mordant, quelque chose qui fournirait à la
communauté internationale les outils nécessaire au maintien de la
température sous la barre des 2°C... Après tout, n'est-ce pas pour
prévenir les changements climatiques dangereux que nous sommes
ici? Il nous est difficile de comprendre comment encore un atelier
de plus sur le dévelopement durable, des possibilités et solutions et
de la vulnérabilité et des risque nous permettra d'atteindre les
objectifs du paragraphe 2 de la Convention. Nous souhaitons sin-
cèrement que les Parties réalisent, plus tôt que plus tard, que la
lutte aux changements climatiques est l'affaire de tous et que la
réponse doit être composée à la fois de l'adaptation et de l'atténuation.
(...) suite de l’article page 1, Les Inuits en justice contre les Etats-Unis
Les habitats naturels seront altérés au point que si le changement
climatique n’est pas ralenti, les ours polaires, les morses et certains
phoques vont disparaître. Où iront-nous chercher notre nourr i t u r e ?,
demande Madame Watt-Cloutier. Que deviendront les Inuits ?
La représentante des populations arctiques enjoint les gouverne-
ments à réduire leurs émissions, en particulier les Etats-Unis. On
n’a plus le temps, nous avons besoin d’engagements drastiques de
long terme visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre si
nous voulons protéger l’Arctique et si nos droits en tant
qu’Humains doivent être respectés.
(...) suite de l’article page 1, Une table ronde bien sage
Ce qui, pourvu qu’on considère effectivement ces études comme
crédibles, représente une sacrée bonne nouvelle pour les pays
importateurs de pétrole, qu’ils soient en développement ou déve-
loppés : 19 milliards de dollars d’amélioration de la balance exté-
rieure grace au Protocole de Kyoto, ce ne serait pas négligeable.
Dans la même série, le représentant de la Fédération de Russie a
insisté sur l’effort réalisé par son pays pour atténuer… les consé-
quences du changement climatique.
Heureusement, les autres intervenants ont utilisé les termes d’adap-
tation et d’atténuation d’une manière plus orthodoxe.
La grande majorité des ministres a appelé les pays développés à
ratifier Kyoto, immédiatement, pour le Panama, le plus tôt possible
pour le Maroc au nom du G77+Chine, ou de façon plus noncha-
lante avant le 1er janvier 2008 pour la Nouvelle-Zélande, qui n’ose
visiblement pas trop élever la voix face à ses grands voisins austra-
lien et états-unien. L’immense majorité des ministres a également
exhorté les pays développés à renforcer (ou plutôt à enfin démar-
rer) leurs efforts de réduction des émissions. La plus lyrique fut
peut-être la ministre française, pour qui ce siècle sera soit celui du
changement climatique subi, qui fera d’énorme ravages et restera
dans l’histoire comme une période d’irresponsabilité collective,
soit celui du changement maîtrisé, qui marquera la maturité de
l’humanité face à son développement. Le plus spirituel fut sans
doute le ministre burkinabé. Le Président de la COP avait démarré
la table ronde par l’apologue de la grenouille dans une casserole,
ravie quand l’eau commence à se réchauffer mais pour qui l’his-
toire se termine mal. Le ministre Africain ajouta que, contrairement
à la grenouille, c’est nous, ou au moins une partie de notre groupe
(le groupe humain) qui a mis le feu à la marmite. La Suisse, au nom
du groupe de l’intégrité environnementale, insista sur l’article 2 de
la Convention, dont le respect nous amènera à des réductions
d’émissions beaucoup plus radicales, suite à des mesures publiques
mais aussi à nos décisions individuelles. Enfin, le Vatican insista
sur la responsabilité éthique des gouvernements et de chaque sec-
teur de cette société.
Si d’aventure la notion d’impact du changement climatique appa-
raissait abstraite à certains participants à la COP, cette table ronde
a dû leur rendre les choses plus concrètes. Ainsi, le Népal a insisté
sur l’accélération du rythme de retrait des glaciers (qui atteint dix
mètres par an) et le danger d’inondations afférent, suite à la forma-
tion de lacs sous la glace, qui risquent de noyer des vallées en se
déversant sans prévenir. La Tunisie, quant à elle, a insisté sur sa
vulnérabilité face aux sécheresses, canicules et autres inondations,
et sur l’ampleur des dégats économiques que ces évènements
entraînent. L’Argentine a rappelé que, cette année, 120 000 person-
nes ont dû être évacuées pendant deux mois, mais le témoignage le
plus poignant est sans doute venu du ministre du Bénin, où la sai-
son des pluies est bouleversée. Alors qu’elle survient normalement
en avril, il faut maintenant parfois attendre la mi-juillet. Les pay-
sans ne savent plus à quelle saison semer, ni à quel saint se vouer,
et leur attente se transforme en désespoir.
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