Introduction
Expliquer ce qu’est le programme de Langlands n’est pas chose facile. Celui-ci mé-
lange l’analyse harmonique sur les groupes topologiques non commutatifs, l’arithmétique
des groupes de Galois de corps de nombres et la géométrie arithmétique.
Très concrètement, il s’agit de comprendre certaines séries génératrices de la forme
L(s) = X
n>1
an
ns,
convergeant pour Re(s)assez grand, appelées fonctions Zêta ou fonctions L, ou bien
séries de Dirichlet. Ces fonctions apparaissent naturellement dans diverses branches des
mathématiques. Principalement :
a) Les variétés arithmétiques (lieu des zéros d’un polynôme à plusieurs variables à
coefficients dans Zou dans l’anneau des entiers d’un corps de nombres).
b) Les représentations du groupe de Galois absolu Gal( ¯
Q/Q)du corps des rationnels.
c) Les formes automorphes (par exemple les formes modulaires sur le demi-plan de
Poincaré pour un sous-groupe de congruence de SL(2,Z)).
Je renvoie le lecteur à l’article de Jean Dieudonné dans l’Encyclopedia Universalis,
consacré aux fonctions Zêta ou au bel article Zeta Functions [436(V.19), page 1372], de
l’Encyclopedic Dictionary of Mathematics, Japan math. Society, MIT Press, deuxième
édition.
L’apport de Robert Langlands et d’autres pionniers (pour ne citer que quelques uns :
Selberg, Gelfand, Graev, Pyateski-Shapiro, Jacquet, ...) a permis de traduire la théorie
classique des formes automorphes en termes de la théorie des représentations des groupes.
Un forme modulaire fsur le demi-plan de Poncaré peut ainsi se voir comme un vecteur
v=vfd’une représentation πfde dimension infinie de G= GL(2,R)fixé par un certain
sous-groupe discret Γ⊂G(par exemple GL(2,Z)). Une telle représentation πfest dite
automorphe. Dans [JL], Hervé Jacquet et Robert Langlands vont plus loin. Ils montrent
qu’à une représentation automorphe πfde G, ils peuvent associer une suite infinie de
représentations πpde GL(Qp), pour p=∞ou p= 2,3,5,7, ..., 31, .. un nombre premier,
où Qpdésigne le corps des nombres p-adiques si pest premier et où par convention Q∞
est le corps R.
Jacquet et Langlands montrent que l’on peut associer une fonction L(s) = Lπ(s)à
des représentations automorphes tout-à-fait générale de GL(2,R). Ils montrent aussi que
la fonction complexe Lπpeut s’écrire comme un produit infini :
Lπ(s) = Y
p
Lπp(s)
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