L’arthrose de la hanche et les maux de dos
Daniel Koch, Dr en médecine vétérinaire, ECVS, CH-8253 Diessenhofen,
www.dkoch.ch
Les problèmes de dos chez le chien peuvent avoir des causes aussi bien
neurologiques qu’orthopédiques. Au premier plan figurent les manifestations d’usure
liées à l’âge, telles que l’arthrose, les faiblesses ligamentaires et les hernies discales.
Les investigations cliniques de base permettent dans la plupart des cas de distinguer
les boiteries des paralysies et de poser un diagnostic topographique. L’utilisation
échelonnée des procédures d’imagerie permet d’établir un diagnostic et de planifier
le traitement. Dans ce qui suit, les moyens diagnostiques nécessaires et leur
signification sont exposés dans un contexte général et les diagnostics différentiels
les plus importants sont présentés avec un plan de traitement.
1 Les instruments du diagnostic
Tout au long du processus d’investigation du patient, les causes possibles et les
diagnostics suspectés sont mis en balance pour finalement arriver, au fil des
examens et à un méta-niveau, à établir un diagnostic.
Le signalement du patient et l’anamnèse fournissent déjà les premiers indices d’un
possible diagnostic. Il se peut très bien que les jeunes chiens et les chiens de grande
taille souffrent de dysplasies ou d’ostéochondroses, alors que les chiens âgés sont
atteints d’arthrose ou de néoplasies. Une symptomatologie aiguë parle en faveur
d’un traumatisme, d’une hernie discale ou d’une luxation et les problèmes chroniques
reflètent plutôt des affections articulaires. Un patient avec une déchirure d’un
ligament croisé, qui pourrait tout à fait se présenter comme un problème de dos, a
une anamnèse qui s’étend sur des mois et qui se caractérise par des épisodes aigus
lors des déchirures partielles ou lors de la déchirure complète. Les chiens de sport
peuvent souffrir de déchirures musculaires du muscle ilio-psoas, les chiens bergers
peuvent être atteints d’une fibrose de la musculature caudale de la cuisse, et les
teckels, tout comme les représentants d’autres races chondrodystrophiques, peuvent
présenter des hernies discales.
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Le patient est alors examiné. L’examen général est suivi d’un examen orthopédique
ou neurologique. L’examen orthopédique commence après l’anamnèse avec
l’observation de la démarche. Il s’agit de déterminer quelle patte est à l’origine de la
boiterie. Le chien est ensuite examiné en position debout, ce qui permet de mieux
comparer le gonflement des articulations ainsi que la musculature. Pour évaluer la
douleur, la personne qui effectue l’examen procède à une extension complète des
hanches et appuie avec sa main sur le dos, segment après segment. Les tests
spécifiques permettant un diagnostic clinique précis s’effectuent sur le chien en
position couchée. Parmi ces tests figurent entre autres le test du tiroir sur le genou,
les tests par pression sur les os longs, les tests évaluant la stabilité et la mobilité de
la hanche, y compris le test d’Ortolani chez les jeunes chiens. L’examen
neurologique peut se faire en parallèle aux autres examens cliniques. Les aspects
suivants sont pris en compte : comportement, réactivité, posture, démarche, tenue,
capacité de coordination, proprioception, réflexes spinaux, déclenchement de la
douleur au niveau du dos et évaluation des dermatomes au niveau des membres
postérieurs. Le but est de localiser le problème. Ainsi, les lésions nerveuses
périphériques doivent pouvoir être différenciées des lésions centrales et le segment
correspondant de la moelle épinière doit pouvoir être identifié.
Ce n’est qu’à ce moment que les procédures d’imagerie entrent en jeu. Les clichés
radiologiques simples suffisent dans de nombreux cas pour mettre en évidence les
causes orthopédiques comme la dysplasie de la hanche, la coxarthrose, les
néoplasies, les luxations et les fractures. Les examens spéciaux font partie de la
dernière étape du diagnostic. Les examens avec produits de contraste constituent le
meilleur moyen de visualiser les compressions de la moelle épinière. La tomographie
numérisée (CT scan) repose sur les rayons X et elle est donc appropriée pour
évaluer les structures osseuses. Dans le cas de l’imagerie par résonance
magnétique nucléaire (IRM), les signaux émis par les atomes sont enregistrés après
que les atomes ont été activés par un champ magnétique. Pour le tissu nerveux, ce
procédé représente donc la méthode de choix lorsqu’aucun diagnostic n’a pu être
posé au cours des étapes précédentes.
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Fig. 1 : Étapes de l’investigation des boiteries et des paralysies
2 Problèmes choisis
2.1 Problèmes neurologiques
2.1.1 Syndrome de la queue de cheval
Lors du syndrome de la queue de cheval, les nerfs périphériques qui émergent de la
moelle épinière sont comprimés déjà à l’intérieur de la colonne vertébrale ou lors de
leur passage à travers les foramens intervertébraux. Les localisations les plus
typiques sont la transition entre la 7e vertèbre lombaire et le sacrum ou l’espace
intervertébral entre les 6e et 7e vertèbres lombaires. D’un point de vue étiologique,
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entrent surtout en ligne de compte les hernies discales et les instabilités. Dans le cas
de ces dernières, la compression peut être la conséquence de l’instabilité elle-même
ou être secondaire à des hypertrophies ligamentaires (ligament longitudinal dorsal et
ligament jaune) ou à des rétrécissements foraminaux. Cette compression peut être
aggravée par une inflammation locale. La plupart des chiens présentant un
syndrome de la queue de cheval sont de grande taille et se trouvent dans le dernier
tiers de leur vie.
Comme il s’agit d’une compression des nerfs périphériques, les symptômes cliniques
se laissent surtout observer sous la forme d’une paralysie flasque. Les chiens
affectés montrent des symptômes liés à la douleur lorsqu’ils se lèvent et lorsqu’ils
montent en voiture. Les pattes postérieures s’affaiblissent lentement, les orteils
frottent le sol et la queue pend. Le tonus anal peut être diminué. La région lombo-
sacrée est douloureuse à la pression. Lors de l’examen, la diminution générale des
réflexes est frappante. Une particularité peut être observée en ce qui concerne le
nerf fémoral. Comme ce nerf, contrairement à son antagoniste (nerf sciatique), ne
passe pas dans la plupart des cas à travers la zone de la compression, le réflexe
correspondant paraît occasionnellement exacerbé.
Figure 2 : Plexus lombo-sacré et nerfs les plus importants qui en émergent
Bien que la symptomatologie soit en fait très typique, la confirmation du diagnostic
repose sur la combinaison d’une myélographie et d’une épidurographie effectuées
sous anesthésie générale. Les clichés latéraux de la colonne vertébrale caudale en
flexion et en extension peuvent révéler les hypertrophies ligamentaires. Les cas pas
clairs et les patients présentant des déficits nettement unilatéraux se laissent mieux
évaluer à l’aide d’une tomographie numérisée ou d’une IRM, de telle sorte que les
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compressions latéralisées et les sténoses foraminales puissent aussi être
visualisées.
Les chiens sans déficits de la proprioception sont de préférence d’abord traités de
façon conservatrice. Le traitement de choix est la physiothérapie, qui dans un
premier temps réduit l’inflammation et favorise la neurodynamique grâce à des
techniques manuelles. Dans un deuxième temps, les groupes musculaires
déficitaires sont développés de manière ciblée par des exercices fortifiants et les
mauvaises charges sont corrigées. Les traitements dans l’eau et la natation font
également partie intégrante du plan thérapeutique, qui est complété par des
médicaments antalgiques et anti-inflammatoires. Les cas récidivants et les chiens
présentant des manifestations neurologiques déficitaires plus prononcées sont des
candidats pour une décompression chirurgicale. La lame vertébrale est alors rabotée
au-dessus de la sténose, ce qui en soi aboutit déjà à une décompression. Ensuite,
avec précaution, le tissu ligamentaire hypertrophique est réséqué ou alors un
foramen particulier est élargi. Le pronostic est favorable dans la plupart des cas,
même si la phase postopératoire peut parfois durer longtemps malgré la
physiothérapie et l’utilisation d’analgésiques.
Figure 3 : Épidurographie en extension de l’articulation
lombo-sacrée. Une sténose est visible entre L7 et S1
(hypertrophie ligamentaire).
Figure 4 : Planification opératoire dune laminectomie
dorsale pour traiter un syndrome de la compression de
la queue de cheval.
2.1.2 Prolapsus discal
La plupart des prolapsus discaux thoraco-lombaires se produisent à l’âge de 4 à 10
ans chez les races prédisposées telles que les teckels, les Shih Tzu, les pékinois et
les beagles. Ils apparaissent en l’espace d’un petit nombre d’heures (type 1 selon
Hansen) et causent des symptômes très typiques tels que des dorsalgies, des
déficits de la proprioception, des déficits moteurs au niveau des pattes postérieures
ainsi qu’une perte de la sensibilité superficielle et profonde à la douleur. Selon
l’ampleur du prolapsus, ces symptômes se succèdent en règle générale dans l’ordre
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