Toutefois, le virus survit en état de latence chez le fœtus et
peut connaître une réactivation donnant ainsi lieu à un
zona intra-utérin à l’origine de la
fœtopathie varicelleuse
.7 La
probabilité que la varicelle maternelle soit associée à une
fœtopathie est globalement faible (l 1%)6,8 et différente
selon le stade de la grossesse au moment où elle survient :
• 2% si l’éruption survient au deuxième trimestre ;
• l 0,4% si l’éruption survient au premier trimestre.9
Il est admis que le risque de fœtopathie est virtuelle-
ment nul si la varicelle survient au-delà de vingt semaines
d’aménorrhée.8 Il existe toutefois des exemples de fœto-
pathie consécutive à une varicelle maternelle ultérieure et
la limite de sécurité est placée par certains à 28 semaines.10
La varicelle intra-utérine passe cliniquement inaperçue
et est parfois détectée à la naissance par la présence de
petites cicatrices cutanées discrètes. Le nouveau-né n’est
pas contagieux et ne requiert ni traitement antiviral ni iso-
lement.10 Les enfants ayant fait une varicelle intra-utérine
sont susceptibles de développer un zona au cours des
deux premières années de vie.8 Leur développement neu-
rologique et psychomoteur est normal.11
Au contraire, la fœtopathie est une maladie sévère et
généralement mutilante de type arthrogryposique (figure 1),
comportant tout ou partie des anomalies suivantes : cica-
trices cutanées importantes sur un ou plusieurs membres,
hypoplasies des tissus mous sous-jacents, atrophie du sque-
lette sous-jacent, parésie des membres impliqués, atrophie
de zones du cortex cérébral, microcéphalie, microphtalmie,
choriorétinite, cataracte, etc. et tout le cortège des déficits
neurologiques, développementaux et mentaux découlant
des anomalies ci-dessus.9 Des atteintes viscérales sont
également décrites.8,12 Environ 30% des nouveau-nés avec
fœtopathie varicelleuse décèdent au cours des premiers
mois.
Les rares lésions inflammatoires (foyer de choriorétinite
aiguë, foyer inflammatoire cérébral) justifient un traitement
antiviral (tableau 1), contrairement aux autres manifestations
(défauts malformatifs et déficits fonctionnels) qui, en raison
de leur nature séquellaire, ne sont pas modifiées par le
traitement.
Conséquences pédiatriques d’une varicelle sur-
venant chez la mère dans la semaine précédant
l’accouchement ou dans les deux jours suivants
Si la varicelle débute au cours des cinq à sept jours pré-
cédant l’accouchement, l’enfant est exposé in utero à la vi-
rémie de sa mère mais pas à sa réponse immune puisque
celle-ci, prenant au moins cinq jours pour se manifester avec
une intensité suffisante, survient après la naissance.12 La
situation est identique si la varicelle maternelle commen-
ce dans les 48 heures suivant l’accouchement puisque la
virémie précède le début de l’éruption maternelle de deux
jours environ.8 Ces deux situations correspondent à une
varicelle périnatale
et annoncent un contexte potentiellement
défavorable pour l’enfant : virémie continue véhiculant dans
tous les organes une charge virale importante sur fond d’im-
maturité immunologique.
La varicelle périnatale n’est pas nécessairement sévère
mais peut l’être et se manifester alors par un tableau de
sepsis avec des lésions cutanées et viscérales, générale-
ment multiples (poumons, foie, reins, surrénales) et hémor-
ragiques.8 La varicelle périnatale exige un traitement anti-
viral (tableau 1).
Conséquences pédiatriques d’une varicelle
survenant chez la mère 48 heures ou plus après
la naissance
Si l’éruption maternelle commence 48 heures ou plus
après l’accouchement, la probabilité est très élevée que le
début de la virémie maternelle soit postérieur à la nais-
sance.8 Dans ces circonstances, l’enfant échappe au risque
de transmission transplacentaire du virus… mais pas forcé-
ment au risque de transmission respiratoire avec comme
conséquence une varicelle néonatale. Potentiellement grave
en raison de l’immaturité immunologique du nouveau-né
et de sa vulnérabilité pulmonaire, la
varicelle néonatale
exige
un traitement antiviral (tableau 1).
prévention de la varicelle chez l’adulte
Une exposition à la varicelle est définie comme : a) un
contact face à face d’au moins cinq minutes avec une per-
sonne ayant la varicelle ; ou b) un séjour d’au moins une
heure dans la même pièce qu’une personne ayant la vari-
celle ; ou encore c) le fait de vivre sous le même toit qu’une
personne ayant la varicelle.13
Tout résident suisse adulte devrait être immun envers
la varicelle, suite à la maladie ou suite à la vaccination re-
commandée à l’adolescence par le plan suisse de vaccina-
tion.14 Tout adulte sans anamnèse précise positive doit être
vacciné, ou alors testé sérologiquement et vacciné si le ré-
sultat est négatif. Cette recommandation s’applique tout
particulièrement à la femme en âge d’avoir des enfants
pour laquelle l’immunité peut être attestée par une anam-
nèse positive de varicelle ou la documentation de deux
doses de vaccin. La mesure des anticorps sériques antiva-
ricelle livre des informations utiles si aucun des critères ci-
dessus n’est empli mais elle n’est pas fiable pour vérifier
la réponse au vaccin et ne devrait pas être utilisée dans ce
contexte. La prévention de la varicelle gestationnelle est
également encouragée sur le plan international.15
902 Revue Médicale Suisse
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www.revmed.ch
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27 avril 2011
Figure 1. Atteinte musculo-squelettique et cutanée
dans le cadre d’une fœtopathie varicelleuse
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