Chapitre 2.6.1. — Myxomatose
1026 Manuel terrestre de l’OIE 2008
n’induisent qu’un fibrome bénin, la maladie généralisée ne se produisant seulement que chez les jeunes. Chez le
lapin européen, deux formes de la maladie ont été décrites : la forme nodulaire (ou classique) et la forme
non-myxomateuse (respiratoire).
La forme nodulaire due à une souche virulente du VM est caractérisée par des lésions cutanées exubérantes et
une immunodépression, souvent associées à des surinfections de l’appareil respiratoire par des bactéries
contaminantes Gram négatives. Des souches prototypes isolées de foyers australiens ou européens
caractérisent les différents degrés de virulence (du niveau I au niveau V) tels qu’ils sont établis sur des lapins de
laboratoire (8). Après infection par une souche de niveau I (la plus virulente), le premier symptôme est une
boiterie du côté du point d’inoculation qui devient protubérant et s’ulcère. Une blépharo-conjonctivite aiguë et un
œdème du périnée et du scrotum se développent graduellement. Les lésions cutanées secondaires apparaissent
entre environ 6 et 7 jour (7). La mort peut éventuellement survenir entre le 8e et le 15e jour après l’infection. Lors
d’une infection avec des souches des niveaux II à V, les symptômes sont en général identiques excepté que
l’évolution est plus lente et moins grave. Quand les animaux survivent, les lésions guérissent progressivement. Le
taux de mortalité varie de 20 % à 100 % selon la souche virale. La transmission habituelle de la forme nodulaire
se fait par des insectes piqueurs, mais une transmission de lapin à lapin est possible lorsqu’ils sont enfermés,
mais elle est limitée. Cette forme est plus fréquemment observée dans les petits élevages (2). Les symptômes de
la forme non myxomateuse sont essentiellement respiratoires, les nodules cutanés étant petits et peu nombreux.
On pourrait penser que cette forme n’est pas transmise par des vecteurs et qu’elle survient plutôt dans les grands
élevages intensifs, mais il convient d’être prudent avant d’avancer cette hypothèse, car la forme non
myxomateuse a aussi été observée chez des lapins sauvages. Jusqu’à présent, ces formes de myxomatose n’ont
été signalées qu’en France (5, 15), en Espagne (18) et plus récemment en Belgique (16).
Le spectre d’hôtes du VM est très étroit et ne présente aucun risque pour les humains.
B. TECHNIQUES DE DIAGNOSTIC
Dans la mesure où les signes de la maladie deviennent plus discrets avec l’atténuation des souches de virus,
l’envoi de prélèvements au laboratoire devient de plus en plus nécessaire. Cependant, le tropisme cutané est
réduit dans le cas des souches non myxomateuses du VM, et l’expression clinique de la forme non myxomateuse
rend le diagnostic clinique plus difficile que dans le cas de la forme classique. Les différentes techniques
disponibles varient dans leur capacité à détecter le VM dans les lésions myxomateuses typiques, dans l’œdème
des paupières ou des organes génitaux. Néanmoins, le diagnostic des formes atténuées ou des formes atypiques
(non myxomateuses) doit être confirmé par isolement du virus sur des lignées de cellules sensibles telles que la
lignée RK-13 (ATCC CCL37) et par identification du virus par les méthodes immunologiques. Dans tous les cas,
l’agent causal peut aussi être identifié par la mise en évidence de l’acide nucléique du VM par amplification en
chaîne par polymérase (PCR) ; les techniques moléculaires n’ont pas été évaluées quant à leur utilité
diagnostique.
1. Identification de l’agent pathogène
Une portion de lésion (myxome, organes ou tissus, notamment les paupières) est excisée à l’aide de ciseaux. Le
myxome est débarrassée de l’épiderme et de la couche superficielle du derme. Elle est lavée en solution
physiologique tamponnée au phosphate (PBS) additionné d’antibiotiques comme défini ci-dessous, puis broyée et
homogénéisée à une dilution de 1 g de tissu pour 4,5 à 9,0 ml de PBS. Les cellules sont rompues par deux cycles
de congélation-décongélation, ou par ultrasonication, afin de libérer les virions et les antigènes. Cette suspension
est centrifugée pendant 5 à 10 min à 1 500 g. Le surnageant est utilisé pour les épreuves.
a) Culture
L’isolement du virus en culture de cellules peut utiliser des cultures de cellules de première explantation de
rein de lapin (RK), ou des cellules établies en lignée continue, telle que la lignée RK-13, en milieu Opti-MEM
(MEM pour milieu essentiel minimal) contenant 2 % de sérum de veau ; 300 Unités Internationales (UI)/ml
de pénicilline ; 300 μg/ml de streptomycine ; 100 μg/ml de gentamycine ; 50 UI/ml de nystatine
(mycostatine) ; et 5 μg/ml d’amphotéricine (fungizone). L’inoculum est représenté par le surnageant de
l’homogénat de lésion ou par du jetage oculo-respiratoire repris en Opti-MEM additionné de 2 % de sérum
de veau et d’antibiotiques. L’inoculum est retiré de la couche de cellules au bout de 2 h. Les cellules sont
rincées avec un faible volume de milieu puis recouvertes de milieu d’entretien (Opti-MEM).
Un effet cytopathogène (ECP) typique des poxvirus (14) se développe en 24 à 48 h (à 37 °C et 5 % de
CO2), mais avec certaines souches, il peut être plus lent et n’apparaître qu’au bout de 7 jours. Selon la
souche de virus, des groupes de cellules voient leur cytoplasme confluer et forment des syncytia de taille
variable, renfermant de 2 à 50 noyaux et même rassemblant jusqu’à une centaine de noyaux. Le noyau de
certaines cellules présente des altérations, la chromatine formant des agrégats basophiles de taille et en