Rev. sci. tech. Off. int. Epiz., 1983, 2 (1), 25-39.
Maladie vésiculeuse du porc :
Symptômes, diagnostic, épidémiologic
et prophylaxie*
J.G.
LOXAM**
et R.S. HEDGER***
Résumé : Dans sa forme aiguë, la maladie vésiculeuse du porc (MVP)
est cliniquement identique à la fièvre aphteuse et ne peut être différen-
ciée que par des épreuves de laboratoire. L'existence de MVP bénigne,
avec des symptômes éphémères passant souvent inaperçus ou négligés,
a entraîné la non-déclaration de cas de la maladie. Ces cas n'ont été
décelés qu'après des investigations vétérinaires approfondies, souvent à
la suite de résultats positifs lors d'enquêtes sérologiques pour la recher-
che de MVP.
Différentes épreuves de laboratoire, sensibles et spécifiques, sont
maintenant disponibles, offrant un bon appui à la surveillance, au dia-
gnostic différentiel et à la confirmation de l'existence de la MVP.
L'immuno-électro-osmophorèse indirecte convient tout à fait pour
l'examen de grands nombres de sérums en vue du diagnostic, pour les
enquêtes épidémiologiques et pour les actions normales de surveillance.
L'épidémiologie de la MVP est associée essentiellement à la longue
persistance du virus dans les viandes de porc et dans le milieu extérieur.
Le contrôle rigoureux de la manipulation et du traitement des déchets
alimentaires (déchets domestiques, etc.) destinés à l'alimentation des
porcs, et la surveillance du commerce des porcs et des véhicules utilisés
pour le transport de ces animaux sont donc nécessaires.
L'éradication de la MVP a une importance vitale dans les pays la
lutte contre la fièvre aphteuse repose sur une politique de non-
vaccination et d'abattage sanitaire.
INTRODUCTION
La maladie vésiculeuse du porc (MVP) est une maladie contagieuse des
porcins provoquée par un entérovirus. Elle se traduit par une légère fièvre,
* Rapport général sur le Thème 1 de la Xe Conférence de la Commission Régionale de
l'O.I.E. pour l'Europe, Londres, 28 septembre-ler octobre 1982. Traduction du rapport original
intitulé « Swine vesicular disease : Clinical signs, diagnosis, epidemiology and control ».
** Directeur adjoint des Services Vétérinaires, Ministère de l'Agriculture, des Pêches et de
l'Alimentation, Tolworth, Surbiton, Surrey (R.U.).
*** Directeur de Recherche Vétérinaire, Institut de Recherche sur les Virus des Animaux,
Pirbright, Woking, Surrey (R.U.).
26
la formation de vésicules sur le bourrelet de la couronne, les talons, les mem-
bres et plus rarement le groin, les lèvres, la langue et les mamelles. Impossible
à distinguer cliniquement de la fièvre aphteuse, sa prophylaxie a une impor-
tance vitale dans les pays indemnes de maladies vésiculeuses.
Observée pour la première fois en Lombardie (Italie) en 1966, elle a été
reconnue par l'Institut de Recherche sur les Virus des Animaux de Pirbright,
Surrey (R.U.), comme étant une maladie nouvelle. Elle a été identifiée à
Hong-Kong en 1971, puis est apparue simultanément dans un certain nombre
de pays européens en 1972/73. A la fin de 1981, 13 pays au total avaient
signalé l'existence de foyers de la maladie (Tableau I).
TABLEAU I
Répartition mondiale des foyers signalés de MVP
1967
Pays 1966 à 1971
1970 1972 1973 1974 1975 1976 1977 1978 1979 1980 1981
Grande-
Bretagne 13 137 187 45 3 18 43 60 12
Autriche 3 X 5 3 6 1
Belgique 1 6
France X 3
Grèce 1
Hong-Kong X X X 1
Italie 2 23 X 32 23 1 39 21 9 29 5
Japon X 1
Malte X X
Pays-Bas 1
Pologne 2 X
Suisse 1
République
Fédérale
d'Allemagne 2 2 11 2 1 2 1 1
x = Nombre réel de foyers inconnu.
Elle est apparue pour la première fois en Grande-Bretagne, dans le Staf-fordshire, en décembre 1972. Depuis lors et jusqu'au 31 décembre 1981, 518
foyers ont été dénombrés dans ce pays où la plus longue période sans foyers a
été de juin 1977 à février 1979, soit une durée totale de 20 mois (Figures 1
et 2).
SYMPTÔMES CLINIQUES
La MVP peut se manifester par divers syndromes cliniques, allant de
l'infection inapparente à la maladie clinique grave, indiscernable de la fièvre
27
Nombre de foyers
200
150
100
50
1972
1973 1974 1975 1976 1977 1978 1979 1980 1981
Année
FIGURE
1
Incidence annuelle de la MVP en Grande-Bretagne (1972-1981)
28
Nombre
de foyers
Mois
Année
FIGURE
2
La MVP en Grande-Bretagne (1979-1981)
29
aphteuse. La détection de la forme bénigne est souvent difficile dans certaines
conditions d'élevage modernes requérant peu de personnel. C'est le cas, en parti-
culier, dans les porcheries où les animaux sont nourris de déchets alimentaires.
La période d'incubation varie de 2 à 7 jours et dépend de la dose infec-
tante et de la voie d'infection. Dans certains cas, on a pu penser à des pério-
des d'incubation supérieures à 7 jours, mais il est possible que les premiers
cas d'infection soient passés inaperçus. Expérimentalement, l'inoculation
intradermique de virus au niveau podal produit des lésions dans les 48 heures.
La contamination par les voies nasale ou orale peut induire l'infection
subclinique avec apparition associée d'anticorps. A ce jour, il n'est pas possi-
ble d'affirmer que les porcs infectés excrètent des quantités importantes de
virus en l'absence de signes cliniques de la maladie. L'expérience de la
Grande-Bretagne ne permet pas de conclure à l'existence de porteurs de virus
sur le terrain; de même, la persistance du virus après infection expérimentale
n'a pas été démontrée.
La fièvre jusqu'à 41°C est le premier signe clinique observé, mais
habituellement la température redevient normale après deux à trois jours.
Des vésicules apparaissent sur les bourrelets coronaires des onglons (y com-
pris des petits doigts), moins souvent sur le groin et plus rarement sur les
lèvres, la langue et les mamelles. Au niveau des pieds, les vésicules ne sont
pas nécessairement limitées à la jonction de la peau et de l'onglon : elles peu-
vent, dans certains cas, s'étendre au membre. Dans les premières phases de la
maladie, on note parfois une perte d'appétit ainsi que des boiteries. Les vési-
cules éclatent en principe facilement; après leur rupture, les animaux ne boi-
tent plus et il reste une zone superficielle de tissu granuleux; lorsque les vési-
cules se forment sur le bourrelet coronaire, la paroi de l'onglon correspon-
dante se sépare du tissu sous-jacent. Il est rare que les onglons entiers se déta-
chent, comme dans la fièvre aphteuse. Mais la ligne de séparation au niveau
du bourrelet coronaire devient visible par la suite, sous forme d'une ligne
horizontale de couleur sombre qui se déplace vers le bas, au fur et à mesure
de la croissance de l'onglon. Ces marques horizontales doivent faire penser à
des séquelles de la maladie, et leur distance par rapport au bourrelet coro-
naire peut servir à déterminer l'époque à laquelle l'infection
s'est
produite
(Watson, 1981).
Aucune observation n'a été faite en Grande-Bretagne, qui permette
d'avancer que des lésions d'âges très différents peuvent coexister chez un
même animal, même si on observe parfois une lésion primaire suivie 48 heu-
res plus tard d'un grand nombre de lésions secondaires.
La gravité de la maladie peut varier considérablement. Les porcs les plus
jeunes ont tendance à présenter des symptômes plus graves que les porcs plus
âgés.
Mais, même chez les très jeunes animaux, la guérison est habituellement
assez rapide et la mortalité insignifiante.
La morbidité, variable, peut atteindre 100% dans certaines porcheries. La
maladie se propage de porcheries en porcheries de façon également très variable;
1 / 15 100%
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