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Le grand débat des dernières années sur la détection en coïncidence sur gamma caméras
semble s’éteindre. Le marché s’oriente résolument vers des P.E.T dédiés, tout du moins aux
Etats Unis, et les caméras à scintillation, comme alternative économique aux caméras à
positrons, n’ont plus les faveurs des investisseurs. On pourrait même penser que le glas a sonné
le 29 juin 2001 pour ce type de technologie, lorsque le « Center for Medicare and Medicaid
Services », l’organisme payeur aux Etats Unis, a décidé d’exclure les gamma-caméras à
détection de coïncidence du champ des équipements autorisés à pratiquer les nouveaux actes
inscrits à la nomenclature et par conséquent de refuser de facto toute prise en charge financière.
Ces nouveaux actes concernent le diagnostic et l’évaluation des cancers pulmonaires, colo-
rectaux, de la tête et du cou, les mélanomes et les maladies de type Hodgkiniens. Cette décision
du CMS a mis le feu aux poudres et les industriels tentent d’infléchir cette décision, par une
action concertée.
Le marché du PET qui a généré un chiffre d’affaires de 200 millions de dollars en 2000 pourrait
quintupler ce chiffre au cours des sept prochaines années. Avec 450 millions de dollars de chiffre
d’affaires, le marché des gamma-caméras est proche de la saturation, selon une étude des
analystes de Frost et Sullivan. Toutefois, la prospective est un art difficile. Les brillantes
perspectives de développement du PET pourraient se trouver brutalement freinées, si une autre
proposition très contestée du CMS entrait en vigueur. En effet, à l’automne 2001, cet organisme
envisageait tout simplement de réduire de 2331 US$ à 841US$, le coût de remboursement
moyen des procédures PET. Ce prix intègrait le coût du FDG, à savoir 250 US$ la dose. Le 12
décembre, le chiffre était porté 1500 US$ et depuis les discussions continuent.
Sur le plan industriel, d’un côté de nouveaux acteurs apparaissent, dans le domaine du PET
essentiellement, comme Positron, et de l’autre des consolidations se poursuivent. Ainsi, Philips a
pris successivement le contrôle du leader Adac puis de Marconi et General Electric a acheté
SMV, ex fleuron de la technologie française. Par ailleurs CTI, qui jusqu’à présent écoulait
entièrement sa production à travers le réseau commercial de Siemens, produit désormais pour
son propre compte une gamme de produit concurrente.
L’offre en terme de machines hybrides intégrant un scanner RX avec une gamma caméra ou un
PET scan s’étoffe. Hawkeye, le produit conçu par GE, s’est déjà diffusé à plus de deux cents
exemplaires, ce qui est un indicateur fort de l’attente des utilisateurs pour ce type de machine.
ADAC pousse le concept plus loin en développant une caméra sans statif, susceptible d’être
associée avec n’importe quelle autre modalité, voire d’être utilisée en bloc opératoire.
Les études sur la recherche de nouveaux cristaux en SPECT continuent malgré l’échec du projet
initié par Digirad en 1998. En tout cas, GE et Siemens sont convaincus des possibilités de ces
nouveaux matériaux puisque les deux compagnies ont pris le contrôle à part égale de la société
israëlienne Imarad Imaging Systems Ltd, société spécialisée dans la recherche sur le CZT.
Digirad, quant à elle, tente un come-back avec un détecteur plan associant un cristal classique et
un réseau de photo-diodes.
Au jeu du portrait chinois, le scanner RX pourrait être un de ces héros des dessins animés de
Tex Avery où quoiqu’il arrive le personnage principal ne meurt jamais. Il peut recevoir
successivement sur la tête un pot de fleur, une enclume, un piano, un camion, un avion, un train,
un transatlantique….. le héros réapparaît plus fringuant que jamais dans la séquence suivante.
C’est ce qui se passe actuellement avec les développements annoncés ou attendus en
cardiologie et cette renaissance pourrait ne pas se résumer à une simple embellie passagère. La
mise sur le marché des machines hybrides CT-PET est une autre source d’optimisme. Le
scanner est de retour et les équipes de recherche et développement sont plus motivées que
jamais. Diagnostic Imaging, qui a décerné au scanner multi-coupes, le prix de l’innovation
technologique de l’année 2001, estime que ces nouveaux modèles redéfinissent totalement les
stratégies d’exploration et de contrôle post-interventionnel des pathologies vasculaires et qu’ils
modifient encore plus radicalement la prise en charge des poly-traumatisés aux urgences où l’on
envisage une exploration intégrale de ces patients de la racine des cheveux à la plante des
pieds en quelques minutes!
Ainsi, suite à l’introduction d’une nouvelle génération de détecteur en 1999, de nouvelles
indications apparaissent et laissent espérer des perspectives de développement assez
extraordinaires. Pour l'instant limitée aux machines de haut de gamme, la technologie "multi-
coupes" va se généraliser assez rapidement et d'ici trois à quatre ans les machines actuelles
seront reléguées aux oubliettes de la technologie ou au segment des machines « low-cost ».