
diaque » alors qu’elle est maximale chez un patient IRC. Dans
l’OAPc une oxygénation maximale aide à rompre le cercle
vicieux : insuffisance cardiaque →œdème pulmonaire →hypo-
xémie →augmentation du travail cardiaque →aggravation
insuffisance cardiaque [12].
Les modes d’administration de l’O
2
varient en fonction des
débits administrés. Les très faibles débits dispensés pour une
décompensation de bronchopathie chronique obstructive
(BPCO) avec acidose respiratoire décompensée le seront de
préférence à l’aide d’une sonde nasale et en réglant des alarmes
de SpO
2
maximale (par exemple 94 %) afin d’éviter d’aggraver
l’hypoventilation alvéolaire en supprimant le stimulus hypoxé-
mique [2]. Les lunettes à oxygène sont utilisables pour des
débits modestes de 2 à 6 l/min mais la dose administrée réel-
lement est non garantie car elle dépend de la perméabilité des
narines, de l’ouverture de la bouche à l’inspiration. Grâce aux
masques à réserve (masques à haute concentration) la FiO
2
peut atteindre 70 à 80 %. Dans ce cas, le débit d’oxygène
importe peu mais la réserve doit être pleine permettant au
patient de puiser l’essentiel de l’air inspiré dans la réserve
d’oxygène pur.
5.2. Ventilation non invasive
La ventilation non invasive (VNI) est une des thérapeuti-
ques en développement dans la prise en charge des insuffisan-
ces respiratoires aiguës. Il faut cependant bien peser les indica-
tions et les modes d’applications car l’usage inadapté de la
VNI est délétère [13,14]. Il faut différentier la CPAP (conti-
nous positive airway pressure) de la VNI proprement dite
(application de deux niveaux de pression : inspiratoire (aide
inspiratoire) et expiratoire [administration d’une pression expi-
ratoire positive (PEP)]. Dans la CPAP, il n’y a pas de cycle
ventilatoire administré mais simplement une résistance à
l’expiration. Le moteur du flux expiratoire est la rétraction
élastique du poumon distendu lors de l’inspiration. L’applica-
tion d’une pression positive permanente oblige le patient à ven-
tiler à plus haut volume avec une augmentation des pressions
intrathoraciques. L’augmentation de la pression intrathoracique
diminue la précharge du ventricule gauche ce qui, associé à
l’amélioration de l’oxygénation est particulièrement bénéfique
dans l’OAPc. Cet effet est bénéfique sur les OAPc même
hypercapniques et/ou en choc cardiogénique et/ou d’origine
ischémique [15].Iln’y a pas de supériorité de la VNI (ventila-
tion en deux niveaux de pression) sur la CPAP, et la simplicité
de mise en œuvre de la CPAP plaide en sa faveur [16].LaVNI
présente des résultats équivalents dans l’OAPc et son efficacité
est largement supérieure à la CPAP dans la décompensation de
BPCO, parfois intriquée et pour laquelle les niveaux élevés de
FiO
2
administré par la CPAP sont inadaptés. Les très hauts
débits d’O
2
utilisés par la CPAP trouvent une limite aux urgen-
ces dans le transport de ces patients.
La valve de Boussignac est un tube toujours ouvert qui
s’adapte sur tout masque facial. Les parois du tube sont par-
courues par des microcanalicules qui créent une valve virtuelle
en transformant en pression la vitesse des gaz passant par les
microcanalicules. Le niveau de PEP dépend ainsi du débit d’O
2
dans les microcanalicules et pose, contrairement à la CPAP
classique, le problème de l’accès permanent à de très haut débit
d’O
2
.
La VNI, dont les niveaux de FiO
2
,d’aide inspiratoire, de
PEEP sont maîtrisables, a démontré son intérêt dans les décom-
pensations de BPCO en particulier hypercapnique. Ses indica-
tions tendent à s’accroître avec des applications potentielles
aux urgences : pneumopathies hypoxémiantes des immunodé-
primés [17], pneumopathies hypoxémiantes en général [18],
AAG [19], préoxygénation avant intubation, traumatisme tho-
racique [20]. Ainsi le développement de la VNI dans les servi-
ces de réanimation [21] élargit ses indications dans les services
d’urgence [22]. De plus l’accentuation de la pratique de la VNI
est associée à de meilleurs résultats [23]. Le choix d’un respi-
rateur qui puisse offrir à la fois CPAP, VNI et ventilation inva-
sive (VI) peut faciliter l’utilisation de ces techniques tenant
compte des mouvements importants de personnels constatés
dans les services d’accueil et d’urgence [24].
5.3. La ventilation invasive
5.3.1. Indications
Le plus souvent l’indication est évidente. Dans le cas des
comas, en particulier toxique, un score de Glasgow inférieur
à 8 classiquement retenu en traumatologie, n’est pas une limite
immuable. Le risque d’aggravation du coma, l’estomac plein
avec risque d’inhalation plaide en faveur d’une intubation,
mais la nécessité de recourir à une sédation pour intuber (esto-
mac plein), les complications inhérentes à une intubation en
urgence plaident en sa défaveur.
Dans les AAG, le recours à l’intubation est un signe de gra-
vité [25] qui incite à la pratiquer le plus tard possible. Mais
cette attitude expose à l’accumulation d’une dette en oxygène
qui peut rendre l’intubation encore plus périlleuse en situation
très hypoxique, l’amélioration de l’hématose après intubation
étant en plus aléatoire du fait d’une compliance effondrée. Il
ne faut donc pas trop attendre quand un patient en AAG
requiert une VI.
Lors de décompensation de BPCO, les critères d’échec de la
VNI sont dorénavant bien définis. L’absence d’amélioration du
pH et de la fréquence respiratoire après deux heures de VNI
impose le recours à la VI [26,27]. De même pour les OAPc,
l’amélioration clinique doit survenir dans les deux heures qui
suivent l’instauration de la pression positive.
5.3.2. Réglage initial de la VI (Tableau 3)
Leur logique dépend de la pathologie traitée, du terrain
sous-jacent, du lieu d’instauration, et du matériel utilisé. La
PaCO
2
est principalement modulée par le volume minute
(VM) alors que la PaO
2
est améliorée en optimisant la PEEP
et la FiO
2
. Schématiquement il est possible de séparer trois
types de pathologies :
●poumons sains avec défaillance de la commande ou du
soufflet thoracique. Chez le patient sédaté, on utilise un
A. Caubel / Réanimation 15 (2006) 523–532 527