Mise au point
Insuffisance respiratoire aiguë : diagnostic et traitement aux urgences
Acute respiratory failure: diagnosis and treatment in emergency department
A. Caubel
Service réanimation polyvalente, centre hospitalier Bretagne-Sud, 56322 Lorient cedex, France
Disponible sur internet le 24 octobre 2006
Résumé
La détresse respiratoire aiguë est un sujet extrêmement vaste du fait de la diversité des patients concernés, des organes impliqués et des
étiologies. La problématique dans les services durgence est dassocier un traitement symptomatique immédiat, une démarche diagnostique
urgente et un traitement étiologique dont les effets sont souvent retardés. Concernant les traitements symptomatiques lutilisation de la ventilation
non invasive représente lévolution la plus marquante de ces dernières années. Les traitements étiologiques ont peu évolué en dehors de la prise
en charge des œdèmes aigus pulmonaires cardiogéniques. La démarche diagnostique évolue aussi tant sur le plan clinique (devant une suspicion
dembolie pulmonaire) que paraclinique avec une réelle valeur ajoutée du dosage du brain natriuretic peptid (BNP) pour différencier les causes
pulmonaires et cardiaques des insuffisances respiratoires aiguës. La procalcitonine (PCT) est en cours dévaluation dans la prise en charge des
pneumopathies aiguës communautaires. Les scores de gravité à larrivée des patients et lévolution aux urgences sont de mieux en mieux codifiés
dans plusieurs domaines (asthme aigu grave, pneumopathies aiguës communautaires, embolie pulmonaire) et permettent une orientation daval
plus ciblée.
© 2006 Société de réanimation de langue française. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Abstract
Respiratory failure is a vast subject due to the diversity of its sufferers, the range of organs it affects, as well as its many causes. The difficult
in the emergency department is to combine an immediate symptomatic treatment, an urgent diagnostic step and a specific treatment whom the
effects are often delayed. Concerning the symptomatic treatments, the use of the non-invasive ventilation represents the most striking evolution of
these last years. In recent years there have been few changes in specific treatments - the treatment of cardiogenic pulmonary oedema being the
exception. The diagnostic step evolves so as long on the clinical setting (pulmonary embolism) that paraclinical setting with a real added value of
the dosage of the brain natriuretic peptid (BNP) to distinguishing between pulmonary and cardiac causes of respiratory failure. Preliminary results
on pro-calcitonin seem to show a reduced need for antibiotics in cases of community-acquired pneumonia. Severity rating of patients upon their
arrival and during the course of their stay on the emergency ward are becoming better defined in several areas such as asthma, community-
acquired pneumonia and pulmonary embolism and allow for a more accurate dispatch of patients to the relevant services.
© 2006 Société de réanimation de langue française. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Mots clés : Insuffisance respiratoire aiguë ; Urgences ; Diagnostic ; Traitement
Keywords: Acute respiratory failure; Emergency department; Diagnosis; Treatment
1. Introduction
Linsuffisance respiratoire aiguë (IRA) est une cause fré-
quente de consultation aux urgences et une des raisons majeu-
res dadmission en réanimation [1]. Elle associe un risque vital
imposant des traitements symptomatiques immédiats, une
démarche étiologique compliquée par le nombre important de
causes parfois associées, et par des traitements spécifiques dont
lefficacité reste retardée.
2. Problématique aux urgences
La dyspnée est un symptôme subjectif. La tolérance dune
insuffisance respiratoire chronique (IRC) est souvent très
bonne et plus aisément détectée par ladaptation du périmètre
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Réanimation 15 (2006) 523532
Adresse e-mail : [email protected] (A. Caubel).
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doi:10.1016/j.reaurg.2006.10.007
de marche que par la gêne respiratoire elle-même. A contrario
un événement aigu peut engendrer une sensation de dyspnée
même si lamputation des capacités respiratoires est modeste.
Il faut donc authentifier et évaluer la dyspnée par des moyens
objectifs (fréquence respiratoire, fréquence cardiaque, satura-
tion) et les intégrer en fonction de létat de base du patient.
Le terrain sous-jacent est un des éléments principaux de
lévaluation de la gravité et de lorientation diagnostique.
Ainsi, une saturation en oxygène au doigt à 92 % chez un
patient IRC peut être usuelle alors quelle traduit le dépasse-
ment des mécanismes de compensation chez un patient anté-
rieurement sain [2]. Sur le plan diagnostique, les antécédents
respiratoires mais aussi cardiaques et les facteurs de risque
thromboembolique sont dimportants éléments dorientation.
Lanamnèse oriente fortement létiologie. Les facteurs déclen-
chants, favorisants ou aggravants extérieurs ; le caractère sub-
aigu, aigu ou brutal de la dyspnée, le caractère paroxystique ou
dun seul tenant, et lhoraire dapparition permettent de donner
de bons éléments dorientation. Mais linterrogatoire peut être
rendu moins fiable par la détresse du patient. Lapproche diag-
nostique est ainsi dabord clinique, même en urgence, parfois
étayée par divers examens complémentaires dont il faut hiérar-
chiser lutilisation.
3. Éléments physiologiques, démarche diagnostique
La respiration nécessite la participation de très nombreux
organes. La ventilation requiert une commande centrale, une
afférence nerveuse, un soufflet musculosquelettique, des voies
aériennes supérieures et inférieures intègres. Le transfert de
lO
2
nécessite une membrane alvéolocapillaire, une perfusion
adaptée dans les territoires ventilés, un débit cardiaque, le
transport par lhémoglobine et lextraction périphérique par
les cellules. Les défaillances peuvent ainsi survenir à tous les
niveaux et être associées.
La démarche diagnostique clinique est résumée dans le
Tableau 1. Elle passe par un interrogatoire qui recherche des
éléments concernant le terrain, lanamnèse, et un recueil de
signes cliniques de décompensation respiratoire mais aussi
extrarespiratoire en particulier cardiocirculatoires.
Différents examens complémentaires peuvent aider au diag-
nostic.
3.1. Gaz du sang
Deux tableaux qui sopposent par leurs mécanismes et qui
diffèrent par leurs étiologies peuvent être diagnostiqués : leffet
shunt et lhypoventilation alvéolaire. Leffet shunt est défini
par la somme PaO
2
+ PaCO
2
< 100 Torrs. Il existe une hypo-
xémie sans hypercapnie qui traduit une perturbation de la dif-
fusion de loxygène (peu diffusible) de lespace alvéolaire vers
le sang. Cette perturbation peut être due à des alvéoles remplies
de liquide (pneumopathie aiguë communautaire (PAC), à une
membrane alvéolocapillaire épaissie [œdème aigu cardiogé-
nique du poumon (OAPc)], à un débit sanguin absent [embolie
pulmonaire (EP), shunt vrai] ou au contraire trop accéléré (état
de choc).
Lhypoventilation alvéolaire est définie par une somme
PaO
2
+ PaCO
2
> 120 Torrs en air ambiant. Cela traduit une
chute du volume minute (VM) qui ne permet plus de « rincer »
les alvéoles de lapport veineux permanent de CO
2
. Cette chute
du VM est liée à un trouble de la commande centrale, du souf-
flet thoracique ou des voies de conduction aériennes.
Tableau 1
Présentation clinique et paraclinique des principales étiologies dinsuffisance respiratoires aiguës aux urgences
Terrain anamnèse Signes cliniques Radio pulmonaire GDS ECG Résultats
biologiques
Décompensation de
BPCO
Tabagisme
Bronchite chronique
IRC
Sibilants
Bronchorrhée
Distension
radiologique
Hypoventilation
alvéolaire
Asthme aigu grave Caractère familial
Atopie
Crises paroxystiques ma-
tinales
Sibilants Distension
radiologique
Effet shunt
Lhypercapnie est
un signe de gravité
Œdème aigu du poumon Cardiopathie sous-jacente
Dyspnée deffort
Orthopnée
Crépitants
Grésillement laryngé
Orthopnée
Syndrome alvéo-
laire bilatéral
Cardiomégalie
Effet shunt HVG
Séquelles IDM
Troubles du rythme
BNP
Pneumopathie aiguë
communautaire
Immunodépression Fièvre
Frissons
Bronchorrhée
Foyer de crépitants
Foyer alvéolaire Effet shunt Polynucléose
CRP
PCT
Antigènurie
légionnelle
Embolie pulmonaire Alitement
Période postopératoire
Antécédents TE person-
nel ou familiaux Dyspnée
brutale
Douleur thoracique
Phlébite
Insuffisance car-
diaque droite
Effet shunt Cœur pulmonaire
aigu
DDimères (Elisa)
GDS : gaz du sang ; ECG : électrocardiogramme ; IRC : insuffisance respiratoire chronique ; HVG : hypertrophie ventriculaire gauche ; BNP : brain natriuretic
peptid ; IDM : infarctus du myocarde ; CRP : protéine C-réactive ; PCT : procalcitonine ; TE : thromboembolique.
A. Caubel / Réanimation 15 (2006) 523532524
3.2. Radiographie pulmonaire
La qualité des radiographies de thorax pratiquées aux urgen-
ces chez un patient couché, en détresse limite grandement sont
apport. Seuls les éléments les plus caractéristiques doivent être
recherchés. Le bronchogramme aérique clarté branchée au
sein dune opacité est le plus spécifique du syndrome alvéo-
laire. Les lignes de Kerley opacités linéaires sous-
pleurales orientent vers un épaississement des septa interlo-
bulaires que lon retrouve dans lOAPc. Les épanchements
hydriques, en position couchée, se manifestent par une grisaille
plus ou moins diffuse avec disparition de la coupole. Il faut
rechercher une scissurite, une ligne bordante, un refoulement
médiastinal pour étayer cette hypothèse. Enfin la radiographie
peut être tout à fait normale lors dune embolie pulmonaire ou
dun asthme aigu grave (AAG).
3.3. ECG
LECG peut révéler des signes de pathologie cardiaque cau-
sale ou sous-jacente (insuffisance coronarienne) ou de cœur
pulmonaire aigu dans un contexte de suspicion clinique dEP.
3.4. Numération formule sanguine
La polynucléose (et la neutropénie) sont des facteurs de gra-
vité dans les PAC. La polyglobulie peut être un argument pour
une IRC sous-jacente. Lanémie peut aggraver une insuffisance
cardiaque ou être associée à une hémorragie intra-alvéolaire.
3.5. La protéine C-réactive (CRP)
En cas de doute entre une pneumonie bilatérale et une insuf-
fisance cardiaque la CRP peut apporter des arguments en
faveur dune infection.
3.6. Procalcitonine (PCT)
La PCT est un marqueur très précoce et très sensible
dinfections bactériennes. Récemment, un seuil inférieur à
1 µg/l a permis de diminuer de 50 % lusage dantibiotique
chez des patients suspects de PAC [3]. Mais ces données
nen font toujours pas un examen de routine pour décider
dune antibiothérapie aux urgences.
3.7. DDimères
Les DDimères Elisa présentent un intérêt lorsquils sont
négatifs (inférieurs à 500 µg/l) chez des patients ambulatoires
suspects dembolie pulmonaire. Face à une probabilité clinique
faible dEP [4], leur négativité permet décarter le diagnostic.
Leur spécificité dans la pathologie thromboembolique est
faible et devient nulle pour les patients alités ou ayant une per-
fusion en place.
3.8. Brain natriuretic peptid (BNP)
Le BNP ou le NT-ProBNP est libéré en cas détirement des
myocytes ventriculaires. Il permet, particulièrement chez les
patients âgés, de discriminer lorigine cardiaque ou pulmonaire
dune dyspnée. La valeur prédictive négative est supérieure à
90 % pour un taux de ProBNP inférieur à 140 pmol/l [5]. Dans
le cadre de lEP, le BNP est ascensionné en rapport avec le
retentissement circulatoire du thrombus. Dautres développe-
ments sont en cours pour rechercher une corrélation entre
BNP et retentissement cardiaque droit dans lEP Le BNP ne
permet pas de discriminer entre une insuffisance cardiaque
gauche ou droite ni entre le caractère pré- ou postcapillaire
dune hypertension artérielle pulmonaire. Il existe aussi des
faux négatifs lors dOAP « flash » car la demi-vie du BNP
est très courte et le taux peut être normalisé précocement.
3.9. Autres examens spécialisés
En fonction des étiologies évoquées des examens plus spé-
cialisés permettent de confirmer les diagnostics et de guider le
traitement. Léchocardiographie permet de déterminer la nature
de la cardiopathie en cas dOAPc, dévaluer le retentissement
dune EP et certaines équipes ont proposé un traitement fibri-
nolytique sur des critères de cœur pulmonaire aigu même en
labsence de choc. Langioscanner thoracique et lécho-
doppler des membres inférieurs permettent déliminer une EP
de forte probabilité clinique si les deux examens sont négatifs
[6]. Face à une suspicion dEP, langioscanner peut aussi four-
nir un diagnostic alterne. La scintigraphie pulmonaire permet
de chiffrer le taux dobstruction et est bien corrélée au niveau
de la PAP. La fibroscopie bronchique en urgence a peu dindi-
cations. Il faut retenir le cas dun corps étranger intratrachéal
mais qui le plus souvent relève dune fibroscopie sous anesthé-
sie générale et laide dun bronchoscope rigide. Les PAC des
patients immunodéprimés [7] doivent bénéficier précocement
de prélèvements à la recherche de germes particuliers mais
cela ne doit en aucun cas retarder le début dune antibiothéra-
pie efficace sur les germes standard. En cas dhémoptysie, il
nexiste pas de consensus. Les conséquences des hémoptysies
sont liées à linsuffisance respiratoire aiguë par « noyade » et
non pas à la perte sanguine. Lintérêt de la fibroscopie est par-
fois thérapeutique mais surtout diagnostique, permettant de
localiser le saignement et de guider la thérapeutique (intubation
sélective protectrice du poumon sain, dartérioembolisation
bronchique). En cas dhémorragie intra-alvéolaire, la fibrosco-
pie diagnostique permet la pratique dun lavage bronchoalvéo-
laire et la mesure de lindice de Perls.
4. Évaluation de la gravité
La gravité extrême est cliniquement évidente : trouble de
conscience, bradycardie hypoxique, cyanose, marbrures,
gasps, et impose une ventilation invasive (VI) immédiate
après intubation trachéale. Les symptômes dépuisement respi-
ratoire qui précèdent, regroupent le balancement thoracoabdo-
A. Caubel / Réanimation 15 (2006) 523532 525
minal, lutilisation des muscles respiratoires accessoires, le bat-
tement des ailes du nez (particulièrement chez lenfant), la bra-
dypnée.
Les signes dhypoxémie sont la tachycardie, la tachypnée, la
désaturation et la cyanose. Le saturomètre de pouls est un outil
simple et fiable de mesure de la SaO
2
quand le pulsogramme
est satisfaisant. La saturation pulsée en oxygène (SpO
2
) doit
être interprétée en fonction de létat de base du patient. Une
SpO
2
entre 88 et 92 % peut être usuelle chez un patient en
IRC et signifier une décompensation grave chez le sujet aux
poumons sains. Dans les pneumopathies infectieuses, une
PaO
2
inférieure à 60 Torrs en air ambiant entre dans les critères
de Fine [8]. Un rapport PaO
2
/FiO
2
< 200 (la normale est entre
500 et 600) est un des critères de syndrome de détresse respi-
ratoire aiguë (SDRA) [9].
Les signes dhypercapnie aiguë sont la tachycardie, lhyper-
tension artérielle, les sueurs, lastérixis, la confusion et la som-
nolence. Lhypercapnie est un critère de gravité dans lAAG
[10] et traduit une hypoventilation alvéolaire sévère. Dans les
insuffisances respiratoires restrictives, elle traduit un déséquili-
bre entre le flux endogène permanent de CO
2
et les capacités
dexcrétion par le poumon. Cette hypercapnie peut saccentuer
très rapidement dans ces situations [2]. A contrario dans les
IRC obstructives la capnie nest pas un élément pronostique
ni un critère de gravité. Cest lacidose respiratoire
(pH < 7,35) qui traduit la rupture dun état déquilibre respira-
toire antérieur [2].
Latteinte multilobaire de la radiographie entre dans les cri-
tères de Fine [8]. En dehors de la pneumonie infectieuse, la
radiographie de thorax nest pas un critère de gravité et lindex
de Murray [11] utilisé dans le SDRA tombe en désuétude.
Le niveau de détresse détermine les indications à lhospita-
lisation en réanimation. En dehors des cas évidents requérant
une ventilation invasive, la question se pose pour les patients
ayant bénéficié de la VNI aux urgences. Certaines détresses
sont rapidement régressives sous traitement et peuvent être sui-
vies en dehors de soins intensifs. Mais la plupart des autres
étiologies et en particulier linitiation dune VNI, débutée aux
urgences, doit être poursuivie en réanimation.
5. Traitement symptomatique
Après désobstruction des voies aériennes, se pose le choix
du support ventilatoire (Tableau 2).
5.1. Oxygénothérapie
Lhypoxémie tue de manière brutale alors que lhypercapnie
tue lentement. Si, en dehors de pathologie coronarienne, une
SpO
2
peut sabaisser jusquà 88 % sans risque particulier,
toute aggravation peut alors être brutale exposant au risque
darrêt cardiaque hypoxique. Un patient antérieurement sain
aura une sensation de dyspnée majeure avec une SpO
2
à
92 %. La cible de 92 % semble minimale pour un patient « car-
Tableau 2
Différents types dapports doxygène et de supports ventilatoires
Indications O2 (l/min) PEP (cmH
2
O) FiO
2
(%) Contre-indications Effets secondaires Limites
Sonde Nasale IRA/IRCO 0,5 à 2 Non 30 % Fosse nasales non
perméables
Lésion nasales
Aggravation de
lacidose des IRA/
IRCO
Acidose
hypercapnique
Lunettes Hypoxie modérée 2 à 6 Non 25 à 35 % Fosse nasales non
perméables
Profondeur de
l'hypoxie
Masque à
réserve
Hypoxie profonde Réserve pleine Non 70 à 80 %
Non réglable
Acidose respiratoire
décompensée
Impression détouffe-
ment
Attention aux réserves
vides
FiO
2
non modulable
Profondeur de
lhypoxie
Valve de
Boussignac
OAP
Hypoxie profonde
10 à 20 Réglable Non réglable Traumatisme facial
Coma
Hypoxémie très profonde
Transport
Plaie de l'arrête du nez Profondeur de
l'hypoxie
CPAP OAP 20 à 30 7,5 ou 10 Réglable Traumatisme facial
Coma
Transport
Plaie de larrête du nez
Distension gastrique
Retard à lintubation
Profondeur de
l'hypoxie
VNI IRA/IRCO Variable Réglable Réglable Traumatisme facial
Coma
Choc
Plaie de larrête du nez
Distension gastrique
Retard à lintubation
Incapacité à baisser
la capnie et la
fréquence
respiratoire
VI Échec des mesures
précédentes
Protection des voies
aériennes
Choc
Variable Réglable Réglable PAV
Décubitus
Sédation
Lésions trachéales
PEP : pression expiratoire positive ; IRA/IRCO : insuffisance respiratoire aiguë des insuffisances respiratoires chroniques ; OAP : œdème pulmonaire
cardiogénique ; PAV : pneumonie acquise sous ventilation ; CPAP : Continuous Positive Airway Pressure (ventilation spontanée + PEP) ; VNI : Ventilation Non
Invasive ; VI : Ventilation Invasive.
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diaque » alors quelle est maximale chez un patient IRC. Dans
lOAPc une oxygénation maximale aide à rompre le cercle
vicieux : insuffisance cardiaque œdème pulmonaire hypo-
xémie augmentation du travail cardiaque aggravation
insuffisance cardiaque [12].
Les modes dadministration de lO
2
varient en fonction des
débits administrés. Les très faibles débits dispensés pour une
décompensation de bronchopathie chronique obstructive
(BPCO) avec acidose respiratoire décompensée le seront de
préférence à laide dune sonde nasale et en réglant des alarmes
de SpO
2
maximale (par exemple 94 %) afin déviter daggraver
lhypoventilation alvéolaire en supprimant le stimulus hypoxé-
mique [2]. Les lunettes à oxygène sont utilisables pour des
débits modestes de 2 à 6 l/min mais la dose administrée réel-
lement est non garantie car elle dépend de la perméabilité des
narines, de louverture de la bouche à linspiration. Grâce aux
masques à réserve (masques à haute concentration) la FiO
2
peut atteindre 70 à 80 %. Dans ce cas, le débit doxygène
importe peu mais la réserve doit être pleine permettant au
patient de puiser lessentiel de lair inspiré dans la réserve
doxygène pur.
5.2. Ventilation non invasive
La ventilation non invasive (VNI) est une des thérapeuti-
ques en développement dans la prise en charge des insuffisan-
ces respiratoires aiguës. Il faut cependant bien peser les indica-
tions et les modes dapplications car lusage inadapté de la
VNI est délétère [13,14]. Il faut différentier la CPAP (conti-
nous positive airway pressure) de la VNI proprement dite
(application de deux niveaux de pression : inspiratoire (aide
inspiratoire) et expiratoire [administration dune pression expi-
ratoire positive (PEP)]. Dans la CPAP, il ny a pas de cycle
ventilatoire administré mais simplement une résistance à
lexpiration. Le moteur du flux expiratoire est la rétraction
élastique du poumon distendu lors de linspiration. Lapplica-
tion dune pression positive permanente oblige le patient à ven-
tiler à plus haut volume avec une augmentation des pressions
intrathoraciques. Laugmentation de la pression intrathoracique
diminue la précharge du ventricule gauche ce qui, associé à
lamélioration de loxygénation est particulièrement bénéfique
dans lOAPc. Cet effet est bénéfique sur les OAPc même
hypercapniques et/ou en choc cardiogénique et/ou dorigine
ischémique [15].Ilny a pas de supériorité de la VNI (ventila-
tion en deux niveaux de pression) sur la CPAP, et la simplicité
de mise en œuvre de la CPAP plaide en sa faveur [16].LaVNI
présente des résultats équivalents dans lOAPc et son efficacité
est largement supérieure à la CPAP dans la décompensation de
BPCO, parfois intriquée et pour laquelle les niveaux élevés de
FiO
2
administré par la CPAP sont inadaptés. Les très hauts
débits dO
2
utilisés par la CPAP trouvent une limite aux urgen-
ces dans le transport de ces patients.
La valve de Boussignac est un tube toujours ouvert qui
sadapte sur tout masque facial. Les parois du tube sont par-
courues par des microcanalicules qui créent une valve virtuelle
en transformant en pression la vitesse des gaz passant par les
microcanalicules. Le niveau de PEP dépend ainsi du débit dO
2
dans les microcanalicules et pose, contrairement à la CPAP
classique, le problème de laccès permanent à de très haut débit
dO
2
.
La VNI, dont les niveaux de FiO
2
,daide inspiratoire, de
PEEP sont maîtrisables, a démontré son intérêt dans les décom-
pensations de BPCO en particulier hypercapnique. Ses indica-
tions tendent à saccroître avec des applications potentielles
aux urgences : pneumopathies hypoxémiantes des immunodé-
primés [17], pneumopathies hypoxémiantes en général [18],
AAG [19], préoxygénation avant intubation, traumatisme tho-
racique [20]. Ainsi le développement de la VNI dans les servi-
ces de réanimation [21] élargit ses indications dans les services
durgence [22]. De plus laccentuation de la pratique de la VNI
est associée à de meilleurs résultats [23]. Le choix dun respi-
rateur qui puisse offrir à la fois CPAP, VNI et ventilation inva-
sive (VI) peut faciliter lutilisation de ces techniques tenant
compte des mouvements importants de personnels constatés
dans les services daccueil et durgence [24].
5.3. La ventilation invasive
5.3.1. Indications
Le plus souvent lindication est évidente. Dans le cas des
comas, en particulier toxique, un score de Glasgow inférieur
à 8 classiquement retenu en traumatologie, nest pas une limite
immuable. Le risque daggravation du coma, lestomac plein
avec risque dinhalation plaide en faveur dune intubation,
mais la nécessité de recourir à une sédation pour intuber (esto-
mac plein), les complications inhérentes à une intubation en
urgence plaident en sa défaveur.
Dans les AAG, le recours à lintubation est un signe de gra-
vité [25] qui incite à la pratiquer le plus tard possible. Mais
cette attitude expose à laccumulation dune dette en oxygène
qui peut rendre lintubation encore plus périlleuse en situation
très hypoxique, lamélioration de lhématose après intubation
étant en plus aléatoire du fait dune compliance effondrée. Il
ne faut donc pas trop attendre quand un patient en AAG
requiert une VI.
Lors de décompensation de BPCO, les critères déchec de la
VNI sont dorénavant bien définis. Labsence damélioration du
pH et de la fréquence respiratoire après deux heures de VNI
impose le recours à la VI [26,27]. De même pour les OAPc,
lamélioration clinique doit survenir dans les deux heures qui
suivent linstauration de la pression positive.
5.3.2. Réglage initial de la VI (Tableau 3)
Leur logique dépend de la pathologie traitée, du terrain
sous-jacent, du lieu dinstauration, et du matériel utilisé. La
PaCO
2
est principalement modulée par le volume minute
(VM) alors que la PaO
2
est améliorée en optimisant la PEEP
et la FiO
2
. Schématiquement il est possible de séparer trois
types de pathologies :
poumons sains avec défaillance de la commande ou du
soufflet thoracique. Chez le patient sédaté, on utilise un
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