370 Le manuel de réanimation, soins intensifs et médecine d’urgence
Illustration de l’importance de l’hypothermie : une fillette de 2 ans, retrouvée
dans de l’eau glacée (moins de 5 °C) après 66 min d’immersion en mydriase
bilatérale, avec une température rectale de 19 °C, a récupéré entièrement grâce à une
CPR efficace suivie de circulation extracorporelle.
NB:
il ne faut jamais transporter un patient en arrêt cardiaque vers l’hôpital, car
la réanimation d’une personne sur une civière en mouvement ou dans l’ambulance
serait trop difficile. La réanimation se fait entièrement sur place.
Manœuvres élémentaires de réanimation
chez l’adulte
Il convient avant tout de s’assurer de l’inconscience du patient par une stimulation
vigoureuse. En cas d’inconscience, il faut immédiatement appeler à l’aide. Toutefois,
en cas d’arrêt respiratoire (surtout chez l’enfant), on recommande de commencer la
réanimation avant d’appeler à l’aide, car les premières secondes peuvent compter.
A =
Airway :
assurer l’ouverture des voies aériennes
B =
Breathing:
assurer la respiration
C =
Circulation:
assurer la circulation du sang
Ouverture des voies aériennes
Le premier geste consiste à s’assurer que la langue n’est pas cause d’obstruction haute
chez le patient inconscient. La langue étant solidaire de la mâchoire inférieure, celle-
ci doit être avancée pour dégager la gorge: le fait d’attirer la tête en arrière peut déjà
suffire lorsque la musculature des joues n’est pas atrophique.
Les voies aériennes sont dégagées par le placement d’une main sur le front de la
victime pour l’attirer vers le bas et l’arrière par un mouvement rotatoire ( «
head
tilt
») et de l’autre main en-dessous de la mâchoire inférieure pour l’attirer vers le
haut par un mouvement vertical («
chin lift
») [fig. 3]. Une alternative (moins
efficace) consiste à placer cette deuxième main sous la nuque pour la soulever vers le
haut. Pour le droitier, il est plus facile d’effectuer ces manœuvres en se plaçant à la
droite de la victime.
Chez la victime qui pourrait avoir un traumatisme de la colonne cervicale, on
peut éviter le mouvement de rotation de la tête en recourant au «
jaw thrust
» : le
réanimateur place une main de chaque côté de la victime en laissant ses coudes sur le
sol, et soulève la mâchoire inférieure. Les pouces peuvent simultanément abaisser les
lèvres pour garder la bouche ouverte.
Une fois les voies aériennes dégagées, la présence ou l’absence de respiration doit
être déterminée en plaçant son oreille devant la bouche du patient. Cette position
permet à la fois d’entendre la respiration, d’en sentir le souffle et d’observer les
mouvements de la poitrine. Si le patient ne respire pas, la ventilation artificielle
s’impose.
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