UNE PATHOLOGIE PATHOLOGIE UNE EN IMAGES Cette rubrique a été réalisée avec le soutien institutionnel du laboratoire AstraZeneca Conception : Pr G. Steg Coordination : Dr D. Messika-Zeitoun Dans le respect total de l’indépendance scientifique et éditoriale. Tumeurs cardiaques de l’adulte L. Lepage Service de chirurgie cardiaque, hôpital Bichat, Paris. Les tumeurs cardiaques sont rares et essentiellement représentées par des lésions secondaires métastatiques, 50 fois plus fréquentes que les tumeurs primitives. Les tumeurs primitives sont bénignes dans 85 % des cas. Elles sont souvent de découverte fortuite, et l’échocardiographie joue un rôle primordial dans l’orientation diagnostique ainsi que dans la stratégie de prise en charge. Figure 1. Myxome typique. A : vue macroscopique ; B : myxome obstructif en échographie transthoracique (ETT) 4 cavités ; C : insertion pédiculée d’un myxome de l’oreillette gauche (OG) en échographie transœsophagienne (ETO) ; D : insertion sur le septum interauriculaire (SIA) en ETO. A B C D Le myxome est la tumeur cardiaque la plus fréquente ( 5 0 % d e s t u m e u r s cardiaques primitives) affectant plus souvent des femmes qui ont entre 30 et 60 ans. C’est une tumeur bénigne habituellement unique, dont la forme typique est une lésion pédiculée (C), polyploïde, à contour plus ou moins régulier, homogène, insérée dans l’oreillette gauche (75 % des cas) sur la fosse ovale (D). Ses dimensions varient de 1 à plusieurs centimètres. Parfois asymptomatique et de découverte fortuite (pour ceux qui sont petits), le myxome peut être diagnostiqué dans le bilan d’un accident embolique, de palpitations, ou encore d’une dyspnée ou d’une syncope d’effort lorsqu’il est obstructif sur les valves auriculoventriculaires (B). Le seul traitement curatif est l’exérèse chirurgicale (A). La Lettre du Cardiologue • n° 452-453 - février-mars 2012 | 29 UNE PATHOLOG PATHOLOGIE IE UNE EN IMAGES Tumeurs cardiaques de l’adulte A B C D E F A B C D 30 | La Lettre du Cardiologue • n° 452-453 - février-mars 2012 Figure 2. Myxome atypique. A : myxome de l’oreillette droite en ETT 4 cavités ; B : myxome inséré sur le ventricule gauche (VG) en ETO ; C : myxomes multiples associant myxome de l’OG obstructif et petit myxome de l’oreillette droite (OD) ; D : myxome d’aspect très homogène en vue sous-costale ; E : myxome “villeux” en ETO ; F : insertion atypique sur la base de la valve mitrale. Le myxome peut se retrouver dans toutes les cavités cardiaques, OD (20 %) [A], VG (B), et il peut être multiple (C), le plus souvent dans les formes génétiques (syndrome de Carney) avec un risque notable de récidive. Son contour peut être également régulier (D) ou pseudovilleux (E). Sa base d’insertion peut être large sur le SIA (D) et non pédiculée. L’insertion dans l’OG peut être à distance de la fosse ovale (F) : postérieure dans l’OG, sur le trigone aortomitral, dans l’auricule gauche ou sur la valve mitrale. L’analyse de la base d’insertion est un élément important dans la stratégie opératoire. Figure 3. Fibroélastome. A : fibroélastome aortique en ETO ; B : fibroélastome mitral en ETO ; C et D : aspect macroscopique d’un fibroélastome aortique (C) et mitral (D). Le fibroélastome est la deuxième tumeur cardiaque bénigne par ordre de fréquence (25 %). Il est le plus souvent asymptomatique et de découverte fortuite, et son incidence est probablement sous-estimée. Parfois, il peut être diagnostiqué dans le bilan d’un accident embolique. L’ETT permet souvent de faire le diagnostic, mais l’ETO est plus performante, surtout en cas de lésion infracentimétrique. Dans sa forme typique, le fibroélastome est une lésion valvulaire aortique, isolée, centimétrique, arrondie, homogène et plus ou moins mobile. Elle est localisée sur la face aortique des cusps (A). L’aspect macroscopique est décrit comme celui d’une “anémone de mer” (C). Plus rarement, les fibroélastomes peuvent se développer sur la mitrale (B, D), les valves du cœur droit ou encore les ventricules. Le traitement est chirurgical en cas de fibroélastome symptomatique, mais discuté lorsqu’il est asymptomatique. La chirurgie sera d’autant plus facilement proposée que le fibroélastome est situé au niveau du cœur gauche, de taille supérieure à 1 cm, mobile et que le risque opératoire est faible. UNE PATHOLOG IE UNE PATHOLOG IE EN IMAGES A Figure 4. Angiosarcome. A : angiosarcome de l’OD en ETT avec envahissement péricardique ; B : angiosarcome de l’OD obstructif en ETO ; C : lymphome avec envahissement de l’aorte, de l’oreillette gauche et du cœur droit. Les tumeurs malignes primitives du cœur représentent 15 % des tumeurs primitives cardiaques et sont principalement des sarcomes (95 %), puis des lymphomes (C). Le type histologique le plus fréquent est l’angiosarcome. Il se développe habituellement aux dépens de l’OD, avec souvent un envahissement péricardique (A et B). A B C D B C A B Figure 5. Autres sarcomes. A : synovialosarcome en ETT touchant l’infundibulum pulmonaire et obstruant l’artère pulmonaire ; B : léiomyosarcome envahissant l’OD et obstructif sur la valve tricuspide ; C : angiosarcome de la pointe du ventricule gauche ; D : angiosarcome obstructif sur la mitrale. Figure 6. Tumeurs secondaires. A : épanchement péricardique métastatique sur une néoplasie pulmonaire ; B : extension directe d’une néoplasie pulmonaire. Les tumeurs cardiaques secondaires sont plus fréquentes que les tumeurs primitives et correspondent à une extension directe ou par voie hématogène d’une lésion néoplasique primitive. L’aspect échographique est le plus souvent celui d’un épanchement péricardique d’aspect liquidien, parfois hétérogène, souvent circonférentiel, volumineux et compressif (A). Plus rarement, lorsque l’extension cardiaque est directe, la lésion primitive peut être visualisable au contact du péricarde sous forme d’une masse compressive hétérogène extracardiaque (B). Toutes les localisations sont possibles, dans un ventricule (C), ou encore dans l’OG (D), pouvant alors ressembler à un myxome. L’analyse anatomopathologique est dans tous les cas primordiale pour poser définitivement le diagnostic histologique de la lésion. Ces lésions sont souvent volumineuses, obstructives et symptomatiques. Les autres types histologiques (rhabdomyosarcomes, leiomyosarcomes, synovialosarcomes, etc.) sont plus rares (A et B). Malgré une stratégie opératoire, le pronostic des sarcomes reste très sombre. La Lettre du Cardiologue • n° 452-453 - février-mars 2012 | 31