Licence L3-Enseignement – Algèbre pour l’arithmétique et la géométrie 2013-2014
Exercice 3. On dit qu’un nombre complexe est algébrique s’il est racine d’un polynôme non
nul à coefficients rationnels.
Soit α∈Cun nombre algébrique et soit I={P∈Q[X]|P(α) = 0}.
1. Montrer Iest un sous-groupe de (Q[X],+).
Le polynôme nul est évidemment nul en αdonc 0∈I.
Soit P, Q ∈I. Alors (P+Q)(α) = P(α) + Q(α) = 0 + 0 = 0 et (−P)(α) = −P(α)=0
donc P+Q∈Iet −P∈I. On a donc vérifié que Iétait un sous-groupe de (Q[X],+).
2. Montrer que pour tout P∈Iet tout Q∈Q[X], on a QP ∈I.
Soit P∈Iet Q∈Q[X]. Alors (QP )(α) = Q(α)P(α) = Q(α)×0=0, donc QP ∈I.
(Remarque : une partie d’un anneau commutatif vérifiant (1.) et (2.) est appelée un
idéal.)
3. Montrer qu’il existe un unique polynôme unitaire Pαqui engendre I(c.à.d. tel que
I={QPα∈Q[X]|Q∈Q[X]}).
Montrons l’existence : I6={0}car αest algébrique. On considère alors un polynôme
non nul Pαde Ide degré minimal, que l’on peut supposer unitaire. Comme Pα∈I, on
a évidemment
{QPα∈Q[X]|Q∈Q[X]} ⊂ I.
Pour l’inclusion inverse, considérons P∈I. Par division euclidienne de Ppar Pαdans
Q[X], ils existent Q, R ∈Q[X]tels que P=PαQ+Ravec Rnul ou de degré strictement
inférieur à celui de Pα. Comme R=P−PαQ, on a R∈Iet par minimalité du degré de
Pα, le polynôme R= 0 et donc P=QPα. (Remarque : la preuve ci-dessus correspond
à la preuve générale du fait qu’un anneau euclidien est principal, c’est-à-dire que ses
idéaux sont engendrés par un seul élément.)
Pour l’unicité, considérons un second polynôme unitaire Pqui engendre I. Alors Pαet
Pse divisent réciproquement et comme ils sont unitaires, ils sont égaux.
4. Montrer que Pαest l’unique polynôme irréductible unitaire de Q[X]qui annule α.
Si Pα=Q1Q2alors Q1(α) = 0 ou Q2(α)=0et ainsi Pαdivise Q1ou Q2, ce qui signifie
que Q2ou Q1sont des constantes. Le polynôme Pαest donc irréductible.
Vérifions maintenant l’unicité (attention : l’unicité ne porte pas sur les mêmes proprié-
tés que la question précédente).
Soit Pun polynôme irréductible unitaire tel que P(α)=0. Alors Pαdivise Pet par
irréductibilité de P, ils sont associés, donc égaux car tous deux unitaires.
5. On considère Q[α] = {P(α)∈C|P∈Q[X]}. Montrer que Q[α]est un sous-anneau de
C.
On vérifie facilement que l’application φ:Q[X]→Cdéfinie par φ(P) = P(α)pour
tout P∈Q[X], est un morphisme d’anneaux. On en déduit que Im φ=Q[α]est un
sous-anneau de C.
6. Soit d= deg Pα. Montrer que pour tout polynôme P∈Q[X], il existe un polynôme
R∈Q[X]qui est soit nul, soit de degré strictement inférieur à d, et tel que
P(α) = R(α).