Université Paris-Dauphine DUMI2E 1ère année, 2006

Université Paris-Dauphine DUMI2E 1ère année, 2006-2007
Corrigé de l’examen d’algèbre 1 de janvier 2007
Exercice I - Soit f:N7→ Zdéfinie de la manière suivante : pour tout entier naturel n,
f(n) = n/2si nest pair et f(n) = (n+ 1)/2si nest impair (on a donc f(2k) = ket
f(2k+ 1) = k+ 1). Montrons que fest bijective :
fsurjective : soit pZ. Si p1, alors en posant n=p1, on obtient : 2n+ 1 N
et f(2n+ 1) = n+ 1 = p. Sinon, p0, et en posant n=p, on obtient : 2nNet
f(2n) = n=p. Donc dans tous les cas, pa un antécédent par f. Donc fest surjective.
finjective : soient net pdes entiers naturels tels que f(n) = f(p). Nécessairement,
net pont même parité (sinon l’un des deux nombres f(n)et f(p)est négatif et l’autre est
supérieur ou égal à 1, donc ils ne sont pas égaux). Si net psont tous les deux pairs, alors
n/2 = p/2donc n=p; si net psont tous les deux impairs, alors (n+1)/2 = (p+ 1)/2
donc n=p. Donc dans tous les cas possibles, n=p, donc fest injective.
Donc fest bijective. Il existe donc une application bijective de Ndans Z. Donc, par
définition, Zest dénombrable.
Exercice II - Montrons que Rest une relation d’équivalence. On note Mnpour Mn(R).
• R réflexive : soit A∈ Mn.Inest inversible et A=AIn, donc ARA, donc Rest
réflexive.
• R transitive : soient A,Bet Cdans Mntelles que ARBet BRC. Il existe donc
des matrices inversibles P1et P2dans Mntelles que A=BP1et B=CP2. On a donc
A=BP1=CP2P1=CP avec P=P2P1. Or P∈ Mnet, de plus, le produit de deux
matrices inversibles est une matrice inversible, donc Pest inversible. Donc ARC. Donc
Rest transitive.
• R symétrique : soient Aet Bdans Mntels que ARB. Il existe donc une matrice
inversible P∈ Mntelle que A=BP . En multipliant cette égalité à gauche et à droite
par P1on obtient : AP 1=BP P 1=BIn=B. Posons ˜
P=P1.˜
Pest une matrice
inversible de Mnet on vient de voir que B=A˜
P. Donc BRA. Donc Rest symétrique.
Donc Rest réflexive, transitive et symétrique. Donc Rest une relation d’équivalence.
Exercice III
1) On a
(IM)(I+M+... +Mk) = I(I+M+... +Mk)M(I+M+... +Mk)
= (I+M+M2+... +Mk)(M+M2+... +Mk+1)
=IMk+1
(les autres termes s’éliminent).
1
2) M2=
0 0 ab
0 0 0
0 0 0
et M3= 0 (matrice nulle). Or d’après le 1) avec n=k= 3,
(I3M)A=I3M3. Donc (I3M)A=I3. Donc Aest inversible d’inverse I3M.
3) I3commute avec Mpuisque I3M=M=MI3. Donc la formule du binôme de
Newton est valable. On a :
Bn= (I3M)n=
n
X
k=0
Ck
n(I3)nk(M)k=
n
X
k=0
Ck
n(I3)nk(1)kMk
Or M3= 0 donc Mk= 0 pour tout k3. Donc pour tout n2,
Bn=I3nM +n(n1)
2M2=
1na n(n1)ab
2
0 1 nb
0 0 1
De plus, B0=I3et B1=B=IMdonc la formule ci-dessus est encore valable pour
n= 0 et n= 1.
4) D’après le 2), Aest inversible et A1=B. Or si Aest inversible alors Akest
inversible d’inverse (A1)k. Donc A10 est inversible d’inverse B10. Il existe donc un unique
vecteur colonne Xtel que A10X=
1
1
1
. C’est
X=B10
1
1
1
=
110a45ab
0 1 10b
0 0 1
1
1
1
=
110a+ 45ab
110b
1
Exercice IV
1) On a P(zm) = P(zm) = 0, donc zmest racine au moins double de P, donc (Xzm)2
divise P, donc il existe QC[X]tel que P= (Xzm)2Q. De plus, Qest unique par
unicité du quotient dans la division euclidienne de Ppar (Xzm)2. Soit j∈ {1, ..., m1}.
On a P(zj) = 0 = (zjzm)Q(zj). Comme zjzm6= 0, on a Q(zj) = 0. De plus, en dérivant
l’égalité P= (Xzm)2Q, on obtient :
P= 2(Xzm)Q+ (Xzm)2Q
Donc P(zj) = 2(zjzm)Q(zj) + (zjzm)Q(zj). Comme P(zj) = Q(zj) = 0 et zj6=zm,
on obtient Q(zj) = 0.
2) On a P(0) = d,P(1) = a+b+c+det P= 3aX2+ 2bX +cdonc P(0) = cet
P(1) = 3a+ 2b. Donc Pvérifie (∗∗)si et seulement si (a, b, c, d)est solution du système :
a+b+c+d= 3a+ 2b
c= 0
d= 0
2
En réarrangeant la première équation, en soustrayant la somme des deux dernières lignes
à la première ligne, puis en divisant la première ligne par 2, on obtient :
a+b
2= 0
c= 0
d= 0
Pvérifie donc (∗∗)si et seulement si (a, b, c, d)∈ {(b/2, b, 0,0), b R}={(a, 2a, 0,0), a
R}.Pest alors de la forme P=aX42aX3, avec aR.
3) On a P(1) = 1 1 + 2i2i= 0. Donc X1divise P. Il existe donc des
complexes a,b,ctels que P= (X1)(aX2+bX +c). En identifiant les coefficients
de Pavec ceux du polynôme obtenu en développant le membre de droite, on obtient :
P= (X1)(X2+ 2i). De plus, les racines de X2+ 2isont les complexes ztels que :
z2=2i= 2eiπ/2, c’est à dire : z1=2eiπ/4= 1 iet z2=z1=1 + i. On obtient
donc : P= (X1)(X1 + i)(X+ 1 i).
Remarque : z2n’est pas le conjugué de z1: ça n’a rien de choquant, puisque Pn’est
pas un polynôme à coefficients réels.
4)
4a) Supposons qu’il existe deux polynômes Pet Qde degré inférieur ou égal à
m1tels que, pour tout i∈ {1, ..., m},P(zi) = Q(zi) = z
i. On a deg(PQ)
max(deg(P), deg(Q)) m1. Donc si PQ6= 0,PQa au plus m1racines
distinctes. Mais pour tout i∈ {1, ..., m},(PQ)(zi) = 0, donc PQa au moins m
racines distinctes. Donc PQ= 0, donc Q=P. Il existe donc bien au plus un polynôme
Pde degré inférieur ou égal à m1tel que, pour tout i∈ {1, ..., m},P(zi) = Q(zi) = z
i.
4b) Le polynôme P=Xconvient. De plus, d’après la question 4a), avec m= 2 et
zi=z
i=ipour tout ide {1,2,3}, il existe au plus un polynôme qui satisfait les condi-
tions du 4b). Donc P=Xest l’unique solution.
Exercice V
Supposons finjective. Soit xE. Posons y=f(x)et z=ff(x). On a f(z) =
fff(x) = f(x). Or fest injective. Donc z=x. Donc ff(x) = x. Donc f(y) = x.
Donc xa au moins un antécédent : y. Comme ceci est vrai pour tout xde E,fest
surjective.
Supposons fsurjective. Soient yet ydes éléments de Etels que f(y) = f(y). Puisque
fest surjective, il existe xdans Etel que y=f(x). On a ff(y) = fff(x) = f(x) = y.
Donc ff(y) = y. De même, ff(y) = y. Or puisque f(y) = f(y), on a ff(y) =
ff(y). Donc y=y. Donc fest injective.
On a bien montré que fest injective ssi fest surjective.
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