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y compris dans les cas dans lesquels ceux-ci ont apparemment les mêmes significations. Si feel angry est
fréquent, ?se sentir en colère paraît moins acceptable.
De plus, feel et experience peuvent tous deux former des collocations avec excitement, grief, guilt, pride,
regret, relief, sorrow en revanche, seul feel admet surge ou twinge pour marquer le degré de la qualité dénotée
par ces noms : feel peut avoir pour complément a surge of pride ou a twinge of
excitement/grief/guilt/pride/regret/relief/sorrow, ce qui ne semble pas être le cas d'experience.
Que révèlent ces compatibilités et incompatibilités collocationnelles des verbes étudiés ? Certaines des
différences que ces lexèmes présentent sont dues à leur morphologie : le caractère explicitement réfléchi de se
sentir est sans doute un facteur à prendre en compte pour expliquer les différences entre se sentir et feel. De
plus, ces collocations témoignent de ce que experience et feel ne traduisent pas la même vision des sentiments,
même lorsqu'ils paraissent a priori synonymes.
Cette communication aura deux objectifs : le premier sera d'exploiter les collocations pour explorer le
fonctionnement des verbes étudiés et examiner en quoi diffèrent le français et l'anglais dans l'expression des
sentiments et des sensations. D'autre part, il s'agira d'interroger la notion même de signification lexicale : les
collocations mettent-elles en évidence des différences intrinsèques entre ces verbes ou, au contraire, ces
verbes diffèrent-ils en raison de leurs collocations divergentes ?
Cette étude se base sur le Corpus of Contemporary American English (COCA), et les corpus Frantext et
EMOLEX ; nous confronterons des corpus comparables en français et en anglais et procéderons à l'analyse de
corpus traduits.
Bibliographie sélective
Bolly, C., « Flou phraséologique, quasi-
syntaxe et discours ? », Linx 62-63, 2010, p. 11-39.
Franckel, J.-J., « Sentir / sens », Linx [En ligne], 50 | 2004, disponible sur : http://linx.revues.org/140.
Lacassain-Lagoin, C., « : Déconnexion entre forme et sens dans les énoncés avec verbe de
», E-rea 9.2, 2012.
Legallois, D., « La colligation : autre nom de la collocation grammaticale ou autre logique de la relation mutuelle entre
syntaxe et sémantique ? », Revue CORPUS 11, 2012.
Mérillou, C., « Eprouver un sentiment en français, en italien et en anglais : étude comparée des verbes sentir, sentire et
feel », in Chuquet H., R. Nita, F. Valetopoulos, Des sentiments au point de vue, Presses Universitaires de Rennes, 2013, p.
41-59.
Paulin, C., « De feel à sentir, estimer, croire » in Lebaud D. (éd.), Actes du Colloque « D'une langue à l'autre », Presses
universitaires de Franche-Comté, 2005, p. 179-195.
Paulin, C., « Polysémie et complémentation verbale : le verbe feel dans tous ses états », C.I.E.R.E.C., Travaux 113, Saint-
Étienne -Étienne, 2003, 129-155.
Wierzbicka, A., Experience, Evidence, and Sense. The Hidden Cultural History of English, Oxford, Oxford University Press,
2010.
Françoise DORO-MEGY (Université Paris Diderot, EA CLILLAC-ARP EA 3967)
fdoro@univ-paris8.fr
Yves MALINIER (Université Paris Diderot, EA CLILLAC-ARP EA 3967)
yvesbernard.malinier@wanadoo.fr
Les « constructions » de “see” comme verbe de jugement : he is seen AS a strong candidate
vs he is seen TO BE a strong candidate
Cette communication explore les complémentations du verbe see employé au passif comme verbe dit de
jugement. see principalement extraites du British National
Corpus (lorsque le verbe reçoit une interprétation cognitive).
Nous proposons de mettre en évidence les constructions syntaxiques de be seen pour montrer comment cette
alternance a une incidence sur la construction du sens. Nous nous interrogeons sur les constructions en TO +
BV et AS + adj/GN/ V, en insistant sur les cas majoritaires de prédications de propriété (Khalifa 2003) :
(3) He is seen as / to be a strong candidate.