Criminaliser la sexualité Ziba Mir-Hosseini
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trouvent un écho dans de nombreux autres contextes musulmans où les
interprétations traditionnelles et patriarcales des textes sacrés de l’islam sont
invoquées pour restreindre les droits et les libertés des femmes.
Dans ce document, je propose une critique féministe fondée sur les droits
portant sur les lois relatives à la
zina
qui interpelle de l’intérieur la tradition
juridique islamique. J’espère, ce faisant, élargir le champ du débat sur les
concepts et stratégies de la campagne SKSW. Je soutiens la nécessité de prendre
en compte ce que je considère comme deux zones d’ombre dans l’étude des
questions de genre dans l’islam et dans les droits humains. En premier lieu, les
érudits de l’islam sont souvent insensibles au genre et ignorent surtout
l’importance du genre en tant que catégorie de pensée et d’analyse. Ils s’opposent
souvent tant au féminisme, qu’ils perçoivent comme militant en faveur de la
domination des femmes sur les hommes, qu’aux droits humains, qu’ils
considèrent comme étrangers à la tradition islamique. En second lieu, certaines
féministes et militantes des droits humains, soit ne sont bien informés ni sur les
catégories religieuses de pensée ni sur les arguments d’inspiration religieuse,
soit, s’ils le sont, choisissent de ne pas travailler à l’intérieur d’un cadre
religieux, qu’ils trouvent futile. J’estime qu’il est nécessaire de se débarrasser de
ces zones d’ombre. Loin d’être mutuellement opposées, les approches découlant
des perspectives des études islamiques, du féminisme et des droits humains
peuvent se renforcer mutuellement, en particulier pour lancer une campagne
efficace contre la réintroduction des lois relatives à la
zina
. En explorant les
intersections de la religion, de la culture et du droit qui légitiment la violence
dans la réglementation de la sexualité, l’article vise à contribuer à l’élaboration
d’une approche contextuelle intégrée de l’abolition des lois relatives à la
zina
.
Les lois relatives à la
zina
font partie de la tradition juridique islamique et
doivent être inscrites dans les classifications du comportement humain de cette
tradition, en particulier les relations sexuelles et les rôles de genre, ainsi que les
sanctions qu’elle prescrit pour différentes catégories de délits. En m’appuyant
sur des éclairages anthropologiques et sur la recherche féministe en islam, je
montre également l’ancrage des lois relatives à la
zina
dans les structures
institutionnelles plus larges de l’inégalité, qui tirent leur légitimité des
interprétations patriarcales des textes sacrés de l’islam. Ce sont des éléments
d’un système complexe de normes et de lois qui règlementent la sexualité et qui
sont étroitement liés à deux autres ensembles de lois : celles ayant trait au
mariage (
nikah)
et celle qui concernent le voile des femmes
(hijab).
Ce lien est au
cœur de la violence à l’égard des femmes.
Après avoir exposé les grandes lignes de mon approche et clarifié certains
des concepts utilisés, je retrace le contexte historique des changements
intervenus dans la politique de la religion, du droit et du genre, qui ont mené à la
réintroduction récente des lois et des sanctions relatives à la
zina
, et le conflit
entre deux systèmes de valeurs et deux conceptions des droits en matière de
genre : à savoir ceux de la législation internationale relative aux droits humains
et de la tradition juridique islamique. J’examine ensuite les lois relatives à la
zina
dans le contexte de la tradition juridique islamique classique, en explorant
les liens avec les lois relatives au mariage et au code vestimentaire qui